2
Le diabète, un problème de santé publique Le diabète non insulinodépendant est une maladie en expansion. Sa prévalence augmente parallèlement au vieillissement, à la sédentarité et à l’obésité des populations. On compte 20 millions de diabétiques aux États-Unis, contre 3 millions en France. Le coût de la maladie va croissant : aux États-Unis plus de 40 % des dialysés sont diabétiques, en France plus de 20 %. On compte en France environ 4 % de diabétiques connus (soit 2 500 000), aux- quels il faut ajouter 300 000 à 500 000 qui s’ignorent. L’augmentation est de 5 % par an. Le nombre de diabétiques est évalué à 40 millions en Europe, à 20 millions aux États-Unis et à 250 millions dans le monde. En fait, ces chiffres recouvrent deux maladies bien différentes : n le diabète insulinodépendant, ou diabète de type 1, survenant le plus sou- vent avant l’âge de 20 ans, représentant 5 à 10 % des diabètes ; n le diabète non insulinodépendant, ou diabète de type 2, survenant le plus souvent dans nos régions après 50 ans, et représentant environ 90 à 95 % des diabètes. C’est le diabète non insulinodépendant qui pose un problème de santé publi- que car sa prévalence augmente parallèlement au vieillissement et au dévelop- pement de l’obésité dans les populations des pays industrialisés. Mais cette maladie de pléthore n’épargne pas les pays sous-développés où le diabète non insulinodépendant atteint parfois une prévalence de 20 à 30 % en raison d’une prédisposition héréditaire, associée à une modification rapide du mode de vie caractérisée par une urbanisation brutale allant de pair avec une sédentarisation et une alcoolisation des populations. Le diabète est responsable d’un taux élevé de complications dégénératives représentant le principal coût financier de la maladie. En France et en Europe du Sud, 30 % des nouveaux dialysés sont diabé- tiques (soit en France 2 300 nouveaux dialysés par an). Ce taux dépasse 50 % aux États-Unis, dans les pays scandinaves, et atteint 40 % en Alsace et dans l’île de La Réunion. Environ 70 % des diabétiques dialysés sont en fait des diabétiques non insulinodépendants (de type 2) insulinotraités. Le diabète reste la première cause médicale de cécité avant 50 ans dans les pays industrialisés (après 50 ans, le diabète vient après le glaucome et la dégénérescence maculaire sénile, et il vient après le trachome dans les pays sous-développés). On comptabilise chaque année aux États-Unis 5 000 à 10 000 nouveaux cas de cécité due au diabète et 500 à 1 000 en France. On estime que 2 % des diabétiques deviendront aveugles. 1

3 s2.0-b9782294704895000011-mainqjdf

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: 3 s2.0-b9782294704895000011-mainqjdf

Le diabète, un problème de santé publique

� Le diabète non insulinodépendant est une maladie en expansion. Sa prévalence augmente parallèlement au vieillissement, à la sédentarité et à l’obésité des populations.

� On compte 20 millions de diabétiques aux États-Unis, contre 3 millions en France.

� Le coût de la maladie va croissant : aux États-Unis plus de 40 % des dialysés sont diabétiques, en France plus de 20 %.

On compte en France environ 4 % de diabétiques connus (soit 2 500 000), aux-quels il faut ajouter 300 000 à 500 000 qui s’ignorent. L’augmentation est de 5 % par an. Le nombre de diabétiques est évalué à 40 millions en Europe, à 20 millions aux États-Unis et à 250 millions dans le monde.

En fait, ces chiffres recouvrent deux maladies bien différentes :n le diabète insulinodépendant, ou diabète de type 1, survenant le plus sou-

vent avant l’âge de 20 ans, représentant 5 à 10 % des diabètes ;n le diabète non insulinodépendant, ou diabète de type 2, survenant le plus

souvent dans nos régions après 50 ans, et représentant environ 90 à 95 % des diabètes.C’est le diabète non insulinodépendant qui pose un problème de santé publi-

que car sa prévalence augmente parallèlement au vieillissement et au dévelop-pement de l’obésité dans les populations des pays industrialisés. Mais cette maladie de pléthore n’épargne pas les pays sous-développés où le diabète non insulinodépendant atteint parfois une prévalence de 20 à 30 % en raison d’une prédisposition héréditaire, associée à une modification rapide du mode de vie caractérisée par une urbanisation brutale allant de pair avec une sédentarisation et une alcoolisation des populations.

Le diabète est responsable d’un taux élevé de complications dégénératives représentant le principal coût financier de la maladie.

En France et en Europe du Sud, 30 % des nouveaux dialysés sont diabé-tiques (soit en France 2 300 nouveaux dialysés par an). Ce taux dépasse 50 % aux États-Unis, dans les pays scandinaves, et atteint 40 % en Alsace et dans l’île de La Réunion. Environ 70 % des diabétiques dialysés sont en fait des diabétiques non insulinodépendants (de type 2) insulinotraités.

Le diabète reste la première cause médicale de cécité avant 50 ans dans les pays industrialisés (après 50 ans, le diabète vient après le glaucome et la dégénérescence maculaire sénile, et il vient après le trachome dans les pays sous-développés). On comptabilise chaque année aux États-Unis 5 000 à 10 000 nouveaux cas de cécité due au diabète et 500 à 1 000 en France. On estime que 2 % des diabétiques deviendront aveugles.

1

Page 2: 3 s2.0-b9782294704895000011-mainqjdf

2 Guide pratique du diabèteètete

Dix pour-cent des diabétiques subiront un jour une amputation d’orteil, de pied ou de jambe et 4/5 de ces diabétiques amputés sont en fait des diabétiques de type 2 ; 85 000 amputations par an aux États-Unis sont dues au diabète. Le taux annuel en France se situerait autour de 10 000. Près de 25 % des jours d’hospitalisation pour diabète sont en effet dus à des problèmes podologiques avec des durées moyennes d’hospitalisation fort longues, autour de 30 jours.

Cinquante pour-cent des diabétiques meurent d’insuffisance coronaire, et 20 à 25 % des angioplasties et pontages coronaires sont réalisés chez des diabétiques.

Finalement, le diabète est la quatrième cause d’hospitalisation et de décès. Il représente 4 % du budget santé de la nation. Son coût est estimé à 8 milliards d’euros, pour moitié coût direct et moitié coût indirect. Il est plus parlant encore pour le clinicien de dire qu’une amputation de jambe revient au salaire de deux infirmières plein temps pendant un an.

Or, en 1989, les représentants de l’OMS, des gouvernements européens et des organisations de malades, dont les représentants de la France, ont adopté dans le village de Saint-Vincent une déclaration rappelant les bonnes pratiques médicales diabétologiques et fixant pour objectif dans les cinq ans une réduction d’un tiers à la moitié des complications du diabète. En effet, plusieurs études ont montré de façon convergente que la modification de l’organisation des soins visant à obtenir une formation des patients eux-mêmes permet de réduire de 50 % à 75 % le taux des amputations.

Pour en savoir plusDiabète, données épidémiologiques françaises. Diabetes & Metabolism 2000 ; 26 [hors série].Diabète sucré : prise en charge, traitement et recherche en Europe. La déclaration de Saint-

Vincent et son programme. Adaptation française par le Conseil Supérieur du Diabète. Diabète Métab 1992 ; 18 : 329-77.

The Diabetes Control and Complications Trial Research Group. Resource utilization and costs of care in the Diabetes Control and Complications Trial. Diabetes Care 1995 ; 18 : 1468-78.

Épidémiologie et prise en charge des causes du diabète. Les données de l’assurance maladie. Diabetes & Metabolism 2000 ; 26 [Suppl. 6].

Grimaldi A, Heurtier A. Critères diagnostiques du diabète de type 2. Rev Prat 1999 ; 49 : 16-21.

Programme de santé publique sur la prise en charge du diabète de type 2. Caisse Nationale d’Assurance Maladie, octobre 1999.

Pugh JA, Medina RA, Cornell JC, Basu S. NIDDM is the major cause of diabetic end-stage renal disease : more evidence from a tri-ethnic community. Diabetes 1995 ; 44 : 1375-81.