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Mars 2017 Rencontre régionale Ville durable Pour une gouvernance participative du projet d’aménagement CieRit - Saint-Germain-sur-Ille - L’ÉPOK Synthèse de la journée du jeudi 27 octobre 2016 à Lisieux (14)

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Mars 2017

Rencontre régionaleVille durablePour une gouvernanceparticipative du projetd’aménagement

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Synthèsede la journéedu jeudi 27 octobre 2016à Lisieux (14)

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Rencontre régionale Ville Durable du 27 octobre 2016 Synthèse

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Introduction

La démarche écoquartier est désormais un enjeu de premier ordre pour les politiques urbaines et territoriales en général, et de plus en plus de projets d’écoquartiers émergent sur tout le territoire. Or le Label EcoQuartier, qui renouvelle la manière de penser l’aménagement, intègre la question de la participation des habitants comme facteur déterminant pour ces projets. Par ailleurs, on assiste à une évolution remarquable de la manière dont les démarches participatives sont mises en œuvre, tout particulièrement dans certains écoquartiers, qui peuvent prendre en compte les besoins et les attentes des citoyens. Cela amène à s’interroger à la fois sur le rôle des élus, des praticiens de l’aménagement et des habitants dans ces démarches. Cela révèle également le besoin d’un accompagnement spécifique, aux démarches participatives, pour dépasser le simple stade de la concertation avec les habitants et permettre une réelle co-production des projets.

Sommaire IntroductionI La participation des habitants, un processus évolutifII La montée en puissance de l’habitat participatif III Comment organiser l’expression des habitants : méthode, points de vigilance, rôle de chacunIV Limites et perspectives Conclusion

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Les formes participatives ont été, jusqu’à présent, assez classiques et conventionnelles, consistant en des dispositifs de communication, d’information sur des comportements vertueux à atteindre, ou des mises à disposition de chartes, de guides, dont l’utilité n’est d’ailleurs pas remise en cause, et qui continuent à subsister. La montée en puissance de formes renouvelées d’engagement des habitants a conduit à intégrer dans le processus une nouvelle question, celle de l’appropriation par les habitants du fonctionnement et des modes de vie initiés dans les écoquartiers. La question de la vie du quartier, des usages qui en sont faits par ses habitants, du lien social renforcé, devient prépondérante. Il s’agit également de désamorcer des conflits d’usage et d’encourager des formes de convivialité.

Le recours à des cabinets spécialisés dans ce qu’on appelle désormais « l’assistance à maîtrise d’usage » accompagne ces démarches. Les plus ambitieuses d’entre elles en termes de participation, les dispositifs les plus innovants et collaboratifs, associent désormais les habitants très en amont, dès la programmation et la conception, avec un accompagnement spécifique d’assistance du maître d’ouvrage (AMO) pour la concertation.

Un projet d’écoquartier à Douvres-la-Délivrande (14), commune de 5 000 habitants, classée comme pôle principal au Scot de Caen Métropole, a ainsi mis en oeuvre une démarche participative avant le concours d’aménagement et avant même le dossier de création de ZAC, en associant différents profils de personnes représentatives de toutes les générations et forces vives (habitants, associations, établissements scolaires, entreprises, commerçants…) dans des comités consultatifs portant sur les grandes orientations de la ZAC. La démarche a été accompagnée par un cabinet spécialisé en AMO jusqu’au concours d’aménageurs. La concertation avec les habitants a été

I - La participation des habitants, un processus évolutif

Débat mouvant animé par L’EPOKSource : DREAL Normandie

Ateliers participatifs de Douvres-la-Délivrande (14)Source : VEA_Urbanisme et Architecture

poursuivie en parallèle de la finalisation des études urbaines pour la mise en œuvre du projet de réalisation de la ZAC. L’objectif était d’avoir un projet arrêté qui tienne compte de la finalisation d’un projet technique, mais aussi des observations des habitants et des acteurs du projet.

Les questions soulevées par les habitants sont souvent diverses et concernent des sujets qui peuvent paraître plus ou moins mineurs (comme la plantation d’arbres fruitiers par exemple), mais aussi de vrais sujets d’innovation.

Elles traduisent, en fait, une évolution de la manière dont les citoyens se projettent dans la vie locale et imaginent pouvoir habiter dans un endroit donné et co-habiter avec d’autres. Cette évolution dans leur rapport au territoire renvoie essentiellement à des questions environnementales (les ressources, les gestes éco-responsables…) liées à la crise écologique qui est en train de pénétrer les consciences et de modifier nos imaginaires, nos façons de considérer nos modes de vie, là où nous habitons. Il en résulte des questionnements sur l’organisation même de la vie collective et on assiste, de plus en plus, à une éclosion spontanée de démarches de type écoquartier qui sont plus ou moins d’initiatives habitantes et peuvent aller très loin dans le processus participatif.

Dans ces formes renouvelées d’engagement et de participation, on trouve souvent des habitants qui sont particulièrement concernés par les problématiques environnementales et qui sont désireux d’habiter autrement leur lieu de vie, de bâtir du lien et de faire société différemment. Il y a également de plus en plus de

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II - La montée en puissance de l’habitat participatif

Louvigny (14), les Z’EcobatisseursSource : DREAL Normandie

Ateliers participatifs de BVGMCrédits : BVGM

Petite Maison, RennesSource : Ademe

personnes qui revendiquent le besoin d’être en capacité d’agir directement, de coopérer avec des métiers, des savoir-faire de l’aménagement, de par leurs propres connaissances, savoirs et compétences, et de pouvoir faire autrement pas eux-mêmes, par leur propre décision de ne plus rester passifs et d’agir, chacun à leur niveau. Ce besoin d’investissement s’opère souvent par l’ordinaire, le quotidien, les modes de vie, et c’est donc là où se renouvellent, le plus vite, les formes d’engagement et de participation des habitants.

Les projets d’habitat participatif répondent à une recherche d’engagement plus fort des habitants dans la conception même de leur lieu de vie et à un besoin de plus de lien social, de solidarité dans les relations de voisinage. La motivation des habitants pour un « habiter autrement  » plus collaboratif peut être également liée à des problématiques de rupture de l’isolement et de vieillissement. Ainsi, l’association NEOLOGIS, à partir de bâtiments proposés par des communes (76 et 27), envisage de les réhabiliter dans le cadre de projets d’habitat participatif, inter-générationnel et  solidaire, à destination de futurs locataires, modestes et mal logés. La commune de Charleval (27) a un projet d’habitat inter-générationel qu’elle met en œuvre avec le concours du CAUE 27.

Il peut s’agir encore d’habiter autrement en mutualisant des espaces. Ainsi le projet d’habitat participatif Bien Vivre et Vieillir à la Grand Mare (BVGM), porté par un groupe d’habitants du quartier de la Grand Mare à Rouen, associé au bailleur social Logiseine, vise à construire des logements avec des espaces partagés (salle commune, buanderie, studios d’amis, ateliers, grand jardin partagé). Le projet est également intergénérationnel puisqu’il accueillera principalement des seniors (les logements seront tous accessibles et adaptables) mais aussi des familles. Les grandes orientations du projet sont validées lors d’Ateliers Urbains de Proximité (AUP) copilotés par l’association BVGM et la ville de Rouen.

Ces ateliers participatifs sont complémentaires à la démarche de BVGM et montrent l’implication nécessaire de la ville pour la réussite du projet.Voir à ce sujet la plaquette du projet, ainsi que la synthèse des orientations prises au dernier AUP fin 2016, dans la documentation mise en ligne sur l’extranet dédié aux journées régionales ville durable :h t t p : // e x t r a n e t . e c d r e a l . n o r m a n d i e . d i n .developpement-durable.gouv.fr/login : drealn / mdp : ecdrealn.

Pour un membre du groupe des Z’écobâtisseurs de Louvigny (14), l’habitat participatif instaure une posture nouvelle entre voisins, proche du lien amical ou familial, mais différent en même temps… Ce sont de nouveaux rapports de voisinage qui s’installent, plus solidaires, qui s’expérimentent dans ces projets et nécessitent un état d’esprit favorable et un investissement dans la vie collective du groupe, tout en respectant l’intimité de chacun. On peut parler d’une sorte d’ « alchimie », pour reprendre le terme de l’ARDES (Association Régionale pour le Développement de l’Économie Solidaire en Normandie : http://www.ardes.org/), dans ce mode de « vivre ensemble » avec l’implication de tous.

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On constate un véritable engouement ces dernières années pour des projets d’habitat participatif, notamment parmi des populations différentes de celles qui ont fait naître les premiers projets. Ainsi plusieurs personnes seules (8 femmes dont 3 avec enfants et 3 hommes) et 3 couples (dont 1 avec un enfant nouveau-né), soit 17 personnes (dont environ un tiers retraitées), sont impliquées dans le projet d’habitat participatif Eco-Habitat Partagé Calmette de Caen.

Cependant, il y a encore un frein d’ordre culturel à la multiplication des projets d’habitat participatif, notamment en Normandie, identifié par le CAUE 76. Un autre frein concerne la complexité des montages, notamment financiers, même si la loi ALUR a apporté une reconnaissance officielle de l’habitat participatif et a créé de nouveaux statuts (voir à ce sujet la fiche sur l’habitat participatif, dans la documentation mise en ligne sur l’extranet dédié aux journées régionales ville durable - lien vers l’extranet en page 4). L’association NEOLOGIS, dans son approche spécifique de l’habitat participatif en lien avec l’économie sociale et solidaire, intègre un travail sur la maîtrise des charges et sur le « reste à vivre » pour des habitants très modestes, futurs locataires d’un habitat participatif et partagé. A cet égard, elle rappelle le travail et les innovations initiés par les habitants de l’Alma gare à Roubaix, dans les années 1970, dans le cadre du premier atelier populaire d’urbanisme (APU) en France.

L’initiative d’un projet d’habitat participatif peut venir de groupes d’habitants eux-mêmes, ou de collectivités, ou encore de bailleurs sociaux. De plus en plus d’organismes HLM s’orientent vers ce type de projets. Le réseau de l’Union Sociale de l’Habitat vient de publier une note de positionnement sur l’habitat participatif, et d’autres réseaux coordonnent les initiatives habitantes (la Coordin’action nationale, le réseau Habitat Participatif Ouest : http://www.habitatparticipatif-ouest.net/) ou les collectivités (le Réseau national des collectivités pour l’habitat participatif, piloté par la ville de Strasbourg : http ://www.st rasbourg .eu/developpement-rayonnement/urbanisme-logement-amenagement/projets-urbains/autopromotion-habitat-participatif/reseau-national-collectivite-habitat-participatif).

Un réseau normand pour l’accompagnement de projets d’habitat participatif est en train de voir le jour à l’initiative d’acteurs régionaux, dont l’ARDES et la psychosociologue Hélène Devaux, qui accompagne également le projet rouennais de BVGM. Une page Facebook est dédiée à ce « réseau pour l’habitat participatif » (https://www.facebook.com/ReseauHPN/). Il y a, en effet, un besoin de capitalisation des retours d’expérience sur ce territoire, et un nouveau réseau pourrait permettre de dépasser le stade de projets isolés pour amorcer un travail collectif et permettre un essor plus significatif de ces projets. Une petite étape reste donc à franchir pour professionnaliser ces démarches sur la région Normandie. La mise en pratique du compagnonnage entre groupes d’habitants, plus ou moins avancés dans leurs projets respectifs, pourrait faciliter le développement de nouveaux projets.

La mise à disposition de foncier par la commune à un groupe d’habitants constitué, en vue de réaliser un projet d’habitat participatif, est un levier important à signaler pour favoriser ce type d’habitat. On assiste actuellement à l’émergence de nouveaux dispositifs d’habitat, en colocation, pour lesquels des porteurs de projet sont en recherche de collectivités intéressées qui ont du foncier à mettre à disposition en vue de favoriser l’innovation sociale, pour l’habitat partagé, à un coût abordable, notamment pour les jeunes générations contraintes par les questions de financement, comme cela est en cours sur la commune d’Hérouville-Saint-Clair (14) (voir les coordonnées du projet Kodu dans la documentation mise en ligne sur l’extranet dédié - lien vers l’extranet en page 4). Les nouvelles générations adoptent rapidement, dans leurs usages, les principes de l’économie circulaire et de la fonctionnalité, par le co-voiturage, la co-location, les échanges et partages de services ou d’équipements… Il y a là une réelle source d’innovation pour nos sociétés.

III - Comment organiser l’expression des habitants : méthode, points de vigilance, rôle de chacun

Qu’il s’agisse de projets d’écoquartiers ou de projets d’habitat participatif, on constate un besoin très important d’accompagnement des porteurs de projets, avec une difficulté particulière pour les projets urbains de type écoquartiers  : comment se concerter alors que les futurs habitants ne sont pas tous là ?A Douvres-la-Délivrande (14) par exemple, les futurs habitants n’étaient pas présents dans les ateliers, par contre certains ont pu assister à la dernière réunion de restitution et voir l’exposition sur le projet finalisé.

Douvres-la-Délivrande (14), exposition sur le projet de l’écoquartier des Hauts-PrésSource : VEA - Urbanisme et Architecture

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Projet du Parc du champ Libre, Métropole Rouen NormandieSource : Etude Kusching, 2005

Douvres-la-Délivrande (14), comité consultatif pour le projetde l’écoquartier des Hauts-Prés

Source : VEA_Urbanisme et Architecture

L’accompagnement consiste à aider la maîtrise d’ouvrage à intégrer la participation des habitants dans le séquençage des phases du projet, dans le déroulé classique d’un projet immobilier ou d’aménagement  : comment adapter les marges de manœuvre, les règles, le rythme d’avancement du projet, au fait qu’il va y avoir les futurs habitants ou les riverains qui vont être présents dans le dispositif...

Ce qui ressort des exemples récents de démarches de gouvernance participative, c’est l’importance d’instaurer la confiance dans la façon de travailler avec les habitants, comme facteur de réussite de la démarche, pour dépasser les possibles blocages et désamorcer les craintes de riverains et les conflits potentiels. Cela passe par des « règles du jeu » fixées au départ, et la démonstration au fil de l’action que les échanges ne sont pas faussés, que les propositions des habitants sont bien prises en compte dans le projet, afin de ne pas créer de frustrations chez les habitants impliqués dans la démarche.Ainsi, l’exemple du projet de reconversion de l’hippodrome des Bruyères en parc urbain sur la Métropole Rouen Normandie montre l’importance de fixer un cadre clair au départ et de faire preuve d’honnêteté par rapport à ce qui est soumis au débat, et ce qui ne l’est pas (les « invariants »), afin justement d’instaurer cette confiance et un vrai dialogue entre les parties prenantes.

Des invariants assez généraux ont ainsi été établis au départ, tout en laissant une marge de liberté à l’intérieur de chaque thème, constituant la «  règle du jeu » de la concertation pour ce projet d’aménagement.

Ce type de démarche nécessite, de la part de l’AMO missionnée sur l’accompagnement, un travail important de préparation en dehors des temps d’animation, pour définir les règles du jeu avec les élus et les services, notamment lorsque la maîtrise d’ouvrage est un peu complexe, comme ce fut le cas pour le projet de la Métropole Rouen Normandie. Les enjeux de la concertation se situent alors également en amont (six ans auparavant dans ce cas précis), pour la définition des souhaits de chacun (Métropole, maires des différentes communes concernées par le projet…).

La restitution est également essentielle  (compte-rendus, valorisation sur internet, réunions de restitution…) : il faut prendre le temps de clarifier ce qui a été dit, ce qui permet in fine de dire ce que l’on a retenu ou pas, et pourquoi.

De la même manière, pour accompagner la mise en place d’un projet collectif de voisinage, d’un projet d’habitat groupé, on va avoir un séquençage progressif du processus participatif, pour aider les gens, à partir de leurs intentions, de leurs utopies même, à définir ce qui les a amenés à se projeter dans ce projet-là, leurs intentions d’un voisinage différent, plus collectif... et ensuite à le matérialiser, petit-à-petit, dans des choix stratégiques et techniques. L’objectif est de réaliser un projet de voisinage qui gère des espaces en commun, s’organise collectivement sur des choix de gestion, résout des conflits potentiels… La concertation doit permettre de co-construire un projet collectif qui ne soit pas l’addition des désirs individuels de chacun  : les démarches participatives impliquent de travailler sur le consentement et le compromis. Dans ce type de projet, par exemple, un changement de regard s’opère sur les équipements collectifs, sur les «  communs  », qui ne sont plus considérés comme une source de contraintes mais comme une ressource à valoriser, mais qui nécessitent par contre que chacun s’engage et s’implique dans l’entretien, la co-gestion et le fonctionnement de ces espaces.

Cie Rit-Saint Germain sur IlleSource : L’EPOK

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Une souplesse dans la mise en œuvre du processus participatif est également nécessaire, en plus de la clarté et de la rigueur, par exemple pour intégrer des suggestions par rapport aux techniques d’animation des ateliers participatifs, ou pour corriger les défauts de représentativité constatés au cours du processus. Une adaptabilité est alors indispensable pour modifier l’organisation prévue au départ. Ainsi à Rouen, les riverains des secteurs pavillonnaires étant sur-représentés dans le processus, un atelier spécifique, non prévu au départ, avec les habitants de la Cité au sud du projet a été mis en place.

Une autre condition essentielle à la réussite d’une démarche participative est l’implication des habitants le plus en amont possible de la décision d’aménager. Plus on tarde à associer les habitants et plus on inscrit la participation entre l’amont de la décision politique et l’aval, c’est-à-dire la phase de la livraison et de vie de quartier, plus on se contente de simplement recueillir l’opinion des habitants, de collecter une information sur leur maîtrise d’usage, et donc de rester au stade de la consultation, sans réellement solliciter une participation à la conception et à la co-élaboration du projet .

En rappelant l’intérêt et le rôle de la parole de chacun, ces processus permettent de construire la confiance dans la durée, notamment dans des contextes de défiance ou pour des projets urbains, potentiellement les plus conflictuels. Un dialogue ré-instauré, le respect des règles fixées au départ et un accompagnement avec un cabinet spécialisé en management des parties prenantes, permettent d’affronter les situations de conflits ou les craintes et surtout de les dépasser, même s’il convient de ne pas minorer les difficultés rencontrées par ces cabinets dans certains cas pour y parvenir.

LA MAITRISE D'OUVRAGE LA MAITRISE D'USAGELE GRAND PUBLIC LES ACTEURS SOCIO-ECONOMIQUES LES USAGERS

LES INVESTISSEURS LES PROPRIETAIRES ET LOCATAIRES AUTRES

LES ACTEURS INSTITUTIONNELS LES PRESTATAIRESPARC NATUREL

ADEME

ETABLISSEMENT PUBLIC FONCIER DE BRETAGNE

EPCI - COMMUNES - PAYS

DEPARTEMENTS

RÉGION BRETAGNE

ÉTAT

AUTRES

CONSEIL AMONT

DELEGATION DE MAÎTRISE D'OUVRAGE

ASSISTANCE A LA MAÎTRISE D'OUVRAGE

MAÎTRISE D'OEUVRE

CONSULTANTS

AUTRESFORMATION INITIALE FORMATION CONTINUE

00/00/0000

Enfin, la tenue d’ateliers participatifs nécessite souvent de la réactivité, une bonne synergie entre les équipes de professionnels, dans l’intérêt même du projet, chacun prenant le projet dans son ensemble dans une dynamique d’échanges et de complémentarité.

Dans l’accompagnement du projet, il est important de rappeler la place de chacun, élus, habitants, partenaires… Il y a en fait complémentarité entre démocratie participative et démocratie représentative, même si la démarche participative peut venir remettre en question la démocratie représentative, comme un contre-pouvoir, quand les citoyens se mobilisent en opposition avec les projets… Mais la démocratie participative n’est pas un déni de la démocratie représentative  : les élus, la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’oeuvre gardent toute leur place et leur compétence dans le process. L’accompagnement doit permettre le dialogue et la co-construction du projet. L’apport de la démarche participative est essentiellement de venir compléter, préciser, donner une orientation aux grands caps fixés par les élus, même si l’on observe toutefois qu’il peut y avoir des déplacements de pouvoir à attendre de ces démarches, comme cela a pu être constaté au travers notamment de l’exemple de Faux-la-Montagne (23) ou Hédé Bazouges (35).

Les autres acteurs publics doivent, quant à eux, aider les élus à exercer pleinement leurs responsabilités.À noter un outil sur «  Qui fait quoi en urbanisme et en aménagement ? » de la DDTM du Finistère, pour apporter une aide concrète aux élus dans la mise en œuvre de leurs projets d’aménagement (http://www2.dreal-bretagne.application.i2/le-portail-mais-qui-fait-quoi-en-urbanisme-et-en-r1107.html) et une «  Boîte à outils pour les écoquartiers en milieu rural  » qui est en cours de finalisation et sera diffusée largement par le ministère en 2017.

A Douvres-la-Délivrande comme à Rouen, le choix a été fait d’organiser des ateliers participatifs avec les habitants et les associations, mais sans la présence des élus, ceci afin de ne pas interférer dans les échanges et de laisser la parole plus libre. Les concepteurs étaient présents aux ateliers consultatifs de Douvres-la-Délivrande pour apporter les précisions nécessaires sur le projet, mais l’aménageur et la ville étaient mis en retrait, et l’animation des ateliers confiée à un cabinet, avec des méthodes d’animation qui pouvaient varier selon les thèmes. Cette méthode facilite l’expression des attentes et permet de « sortir du cadre », ce qui peut

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Une des difficultés récurrentes dans les dispositifs participatifs concerne le manque de diversité des publics impliqués qui présentent souvent une homogénéité en termes de catégories d’âge : beaucoup de seniors, peu de jeunes ou d’actifs… Il en résulte un risque d’« entre-soi » et un manque de représentativité par rapport à la population concernée par l’opération d’aménagement.

A Douvres-la-Délivrande, ce sont surtout des riverains qui ont participé aux ateliers, il a manqué des représentants d’associations sportives et culturelles, alors même que les équipements se situent à proximité du futur quartier des Hauts Prés. A Rouen, on a cherché à élargir le public en proposant une simulation en ligne, avec le jeu « Imaginez votre parc  » réalisé par Digiworks qui a permis à 800 participants de faire des suggestions concrètes à partir des éléments de programme issus des ateliers et de renforcer ainsi le dispositif participatif, tout en faisant mieux connaître le projet de la Métropole.

IV - Limites et perspectives

Pour attirer les habitants vers une implication plus forte dans la co-élaboration du projet, il n’est pas inutile également de recourir à des modes plus classiques, tels que le porte-à-porte, aller vers les gens, utiliser les évènements existants pour motiver les parties prenantes à s’engager dans la dynamique proposée.

Une autre limite évoquée concerne un risque de retardement du projet du fait de la mise en œuvre d’une démarche participative. Cela n’est pas forcément le cas quand le cahier des charges a prévu le dispositif participatif dans la démarche. Si le temps pris par la concertation est prévu au départ, il n’y a pas de ralentissement du projet de ce fait. Ainsi à Douvres-la-Délivrande, la concertation se passait dans le même temps que celui de la finalisation du projet, avec une itération très forte, et il n’y a pas eu de ralentissement du projet. Par contre, une démarche participative peut être effectivement chronophage selon le cahier des charges en amont.

L’intérêt de l’association des habitants aux réflexions autour de la conception d’un projet urbain est en premier lieu d’ordre pédagogique  : diffuser de l’information, mettre tout le monde au même niveau pour pouvoir dialoguer sur ce que pourrait être un projet et éventuellement le co-élaborer ensemble.

L’expérience confirme également que la concertation permet une amélioration des projets, s’il existe une réelle marge de manœuvre. Elle permet alors de désamorcer d’éventuels blocages, de mieux prendre en compte les besoins des citoyens et de faciliter l’appropriation et la gestion future du quartier par les habitants. Ainsi, à Douvres-la-Délivrande, ce sont 80  % des propositions des habitants qui ont été intégrées à l’étude, par exemple sur la gestion des espaces de convivialité, ou sur les déplacements doux au sein du quartier et vers les équipements voisins. De plus, la démarche de concertation a permis aux riverains d’exprimer leurs craintes et à l’équipe de concepteurs de les lever.

On voit là une illustration de ce que les outils numériques permettent d’atteindre des publics qui autrement ne se seraient pas déplacés dans les réunions.

Jeu “Imaginez votre Parc”Source : Digiworks

favoriser l’innovation. Les élus avaient un retour après chaque atelier pour pouvoir prendre note des propositions et décider de leur validation. Un dispositif d’information en continu avait été mis en place afin de recueillir des idées, des apports, parfois importants selon les sujets, qui étaient ensuite intégrés par la maîtrise d’oeuvre.A Rouen, l’idée était bien de co-élaborer le programme et il y a eu différentes contributions émises dans le cadre de cette consultation, avec entre 50 et 80 participants, dont des associations très spécialisées qui ont participé en tant que parties prenantes, avec parfois un rôle d’experts très mobilisés sur le projet. Ateliers consultatifs - Source : Métropole Rouen Normandie

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Conclusion

La labellisation EcoQuartier, particulièrement dans la version du Label renouvelé de 2017, offre un cadre incitatif à plus de concertation avec les habitants, la participation devient même un critère d’éligibilité à la labellisation EcoQuartier, surtout quand elle porte non pas seulement sur des

questions péricentrales, mais vraiment sur des enjeux propres au projet d’aménagement, à la définition de l’ensemble du projet.

On assiste également à une évolution des critères de suivi, dès l’amont de la conception, et jusqu’à la vie du quartier une fois réalisé  : cela fait maintenant partie intégrante du Label EcoQuartier du ministère, qui devient un label de suivi de projet, en intégrant progressivement des enquêtes qualitatives pour savoir comment les habitants se sont appropriés les lieux et les dispositifs proposés, comment ils ont adapté éventuellement leurs comportements, leurs usages, et comment cela fait vie au final.

Les modes de vie sont en train d’évoluer. Il y a actuellement une prise de conscience généralisée des enjeux et des conséquences des crises écologiques, et les habitants s’attendent de plus en plus à être non seulement consultés, mais véritablement impliqués dans les processus et les réflexions qui président à l’aménagement de leurs lieux de vie. Au travers des questions environnementales, c’est la manière dont chacun, par ses usages, peut faire œuvre de citoyenneté, qui est interrogée. Des formes d’engagement citoyen, par le quotidien, revisitent notre rapport à l’alimentation, au logement, à l’énergie, à la nature… Dans le même temps, on voit de nombreuses initiatives qui émergent et se développent, sur tous les territoires, principalement en dehors des grands centres métropolitains et plutôt en secteur rural ou péri-urbain et sur des échelles assez réduites, parfois sur un registre expérimental, l’expérimentation et l’innovation étant plus souvent présentes dans des projets de plus modeste taille et de plus modeste ambition...

La question, dès lors, est de savoir reconnaître les habitants, en amont de tout projet d’aménagement, non plus comme de simples pourvoyeurs d’idées ou d’informations, mais comme des pourvoyeurs d’imaginaires qui évoluent rapidement dans leur rapport à l’habiter, et en aval, comme détenteurs d’un savoir, comme connaisseurs, par leur propre expertise d’usage, et de les considérer éligibles à

une réelle co-production, et non plus simplement à une consultation ou à des scènes de concertation.

Une dynamique est d’ores-et-déjà lancée, soutenue par les politiques publiques et diffusée chez les praticiens de l’aménagement, avec l’appui du ministère et le concours de professionnels spécialisés dans le nécessaire accompagnement des collectivités et des groupes d’habitants engagés dans des démarches participatives.

Cette dynamique ne doit pas être abandonnée, mais devra au contraire être davantage impulsée, pour que ce processus de gouvernance soit intégré à tout projet comme partie intégrante du «  standard  » de l’aménagement durable. Cela requerra un portage politique fort, il y aura à mettre en place des actions de communication, d’information et de formation des élus sur les sujets de la gouvernance participative et de l’habitat participatif, pour favoriser la démultiplication des démarches et l’émergence de nouvelles façons d’habiter et de partager un lieu de vie.

Enfin, de nouvelles façons de travailler en mode plus collaboratif et en réseau seront à adopter afin de capitaliser les expériences et d’avancer collectivement, ce qui n’est pas sans interroger sur les pratiques des métiers de l’aménagement, des assistances à maîtrise d’ouvrage, particulièrement dans leurs savoirs et savoir-faire.

Source : MLHD

Source : MLHD

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Direction régionale de l’Environnement,de l’Aménagement et du Logementde Normandie2, rue Saint-Sever - 76032 Rouen cedexTél. 02 35 58 53 27

10 boulevard du général Vanier - CS 60040 - 14006 Caen cedexTél. 02 50 01 83 00

www.normandie.developpement-durable.gouv.fr

Directeur de publication : Patrick BERG, directeur régional

Rédaction : Chantal KANE,Service Energie Climat Logement et Aménagement Durable (SECLAD)

Mise en page : Fabrice THEREZE, Mission Communication

Contacts :

Chantal KANE - SECLAD - 02 50 01 83 [email protected]

Eloi LARCHEVÊQUE - SECLAD - 02 32 18 97 30 [email protected]