Etats-UnisPortrait

dun bourreaurepenti

N 1167 du 14 au 20 mars 2013courrierinternational.comBelgique : 3,90

ROYAUME-UNILA MONARCHIE

SOUS TOUTESLES COUTURES

VENEZUELALAMRIQUE

LATINE ORPHELINEDE CHVEZ

DBATRENFORCER

LE PARLEMENTEUROPEN

La Francereprend du galon

Le nouveauregard

de la presseinternationale

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www.courrierinternational.com

DITORIALRIC CHOL

La surprisefranaise

N aturellement, la semaine o les ministres se relaient sur les ondes pour annoncersans la nommer une nouvelle cure de rigueur on pourrait tablir un dictionnaire des synonymesutiliss pour expliquer que lesdpenses publiques vont baisser, il nest pas vident de dceler dansles statistiques hexagonales la tracedun quelconque redressement. Le chmage? Un nouveau record esten vue. Le retour de la croissance? Il faudra encore patienter, quitte invoquer lhritage laiss par le prcdent locataire du palais de lElyse ou les mauvais ventseuropens. La courbe de popularitde lexcutif? Pour plagier un ancienpremier ministre, la pente est raide.Et le French bashing, cette curieusemanie des mdias trangers de se gausser de nos petits travers et de nos gros ratages? Cestjustement de l que vient la surprise:limage de la France est en train de changer. Non que la presseinternationale ait soudainementdcouvert les talents de rformateurde Franois Hollande ou quelle soitparticulirement impressionne parles performances de notre conomie.Mais lintervention militaire au Mali a modi la donne et raviv les couleurs tricolores dans le monde.Au moment o lAmrique dObamase montre plus discrte, la Franceassume son rle de grande puissance.Sans se payer de mots mais avecbravoure et ractivit, relve la pressetrangre. Le fardeau est lourd porter, entre le risque denlisementdu conit, le sort incertain des otages franais retenus en Afrique et une facture du conit qui sallonge. Comme le titrait rcemment un ditorial de Newsweek, Vive la France!

IRAK Un pays au bord de limplosion. Dix ans aprs linvasion de lIrak,courrierinternational.com consacre ce pays, menac par une guerre civile, une srie de reportages et danalyses de la presse locale et internationale.

VATICAN Qui succdera Benot XVI? Les suites du conclave.

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En couverture : Dessin de Mikel Casal pour Courrier international.

Photos AFP et DR

Retrouvez Eric Chol chaque matin 6 h 55,

dans la chronique O va le monde

sur 101.1 FM

Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

LEO

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AFP

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la unep.34

SUR NOTRESITE

p.42 SCIENCES

Et le gnie jaillit du cerveau

p.1

Etats-UnisJerry Givens,

bourreau mais pas trop

Lexcuteur en chef de lEtat de Virginie a mis mort de nombreux dtenus avant de jeter lponge et de devenir

lun des militants les plus en vue contre la peine capitale.

p.46

LA MONARCHIE BRITANNIQUE SOUS

TOUTES LES COUTURESDans un essai remarqu, lcrivaine

Hilary Mantel smeut du sort fait Kate Middleton et plus gnralement

aux femmes de la famille royale.

Certaines personnesvictimes de dommagescrbraux dveloppent des talentsextraordinaires. Les scientiques tentent de comprendre ce phnomne et de le reproduire sans danger.

p.

Core du Nord Ils veulent la guerre, ils laurontAprs les sanctions votes par lONU la suite de son essai nuclaire, le rgime de Pyongyang dnonce des manigances amricaines et menace clairement la Core du Sud.

Sommaire

REPREND DU GALONLA FRANCE

STEF

F

Vive la France ! titrait rcemment Newsweek. Commelhebdomadaire amricain, la presse internationale a changde regard sur Franois Hollande aprs lintervention au Mali. Et salue un nouveau leadership inattendu.

360

JAPON Deux ans aprs, tout reste faire,dossier spcial. O en est-on de

la reconstruction et comment vivre avec les radiations

Fukushima? Reportages et vidos.

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3JADOREJe vous cris pour vous dire que le dernier exemplairede Courrierinternational (n1165)

est ma-gni-que! Cest un petitchef-duvre! La couverture estsplendide et le layout (maquette)de pure classe! Jaime beaucoup les illustrations. Et, bien sr, les reportages! a donne envie de tout lire. Eva Hamon (Lanvngen)

EXCELLENT HORS-SRIENouvel abonn et heureux de ltre, il mest venu lide de vous en fairepart. Le hors-srie sur les Franais(Les Franais sont-ils normaux?33raisons den douter selon la presseinternationale) est excellent. []Stphan Pacou (Le Mans)

BONNE NOUVELLE FORMULE, SAUFJe me permets de vous exprimer ma satisfaction la lecture de la nouvelle formule de Courrierinternational, sauf sur deux points: la rubrique Signaux, laquelle je naccroche vraiment pas et le volume de la publicit. Il est bonque le journal capte des recettespublicitaires, mais javoue trouverexcessive la place des pubs. Michel Reynaud (Feurs)

DPAYSEMENTJe suis une fervente lectrice de votre journal, dont la lectureassure un vritable dpaysement. Je suis ravie de vous envoyer cette rexion et jespre quelle va retenir votre attention.Laaroussi Ouafaa

Les lecteurs peuvent nous crire par courriel web@courrierinternational.comou par courrier postal : Courrier international, rdaction enchef, 6-8,rue Jean-Antoine-de-Baf,75212Paris Cedex13. Merci de prciservotre nom (pas de pseudonyme) et la localit do vous crivez.

COURRIERDES LECTEUR

S

Les journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sourcesdu monde entier : journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Voici la liste exhaustive des sources que nous avons utilises cette semaine :Al-Ahram Weekly Le Caire, hebdomadaire. Amin (amin.org) Ramallah, en ligne. Daily Nation Nairobi, quotidien.The Economist Londres, hebdomadaire. Financial Times Londres, quotidien. Il Foglio Rome, quotidien.Fond Strateguitchesko Koultoury (fondsk.ru) Moscou, en ligne. The Globe and Mail Toronto, quotidien.Al-Hayat Londres, quotidien. Hufvudstadsbladet Helsinki, quotidien. The Independent Londres, quotidien.Kapitalis (kapitalis.com) Tunis, en ligne. The London Review of Books Londres, hebdomadaire. MiddleEast Online Londres, en ligne. Milliyet Istanbul, quotidien. Los Angeles Times Etats-Unis, quotidien. TheNational Abou Dhabi, quotidien. New Scientist Londres, hebdomadaire. Newsweek (newsweek.com)New York, en ligne. The New York Times Etats-Unis, quotidien. LObservateur Paalga Ouagadougou,quotidien. Pgina 12 Buenos Aires, quotidien. Philippine Daily Inquirer Manille, quotidien. Popular ScienceNew York, mensuel. La Razn Madrid, quotidien. La Repubblica Rome, quotidien. Rodong Sinmun Pyongyang,quotidien. Sddeutsche Zeitung Munich, quotidien. The Sunday Times Londres, hebdomadaire. This Day Lagos,quotidien. Tokyo Shimbun Japon, quotidien. El Universal Caracas, quotidien. La Vanguardia Barcelone,quotidien. The Washington Post Washington, quotidien. El-Watan Alger, quotidien.

Sommaire

7 jours dans le monde4. Core du Nord. Ils veulent la guerre,ils lauront !6. Portrait. Clive Palmer,lhomme du Titanic8. Controverse. Faut-il obliger les salaris venir au bureau ?

Dun continent lautreAMRIQUES10. Venezuela. Un leader diabolis par lOccident12. Etats-Unis. Jerry Givens, bourreau mais pas trop

MOYEN-ORIENT16. Irak. Les nouveaux voleurs de Bagdad17. Isral. Quatre recommandationspour Obama18. Turquie. Une goutte de science dansun ocan dislam

AFRIQUE20. Tunisie. On ne change pas une quipe qui perd ! 21. Kenya. Un vote contre la CPI

ASIE22. Japon. Fukushima ma tu24. Philippines. Vingt-sept ans aprs, rien na chang

EUROPE25. Terrorisme. Alerte aux espions du Hezbollah26. Allemagne. Agenda 2010 : le bilan27. Religion. Pour un printemps du Vatican ?28. UE. Vers un Parlement plus muscl

BELGIQUE30. Plaidoyer pour des mini-prisons

A la une34. La France reprend du galon

Transversales40. Economie. Lirrsistible envol de la nance islamique42. Sciences. Et le gnie jaillit du cerveau44. Mdias. Michelle Obama jusqu plus soif45. Signaux. Un imprieux besoindexcentricit

36046. Essai. Royal soit le fruit de ses entrailles50. Plein cran. Nollywood, la bonnetoile du Nigeria52. Tendances. Comment tu tpelles ?54. Histoire. Quand lessgrgationnistes buvaient du Coca

Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit Editrice du Monde. Directoire Antoine Laporte, prsident et directeur de la publication ; Eric Chol. Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal octobre 2012. Commission paritaire n 0712c82101. ISSN n1154-516XImprim en France/Printed in France

Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternational.com courriel lecteurs@courrierinternational.com Directeur dela rdactionEric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud(16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), Raymond Cla-rinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54). Assistante Dalila Bounekta(16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31) Direc-teur de la communication et du dveloppement AlexandreScher (16 15) Conception graphique Javier Errea Comunicacin

Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche,Suisse almanique, 16 22), Gerry Feehily (Royaume-Uni, Irlande,16 95), Lucie Geroy (Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34),Iwona Ostapkowicz (Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubriqueFrance, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76),Wineke de Boer (Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark, Nor-vge), Alexia Kefalas (Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique),Kristina Rnnqvist (Sude), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordinationBalkans), Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Ko-sovo), Miro Miceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rpubliquetchque, Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro, Croatie,Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa(Estonie), Russie, est de lEurope Laurence Habay (chef de servi-ce, 16 36), Alda Engoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotele-vets (Ukraine) Amriques Brangre Cagnat (chef de service, Am-rique du Nord, 16 14), Eric Pape (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chefde rubrique, Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie AgnsGaudu (chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39),Christine Chaumeau (Asie du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asiedu Sud, 16 51), Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine,17 47), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores),Kazuhiko Yatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de ser-vice, 16 69), Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (1635), Pascal Fenaux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pier-re Vanrie (Turquie) Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique,16 29), Hoda Saliby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie), So-phie Bouillon (Afrique du Sud) Economie Pascale Boyen (chef de ser-vice, 16 47) Sciences Anh Ho Truong (chef de rubrique, 16 40)Mdias Gerry Feehily (16 95) Magazine Isabelle Lauze (16 54) In-solites Claire Maupas (chef de rubrique, 16 60) Ils et ellesont dit Iwona Ostapkowicz (chef de rubrique, 16 74)

Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Catherine Guichard (rdactrice, 16 04), Pierrick Van-Th (web-mestre, 16 82), Mathilde Melot, Albane Salzberg (marketing)Agence Courrier Sabine Grandadam (chef de service, 16 97)Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 1677),Natalie Amargier (russe), Catherine Baron (anglais, espagnol),Isabelle Boudon (anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino(japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, allemand, coren), Fran-oise Lemoine-Minaudier (chinois), Julie Marcot (anglais, espa-gnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-FranoiseMonthiers ( japonais), Mikage Nagahama ( japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais,espagnol), Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais,espagnol), Leslie Talaga Rvision Jean-Luc Majouret (chef de ser-vice, 16 42), Marianne Bonneau, Philippe Czerepak, Fabienne G-rard, Franoise Picon, Philippe Planche, Emmanuel Tronquart(site Internet) Photo graphies, illustrations Pascal Philippe(chef de service, 16 41), Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Sain-don (16 53) Maquette Bernadette Dremire (chef de service), Ca-therine Doutey, Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Pe-tricca, Denis Scudeller, Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Er-richiello, Cline Merrien (colorisation) Cartographie ThierryGauth (16 70) Infographie Catherine Doutey (16 66) Calligra-phie Hlne Ho (Chine), Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori (Ja-pon) Informatique Denis Scudeller (16 84) Directeur de la pro-duction Olivier Moll Fabrication Nathalie Communeau (direc t-rice adjointe), Sarah Trhin (responsable de fabrication). Im-pression, brochage Maury, 45330 Malesherbes.

Ont particip ce numro Alice Andersen, Lna Bauer, Gilles Berton,Aurlie Boissire, Jean-Baptiste Bor, Devayani Delfendahl, MoniqueDevauton, Manon Flausch, Salom Giron, Ghazal Golshiri, Paul Grisot,Marion Gronier, Gabriel Hassan, Steven Jambot, Nathalie Kantt, Lau-rent Laget, Virginie Lepetit, Aude-Axelle Mainguy, Caroline Marcelin,Valentine Morizot, Ocane Nadalle, Estelle Picon, Sarah Pomar Chiquette,Anne Thiaville, Nicole Thirion, Blandine Tourain, Oktay Tuncer

Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NatachaScheubel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan.Gestion : Julie Delpech (responsable, 16 13). Comptabilit : 0148 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16).Ventes au numro Responsable publications : Brigitte Billiard.Direction des ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit :Jrme Pons (0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diffusioninter nationale : Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). PromotionChristiane Montillet Marketing Sophie Gerbaud (directrice, 16 18), VroniqueLallemand (16 91), Lucie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89). GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLCOURRIER INTERNATIONAL pour la Belgique

et le Grand Duch de Luxembourg est commercialis par le GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLqui est une association entre la socit anonyme de droitfranais COURRIER INTERNATIONALet la socit anonyme de droit belge IPM qui est lditeur de La Libre Belgique et de La Dernire Heure Les Sports. Co-grant Antoine LaporteCo-grant et diteur responsable Franois le HodeyDirecteur gnral IPM Denis PierrardDirection logistique IPM Christian De CosterCoordination rdactionnelle Gilles Milecan et Pierre Gilissen

+ 32 2 744 44 33Ouvert les jours ouvrables de 8h 14h.Rue des Francs, 79 1040 BruxellesPublicit RGP Luc Dumoulin Luc.dumoulin@rgp.be + 32 2 211 29 54Services abonnementsabonnements@saipm.com + 32 2 744 44 33 / Fax + 32 2 744 45 55Libraires + 32 2 744 44 77Impression Sodimco SADirecteur Eric Bouko + 32 2 793 36 70

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0 novembre 2012.

85 145 165

Plus ou moinsmille foisRECTIFICATIFDans le numro1164, page7, nous indiquions dansun graphique les prix auxquels laRussie vendait le mtre cube degaz: ctait en fait le millier dem3 ! Idem dans le numro1165,page6: les prix respectifs delnergie produite par le charbonou lolien concernaient des MWhet non des kWh.

Oui, et alors ?ROYAUME-UNI/ARGENTINELapoigne dlecteurs (1 672) desMalouines appels sexprimerpar rfrendum sur leur natio-nalit britannique se sont massi-vement prononcs en faveur duoui. Ce rfrendum organis parles Britanniques pour les Britan-niques ne mettra pas n au conit,note Alicia Castro, ambassadricedArgentine au Royaume-Uni, dansles colonnes du Guardian, raf-rmant que les habitants desMalouines sont britanniques, maisle territoire sur lequel ils viventappartient lArgentine.

Un espoirnomm TrudeauCANADACandidat la direc-tion du Parti libral du Canada(PLC, centre gauche), JustinTrudeau a une victoirequasi assure lors dellection interne prvuepour le 14avril prochain.Reconnu pour son cha-risme, le jeune dputde la circonscription

de Papineau, sur lle de Mont-ral, doit une partie de sa noto-rit son pre, Pierre ElliottTrudeau, Premier ministre duCanada de 1968 1979 et de 1980 1984. Trudeau est largementfavori dans tous les sondages depuisquil a annonc sa candidature,souligne le quotidien qubcoisLa Presse. Il pourrait faire gagnerle PLC aux prochaines lgisla-tives (19octobre2015), face auParti conservateur du Canada(PCC).

Des profsbien armsTATS-UNISLe Dakota du Sudest devenu le premier Etat amri-cain passer une loi autorisantexplicitement les enseignants porterdes armes pendant leur travail,indique The New York Times. Legouverneur de lEtat a sign ledcret dapplication le 8mars.

Dans les autres Etats o cetype de lgislation a

t discut, dans lafoule de la tueriequi sest droule lcole primaire

de Newtown, endcembre dernier,

ce type de mesure at repouss.

Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Rodong Sinmun Pyongyang

Il y a quelques jours, lesEtats-Unis, dnonantnotre essai nuclaire dau-todfense [du 12fvrier dernier],ont concoct une nouvellersolution portant sur des sanc-tions au Conseil de scurit desNations unies [voir Contexte ci-contre]. Manipulant ce derniercomme leur marionnette, ils ontinvent la deuxime rsolutionde ce type cette anne, la cin-quime en huit ans. La nou-velle rsolution du Conseil descurit, sous la frule deWashington, trahit sa naturesclrate en prsentant la miseen uvre de sanctions contrela rpublique populaire dmo-cratique de Core (RPDC)comme un devoir, internatio-nalisant cette mesure plus quejamais encore auparavant. Cettesanction collective constitue trsexactement une dclaration etun acte de guerre contre la RPDC.Sous le couvert du Conseil descurit, les Etats-Unis cher-chent atteindre leurs objectifsagressifs contre la RPDC enmenaant son droit lexistenceainsi que sa souverainet.

Cest un acte criminel et anti-thique. Plus grave encore, lesEtats-Unis ont conu la rso-lution sur les sanctions pour

quelle concide avec les ma -nuvres militaires conjointes[menes chaque anne parWashington et Soul] KeyResolve et Foal Eagle.

Ce tapage collectif sur les sanc-tions orchestr par les Etats-Unis a pour but de provoquer laguerre an dtouer la RPDC.Par le biais de telles sanctions,les Etats-Unis complotent pourenvahir la RPDC comme ils lontfait avec lIrak. Daprs un com-muniqu dun porte-parole duCommandement suprme delArme populaire de Core, lac-cord darmistice coren [signen1953, il avait mis fin laguerre de Core] est considrcomme nul et non avenu partirdu lundi 11mars. Larme et lepeuple de la RPDC se dressent lunisson pour lutter contre lessanctions collectives pilotes parles Etats-Unis et leurs manuvresdestines provoquer une guerredagression. Si les Etats-Unissimaginent quils peuvent trans-former la RPDC en Irak, cest unefatale erreur de calcul. Le mondeverra alors comment notre armeet notre peuple font voler enclats les sanctions collectivesmanigances par les Etats-Uniset dfendent leur dignit et leurstatut de puissance nuclaire lan-ceuse de satellites. Ce ne sont pasde vaines paroles.

Kang Chol Su

CORE DU NORD

Ils veulent la guerre, ils lauront !Un quotidien ociel dnonce les sanctions votes par lONU comme autant de manigances amricaines. A Pyongyang, lhumeur est trs belliqueuse.

7 jours dansle monde.

SOURCE

CONTEXTESuite au troisime essai nuclaireeectu par Pyongyang le12fvrier, de nouvelles sanctionsconomiques ont t votes parle Conseil de scurit de lONU le8 mars lunanimit, donc aveclassentiment de Pkin, principalalli de Pyongyang. Kim Jong-una, le 12mars, dsign une petite le sud-corenne commepremire cible en cas de conit,aprs avoir brandi la menacedune guerre thermonuclaire.Pyongyang a galement dnonclarmistice qui a mis n la guerre de Core en1953.En novembre2010, la Core du Nord avait dj bombard une le sud-corenne, causant la mort de quatre personnes.

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RODONG SINMUNPyongyang, Core du NordQuotidienLorgane du Parti du travail est lune des voix ocielles du rgime de Pyongyang. Au programme: langue de bois massive et diatribesantiamricaines. Sa diusionnous est inconnue.

3 2233 223cochons morts ont t repchs dans la rivire Hangpou, une quinzaine de kilomtres en amont de Shanghai, au cours des derniers jours. Des analyses faites surlun des cadavres montrent la prsence du circovirus porcin familirement,maladie damaigrissement du porcelet, non transmissible lhomme. Le South China Morning Post rapporteque 18000cochons seraient morts de maladie au cours des deux derniersmois dans la rgion, et que nombre dentreeux auraient t jets la rivire. (Dansle mme registre, lire galement sur notresite Linfme cloaque 24000euros).

Justin Trudeau. DR

Dessin de Chappatte paru dans Le Temps,

Suisse.

4.

Un parti anti-euroest n ALLEMAGNEOpposes la poli-tique actuelle de sauvetage deleuro, des personnalits conser-vatrices et librales, issues delconomie, de la politique et desmdias, sapprtent se lancerdans larne politique pour leslections lgislatives du 22sep-tembre sous la bannire dunnouveau parti. Elles devraientannoncer le 13avril prochain, lorsdun congrs Berlin, la naissancedAlternative pour lAllemagne(AfD), qui dispose depuis le 8mars dun site Internet. Vont-ilsmettre en danger la rlection dAn-gela Merkel? sinterroge Die Welt.Selon un premier sondage ralispour lhebdomadaire Focus, 26%des Allemands pourraient sima-giner voter contre leuro. Latranche des 40-49ans grimpemme 40%.

Yoko Ono dit non la fractureTATS-UNISPour sopposer lafracturation hydraulique et lex-ploitation du gaz de schiste danslEtat de New York, un collectiffond par Yoko Ono et son lsSean Lennon a ralis un clip autitre loquent: Dont Frack myMother (Ne fracture pas ma mre[nature]) lune des vidos lesplus branches et les plus drles quevous aurez loccasion de voir cetteanne, mais cest aussi lune des plusimportantes, crit le magazineamricain de gauche The Nation.Le collectif Artists Against Fracking(les artistes contre la fractura-tion hydraulique) a t fond enaot2012 New York. Son objec-tif : faire pression sur le gouver-neur de lEtat pour quil interdisela fracturation hydraulique.

fois duvrer en coulisse: le quo-tidien Al-Motamar, organe o-ciel de lancien parti au pouvoircontinue de le dsigner commele zam [leader], tandis que songrand rival, le gnral Ali MohsenAl-Ahmar, est prsent par le quo-tidien Mareb Press comme unhomme providentiel, seul sus-

ceptible de sauver la patrie contreles ingrences iraniennes qui ali-mentent le sparatisme du Sud.Pris entre les deux hommes etcompte tenu de la liste pltho-rique des participants au Dialoguenational, les jeunes qui avaientport la rvolution risquent de nepas peser lourd.

Le dialoguenationalva enterrer la rvolutionYMENDes dizaines dorgani-sations politiques, dassociationsrvolutionnaires, de reprsentantsde villes et dorganisations pro-fessionnelles participeront partirdu 18mars la Confrence du dia-logue national. Celle-ci doit, tho-riquement, dnir les prochainestapes de la transition vers unrgime dmocratique et aboutirdici la n2013 une nouvelleConstitution et de nouvelleslections an de remplacer le pr-sident par intrim Abd Rabbo Man-sour Hadi. Lancien prsident AliAbdallah Saleh, qui avait dmis-sionn sous la pression de la rueen fvrier2012, continue toute-

7 JOURS.7 JOURS.Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

infoLibre @_infolibreLanc le 1er mars par des anciens du quotidien El Pas licencis dans le cadre dun vaste plan social, ce nouveau journal en ligne entend reproduire en Espagne le modle de Mediapart (en espagnol).

-LES

Melinda Ozongwu @melindaembraseCette journaliste qui vit en Ouganda tient aussi un blog, Smartgirl Living, dans lequel elle dcrypte la mode et les tendances de sa socit avec humour et sur un ton rjouissant, trs personnel (en anglais et en franais).

Museum of Math @MoMath1Le compte du muse national des Mathmatiques, install New York, qui revendique le titre de seul et unique du genre aux Etats-Unis. Son but: rvler au public les merveilles des mathmatiques (en anglais).

SUIVEZ

Journalistes, experts, activistes, groupes ou responsablespolitiques : ils sont sur les rseaux sociaux. A suivre !

Le retour en politique de Sarkozy, ce serait unebonne chose?

Pour lesjournalistes,

ce serait une bonnechose! Il y a chez eux, et chezles Anglo-Saxons, une espce de nostalgie son gard; aveclui, ctait le cirque permanent.Il est le personnage franaistypique, un peu agit, un petitNapolon en tout cas pour les gestes et les paroles martiales,mais pas en ce qui concernelaction, mi-chemin entre labte politique et la caricature.Sarkozy a voulu marquerlhistoire, mais ny a pas russi.Pour la France, en revanche, sonretour ne serait pas une bonnenouvelle. Elle a besoin, aprs les annes Sarko, aprs cetteprsence permanente, presqueobsdante, dun peu de paixmentale.

En restant trs prsent sur le terrain mdiatique sansacher ociellement une ambition, Sarkozy rend-il service lUMP?Non, assurment. Il prsente le visage de larbitre, mais il veutmanuvrer lui-mme. Je suissr quil va un jour ou lautrereprendre les rnes de ce parti.La faon incroyable dont sest droule llection de sonprsident, entre Fillon et Cop, a fait beaucoup de dgts.Il est clair que cest un grandavantage pour Sarkozy.

Une nouvelle carrire de Sarkozy en businessman, ce serait une bonnereconversion, selon vous?Ah! le fric, cest quelque chosequi le passionne. Il sest mariavec une femme riche, il a desamis riches Mais je ne le voispas se lancer dans les aaires.

DE NOUSILS PARLENT

25 %25 %Cest la proportion dhabitants du Liban quiseraient des rfugis, selon des propos tenus parMichel Sleiman, le prsident du pays. Il cite dansles colonnes de LOrient-Le Jour le chire de 1 million de Syriens ayant fui leur pays en guerrevenus sajouter quelque 500000rfugispalestiniens qui vivent dans le pays depuis1948.M.Sleiman demande une aide internationale etappelle la tenue dune confrence internationalepour trouver les moyens de rpartir les rfugisdans dautres pays, comme le prvoit la convention de Genve de1979, prcise le quotidien de Beyrouth.

DR

Un journaliste tranger commentelactualit franaise

FIACHRA GIBBONS a travaillpour The Guardian pendantvingt ans. Il est aujourdhuijournaliste indpendant, install Paris, et voque un possible retour de Sarkozy.

AvecSarkozy,ctait le cirquepermanent

Sanaa, le 21 fvrier. Des Ymnites ftent le premier anniversairedu dpart du prsident Saleh. M. Huwais/AFP

5

The New York Times(extraits) New YorkDe Macao

Le gala tait superbe: des cen-taines dinvits bien habills,beaucoup de musique, lemme festin de onze plats que celuiqui fut servi sur le Titanic aux pas-sagers de premire classe le jourdu naufrage [14avril 1912] et la pro-messe de rencontrer le riche Aus-tralien qui projette de refaire nonseulement le menu, mais tout lenavire.

Il ne manquait quune seule chosece 16fvrier Macao: Clive Palmer,le self-made-man multimillionnairemultimilliardaire selon certainsqui nance lentreprise. Palmer,personnage plus vrai que nature,aussi pittoresque que bruyant, avaitt retenu par dautres obligationsen Australie. Clive Palmer est unhomme occup.

Son empire couvre le mondeentier. Il possde cinq parcours degolf en Australie et trois htels,dont un Tahiti. Son entrepriseminire et son exploitation dautresressources naturelles constituentune grande partie de lconomieaustralienne. Il possde par exempleune usine de ranage de nickel etde vastes terrains contenant desgisements de charbon et de mine-rai de fer dans le Queenslandet lAustralie-Occidentale.

Ajoutons cela cent cin-quante chevaux de course,cinq avions et plus de centvoitures anciennes, quil pro-jette dexposer dans lun deses htels cette anne. Ah, etune norme collection, en aug-mentation constante, de repro-ductions de dinosaures, parmilesquelles le Tyrannosaurus rexgrandeur nature qui se dressesur lun de ses parcours de golf.

Malgr ce portefeuille diver-si, le projet Titanic a taccueilli avec scepticisme, enpartie parce que Palmer a enAustralie limage dun entre-preneur turbulent et excen-trique. En un sens, les gens nele prennent pas au srieux,dclare un analyste du sec-teur minier de Sydney quisouhaite conserver lanony-mat. Il faut prendre beaucoup

de ce quil dit et fait avec circonspec-tion. Signe des motions mitigesque provoque lintress, lAustra-lian National Trust [ONG de conser-vation du patrimoine] la ajoutlanne dernire sa liste de tr-sors nationaux vivants, qui com-prend des gens comme NicoleKidman, Kylie Minogue et Paul Kea-ting, ancien Premier ministre.

Clive Palmer, 58ans, a commencdes tudes de droit, abandonn encours de route et commenc tra-vailler comme agent immobilier.Lhomme a son franc-parler et ilest procdurier. Des querelles poli-tiques lont par exemple pouss quitter le Parti libral national, dontil avait t membre pendant denombreuses annes. Sur le frontjuridique, il a entam une proc-dure contre Citic Pacic Mining,une socit chinoise qui extrait duminerai de fer sur lun de ses sites,pour un litige concernant le ver-sement des droits.

Quant au Titanic II, comme illa baptis, il prendra la mer dici 2016 si tout marche commeprvu. Ce paquebot pourrait,selon les experts, coter plusde 200millions de dollars

7 JOURS Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

DSENCHANTAvant, on avait un dictateur.Aujourdhui, on en a descentaines. Kadom Al-Jabouri avaitfait la une de la presse mondiale ensattaquant coups de masse la statuede Saddam Hussein lors de la prise de Bagdad par les troupes amricaines en 2003. Il regrette aujourdhui songeste, considrant que rien na chang en mieux en Irak.(The Observer, Londres)

MENAANTJe prfrerais alors tre un civilisralien plutt quun civillibanais. Participant la 13eConfrence internationale Herzliya, le gnral Benny Gantz,chef dtat-major de Tsahal, prvoit une dtrioration de la situation la frontire nord dIsral.(Yediot Aharonot, Tel-Aviv)

ACCROBill Clinton, putain, il nest plusprsident, il peut avaler lafume. Dclaration du rappeur et amateur de marijuana Snoop Dogg propos de lancien prsident des Etats-Unis. Lors de sa campagne pour sonpremier mandat, Clinton avait reconnuavoir fum des ptards, mais sansinhaler la fume.(Politico, Arlington)

CONSPUFace une telle fureurvertueuse, je suis moinsmoraliste quon ne lattendraitpeut-tre dun ancien pasteurcomme moi. En prenant la dfensede Rainer Brderle (FDP), leaderpolitique accus de sexisme, le prsident de la RpubliquedAllemagne, Joachim Gauck, dchane la polmique sur Twitter.(Der Spiegel, Hambourg)

CHOQUCtait une situation vraimentdplorable. Layatollah conservateurMohamad Yazdi critique le prsidentde la rpublique islamique dIran,Mahmoud Ahmadinejad, qui a serrdans ses bras la mre de Hugo Chvezlors des obsques de ce dernier, le 8mars.(Fars News, Thran)

ILS/ELLESONT DIT

JR

ME

DELA

Y/AP

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A

Clive Palmer,lhomme du Titanic

Grand collectionneur de chevaux de course et de reproductionsde dinosaures grandeur nature, ce milliardaire australien a fait fortune dans lexploitation minire. Son dernier projet :redonner vie au mythique paquebot.

ILS FONTLACTUALIT

Clive Palmer.Dessin de Bromleypour Courrierinternational.

[environ 155 millions deuros]. Ilsera dot de moteurs de haute tech-nologie, dquipements modernes,comme lair conditionn, de840cabines et, bien entendu, debeaucoup plus de canots de sau-vetage que loriginal.

Autre grande dirence, quiillustre les liens que lhomme daf-faires australien entretient avecdes socits chinoises, le TitanicII sera construit par le chantiernaval CSC Jinling Shipyard, entre-prise publique qui est en train defabriquer quatre vraquiers pourles activits de Palmer dans lenickel. Celui-ci souhaitait donner son partenaire chinois loccasionde faire ses preuves dans la construc-tion de navires de croisire. LaChine dtient une position domi-nante dans le secteur des cargos, maismoins de 2% dans celui du transportde passagers, rappelle-t-il.

Le projet suscite dj unimmense intrt chez les passa-gers potentiels. La Blue Star Line,qui gre le Titanic II, a reu desdizaines de milliers de demandesde renseignements et une demi-douzaine de personnes originairesde divers pays du monde ont oertde payer plus de 1 million de dol-lars pour tre bord lors du voyageinaugural.

Bettina Wassener

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7 JOURS Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Linnovationnat de laconfrontationThe Washington PostWashington

On peut raisonnablement penser queMarissa Mayer a fait tous les calculspossibles et imaginables avant de dci-der que, dornavant, les employs de Yahoo!ne pourraient plus tltravailler et devraientsystmatiquement se rendre leur bureau.Mais elle aurait aussi pu leur demander toutsimplement de jeter un il sur Les DemoisellesdAvignon, lblouissant tableau de PabloPicasso qui reprsente cinq prostitues nues.Dat de 1907, il rsulte de la comptition deson auteur avec Georges Braque et dautrespeintres parisiens de lpoque. En 1989, lemuse dArt moderne de New York a montlexposition Picasso et Braque: linventiondu cubisme, dans laquelle mme un ilnovice pouvait remarquer que les deux artistesstaient rciproquement inuencs.

Lide selon laquelle linnovation nat dela collaboration, voire de la comptition, est mon sens indiscutable. Cest pour cetteraison que ce nest pas dans les banlieues,mais dans les villes, avec leur populationdense et leurs armes de talents, que laculture se cre. Les villes sont nos foyersculturels ou, du moins, elles ltaient.(Quarrivera-t-il la culture des bistrotsquand tout le monde aura les yeux rivs surson ordinateur portable au lieu de discuterde Kierkegaard?)

La science aussi a besoin de frictions entreles cerveaux. La Silicon Valley [en Californie],la Silicon Alley [ Manhattan] ou encore la

Route 128 [ Boston] rassemblent des talents(souvent grce des universits commeStanford ou le MIT), talents qui, tout sim-plement, parlent ensemble. Et a marche.

Crer de linnovation ltincelle qui pro-duit une autre tincelle , voil la tche deMarissa Mayer. Elle est la cinquime PDGde Yahoo! en un peu moins de cinq ans. Lasocit est dans le ptrin. Elle a besoin dides sans parler dun nouveau nom. LorsqueMarissa Mayer sest demand commentrgler ses problmes, elle a parcouru leschiers du rseau pour voir quand sesemploys en tltravail se connectaient. Passusamment souvent, a-t-elle conclu. Mais,mme sils staient davantage connects,cela naurait pas apport grand-chose linnovation. Car linnovation tient ce quise passe autour de la machine caf.

Lordre de Mayer a soulev une tempte.Les cologistes y sont alls de leur coupletsur lempreinte carbone. Mais les discoursles plus vhments venaient dautres femmes en particulier de femmes qui se font appe-ler par le plus sacr des noms, celui demaman. Marissa Mayer est apparue commelennemie de toutes les femmes parce que,comme on la solennellement prtendu, elleles forait choisir entre leur carrire et lasant physique et mentale de leurs enfants.On la aussi accuse dtre hypocrite. MarissaMayer est une jeune mre, mais, au lieu detravailler chez elle, elle a prfr faire ins-taller une garderie ct de son bureau.

En 1925, [lentreprise de tlphonie am-ricaine] AT&T a cr les Bell Laboratories,qui sinstallrent dans le New Jersey. Ctaitlide de Mervin Kelly, un chercheur devenuprsident de lentreprise. Il croyait en lanotion de masse critique rassembler dif-frents types de scientiques et les encou-rager se mler les uns aux autres. Lendroittait conu de telle sorte que ceux qui y tra-vaillaient se croisaient en permanence. Lescouloirs taient longs dessein pour queles rencontres y soient frquentes et que desscientiques de disciplines varies (physiciens,

free-lance. Aprs tout, la raison dtre duneentreprise est que ses travailleurs sont plusproductifs ensemble que sparment.

Mais tenir les Yahoos en bride dans leursbureaux ne semble pas tre la bonne manirede donner un coup de fouet leur produc-tivit. Au contraire du tltravail: celui-cipermet aux employs de grer leur planningplus ecacement, de passer plus de tempsavec leur famille et moins dans les embou-teillages ou dans les trains bonds. Il peutmme rduire les cots. En 2009, la socitinformatique Cisco a arm conomiser277millions de dollars [213millions deu-ros] par an grce au tltravail. Une tudesur une grande entreprise de voyage chi-noise mene par des chercheurs de luni-versit Stanford et de celle de Pkin a comparles performances des employs autoriss travailler chez eux avec celles des employscontraints de rester au bureau: chez les pre-miers, la satisfaction est plus grande, la rota-tion de personnel diminue de moiti et laproductivit augmente de 13%. Ce qui nestgure surprenant, puisque beaucoup de gensnont pas lair de travailler quand ils sont autravail: lan dernier, la chane amricaine degrands magasins JCPenney sest aperuequun tiers de la bande passante de son sigetait utilise pour regarder des vidos surYouTube. Non seulement lide de MarissaMayer est mauvaise, mais elle corne unpeu plus encore la thse nave selon laquelleles femmes arrives des postes importantsaident leurs surs situes plus en bas delchelle. Et certaines vont mme descendrede quelques chelons. Le fait est que lespatrons exibles aident les femmes menerde front leur vie de famille et leur travail,ce qui, dans des conditions de travail rigides,est dicile, voire impossible.

Et il ne sagit pas uniquement des femmes.Les collaborateurs dune entreprise biengre veulent tre productifs, et leurs mana-gers leur font conance pour savoir com-ment et quand ils travailleront le mieux. Sice nest pas le cas, le patron doit chercher comprendre pourquoi. On peut enchanerun Yahoo son bureau, mais on ne peut pasle forcer ressentir une nergie.

Faut-il obliger les salaris venir au bureau ?CONTROVERSE

OUI

NON

PDG de Yahoo! rcemment nomme, Marissa Mayer a dclench une polmique en interdisant dsormais aux membres de lentreprise de travailler depuis chez eux.

Le tltravailstimule laproductivitThe Economist Londres

Nous sentons tous lnergie qui existe dansnos bureaux,arme une rcente note,largement divulgue, signe JackieReses, la responsable des ressources humainesde Yahoo! Mais il semblerait que, si certainslapprcient, dautres prfrent rester chezeux glander en pyjama. Car la note annoncequ partir de juin tous les Yahoos [les sala-ris de lentreprise, selon le vocable interne]devront se montrer leur bureau moinsdavoir une bonne excuse. Le meilleur reste venir, conclut la note une armationqui peut paratre peu vraisemblable auxemploys dune socit dont la capitalisa-tion est passe de 125milliards de dollars en2000 25milliards de dollars aujourdhui.

On comprend que Marissa Mayer, la nou-velle PDG de Yahoo!, veuille tirer davantagede valeur de ceux quelle dirige. Signalonsquun collaborateur de Google gnre enmoyenne 931657dollars de recettes annuelles,soit 160% de plus quun collaborateur deYahoo! (353657dollars). On comprend aussiquune entreprise veuille dcourager sessalaris de se comporter comme sils taient

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ERIC VALMIR

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mtallurgistes, lectriciens,etc.) puissentapprendre les uns des autres.

Jon Gertner a intitul son livre sur leslaboratoires Bell The Idea Factory, lusine ides. Et pour cause: ils ont invent le tran-sistor, le laser, le systme de tlphonie cel-lulaire et bien plus encore. La leon nestpas tombe dans loreille de sourds, maisdans celles dApple et de Google, des soci-ts qui chrissent linnovation et qui, acces-soirement, seorcent dinciter leurs employs se parler en face face. Google sest mmemis en tte de trouver la longueur optimalede la queue la caftria, ni trop longue nitrop courte, pour que les salaris discutentet ne repartent pas.

Jcris cet article chez moi. Cest l queje travaille, seul. Japprcie le ct pratiqueet le confort matriel du tltravail. (Je suisen train dcouter Bach.) Mais dautreschoses me manquent : la rdaction, la com-munaut dexperts et dexcentriques o uneremarque lance au hasard peut faire natreune rplique, une observation, une ide un article! Car, mme en faisant un eortdimagination, je ne suis pas Picasso. Mais,en ralit, sans Braque, Picasso non plusnaurait pas t Picasso.

Richard Cohen

Dessin de Cost, Belgique

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Que vont-ils faire maintenantque leur plus grand adver-saire a pass larme gauche?LOccident a perdu un ennemi sansgal qui, au cours des annes quila passes la tte du Venezuela, amis nu toutes les hypocrisies quipermettent aux dmocraties occi-dentales dasseoir leur lgitimit.Diabolis par la presse, ridiculisjusqu tourner en ridicule ceux quise moquaient de lui, Hugo Chveztait le miroir invers partir duquelles mes bien-pensantes des paysoccidentaux construisaient leurpropre image de dmocrates hon-ntes. Le prsident du Venezuela,dcd le 5mars2013, tait le sc-lrat de lhistoire car il avait oertlasile au leader de la rvolutionlibyenne, Muammar Kadha, peuavant sa mort.

Pourtant, ceux qui avaient passdes dcennies ngocier des accordsptroliers avec le colonel haut encouleur taient aussi ceux qui cri-tiquaient Chvez. Mme chose aveclIran: chaque fois que le dirigeantvnzulien recevait le prsidentAhmadinejad, les colonnes de lapresse occidentale et les chroni-queurs tl sen prenaient vio-lemment Chvez. Pendant cetemps, les compagnies ptroliresdes pays de ces journalistestaient en train dexploiter lespuits ptroliers iraniens. Deuxpoids, deux mesures. Les condam-nations taient sens unique.

Pour les moralistes de lOuest,Hugo Chvez incarnait le prol parfait du nouveau despote sud-amricain. Cet homme reprsen-tait tout le mal quils pensaient delhmisphre Sud: il tait la preuveformelle de leur supriorit.Quand eut lieu la bataille pour lanouvelle Constitution vnzulienne,les commentateurs ont hauss leton pour dnoncer ses intentionsde devenir prsident perptuit.Il nempche que le prsident fran-ais en place recevait chaque moisdans son palais les plus grands dic-tateurs de la plante, comme lesdirigeants arabes ou africains quimassacraient leurs peuples depuisdes dcennies et qui, paralllement,achetaient des htels particuliers Paris et des tonnes de parfums.

Sourire condescendant. Sanspousser trop loin les comparaisons,lancien prsident Nicolas Sarkozya tout de mme invit aux dlsmilitaires du 14Juillet jour decommmoration de la Rvolutionfranaise le prsident syrien BacharEl-Assad. Sa prsence lors dunecrmonie visant clbrer la nde la tyrannie monarchique et parconsquent la naissance de la dmo-cratie a suscit une grande pol-mique, mais cest tout. Hugo Chvez,

en revanche, rveillait chez les gensune sorte de sourire condescen-dant, des railleries malveillanteset, immdiatement, les qualicatifsravageurs de tyran, despote, dicta-teur,etc. Pourtant, il y avait unedirence entre le camp de BacharEl-Assad et celui dHugo Chvez:le nombre incalculable de dcs etdarrestations, la chape de plombqui pse sur une socit prisonniredun rgime criminel. Cet cartsemble dordre gopolitique et com-mercial: plus le poids commercialet gopolitique dun pays est grand,moins on se moque et on manquede respect son prsident.

Horde d'ignorants. Maintenant,il y a un ennemi de moins. La morta emport un chef dEtat contro-vers, dont le verbe implacable met-tait en vidence les contradictionsmoralistes de ceux qui gouvernentle monde selon leurs modles. Fautede militaires coupables de coupsdEtat et de despotes aussi meurtriersquextravagants, Hugo Chvez occu-pait lespace imaginaire grce auquellOccident sestimait suprieur etmprisait quasiment tout le restede la plante. Chvez tait le modleidal de la singularit latino-am-ricaine, mais uniquement pour lahorde dignorants qui continuaient

de voir lAmrique latine sous langledun pass archaque. Les proces-sus de transformation, la confron-tation avec certains obstaclesultralibraux, les avances sociales,tout cela reste enseveli par lauto-rit contradictoire de ceux qui met-tent en uvre le changement avectoutes les ambivalences et les excsdes destins humains. Il y a toute-fois quelques exceptions.

Jean-Luc Mlenchon, le dledirigeant du Front de gauche, a critsur Twitter ce que [Chvez] est nemeurt jamais. Sa loyaut vis--visde lancien leader vnzulien agalement valu Mlenchon din-nombrables plaisanteries. Laministre franaise de la Justice,Christiane Taubira, a galementragi la nouvelle sur Twitter: ellea voqu le cur bris du peuplevnzulien et ses craintes du retourdes injustices et exclusions. Lorsdune interview, je me souviensencore de lembarras dAlexis Tsiprasle chef grec de la gauche radicale,qui voulait viter de rvler si HugoChvez tait lun de ses modles.Aujourdhui, les pays occidentauxont perdu leur adversaire. Ils vontdevoir en trouver un autre pourcacher leurs propres faiblesses.

Eduardo Febbro

duncontinent lautre.amriques

Venezuela. Un leaderdiabolis par lOccidentHugo Chvez permettait aux dmocrates occidentauxde se construire une bonne conscience coups declichs. Contre qui vont-ils dsormais sacharner ?

Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013SUR NOTRE SITE

courrierinternational.com

A lire galement le portrait NicolsMaduro, dauphin et intime de Chvez,paru le 10dcembre 2012.

Moyen-Orient ....16Afrique .........20Asie ............22Europe ..........2

Ridiculis jusqutourner en ridiculeceux qui semoquaient de lui

Voil un cas dicile. Dessin de Chappatte paru dans International Herald Tribune, Paris.

5

10.

Le ambeaude la gauche est prendreLa gauche latino-amricaine se retrouve orpheline. Qui reprendralhritage?

El Universal Caracas

Au-del des frontires vn-zuliennes, la disparitiondu prsident Hugo Chvezva se rpercuter sur lidologie poli-tique de la rgion. Son dcs privela gauche latino-amricaine dunegure de proue, de lhomme qui aincarn sur le continent le socia-lisme du XXIe sicle en quatorzeannes de pouvoir.

Hugo Chvez reprsentait la continuit des caudillos qui ont gou-vern lAmrique latine au XXe sicle,que ce soit Juan Domingo Pern enArgentine, Getlio Vargas au Brsil[prsident de 1934 1945 et de 1951 1954] ou Angel Victor Paz Estenssoroen Bolivie [lu quatre fois prsident].En ce sens, Hugo Chvez tait un grandambassadeur de ce courant, et, en tantque tel, on aurait dicilement pu trouver des conditions plus propicesau dveloppement dun leadership telque celui quil a construit et maintenupendant quinze ans, explique SergioMolina Monasterios, un spcialisteen communication politique.

Si, au Venezuela, on sait trs bienqui reprendra le ambeau du cha-visme, celui qui, en tant que militaire,encourageait une lutte rgionalecontre le capitalisme sauvage delempire amricain semble irrem-plaable pour le reste du continent.

Les dirigeants de gauche enAmrique latine notamment EvoMorales (Bolivie), Rafael Correa(Equateur), Cristina Fernndez deKirchner (Argentine), Jos PepeMujica (Uruguay), Daniel Ortega(Nicaragua) et Ral Castro (Cuba)resteront dles non au chef mili-taire mais la gure mythique quedeviendra Hugo Chvez, une imagequi sera bien plus accommodanteet plus consensuelle, mme si dunpoint de vue symbolique cest lamme chose, prvoit Sergio MolinaMonasterios.

Bien sr, le Venezuela doit se pr-occuper de sa situation conomiqueet politique intrieure, mais les diri-geants de la rgion sattendent ce que la diplomatie bolivarienne,qui a bnci de nombreux gou-vernements qui soutenaient le pays,perde du terrain.

Cependant, Sergio MolinaMonasterios estime quil seraitextrmement rducteur de penserque linuence dHugo Chvez surle continent sud-amricain tait

uniquement due son portefeuille.Le pays qui pourrait sourir leplus de la disparition du coman-dante est srement Cuba, qui, grce sa relation avec le Venezuela,obtenait 115000barils de ptrolepar jour contre les services de44000Cubains exerant pour laplupart des professions mdicales.

La composante idologique et poli-tique de la diplomatie bolivarienneainsi que sa porte dans la rgion nedoivent pas tre minimises lheureo il s'agit de comprendre lampleuret linuence que le chavisme pour-rait conserver lavenir, poursuitSergio Molina Monasterios.

Certes, il est trop tt pour pr-dire qui hritera du trne, mais plu-sieurs dirigeants seraient intressspar le poste. Seul le temps, toutefois,nous dira si cest possible et si cescandidats ont les capacits requises.

Linuence politique et idolo-gique du Venezuela dans la rgionrestera considrable, surtoutdans le cadre des processus politiquesles plus idologiques et les plus enra-cins, pour lesquels la gure symbo-lique dHugo Chvez demeureraprsente. Nanmoins, cela dpendraavant tout de la direction quem-pruntera la politique intrieure vn-zulienne et des vnements qui sedrouleront au cours des prochainsmois au Venezuela, conclut SergioMolina Monasterios.

Vernica Egui Brito

Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Thierry Garcin et Eric Laurent6h45/6h57 du lundi au vendredidans Les Matins de France Culture

en partenariat avec

franceculture.fr

AMRIQUES.

EL UNIVERSALCaracas, VenezuelaQuotidien, 200000 ex.www.eluniversal.comLun des quotidiens de rfrenceau Venezuela, conservateur, fonden 1909 par le pote Andrs Mata.Le journal est ouvertementantichaviste depuis larrive de Chvez au pouvoir, publiantdes articles dopinion souvent trsvirulents, mme si son traitementde lactualit est devenu un peuplus sobre ces dernires annes.

SOURCE

Laprs-Chvez, selon Lula En mal de modle, on a souvent oppos la gauche de Chvez, forte en gueule etantiamricaine, celle de Lula, plus pragmatique.Mais lancien prsident du Brsil a presquetoujours soutenu son homologue vnzulien. Et il continue de le faire. LHistoire conrmera le rle jou par Hugo Chvez dans lintgrationde lAmrique latine et [soulignera] ce quontreprsent ses quatorze annes de pouvoir pour les pauvres du Venezuela, crit-il dans unetribune intitule LAmrique latine aprs Chvez,publie dans The New York Times. Lex-prsidentbrsilien enjoint aux leaders et aux habitantsdAmrique du Sud, sans doute le continent le plus dynamique du monde daujourdhui [], de dnir clairement les tches accomplir pour consolider les avances vers lunit,acquises durant la dernire dcennie.Il nest pas ncessaire dtre daccord avec toutce qua dit ou fait Chvez, prvient-il. Pour Lula,Hugo Chvez a jou un rle cl dans ltablissementde lUnion des nations sud-amricaines (Unasur,2008), une organisation intergouvernementalede douze membres qui, un jour, pourraittransfrer au continent le modle de lUnioneuropenne, dans la cration de la Communautdes Etats latino-amricains et des Carabes(Celac) en2011 ou encore dans celle de la Banquedu Sud (2007). Toutes ces institutions nauraientpas vu le jour sans Chvez, insiste Lula, quiarme: Un monde sans sa prsence requiertdautres leaders capables de dplacer la mmeforce, le mme eort et la mme volont, an queses rves ne restent pas couchs sur le papier.Pour le quotidien argentin Pgina12, il nest pasfortuit que le leader politique du pays le plusimportant dAmrique du Sud choisisse dexpliqueraux Amricains son opinion sur Chvez.

Campagne sans merci Les choses vont viteaprs la disparition dHugoChvez, le 5mars dernier.Llection prsidentielle auralieu le 14avril prochain, la campagne souvreociellement le 2avril, maisles dmonstrations de force ont dj commenc.Des milliers de partisans de Nicols Maduro, vice-prsident et dauphin dsignpar Hugo Chvez, qui a prtserment comme prsident par intrim le 8mars, justeaprs les funrailles dEtat deson mentor, lont accompagnle 11mars, lors du dpt de sa candidature ocielle llection. Son opposant,Henrique Capriles Radonski,avait accept la veille dtre le candidat unique delopposition, mais sans mcherses mots. Qui sait vraimentquand est mort le prsident?a-t-il demand Maduro, quil a accus de jouer avec la douleur des chavistes.Maduro a aussitt rpliqu que Capriles dvoilait son vrai visage de fasciste. Il serait vraiment terrible que la trs brve campagne qui commence tourne autour de ces interventions des candidats et stimule des actions violentes quiperturberaient srieusementles lections, sinquite le directeur du trs populairequotidien Ultimas Noticias.De lavis de tous, la victoire de Maduro est quasiinluctable, tant lmotionsubmerge le pays depuis la mort de son leader, dont le corps doit tre embaumpour tre expos dans un muse.

30 000personnes par jour nont pas hsit faire pendant six heures unequeue de trois kilomtres pour se recueillir moins de cinq secondesdevant la dpouille dHugo Chvez,expose lAcadmie militaire.

Opinion

30 000

UNE Tout et soncontraire a t ditsur Hugo Chvez,personnage qui a toujours faitcouler beaucoupdencre Avant llectiondu 7octobre,Courrierinternational(n1143, du27septembre)tentait de faire la part desvrits et [des]mensongesde ce personnagehors du communqui a transformle Venezuela et modilchiquierrgional.

Dessin de Tiounineparu dans Kommersant,

Moscou.

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The Washington Post (extraits)Washington

Jerry Givens a excut soixante-deuxpersonnes dans sa vie. Ses gestestaient toujours les mmes et saconviction na jamais t branle. Il rasaitdabord le crne du condamn avant dyposer la main et de demander Dieu de luiaccorder son pardon. Puis il le sanglait surla chaise lectrique.

Jerry Givens a occup le poste de chefdes bourreaux de lEtat de Virginie pendantdix-sept ans, une poque o celui-ci ex-cutait plus de dtenus que nimporte quelautre Etat amricain, lexception du Texas.Pourquoi commettre un viol ou un meurtre sivous savez que vous risquez la peinecapitale? Pour moi, ctait suici-daire, se remmore Givens.

En janvier, la Virginie a pro-cd sa 110e excution depuisle rtablissement de la peine demort, en 1976. Jerry Givens apri pour le condamn mort,mais aussi pour labolition duchtiment suprme. Depuis quil a quittson emploi, en 1999, il est en eet devenulun des opposants les plus en vue et les plusimprobables de la peine capitale en Virginie.

Son volution rete celle de la Virginieet de lensemble du pays. Si les sondagesmontrent que la majorit des habitants delEtat sont toujours favorables la peinede mort, la Virginie a prononc moins decondamnations mort au cours des cinqdernires annes que pendant toute autrepriode depuis les annes 1970. Lexcutionde Robert Gleason, le 16janvier, tait la premire depuis un an et demi. En 1999,par comparaison, treize personnes ont texcutes en lespace dun an.

Dans lensemble du pays, le nombre decondamnations mort a atteint son plus basniveau en2011 et2012. Selon le Centre din-formation sur la peine de mort, il a baissde 75% depuis 1996. Cinq Etats ont par

ailleurs aboli la peine capitaleau cours des cinq derniresannes, et le gouverneur dmo-crate du Maryland, MartinOMalley, a annonc son inten-tion de faire pression pour ladop-tion dun moratoire dans sonEtat. Les sondages nationauxfont aussi tat dune baisse du

soutien de la population la peine capitale.La mtamorphose de lancien bourreau,

un homme de 60ans originaire de Richmond,ne sest pas faite en un jour ni sans heurts.

AMRIQUES Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

PORTRAIT

TATS-UNIS

Jerry Givens,bourreau mais pas tropLexcuteur en chef de lEtat de Virginie a mis mort de nombreux dtenusavant de jeter lponge et de devenir lun des militants les plus en vue contre la peine capitale.

Jerry Givens en janvier 2013. Photo Michael S. Williamson/

The Washington Post-Getty Images

12.

AMRIQUES.

Si le meurtre gratuit dont il a t tmoinlorsquil tait jeune a dabord suscit sonintrt pour le job, la vie dun innocent quila failli excuter la ensuite amen douterdu systme. Et il a t vritablement trans-form lorsquil sest lui-mme retrouv derrire les barreaux.

Jai beaucoup appris des soixante-deuxviesque jai prises, explique Givens. Lorsquonlui demande quel eet cela fait de prendrela vie dun autre homme une questionqui revient souvent , il se rappelle sa premire excution. Ctait en 1984. Lecondamn tait lun des plus clbres tueursdes Etats-Unis, ce qui avait contribu raf-fermir la foi de Givens dans le bien-fondde la peine capitale.

Linwood Briley et sa bande, dont faisaientpartie ses deux frres, avaient commis lunedes pires sries de meurtres qua connuesla Virginie et mme russi une spectacu-laire vasion du couloir de la mort.

Horrible mcanique. Cette premire ex-cution a laiss des traces. Le plus dicile, selonlancien bourreau, cest la transformation.En eet, comme il le dit lui-mme, Givenstravaillait le plus souvent sauver des viescomme gardien de prison, mais il devait setransformer en assassin pour procder auxexcutions. Avant sa mise mort, LinwoodBriley a demand tre baptis. Lquipedu couloir de la mort la emmen la cha-

pelle du pnitencier et Givens a pri auxcts de lhomme quil allait bientt ex-cuter. Contrairement nous, ces gars-lconnaissent le jour et lheure de leur mort, faitremarquer Givens. Ils peuvent se repentir.Cest lavantage quils ont.

Lquipe a ensuite amen Briley jusqu lasalle dexcution et la sangl sur la chaiselectrique. Givens a pris position lextrieurde la salle, ct du bouton quil devait pres-ser. Il pouvait voir le dos de Briley traversune petite fentre. Dans ces moments-l,Givens tentait de faire le vide dans son espritpour viter tout regret, crainte ou sentimentdinscurit. Il se concentrait uniquementsur lhorrible mcanique de llectrocution.Il faut se concentrer sur le corps lui-mme,explique-t-il. Avec toute cette lectricit, la chairrisque de brler et de dgager de la fume. Il fautsassurer que le courant est bien rgl.

A 23heures, le 12octobre 1984, Givens aappuy sur le bouton. Il a vu, par la fentre,le corps de Briley agit de spasmes. Il venaitde prendre sa premire vie.

On ne peut sempcher dtre submergpar une vague dmotion aprs chaque ex-cution, raconte Givens. On se sent mal-heureux, parce quon a de la compassion pourla famille du condamn comme pour celle dela victime. Aprs tout, les deux familles ontperdu un tre cher.

302 dtenus innocents. Givens a grandidans le quartier de Creighton Court, Richmond, et a termin ses tudes secon-daires au dbut des annes 1970. En 1974, ildcroche un emploi lusine Philip Morris,mais il est licenci peu de temps aprs pourstre battu avec un collgue. A lpoque,quelquun lui conseille de postuler au pni-tencier. Cest ce quil fait.

Aprs avoir travaill deux ans comme gar-dien de prison, il se voit orir un poste dansle couloir de la mort. Il accepte, mme si lesalaire nest pas plus lev.Des annes plus tt, lge de 14 ans, Givensassistait une fte Creighton Court. Ilavait remarqu une lle et tait sur le pointde linviter danser quand un homme arma surgi en haut de lescalier. Lhomme atir au hasard dans la foule et tu la jeunelle. Givens tait fou de rage. Cest lasuite de cette tragdie quil a acquis la ferme conviction que les meurtriers mritaientde mourir. Pendant des annes, Givens sestremmor cette soire chaque fois quildevait se prparer pour une excution.

Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

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A 23 heures, le 12 octobre 1984, Givens a appuy sur le bouton. Il a vu le corps de Brileyagit de spasmes. Il venaitde prendre sa premire vie

ChronologieJerry Givens1952 Naissance Richmond.1974 Ouvrier lusine Philip Morris.1982 Chef des bourreaux de lEtat de Virginie. 1999 Il est condamn quatreans de prison pour blanchiment d'argent.2009 Il devient militant contre la peine de mort.

EARLWASHINGTONAccus de viol et de meurtre,Earl Washington a pass

dix-septans en prison avant dtre innocent, en 2000, aprs des testsADN. Cest le premier condamn mort de lEtat de Virginie avoir t innocent de cette faon et le neuvime aux Etats-Unis.

Lhomme par qui tout a chang

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DR

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Le souvenir quil en conservait laidait accomplir sa sinistre besogne.

Les excutions se sont succd rapidementdans les annes1980 et1990. Aprs LinwoodBriley, Givens a excut le frre de celui-ci,James Briley, en 1985. En 1993, cest au tourdu dtenu Syvasky Poyner, coupable du meurtre de cinqfemmes en lespace de onzejoursdans le sud-est de la Virginie,puis de David Mark Pruett, quia reconnu avoir viol et tulpouse de son meilleur ami.

Mais cest un homme quilna pas excut qui lui a laissla plus forte impression. En 1984, EarlWashington Jr. est condamn mort pourle viol et le meurtre dune jeune femme de19ans, mre de trois enfants, Culpeper.

Earl Washington, dont le quotient intel-lectuel est denviron69, reconnat avoircommis le meurtre, mais plusieurs de sesrponses ne concordent pas avec les faits.En 1985, quelques jours peine avant la dateprvue de son excution, ses avocats rus-sissent obtenir un sursis en plaidant lab-sence de preuves matrielles.

En 1993, les rsultats dune analyse ADNmettent srieusement en doute la culpabilitde Washington. Le gouverneur dmocrate

de lEtat de Virginie de lpoque, LawrenceDouglas Wilder, commue sa condamnation mort en une peine de rclusion perp-tuit. Aprs de nouveaux tests plus perfec-tionns, Earl Washington est graci et devientle premier dtenu du couloir de la mort de

lEtat de Virginie tre inno-cent par un test ADN.

Cest un moment historique,tant au niveau local que natio-nal. Earl Washington est le premier dune longue srie decondamns disculps grceaux analyses gntiques. SelonInnocence Project [une asso-

ciation de lutte contre les erreurs judiciaires], ce jour, trois cent deuxpersonnes ont tinnocentes par des tests ADN, dont dix-huit dtenus du couloir de la mort.

Le bourreau derrire les barreaux. Lesexperts et les opposants la peine capitaleestiment que ces cas ont jou un rle cldans le dclin de la peine de mort en Virginieet au-del. Les juges et les jurs sont dsor-mais conscients de la faillibilit du systmeet hsitent plus souvent prononcer unepeine irrversible. Le fait quon puisse condam-ner le mauvais gars a t une vritable rv-lation pour certaines personnes, constate

Richard Dieter, directeur du Centre din-formation sur la peine de mort et opposant la peine capitale.

Jerry Givens est lune delles. Il raconteque sa conance dans le systme judiciairea t fortement branle. Aprs tout, il a failliter la vie un innocent. Or, si jexcute uninnocent, cest que je ne vaux pas mieux que lesdtenus du couloir de la mort, souligne-t-il.

En dpit de ses rserves croissantes, Givenscontinue nanmoins dexercer son mtierjusqu la n des annes 1990. Il est promucapitaine du Dpartement des peines delEtat de Virginie, fonde une famille et pen-dant ses loisirs assiste lentraneur dunequipe de football amricain.

Puis, un beau jour, tout scroule. En 1999,Givens est accus de blanchiment dargentet de parjure devant un jury fdral. Selonlaccusation, lui et lun de ses anciens amisde Creighton Court auraient achet une voi-ture en utilisant de largent que Givens savaitissu du trac de drogue. Il est traduit en jus-tice. La limite entre lgalit et illgalit est par-fois oue, aurait dit le procureur fdral aujury. Il y a beaucoup de bonnes choses chez JerryGivens. Il est loin dtre le pire criminel que vousallez rencontrer dans vos vies, mais il a bel etbien franchi cette limite.

Givens continue de clamer son innocence,mais il est dclar coupable et doit dmis-sionner de son poste au Dpartement despeines. Sa condamnation ne fait que confortersa mance envers le systme judiciaire.Lancien gardien de prison passe quatre ansderrire les barreaux. Cest la faon que Dieua trouve pour me rveiller, souligne Givens.

Son sjour lombre lui donne loccasionde rchir et dapprofondir sa foi baptiste.Un jour, pendant la promenade, un momentdont il protait souvent pour parler Dieu,celui-ci lui pose une question dicile: Givensaurait-il excut son ls sil avait t uncondamn mort des temps modernes?

Givens raconte quil ny avait quune rponsepossible: non, car Jsus est le ls de Dieu.Cest partir de ce moment-l quil a vri-tablement pris conscience que ce quil avaitfait tait incompatible avec les enseigne-ments de Jsus et quil ne pouvait plus sou-tenir la peine de mort. Dieu lui aurait aussidemand de partager son histoire.

Pour Evelyn Givens, les changements quise sont produits chez son frre sont sansdoute dus la culpabilit quil ressent parrapport ce quil a fait et au dsir dviter dautres de se retrouver dans ses baskets. Ilne veut pas que dautres aient vivre ce quil avcu, souligne-t-elle.

Aprs sa libration, en 2004, Givens trouveun emploi de camionneur. Jonathan Sheldon,avocat et ancien prsident de lassociationVirginians for Alternatives to the DeathPenalty [Les habitants de Virginie pour desalternatives la peine de mort], se rappelleavoir dabord entendu parler de Givens parune connaissance mutuelle. Ils conviennentde se rencontrer dans un Burger King. Lemilitant et lancien chef des bourreaux

sassoient lun en face de lautre et discutentde la peine de mort.

Ctait une drle de rencontre, se souvientSheldon. Cest de cette entrevue que natra,au cours des annes suivantes, la nouvellevocation de Givens. Lancien gardien deprison commence assister aux runionsde lassociation et rejoint son conseil dad-ministration en 2009. Il donne aussi desconfrences dans tout le pays sur son exp-rience de bourreau et sur ce qui la fait changerdide au sujet de la peine de mort.

En 2010, il prend la parole lors dune audi-tion au Parlement de Virginie pour contrerune proposition de loi visant tendre lapeine de mort aux complices de meurtre. Letmoignage poignant de Givens sur les cons-quences de la peine capitale contribue empcher son adoption.

Les gens qui votent les lois nont pas fairele sale boulot, souligne Givens. Ce sont ceuxqui procdent aux excutions qui doivent endurerla sourance.

Un roman de Dickens. Le snateur dmo-crate John Chapman Petersen se souvientde son tmoignage comme dun tournant.Ctait un moment dune grande intensit dramatique On aurait pu entendre une mouchevoler. Personne ne savait qui il tait. Puis il aannonc quil avait occup le poste de chef desbourreaux de lEtat et il a prononc un discourssans fard, empreint dmotion. On se serait crudans un roman de Dickens.

Pendant ce temps, la Virginie changeaitelle aussi. Selon David Bruck, professeur la facult de droit de luniversit Washingtonand Lee et opposant la peine de mort, plu-sieurs facteurs ont contribu au dclin de lapeine capitale. Comme la plupart des Etats,la Virginie a adopt des peines de rclusion perptuit sans possibilit de librationconditionnelle, orant du mme coup auxjurs et aux procureurs une alternative lapeine de mort. La cration du systme dedfense publique de lEtat a par ailleurspermis aux criminels encourant le chtimentsuprme dtre mieux reprsents.

David Bruck croit galement que les pro-cureurs de lEtat de Virginie, qui sont lus,sont aujourdhui soumis une moindre pres-sion de la part du public pour requrir lapeine de mort depuis que celle-ci nest plusau cur des dbats politiques. Notre tauxde condamnation mort se rapproche dsor-mais de celui dEtats comme le Colorado, qui,ociellement, nont pas aboli la peine capitale,mais qui y ont rarement recours dans la pra-tique, indique Bruck.

Cest une bonne nouvelle pour quelquuncomme Jerry Givens. Lancien bourreau ditavoir retrouv une certaine paix intrieuregrce sa nouvelle vocation. Aujourdhuiencore, il se demande sil y avait des inno-cents parmi les trente-sept personnes quila excutes sur la chaise lectrique et lesvingt-cinq autres qui il a administr uneinjection ltale. Lhomme qui priait autre-fois pour le pardon des pchs de chacundes condamns sait quil en aura peut-trelui-mme besoin. La seule chose que jepeux faire, cest prier Dieu pour quil me par-donne si jai tu des innocents, conclut Givens.Mais je suis au moins certain dune chose:je ne le referai plus.

Justin Jouvenal

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Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Si jexcute un innocent,cest que je ne vaux pas mieux que les dtenus du couloir de la mort

Une salle dexcution dans la prison de McAlester dans lOklahoma. Photo JrmeBrezillon/Tendance Floue

PORTRAIT

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moyen-orient

The Independent(extraits)Londres

Les Irakiens ne sont pasnafs. En cinquante ans ilsont vu dler une succes-sion de dirigeants sinistres, etcette exprience en conduit beau-coup considrer que tous leursresponsables sont des brutescupides et incomptentes.

Quelques mois avant linvasion[amricaine, en 2003], un fonc-tionnaire irakien mavait fait unelugubre prdiction: Les exils ira-kiens sont lexacte copie de ceux quinous gouvernent aujourdhui ladirence prs que ces derniers sontrassasis parce quils nous volentdepuis trente ans. Ceux qui vont arri-ver dans les bagages de larme am-ricaine auront une faim de loup.Bon nombre des Irakiens qui sontrentrs en Irak dans le sillage delinvasion taient anims desmeilleures intentions, et ils avaientconsenti dnormes sacricesdans leur lutte contre Saddam

Hussein. Mais il sut de bondirde dix ans dans le temps pourconstater que la prdiction de cefonctionnaire anonyme sur la rapa-cit des nouveaux gouverneursdu pays sest avre.

Une opinion que partagent lesIrakiens se trouvant en premireligne dans le monde des aaires Bagdad. Les prix de limmobi-lier dans la capitale sont prohibi-tifs, mais les acheteurs ne manquentpas. Jai demand Abdul-KarimAli, un agent immobilier, qui taitcapable de sorir ces maisons. Ilma rpondu en riant quil y avaitdes investisseurs du Kurdistan etde Bahren, mais que la plupartde ceux avec qui il traitait taientles voleurs de 2003, ceux qui ontlargent. Qui sont-ils? ai-je insist.Je veux parler des gens du gouver-nement, a continu Ali. Ils sach-tent les meilleures proprits.

La corruption est incroyable,commente Ghassan Al-Atiyyah,politologue et activiste. Impossiblede trouver un poste dans larme ou

au gouvernement sans payer; impos-sible mme de sortir de prison sanspayer. Un juge peut prononcer votreremise en libert mais, tant que vousnavez pas rgl les frais de justice,vous restez derrire les barreaux. Et,mme si vous tes libre, vous risquezdtre arrt par un policier qui apay entre 10000et 50000 dollars[entre 7500 et 38000euros] pouravoir son boulot et qui doit rcup-rer son argent. En Irak, tout est vendre. Un ancien dtenu racontequil devait verser 100dollars[75euros] ses gardes pour pou-voir prendre une douche. Le racketest devenu la norme.

Le plus dommageable, pourlIrak, cest le dtournementoutrancier des fonds publics. Endpit de linvestissement dedizaines de milliards de dollars,il y a une pnurie chronique dlec-tricit et dautres produits de pre-mire ncessit.

En Irak, la corruption ne selimite pas au dtournement desrevenus ptroliers par une caste

de reprsentants du pouvoir, departis et de responsables poli-tiques vreux. Premier ministredepuis 2006, Nouri Al-Malikicontrle le jeu politique en dis-tribuant des contrats ses parti-sans, aux amis hsitants ou auxopposants quil espre rallier son camp, expliquent ses adver-saires. Mais ce nest pas tout. Lesbnciaires de ces largesses sontmenacs [et font lobjet] denqutessils commettent le moindre cart,cone un observateur irakien.

Le systme prote une nou-velle lite dont lexistence, entou-re de mystre, se droule derrireles remparts de la zone verte [zonersidentielle pour llite irakienne,protge]. Lessentiel des sommesdtournes partirait ltrangeret le reste serait gard dans desbanques ou discrtement investidans limmobilier.

Clanisme. Alors que je visitaisle march aux oiseaux de Shorja,dans le centre de Bagdad, un mar-chand ma demand si je ne vou-lais pas acheter un lionceau ou untigreau. Il ma montr une photode ses animaux gambadant dansla ferme quil possdait lext-rieur de la ville. Lorsque je me suisenquis de lidentit de ses clients,il ma expliqu: Surtout des chefsde tribu, cest la mode en cemoment.

Pourquoi la corruption est-ellesi rpandue en Irak? A cette ques-tion les Irakiens rpondent sim-plement: Les sanctions des Nationsunies ont dtruit la socit irakiennedans les annes 1990, puis lesAmricains ont dtruit lEtat ira-kien aprs 2003. Les gens sontchoisis en fonction de leurs liensavec un parti, une famille ou unecommunaut. Il y a beaucoup degagnants et beaucoup de perdants ce jeu-l et tout dpend desexportations de ptrole et du main-tien de leur prix un niveau lev.Je nai assist qu une seule scnede panique au gouvernement,explique un ancien ministre. Quandle prix du baril a brutalement chut.

Patrick Cockburn

LchecamricainLinvasion de lIrak, en 2003, a tcatastrophique. Le retrait des troupes,mal prpar, lest aussi.

Al-Hayat (extraits)Londres

Le dixime anniversaire dela chute de Saddam Husseinaurait d tre un grandmoment de joie pour le peuple ira-kien. Or la situation est loin dtresatisfaisante. Sur le plan politique,les tensions entre sunnites et chiitessaggravent, ainsi que le conit avecles Kurdes, et le Premier ministreNouri Al-Maliki nest plus aim nipar son gouvernement, ni par lapopulation. Par ailleurs, la corrup-tion sest rpandue dans tous lessecteurs du pays [lire ci-contre], etla stabilit et la scurit sont loindtre rtablies.

Cette tragique situation sou-lve des questions sur la politiquedObama au Moyen-Orient. Leprsident amricain a abandonnlIrak lIran et permet au Premierministre irakien de se mettre auservice des deux rgimes voisins,iranien lest et syrien louest.Incontestablement, linvasionamricaine de lIrak avait t unecatastrophe. Aussi lhistoire jugerasvrement laction de Bush, maiselle blmera galement Obama.Car le retrait de troupes auquelObama a procd na pas taccompagn des mesures nces-saires pour permettre une viedmocratique chappant aux ing-rences iraniennes.

La politique dObama soulvebeaucoup de questions galementen ce qui concerne la Syrie, puis-quil refuse toujours darmer lop-position. Que cherche-t-il? Enretirant les forces amricaines deltranger et en se montrant conci-liant, tente-t-il de se mettre labride tensions avec des acteurs poli-tiques inconfortables tels quAl-Maliki en Irak, Khamenei en Iranet les Frres musulmans en Egypte?La responsabilit dObama dans lefait que depuis la chute de SaddamHussein lIrak nest toujours pasrtabli est dautant plus grande quillaisse la situation syrienne voluervers une catastrophe. Tout celasous prtexte de ne vouloir aucunprix intervenir militairement aucun endroit.

Le destin de lIrak est inquitant.Ce qui est certain, cest quObama,comme George Bush avant lui, achou dans sa politique irakienne.

Randa Takieddine

DUN CONTINENT LAUTRE Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Irak. Les nouveaux voleurs de Bagdad

Dix ans aprs la chute de Saddam Hussein,les nouvelles lites du pays se livrent une orgie de dtournements de fonds.

SUR NOTRE SITEcourrierinternational.com

A lire galement: LIrak au bordde limplosion. Dix ans se sontcouls depuis linvasion de lIrak.Courrierinternational.com consacre ce pays une srie de reportages etdanalyses paru dans la presse localeet internationale. Les commenta-teurs passent au crible la corruptiondu pouvoir politique et linuencecroissante du voisin iranien. Quellessont les rpercussions de linstabilitirakienne sur la rgion?

Dessin dEl Roto paru dans El Pas,

Madrid.

16.

Los Angeles Times (extraits) Los Angeles

Isral, je le crains, se dirige vers legoure. Le pays pourrait bienttcesser dtre le foyer dmocratiquedu peuple juif. Dans ce contexte, je merjouis de la dcision du prsident BarackObama de venir en Isral. Cette visite pour-rait en eet marquer le dbut dune nou-velle re dans les eorts pour rsoudre leconit isralo-palestinien. Et je me per-mets de lui faire quatre recommandationspour sa visite prochaine.

Premirement, M.Obama devrait vitertoute ambigut. Les Israliens apprcientla franchise. Nous avons t profondmentdus lorsque, dans les annes1990, onnous a bross des tableaux trop positifs outrop opaques de lavenir. Nous compre-nons aujourdhui que le maintien du statuquo risque de nous entraner dans labmeet nous sommes conscients des doulou-reuses concessions que nous devrons fairepour nous en loigner. Il faut quon nousmontre clairement que le chemin sera longet ardu, mais que nous nous prparons unavenir meilleur en lempruntant.

Fin de conit. Deuximement, le prsi-dent amricain devrait clairement adh-rer aux principes suivants: deux Etats-nationsseront tablis sur la base des frontires

de1967 pour accueillir les deux peuples;des changes de territoire quivalents serontorganiss pour permettre aux blocs de colo-nies [en Cisjordanie] de demeurer soussouverainet isralienne; Jrusalem seraune ville ouverte, capitale des deux Etats;les quartiers arabes seront placs sous sou-verainet palestinienne et les quartiersjuifs, sous souverainet isralienne; unrgime spcial sera mis en place pour lad-ministration et la garde des Lieux saints;lEtat palestinien sera dmilitaris et lacommunaut internationale garantira sascurit; les rfugis palestiniens serontautoriss revenir sur le territoire pales-tinien ou migrer vers des pays tiers etse verront orir un ddommagement;toutes les parties devront signer une dcla-ration de n de conit.

Troisimement, il est important de sas-surer que les acteurs travaillent llabo-ration dun accord, et non dun processus.Au cours des vingt dernires annes, ilsemble que la ngociation soit devenueune n plutt quun moyen.

Quatrimement, M.Obama devrait adop-ter une nouvelle approche fonde sur ununilatralisme constructif et coordonn(non, ce nest pas un oxymore).

Si les ngociations bilatrales sont le seulmoyen de parvenir un accord, les Etats-Unis devraient nanmoins soutenir touteinitiative, mme unilatrale, visant concr-tiser la solution des deux Etats.

Intrts amricains. Les Etats-Unisdevraient notamment accorder leur sou-tien la candidature de la Palestine commemembre part entire des Nations uniesan de permettre un vritable dbat au sujetdes frontires entre les deux Etats. Parailleurs, Washington ne devrait pas sop-poser la mise en place dun gouvernementpalestinien dunit nationale compos deministres du Fatah et du Hamas, pourvuque celui-ci embrasse la solution des deuxEtats. Enn, il devrait aussi soutenir Isralsi celui-ci dcidait de ne pas chercher impo-ser sa souverainet lest de la barrire descurit [dans les Territoires palestiniens]et dadopter une loi assortissant lvacua-tion volontaire des colons vivant enCisjordanie de mesures de compensation.

Cest en tant que citoyen isralien queje formule ces recommandations, mais jecrois sincrement quil est aussi dans lin-trt des Etats-Unis de sy conformer. Lamise en place dun processus clair per-mettant la signature dun accord entreIsral et les Palestiniens est une conditionpralable la cration dune coalition rgio-nale destine contenir la menace du pro-gramme nuclaire iranien et lutter contrele terrorisme, la violence, le fondamenta-lisme et la prolifration nuclaire dans len-semble du Moyen-Orient. Si Isral, par lepass, a remport de nombreuses bataillespour concrtiser le rve sioniste dun foyerdmocratique pour le peuple juif, lEtathbreu semble aujourdhui sur le point deperdre la guerre.

Ami Ayalon*

MOYEN-ORIENT.Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Cher BarackObama, cest lagencede presse palesti-nienne quil fautblmer. Car celle-ci aconsidr que lannonce de votrevisite dans la rgion mritait lequalicatif durgent. Elle a mmecru utile dajouter le mot enn :vous allez donc enn venir dansla rgion. Mais vous venez pourquoi faire? Vous et votre Maison-Blanche ne vous encombrez pas defausses pudeurs, puisque la pre-mire chose que vous dites est quevous napporterez pas de nouveauplan dans vos valises pour relancerle processus de paix. Vous ditesgalement que vous feriez cevoyage mme si votre amiBenyamin Ntanyahou navait tou-jours pas russi former son nou-veau gouvernement. Bref, pourquoivenez-vous?Nous savons bien quil y a desvoyages protocolaires quil fautfaire, mais cela nous importe peu.Vous, en revanche, vous devriezvous proccuper de savoir que vousvenez dans un Etat qui occupeencore les terres de son voisin etmaltraite son peuple. Cest vousqui insistez pour venir alors quecet Etat mne toujours la mmepolitique que vous-mme, jadis,critiquiez. Mme si vous le faisiezde manire fugace et que celavousa mis dans une situationinconfortable, tout le monde sensouvient.Vous venez en Palestine [Obama iraaussi Ramallah] alors quelle estoccupe. Nous avons fait un pas,mme si cela est surtout dordresymbolique [lobtention de lareconnaissance de la Palestine en

tant quEtatobservateur lONU]. Est-ce quevous venez pourcomplter votre

album photos avant de nir votresecond mandat sur un bilandplorable, nayant rien fait dontvotre propre peuple se souviendra?Nous en avons marre, pour parlerfranchement. Votre voyageintervient un moment o nosprisonniers meurent de faim endonnant lhumanit une leon delibert, cette libert dont vouscherchez toujours tre le chantre.Vous choisissez mal votre moment.Pour le cas o cela vous auraitchapp: votre voyage aura lieudeux semaines seulement avant la Journe de la terre [le 30mars,jour de commmoration de laconscation des terres desPalestiniens], une terre laquellenous refusons de renoncer, et pourlaquelle nous continuons dorirnotre sang.Rchissez bien, monsieur, avantde prendre votre dcision. Plus personne ne parie sur vous.Dans toute la rgion, vous avezlargement terni votre rputation.Rchissez votre politiquetrangre strile. Rchissez chaque mot que vous allezprononcer, que ce soit huis closou devant la presse. Nous vous le disons ds prsent: on ne vapas mnager nos sarcasmes. Carnous savons ce que vous allez direen Isral, et comment vous allezessayer ensuite de dire autre chose,en lenrobant de belles paroles,quand vous serez en Palestine.

Fadi Abou SaadaAmin (extraits) Ramallah

du lundi au vendredi 16h15 et 21h50

franceinfo.fr

LACTUALITINTERNATIONALEUN MONDE DINFO

ISRAL

Vu de Palestine

Mais pourquoi venez-vous ?Conseils pourObamaLe prsident amricain entame le 20 mars sa premire visite en Isral,dans les Territoires palestinienset en Jordanie.

* Ancien directeur du Shin Bet, le service de renseignements isralien, et promoteurdun plan de paix isralo-palestinien.

Dessin dAguilar,Espagne.

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Courrier international no 1167 du 14 au 20 mars 2013

Milliyet Istanbul

Que doit f