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Mutations: Case postale, 3000 Bern 6 AZA 3000 Berne 6 Journal PP N° 09 28 juin 2018 tél. 031 357 57 57, fax 031 357 57 58, e-mail: [email protected], Internet: www.sev-online.ch En Suisse romande, ils et elle étaient 500 entre Genève et Lausanne. Ailleurs, le succès était aussi de mise avec 300 personnes à Olten, 350 à Zurich ou en- core 150 à Berne et une centaine à Bel- linzone. Le message envoyé à la direc- tion des CFF est clair. Pas question de faire des économies sur le dos du per- sonnel. Une mobilisation placée sous le signe de l’offensive: « Le recul social ne se négocie pas, il se combat. Les che- minot-e-s mobilisé-e-s pour une bonne CCT». Tel était le message principal adressé à la direction des CFF. Sur des cartes postales accrochées à des ballons parties rejoindre un An- dreas Meyer sur une autre planète, on pouvait justement lire que les revendi- cations des CFF ne sont que mépris à l’égard du personnel. Comme le CEO des CFF est actuellement en congé sab- batique et intatteignable, peut-être que l’un ou l’autre de ces messages lui par- viendra-t-il, a-t-on ironisé du côté des manifestants. La symbolique était claire, rappeler à une direction qui est sur une autre pla- nète qu’elle ne vit pas dans le même monde que ses employé-e-s. Pages 2 et 3 CCT CFF - 1400 cheminot-e-s dans la rue le 18 juin Mobilisés pour la CCT! Quelque 1400 cheminot-e-s sont descendu-e-s dans la rue le 18 juin pour montrer leur at- tachement à leur CCT. Aude Haenni A Lausanne quelque 400 personnes ont participé à la manifestation mise sur pied par le SEV. Un beau succès. Interpellations fédérale et cantonales contre les gares fantômes Page 16 Points de vente CFF Keystone/Olivier Maire Le sociologue Bernard Friot nous explique pourquoi Karl Marx reste très actuel. Dossier, pages 6 à 8 1818: naissance de Marx LDD La suppression des points de desserte serait catastrophique pour le Jura, Neuchâtel et Berne. Résistance aux CJ. Notre analyse. Page 5 Désengagement de CFF Cargo

CCT CFF - 1400 cheminot-e-s dans la rue le 18 juin Mobilisés pour … · 2019-07-25 · 4 contact.sevN° 09/18..... ACTU 28 juin 2018 Les chiffres en hausse des ad-hésions au SEV

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Mutations:Case postale, 3000 Bern 6

AZA 3000 Berne 6Journal PP

N° 09

28 juin2018

tél. 031 357 57 57, fax 031 357 57 58, e-mail: [email protected], Internet: www.sev-online.ch

En Suisse romande, ils et elle étaient500 entre Genève et Lausanne. Ailleurs,le succès était aussi de mise avec 300personnes à Olten, 350 à Zurich ou en-

core 150 à Berne et une centaine à Bel-linzone. Le message envoyé à la direc-tion des CFF est clair. Pas question defaire des économies sur le dos du per-sonnel. Une mobilisation placée sous lesigne de l’offensive: « Le recul social nese négocie pas, il se combat. Les che-minot-e-s mobilisé-e-s pour une bonneCCT». Tel était le message principal

adressé à la direction des CFF.Sur des cartes postales accrochées àdes ballons parties rejoindre un An-dreas Meyer sur une autre planète, onpouvait justement lire que les revendi-cations des CFF ne sont que mépris àl’égard du personnel. Comme le CEOdes CFF est actuellement en congé sab-batique et intatteignable, peut-être que

l’un ou l’autre de ces messages lui par-viendra-t-il, a-t-on ironisé du côté desmanifestants.La symbolique était claire, rappeler àune direction qui est sur une autre pla-nète qu’elle ne vit pas dans le mêmemonde que ses employé-e-s.

Pages 2 et 3

CCT CFF - 1400 cheminot-e-s dans la rue le 18 juin

Mobilisés pour la CCT!

Quelque 1400 cheminot-e-ssont descendu-e-s dans la ruele 18 juin pour montrer leur at-tachement à leur CCT.

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A Lausanne quelque 400 personnes ont participé à la manifestation mise sur pied par le SEV. Un beau succès.

Interpellations fédéraleet cantonales contre lesgares fantômes

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Points de vente CFF

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Le sociologue Bernard Friotnous explique pourquoi KarlMarx reste très actuel.

Dossier, pages 6 à 8

1818: naissance de Marx LDD

La suppression des points de desserte seraitcatastrophique pour le Jura, Neuchâtel etBerne. Résistance aux CJ. Notre analyse.

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Désengagement de CFF Cargo

Page 2: CCT CFF - 1400 cheminot-e-s dans la rue le 18 juin Mobilisés pour … · 2019-07-25 · 4 contact.sevN° 09/18..... ACTU 28 juin 2018 Les chiffres en hausse des ad-hésions au SEV

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2 ACTU ACTU

........ 2contact.sevN° 09/1828 juin 2018

contact.sevN° 09/1828 juin 2018

«La direction nous dit que lepersonnel coûte trop cher etqu’il a trop de vacances.» Leprésident du SEV, Giorgio Tuti,a posé le décor à Zurich devant350 personnes qui saluent lacombativité du SEV dans cesnégociations.Le propos de Giorgio Tuti inter-vient alors que le CEO des CFF,Andreas Meyer, est inatteign-able, en congé sabbatique.Deux mois offerts par l’entre-prise. Un congé qui passe malchez le personnel alors que ladirection veut sucrer une se-maine de vacances aux em-ployé-e-s dès 60 ans. Pour il-lustrer ce décalage, des ballonsont été lâchés avec des cartespostales «dont le message arri-vera peut-être chez le CEO desCFF», a-t-on ironisé au sein desmembres du SEV.La communication des CFF seveut rassurante: la protectioncontre le licenciement ne seraitpas touchée pour les métiersde monopole. Et pourtant,faut-il rappeler que seuls ceuxet celles qui ont 15 ans d’entre-prise et des niveaux d’exi-gences A à E seraient encoreprotégé-e-s par les desseinspatronaux? «Autrement dit, mé-canos, agents de train, régula-teurs du trafic ou le personnelde la vente pourraient être li-cenciés pour raisons écono-miques», rappelle le secrétairesyndical René Zürcher.A Lausanne, les quelque 400participant-e-s ont assuré qu’ilsne lâcheraient rien, accompa-gnés pour l’occasion de la con-seillère aux Etats vaudoise Gé-raldine Savary qui a appelé aurespect du personnel. La suite?Elle dépend de l’avancée desnégociations. vbo

D’autres photos sur notre sitewww.sev-online.ch; des vidéossur notre page FB.

Le personnel des CFF dans la rue le 18 juin dernier

1400 cheminot-e-s dans la rue pour leur CCTAux quatre coins dupays le personnel desCFF a manifesté sa co-lère face aux attaquesde la direction. Les né-gociations se sont pour-suivies les 26 et 27 juin.

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Femmes à Lausanne. Genève ci-dessus

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«Le recul social ne se négocie pas, il se combat» dit la banderole lausannoise

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Genève

Ballons rouges et gilets SEV à perte de vue, accla-mations, sifflets... notre action de protestation du18 juin (voir ci-contre) a donné un signal clair:nous avons montré que nous n’accepterons aucu-ne détérioration de la CCT CFF / CFF Cargo, quenous sommes prêts à nous battre pour obtenir uneCCT équivalente, que nous sommes tous solidairesafin de conserver de bonnes conditions de travailet un service public de qualité.

Au cours de cette an-née, neuf points devente CFF seront fer-més (cf. Focus page16). Le personnel devente a déjà reçu desinstructions pour aiguiller les clients vers les auto-mates à billets et les canaux de vente numériques.On devra les y habituer, lentement mais sûrement,l’air de rien. Peu à peu, les personnes désertentles gares de notre pays, et les prestations dispa-raissent...

La situation n’est pas meilleure chez CFF Cargo.Des fermetures y sont prévues au changementd’horaire 2018/19. Plusieurs points de dessertesont menacés (cf. page 5). La clientèle saute déjàen marche du coûteux convoi Cargo qui roule toutdroit vers sa voie de garage. Elle préfère s’en re-mettre aujourd’hui à la route... Ici aussi ce sontdes services qui disparaissent. Sans les subventi-ons de l’Etat, on n’y arrive décidément pas.

Les CFF ont reçu un mandat de prestations pour as-surer le service public. Les gares de transbord-ement, les points de vente, l’accompagnement destrains... tout ceci fait partie du service public. Maisce que l’entreprise nous propose actuellement, cene sont que démantèlements, restrictions et dés-humanisation. A la longue, dans les milieux politi-ques aussi une opposition voit le jour contre cetteévolution.

Notre mobilisation du 18 juin dernier a rencontréun vrai succès et l’intérêt médiatique était d’enver-gure, non sans raison. Car au final, les collèguesdes CFF ne se battent pas seulement pour leur CCTmais aussi pour préserver un service public fort!Ceci nous concerne tous.

ÉDITO

«Les cheminotes etcheminots luttentensemble nonseulement pour unebonne CCT mais pourun service public fort et de qualité.» Manuel Avallone, vice-président SEV

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«La direction nous dit que lepersonnel coûte trop cher etqu’il a trop de vacances.» Leprésident du SEV, Giorgio Tuti,a posé le décor à Zurich devant350 personnes qui saluent lacombativité du SEV dans cesnégociations.Le propos de Giorgio Tuti inter-vient alors que le CEO des CFF,Andreas Meyer, est inatteign-able, en congé sabbatique.Deux mois offerts par l’entre-prise. Un congé qui passe malchez le personnel alors que ladirection veut sucrer une se-maine de vacances aux em-ployé-e-s dès 60 ans. Pour il-lustrer ce décalage, des ballonsont été lâchés avec des cartespostales «dont le message arri-vera peut-être chez le CEO desCFF», a-t-on ironisé au sein desmembres du SEV.La communication des CFF seveut rassurante: la protectioncontre le licenciement ne seraitpas touchée pour les métiersde monopole. Et pourtant,faut-il rappeler que seuls ceuxet celles qui ont 15 ans d’entre-prise et des niveaux d’exi-gences A à E seraient encoreprotégé-e-s par les desseinspatronaux? «Autrement dit, mé-canos, agents de train, régula-teurs du trafic ou le personnelde la vente pourraient être li-cenciés pour raisons écono-miques», rappelle le secrétairesyndical René Zürcher.A Lausanne, les quelque 400participant-e-s ont assuré qu’ilsne lâcheraient rien, accompa-gnés pour l’occasion de la con-seillère aux Etats vaudoise Gé-raldine Savary qui a appelé aurespect du personnel. La suite?Elle dépend de l’avancée desnégociations. vbo

D’autres photos sur notre sitewww.sev-online.ch; des vidéossur notre page FB.

Le personnel des CFF dans la rue le 18 juin dernier

1400 cheminot-e-s dans la rue pour leur CCTAux quatre coins dupays le personnel desCFF a manifesté sa co-lère face aux attaquesde la direction. Les né-gociations se sont pour-suivies les 26 et 27 juin.

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Ballons rouges et gilets SEV à perte de vue, accla-mations, sifflets... notre action de protestation du18 juin (voir ci-contre) a donné un signal clair:nous avons montré que nous n’accepterons aucu-ne détérioration de la CCT CFF / CFF Cargo, quenous sommes prêts à nous battre pour obtenir uneCCT équivalente, que nous sommes tous solidairesafin de conserver de bonnes conditions de travailet un service public de qualité.

Au cours de cette an-née, neuf points devente CFF seront fer-més (cf. Focus page16). Le personnel devente a déjà reçu desinstructions pour aiguiller les clients vers les auto-mates à billets et les canaux de vente numériques.On devra les y habituer, lentement mais sûrement,l’air de rien. Peu à peu, les personnes désertentles gares de notre pays, et les prestations dispa-raissent...

La situation n’est pas meilleure chez CFF Cargo.Des fermetures y sont prévues au changementd’horaire 2018/19. Plusieurs points de dessertesont menacés (cf. page 5). La clientèle saute déjàen marche du coûteux convoi Cargo qui roule toutdroit vers sa voie de garage. Elle préfère s’en re-mettre aujourd’hui à la route... Ici aussi ce sontdes services qui disparaissent. Sans les subventi-ons de l’Etat, on n’y arrive décidément pas.

Les CFF ont reçu un mandat de prestations pour as-surer le service public. Les gares de transbord-ement, les points de vente, l’accompagnement destrains... tout ceci fait partie du service public. Maisce que l’entreprise nous propose actuellement, cene sont que démantèlements, restrictions et dés-humanisation. A la longue, dans les milieux politi-ques aussi une opposition voit le jour contre cetteévolution.

Notre mobilisation du 18 juin dernier a rencontréun vrai succès et l’intérêt médiatique était d’enver-gure, non sans raison. Car au final, les collèguesdes CFF ne se battent pas seulement pour leur CCTmais aussi pour préserver un service public fort!Ceci nous concerne tous.

ÉDITO

«Les cheminotes etcheminots luttentensemble nonseulement pour unebonne CCT mais pourun service public fort et de qualité.» Manuel Avallone, vice-président SEV

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4contact.sevN° 09/1828 juin 2018

Les chiffres en hausse des ad-hésions au SEV ont poussé lecomité à prolonger l’action enfaveur des nouveaux membresdes CFF. Ceux-ci ne paient pasleurs trois premiers mois decotisations s’ils adhèrent d’icifin septembre. Un geste qui vi-se à motiver les non syndiquésen cette période de négocia-tions CCT CFF qui sont toujourstrès difficiles (voir l’action me-née le 18 juin, pages 2 et 3).Bien sûr, le comité sait que lagratuité n’est qu’un élémentpermettant de soutenir les ef-forts de renforcement de notre

syndicat. Le positionnementdu SEV dans les pourparlersétant le principal moteur de laprogression du nombre demembres.

Bus longue distance: le SEVa écrit à l’OFT et à EurobusLe comité est aussi revenu surles récentes annonces concer-nant l’arrivée de Flixbus sur lemarché suisse par le biaisd’une collaboration avec Euro-bus qui exploite des lignes debus grandes distances depuisle 10 juin. La vice-présidentedu SEV Barbara Spalingereffec-tue les principales démarchesdu SEV dans ce dossier : «Nousavons écrit deux lettres, la pre-mière à l’Office fédéral destransports (OFT) pour avoir ac-cès aux documents ayant con-duit à l’octroi de la concessionpour les trois nouvelles lignesde bus longue distance. Le but

étant notamment de connaîtrequels sont les usages de labranche qu’Eurobus doit res-pecter. La 2e missive estadressée à la direction d’Euro-bus Swiss Express afin de con-venir d’une rencontre. L’ob-jectif étant de négocier uneconvention collective de tra-vail.»

Organiser le personnel roulantEt pour ceux qui se demandentpourquoi le SEV s’engage danscette voie alors qu’il s’est op-posé sur le principe aux buslongue distance, Giorgio Tuti aexpliqué : «Les concessionssont désormais là. C’est doncnotre rôle d’organiser le per-sonnel roulant et d’en défen-dre les conditions de travail etsalariales. Et ceci aussi dansl’intérêt de toute la branchedes transports publics.»

Vivian Bologna

Comité SEV

Adhésion gratuite prolongée!Trois mois d’adhésionofferts. Cette action derecrutement a été pro-longée jusqu’au 30 sep-tembre par le comité duSEV, comme les négo-ciations CCT CFF.

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Depuis le début des bisbillesautour des concessions ferro-viaires longue distance, le SEVn’a cessé de souligner l’impor-tance de coopérer pour le biende l’ensemble du trafic ferro-viaire suisse. «Nous sommesmaintenant dans une situationd’incertitude. Ce qui aurait puse discuter autour d’une tablepourrait bien terminer devantun tribunal», regrette GiorgioTuti, président du SEV.

Le SEV ne cesse d’affirmer quela concurrence débridée ne fe-rait que des perdants. «L’Officefédéral des transports veutpousser la Suisse à moyen etlong terme dans une logique deconcurrence sans s’appuyer surune décision politique. Il est àcraindre qu’une fragmentationdu trafic longue distance indui-se de nombreux acteurs à neplus vouloir desservir que lesseules lignes rentables. C’estdonc la qualité de l’ensembledu système ferroviaire qui estmise en péril, poursuit GiorgioTuti. Le réseau suisse jouitpourtant d’une excellente répu-tation sur le plan internationalet reçoit les louanges de toutel’Europe.»La décision de l’OFT engendrela reprise de deux lignes par leBLS - qui a annoncé ne pas fairerecours, tandis que les CFF ré-fléchissent à un recours - oùseul le contrôle sporadique est

réalisé. Le transfert de per-sonnel pour fin 2019 demeuredonc restreint pour l’instant.Tout cela pourrait être bien dif-férent si d’autres lignes du tra-fic grande distance - avec ac-compagnement - devaient êtretransférées lors de la prochainemise au concours de conces-sions.«Tous ces transferts ne se fe-ront pas aisément à la satisfac-tion de tous. On peut donc seposer la question si cela faitsens et qui en paye le prix», in-terroge Giorgio Tuti. Et cela vautaussi pour tout le travail admi-nistratif lié aux demandes deconcessions: «Nous exigeonsdonc une absolue transparenceconcernant les coûts de l’ac-tuelle procédure!» Fi/vbo

Grandes lignes

Fuite en avant de l’OFTLe SEV critique fer-mement la décision del’Office fédéral destransports (OFT) du 12juin de diviser le traficferroviaire grandes li-gnes entre les CFF et leBLS. On ouvre ainsi lavoie à une guerre juri-dique qui ne crée qu’in-certitude.

18 000 travailleurs de la cons-truction ont montré samedi 23juin à Zurich qu’ils défendrontleurs droits et leur dignité. Dansun vote, 93,1% d’entre eux sesont prononcés pour la grève siles entrepreneurs ne sont pasprêts à trouver des solutions.Les travailleurs de la construc-tion sont en colère! La Sociétédes entrepreneurs attaque lesconditions de travail et la retraiteà 60 ans. «Celui qui attaque laretraite à 60 ans porte atteinte àla dignité des maçons», a décla-ré Nico Lutz, responsable dusecteur de la construction d’U-nia lors du rassemblement finalsur l’Helvetiaplatz. Les entrepre-neurs exigent un démantè-lement de la retraite anticipée:la retraite à 62 ans ou 30% derente en moins. Avec cela, pluspersonne ne pourrait se permet-

tre une retraite amplement méri-tée à 60 ans après des annéesd’un dur labeur sur les chan-tiers.Les maçons se défendent éga-lement contre le démantè-lement brutal de leur conven-tion collective de travail. Selonles entrepreneurs, les salairesdes travailleurs âgés devaientêtre réduits et leurs délais decongé raccourcis. De plus, ilsdevraient travailler encore pluslongtemps, jusqu’à 50 heurespar semaine avec moins de sa-laire.Malgré une excellente conjonc-ture dans la construction, lesentrepreneurs ont refusé toutehausse générale des salairesces quatre dernières années.Une augmentation de salairede 150 fr. est plus que justifiée.

Unia

Manifestation des maçons le 23 juin

Pas touche à laretraite à 60 ans

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Les annonces de suppression depoints de dessertes par CFF Cargoont marqué l’assemblée généraledes Chemins de fer du Jura (CJ),le 20 juin. Le président du Conseild’administration, MaximeJeanbourquin a parlé de catastro-phe pour l’entreprise. Il faut eneffet rappeler que CFF Cargo veutsupprimer divers points dedesserte dans l’Arc jurasssien :Tavannes (Jura bernois), Glovelieret Porrentruy (Jura), La Chaux-de-Fonds (Neuchâtel). Autant depoints de dessertes qui impactentles activités de transport demarchandises des CJ qui pèsentprès de 1 million de francs dechiffre d’affaires pour elle, voieétroite et voie normales confondu-

es. Le bénéfice sur la voienormale a d’ailleurs été consé-quent (158 000 fr.) notamment enraison de la ligne Porrentruy-Bon-fol, en lien avec la décharge dumême nom. Un bénéfice excepti-onnel qui ne devrait toutefois pasde se répéter sur cette ligne.

Reste donc que les CJ s’activentsur divers fronts pour éviter que lesecteur marchandises ne s’effon-dre en lien avec la stratégie deCFF Cargo, comme l’a expliquéson directeur Frédéric Bolliger:«Nous travaillons sur tous lesfronts, afin de faire pression avecnos clients et les cantonscommanditaires Jura, Berne etNeuchâtel pour que la décision deCFF Cargo soit reportée. Nous

réfléchissons aussi à uneéventuelle reprise des activités deCFF Cargo par les CJ. Nous leferons si les coûts sont couverts.Nous venons aussi de décider dulancement d’une étude d’évoluti-on du transport de marchandisesdans la région.»

En conclusion, le président ainvité les actionnaires à parlerautour d’eux des risques que faitpeser la stratégie de CFF Cargosur les CJ et qu’ils exercent lanécessaire pression politique.

De son côté, le secrétaire syndicalSEV Jean-Pierre Etique salue larésistance affichée aux CJ et enappelle à l’étude approfondie desréponses de CFF Cargo. «Le trafic

des wagons isolés est abandonnépar CFF Cargo qui ne veut faireque des trains blocs, sans qu’onsache exactement ce que celaimplique. Cette stratégie d’aban-don du secteur est un démantèl-ement qui sera catastrophique sielle se confirme. La volontépopulaire est bafouée car au lieude transférer les marchandises dela route au rail, on va assister àune recrudescence des camionssur les routes de l’Arc jurassien»,met en garde Jean-Pierre Etique.Les CJ ont transporté quelque 92000 tonnes nettes de marchandi-ses en 2017 sur la voie étroite,soit l’équivalent de 3000 cami-ons…

Vivian Bologna

«Le désengagement de CFF Cargo serait une catastrophe pour les Chemins de fer du Jura»

Markus Jenni, responsable ducentre de recyclage Avag, affir-me que renoncer au rail permetd’éviter de transborder lesmarchandises à deux reprisessur une distance relativementcourte, ce qui était insensé,surtout en matière de prix etpas forcément écologique. Tou-tefois, on peut se demanderpourquoi CFF Cargo et Avagn’ont pas trouvé de terraind’entente. Ont-ils vraimentcherché une solution? Est-ceque l’octroi de subventions au-rait pu sauver le transport fer-roviaire?

Le sel continue à voyager par lerail - mais jusqu’à quand?Les salines de Suisse sont éga-lement touchées par la ferme-ture des points de desserte del’Oberland. Le responsable lo-gistique Jörg Dietiker expliqueque les 60-70 wagons-silo Ucspar année qui transportaient

chacun 25 tonnes de sel à dé-geler, autrefois par InterlakenOst, passeront dorénavant parle point de desserte de Thou-ne. Il n’a pas encore été décidési les quelques 12 wagonstransitant par Emmenmatt parannée pour Grünenmatt et ap-proximativement 14 wagonspour Schüpbach vont êtremaintenus par le rail. La sup-pression du point de dessertede La Chaux-de-Fonds affecteégalement les salines: «Delé-mont n’offre malheureusementpas d’alternative valable vuque c’est trop éloigné», regret-te Jörg Dietiker. C’est pourquoi80-90 wagons par année se-ront transportés à l’avenir parcamion.On peut également se deman-der si les salines resteront fi-dèles au rail quand les wa-

gons-silo Ucs devront êtreadaptés aux mesures antibruitdans deux ans. Pour les rem-placer, on peut avoir recoursaux conteneurs roulantsd’ACTS. «Le rail devient tou-jours plus cher, mais pas letransport par camions», relèveJörg Dietiker. «Pour cette rai-son, la suppression de cespoints de desserte ne nous pé-nalise pas vraiment sur le planéconomique. Cependant, d’unpoint de vue écologique, nousaimerions poursuivre avec lerail.»Toutefois, en rallongeant le tra-jet entre la gare et les clients,ceux-ci vont finalement quandmême opter pour le transportpar la route. Ceci avec pourconséquence que les marchan-dises seront entièrementtransportées par camion,

comme c’est le cas pour le selà La Chaux-de-Fonds.

La filière du bois inquièteMarkus Brunner, directeur deForêtSuisse, l’Association despropriétaires forestiers, necache pas son inquiétude de-vant la fermeture, prévue fin2018, des gares de charge-ment pour marchandises lon-gues (comme le bois) dans leJura. Selon une liste qu’il asous les yeux, La Chaux-de-Fonds et Le Locle (Col-des-Ro-ches) sont concernés. Porrent-ruy et Alle ne seront desservisque ponctuellement, d’ententeavec le client. Glovelier reste,semble-t-il, (encore) ouvert,mais une deuxième analyse esten cours qui laisse entrevoird’autres fermetures. Toujoursselon cette liste, trois gares de

chargement des Chemins defer du Jura (CJ) seront égale-ment fermées: Le Noirmont,Les Breuleux et Les Reussilles.«Ces fermetures obligent lesclients à effectuer des trajetsde plus en plus longs pouracheminer ou retirer des mar-chandises dans les gares, cequi rend le transport par rail demoins en moins attractif», dé-plore Markus Brunner. Il criti-que également le fait qu’il y aitdéjà aujourd’hui trop peu depossibilités de chargementdans l’Oberland bernois, l’Em-mental, les Alpes et Préalpesfribourgeoises, ainsi que dansles cantons d’Obwald et deNidwald. A un point tel quedans ces régions riches en ré-sineux, les camions doivent ef-fectuer jusqu’à 50 km ou pluspour charger les troncs sur letrain.En rallongeant ainsi le trajetentre la gare et les clients,ceux-ci vont quand même op-ter pour le transport par la rou-te. Ceci avec pour conséquen-ce que les marchandisesseront entièrement transpor-tées par camion, comme c’estle cas pour le sel à La Chaux-de-Fonds. Markus Fischer-vbo

Des points de desserte supprimés par CFF Cargo

Les marchandises du rail vers la routeDès le changementd’horaire 2018/2019,CFF Cargo va fermerdeux points de dessertedans l’Oberland bernoiset onze au Jura. Quellesconséquences pour lesclients?

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CFF Cargo annonce qu’il adésormais analysé 14 pointsde desserte dans l’Oberlandbernois. Dans la régionjurassienne, 16 points dedesserte ont été passés aupeigne fin, dont deux dans lecanton de Neuchâtel et 14dans le canton du Jura, oùCFF Cargo souhaite « con-centrer son offre régulièresur le point de desserte deDelémont ». CFF Cargo écritencore que, même s’il nesubsistait finalement quecinq points de desserte surles 16 qui ont fait l’objetd’une analyse dans le Jura,80% du volume de transportpar le rail pourraient tout demême être maintenus.

INFOS

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contact.sevN° 09/1828 juin 2018

Pourquoi Karl Marxest plus pertinentque jamais ». Dans la

bouche d’un marxiste l’affirma-tion pourrait faire sourire. Enl’occurrence elle vient de l’his-torien Adam Tooze dans un ar-ticle qu’il a publié sous ce titredans le Financial Times, la bi-ble des banquiers de la Citydans son édition du 4 maidernier, la veille du bicente-naire de la naissance de Marx.La crise des subprimes en2007 qui a vu le système fi-

« nancier friser la banquerouteexplique sans doute ce retouren force et en légitimité deMarx comme penseur descrises et des inégalités. Lequotidien économique britan-nique avait déjà attribué en2014 son prix du meilleur li-vre économique de l’année aubest-seller Le Capital au XXIesiècle de l’économiste fran-çais Thomas Piketty qui retra-ce et documente l’histoire desinégalités entre les ultra-ri-ches et le reste de la popula-

tion. Un livre dont le titre estbien sûr un clin d’œil appuyéà l’ouvrage le plus connu deMarx, Le Capital.

Penser avec et après Marx ?Le bicentenaire de la nais-sance de Karl Marx est l’occa-sion de commémorer ce pen-seur radical, mais surtout deréfléchir à l’actualité et à lapertinence de sa réflexionpour comprendre notreépoque où la mondialisationsemble triomphante. Les écritsde Marx sont bien sûr for-tement marqués par ce XIXesiècle où l’Etat social est en-core balbutiant et qui voit l’ap-parition du prolétariat et sonorganisation en classe sociale.Sa pensée économique, socia-le et révolutionnaire permet-elle encore de comprendre lescontradictions du capitalismemondialisé du 21ème siècle etde trouver des pistes pour ledépasser ? Peut-on encorepenser avec et après Marx ?C’était précisément l’objet detrois journées « Marx 2018 »organisées début mai par leGroupe vaudois de Philoso-phie à la Maison de Quartiersous-gare à Lausanne.En ouverture de ces journées,Bernard Friot, économiste dutravail, professeur émérite desociologie à l’Université ParisNanterre et auteur d’Eman-ciper le travail, a proposé une

lecture de Marx assez dé-capante. Avec Marx, il remeten cause l’idée que le capita-lisme est un horizon indé-passable. La bourgeoisien’est pas la seule classe so-ciale organisée. Le rôle de lapensée critique ne peut passe limiter à se solidariser avecles victimes générées par uncapitalisme mondialisé qu’onpeut critiquer mais pas remet-tre en question. Au nom deMarx, Friot récuse cette pos-ture des sciences sociales cri-tiques qui s’empêchent depenser l’alternative.

Friot nous demande dechanger notre regard sur leprésent : le passage du capi-talisme vers le mode de pro-duction qui le remplace, lecommunisme, est déjà entrain de s’opérer. Il rappelle ladéfinition qu’en donnent KarlMarx et Friedrich Engels dansleur ouvrage L’idéologie alle-mande : « le communismec’est le mouvement réel quiabolit l’état de chose actuel.»«Le mouvement par lequel lecommunisme se substitue aucapitalisme dans nos sociétésest déjà là ! » insiste Friot.

Marx, penseur de lacontradictionA l’heure où l’on pense que lenéolibéralisme est en train detout balayer sur la planète, laproposition surprend. Elledonne aussi de l’espoir. « Da-vantage qu’un penseur de ladomination, insiste-t-il, Marxest un penseur de la contra-diction, ce qui permet depenser le changement, une al-ternative au capitalisme. C’estpenser qu’il y a une lutte en-tre deux classes conscientesde leurs intérêts et en capa-cité de les faire prévaloir et

non une seule qui domine.Penser avec Marx, ce n’estplus être solidaire avec lesvictimes mais être à l’école devainqueurs, c’est observer lecommunisme en train de seconstruire et de voir qu’il y aun sujet social en capacitéd’imposer une alternative aucapitalisme. C’est l’intérêtinouï de la lecture de Marx. Ilnous ouvre en permanence lepossible révolutionnaire.»

La maîtrise du travailLa contradiction fondamenta-le au cœur du capitalisme

porte selon Marx sur le tra-vail en tant que producteurde valeur économique. Le ca-pitalisme est en position dedéfinir ce qu’est le travail etce qui ne l’est pas et doncquel type d’activité a de la va-leur ou non. Deux classes sebattent pour cela. Friot pré-cise que « ce n’est pas l’ar-gent qui est au cœur de lacontradiction, mais bien letravail. La bourgeoisie n’estpas la classe dominante parcequ’elle domine l’argent maisparce qu’elle décide ce qui estdu travail ou non. Elle tire sonpouvoir de la maîtrise du tra-vail et de sa capacité à l’ex-ploiter. Son pouvoir sur l’ar-gent en découle.La bourgeoisie, qui est laclasse révolutionnaire qui aréussi, n’a pas taxé l’aristo-cratie. Mais elle lui a dit ‹Je netravaille plus pour toi. Jechange la définition et la prati-que du travail›. C’est ça la ré-volution ! ».Faire la révolution, ce n’estdonc pas changer le régimepolitique. Faire la révolutionc’est changer le mode de pro-duction, c’est-à-dire changerle régime de propriété de l’ou-til de travail et changer le sta-tut du producteur. C’est cequ’a fait la bourgeoisie entrele 14e et le 18e siècle. PourFriot la révolution peut pren-dre quelques siècles. En cesens, la révolution françaisen’est que la cerise sur le gâ-teau d’un long processus detransformation économiquesur cinq siècles. L’URSS apayé cher ce renversementdes priorités.

Le salaire, institutioncommunistePas de Grand Soir ou de Prisedu Palais d’hiver chez Friot.L’idée, c’est plutôt de pour-suivre et développer toutesles institutions qui ne sontpas au service de la mise envaleur du capital à com-mencer par les services pu-blics et le système de retraite.Le capital dépossède les tra-vailleurs de toute décision surleur propre production. Quiproduit ce qui est produit, où,comment relèvent des seulesdécisions du capital.Plus on sort d’une organisa-tion de la production penséevers la maximisation du pro-fit, plus on retrouvera une

souveraineté populaire sur laproduction. Et donc la maî-trise sur le travail. Cela a déjàcommencé à la fin du XIXesiècle quand les premièresluttes syndicales ont permisaux travailleurs de sortir desaléas de la sous-traitance enobtenant le contrat de travailqui a institutionnalisé le salai-re, « une véritable institutioncommuniste » pour Friot.Le communisme n’est pas unechimère mais quelque chosequi existe déjà dans les con-tradictions du capitalisme. Larévolution communiste du tra-vail n’est pas à inventer, àconstruire de toutes pièces.Au début du XXe siècle et enparticulier au sortir de la 2eguerre mondiale, les basesont été posées et on peuts’appuyer dessus.En Suisse, la populaire AVS apu voir le jour et sa dimensionclairement sociale lui vautd’être toujours la cible de ladroite et des assureurs. Du-rant des années, PTT et CFFont été des services publicsau service de la population etnon soumis à des logiques derentabilité. C’est cette dyna-mique perdue qu’il faut re-trouver pour Friot. Pour lui, ilfaut donc sortir le travail desgriffes du Capital en prolon-geant ce qui a été créé par lemouvement ouvrier au XXesiècle avec le salaire à vie, lapropriété d’usage des entre-prises et la subvention de l’in-vestissement.

Sortir du chantage à l’emploiEn France, au sortir de laguerre et dans une période deconquêtes sociales, le Particommuniste et la CGT ont étéen mesure d’imposer le statutde la fonction publique (LoiThorez d’octobre 1946) et lerégime général de Sécurité so-ciale sous l’impulsion d’Am-broise Croizat qui organise ledroit au salaire des parents(les allocations familiales) etdes retraités. C’est une ba-taille pour que soit reconnu letravail qui n’est pas effectuédans la sphère capitaliste dumarché du travail.La fonction publique sort lesfonctionnaires des aléas dumarché du travail. Ils n’ont pasd’employeur qui peut les licen-cier. C’est du salaire qui estsorti du cadre du marché del’emploi. « Là, nous sommes

dans le communisme, nous ditFriot. Le travailleur devient ti-tulaire de son salaire. Ce n’estplus un individu sur le marché.C’est fini. D’où la haine declasse de la bourgeoisie con-tre la Fonction publique. L’ob-session de la classe dirigeantec’est de garder le pouvoir surle travail, pas sur l’argent. »Voilà qui éclaire la bataille ac-tuelle en France pour le statutdes cheminots, centrale pourle devenir du droit au salaire.Le week-end lausannois amontré la richesse et l’actua-lité de l’analyse de Marx pourcomprendre le capitalisme etses contradictions et poserdes jalons pour le dépasser.Ils ont montré l’importance desortir les services publics de lalogique du profit et d’étendrele statut de la fonction pu-blique plutôt que de faciliterles licenciements comme leveulent les CFF.

Yves Sancey

200e anniversaire de la naissance de Karl Marx

Marx, penseur capital pour le 21e siècleIl y a 200 ans, le 5 mai 1818, naissait Karl Marx qui allait bouleverser la pensée philosophique et socia-le de son temps. S’il a incontestablement marqué l’histoire des XIXe et XXe siècles, que reste-t-il aujour-d’hui de l’auteur du «Capital» ? Pour le sociologue Bernard Friot, sa pensée reste bien actuelle.

«L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvredes travailleurs eux-mêmes.»

Statuts provisoires de l’Association Internationale des travailleurs,

rédigés par Karl Marx en octobre 1864

Raph

aël S

chne

ider

Pour le sociologue Bernard Friot, Marx garde toute son actualité.

LDD

Karl Marx

Wik

iped

ia /

CC

Karl Marx en 1875. Il a alors 57 ans. «Ses écrits ouvrent le possible révolutionnaire» dit Friot.

«La bourgeoisie n’est pas la classe dominante parcequ’elle domine l’argent mais parce qu’elle décide ce

qui est du travail ou non. Elle tire son pouvoir de lamaîtrise du travail et de sa capacité à l’exploiter »

Bernard Friot, économiste et sociologue

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Karl Marx [1818-1883] naît le 5mai 1818 à Trèves (Prusse). Aprèsdes études (Bonn et Berlin), ilobtient, en 1841, un doctorat enphilosophie à l’Université de Iéna.Journaliste engagé, à la Rheini-sche Zeitung, il fuit la censureprussienne qui interdit lapublication en 1843. La mêmeannée, il se marie avec Jennyvon Westphalen après cinq ansde relation épistolaire. Commen-ce un périple européen – etautant d’expulsions – entreParis, Bruxelles et Cologne. En1848, il publie avec FriedrichEngels le Manifeste du Particommuniste. « L’histoire de toutesociété jusqu’à nos jours n’a étéque l’histoire de luttes declasses », y écrivent-ils. En 1849,Marx s’installe à Londres. De sonmariage à sa mort, les revenus deMarx ne seront que rarement

suffisants pour faire vivre unefamille de trois enfants, et mêmequatre par moments. Les annéesbruxelloises et londoniennes sontparticulièrement dures.

Son ouvrage majeur est « LeCapital » auquel il a consacré plusde 20 ans de sa vie. Il est connupour sa conception matérialistede l’histoire, où l’économie joueun rôle central, et sa descriptiondes rouages du capitalisme. Dansson analyse, la plus-value,extorquée au travailleur par lebiais de l’achat de sa force detravail, est réintroduite dans laproduction pour alimenterl’accumulation du capital. Marxest connu pour son activitérévolutionnaire au sein dumouvement ouvrier. Il a ainsiparticipé à l’Association interna-tionale des travailleurs (AIT). Ilmeurt à Londres en 1883. ysa

Bio Marx express

DOSSIER DOSSIER

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Pourquoi Karl Marxest plus pertinentque jamais ». Dans la

bouche d’un marxiste l’affirma-tion pourrait faire sourire. Enl’occurrence elle vient de l’his-torien Adam Tooze dans un ar-ticle qu’il a publié sous ce titredans le Financial Times, la bi-ble des banquiers de la Citydans son édition du 4 maidernier, la veille du bicente-naire de la naissance de Marx.La crise des subprimes en2007 qui a vu le système fi-

« nancier friser la banquerouteexplique sans doute ce retouren force et en légitimité deMarx comme penseur descrises et des inégalités. Lequotidien économique britan-nique avait déjà attribué en2014 son prix du meilleur li-vre économique de l’année aubest-seller Le Capital au XXIesiècle de l’économiste fran-çais Thomas Piketty qui retra-ce et documente l’histoire desinégalités entre les ultra-ri-ches et le reste de la popula-

tion. Un livre dont le titre estbien sûr un clin d’œil appuyéà l’ouvrage le plus connu deMarx, Le Capital.

Penser avec et après Marx ?Le bicentenaire de la nais-sance de Karl Marx est l’occa-sion de commémorer ce pen-seur radical, mais surtout deréfléchir à l’actualité et à lapertinence de sa réflexionpour comprendre notreépoque où la mondialisationsemble triomphante. Les écritsde Marx sont bien sûr for-tement marqués par ce XIXesiècle où l’Etat social est en-core balbutiant et qui voit l’ap-parition du prolétariat et sonorganisation en classe sociale.Sa pensée économique, socia-le et révolutionnaire permet-elle encore de comprendre lescontradictions du capitalismemondialisé du 21ème siècle etde trouver des pistes pour ledépasser ? Peut-on encorepenser avec et après Marx ?C’était précisément l’objet detrois journées « Marx 2018 »organisées début mai par leGroupe vaudois de Philoso-phie à la Maison de Quartiersous-gare à Lausanne.En ouverture de ces journées,Bernard Friot, économiste dutravail, professeur émérite desociologie à l’Université ParisNanterre et auteur d’Eman-ciper le travail, a proposé une

lecture de Marx assez dé-capante. Avec Marx, il remeten cause l’idée que le capita-lisme est un horizon indé-passable. La bourgeoisien’est pas la seule classe so-ciale organisée. Le rôle de lapensée critique ne peut passe limiter à se solidariser avecles victimes générées par uncapitalisme mondialisé qu’onpeut critiquer mais pas remet-tre en question. Au nom deMarx, Friot récuse cette pos-ture des sciences sociales cri-tiques qui s’empêchent depenser l’alternative.

Friot nous demande dechanger notre regard sur leprésent : le passage du capi-talisme vers le mode de pro-duction qui le remplace, lecommunisme, est déjà entrain de s’opérer. Il rappelle ladéfinition qu’en donnent KarlMarx et Friedrich Engels dansleur ouvrage L’idéologie alle-mande : « le communismec’est le mouvement réel quiabolit l’état de chose actuel.»«Le mouvement par lequel lecommunisme se substitue aucapitalisme dans nos sociétésest déjà là ! » insiste Friot.

Marx, penseur de lacontradictionA l’heure où l’on pense que lenéolibéralisme est en train detout balayer sur la planète, laproposition surprend. Elledonne aussi de l’espoir. « Da-vantage qu’un penseur de ladomination, insiste-t-il, Marxest un penseur de la contra-diction, ce qui permet depenser le changement, une al-ternative au capitalisme. C’estpenser qu’il y a une lutte en-tre deux classes conscientesde leurs intérêts et en capa-cité de les faire prévaloir et

non une seule qui domine.Penser avec Marx, ce n’estplus être solidaire avec lesvictimes mais être à l’école devainqueurs, c’est observer lecommunisme en train de seconstruire et de voir qu’il y aun sujet social en capacitéd’imposer une alternative aucapitalisme. C’est l’intérêtinouï de la lecture de Marx. Ilnous ouvre en permanence lepossible révolutionnaire.»

La maîtrise du travailLa contradiction fondamenta-le au cœur du capitalisme

porte selon Marx sur le tra-vail en tant que producteurde valeur économique. Le ca-pitalisme est en position dedéfinir ce qu’est le travail etce qui ne l’est pas et doncquel type d’activité a de la va-leur ou non. Deux classes sebattent pour cela. Friot pré-cise que « ce n’est pas l’ar-gent qui est au cœur de lacontradiction, mais bien letravail. La bourgeoisie n’estpas la classe dominante parcequ’elle domine l’argent maisparce qu’elle décide ce qui estdu travail ou non. Elle tire sonpouvoir de la maîtrise du tra-vail et de sa capacité à l’ex-ploiter. Son pouvoir sur l’ar-gent en découle.La bourgeoisie, qui est laclasse révolutionnaire qui aréussi, n’a pas taxé l’aristo-cratie. Mais elle lui a dit ‹Je netravaille plus pour toi. Jechange la définition et la prati-que du travail›. C’est ça la ré-volution ! ».Faire la révolution, ce n’estdonc pas changer le régimepolitique. Faire la révolutionc’est changer le mode de pro-duction, c’est-à-dire changerle régime de propriété de l’ou-til de travail et changer le sta-tut du producteur. C’est cequ’a fait la bourgeoisie entrele 14e et le 18e siècle. PourFriot la révolution peut pren-dre quelques siècles. En cesens, la révolution françaisen’est que la cerise sur le gâ-teau d’un long processus detransformation économiquesur cinq siècles. L’URSS apayé cher ce renversementdes priorités.

Le salaire, institutioncommunistePas de Grand Soir ou de Prisedu Palais d’hiver chez Friot.L’idée, c’est plutôt de pour-suivre et développer toutesles institutions qui ne sontpas au service de la mise envaleur du capital à com-mencer par les services pu-blics et le système de retraite.Le capital dépossède les tra-vailleurs de toute décision surleur propre production. Quiproduit ce qui est produit, où,comment relèvent des seulesdécisions du capital.Plus on sort d’une organisa-tion de la production penséevers la maximisation du pro-fit, plus on retrouvera une

souveraineté populaire sur laproduction. Et donc la maî-trise sur le travail. Cela a déjàcommencé à la fin du XIXesiècle quand les premièresluttes syndicales ont permisaux travailleurs de sortir desaléas de la sous-traitance enobtenant le contrat de travailqui a institutionnalisé le salai-re, « une véritable institutioncommuniste » pour Friot.Le communisme n’est pas unechimère mais quelque chosequi existe déjà dans les con-tradictions du capitalisme. Larévolution communiste du tra-vail n’est pas à inventer, àconstruire de toutes pièces.Au début du XXe siècle et enparticulier au sortir de la 2eguerre mondiale, les basesont été posées et on peuts’appuyer dessus.En Suisse, la populaire AVS apu voir le jour et sa dimensionclairement sociale lui vautd’être toujours la cible de ladroite et des assureurs. Du-rant des années, PTT et CFFont été des services publicsau service de la population etnon soumis à des logiques derentabilité. C’est cette dyna-mique perdue qu’il faut re-trouver pour Friot. Pour lui, ilfaut donc sortir le travail desgriffes du Capital en prolon-geant ce qui a été créé par lemouvement ouvrier au XXesiècle avec le salaire à vie, lapropriété d’usage des entre-prises et la subvention de l’in-vestissement.

Sortir du chantage à l’emploiEn France, au sortir de laguerre et dans une période deconquêtes sociales, le Particommuniste et la CGT ont étéen mesure d’imposer le statutde la fonction publique (LoiThorez d’octobre 1946) et lerégime général de Sécurité so-ciale sous l’impulsion d’Am-broise Croizat qui organise ledroit au salaire des parents(les allocations familiales) etdes retraités. C’est une ba-taille pour que soit reconnu letravail qui n’est pas effectuédans la sphère capitaliste dumarché du travail.La fonction publique sort lesfonctionnaires des aléas dumarché du travail. Ils n’ont pasd’employeur qui peut les licen-cier. C’est du salaire qui estsorti du cadre du marché del’emploi. « Là, nous sommes

dans le communisme, nous ditFriot. Le travailleur devient ti-tulaire de son salaire. Ce n’estplus un individu sur le marché.C’est fini. D’où la haine declasse de la bourgeoisie con-tre la Fonction publique. L’ob-session de la classe dirigeantec’est de garder le pouvoir surle travail, pas sur l’argent. »Voilà qui éclaire la bataille ac-tuelle en France pour le statutdes cheminots, centrale pourle devenir du droit au salaire.Le week-end lausannois amontré la richesse et l’actua-lité de l’analyse de Marx pourcomprendre le capitalisme etses contradictions et poserdes jalons pour le dépasser.Ils ont montré l’importance desortir les services publics de lalogique du profit et d’étendrele statut de la fonction pu-blique plutôt que de faciliterles licenciements comme leveulent les CFF.

Yves Sancey

200e anniversaire de la naissance de Karl Marx

Marx, penseur capital pour le 21e siècleIl y a 200 ans, le 5 mai 1818, naissait Karl Marx qui allait bouleverser la pensée philosophique et socia-le de son temps. S’il a incontestablement marqué l’histoire des XIXe et XXe siècles, que reste-t-il aujour-d’hui de l’auteur du «Capital» ? Pour le sociologue Bernard Friot, sa pensée reste bien actuelle.

«L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvredes travailleurs eux-mêmes.»

Statuts provisoires de l’Association Internationale des travailleurs,

rédigés par Karl Marx en octobre 1864

Raph

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Pour le sociologue Bernard Friot, Marx garde toute son actualité.

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Karl Marx

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Karl Marx en 1875. Il a alors 57 ans. «Ses écrits ouvrent le possible révolutionnaire» dit Friot.

«La bourgeoisie n’est pas la classe dominante parcequ’elle domine l’argent mais parce qu’elle décide ce

qui est du travail ou non. Elle tire son pouvoir de lamaîtrise du travail et de sa capacité à l’exploiter »

Bernard Friot, économiste et sociologue

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Karl Marx [1818-1883] naît le 5mai 1818 à Trèves (Prusse). Aprèsdes études (Bonn et Berlin), ilobtient, en 1841, un doctorat enphilosophie à l’Université de Iéna.Journaliste engagé, à la Rheini-sche Zeitung, il fuit la censureprussienne qui interdit lapublication en 1843. La mêmeannée, il se marie avec Jennyvon Westphalen après cinq ansde relation épistolaire. Commen-ce un périple européen – etautant d’expulsions – entreParis, Bruxelles et Cologne. En1848, il publie avec FriedrichEngels le Manifeste du Particommuniste. « L’histoire de toutesociété jusqu’à nos jours n’a étéque l’histoire de luttes declasses », y écrivent-ils. En 1849,Marx s’installe à Londres. De sonmariage à sa mort, les revenus deMarx ne seront que rarement

suffisants pour faire vivre unefamille de trois enfants, et mêmequatre par moments. Les annéesbruxelloises et londoniennes sontparticulièrement dures.

Son ouvrage majeur est « LeCapital » auquel il a consacré plusde 20 ans de sa vie. Il est connupour sa conception matérialistede l’histoire, où l’économie joueun rôle central, et sa descriptiondes rouages du capitalisme. Dansson analyse, la plus-value,extorquée au travailleur par lebiais de l’achat de sa force detravail, est réintroduite dans laproduction pour alimenterl’accumulation du capital. Marxest connu pour son activitérévolutionnaire au sein dumouvement ouvrier. Il a ainsiparticipé à l’Association interna-tionale des travailleurs (AIT). Ilmeurt à Londres en 1883. ysa

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Page 6: CCT CFF - 1400 cheminot-e-s dans la rue le 18 juin Mobilisés pour … · 2019-07-25 · 4 contact.sevN° 09/18..... ACTU 28 juin 2018 Les chiffres en hausse des ad-hésions au SEV

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8contact.sevN° 09/1828 juin 2018

Le fil directeur de l’analyse deMarx est que « la base [du mo-de de production capitaliste]est constituée par le marchémondial lui-même » (Le Capi-tal, Livre trois). Marx avait rai-son. Son intuition a été ex-ploitée par nombre dethéoriciens et de pratiquantsde l’impérialisme économi-que. La globalisation du mar-ché, imposée par les améri-cains et actuellement freinéepar eux au vu des ravages oc-casionnés, s’est basée surdes éléments tels que la liber-té des biens et la liberté ducapital.Le président du grand groupehelvetico-suédois ABB (AseaBrown Boveri) a défini la mon-dialisation en ces termes : « Je[la] définirais comme la liber-té pour mon groupe d’investiroù il veut, le temps qu’il veut,pour produire ce qu’il veut, ens’approvisionnant et en ven-dant où il veut, et en ayant àsupporter le moins de con-traintes possible en matièrede droit du travail et de con-ventions sociales. » (cité parJean Ziegler dans Les nou-veaux maîtres du monde etceux qui leur résistent). Sincè-re, complet.

C’est ce que prédisait Marx, etc’est arrivé. La conséquencela plus troublante est la tran-sformation en marchandisesde tout ce qui ne l’était pasencore ou qui ne devait pasl’être, comme les services pu-blics ou la protection sociale.Et surtout le travail. Cela im-plique également de minimi-ser ou de mettre à la chargedes finances publiques la partdes salaires socialisés (chô-mage, invalidité, assurancemaladie ou maternité). Celapermet au Capital de spéculeret s’enrichir sur les fruits dutravail en mettant sur le mar-ché l’épargne des travailleurs,les pensions (capital-vieilles-se) ou la santé (assurancesprivées). Pour Marx, les pro-grès de la productivité au-

raient dû permettre que le tra-vail ne soit plus une marchan-dise et que l’arithmétique desbesoins sociaux se substitueà celle du profit (c’est la per-spective qui ressort du Capi-tal). Pourtant cela ne s’est paspassé ainsi.

Un système injuste et instableMarx a démontré que le capi-talisme est un système injuste(exploitation) et instable (suc-cession de crises). Au-delàd’un certain point, ce systèmedevient irrationnel précisé-ment à cause du succès quelui apporte sa propre efficaci-té. On pourrait résumer sonanalyse en ces mots: la criseest certaine mais la catastro-phe ne l’est pas. Les astucesque propose le capitalisme ou

qui s’imposent à lui ne com-pensent jamais durablementla nature déséquilibrée etcontradictoire de son dysfon-ctionnement: on en a un ex-emple évident avec la derniè-re crise, qui n’est pas encorerésolue que la prochaine seprépare déjà.La succession de crises nedonne pas l’impression quenous soyons à la fin du capita-lisme, même si cette fin estannoncée. Il revient à la viesous forme anti-démocratique(guerres, fascisme), cela arri-ve encore de nos jours. Il seprésente sous une forme en-core pire que les dernières dé-cennies (revirement néolibe-ral, démantèlement desacquis sociaux, privatisationgalopante des marchés).

Besoins sociaux ou profitsLes outils de Marx sont tou-jours utiles. Sa critique de l’é-co-nomie politique évoque lapossibilité d’un autre calculéconomique: l’humanité de-vrait tendre à maximiser, collec-tivement, son bien-être au lieude se jeter à corps perdu dansla maximisation privée du pro-fit. Mais n’est pas justement leproblème actuel ? Le capitali-sme, au nom de la liberté tota-le, s’oppose à la notion de be-soins sociaux. Que faire ?Gardons précieusement lesidées de Marx, ça peut servir.

Silvano Toppi, economiste

Article repris du journal tessi-nois de Unia «Area». Voir aussinotre dossier Marx, pp. 6-7.

Il y a 200 ans naissait Karl Marx

Les outils précieux de Marx« Je suis convaincu quela pensée de Marx n’estpas uniquement vivantedans les esprits maisque ce millénaire va luidonner l’occasion des’affirmer vraiment »écrivait dans «Area»Franco Cavalli, médecinet politicien tessinois.En résumé, Marx avaitet aura raison.

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Karl Marx, économiste et philosophe allemand, a prédit le capitalisme mondialisé mais aussi une humanité basée sur les besoins sociaux.

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9POLITIQUE SYNDICALEcontact.sevN° 09/1828 juin 2018

Les transports dépassent lesfrontières, en conséquence lesemployés des transports ontdes problèmes d’envergure in-ternationale. Le temps est ve-nu pour les syndicats destransports de hausse le ton auniveau européen car les loiseuropéennes influencent beau-coup les conditions de travail,et les prochaines élections eu-ropéennes se dérouleront dansmoins d’une année.Pour cette raison, la Fédérationeuropéenne des travailleursdes transports (ETF), qui estl’organisation faîtière des syn-dicats des transports euro-péens à laquelle appartientégalement le SEV, a mis surpied la campagne «Fair Trans-port For Europe».En 2016, sous le même nom,des milliers de signatures ontété récoltées dans plusieurspays. Dans cette nouvelle pha-se qui représente la deuxièmeétape, l’ETF appelle ses syndi-cats membres à s’activer pourlutter ensemble.

Protestations, événements etactivités originales sont pré-vues dans toute l’Europe. Ain-si les syndicats ancrés locale-ment pourront s’engager enunissant leurs forces en faveurde ces revendications. Les po-liticiens et les employeursdevront montrer leur volontéde faire cesser le dumping so-cial dans la branche des trans-ports.

«On va nous entendre!»Eduardo Chagas, secrétairegénéral ETF, se réjouit de cedéferlement d’actions syndi-cales: «Nous savons que toutse joue au niveau européen ence qui concerne les affaires etla politique. Les employés doi-vent être solidaires au-delàdes limites de leur pays afinde se protéger contre l’exploi-tation. Je me réjouis du totalengagement des syndicatsmembres de l’ETF durant cetteannée qui vivra son paroxys-me lors d’une énorme semai-ne d’actions coordonnées auprintemps 2019. De Bruxellesà Budapest, de Lisbonne àLjubljana, on va nous enten-dre!»Le président de l’ETF FrankMoreels voit aussi la recettedu succès de cette campagnedans la manière de se faire en-tendre et de s’afficher: «Lesgrèves et les protestationssont les armes les plus im-portantes d’un syndicat maisles manifestations internatio-nales sont difficiles à organi-ser. Cependant avec beaucoupde petites actions qui se dé-rouleront avec les mêmesimages et les mêmes slogans,nous pouvons montrer quenous avons tous une visioncommune de notre travail etnotre branche. Nous pouvonsainsi montrer au monde entiernotre force effective!»

ETF / kt

Pour de plus amples informati-ons et pour les photos des ac-tions déjà menées, prière deconsulter www.fairtransporteu-rope.eu et la page Facebook«FairTransportEurope».

Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF)

«Fair Transport For Europe!»Les syndicats euro-péens sont solidairespour revendiquer destransports équitablesen Europe et la fin dudumping social dans labranche. Les syndicatsaffiliés à l’ETF planifientdes actions dans toutel’Europe afin de faireentendre leurs revendi-cations.

ETF

Des activistes du syndicat suédois Kommunal ont attiré l’attention sur le dangereux «Mobility Package» proposé par l’UE dans 19 villes en distribuant des flyers.

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Le syndicat autrichien Vida a également prévenu contre le «Mobility Package» qui propose entre autres des temps de repos plus courts pour les conducteur-trice-s, ce qui met en péril la sécurité.

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Lors de la journée d’action contre le dumping social, les activistes de la Fédération Générale du Travail de Belgique sont descendus dans la rue, par exemple ici à Liège.

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10 RENCONTREcontact.sevN° 09/1828 juin 2018

Sa mère prédisait un prix No-bel à son fils. Pourtant, celui-cicumulait de mauvais résultatsscolaires – mis sur le comptede sa dyslexie, devenue «oreil-ler de paresse» –, et une cer-taine «infirmité sociale». Saufque cet enfant avait une furieu-se obsession de comprendre lemonde. Grâce à l’opiniâtretéde sa mère et grâce à un sur-saut de lucidité de sa part, ilrattrapa le train studieux qui leconduira à l’université, où ilplonge dans le monde de laphysique.Cinquante ans plus tard, c’esttoujours cette curiosité insatia-ble qui jaillit des yeux bleu cielde Jacques Dubochet, prix No-bel de chimie 2017 – une men-tion indiquée sur une grandeplaque à l’entrée du bâtimentuniversitaire lausannois où setrouve son bureau. «Depuisque j’ai pris ma retraite en2007, j’avais un peu peurqu’on me foute dehors. Main-tenant, je suis tranquille», rit-il, comme s’il était fier de safarce. Soit, un prix Nobel. Unereconnaissance pour JacquesDubochet, qui surfe sur la va-gue médiatique pour faire pas-ser ses idées militantes, no-tamment écologistes.

A gauche par réalismeC’est aussi l’idée de son livre,«Parcours», paru en mai. Unemanière de développer sesidées humanistes, philosophi-ques, scientifiques qu’il a cou-chées sur papier dans de pe-tits cahiers depuis toujours,puis sur son blog depuis quel-ques années. Des écrits qui luifaisaient dire à une amie, LiaRosso, biologiste de métier,qu’il éditerait un jour chez elle.C’est chose faite.Pour ne citer que quelques-unsde ses engagements, JacquesDubochet fait partie du groupe

Grands-parents pour le climat,donne des cours de math à dejeunes migrants et est conseil-ler communal socialiste à Mor-ges. Sur ce dernier point, ilsoupire: «C’est un peu péni-ble… Que fait-on? Alors qu’ondevrait être des générateursd’idées face aux changementsclimatiques, on accepte le con-tournement de Morges. Il fautarrêter avec cette bagnole!»

Inventeur de l’«eau froide»En 1968 déjà, le jeune Jacquesétait cueilli par la police pouravoir accroché des affichescontre le Salon de l’auto. Quel-ques années auparavant, il dé-couvrait à l’armée, les théoriesmarxistes. Aujourd’hui, il écritdans «Parcours» l’importance,face aux défis de notre temps,de trouver des solutions collec-tives. «Pour ce faire, notre so-ciété a un urgent besoin deconsolider la force du «Nous».Ce n’est pas la morale qui medit de m’engager à gauche,c’est le réalisme et le choix dusens que je veux donner à mavie.»Dans les années 1980 à 1984,Jacques Dubochet – avec sesdeux collaborateurs de recher-che, l’écossais Alasdair McDo-

wall et feu le Français MarcAdrian – sent qu’une petite ré-volution se déroule dans leurlaboratoire de Heidelberg enAllemagne. «On a alors décou-vert les fondements de la mé-thode de cryo-microscopieélectronique, qui, avec la suitede nos travaux et avec ceux debeaucoup d’autres – en parti-culier, ceux de Joachim Franket Richard Henderson, colau-réats du prix Nobel – a complè-tement explosé, car la résolu-tion atomique a été atteinte!Ainsi, on peut voir les atomes.Et ça, ça change tout. Quand lachimie s’immisce dans la phy-sique, c’est puissant! expliqueJacques Dubochet, avec un en-thousiasme contagieux. Cettetechnologie n’est pas encoreau service de la qualité de lavie, mais ça ne saurait tarder.On peut par exemple observerpour la première fois les fila-ments d’une cellule atteinted’alzheimer, mais encore faut-il trouver si ce sont bien les fi-laments le problème et com-ment les empêcher de nuire…»Didactique, Jacques Dubochetrésume: «On immobilise l’eausans changer sa structure. Al’intérieur, tout est vrai. Autre-ment dit, on arrête le temps.»

Pas de desséchement, pas decongélation, alors que l’eauest refroidie à −170°.Son inspiration? Générale-ment, elle lui vient en faisantson jogging. «C’est tout lecorps qui pense. Et la natureest source de notre inspiration,de notre imagination», relèvel’athée qui se définit commeterre-à-terre sans aucune idéeréductionniste.

Faire ce qu’on aime«Aux enfants, j’aime leur direqu’ils ne peuvent pas savoir oùsont leurs talents. Mais qu’ilspeuvent chercher ce qu’ils ai-ment, et le faire», relève Ja-cques Dubochet qui écrit dansson curriculum vitae que sa«carrière scientifique expéri-mentale en Valais et à Lausan-ne (instruments: couteaux, ai-guilles, ficelles, allumettes)» aeu lieu entre 6 et 13 ans. UnCV pétri d’humour disponiblesur son blog et très médiatisé.«Le fait que ce CV ait fait un pa-reil chenit montre l’étroitessede notre société, et à quelpoint on obéit à ses exigencesstupides.» Autrement dit, unCV se doit d’être sérieux et en-nuyeux. «J’avoue que j’ai tou-jours aimé être un peu spé-

cial», sourit le scientifique aty-pique, qui n’a de cesse decréer des ponts entre les diffé-rentes disciplines – notam-ment en collaborant à la misesur pied à l’Unil du programme«Biologie et Société» – et derevendiquer la connaissancecomme un bien commun.Face aux changements climati-ques à venir, probablementaussi bouleversants que celuiqui fut à l’origine de la dispari-tion des dinosaures, il aime ci-ter Antonio Gramsci: «Je suispessimiste avec l’intelligence,mais optimiste par la volonté.»Tout en précisant dans soncas: «Gramsci est mort pourses idées. J’ai vécu tranquille-ment. Donc je dirais que j’ail’optimisme de la nécessité.On n’a pas le choix. Je ne peuxpas dire aux jeunes, débrouil-lez-vous, je me taille!»Jacques Dubochet croit enl’homme bon, sensible et al-truiste. Et aux valeurs de frater-nité, d’égalité et de liberté(dans l’ordre). «Quand j’ai vule sauvetage de cet enfant àParis par cet homme sans pa-piers, j’avais les larmes auxyeux.»

Aline Andrey, paru dans «L’Evénement -syndical», N° 23, 6 juin 2018.

Portrait de Jacques Dubochet, Nobel de chimie et homme de conviction

Consolider la force du «Nous»Jacques Dubochet surfesur la vague du prix No-bel pour faire passerses convictions d’hom-me de gauche et d’éco-logiste convaincu.

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Pour Jacques Dubochet, «la nature est le fondement de la beauté». Son livre «Parcours» vient de sortir aux Editions Rosso.

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POLITIQUE SYNDICALE ........

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Travailler plus, être moins protégé.Tel est le but que poursuiventdeux interventions qui passerontprochainement au Parlement. Ledémantèlement des droits destravailleurs et travailleuses ainsique des durées maximales detravail et des temps de reposconcernera des centaines demilliers d’employé(e)s. Avec degraves conséquences. L’Unionsyndicale suisse (USS), Travail-Suisse, Unia, Syna et l’Associa-tion suisse des médecins-assis-tant(e)s et chef(fe)s de clinique(ASMAC) disent non à ces projetset s’y opposent.

Le droit suisse du travail est l’undes plus libéraux et favorablesaux employeurs d’Europe. EnSuisse, on travaille commepratiquement nulle part ailleurs.Parallèlement, le nombre despersonnes victimes d’épuisementprofessionnel et de stress autravail augmente dramatiquement.Toujours plus de personneséprouvent de la difficulté à éviterles horaires irréguliers, lechevauchement des frontièresentre travail et temps libre dans lecadre de la numérisation ainsiqu’une pression accrue au travail.Il est toujours plus difficile, avant

tout pour les travailleurs ettravailleuses âgés ayant desobligations familiales, de resterdans la vie professionnelle. LaCommission des redevances et del’économie du Conseil des États(CER-E), emmenée par le PDCKonrad Graber et la PLR KarinKeller-Sutter, a donc fait preuvede cynisme en décidant dedégrader encore plus les condi-tions de travail des salarié-e-s deSuisse.

S’il en va selon la volonté desdeux représentant-e-s de Lucerneet Saint-Gall de la CER-E, lestravailleurs et travailleuses que

leur contrat de travail désignecomme étant des spécialistes oudes cadres ne bénéficieraient plusdes dispositions fondamentalesde protection au travail. Pour lespersonnes concernées, nonseulement la durée hebdomadairemaximale du travail seraitpratiquement supprimée, mais laprotection contre le travailpendant la nuit et le repos dudimanche seraient très fortementmenacée.

Les médecins du travail saventdepuis très longtemps quellessont les conséquences pour lasanté, prouvées depuis longtemps

aussi. Mais les salaires éga-lement se retrouveraient souspression. Les initiatives parlemen-taires acceptées par la commis-sion ne sont toutefois que lapointe de l’iceberg. D’autresinterventions parlementaires ontpour objectif de saper encore plusle droit suisse du travail. Lesorganisations de salarié-e-s nevont pas rester les bras croisés.Elles demandent au Parlement dereprendre enfin ses esprits etd’enterrer les initiatives parlemen-taires Graber et Keller-Sutter.

USS, Travail.Suisse, Syna, Unia et A-SMAC

La Commission du Conseil des États dégrade les conditions de travail pour des centaines de milliers d’employé-e-s

La Communauté genevoised’action syndicale (CGAS), quiregroupe tous les syndicats ge-nevois dont le SEV, a déposérécemment son initiative «23fr. c’est un minimum ! », muniede 7754 signatures, dont l’es-sentiel a été récolté en seu-lement trois semaines, tandisque celle de l’UDC genevoise amordu la poussière faute de si-gnatures, et que celle du MCGconnaîtra peut-être le mêmesort d’ici quelques heures.Pour les syndicats genevois, lesignal que donne la populationest sans équivoque : les vocifé-rations anti-frontaliers-ères etanti-étrangers-ères ne pren-nent plus, alors qu’il est urgentde véritablement combattre laprécarité liée aux bas salaires.

Victoire d’étapeL’objectif ayant été atteint au1er mai, la CGAS a dès lorssuspendu la récolte activepour l’initiative « 23 frs, c’estun minimum ! », ce qui n’a pasempêché quelque 700 autressignatures d’arriver par posteaux syndicats. La détermina-tion avec laquelle les salarié-e-s de ce canton ont signécette initiative démontre que lemoment est venu d’instaurerun salaire minimum légal à Ge-nève. « 23 francs de l’heure,c’est un minimum » : plusqu’un slogan, c’est la convic-

tion profonde de nombreusestravailleuses et de nombreuxtravailleurs rencontré-e-s surles stands de récolte depuis le9 avril dernier.

Bas salaires et abus patronaux« Quoi ? Parce que tu ne veuxpas que les frontaliers soientcorrectement payés, tu te pri-ves toi-même d’un salaire cor-rect ? ». C’est en ces termesqu’une jeune femme répondaitoutrée à son compagnon quine voulait pas signer l’initiativeau motif qu’elle ne fait aucunedistinction entre les travail-leurs-euses « indigènes » et lesfrontaliers-ères. Cette conver-sation illustre un autre faitmarquant de cette récolte:nombre de salarié-e-s ne

croient visiblement plus à lasupercherie de l’extrêmedroite. « Ils-elles ont au con-traire bien compris que la res-ponsabilité des bas salairesn’est pas imputable aux étran-gers-ères ou aux frontaliers-ères, mais bien aux abus pa-tronaux, contre lesquelsl’initiative syndicale apporteune vrai réponse », déclare Da-vide De Filippo, co-secrétairegénéral du SIT et vice-prési-dent de la CGAS.Pour la CGAS, c’est maintenantune autre bataille qui commen-ce, celle de la mobilisation dessalarié-e-s, pour transformerces 7754 signatures en un OUIpopulaire sonnant trébuchantlorsque l’initiative passera envotation. CGAS

Initiative cantonale genevoise

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Le conseiller fédéral Ignazio Cassiss’est dit prêt à abandonner la «li-gne rouge» des mesures d’accom-pagnement dans les négociationsavec la Commission européenne.Il a de ce fait perdu le soutien dessyndicats. En ridiculisant la règledes 8 jours – « presque une ques-tion religieuse » -, le ministre desAffaires étrangères a signalé qu’ilétait prêt à remettre en questionl’ensemble de la protection dessalaires et des conditions de tra-vail suisses. La discussion sur larègle des 8 jours porte tout sim-plement sur la question de savoirsi la Suisse peut protéger ses sa-laires les plus élevés d’Europe demanière indépendante. Ces règles

et les mesures d’accompa-gnement en général doivent êtreexclues du nouvel accord-cadre.C’est le seul moyen d’assurer queles règles ne sont pas contour-nées par les juridictions euro-péennes ou un tribunal arbitral,malgré les interdépendances ins-titutionnelles.Les Accords bilatéraux devant pro-fiter aux travailleuses et travail-leurs de notre pays, des salairessuisses doivent être versés enSuisse. Selon l’Accord sur la librecirculation des personnes, il s’agitégalement d’«accorder les mêmesconditions de vie, d’emploi et detravail que celles accordées auxnationaux». comm

Mesures d’accompagnement

La protectionsalariale n’est pasnégociable

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De dr. à g. Daniel Lampart (économiste en chef USS), Vania Alleva(présidente Unia), Paul Rechsteiner (Président USS), Adrian Wü-thrich (Président Travail.Suisse) et Hans Maissen (vice-présidentSyna) le 12 juin à Berne.

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RÉGIONS........

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La fête d’anniversaire de L’Evé-nement syndical a réuni unesoixantaine de personnes le27 avril à la Maison de Quar-tier de Chailly à Lausanne. Mi-litants de la première heure,collègues des régions roman-des d’Unia et confrères d’au-tres syndicats sont venus trin-quer à la santé de notre cherhebdomadaire. L’occasion dedécouvrir la nouvelle maquettedu journal, son nouveau siteinternet, mais aussi de se re-trouver et d’échanger au cœurd’une soirée conviviale ani-mée par l’artiste engagé P’titJean. En prémisses, un débatsur l’avenir de la presse syn-dicale s’est tenu, avec la par-ticipation de plusieurs rédac-teurs responsables dejournaux syndicaux romands.

Paysage médiatiquebouleversé«On a tous 20 ans, ou dumoins, on rêve tous chaquejour d’avoir 20 ans», a introduitAldo Ferrari, vice-président d’U-nia et président du journal.«L’Evénement syndical est jeu-ne, vivace et libre de ses opi-nions dans une presse qui, au-jourd’hui, ne l’est plus assez.»Laura Drompt, corédactrice enchef du Courrier, était présentepour animer le débat. Elle estrevenue sur la concentration dela presse romande et sur la res-ponsabilité qu’ont les médiasau quotidien. «Il est capital d’a-voir une vraie diversité de lapresse et de l’opinion, à l’ima-ge de la presse syndicale, quiporte la voix des travailleursdans un paysage médiatiqueoù la pensée dominante leslaisse de côté.» Sylviane Her-ranz, rédactrice en cheffe deL’Evénement syndical a rappelél’importance d’avoir une presse

syndicale forte qui continue àrelayer les luttes et les revendi-cations de la base. Pour GuyZurkinden, du journal Servicespublics, l’évolution des mé-dias est le reflet d’une évolu-tion sociale. «Nous subissonsune politique néo-libérale de-puis trente ans. Aujourd’hui,les travailleurs sont confron-tés à des changements trèsbrutaux et doivent lutter pourmaintenir leurs acquis histori-ques. De même, il est tou-jours difficile de donner la pa-role au monde du travail dansun pays où l’on cache les pro-blèmes sociaux et où l’on invi-sibilise les gens d’en bas.» Cedernier a déploré ces grandsgroupes de presse guidés parle business et le profit, «me-nant à un appauvrissement dela pensée» et «des médias àdeux vitesses», mais aussi lefait qu’ils soient de plus enplus orientés.

Défis de la presse syndicale«Parfois, on a l’impressionque les grands journaux dé-couvrent certains sujets quenous, nous traitons sur lefond depuis des semaines,

des mois, voire des années»,a remarqué Laura Drompt, quia interpellé les intervenantsface à cette différence de trai-tement. «Ecrire dans notrepresse syndicale ne suffit pas,a nuancé Vivian Bologna, decontact.sev; notre travail estaussi d’expliquer et de marte-ler les infos aux autres mé-dias. Cela se fait sur le longterme et nous ne récoltonspas toujours les fruits de no-tre travail mais ça finit par ve-nir. Il ne faut pas oublier queles rédactions sont de moinsen moins fournies et que lesjournalistes ont de moins enmoins de temps aussi…»Sur l’avenir de la presse syn-dicale, Sylviane Herranz a in-sisté sur la complémentaritéde la presse écrite et des mé-dias sociaux, mais aussi surl’interdépendance avec les or-ganisations syndicales. «Nosjournaux vont de pair avecnos syndicats. Nous ne som-mes pas payés par des finan-ciers mais par nos membres,d’où l’importance d’être auplus près de notre missiond’outil de mobilisation et deconstruction syndicale.»

Vivian Bologna, du SEV, a sou-levé la problématique de l’é-rosion des membres, qui tou-che tous les syndicats. «Nousavons du mal à conquérir les20-40 ans. Pour les toucher,nous devons être présents surdifférents canaux et c’est l’undes grands défis qui nous at-tend.» Enfin, pour Guy Zurkin-den, le débat doit se fairedans les syndicats. «Les cen-trales doivent se questionnersur quel syndicalisme ellessouhaitent: est-ce qu’on con-tinue à privilégier le partena-riat social, ou est-ce qu’onpasse à une lutte plus comba-tive? Ce sont à elles de don-ner l’impulsion. Nous, jour-naux, suivons.»

Vers un journal syndicalromand?Dans le public, un militants’est interrogé sur les raisonsde la division de la pressesyndicale, à l’heure où lessyndicats ont tendance à serapprocher. Pour rappel, L’E-vénement syndical, durantcinq ans, avait collaboré avecle SEV pour certaines pages.«La création d’un vrai journal

syndical romand est une per-spective à laquelle il faut ré-fléchir, a déclaré Sylviane Her-ranz, partisane de l’idée.Mettre nos forces en communserait tout à notre avantage etce serait une façon d’ouvrir ledébat. Mais la discussion doitse faire au-delà des rédac-tions.» Vivian Bologna a émisplus de retenue. «Chaquesyndicat est centré sur sespropres luttes et, aujourd’hui,je crois qu’il n’y a pas la vo-lonté du côté de nos organesdirigeants. Il y aurait une ou-verture pour collaborer etcréer des synergies sur cer-tains articles, mais pas au-de-là.» L’assemblée, elle aussi, asemblé sceptique quant à lacréation d’un seul et mêmejournal, mais a encouragé àune plus grande collaborationentre les rédactions et s’estréjouie de l’indépendance decelles-ci vis-à-vis de leurs cen-trales.Passionnante, la discussions’est poursuivie autour d’unverre et de gourmandises, demanière plus décontractée.

Manon Todesco, paru dans «L’Evéne-ment syndical», N° 20-21, 16 mai 2018.

20 ans d’«Evénement syndical»

Longue vie à «L’Evénement»!Une soixantaine de per-sonnes ont assisté à latable ronde sur l’avenirde la presse syndicaleorganisée à l’occasionde la fête des 20 ans de«L’Evénement syndi-cal», le journal d’Unia.

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Participaient au débat, de g. à dr., Guy Zurkinden, du journal du SSP «Services publics», Marie Chevalley, de la «Tribune de substitutionde syndicom GE-VD et Télécom», Laura Drompt, corédactrice en chef du «Courrier» et animatrice, Sylviane Herranz, rédactrice en chef de«L’Evénement syndical» et Vivian Bologna, de «contact.sev».

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ACTU ........

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IMPRESSUMcontact.sev est le journal du Syndicat du personnel destransports et paraît toutes les deux semaines

ISSN 1662-8462

Tirage: 10 211 ex. (total 40 995 ex.), certifié REMP au 20. 10. 2017

Editeur: SEV, www.sev-online.ch

Rédaction: Vivian Bologna (rédacteur en chef), Pascal Fiscalini, Chantal Fischer,Markus Fischer, Françoise Gehring, Jörg Matter, Anita Merz,Patrizia Pellandini Minotti, Yves Sancey, Karin Taglang

Adresse de la rédaction: contact.sev, Steinerstrasse 35, case postale,3000 Berne 6; [email protected]; téléphone 031 357 57 57, fax 031 357 57 58

Abonnements et changements d’adresse:Division administrative SEV, case postale, 3000 Berne 6;[email protected], téléphone 031 357 57 57, fax 031 357 57 58Abonnement annuel pour non-membres: CHF 40.–

Annonces: Fachmedien, Zürichsee Werbe AG, Laubisrüti 44, 8712 Stäfa;téléphone 044 928 56 11, fax 044 928 56 00; [email protected],www.fachmedien.ch

Pré-presse: AZ Medien, Aarau; www.azmedien.ch

Imprimerie: Mittelland Zeitungsdruck AG, Neumattstrasse 1, 5001 Aarauwww.mittellandzeitungsdruck.ch

La prochaine édition de contact.sevparaîtra le 12 juillet 2018

Le délai rédactionnel pour l’agenda est fixé au 5 juillet à 10h. Pour les annonces, le délai est fixé au 3 juillet à 10h

Depuis le dernier changementd’horaire, les conditions detravail des conducteurs del’entreprise sous-traitante desTransports publics genevois(TPG), RATP Dev, se sont dégra-dées. La soixantaine de sala-riés de l’entreprise réclamedes horaires de travail moinscontraignants (une amplitudede journée de travail de dixheures au maximum, contretreize actuellement), des pri-mes pour les repas, des salai-res alignés sur ceux des TPG etdes lieux de pause munis detoilettes. Ces horaires à rallon-ge provoquent une fatigue ac-crue, une mise en danger deleur santé et de la sécurité desusagers. Exaspérés, les chauf-feurs de la filiale suisse de laRégie autonome des transports

parisiens (RATP) avaient déposéun préavis de grève en mars. LaChambre des relations collecti-ves de travail (CRCT) avait étésaisie. Suite à plusieurs séancesde négociation, le SEV et la RATPDev ont trouvé des arbitrages le14 mai dernier. Le Directeur dusous-traitant s’est engagé à« appliquer les horaires avec laréduction des grandes amplitu-des », à « revoir à la hausse lesconditions d’attribution » desprimes de repas et à embaucher2 à 3 conducteurs en plus des3 prévus pour une nouvelle lig-ne. Un local de pause digne dece nom a aussi été obtenu. Lesprincipales revendications nedébouchent donc pas sur uneréponse précise mais sur desengagements de principe.Principale revendication, l’alig-nement sur les salaires TPG aété renvoyé à la renégociationde la CCT avec le GEST, le Grou-pement des entreprises sous-traitantes des TPG comprenantRATP Dev, Globe Limo et Genè-ve-Tours. Que pensent leschauffeurs RATP Dev de cesaméliorations des conditionsde travail ? Le point avec leurdélégué syndical au SEV.

■ Quel bilan tirez-vous de vo-tre lutte ?

Pierre Delias : Les avancéessont modestes et je suis forcé-ment un peu déçu du résultatcar nous sommes loin d’avoirobtenu ce que nous demandi-ons. Et nous avons le senti-ment d’avoir un peu perdu no-tre temps. Le local, cela faitlongtemps que nous aurionsdû l’avoir. Le nôtre était unchamp de ruine. Notre direc-teur s’est néanmoins engagé àrenégocier la CCT dans le bonsens. Les avancées sont undébut et donnent de l’espoir.La présence massive des col-lègues à l’assemblée de pré-sentation des résultats la se-maine passée est encouragean-te pour la suite.

■ Justement, comment voyez-vous la suite ?

On attend avec impatienceseptembre. La lutte n’est pasterminée car il y aura une ré-union entre le GEST et les syn-dicats SEV et Sit. Cette lutte abousculé cette négociationavec déjà deux réunions. LeGEST donnera sa réponse enseptembre sur les revendicati-

ons syndicales, notammentsur l’ancienneté qui est parti-culièrement chiche puisqu’ils’agit d’une augmentation de100 francs tous les cinq ans.La question des primes de re-pas reste ouverte Nous avonsdes pauses à midi juste troplongues pour pouvoir en bé-néficier et cela pèse à la fin dumois sur nos salaires modes-tes. Nous serons aussi très at-tentifs aux réponses sur lesconditions de travail. Nousvoulons des services qui com-portent des amplitudes moinsgrandes et des coupures

(tours de repos entre deuxservices) plus longues pournous permettre de récupérer.

■ Un nouveau mouvement degrève est-il envisageable ?

Les collègues vont laisser pas-ser l’été après ces mois delutte. Mais si le résultat enseptembre n’est pas satisfai-sant, une majorité déterminéeest prête à repartir. Une as-semblée se prononcera. Il y aeu des mesures d’intimidati-on, mais la solidarité l’empor-te sur les peurs qui existent.

Yves Sancey

Bilan des négociations entre le SEV et RATP Dev (sous-traitants TPG) à la CRCT

Modestes avancées chez RATP DevSuite à une menace degrève en mars et la sai-sie d’une instance demédiation, RATP Devs’est engagé en mai àdes améliorations desconditions de travail.Encore bien modestesjugent les conducteurs.

SEV

Pour Pierre Delias, délégué syndical du sous-traitants tpg RATP Dev,les avancées donnent de l’espoir mais restent encore modestes.

Depuis la manifestation syndi-cale du 12 mars (photo), la si-tuation au sein des transportspublics Vevey-Montreux-Chil-lon-Villeneuve (VMCV) sembleen apparence s’être apaisée.Mais les problèmes lancinantsde sous-effectifs ne semblentpas encore réglés et l’entre-prise fonctionne toujours sansbudget. Après l’annonce dudépart du directeur (notre der-nière édition), le SEV a rencon-tré lundi 25 juin le directeur adinterim Paul Blumenthal. Cedernier a fait part des diffi-cultés financières de l’entre-prise. Si ses propos fontplaner l’ombre d’un climatd’austérité, certains élémentsvont dans un autre sens. Il aréitéré la promesse d’engagerdes chauffeurs pour arriver à

124 voire 130 EPT d’ici la finde l’année. Les chauffeurssont passés de 111 en dé-cembre à 119 en juin. Le défi-cit 2017 est certes plus im-portant que prévu à plus de13 millions de francs avantles indemnisations communa-les. Au final, selon Le Régio-nal, les VMCV bouclent néan-moins l’exercice avec un légerbénéfice de 548 000 fr. A la

direction de trouver lesmoyens de faire tourner uneentreprise qui n’a pas voca-tion à gagner de l’argent. Ladirection aimerait une renégo-ciation partielle de la CCT, enparticulier sur le temps de tra-vail. Le SEV soumettra cetteproposition au personnel lorsd’une assemblée générale ex-traordinaire qui se tiendra dé-but septembre. Yves Sancey

■ Transports Riviera vaudoise

Situation financière délicate aux VMCV?

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L’Association des Représentants du Personnel dans les Institutions de Prévoyance (ARPIP)organise un cycle de cours qui s’adresse principalement aux représentant-e-s des salariésdans les Caisses de pensions, en place ou en voie de l’être, mais également aux perma-nents syndicaux, ainsi qu’aux personnes concernées par les problèmes de la prévoyanceprofessionnelle. Il a pour but de leur permettre d’assumer au mieux leurs fonctions. Lors dechaque journée, un thème relatif à la prévoyance professionnelle est développé, permet-tant de riches échanges entre participant-e-s. Une attestation est délivrée en fin de cycle.

Programme 2018 - 2019, lieu des cours : Lausanne Hôtel AULAC

Jeudi 20 septembre 2018: Introduction au cycle, contenus et organisation - Présentationdes buts, de la structure et du fonctionnement de l’ARPIP. Aldo Ferrari, président ARPIP;gestion paritaire, définition du rôle et des responsabilités des membres du Conseil,questions controversées de la gestion paritaire. Les principes de la transparence et du droit à l’information. Eric Maugué, avocat spécialisé en LPP.

Jeudi 4 octobre 2018: Présentation sommaire de la LPP - Types de fondations, typed’institutions - la réassurance - les frais de gestion des IP, Aldo Ferrari.

Jeudi 8 novembre 2018: Lecture des comptes d’une caisse de pension – No 1. Sur labase d’exercices pratiques : Les caractéristiques des comptes d’une caisse de pensions, les différents postes du bilan et leurs rapports, les amortissements, les réserves légaleset les réserves latentes, Didier Vogt, économiste

Jeudi 29 novembre 2018: Lecture des comptes d’une caisse de pension – No 2. Présenta-tion des comptes des institutions de prévoyance professionnelle et application des NormesSwiss GAAP RPC 26, IAS 19, révision des comptes d’une IP, Didier Vogt, économiste.

Programe complet pour 2019 sur www.arpip.ch

Frais:

• Les représentant-e-s des salarié-e-s dans un conseil de fondation et leurs suppléant-e-speuvent prétendre à la prise en charge des frais de séminaire par leur caisse (art. 51 LPP).

• Pour les membres des fédérations de l’USS affiliées à Movendo, certaines journéespeuvent être prises en charge par leur fédération, selon leur règlement interne.

• Frais de cours : 410.-/journée. Pour membres ARPIP et syndiqué-e-s USS, tarif préférentiel de 250.-/journée.

Inscription sur www.arpip.ch ou www.movendo.ch, tél 021 310 48 71,[email protected]

Lors d’une conférence depresse qui s’est tenue à Zurichen début d’année, la droitedure du patronat suisse adélivré un message clair. LesCCT de force obligatoire,nationales et de branchessont une entrave à la compéti-tivité des entreprises helvé-tiques. La contributionobligatoire, perçue sur lessalaires pour la participationaux frais d’application desCCT, augmente la force defrappe des syndicats. Lesmesures d’accompagnementcontre le dumping salarial etla concurrence déloyale sont

un frein à la croissance desmarchés et favorise ledéveloppement d’unebureaucratie étatique. Cesdéclarations publiques ont étéfaites à l’intention du Conseilfédéral et du parlement, quidoivent élaborer un accordinstitutionnel avec l’UnionEuropéenne avant la fin del’année. Pour ce faire,Bruxelles exige une repriseautomatique du droit euro-péen. Le discours d’une partiedu patronat suisse confirmeson intention d’introduire, cheznous, la politique néolibéralede la Commission euro-

péenne. Celle qui s’appliquebrutalement aux peuples desvingt-huit Etats membres del’UE.Les peuples qui refusent lestraités européens, unepremière fois par référendum,ont subi des pressionsénormes et sont retournés,une deuxième fois aux urnes,pour s’incliner devant le dictatdu patronat européen. Fortede sa jurisprudence, dans lesaffaires Laval, Wiking Lines etRüffert, la Cour de JusticeEuropéenne a démontré savolonté de lutter contre lechamp d’application des CCT,

qu’elle considère comme desmesures protectionnistes oudes pratiques de cartel,interdites dans le droiteuropéen. Avec le grandmarchandage mondial desaccords TISA, il est prévu derégler les différends entre lesEtats-nations et les multinatio-nales, par un tribunal arbitral.On sait tout le mal qui a déjàété dit sur cette forme dejuridiction supranationale quidéfend, en premier lieu lesintérêts des actionnaires, audétriment de celui despeuples. En Suisse, pas besoinde manifestations géantes ou

de grèves générales pourcombattre le démantèlementde l’Etat social. Nous avons ledroit d’initiative et celui duréférendum populaire pourcontrer les réformes antisocia-les. Un droit souverain enviépar tous les peuples de l’UE.Alors ne le sacrifions pas auprofit exclusif des grandesentreprises et des banqueshelvétiques, qui veulentétendre leurs zones d’in-fluence sur l’ensemble desvingt-huit Etats membres del’UE!Jean-Claude Cochard, Les Avants.

LECTEURS

Un tribunal arbitral au service du patronat

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Bei uns spielt die Solidarität On y joue la carte de la solidarité Solidarietà: la nostra carta vincente

Journée de formation des femmes SEV 2018 23 novembre 2018, 9h45–16h30, hôtel Ador, Laupenstr. 15, Berne traduction simultanée (fr/it)

« Changement – numérisation – flexibilisation »• Cela vaut la peine de s‘inscrire suffisamment tôt

car les places sont limitées. • Seules les inscriptions reçues par le biais de

notre site internet seront prises en compte : sev-online.ch/formation ou bien le code QR

• En 2018, il n‘y aura pas de workshop• La journée de formation SEV est considérée

comme formation pour les employées CFF

Pour toute question, veuillez vous adresser par mail à : [email protected].

La journée est organisée et financée par :

Amstutz Otto; 1934; cond. tracteurs/rail, Courchavon, PV Jura.

Aviolat Marius; 1925; Mont de voies,Mt-s/Lausanne, PV Vaud.

Burri Henriette; 1920; veuve de Wer-ner, Lausanne, PV Vaud.

Cavin Pierre-Alain; 1950; Sellier, Ge-nève, VPT TPG Retraité-e-s.

Leresche Marguerite; 1926; veuve de

Maurice, Renens VD, PV Vaud.

Leresche Max;1922; fadm pens, Li-gnerolle, PV Vaud.

Monnard Roger; 1928; chef de halle,Ursy, PV Vaud.

Pannatier Clement; 1935; cmanpens, Genève, PV Genève.

Straub Eduard; 1940, Twann, PV Biel-Bienne.

Décès

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15SERVICEcontact.sevN° 09/1828 juin 2018

En prévision de nos va-cances d’été en famille,nous nous demandons s’ilest utile de conclure uneassurance voyage. Quelssont les éléments à prendreen compte?Il arrive assez souvent qu’unvoyage doit être interrompuou ne peut même pascommencer. Sans assurance,les coûts sont malgré toutfacturés et le budget vacancesest fichu. Ce type d’assurancepeut donc être particuliè-rement utile pour les famillespuisqu’il arrive parfois qu’unenfant ou un des deux parentsait un accident ou se retrouveaccidenté ou cloué au lit pourmaladie peu de temps avant

les vacances, voire pendantles vacances.Les possibilités d’assurancesont nombreuses, allant del’assurance voyage unique àune solution forfaitaire, parexemple à titre de com-plément de l’assuranceinventaire du ménage.L’assurance couvre les fraisd’annulation ou les frais devoyage supplémentaires dansle cas où les personnesassurées, l’accompagnateur,un proche ou le suppléant aubureau sont absents suite àune maladie ou à un accident,auquel cas le voyage ne peutpas avoir lieu ou doit êtreinterrompu. L’assurancevoyage intervient également

en cas d’évènements naturelscomme les inondations, maisaussi en cas de grève ou decambriolage ou de vol desdocuments de voyage sur lelieu de domicile ou devacances. En revanche, elle nes’applique pas si, au momentde la réservation une maladieou une opération étaient déjàconnues, entraînant l’annula-tion des vacances. Il estimportant de remettre àl’assurance des justificatifs,des attestations officielles oula copie d’un avis et deprendre contact avec leservice clients dans les plusbrefs délais afin de discuter dela suite des démarches.Contrairement à une assu-

rance voyage unique, unesolution forfaitaire offre desprestations en plus. Outre lesvoyages, elle couvre no-tamment les billets de concert,les cartes saisonnières ou lescours. Une assurance assis-tance aux personnes prend encharge les coûts occasionnéspar le transport vers unhôpital, les coûts de sauve-tage et de recherche, maisaussi les coûts supplémen-taires liés à une prolongationinvolontaire des vacances, parexemple en cas d’inondations,voire d’une éruption volca-nique. Si vous vous rendez survotre lieu de vacances envoiture, une assuranceassistance aux personnes est

recommandée car elle prenden charge les coûts du servicede remorquage, d’une voiturede location et bien d’autresfrais encore. De plus, en ce quiconcerne vos bagages, vousdevriez prévoir une assuranceinventaire du ménage avec lecomplément «Vol à l’extérieur»ainsi qu’une assurance «allrisks» qui intervient no-tamment en cas de perte oud’endommagement desbagages.Chez Helvetia, les membresSEV bénéficient de conditionspréférentielles. Le team deconseil SEV d’Helvetia se tientà votre entière dispositionpour répondre à vos questions:www.helvetia.ch/sev

HELVETIA

Voyager en toute sérénité avec une assurance voyage

§Angle droit

Cours de langues : tout payé ?Un exemple actuel au BLS

Les connaissances linguisti-ques, ça peut toujours servir,surtout quand on est mécani-cien de locomotive. C’estpourquoi le personnel deslocs du BLS au dépôt de Bâle(Cargo) doit suivre un coursd’italien (niveau A1). « Doit »est bien le terme approprié,même si le BLS dit que lecours est facultatif. En effet,puisque les mécaniciens quine disposent pas des con-naissances suffisantes en ita-lien n’auront plus le droit deconduire des convois en di-rection du sud, cela revient à

dire qu’ils ne pourront plusexercer leur job correctement.Dans les faits, ce cours delangues est donc un ordre.

Facultatif ou imposé ?Le BLS prétexte pourtant lecaractère facultatif de cecours pour ne payer que lecours lui-même, et non letemps nécessaire pour le su-ivre, à l’exception de l’exa-men. Le chef du personneldes locs du dépôt a déjà in-scrit tous les employés à cecours. Mais cinq collègues,dont deux sont membres duSEV, n’ont pas l’intentiond’accepter l’obligation quileur est faite de suivre cescours durant leur temps libreet se sont adressés à notre-service de protection juridi-que.

Première négociationinfructueusePour le SEV, la situation estclaire : lorsque l’employeurimpose la fréquentation d’uncours linguistique, il est tenude payer non seulement les

frais du cours, mais aussi letemps passé par l’employé àle suivre, comme s’il s’agis-sait d’heures de travail. Lescinq employés concernés,flanqués de l’avocat BrunoHabegger mandaté par le SEVpour les défendre, se sontdonc retrouvés avec leuremployeur devant l’autoritéde conciliation de Berne-Mit-telland. Durant la premièrenégociation, le BLS a défenduavec acharnement sa philoso-phie : ce cours d’italien doitêtre suivi durant le temps libredes employés.

Descriptif du poste passé aupeigne finLors d’une deuxième négo-ciation, Maître Habeggers’est penché sur le descriptifdu poste, établi le 9 novem-bre 2016. Il a constaté quecelui -ci requiert comme exi-gences linguistiques le diplô-me D/F/I du TELC ou du DELFet précise que les cours, ainsique les trajets qui en résul-tent, « doivent s’effectuer du-rant le temps de travail ».

Pas de précédentLes employés concernés et leSEV sont très satisfaits de cetarrangement. Le seul bémol:c’est un arrangement. Sansjugement, le succès remportépar les 5 mécaniciens de locsne peut pas être considérécomme un précédent juridi-que. On ne peut donc paspartir du principe qu’à l’ave-nir des affaires similairesconnaîtront forcément la mê-me issue favorable.Néanmoins, l’issue de cetteprocédure confirme la posi-tion de principe du SEV : letemps consacré à suivre descours de langues qui ont étéimposés, doit comptercomme temps de travail. Grâ-ce au service de protectionjuridique du SEV et à son avo-cat, les mécaniciens de locsont obtenu 500 francs chacunet qu’au moins la moitié desheures de ce cours d’italienleur soit comptées commetemps de travail.Service de protection juridique du SEV

45 mécaniciens de locsdoivent suivre un coursd’italien. Le cours lui-même est payé parl’employeur, mais pasle temps de travail quel’employé doit lui con-sacrer. Soutenus par leservice de protection ju-ridique du SEV, cinq col-lègues font opposition,avec succès.

Vers un compromisEn mars, une 2e négociationa eu lieu devant l’autorité deconciliation. L’avocat du SEVest parvenu à négocier uncompromis. Les parties ontsigné un accord:■ L’examen et le temps de tra-

jet pour s’y rendre sont con-sidérés comme du temps detravail (max. 3.5 h).

■ Le maintien des connaissan-ces linguistiques au niveauA1 est imputé au compte an-nuel Formation continuecomme crédit horaire.

■ Les heures de présence aucours d’italien A1 sont crédi-tées à hauteur de 50% sur lecompte « Divers crédits ho-raires », aussi sous forme decrédit horaire qui est établi àla fin du cours.

■ L’employeur accède au vœudes employés de pouvoir su-ivre ces cours durant lesjours de travail, si possibledirectement avant ou aprèsle service.

■ Les plaignants reçoiventchacun un dédommagementde 500 francs.

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FOCUS.SEV........

16contact.sevN° 09/1828 juin 2018

Durant le courant de l’année,ce sont neuf points de vente –prétendument non rentables –que les CFF veulent fermer. Anoter que celui de Palézieuxsera repris par les Transportspublics fribourgeois TPF. Doncil ne doit pas être si peu ren-table que cela. Des solutionsacceptables pour tous les em-ployés concernés, sur tous lessites, ont au moins été trou-vées, ce que le SEV salue.

Questions à l’attention duConseil fédéralLes politiques se penchentmaintenant sur cette problé-matique. Mathias Reynard,conseiller national (PS/VS), atransmis pour la session d’étéune interpellation sur ces fer-metures. Sous le titre « Ferme-ture de guichets de gare : stra-tégie de démantèlement aux

CFF ? », il demande entre au-tres quels sites subiront le mê-me sort en 2019 et plus tard etquels sont les critères retenus.M. Reynard fait remarquer quede nombreuses campagnesdes CFF ont pour but d’amenerla clientèle à utiliser les ser-vices en ligne au lieu de ceuxdes guichets. Par exemple parle fait que certaines prestati-ons au guichet sont payantesalors qu’elles sont gratuites viainternet ou une application.

L’interpellation veut aussimontrer que le démantèlementdes points de vente met endanger le mandat de servicepublic des CFF.

Le SEV soutient l’interpellationComme Mathias Reynard, leSEV ne désavoue pas non plusles nouvelles technologies.Appliquées judicieusement,elles peuvent nous fournir deprécieux services. Il est toute-fois inacceptable de rendre

peu attrayants les points devente physiques par des heu-res d’ouverture des guichetsréduites et de longues filesd’attente, pour ensuite les fer-mer, surtout que les servicesen ligne des CFF ne fonction-nent pas parfaitement.

Gares fantômesSi le personnel de la vente doitprêter main forte à la clientèlelors de l’achat de billets auxautomates ou via une applica-

tion au lieu de lui fournir leservice souhaité au guichet,c’est que la déshumanisationdes gares est déjà bien enmarche. Il y a la menace de ga-res sans visage, de lieux im-personnels qui compromet-tent gravement le sentimentde sécurité subjectif. Et unefois de plus, les CFF accélèrentle démantèlement de ses ser-vices.Des interpellations cantonales(à ce jour dans les cantons duJura, de Neuchâtel, de Genèveet de Vaud) ont également ab-ordé le thème. Le SEV suivraavec intérêt le déroulementpolitique de cette affaire.

Chantal Fischer / M-JJ

Fermeture des points de vente CFF

Déshumanisation en coursEn Suisse, le service pu-blic est dans la tour-mente. Aussi en raisonde la fermeture de gui-chets CFF dans toute laSuisse. Le Conseil fédé-ral devra à présent ré-pondre à quelquesquestions.

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Distribution de tracts le 27 mars contre la suppression du guichet de la gare de St-Maurice (VS). De g.à dr.: le conseiller national Mathias Reynard, Blaise Carron (pdt et vice-pdt USVs) et René Zürcher, SEV.

Les CFF vont fermer en 2018neuf de leurs points de vente.Les sites suivants sont touchés :

■ Suisse alémanique : BâleEuroAirport, Turgi, Erlenbach ZH,Zurich Tiefenbrunnen, München-buchsee et Küssnacht am Rigi

■ Suisse romande : St-Maurice,Renens EPFL, Palézieux (serarepris par les TPF)

SITES

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Le concours de contact.sev

Les photos de notre concoursreprésentent un lieu ou un objeten rapport avec les transportspublics et leur environnement.

Le ou la gagnant-e sera tiré-e ausort parmi les réponses correcteset gagnera des chèques Rekad’une valeur de 40 francs.

Solution du concours paru danscontact.sev no 8:

Un détail de la gare de Vevey (VD).Une photo peut être consultée sur www.sev-online.ch.

Le sort a désigné ValérieGorgerat de St-Légier-La Chiésaz.section AS Ouest. Elle remporteun set d’écriture Caran d’Ache.

Conditions de participation

Par carte postale Inscrivez votreréponse, vos nom et prénom ainsique votre adresse sur une cartepostale et retournez-la à :SEV, Photomystère, case postale,3000 Berne 6.

Par e-mail Envoyez votre réponse,vos nom et prénom ainsi que votreadresse à : [email protected]

Sur Internet Rendez-vous surnotre site www.sev-online.ch,cliquez sur l’encadré Photomystè-re qui se trouve à droite sousl’agenda et remplissez le formulaire.

Ce concours ne donne lieu àaucune correspondance. Dernierdélai de réception des réponses :mercredi 4 juillet.

Photomystère:« Où a été prise cette photo? »

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