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ÉCONOMIE—MENACES SUR LES NOUILLES JAPONAISES REPORTAGE—L’ÉCOLE DU JEDI ÉGYPTE—POURQUOI LES ISLAMISTES N’ONT PAS D’HUMOUR N° 1173 du 25 avril au 1 er mai 2013 courrierinternational.com Belgique : 3,90 € “L’Europe n’est plus…” Fragile Amérique Après Boston, les Etats-Unis s’interrogent sur leur vulnérabilité Crise économique, déficit démocratique… Le rêve européen tourne au cauchemar (!4BD64F-eabacj!:l;R noir Belgique 3,90€ - Luxembourg 3,90€

Le Courrier International du 25 avril 2013

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Fragile Amérique

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  • CONOMIEMENACES SUR LES NOUILLES JAPONAISES REPORTAGELCOLEDU JEDI GYPTEPOURQUOI LES ISLAMISTES NONT PAS DHUMOUR

    N 1173 du 25 avril au 1er mai 2013courrierinternational.comBelgique : 3,90

    LEurope nest plus

    Fragile Amrique

    Aprs Boston, les Etats-Unissinterrogent sur leur vulnrabilit

    Crise conomique, dcit dmocratique Le rve europen tourne au cauchemar

    noir

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  • Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    TATS-UNIS Les suites de lenqute sur lattentat de BostonCONOMIE La cocane, coupable cach de la crise nancireVIDO Suivez la visite de Franois Hollande en ChineINTERVIEW Lacteur cossais Peter Mullan (photo) est Paris pour prsenter The Fear au festival Sries Mania

    Retrouvez-nous aussi sur Facebook, Twitter, Google+et Pinterest.

    www.courrierinternational.com aussi se renouvelle !SUR NOTRESITE

    La drive dun continent

    Srie noire pour lUnion?Plusieurs mauvaises nouvellesen tout cas, coup sur coup,pour ceux qui croient encore au rveeuropen. Outre-Rhin, Alternativepour lAllemagne, un parti anti-euro, a tenu son premiercongrs, rampe de lancement pourles lections de septembre. Le mmejour, 80% des lecteurs croates,comme indirents, sabstenaient lheure denvoyer Strasbourg leurs premiers dputs europens.Moins dune semaine plus tardsenlisaient les discussions entre les Vingt-Sept et le Parlementde Strasbourg sur le projet de budgetde lUE entre 2014 et 2020. Un projet de budget en baisse.Comme ses nances, lEuropertrcit. Lesprit europen a disparu,soupire Jacques Delors, qui, avec le couple HelmutKohl-FranoisMitterrand, avait enfantleuro. Souvenons-nous de notreengouement pour ces nouvellespices, le 1er janvier 2002! Au fonddes porte-monnaie, le rve tait aussipolitique quoi de plus politique, en eet, quune monnaie unique?Aujourdhui, leuro, lEurope sont synonymes, pour beaucoup, de sourance et de sacrice. Le continent nest plus divis entre lEst et lOuest, mais entre le Sud et le Nord. En toute logiqueprosprent, ici ou l, le nationalismeet le populisme tout ce contre quoi voulaient lutter les presfondateurs, Robert Schuman et Jean Monnet. Face cette drivedun continent, les dirigeants actuelsmais o sont-ils? Strasbourg,Bruxelles, Francfort, Berlin, Paris? semblent sans voix, sans soue, sans projet fdrateur.Europe, rveille-toi!

    En couverture : Barack Obama. Photo Jewel Samad/AFPEurope : Dessin de Martirena, Cuba.

    Retrouvez Eric Chol chaque matin 6 h 55,

    dans la chronique O va le monde

    sur 101.1 FM

    p.30 LA UNE

    Les piliers qui ont servi btir lUE sesont effondrs, constate le politologueIvan Krastev dans le magazine bulgareKultura. Au point que lEurope nhsiteplus brader la dmocratie, selon lheb-domadaire autrichien Profil. Dcryp-tage de la faillite dun modle.

    Sommaire

    LEUROPENEST PLUS

    DITORIALJEAN-HBERTARMENGAUD

    p.28 FRANCE

    Pourquoi tantdhomophobie?Les violentes manifestations contre le mariage pour tous attestent de la frilosit franaise, constate El Pas,quand The Daily Telegraph se flicite,lui, de lexistence dun dbat qui na paseu lieu ailleurs.

    p.43

    Signaux. Une vie sexuelletrs colore

    p.50pp.14-17

    FragileAmriqueJusqu quel pointsommes-nous enscurit ? sinterrogeThe Daily Beast.Cest lun des deux ds auxquelsdevra rpondreBarack Obama,estime le FinancialTimes, avec le dbatsur limmigration.

    Lekebab, roi des nuitspolonaises

    360

    MAY

    K

    BOLIGN

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  • Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    Les journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sourcesdu monde entier : journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Voici la liste exhaustive des sources que nous avons utilises cette semaine :The Daily Telegraph Londres, quotidien. Eesti Pevaleht Tallinn, quotidien. Financial Times Londres, quotidien. GeekMagazine Irvine (Californie), bimestriel. The Guardian Londres, quotidien. Al-Hayat Londres, quotidien. The IndependentLondres, quotidien. India Together (indiatogether.org) Bangalore, en ligne. infoLibre (www.infolibre.es) Madrid, en ligne.Kultura Soa, hebdomadaire. Nanfang Dushibao Canton, quotidien. The National Abou Dhabi, quotidien. The NationBangkok, quotidien. Newsweek (newsweek.com) New York, en ligne. The New Yorker New York, mensuel. The New YorkTimes New York, quotidien. Nezavissimaa Gazeta Moscou, quotidien. Nihon Keizai Shimbun Tokyo, quotidien. The ObserverLondres, hebdomadaire. Ogoniok Moscou, hebdomadaire. El Pas Madrid, quotidien. Le Pays Ouagadougou, quotidien. La PresseMontral, quotidien. Prol Vienne, hebdomadaire. Pblico Lisbonne, quotidien. Le Quotidien Dakar, quotidien. La Razn Madrid,quotidien. Reprter Brasil So Paulo, agence de presse. La Repubblica Rome, quotidien. Tempo Jakarta, hebdomadaire. Tportal(tportal.hr) Zagreb, en ligne. The Vancouver Sun Canada, quotidien. Al-Shourouk Le Caire, quotidien. El-Watan Alger, quotidien.Tygodnik Powszechny Cracovie, hebdomadaire.

    Sommaire

    Toutes nos sources Chaque fois que vous rencontrez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdia sur notre site courrierinternational.com (ici, la rubrique Nos sources).

    7 jours dans le monde6. Canada. Un peu de chanceet beaucoup de policiers8. Portrait. Justin Trudeau, juste un beau gosse ?9. Controverse. Espagne : en nir avec la monarchie ?

    Dun continent lautreAMRIQUES10. Etats-Unis. LAmriquetoujours vulnrable13. Brsil.Du caf et du poivre sous le label rforme agraire

    MOYEN-ORIENT14. Egypte. Linsoutenablesourire de Moubarak15. Syrie.Une opposition gesticulanteASIE16. Malaisie.Au-del des clivages ethniques18. Chine.Vivre avec les poulets

    Transversales38. Economie.Menace sur les nouillesjaponaises40. Sciences et innovation.Sus aux pilleurs de dinosaures !41. Ecologie.LAntarctique sans dfenseface au tourisme42. Mdias.La presse syrienne fait sa rvolution43. Signaux.Une vie sexuelle trs colore

    36044. Reportage.Un Jedi tu seras48. Plein cran.Double-moi if you can50. Culture.Le kebab, roi des nuitspolonaises53. Tendances. Transparence indienne54. Histoire. Notre Himmler nous

    AFRIQUE19. Tunisie. Un nouveauvivier de djihadistes20. Sngal. Le ls Wadepasse par la case prison

    EUROPE21. Italie.La Rpublique lagonie26. Grce. Pour garder lesyeux grands ouverts23. Ukraine.Russophones et patriotes23. Estonie.7 890 jours dindpendance

    FRANCE24. Chronique de lhomophobie ordinaire

    BELGIQUE30. Anvers et le racisme

    A la une26. LEurope nest plus

    Offre dabonnement

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    Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit Editrice du Monde. Directoire Antoine Laporte, prsident et directeur de la publication ; Eric Chol. Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal octobre 2012. Commission paritaire n 0712c82101. ISSN n1154-516XImprim en France/Printed in FranceRdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternational.com courriel [email protected] Directeur dela rdactionEric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud(16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), Raymond Cla-rinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54). Assistante Dalila Bounekta(16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31) Direc-teur de la communication et du dveloppement AlexandreScher (16 15) Conception graphique Javier Errea Comunicacin

    Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche,Suisse almanique, 16 22), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), Lucie Geroy(Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), Iwona Ostapkowicz(Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32),Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer(Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark, Norvge), AlexiaKefalas (Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique), KristinaRnnqvist (Sude), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordination Balkans),Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), MiroMiceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rpublique tchque, Slo-vaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herz-govine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie), Rus-sie, est de lEurope Laurence Habay (chef de service, 16 36), AldaEngoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)Amriques Brangre Cagnat (chef de service, Amrique du Nord,16 14), Eric Pape (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chef de rubrique,Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie Agns Gaudu(chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Christine Chau-meau (Ase du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asie du Sud, 16 51),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine, 17 47), Elisa-beth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores), Kazuhiko Ya-tabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service, 16 69),Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), Pascal Fe-naux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Tur-quie) Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Sa-liby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon(Afrique du Sud) Economie Pascale Boyen (chef de service, 16 47)Sciences Anh Ho Truong (chef de rubrique, 16 40) Magazine Isa-belle Lauze (16 54) Insolites Claire Maupas (chef de rubrique,16 60) Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz (chef de rubri-que, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Catherine Guichard (rdactrice, 16 04), Pierrick Van-Th (web-mestre, 16 82), Mathilde Melot, Albane Salzberg (marketing)Agence Courrier Sabine Grandadam (chef de service, 16 97)Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 1677),Natalie Amargier (russe), Catherine Baron (anglais, espagnol),Isabelle Boudon (anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino(japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, allemand, coren), Fran-oise Lemoine-Minaudier (chinois), Julie Marcot (anglais, espagnol,portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers( japonais), Mikage Nagahama ( japonais), Ngoc-Dung Phan(anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol),Leslie Talaga Rvision Jean-Luc Majouret (chef de service, 16 42),Marianne Bonneau, Philippe Czerepak, Fabienne Grard, FranoisePicon, Philippe Planche, Emmanuel Tronquart (site Internet)Photo graphies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 1641), Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53) MaquetteBernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey, NathalieLe Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, Denis Scudeller,Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, Cline Merrien(colorisation) Cartographie Thierry Gauth (16 70) InfographieCatherine Doutey (16 66) Calligraphie Hlne Ho (Chine), AbdollahKiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon) Informatique Denis Scudeller (1684) Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (direc trice adjointe), Sarah Trhin (responsable defabrication). Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes.

    Ont particip ce numro Alice Andersen, Lna Bauer, Gilles Ber-ton, Jean-Baptiste Bor, Isabelle Bryskier, Manon Flausch, Steven Jam-bot, Antonin Lambert, Manon Lemoine, Valentine Morizot, Coren-tin Pennarguear, Isabelle Taudire, Blandine Tourain.

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NatachaScheubel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan.Gestion : Julie Delpech (responsable, 16 13). Comptabilit : 0148 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16).Ventes au numro Responsable publications : Brigitte Billiard.Direction des ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit :Jrme Pons (0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diffusioninter nationale : Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). PromotionChristiane Montillet Marketing Sophie Gerbaud (directrice, 16 18), VroniqueLallemand (16 91), Lucie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89). GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLCOURRIER INTERNATIONAL pour la Belgique et le Grand Duch de Luxembourg est commercialis par le GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLqui est une association entre la socit anonyme de droit

    franais COURRIER INTERNATIONALet la socit anonyme de droit belge IPM qui est lditeur de La Libre Belgique et de La Dernire Heure Les Sports. Co-grant Antoine LaporteCo-grant et diteur responsable Franois le HodeyDirecteur gnral IPM Denis PierrardDirection logistique IPM Christian De CosterCoordination rdactionnelle Gilles Milecan et Pierre Gilissen

    + 32 2 744 44 33Ouvert les jours ouvrables de 8h 14h.Rue des Francs, 79 1040 BruxellesPublicit RGP Luc Dumoulin [email protected] + 32 2 211 29 54Services [email protected] + 32 2 744 44 33 / Fax + 32 2 744 45 55Libraires + 32 2 744 44 77Impression Sodimco SADirecteur Eric Bouko + 32 2 793 36 70Marie Curie

    Dans la vie, rien nest craindre, tout est comprendre.

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  • 7 JOURS Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    CANADA

    Un peu de chance etbeaucoup de policiersLa police a pu djouer un attentat visant un train, foment par deuxindividus vraisemblablement lis Al-Qaida. Cest un imam de Toronto qui a alert les forces de lordre.

    7 jours dansle monde.

    La Presse (extraits)Montral

    Les suspects pingls parla Gendarmerie royalecanadienne (GRC) se pr-paraient faire drailler un trainsur le Whirlpool Bridge, au-dessusde la rivire Niagara, qui sparele Canada des Etats-Unis [sur laligne Toronto-New York. Lesdeux hommes, Chiheb Esseghaieret Raed Jaser, seraient lis Al-Qaida].

    Le symbole aurait t spec-taculaire. Pour les fls irtantavec le djihad, faire drailler untrain canadien, cest un peucomme attaquer le marathonde Boston. Dune facilit dcon-certante. Dans les deux cas, cesont des cibles soft, en lan-gage scuritaire. Diciles protger.

    Limmense rseau ferroviairecanadien qui dessert des villagesloigns ressemble en eet aux42 kilomtres dun marathon:trop tendu pour tre protgde faon ecace comme unaroport.

    La premire bonne nouvelle,dans les lments publics de cetteenqute sur lattaque avorte,cest justement quelle lait t.

    Quand on parle de terrorismedans nos dmocraties, cest biensouvent pour dplorer le reculdes liberts collectives et indi-viduelles face lappareil scu-ritaire. Ces craintes sont fondes,mais la menace terroriste estgalement fonde. Des djiha-distes rvent encore de punirdes indles occidentaux. Lecomplot visant un train de VIA[socit de chemins de fer cana-dienne] nous le rappelle, commeavant lui le complot des 18 deToronto en 2006 [ces 18 per-sonnes prvoyaient de menerune srie dattentats sur le ter-ritoire canadien].

    Lautre bonne nouvelle, cestque linformation de base qui adclench lenqute proviendraitde la communaut musulmanede Toronto. Selon leNational Post, cest un imam local qui seserait ouvert de ses craintes lapolice, lanant cette enqute enaot2012.

    Cest une bonne nouvelleparce que, dans le contexte trsrel et trs concret des menacesdjihadistes, les communautsmusulmanes en Occident sourent de lamalgame entreterrorisme et religion.

    Savoir que la dnonciationdonc le refus de se taire devantlintolrable provient peut-tre de musulmans, voil un bonantidote aux amalgames.

    Reste le problme, trs concretet trs rel encore, de ces jeunesfanatiques prts tuer des civilsen murmurant ou en criantAllah akbar. Comment lesdpister? La rponse, commele dmontrera peut-tre la suitede laaire du complot de VIARail, est un peu de chance etbeaucoup de policiers quibchent dans lombre.

    Patrick Lagac

    Le Sichuan nouveau frappCHINE Premier test dampleurpour la nouvelle quipe au pou-voir en Chine: le tremblement deterre qui a frapp la province duSichuan le 20avril. Plus de 12000blesss et 193 morts ont dj tdnombrs Yaan. Larme a tdpche sur place pour menerles oprations de secours, tandisque les zones touches ont tinterdites tout individu ou orga-nisation non mandats par lesautorits, rapporte le South ChinaMorning Post. En 2008, un sismeavait fait au moins 7000 mortsdans cette province de louest dupays, dont des milliers dcoliers.La recherche du nom des victimeset des circonstances de la catas-trophe avait conduit la dten-tion de plusieurs activistes, dontlartiste Ai Weiwei.

    LA PRESSEMontral, QubecQuotidien, 210000 ex.www.lapresse.caFond en 1884, ce journalmontralais se targue dtre leplus grand quotidien franaisdAmrique. Il a dores et djprvu de cesser sa parution papierdans les annes qui viennent, encommenant par orir sesabonns une tablette lectronique.

    SOURCE

    Tensions dans leCaucaseRUSSIE De violents aronte-ments ont oppos des policierstchtchnes et ingouches dans levillage ingouche dArchty, le 18avril,aprs que 300policiers tcht-chnes eurent franchi la frontire;les autorits ingouches y ont vuune provocation. Cet incidentgrave sest produit sur fond decontentieux territorial entre lesdeux rpubliques voisines, quinen formaient quune lpoquesovitique et qui font aujourdhuilune et lautre partie de la Fd-ration de Russie. Le prsidentingouche, Iounous-Bek Evkourov,a dnonc la loi adopte dbut2013 par Grozny, selon laquelleune srie de villages du districtingouche de Sounjenski passaientsous juridiction tchtchne, notam-ment le village dArchty.

    Nezavissimaa Gazeta, Moscou

    Les Rohingyas,maltraits et oublisBIRMANIE LUnion europennea lev, le 22avril, les sanctionsconomiques contre le pays unemesure qui semble paradoxalealors que lONG Human RightsWatch publiait au mme moment

    Une frontirehermtique,toujours plusTATS-UNIS La rforme de lim-migration, dont le contenu a tdvoil le 16avril, devrait treapprouve par le Congrs amri-cain dbut juin. Elle pourrait per-mettre aux 11millions dtrangersen situation irrgulire dobtenirla nationalit amricaine. Cetterforme ne concernera cependantque les immigrs illgaux entrsavant le 31dcembre 2011 et nesouvrira que lorsque les 3200 ki l- mtres de frontire avec leMexique auront t scuriss, etque 90% au moins des immigrantscherchant franchir illgalement lafrontire seront renvoys do ilsviennent, prcise le Los AngelesTimes.

    SOURCE : U.S. BORDER PATROL

    Immigrants illgaux arrts aux Etats-Unis (par anne budgtaire, du 1er oct. au 30 sept., chelle en millions)

    0,2

    0,4

    0,6

    0,8

    1

    1,2 1 160 395

    364 768

    2004 2006 2008 2010 2012

    Le procs de RiosMontt annulGUATEMALA Lancien dictateurEfran Ros Montt comparaissaitdepuis le 19mars pour rpondredu massacre de 1770Indiens Ixils,alors quil dirigeait le pays en pleineguerre civile. Son procs a tannul le 18avril, la surprisegnrale, pour vice de procdure.Le site guatmaltque PlazaPblica exprime sa consternation:Juste avant que les avocats de ladfense et de laccusation nexposentleurs conclusions. Juste avant quonne demande aux accuss sils vou-laient sexprimer face aux preuvesquon leur a prsentes pendant vingtjours, tout ce qui a t fait pendantle procs pour gnocide et crimescontre lhumanit, tout a t annul.Le ministre public a fait appelde cette annulation.

    Dessin deMartirena, Cuba.

    ARCA

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    CA

    6.

  • 7 JOURS.7 JOURS.Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    Thierry Garcin et Eric Laurent6h45/6h57 du lundi au vendredidans Les Matins de France Culture

    en partenariat avec

    franceculture.fr

    Horacio Carte, richissime homme daaires du parti Colorado a remport laprsidentielle, le 21avril. Une singulire lection, estime le quotidienquatorien EElComercio, rappelant que le prsident lu est venu lactionpublique en confessant quil navait jamais vot, et alors quon le souponne decontrebande. Le Colorado, parti conservateur, a gouvern le pays sansinterruption de 1954 2008, notamment sous la dictature deStroessner (1954-1989). En 2008, llection de lex-vque FernandoLugo (centre gauche) avaitbrivement mis n cette hgmonie: Lugo a t cart du pouvoir par uncoup dEtat institutionnel en juin2012.

    Paraguay : retour la normaleDE LA SEMAINELE DESSIN

    Tiambel Guimbayara, correspondantde La Voix du Mali (Bamako)

    Au Mali, uneprsence dansla dure estncessaire

    Le Parlement franais vient devoter le prolongement de

    lopration Serval. Est-ceune bonne chose? Oui, il tait important deprolonger laction engage

    par larme franaise soute-nue par les troupes ouest-afri-

    caines de la Cdao [Communautconomique des Etats dAfrique delOuest]. La stabilit du Mali est un gagede scurit pour toute lEurope. Une pr-sence dans la dure est ncessaire maisdoit se faire en intelligence avec lEtatmalien, la nouvelle Rpublique, dont lesjalons sont en train dtre poss. Le chal-lenge est que la transition soit douce.

    Quatre mois aprs le dbut delintervention, le regard des Maliens surleurs librateurs a-t-il chang? On a assist au retour triomphal etsalu unanimement la France au Mali.Mais il faut faire attention ce que cetteprsence ne passe pas pour du colo-nialisme. La situation dexception quirgne Kidal, ville contrle par lesTouaregs du MNLA [Mouvement natio-nal de libration de lAzawad] avec lac-cord de la France, o larme maliennenest pas la bienvenue, est mal perue.La France doit sallier avec tous les rpu-blicains, les dmocrates maliens pouraccompagner la restauration de lEtatet conserver la conance des popula-tions, qui dans le mme temps souhai-tent que larme franaise continue les protger des incursions djihadistesdans les villes et des narcotraquants.Voir aussi p. 24

    DE NOUS

    DR

    ILS PARLENT

    875 000lves danois sont privs de cours depuisle 2avril; lEtat et les municipalits ontdcrt un lock-out contre leurs 69000professeurs leur interdisant de faitdenseigner. Au cur du conit: laquestion de la rpartition du temps detravail des enseignants. Ils souhaitent

    maintenir laccord leur garantissant untemps pour prparer leurs cours et unnombre dheures de cours dnis, tandisque les villes et lEtat veulent disposerplus librement de leurs emplois dutemps.Politiken, Copenhague

    875 000

    jour. Bien que pratiquement videlexposition permanente ouvriradans quelques mois , le museattire dores et dj des foules,constate le quotidien GazetaWyborcza

    Le ghetto hier, le museaujourdhuiPOLOGNE Linsurrection dughetto de Varsovie a clat le19avril 1943. Soixante-dix ans plustard, lheure tait la commmo-ration Varsovie. Parmi les invi-ts, Simha Kazik Rotem, lun destrois insurgs encore vivants, quiavait organis la fuite dune cin-quantaine de personne du ghettoagonisant. Le muse de lHistoiredes Juifs polonais, construit en facedu monument des Hros du ghettode Varsovie, a t inaugur le mme

    un rapport dtaillant les atroci-ts commises par les forces descurit, les partis politiques oules membres du clerg bouddhiste lencontre de la minorit musul-mane des Rohingyas. PourquoilUE donne-t-elle un blanc-seing augouvernement birman alors que nousavons tabli que des crimes contrelhumanit sont commis et quunepurication ethnique est en cours?Cest une question laquelle elle doitrpondre, tonne Phil Robertson,de Human Rights Watch, dansDemocratic Voice of Burma

    Dessin de Hachfeld paru dans Neues

    Deutschland, Berlin.

    A Varsovie,devant le musede lHistoire des

    Juifs polonais.Photo Janek

    Skarzynski/AFP

    COST

    , LE

    SOIR

    , BRU

    XELL

    ES

    Au secours Paris!CENTRAFRIQUE Lanarchie pr-vaut dans le pays depuis la prisedu pouvoir par les rebelles de laSlka et la chute du prsidentBoziz, le 24mars dernier. Cestcomme si, dans une capitale livreaux bandits et aux hordes de pillards,le pays tait en train de se dsint-grer compltement, note le quoti-dien burkinab Le Pays. Le premierministre de transition, NicolasTiangaye, a lanc le 16avril unappel laide Paris. Commen-taire du Pays : Rappelons quavantsa chute et sa fuite Boziz avait luiaussi demand lintervention mili-taire de la France. [] Ces appelstendent devenir pavloviens. [] Lerefus des Africains de crer et din-venter pour eux-mmes des solutionsadaptes leur condition est et restepathtique.

    7

  • 7 JOURS

    SOULAGOn la eu! Raction de TomMenino, maire de Boston, la capture de DzhokharTsarnaev,auteur prsum (avec son frreTamerlan, dcd plus tt dans une fusillade) de lattentat qui a faittrois victimes et prs de 180blessslors du traditionnel marathon de la ville. (Twitter) (Voir p.14 et suiv.)

    DIRECTLes arrivistes qui

    uvrent dans lEglisesont des voleurs et desvoyous. Le pape Franois

    veut en nir avec la corruption au sein du

    clerg. (La Stampa, Turin)

    HALLUCINEn Allemagne, on na pas ledroit de faire des expriencessur des embryons allemands,cest pourquoi on les importe,y compris de Pologne.JaroslawGowin, ministre de la Justice polonais et ferventopposant la mthode de conception in vitro, croit en un trac dembryons entre les deuxpays. Un container destin les stocker, retrouv vide dans un vieil entrept Poznan, en apporterait la preuve.Lambassade dAllemagne a protest contre ces allgations.(Wp.pl, Varsovie)

    NARQUOISA 64ans, cest la chose la plus hilarante que jaiejamais entendue. AliAkbarSalehi, chef de la diplomatieiranienne, rfute les armationsdes forces de lordre canadiennesselon lesquelles deux hommessuspects de vouloir commettre un attentat au Canada recevaientleurs ordres dlments dAl-Qaidaen Iran. (Voir aussi p.8)(Agence ISNA, Thran)

    RVOLUTIONNAIREQuarante-deux ans et 1000milliards de dollarsplus tard, nous reconnaissonsque la guerre contre la drogue a non seulementchou, mais quelle a crdes problmesintergnrationnels quon mettra des annes rsoudre, dclareGavinNewsom, le lieutenant-gouverneur de la Californie, partisan de dpnaliser, de taxer et de rglementer la consommation de marijuana. (Hungton Post,New York)

    ILS/ELLESONT DIT

    Justin TrudeauJuste un beau gosse ou plus que a ?

    Le ls an de Pierre Eliott Trudeau vient dtre lu la tte duParti libral canadien et pourrait un jour prochain diriger le pays.De nombreux commentateurs soulignent toutefois son manquedexprience politique.

    ILS FONTLACTUALIT

    The Vancouver SunVancouver

    Les gens adorent sa compagnie.Telle est, en substance, laraison pour laquelle JustinTrudeau a t lu la tte du Partilibral canadien [PLC, centre] le14avril et qui sait jusquo celapourra le mener?

    Cette remarque, qui gure dansun livre lectronique rcent surle ls de Pierre Eliott Trudeau[Premier ministre canadien de 1968 1979 et de 1980 1984], est nenpas douter larme secrte du jeuneTrudeau. Cet atout pourrait bienfaire oublier aux lecteurs lemanque dexprience politique etadministrative de cet homme de41 ans et faire de lui un candidatredoutable au poste de chef du gou-vernement canadien.

    Louvrage en question, TheContender: the Justin Trudeau Story[Le candidat: histoire de JustinTrudeau], est sign de la journa-liste dOttawa Althia Raj. Disponiblegratuitement en ligne, il ne fait pasplus de soixante-quatre pages cequi, pour une biographie, est pluttlger. En dpit de son parcoursmodeste, Trudeau saurait mieuxquaucun autre candidat ressusciterles libraux lchelon fdral, avancenotamment lauteure.

    Le parcours de Trudeau tienteectivement en quelques lignes:titulaire dune licence danglais etde sciences de lducation, il a ttour tour, aprs quelques petitesincursions en fac de gnie civil etde gographie, professeur de fran-ais, prsident de Katimavik (unprogramme national, aujourdhuiabandonn, de bnvolat pour lajeunesse), moniteur de snowboard,portier dans un bar, acteur et, depuis2008, il sige parmi les dputsdarrire-ban Ottawa [lexpres-sion dsigne, au Canada, un par-lementaire qui noccupe aucuneautre fonction que celle dedput].

    Au cours de ses cinq annes demandat la Chambre des com-munes [comme dput fdral dela circonscription de Papineau, auQubec], il na encore jamais appuyla moindre proposition de loi faitepar un parlementaire et ne sestpas non plus fait remarquer parses talents oratoires.

    Cest pourtant lhomme qui atendance rduire les attentes pourensuite les dpasser. Rien nest plusvrai. Lan dernier, loccasion dungala de bienfaisance, tout le mondele donnait grand perdant duncombat de boxe o il arontait lesnateur conservateur PatrickBrazeau (pass depuis lors sur lesbancs des indpendants), qui parais-sait plus costaud que lui. Trudeaua gagn. Personne nimaginaitdavantage quil arracherait la cir-conscription de Papineau au Blocqubcois [souverainiste]. Nonseulement il a russi, mais il a ritrla performance.

    Son physique de beau gossecache un esprit et une thiquede travail qui passent sou-vent inaperus, sou-ligne Althia Raj. Et defait, lors de sabataille pour ladirection du parti,il a mis en place unequipe trs solidede conseillers, alev plus dar-gent quil nepouvait en dpen-ser pour sa campagneet a rapport auxlibraux plus de150 000 nouveauxmembres et sympathisants,dont beaucoup de jeunes.

    Pre de deux enfants enbas ge, il a vcu plusieursannes Vancouver et compteplus de 210000suiveurs surTwitter. En politique, cest unpuissant atout qui doit trscertainement donner dessueurs froides StephenHarper [le Premierministre du Canada].Imaginez simple-ment la publicit

    DRDR

    ngative que lquipe de Harperne manquera pas de con cocter enreprenant la question que sonconcurrent la direction du PLC,Marc Garneau, a pose Tru -deaupendant la campagne pour ladirection du parti: Quest-ce qui,dans votre curriculum vitae, vousqualie pour tre le Premier ministredu Canada? Mais en croire AlthiaRaj, ce genre de publicit ngativepourrait desservir ses auteurs silssen servaient contre Trudeau.

    Pourquoi? Simplement parceque de nombreux Canadiens prou-vent le besoin de protger Trudeaucar ils lont connu enfant et lont

    vu grandir. Cest un peu leur petitprfr, crit la journaliste.

    Il faut galement recon-natre que, malgr soninexprience, Trudeaua men une campagneparticulirementhabile. Le candidatrefuse de se laisseratteindre par lesattaques rptesde ses collguessur ses facults

    intellectuelles et sacomptence, et cul-

    tive le ou dans sonprogramme, ce qui per -

    met aux lecteurs de pro-jeter ce quils veulent sur

    sa candidature.Trudeau a jou la carte du

    charisme et de la fracheurpolitique, et fait preuve dune

    grande capacit sduire lesgens. Si cest l son point fort,

    il nest pas mauvais du tout.Car aprs tout lobjectif pre-

    mier de tout dirigeant poli-tique est de mobiliser

    lintrt et dengrangerdes voix.

    Barbara Yae

    Justin Trudeau.Dessin de SergeChapleau, paru dans La Presse,Montral.

    Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 20138.

  • le dire, car la liste civile que publie lepalais royal il conviendrait dajouter plu-sieurs millions deuros prlevs sur le budgetde dirents ministres. Enn, force demultiplier les faux pas, Juan CarlosIer adilapid le capital de sympathie quil avaitaccumul lors de la transition et du putschdu 23fvrier tout au moins pour notregnration, car il na jamais bnci dece capital pour la grande majorit desEspagnols ns aprs la mort de Franco, quinont pas vcu ces annes tumultueuseset, soit dit en passant, nont pas non pluseu loccasion de voter pour la Constitutionqui rgit leur vie.

    Si, il y a encore quelques annes, nousvoquions une IIIe Rpublique comme unexercice intellectuel, nous sommes dsor-mais de plus en plus nombreux penserque changer la forme de lEtat en adap-tant lEspagne une formule rpublicainequi a fait ses preuves aux Etats-Unis, enFrance et en Allemagne, pour ne citer quedes pays que mme notre droite apprciepourrait tre la cl de vote de la rgn-ration dont a besoin une dmocratie espa-gnole manifestement amliorable.

    LEspagne ne sortira pas de la crise co-nomique quelle traverse tant quelle naurapas adopt un autre modle de productionet trouv ce quelle peut fabriquer pourrpondre aux exigences de qualit, de ren-tabilit et de dbouchs sur le march mon-dial. LEspagne rclame cor et cri unerforme de son systme judiciaire. Elle a

    besoin de se doter de rgles trs strictespour lutter contre la corruption poli-tique, la spculation nancire etimmobilire, et la camaraderie entreses gouvernants et les grands patrons.

    Elle dispose dune loi lectorale iniquequi favorise le bipartisme au niveau

    national et le nationalisme dans cer-taines communauts autonomes,ce qui empche des courants alter-natifs dtre reprsents auParlement.LEspagne a de nombreux pro-

    blmes et ils sont graves. En France,pour bien moins que cela, il y a des gensqui demandent enterrer la Ve Rpubliquepour passer laVIe depuis laaire Cahuzac.Il nest donc peut-tre pas aussi fou de sug-grer quune IIIe Rpublique pourrait per-mettre cette grande nation de nationsdentreprendre enn les rformes pro-fondes dont elle a besoin.

    Sentant le vent tourner, les conserva-teurs les plus malins du centre droit et ducentre gauche commencent souer loreille de Juan Carlos que, dans lintrtde la monarchie, il devrait abdiquer enfaveur de son ls. Ce serait peut-tre loc-casion de dbattre de lopportunit dunemonarchie constitutionnelle ou duneIIIe Rpublique. Un tel dbat serait lahauteur de nos problmes et de ce querclament et mritent nos enfants.

    Javier Valenzuela

    7 JOURS Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    Elle est devenueun boulet pour le paysinfoLibre Madrid

    Tout rcemment encore, il susaitde suggrer douvrir un dbat surune IIIe Rpublique espagnole pourpasser pour un fou et sattirer un regardtonn ou apitoy des membres de lesta-blishment politico-mdiatique de Madrid.Ctait encore plus vrai face des poli-tiques, journalistes et intellectuels de lar-rire-garde flipiste [nostalgiques deFelipe Gonzlez, Premier ministre socia-liste de1982 1996].

    Si daventure quelquun daignait justi-fier les raisons de linterdit oppos cettesuggestion que vous ne proposiez quecomme simple exercice intellectuel,quatre grands arguments revenaientsystmatiquement sur le tapis: latransition dmocratique avait djtranch la question; la monarchie taitun systme efficace pour un pays aussicomplexe que lEspagne; elle ne co-tait pas cher au contribuable; et,enfin, last but not least, JuanCarlosIer avait conquis le droitde rgner en paix pour avoirassur un passage en douceurdu franquisme la dmocratieet refus de soutenir le coup dEtatdu 23fvrier1981 [perptr par desofficiers de larme nostalgiquesdu franquisme].

    Or il se trouve quau momentde la transition il ny a jamais eu

    Espagne : en nir avec la monarchie ?CONTROVERSE

    OUI NON

    Les scandales qui eurissent depuis plusieurs mois autour de la famille royale sapent sa lgitimit. Des voix de plus en plus nombreusesse font entendre en faveur dune IIIe Rpublique ou, tout le moins, dun dbat sur cette question.

    Sans elle, nous nousdchirerionsLa Razn Madrid

    Etre rpublicain, cest la mode: lesgens de gauche trouvent cela sti-mulant; ceux de droite y voient uneposition progressiste. La convergence delextrme gauche et de lextrme droite surcette question est curieuse. Quand onvoque la rpublique, en Espagne, on neparle pas dinstitutions, mais didologie.Tout le problme est l. Ni la monarchieni la rpublique ne rsolvent elles seulesles problmes des peuples. Pas plus que lefdralisme ou le centralisme, par exemple.Les Etats-Unis fonctionnent aussi biencomme rpublique que la Grande-Bretagnecomme royaume. La France a t aussigrande avec la couronne quavec ses pr-sidents. En revanche, la corruption deslites a toujours svi en Russie, que ce soitsous les tsars, enURSS ou dans le systmerpublicain actuel. Naturellement, on esten droit dmettre lhypothse duneIIIe Rpublique espagnole, mais lassocier un progrs institutionnel ne facilite pasle dbat. La monarchie est un anachronisme,nous dit-on, elle est antidmocratique. Lamonarchie nest ni moderne ni ancienne;elle est utile ou non, suivant les circons-tances sociopolitiques. Quant la rpu-blique, elle nest ni de gauche ni de droite.Ce nest pas non plus un projet laciste,comme certains le prtendent. En dni-tive, il sagit seulement de dcider quelleforme dEtat est le mieux adapte pourchaque pays. Je pense pour ma part etchacun est libre de mapprouver ou de mecontredire que nous autres, Espagnols,avons tendance aux luttes fratricides. Etjestime que la monarchie a fait la preuvede son extraordinaire utilit pour pallierce dfaut et nous reprsenter tous avecbeaucoup de dignit. Quels que soient sesavantages, la rpublique serait inadquatesur ce point. Vous imaginez la tte dunEspagnol de gauche qui se retrouverait avecAznar comme prsident et Rajoy commechef du gouvernement? Je crois que la rpu-blique aurait pour consquence une multi-plication des attaques mutuelles. Certes,par les temps qui courent, le spectacle nestpas diant, cause dUrdangarn et deslphants [laaire de la chasse royale auBotswana], mais je crois que nous devonsesprer, aller vers lapaisement et lqui-libre, et nous rappeler que la monarchie faitpartie des rares choses qui nous ont russi.

    Cristina Lpez Schlichting

    PARTOUT

    AILLEURS

    ERIC VALMIR

    LE VENDREDI

    19H20

    LA VOIXEST

    LIBRE

    en partenariat avec

    Juan Carlos Ier. Dessin de Kap,

    Espagne.

    de dbat citoyen dmocratique pour pro-poser un choix entre monarchie et rpu-blique. Le rapport des forces en prsence lpoque tait trs largement favorableaux courants conservateurs, qui ont clai-rement fait comprendre aux Espagnolsquen dehors du cadre de la monarchieincarne par Juan CarlosIer et prparepar le gnral Franco ils ne cderaient pasun pouce de terrain en matire de libertset de droits. Face pareil oukaze, le plusraisonnable tait de sincliner.

    Pourtant, entre laaire Urdangarn[lpoux de linfante Cristina, objet duneenqute pour dtournement de fondspublics], les chasses royales, comme larcente au Botswana [pendant que les sujetsdu roi se serrent la ceinture], les intriguesde Corinna [zu Sayn-Wittgenstein, ma-tresse suppose du roi] et tout ce que nousignorons encore, la monarchie est deve-nue un problme en soi, un boulet de pluspour cette Espagne complexe. En outre,elle revient plus cher quon ne veut bien

    7 JOURSCourrier international n 1173 du 25 avril au 1er mai 2013 9

  • Newsweek (extraits) New York

    Les attentats commis larrive dumarathon de Boston ne sont pas unnouveau 11septembre. Loin sen faut.Lampleur parle delle-mme: 3 morts Boston, prs de 3000 New York. Pourtant,aprs la tragdie de Boston et ce quelle pour-rait rvler sur des liens ventuels avec desconits se droulant de lautre ct du globe,dans le Caucase, il est impossible de ne passe poser les mmes questions que celles quelon sest poses au lendemain du 11sep-tembre 2001: jusqu quel point sommes-nous en scurit dans nos foyers, sur noslieux de travail, dans nos rues? Pourquoidonc les Etats-Unis sont-ils si souvent prispour cible par un si grand nombre de per-sonnes ayant un si grand nombre de choses nous reprocher? Pourquoi ces gens-lnous hassent-ils? Et vu le pouvoir de des-truction la disposition de quasiment nim-porte quel esprit drang, jusqu quel pointpouvons-nous assurer notre scurit?

    La piste des Tsarnaev semble pour lins-tant tre celle de loups solitaires. Mais lesagents du contre-terrorisme ont relev desdtails suggrant que lon pourrait mettreau jour une organisation plus vaste. Le plusfrappant est la puissance de feu que les deuxfrres ont mise en uvre pendant leurschanges de tirs avec la police. Il semblequils aient t en possession de plusieursbombes prtes lemploi. Et dufait que les terroristes tirent laleon de leurs expriences, certains analystes du contre-terrorisme se demandent silsnavaient pas envisag une op-ration plus importante durantle marathon lui-mme, ou peut-tre plus tard. Un des exemplespourrait tre lattaque sanglanteperptre Bombay en 2008, excute parune poigne dindividus, et qui a caus lamort de 164personnes. Ces types sont desgars intelligents, souligne un spcialiste ducontre-terrorisme, qui ont cru quils allaienttromper tout le monde et sen sortir. Ils ne vou-laient pas mourir. Mais ils avaient prpar destas de trucs.

    Cela ne signie pas quAl-Qaida nait jouici aucun rle: sur la question de savoir siles loups solitaires prouvaient du res-sentiment lgard des Etats-Unis ou auplan international, les autorits pensent quilsont probablement t inspirs par lido-logie dAl-Qaida, qui dpeint lAmriquecomme la source de tous les maux.

    Les bombes utilises Boston taient desengins explosifs improviss, ou EEI, com-poses partir de simples cocottes-minuteremplies dexplosifs faciles fabriquer ainsique de clous et de billes mtalliques. Daprsles enquteurs, cela pourrait indiquer queles auteurs ont t inspirs par Al-Qaida. Lesdjihadistes en Afghanistan, au Pakistan, enIrak et en Inde utilisent en eet couram-ment de tels engins.

    Boston a constitu sans nul doute un vri-table lectrochoc lgard de ce qui taitdevenu un certain relchement national. Lesattentats ont soulign lanalyse de nombreuxexperts selon laquelle le principal dangerauquel les Etats-Unis sont aujourdhuiconfronts nest plus une attaque de type

    11septembre, causant des milliers de victimes,mais plutt une succession dactes de vio-lence petite chelle dont les auteurs peu-vent tre aussi bien trangers quamricains.Sommes-nous aujourdhui plus en scuritquaprs le 11septembre? Absolument! Sommes-nous absolument en scurit? Non, remarquele mme expert, qui a travaill plusieursdcennies dans le contre-terrorisme. Etnous ne le serons jamais. Cest a le grand d.

    Auditoire mondial. An de comprendreles menaces auxquelles nous avons aaire,il est logique de commencer par Al-Qaida,mme si le rseau nest pas directementimpliqu dans les attentats de Boston.Oussama Ben Laden nest plus l mais sonsuccesseur, Ayman Al-Zawahiri, est toujoursdans la nature et poste des vidos sur lesrseaux de propagande en ligne dAl-Qaida.Lun des membres les plus dangereux de lor-ganisation, Adnan Shukrijumah, sest faitdiscret depuis quelque temps mais reste unsouci majeur pour les Etats-Unis, le pays oil a grandi et o il serait parfaitement laise.

    Les Amricains ont tendance oublier lalongue liste des guerres saintes menesau cours des vingt dernires annes, de laTchtchnie jusqu la Somalie, en passantpar le Nigeria, lIrak, lAfghanistan et lar-rire-pays pakistanais. Or toutes restent desviviers pour les terroristes.

    Les terroristes sont gnralement de jeuneshommes qui se voient commeles dfenseurs quasi chevale-resques des opprims sans queceux-ci soient forcment leursconcitoyens. (La page YouTubede Tamerlan Tsarnaev est pleinede vidos comportant des rf-rences aux chevaliers musul-mans des premiers temps delislam.) Ils veulent un respect

    mondial, ou en tout cas un auditoire mon-dial pour leurs actes. Et o avoir un plusgrand cho quen agissant aux Etats-Unis?Et quoi de mieux quun grand vnementpublic regard par des millions de personnes?

    Nous ne connaissons pas les motivationsexactes des tueurs de Boston, mais habi-tuellement les ressentiments des terroristessont dordre gnral et peuvent mme nepas tre lis des actions spciques menespar lAmrique. Les terroristes peuvent parfoisfrapper parce quils ont le sentiment que lesAmricains ne se proccupent pas, voireignorent les sourances de ceux au nom desquels les terroristes arment se battre.Quand les terroristes massacrent des inno-cents, leurs sympathisants et eux dnoncentimmanquablement le fait que les Etats-Unisfont la mme chose avec leur machine deguerre ou, au contraire, ne font rien pourempcher des massacres.

    La meilleure dfense contre le terrorismerside dans le renseignement avant quuneattaque ait lieu, pas dans les poursuites enga-ges aprs. Or, pour le meilleur ou pour lepire, le printemps arabe qui a clat audbut de 2011 a perturb ou mme carr-ment dtruit des canaux vitaux dchangede renseignements que Washington culti-vait depuis des annes au Proche-Orientavec des dictateurs comme lEgyptien HosniMoubarak, le Tunisien Zine El-Abidine BenAli, le Libyen Muammar Kadha, sans oublier

    Moyen-Orient ....18Asie ............20Afrique .........23Europe ..........25France ..........28

    duncontinent lautre.amriques

    Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    LAmriquetoujoursvulnrableElle reste menace par des attentatsperptrs avec des engins explosifsartisanaux par des individus isolssinspirant des ides dAl-Qaida.

    Une follesemaineLundi 15avril Double attentat la bombe proximit de la ligne darrive du marathon de Boston.Trois morts et 282 blesss. Une lettreempoisonne destination dunsnateur rpublicain du Mississippi estintercepte au Capitole.

    Mardi 16avril Unelettre empoisonneenvoye Barack Obamaest intercepte laMaison-Blanche.

    Mercredi 17avril Violente explosiondans une usine dengraisau nord de Waco (Texas).Selon un bilan provisoiredu 23avril, lexplosion a fait au moins 14 mortset 200 blesss. Le Snat amricainrejette le projet de loi surle contrle des armes feu. Arrestation dun sosiedElvis Presley suspectdtre lorigine deslettres empoisonnes.

    Jeudi 18avril Le FBI diuse surInternet les photos des deux suspects des attentats de Boston:les frres Tamerlan (26 ans) et Djokhar (19 ans) Tsarnaev. 22h30: fusillade et

    course-poursuite avec la police. Un ocier du MIT est tu ainsi que le frre an, TamerlanTsarnaev. Une chasse lhomme est lancepour retrouver Djokhar.

    Vendredi 19avril 20h45: arrestation de Djokhar Tsarnaevaprs vingt-quatre heures de traque. Grivementbless, il est conduit lhpital.

    Lundi 22avril Djokhar Tsarnaev est formellement inculp. Parmi les chefsdaccusation gurelutilisation dune arme de destruction massive. Il encourt la peine de mort.

    FOCUSTERRORISME

    Chronologie

    Dessin de Bolign paru dans El Universal, Mexico.

    1416192124

    10.

  • le Syrien Bachar El-Assad. Aujourdhui cesrseaux de renseignement sont aaiblis ounexistent tout simplement plus.

    Daniel Benjamin, qui a t jusqu la nde lanne dernire le coordinateur dudpartement dEtat en matire de contre-terrorisme, souligne que jusqu prsent,dans cette rgion, la menace lgard des Etats-Unis nest pas plus importante quelle ntaitavant ces rvolutions. Certes, concde-t-il,en Egypte, en Tunisie et en Libye, les ser-vices de scurit ne sont plus ce quils taient,ce qui accrot linscurit dans ces pays, notam-ment en ce qui concerne les trangers. Mais,ajoute-t-il, en tant que base pour mener uneattaque ltranger, je ne pense pas quil y aiteu de changement signicatif.

    Certains de ceux qui sont au premier rangde la lutte antiterroriste ne seraient certai-nement pas daccord. Lancien expert encontre-terrorisme, qui a requis lanonymaten raison de sa participation des opra-tions en cours, dclare que la multiplicationdes liales dAl-Qaida est tout simplementincroyable. Au cours des douze derniersmois, le dpartement dEtat a ajout deuxorganisations lies Al-Qaida sa liste degroupes terroristes: Al-Nousrah en Syrie etAnsar Dine au Mali.

    Lun des plus gros problmes actuels, cestla Syrie. Je ne vois pas la lumire au bout dutunnel, souligne Daniel Benjamin. Je ne voispas comment, vu lvolution des choses, nouspourrions viter de nous retrouver avec un Etatprofondment divis o les terroristes ne man-queront pas de vouloir simplanter.

    Dans le mme temps, la guerre de dronesque mne discrtement Barack Obama peutparatre loigne, mais tuer des personnessouponnes de terrorisme peut parfoisfaire natre des dangers alors mme quelon limine des ennemis. La guerre tech-nologique qui consiste tuer comme si lonjouait sur une Xbox accentue le sentimentdimpuissance et de colre parmi ceux quisont dj enclins dtester lAmrique.Les innombrables cas de dommages col-latraux, de femmes et denfants massa-crs en mme temps que des djihadistes,alimentent la fureur.

    Au dbut de lanne 2010, le chef de lapolice dune grande ville amricaine dcla-rait quil commenait sinquiter de cesdrones et de leurs possibles consquencessur la scurit aux Etats-Unis mme. Alpoque, les drones taient dj larme pr-fre dObama dans la lutte contre Al-Qaida.Lobjectif du prsident tait de rduire laprsence amricaine sur les thtres dop-rations aprs le 11septembre 2001 tout enpoursuivant la lutte contre les ennemis lesplus dangereux. Au moment o il a reu leprix Nobel de la paix, en dcembre2009, ilavait autoris plus de frappes de drones queGeorge W. Bush durant toute sa prsidence.(Neuf frappes seulement ont t eectuesau Pakistan entre2004 et2007. En 2010, ily en a eu 111.) Au cours de ses trois premiresannes de mandat, Obama a approuv lex-cution de deux fois plus de terroristes pr-sums que le nombre total dennemiscombattants qui ont t emprisonns Guantanamo.

    Tentatives avortes. Lecacit tactiquedu programme ne faisait aucun doute; lesdrones tuaient rgulirement des objectifsde haute valeur gurant sur la liste des indi-vidus liminer dresse par la CIA. Et entuant des dizaines de militants de niveauintermdiaire, les drones rduisaient la capa-cit dAl-Qaida former des terroristes et planier des oprations.

    Et pourtant, dans le mme temps, il taitdevenu vident que les bavures accompa-gnant les attaques de drones fournissaientdsormais aux terroristes un nouveau pr-texte pour sen prendre des objectifs am-ricains. Un exemple clatant a t fourni parle cas de Najibullah Zazi, un Afghano-Amricain de 24 ans obsd par les drones,dont il armait quils tuaient de manireindiscrimine des civils innocents au Pakistanet en Afghanistan. En 2008, il sest rendu auPakistan pour suivre un entranement dansun camp dAl-Qaida. En 2009, avec deuxamis de Flushing, dans le quartier du Queens New York, il a prpar des attentats sui-cides qui devaient frapper deux grandesgares, Grand Central et Penn Station. Le

    projet a t vent grce des renseigne-ments venus de ltranger et au travail de lapolice. Si le plan avait fonctionn, ces atten-tats auraient probablement t les plus san-glants sur le territoire amricain depuis le11septembre.

    Le projet de vengeance sans doute le plusinsidieux concoct par Al-Qaida est issu desa liale au Ymen. Sur les conseils et sousla direction du prdicateur Anwar Al-Awlaki,n aux Etats-Unis, les alis dAl-Qaida ontfoment plusieurs tentatives dattaques ambi-tieuses. Ils ont convaincu un jeune Nigriande sembarquer bord dun avion pour Detroitavec des sous-vtements bourrs dexplo-sifs et de faire exploser lavion, mais tout ce quoi est parvenu le candidat terroriste at de se brler les organes gnitaux. Lquipeymnite a alors tent dexpdier Chicagodes bombes en recourant aux services detransporteurs internationaux, mais les colisont t intercepts.

    Pourtant la fureur a t si grande aux Etats-Unis et la panique de la communaut inter-nationale si agrante que ces checs ontconstitu leur manire des succs. Et Al-Qaida au Ymen, qui se fait appeler Al-Qaidadans la pninsule Arabique, a compris

    Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013 AMRIQUES.

    A la une

    Aprs lattentatde Boston du 15avril, qui a fait 3 morts et 282 blesss, la presseamricainesinterroge sur la vulnrabilit du pays. Sur fond

    de drapeau amricain, lhebdomadaireNewsweek pose la question encouverture: LAmrique est-ellevraiment en scurit?

    Fidle lui-mme,lhebdomadaire de la grossepomme The NewYorker sest fendudune couverturetrs graphiqueaprs la tragdie.Intitule Uneombre plane sur Boston,

    cette couverture voque tout la fois la peur provoque par un tel vnementet la menace dune nouvelle attaqueplanant sur le pays.

    En titrant Le XXIe sicleconverge versBoston, le NewYork Magazinerevient sur le traumatisme de lattentat et sur la couverture de lvnement

    lheure de lhyperconnexion. De ladouble explosion sur la ligne darrivedu marathon, le 15avril, larrestationdu deuxime suspect, DjokharTsarnaev, le 19avril, les vnements ontt suivis en direct par des millions depersonnes, en particulier sur Internet et sur les rseaux sociaux. Des milliersdinternautes se sont mls delenqute et de la traque des suspects.

    AFFAIRES TRANGRESChristine Ockrent et les meilleurs experts nous racontent le mondeChaque samedi de 12h45 13h30

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  • AMRIQUES.

    trs vite tout ce quelle pouvait accom-plir avec trs peu de moyens. Avec la publi-cation dun magazine en ligne intitul Inspire,elle cherche dsormais rendre accessibleen anglais la technologie terroriste toutindividu intress, mme sil ignore ou dtestelidologie dAl-Qaida.

    Dix numros dInspire sont aujourdhuidisponibles en ligne. Lun des premiers estclbre pour avoir expliqu comment fabri-quer une bombe dans la cuisine de maman.Cet engin infernal ressemblait beaucoup ceux, faits partir de cocottes-minute, quiont t utiliss Boston.

    En 2011, Awlaki et le rdacteur en chef dumagazine ont t limins par une frappede drone, mais la publication existe toujours.Des extrmistes de droite peuvent sen servir;tout comme les anarchistes du Black Blocet, en dnitive, nimporte quel criminel tra-ditionnel. Chacun sans doute aura ses propresraisons de crer le chaos, et de contribuerainsi la dsorganisation gnrale.

    Terroristes intrieurs. Ces loups solitaires quils soient inspirs par Al-Qaida ou aient des objectifs locaux repr-sentent par de nombreux aspects les cas lesplus pineux pour les services de police. Lesterroristes intrieurs mobiles sont diciles intercepter, souligne Michael McCaul, le pr-sident rpublicain de la commission sur laScurit nationale de la Chambre des repr-sentants. Il nexiste pas de groupe que lonpourrait inltrer. Il est trs dicile de les reprer et de les arrter.

    Un autre d auquel les services de scu-rit amricains sont confronts est que, mesure que les Amricains retrouvent unsentiment de scurit et que le 11septembresloigne, la population accepte de plus enplus dicilement la surveillance et les op-rations menes par le gouvernement pourtenter de garder la menace sous contrle.Cela se traduit par des questions concer-nant les abus, le nancement, lecacitde ces oprations. Dans la priode qui aimmdiatement suivi le 11septembre, on pou-vait se comporter sans trop mettre de gants,remarque un haut responsable policier.Douze ans plus tard, on doit veiller ce quetout soit soigneusement dni.

    Naturellement, le prsident Obama lui-mme a encourag la population mettrele 11septembre en perspective. Depuis quila pris ses fonctions, il dfend sans cesse lideque le terrorisme doit perdre de son impor-tance dans le discours public. Parfois, il apeut-tre pouss ce principe un peu troploin. Il a par exemple attendu soixante-douzeheures avant de ragir la tentative dat-tentat perptre le jour de Nol 2009 sur levol destination de Detroit.

    Pourtant, comme le sait Obama et commelapprend quiconque est amen participeraux oprations antiterroristes, lobjectif prin-cipal des terroristes nest pas de conqurirun territoire, mais denvahir la psych descitoyens ordinaires. Tant que les Amricainsseront capables de faire preuve de retenueet de poursuivre leur existence face destragdies comme celle qui a frapp Boston,le terrorisme quelle que soit la forme souslaquelle il se prsente ne lemportera jamais.

    Christopher Dickey, Eli Lake et Daniel Klaidman

    Financial Times Londres

    Dans son discours la cathdrale deBoston le 18avril, Barack Obama afait ce que tout prsident responsablese devait de faire au lendemain dun attentatterroriste: il a canalis la raction de lopinionpublique. Nous ne nous replions pas sur nous-mmes, a-t-il martel. Nous allonsde lavant. Chaque mot taitsoigneusement pes.

    Les tragdies cristallisent sou-vent le climat politique dunpays. Ct positif, la police duMassachusetts a fait la preuvede son extraordinaire dtermi-nation en parvenant mettre lamain sur les coupables en les-pace de quatre jours: 2000agents cernantun gamin grivement bless dans un bateau.Mais ils lont captur vivant et cela na pasde prix. Saluons aussi les premiers interve-nants de Boston et sa population, dont lecalme a permis de grer cette situation durgence. Ce fut lune des grandes heuresde gloire de Boston.

    Mais, revers de la mdaille, la ractiondensemble et celle de beaucoup demdiasa mis en lumire la tendance desEtats-Unis ragir de faon disproportion-ne au terrorisme. Depuis le 11septembre2001,les dirigeants amricains bercent le peupledune illusion de scurit. Il ny aura plusjamais dattentats sur le territoire amricain,avait-on promis. La seule fois o Obamaavait laiss entendre le contraire Nouspouvons rsister une autre attaque terroriste,comme il la dclar en 2010, il stait vureprocher vertement son fatalisme. Les v-nements de la semaine dernire ont galement

    rvl la tendance des Amricains sous-ragir dautres types de menaces. Lundi15avril, trois personnes ont perdu la vie dansdes circonstances tragiques et un policiera t tu le 18 avril. Limage bouleversantede Martin Richard, la victime de 8 ans, res-tera le symbole de ce qui est arriv Boston.Les portraits des 20 enfants de 6 et 7 ans qui

    ont t abattus dans leur classede Newtown le 14dcembre der-nier ne sont toutefois pas moinspoignants. La semaine dernire,deux jours aprs les attentatsde Boston, le Snat amricain asabord la proposition de loi laplus lmentaire qui visait renforcer le contrle des ant -cdents des acheteurs darmes

    feu. Telle aura t la raction de lAmriqueau drame de Newtown.

    Comment ragira-t-elle au drame deBoston? M. Obama pourrait peut-tre enfaire ce quil appelle un moment riche den-seignements. En 1995, Bill Clinton avait trans-form la tragdie de lattentat dOklahomaCity, qui avait fait 168 morts, en un coup degnie politique. En se concentrant sur lesdlires conspirationnistes de TimothyMcVeigh, lauteur de lattentat, il avait misun coup darrt la monte en puissance durpublicain Newt Gingrich Washington.Lvnement marqua un tournant dcisifdans sa carrire. Aprs le 11septembre 2001,George W. Bush avait fait passer en force lePatriot Act [ensemble de lois censes ren-forcer la scurit nationale] et presque aus-sitt aprs il avait lanc les prparatifs delinvasion de lIrak, qui dbuterait dix-huitmois plus tard. Aucun prsident avant lui nidepuis na atteint la cote de popularit

    stratosphrique de Bush. Mais aucun nestjamais retomb plus bas dans les sondagesque lui la n de son mandat.

    Lattentat de la semaine dernire Bostonnavait rien de commun avec ceux dOklahomaCity ou des Tours jumelles. Pourtant, si lonen juge par les ractions du pays, le 15avrilest appel rester une date importante dansle calendrier politique amricain. Cest eneet le premier acte terroriste perptr surle sol amricain depuis le 11septembre 2001.Dans les semaines venir, M.Obama aura relever deux grands ds. Le premier seradempcher que certains nexploitent lesvnements de Boston pour discrditer lagrande rforme de limmigration, qui estpour lui loccasion la plus raliste dimpo-ser un changement signicatif dans les deuxans venir. Un groupe de 8 snateurs dmo-crates et rpublicains a prsent la semainedernire un projet de loi orant un cheminvers la citoyennet aux 11 millions dimmi-grs clandestins que compte le pays.

    Il na pas fallu longtemps Chuck Grassley,snateur rpublicain de lIowa farouchementoppos cette rforme, pour tablir un lienentre ce projet de loi et les origines tchtchnesdes frres Tsarnaev. Si les adversaires de larforme de limmigration parviennent crerdans lesprit du public un rapport direct entrergularisation et terrorisme, le projetpeut encore tourner laigre. Or les frresTsarnaev sont tous deux entrs lgalementaux Etats-Unis et le cadet Djokhar a obtenula nationalit amricaine par naturalisation.

    Amateurisme inquitant. Le deuximed dObama sera dassurer une rponsescuritaire. Il y a de fortes chances pour queles deux frres Tsarnaev aient agi seuls.Comme peuvent en tmoigner les Espagnolset les Britanniques depuis les attentats deMadrid en 2004 et ceux de Londres en 2005,le terrorisme intrieur est plus dicile voir venir que les complots ourdis depuisltranger. Lamateurisme de lattentat dela semaine dernire prouve que depuis le11septembre 2001 les Etats-Unis ont russi prvenir les attaques extrieures. Intensierla recherche dventuels loups solitairessur le territoire amricain reprsente un toutautre type de casse-tte, qui exigera beau-coup de doigt.

    Mais, dans limmdiat, Obama devradfendre sa dcision de permettre au frresurvivant de bncier de ses droits juri-diques de citoyen amricain, au lieu de luiattribuer le statut de combattant ennemi.Dans un moment comme celui-ci, la dis-tinction peut paratre subtile. Mais cettedcision crerait un terrible prcdent lheure o les soupons qui psent sur lacommunaut musulmane amricaine onttoutes les chances dtre exacerbs.

    Jusqu prsent, Obama a ragi avec mesureet quilibre. On imagine aisment que la ten-sion aurait t nettement plus leve si unautre prsident avait t la Maison-Blanche.Obama comprendra mieux que quiconque quel point le climat politique est fragile.

    Vendredi 19avril, lune des plus grandesvilles dAmrique sest rveille dans uneatmosphre qui ressemblait fort celle dela loi martiale. Imaginez si la crise avait tplus grave!

    Edward Luce

    Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    Deux ds pour ObamaLattentat de Boston fragilise son projet de grande rforme de limmigration et loblige repenser sa politique scuritaire.

    FOCUSTERRORISME

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    Dessin de Daro,Mexique.

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  • Reprter Brasil (extraits) So Paulo

    Lorsquon quitte Vitria, la capitale delEtat dEsprito Santo, en directionde So Mateus, la vgtation natu-relle disparat peu peu pour laisser place de grandes tendues ddies la sylvicul-ture et llevage extensif. Sur la route, descamions chargs de troncs deucalyptus d-lent. Au fur mesure que lon se rapprochede So Mateus, le paysage change nouveau:place des terres agricoles plus modesteset un plus grand nombre de maisons. Noussommes au cur dune rgion productricede caf et de poivre [la deuxime du Brsilpour ces deux produits]. Cest l que se trou-vent cinq assentamentos [zones cres par legouvernement pour installer des famillessans terres], fruits de la lutte du Mouvementdes sans-terre [MST, lun des principauxmouvements sociaux dAmrique latine].Ici, nous avons russi organiser notre pro-duction et en vivre trs bien. Je dis toujoursquavant toute chose nous devons montrer auxgens que la rforme agraire, a marche, sou-ligne Juraci Portes de Oliveira, un des membresdu MST. Avec la distribution de terres, lapopulation sest dveloppe sans pour autantquil y ait eu concentration de richesses: lesmaisons sont peu prs de mme taille, lesgens cohabitent ensemble de faon harmo-nieuse et le commerce local est prospre.Environ 290familles vivent dans les cinqassentamentos, qui totalisent 666hectaresde cafiers et 136 hectares de poivriers.

    Scurit alimentaire. Ds que je suisarriv sur cette terre, jai travaill dur, se sou-vient Sebastio Rosa da Silva, 73 ans, un despremiers paysans de Georgina le premierassentamento, tabli en 1985 la suite delexpropriation des terres. A lpoque, lechoix de ces deux cultures avait t strat-gique, selon Adencio Moreira da Silva, ditTaxinha, un autre paysan. Nous voulionscultiver des plantes racines parce que cestune sorte de garantie de garder la terre. JuraciPortes de Oliveira complte: Historiquement,le caf et le poivre sont des cultures qui per-mettent aux petits producteurs de vivre cor-rectement, notamment grce la stabilit desprix. Cette situation, pourtant, dtonnepar rapport la politique agricole luvredans la grande majorit des exploitationsde lEtat dEsprito Santo. A linstar du Brsil,cet Etat prsente des niveaux dingalitset de concentration foncire considrables,avec moins de la moiti des terres dispo-nibles pour les petits propritaires terriens.Selon lIBGE [lInsee brsilien], 18% desterres cultivables appartiennent de grands

    propritaires (possdant plus de 1000 hec-tares), qui reprsentent moins de 1% desexploitations rurales. Dans ce contexte, lesproductions de caf et de poivre des cinqassentamentos gnrent au total des reve-nus bruts annuels de 8,9millions de reais[3,4millions deuros]. On a coutume de direici que le poivre vaut plus que lor, fait remar-quer Juraci Portes de Oliveira.

    Les paysans des assentamentos produi-sent par ailleurs une bonne partie de ce quilsconsomment, le caf et le poivre cohabitantaux cts des haricots, du manioc, du mas,des fruits et dautres lgumes. Cest unencessit, explique Juraci Portes de Oliveira.Les gens doivent produire pour leur propreconsommation. A partir de lide de scurit ali-mentaire, nous tentons de rentabiliser au mieuxchaque hectare de terre, prcise-t-il. Quandla rcolte nest pas entirement utilise, lesurplus est gnralement vendu, notam-ment dans le cadre du Programme nationaldalimentation scolaire ou du Programmedacquisition daliments [destin aux famillesles plus pauvres]. Depuis quelque temps, lescafiers ont commenc partager lespaceagricole avec des hvas. Il sagit dune stra-tgie long terme tant donn que les rcoltesde caf ont lieu tous les deux ans et que leshvas produisent du latex au bout de sept huit ans. Presque tous les sous-produitsdu caf sont mis prot. Lcorce est ainsi

    AMRIQUES.Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    BRSIL

    Du caf et du poivre sousle label rforme agraireA So Mateus, des familles danciens sans-terre vivent de leurproduction au milieu des grandes proprits rurales.

    Les nombreusesvictimes des grandspropritaires

    Contexte

    La violence ne faiblit pas dansles zones rurales du pays. Le 2avril,Fbio Santos da Silva, un dirigeant du MST, a t cribl de balles par des hommes de main, Igua,dans lEtat de Bahia. Un mois et demiplus tt, Ccero Guedes dos Santos,un autre militant de lorganisation, tait assassin Campos dosGoytacazes, dans lEtat de Rio de Janeiro, sur des terres occupesdepuis 2000. Le nombre de victimesde conits agraires reste importantau Brsil, selon la Commissionpastorale de la terre (CPT), uneinstitution lie lEglise catholique:32 en 2012, contre 29 un an plus tt.Entre2000 et2012, 458 militants ont t tus, majoritairement dans les Etats amazoniens du Par et du Rondnia, dans le nord du pays. Ces crimes restent le plus souventimpunis. Dernier exemple en date, le 4avril, le tribunal de Marab, la capitale administrative du sud-est du Par, a acquittun grand propritaire terriencommanditaire de lassassinat dun couple de militants cologistes,membres de la CPT, dfenseurs de la fort amazonienne. Le procureur a annonc quil feraitappel de la sentence.

    rcupre an dtre utilise comme engraispour les autres cultures. Tout ce travail estintimement li la problmatique de lirri-gation. Nous avons eu normment de pertesen 1999 dans des zones qui ntaient pas irri-gues, victimes de la scheresse, se souvientTaxinha. Tant que des systmes dirrigationecaces ntaient pas mis en uvre dansles assentamentos, les familles connaissaientdimmenses dicults. Cettesituation a com-menc changer, selon lui, avec larrive aupouvoir en 2003 de Lula, qui a apport unplus grand soutien lagriculture familiale.Le gouvernement a rendu plus facile laccs aucrdit. On a pu moderniser nos cultures et am-liorer notre situation. Taxinha souligne lim-portance des politiques publiques poursoutenir la rforme agraire : distribuer desterres ne sut pas. Malgr un meilleur sys-tme dirrigation, les assentamentos sontconfronts un problme dapprovision-nement en eau. Les rives du So Mateus sontensables, ce qui fait dire Juraci Portes deOliveira que llevage bovin extensif prati-qu autour de la rgion des assentamentosest le principal responsable de cette situa-tion: Il pousse la dforestation et dtruit peu peu les rives du So Mateus. Jamais courtdides, Juraci Portes de Oliveira pense perfectionner les systmes dirrigation et construire des retenues deau ou des puitsartisanaux pour mieux tirer parti des nappesphratiques.

    Guilherme Zocchio

    Situation

    Braslia

    So Mateus

    Salvador

    Belo Horizonte

    TAT DESPRITOSANTO

    B R S I L

    Rio de Janeiro

    SoPaulo

    OCANATLANTIQUE

    Trop. duCapricorne

    500 km

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  • Cette scne au tribunal na tquun pisode de plus dans le feuille-ton mis en scne par les anciensdu rgime qui esprent rhabiliterMoubarak aux yeux des Egyptiensen jouant soit sur la compassion,soit sur le rejet que les Frres ins-pirent de plus en plus dEgyptiensen colre. Un certain nombre deses partisans ont cr un parti poli-tique et un bureau de relationspubliques (on se demande avecquel argent). Dautres armentque leur page Internet a dpassle million dabonns ou encorecherchent susciter des alliances[entre eux-mmes et des forcesrvolutionnaires] contre les Frres,suivant ladage lennemi de monennemi est mon ami.

    Rhabiliter la rvolution. SelonZakaria Abdelaziz, prsident dutribunal dinstance du Caire, 90%des personnels de justice sontantirvolutionnaires et feront toutpour que les respon sables de lan-cien rgime chappent aux peinesquils mritent. Certains de cesresponsables ont t incarcrs la prison de Tora [au Caire], nonpas pour les punir mais an de lesprotger contre dventuels actesde vengeance de la part de leursvictimes, la prison de Tora tantparfaitement quipe pour leurassurer un sjour agrable. Demme, ce ne serait pas seulementla justice, mais galement la policequi ferait disparatre ou cacheraitdes lments charge, tandis quele parquet ne ferait pas ce quilfaut pour investiguer.

    Il convient de relier lattitudeprovocatrice de Moubarak devantle tribunal au rveil des foulouls[gures de lancien rgime], lui-mme li la crise que traversela rvolution et aux dicults ren-contres la fois par le prsidentMohamedMorsi et par lopposi-tion. Dicults qui amnent lacommunaut nationale se divi-ser en deux camps antagonistes,au point quon voque la possibi-lit dun retour au pouvoir desmilitaires.

    On peut comprendre que lespartisans de Moubarak tententde se rorganiser. Il est normal,de leur point de vue, de vouloirconstruire des alliances avecdautres forces qui sopposent auxFrres. Ce qui est plus contes-table, cest que la dmarche desfoulouls trouve un certain chodans les cercles de loppositionprorvolutionnaire. Ceux-ci cher-chent renverser MohamedMorsi,alors que les foulouls, eux, veulent en nir avec la rvolutionelle-mme. Ce qui mrite dtrerhabilit, cest la rvolution, etnon pas Moubarak qui a conduitla patrie au bord de labme.

    Fahmi Howeidi

    moyen-orient

    Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013DUN CONTINENT LAUTRE

    Egypte.Linsoutenablesourire de MoubarakLancien dictateur gyptien sest montr jovial louverture de son procs en appel. Il se sait regrettde beaucoup dEgyptiens qui hassent les islamistes.

    Pourquoi les islamistesont-ils aussi peudhumour ?

    Bassem Youssef est lanimateur de la tlvision gyptiennequi rit des islamistes. La presse arabe analyse ce nouveau phnomne.

    Les rues du Caire sont videsou presque, rapporte AsharqAl-Awsat. Les gens sont la maison ou dans les cafs, devantles crans de tlvision, pour suivrela dernire mission satirique deBassem Youssef, Al-Barnamig [Leprogramme]. On est vendredi, moinsdune semaine aprs la convocation[n mars] du prsentateur par lapolice pour irrvrence lgardde lislam et insulte au prsident.Ce soir-l, il annonce au cours delmission que le nombre de vues surYouTube a dpass le million. Unrapide coup dilsut pour voirquil est plus levque celui desinternautes quisuivent le prsident Mohamed Morsi.

    Les Frres musulmans [au pou-voir] pensaient-ils rellement quenmobilisant des cohortes de juristespour monter des dossiers judiciairescontre lanimateur ils allaient am-liorer leur image? Les islamistes onttoujours veill acher des minesrenfrognes, signe selon eux de dvo-tion religieuse. Comment auraient-ils pu saccommoder de lespritptillant de Bassem Youssef? Ce quiest une surprise, cest leur incroyableincapacit prvoir les consquencesdes poursuites engages contre unepersonne dont le seul crime consiste prsenter un programme humo-ristique. En sattaquant lui, ils sesont coups de la rvolution, aveclimaginaire, la musique, la littra-ture et la culture quelle a propul-ss, qui paraissent incompatiblesavec eux.

    Pour le quotidien panarabe Al-Hayat, Bassem Youssef est unphnomne du printemps arabequi a libr la parole de la peurdu pouvoir. Le pouvoir a toujourst un monstre omniprsent en

    Al-Shourouk (extraits) Le Caire

    Lors de louverture de sonprocs en appel, le samedi13avril [il doit reprendre le11mai], on aurait dit que lancienprsident gyptien HosniMoubarakrevenait tout juste de vacances aubord de la mer pour reprendre sontravail au Caire. Les cheveux teintsen noir, portant des lunettes de

    braqus au plafond. Selon le quo-tidien Al-Masri Al-Youm, il a tentde faire oublier limage dhommebris et rsign quil avait donnejusque-l. Le quotidien a titr:Moubarak retrouve de laplomb entant que prisonnier des Frres musul-mans. Lancien prsident cherche apparatre comme la victime desFrres et non pas comme le dicta-teur contre lequel la socit toutentire sest rvolte.

    soleil et vtu dun lgant costumeblanc, il sest tenu bien droit faceau public, achant un sourire toutle long de la sance et nhsitantpas saluer plusieurs reprises sessoutiens dun geste de la main. Bref,il avait lair en forme et serein.

    Lhomme bris. Cela contrastaitsingulirement avec ses prcdentesapparitions devant le tribunal,allong sur une civire, les yeux

    Hosni Moubarak.Dessin de Stavro,Beyrouth.

    DR

    REVUEDE PRESSE

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  • MOYEN-ORIENT.

    Egypte. Il doit dsormais accepterquon se moque de lui et sinclinerface un animateur de tl qui leridiculise sans lappui dun parti,dun groupe ou dune idologie. Jadis,en Egypte, les blagues politiques tour-naient presque toutes autour desAmricains et des juifs, alors quedsormais elles visent toutes le pou-voir. Nous navons plus aaire deshumoristes qui portent la djellaba etlouent le courage de Che Guevara.Bassem Youssef vient de chanes detlvision prives. Il a tudi la mde-cine aux Etats-Unis et a t inuencpar son ami John Steward, prsen-tateur de lmission amricaine TheDaily Show. Etre inuenc par celui-ci plutt que par le Che montre quelhumour se nourrit dsormais de lalibert dexpression plutt que dapriori idologiques.

    Labsence dhumour chez lesislamistes est une question quirevient dans de nombreux articles.Pourquoi les islamistes ont-ils aussipeu dhumour? sinterroge unautre journaliste, toujours dansAl-Hayat. Pourquoi Mohamed Morsia-t-il perdu la bataille de lhumour,lui qui est un pur Egyptien [lesEgyptiens tant rputs avoir le sensinn de lhumour]? Plus gnrale-ment, pourquoi les islamistes ont-ilschou faire merger ne serait-cequun seul pote? Pourquoi ont-ilschou imposer des rgles de rh-torique, alors quils ont le texte sacrde leur ct?

    Avec les islamistes en Egypte,mais aussi en Tunisie, au Liban eten Syrie , nous avons aaire despouvoirs sans imagination. Ils disenttre justes, mais ils ne dmententpas le fait dtre sans imagination.Nous devons donc nous satisfaire decette justesse aride telle quon nouslassne depuis des lustres, et avecles hirarchies qui vont avec: le lsdoit respecter son pre, la femmedoit supporter la prsence de lacopouse

    Dans le quotidien libanaisAl-Mustaqbal, un journalistesyrien envie les Egyptiens: Ilny a pas de doute que BassemYoussef constitue un prcdent pourles mdias gyptiens. Il trouve aussiun cho dans les autres pays arabes,notamment dans ceux o les isla-mistes ont accapar les rvolutionspopulaires. Bassem a prouv quonpouvait dfier un rgime totalitairemme encore gris par sa victoire.Il a russi ce que lopposition lib-rale et laque na pas su faire. Tousles peuples du monde arabe atten-dent impatiemment chaque ven-dredi ce que lanimateur va leurdire. Qui a plus besoin que nous,Syriens, dun Bassem Youssef pourcritiquer nos propres islamistes, quiont eux aussi dtourn la rvolu-tion? Il faudrait quil y en ait unavant que notre peuple nen vienne regretter sa rvolution.

    Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    SYRIE

    Une oppositiongesticulanteIncapables de se trouver un leaderou dlaborer une ligne politiqueclaire, les membres de lopposition saccusentmutuellement de trahison.

    Al-Hayat (extraits) Londres

    Dans toutes les guerres apparat unchef militaire; dans toutes les rvo-lutions merge un dirigeant politique.Sauf dans le cas de la Syrie, o, deux ansaprs le dbut de la rvolution, loppositioncontinue de passer de crise en crise sans parvenir prsenter une direction stable.Daucuns diront que les Syriens ont assezsouert de leur rgime pour ne pas vouloirretomber aujourdhui dans le mme pigedu chef charismatique ou de lhommeprovidentiel. Or on peut tre chef sans tretyran. Ce que nous appelons de nos vux,cest simplement un homme politique dehaut niveau, capable de rassembler, de tra-vailler au sein dinstances organisationnelleset de hter la victoire de la rvolution.

    En ralit, cest dj un exploit pour lop-position davoir russi se runir Istanbulpour crer le Conseil national syrien[octobre2011]. Car le concept mme dop-position tait absent de la culture politiquesyrienne. Tout au plus y avait-il des per-sonnes qui sopposaient individuellement,chacune vivant en permanence dans la craintedtre arrte par les services du renseigne-ment syrien, mme ltranger et en exil,ft-ce en Chine.

    La cration de ce Conseil national avaitsuscit beaucoup despoirs. La socit et lesforces de lopposition espraient que la chutedu rgime ne soit plus quune question dejours ou de mois. Cet espoir avait grande-ment contribu goner les rangs de lop-position, notamment lextrieur de la Syrie,y compris avec des personnalits qui navaientjamais lev la voix contre le rgime.

    Or, depuis, on a vu que le rgime de BacharEl-Assad ntait pas aussi faible quon lavaitimagin et que le reste du monde ne se pr-cipitait pas pour sauver le peuple syriencomme il lavait fait en Libye.

    Il nen reste pas moins que ce Conseilpermet lopposition dapprendre enn lesrgles de laction politique, rgles auxquelleselle navait pas t accoutume.

    Mais on a en quelque sorte pris ce quonavait sous la main pour le composer. Ainsi,la majorit de ses membres sont des Frresmusulmans ou apparents. Ceux-ci sontconvaincus davoir raison parce que ce sonteux qui ont pay le prix fort pour leur oppo-sition au rgime depuis les annes 1980.Aussi ont-ils donn limpression de toutcontrler et de marginaliser les autres fac-tions. En raction cette domination desFrres, des alliances hostiles ont vu le jour

    au sein mme du Conseil, et les enjeux poli-ticiens internes lont emport sur llaborationdune ligne politique susceptible daboutir la chute du rgime. Le Conseil na paspu saisir sa chance et tre la hauteur de laconance dont il jouissait auprs des Syriens.Son erreur a t dadopter des critres dequotas et de se concentrer sur la forme etnon sur le fond, cherchant ne pas faireapparatre le caractre islamique de la rvo-lution de crainte derayer lOccident.

    Ainsi, la rvolution nolens, volens a tprise dans les considrations des rapports

    de forces entre puissances trangres, etlopposition a sembl ne pas tre matressede ses dcisions, mais au contraire dpen-dante de ses besoins de nancements enprovenance dautres pays. Et qui dit nan-cements trangers dit concessions, et quidit concessions dit suspicions. Cest ainsique les dirents groupes au sein de lop-position en sont venus saccuser mutuel-lement: Untel serait en fait prorgime, telautre roulerait pour Moscou, celui-ci seraitinfod la Turquie, celui-l au Qatar.

    Ahmed Mahmoud Ajjaj

    Linstantan

    Loc Gayot

    Bachar El-Assad. Dessin de Haddad paru dans

    Al-Hayat, Londres.

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  • asie

    Malaisie. Au-deldes clivagesethniques

    Les lections du 5 mai sannoncent comme les plus disputes depuis lindpendance. Car la jeune gnration, remet en cause quarante ans de discrimination positive en faveur des Malais.

    DUN CONTINENT LAUTRE Courrier international no 1173 du 25 avril au 1er mai 2013

    The Nation (extraits)Bangkok

    Le fait que le Premier ministremalaisien, Najib Razak, aitattendu la n de son mandatpour dcider de la date du scrutinmontre quel point son parti et luisont inquiets. [Aux lections de2008, pour la premire fois en qua-rante ans, la coalition gouverne-mentale du Barisan National (BN),emmene par lOrganisation natio-nale unie malaise (Umno), navaitpas obtenu la majorit absolue.]Depuis les dernires lections, lasocit malaisienne a gagn enmaturit, en particulier dans lajeune gnration. Do la craintedu Premier ministre sortant, sur-tout que le 5mai prochain quelque3,2millions de Malaisiens se ren-dront aux urnes pour la premirefois. Les voix et le choix de cettegnration qui a grandi avec Internetseront dterminants pour lavenirdu pays. Lopposition, runie ausein du Pakatan Rakyat, la dailleursbien compris, qui prsente plus dejeunes candidats que le BN.

    Les Malaisiens ne vivent plusdans la crainte entretenue par leBN et ses proches, qui insinuentque sans eux lquilibre dlicat entreles diverses communauts malaise,chinoise et indienne serait rompu,et que le chaos sinstallerait de nou-veau invitablement. A lvidence,le sentiment qui prvaut dsormaisest celui du Malayu pantang dica-bar (Les Malais naiment pasquon les fasse chanter). Par cons-quent, ce chantage par la peur desconits ethniques, qui a si bienfonctionn durant quatre dcen-nies, perd de son ecacit. Lamodernisation de la socit permetdsormais aux Malaisiens davoirconance en eux-mmes et dansleur capacit vivre ensemble,dans la diversit et lharmonie. Lamajorit des Malais vivent dsor-mais en milieu urbain, loin deskampong [villages]. Ils aspirent une vision plus idaliste de leursocit multiethnique.

    A lge des rseaux sociaux etde la socit de linformation instantane, toutes les gnra-tions connaissent et apprcient

    Dessin de Joe Magee, Grande-Bretagne.

    FOCUS

    carte

    INDONSIE

    INDONSIE

    BRUNEI

    SINGAPOUR

    THALANDE

    KualaKualaLumpurLumpurKualaLumpur

    Majorit politique dans les 13 Etats de la fdration :Coalition Barisan Nasional (BN), qui gouverne le pays depuis quarante ans

    Etats trs disputsCoalition Pakatan Rakyat (PR)

    500 km

    B O R N O

    Mer de Chine

    mridionale

    PutrajayaPutrajayaPutrajaya

    SOUR

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    Malaisie : qui contrle les Etats ?

    le potentiel de leur pays, longtempstenu en otage par le discours soi-gneusement mis au point par lacoalition au pouvoir. Un terrainnouveau souvre sur la scne poli-tique, o le vote transcendant lesclivages ethniques se gnraliserade plus en plus. Cette tendanceexplique en partie pourquoi la coa-lition de lopposition a gagn duterrain dans llectorat BN lors desdernires lections, en 2008. Le5mai prochain, les nouveaux lec-teurs dcideront laquelle des deuxcoalitions lemportera. Ils sont tousconscients quune Malaisie nex-cluant aucune communaut seraplus forte et plus dmocratique.

    La politique de discriminationpositive en faveur des Malais, miseen place dans les annes 1970 pourcontrer la prdominance de la com-munaut chinoise dans lcono-mie, savre inadapte mesureque le pays senrichit et que le revenumoyen augmente. La prochaineconsultation marque une nouvelletape pour que le BN mette unterme ces pratiques discrimina-toires. Si lopposition obtient plusde siges par rapport llectionprcdente, elle obligera par cons-quent le BN engager de nouvellesrformes. Les plus brillants l-ments du pays, notamment parmiles Chinois et les Indiens, prennentle chemin de lexil [un eet induitpar la politique de discriminationpositive]. La fuite des cerveaux estendmique et elle doit cesser.

    La Malaisie peut ouvrir son espacedmocratique dautant plus faci-lement que le pays compte uneclasse moyenne nombreuse, ainsiquune socit civile dynamique.Les mdias devraient saranchirdes diktats des partis politiques etendosser pleinement leur rle dequatrime pouvoir, linstar deleurs homologues en ligne. UneMalaisie vritablement dmocra-tique pour toutes les communau-ts qui la composent deviendra unacteur de poids en Asie. En rsum,la Malaisie se trouve un tournantde son histoire. Ce scrutin servirade test pour lavenir du pays, quien sortira ou non comme un Etatpleinement dmocratique.

    Kavi Chongki