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PHOTO : AFP Marche à Alger le 12 février pour exiger «le départ du système» P7 PUBLICITÉ LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 29 janvier 2011 El Watan N° 6161 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 . USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com Le rejet de Moubarak embrase l’Egypte embrase l’Egypte UN HOMME DANS LA FOULE El Baradei, l’homme providentiel ? COUPURE D’INTERNET Une première mondiale par son ampleur OBAMA ET HILLARY CLINTON La grande inquiétude des USA LE CAIRE, SUEZ, ALEXANDRIE Villes en flammes Lire en pages 2, 3, 4 et 5

EL WATAN 2011/01/29

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Marche à Alger le 12 février pour

exiger «le départ du système» P7

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LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 29 janvier 2011El WatanN° 6161 - Vingt et unième année - Prix : Algérie : 10 DA. France : 1 €. USA : 2,15 $. ISSN : 1111-0333 - http://www.elwatan.com

Le rejet de Moubarak embrase l’Egypteembrase l’Egypte

❚ UN HOMME DANS LA FOULEEl Baradei, l’homme providentiel ?

❚ COUPURE D’INTERNET Une première mondiale par son ampleur

❚ OBAMA ET HILLARY CLINTONLa grande inquiétude des USA

❚ LE CAIRE, SUEZ, ALEXANDRIE Villes en fl ammes

Lire en pages 2, 3, 4 et 5

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Internet et téléphone coupés, liaisons satellitaires brouillées, journalistes locaux et étrangers

arrêtés et brutalisés… Le régime de Hosni Moubarak veut imposer le «huis clos» à la révolution en mar-che dans toute l’Egypte. Loin de se satisfaire d’un déploiement impres-sionnant de son armada policière, le régime de Hosni Moubarak met en œuvre la plus grande entreprise de censure de tous les temps. L’Egypte est coupée du monde. Une situation «totalement inédite, totalement dif-férente des modestes manipulations d’Internet qui ont eu lieu en Tunisie où des chemins d’accès spécifiques avaient été bloqués, ou de l’Iran où la connexion était extrêmement lente. Les actions du gouvernement égyp-tien ont fait disparaître le pays de la carte mondiale», a observé hier, dans son rapport rendu public, l’entreprise de veille et surveillance d’Internet, Renesys. Cibles de la violence poli-cière, les médias locaux et étrangers éprouvent toutes les peines du monde à rendre compte de la réalité de la révolte égyptienne. D’après les der-nières informations recueillies par Reporters sans frontières (RSF), plus d’une douzaine de journalistes ont été interpellés ces derniers jours (bilan arrêté à jeudi dernier). Les envoyés spéciaux de plusieurs autres médias

étrangers – BBC, CNN, Al Arabia, le Guardian, des chaînes de télévision japonaises, etc. – ont été également brutalisés, leur matériel confisqué, empêchés de retransmettre les mani-festations du «vendredi de la colère». Hier, à 12h50, le journaliste et anima-teur vedette de la chaîne Al Jazeera,

l’Egyptien Ahmed Mansour, a été arrêté par des policiers en civil, puis relâché deux heures après. «J’étais en présence d’un autre collègue quand j’ai été arrêté bien que nous ayons présenté notre carte de presse ! J’ai dit aux policiers que j’allais dire au monde entier ce que j’ai vu

aujourd’hui. J’ai vu des policiers tirer sur des manifestants avec une violence telle qu’ils ne l’auraient pas utilisée contre leurs propres ennemis !», témoignait Ahmed Man-sour. Les moyens de retransmission d’Al Jazeera au Caire ont été coupés. Le reporter de la BBC a été pris à partie par des policiers : «Cinq agents en civil armés de barres de fer m’ont frappé à la tête !» Sa caméra et son té-léphone portable ont été confisqués. Quatre journalistes français ont été arrêtés dans la même matinée au Caire. Karen Lagon du Journal du Dimanche, Adrien Jaulmes du Fi-garo, le photographe Albert Facelly de l’agence Sipa (travaillant pour le Journal du Dimanche) et un journa-liste de Paris Match ont été libérés dans l’après-midi. RSF a fermement condamné, hier, l’arrestation des quatre journalistes français et juge «inacceptable» la multiplication des entraves au droit d’informer. Az. M.

N os confrères égyptiens subissent depuis quelques jours diverses formes d’intimi-

dation et de répression de la part des forces de sécurité du régime Moubarak. Deux d’entre eux ont été arrêtés, d’autres ont été passés à tabac et le siège du syndicat égyp-tien des journalistes est assiégé par la police. Des journalistes étrangers sont par ailleurs em-pêchés de se rendre dans les régions d’Egypte secouées par les manifestations, alors que l’accès à Internet et aux autres moyens de com-munication est quasiment impossible depuis vendredi 28 janvier 2011. Ces graves atteintes à la liberté d’expression et de la presse se multiplient, au moment où la société égyptienne exprime courageusement, dans la rue, sa volonté d’en finir avec le pouvoir totalitaire de Moubarak et réclame l’instaura-tion de la démocratie. Nous, journalistes algériens, signataires de cette pétition, saluons le combat de nos confrè-res égyptiens et exprimons notre solidarité agissante avec leur engagement aux côtés de la population égyptienne. Au nom des principes

universels du droit à l’information, à la liberté de la presse et d’expression, appelons le régime égyptien à cesser immédiatement ses agisse-ments criminels contre les médias et ses attein-tes au droit de manifester à la population.

Les signatures sont à envoyer à cette adresse : [email protected]

PREMIER SIGNATAIRES

Omar Belhouchet (El Watan) ; Tayeb Belghiche (El Watan) ; Réda Bekkat (El Watan) ; Ihsane El Kadi ; Mahmoud Belhimer ; Mourad Hachid (El Watan) ; Fodil Boumala ; Mourad Slimani (El Watan) ; Ha-cen Ouali (El Watan) ; Lazhar Djeziri (Mohamed Mehdi - le Quotidien d’Oran) ; Arezki Aït Larbi, Djamila Kourta (El Watan), Samir Ben (El Watan), Farid Alilat (DNA) Chennouf Réda (El Khabar) ; Saïd Djaafer (El Khabar) ; Abdelhafidh Daâ-mach (El Khabar) ; Farid Maataoui (El Khabar) ; Slimane Mellal (El Khabar) ; Yacine Hamid (El Khabar) ; Abdelhafid Soualili (El Khabar) ; At-man Lahiani (El Khabar) ; Mohamed Cherak (El Khabar) ; Massouad Boutalaa (El Khabar) ; Adel

Zekri (El Khabar) ; Mohamed Madi (El Khabar) ; Hamid Zaatchi (El Khabar) ; Ghania Lassal (El Watan) ; Madjid Makhedi (El Watan) ; Saïd Rabia (El Watan) ; Mahmoud Mamart (El Watan) ; Riad Abdechalim (El Watan) ; Mohand Aziri (El Wa-tan) ; Kamel Benelkadi (El Watan) ; Akli Rezouali (El Watan) ; Kamel Yamine (El Watan) ; Slimane Madani (El Watan) ; Tarek Aït Slamet (El Watan) ; Yahia Bounouar (Radio Kalima) ; Abdelatif Belkaim (El Djazaïr News) ; Mahdi Berached (El Djazaïr News) ; Samia Belkadi (El Djazaïr News) ; Toufik Sissani (El Djazaïr News) ; Hadjer Guenanfa (l’Expression) ; Mohamed Saïd Boufatah (l’Expression) ; Samir Larabi journaliste indépendant ; Ali Benyahia (El Watan) ; Abdellah Rabah (le Soir d’Algérie) ; Mehenni Mehdi (le Soir d’Algérie) ; Hallas Lyes (le Soir d’Algérie) ; Samir Sabek (la Nouvelle République) ; Moha-med Lemçane (ENRS). Medjahdi Mohamed , journaliste, Farouk Bouanani, journaliste (Radio Tlemcen) Zair Mouaffek Hussem, journaliste (Radio Tlemcen) Amira Bensabeur (la Tribune), Khider ouahab ; (El Watan) ; Madjid khettar de (Djazaïr News) Nordine Douici (El Watan).

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● Cibles de la violence policière, les médias locaux et étrangers éprouvent toutes les peines du monde à rendre compte de la réalité de la révolte égyptienne.

UNE DOUZAINE DE JOURNALISTES ARRÊTÉS ET BRUTALISÉS

Moubarak s’attaque à la presse égyptienne et mondiale

Pétition de solidarité avec nos confrères en Egypte

Des membres du syndicat des journalistes égyptiens malmenés

■■ 25 JANVIER : 7 journalistes du journal Al Masry Al Youm ont été agressés alors qu’ils couvraient les manifestations au Caire. Ahmed Al Hawari, rédacteur du site, a été agressé par trois policiers antiémeute. Mostafa Al Marsafawi a été blessé par le tir d’une grenade de gaz lacrymogène. La rédaction du journal déclare être sans nouvelles d’un de ses collaborateurs, Mohamed Gamaleddine, depuis 16h (heure locale). Par ailleurs, une équipe de la chaîne Al Jazeera a été interpellée dans le quartier de Shubra.

■ ■ 25 ET 26 JANVIER : alors qu’il se trouvait sur Meïdan Tahrir, Bilal Fahem, cameraman pour la société de production Cairo News Company (CNC), a reçu onze tirs de balles en caoutchouc, l’atteignant au ventre, dans le dos et à l’épaule ; il a également été touché au visage. Le preneur de son Karim Atta a reçu de nombreux coups de matraque, principalement aux bras. Tous deux ont été transférés à l’hôpital. Ils en sont sortis quelques heures plus tard. Yahia Fahem, également cameraman pour CNC, a, quant à lui, été agressé devant les locaux de la société de production par des policiers en civil, avant d’être brièvement interpellé.

■■ 25 JANVIER : dans la soirée un photographe de AP, Nasser Gamal Nasser, a été atteint au visage par une pierre lancée par un policier, alors qu’il couvrait les manifestations. Bilan : pommette droite fracturée et appareil photo détruit. Le journaliste du Guardian, Jack Shenker, a été interpellé après avoir été violemment frappé par des policiers en civil, alors qu’il couvrait les manifestations. Trois journalistes du quotidien Ash Shourouq (Ahmed Bihnassawi, Ahmed Abdel Latif et Imen Hilal) ont été violemment pris à partie par des policiers. Ahmed Bihnassawi a été blessé à la tête par un offi cier qui a confi squé son appareil photo. Imen Hilal a été agressée par un offi cier alors qu’elle couvrait les manifestations devant la société Sidnawi. Après l’avoir frappée au visage, le policier a détruit son matériel photo.

■■ 26 JANVIER : vers 13h (heure locale), trois journalistes de la chaîne japonaise Asahi (Kosuke Okuno, Yoshihisa Nomura et Chaïmaa Sami) ainsi que leur chauff eur Hani Morsi ont été arrêtés. Mohamed Eff at, journaliste pour le Daily News, a été arrêté. Il a été emmené au commissariat de Qasr El Nil, avant d’être transféré à celui de Nasr City. Vers 1h, le cameraman d’Associated Press Television News (APTN), Haridi Hussein, et son assistant Haitham Badry ont été arrêtés alors qu’ils fi lmaient les aff rontements qui opposaient manifestants et forces de l’ordre ; ils détenaient des cartes de presse délivrées par les autorités égyptiennes. Ils ont été libérés le 27 janvier au matin.

■■ 27 JANVIER : Amru Salaheddin, photographe pour le quotidien d’opposition Al Wafd, a été arrêté, ainsi que Ibrahim Mamdouh Siam de Radio Horytna, Samuel Al Ashy de l’agence de presse Reuters, Abdel Rahman Izz Ad-Din Imam de Al Doustour. Ont également été arrêtés le rédacteur en chef adjoint du magazine Al Idhaa wa Al Tilfaza, Sami Al Belchy, et Sherif Arif, rédacteur en chef adjoint de Al Ahrar, ainsi que Mohamed Abdul Quddus et Karim Mahmoud, membres du Syndicat des journalistes. (Source : RSF)

CHRONOLOGIE

«La liberté d’expression doit être totalement respectée en Egypte», a déclaré, hier à Davos (Suisse), le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Interrogé sur la situation en Egypte et au Moyen-Orient, le secrétaire général de l’ONU a également invité les autorités politiques de la région à considérer cette situation comme une «opportunité à s’engager sur les moyens de répondre aux aspirations légitimes de leurs peuples». M. Ban a souligné qu’il suivrait «attentivement» la situation dans la région en Tunisie, en Egypte et maintenant au Yémen et

ailleurs. «Toutes les parties concernées ou les dirigeants doivent s’assurer que la situation dans cette région, particulièrement en Egypte, ne doit pas et ne devra pas conduire à davantage de violence», a-t-il déclaré. Les manifestations, qui ont débuté mardi en Egypte, dans la foulée de la Tunisie, sont les plus importantes depuis l’arrivée au pouvoir en 1981 de M. Moubarak, critiqué notamment pour n’avoir jamais levé l’état d’urgence en place depuis près de 30 ans. Depuis mardi, cinq manifestants et deux policiers ont été tués et des dizaines de personnes blessées.

BAN KI-MOON APPELLE AU RESPECT DE «LA LIBERTÉ D’EXPRESSION»

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Le régime du raïs Hosni Mouba-rak est sérieusement menacé par une révolte populaire qui secoue

l’Egypte depuis quatre jours. Plusieurs villes du pays ont vécu un vendredi très mouvementé où des milliers d’Egyp-tiens sont sortis dans les rues pour exi-ger le départ du président Hosni Mou-barak (82 ans) au pouvoir depuis 1981. S’il est diffi cile de prédire une chute immédiate du clan Moubarak, comme ce fut le cas pour le président tunisien, les Egyptiens ne jurent que par son départ. Le scénario tunisien n’est pas à exclure. Le régime de Moubarak le redoute et le peuple égyptien en rêve. L’évo lu t ion spec tacu la i r e des évènements indique une fin tragique d’un régime qui dirige l’Egypte, depuis 30 ans, d’une main de fer. La journée d’hier a été un tournant important dans le face-à-face qui oppose le pouvoir du Caire aux millions d’Egyptiens très en colère. Face à la déferlante populaire et à l’incapacité de la police de contrôler la situation, le président Moubarak, en sa qualité de chef des forces armées, a décrété un couvre-feu dans trois villes (Le Caire, Alexandrie et Suez) et a fait appel à l’armée «pour apporter de l’aide aux forces de police». Des camions et des blindés de l’armée ont investi les principaux boulevards de la capitale et de la ville de Suez, hier soir. Ils ont pris position devant les bâtiments publics. Cependant, le couvre-feu est défi é par les manifestants qui se sont attaqués, en début de soirée, au siège central de Parti national démocratique au pouvoir (PND) que dirige Hosni Moubarak. L’imposant bâtiment qui abrite les locaux du PND est dévoré par les flammes. Le feu aurait menacé le musée d’Egypte qui se trouve au centre de la place Tahrir (Libération) non loin du siège de la Ligue arabe, alors que la compagnie aérienne égyptienne

EgyptAir a décidé de suspendre tous ses vols pour une durée de douze heures. Ainsi, la contestation est à son paroxysme. Et face à la violente répression des forces de sécurité, les manifestations se sont radicalisées. En début de soirée, les manifestants ont tenté de prendre d’assaut le ministère des Affaires étrangères et le siège de la Télévision égyptienne, alors que les affrontements se sont poursuivis durant toute la journée d’hier, faisant plusieurs blessés et des centaines d’arrestations. Des informations ont fait état de trois personnes assassinées par balle à Alexandrie et une autre au Caire. Le pays du Nil a donc connu un vendredi de colère, où toutes les villes égyptiennes ont été investies par des manifestants

dès la fi n de la traditionnelle prière du vendredi. Le leader de l’opposition, Mohamed El Baradei, a été assigné à résidence surveillée après avoir participé à la prière dans une mosquée au centre du Caire. Alors que le pouvoir est de plus en plus contesté et le peuple déterminé à faire tomber «le pharaon du Caire», aucune réaction offi cielle n’a été enregistrée, hormis celle du président de la commission des affaires étrangères du Conseil du peuple (le Parlement), Mustapha El Fakih, qui a demandé de dissoudre le gouvernement «qui est rongé par la corruption et qui est incapable de mettre en œuvre sa politique». Pendant ce temps, les capitales occidentales n’ont pas cessé

d’appeler les autorités égyptiennes «au respect de la liberté d’expression et de manifestation du peuple égyptien». La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton a exprimé, lors d’un point de presse, «la profonde préoccupation» de son pays face à la dégradation de la situation en Egypte, et demande au régime de Moubarak «d’opérer des réformes économiques et sociales immédiatement», tout en assurant le soutien de son pays au pouvoir du Caire. Tandis que les Egyptiens exigent tout simplement «le départ de Hosni Moubarak du pouvoir et l’engagement que son fils ne se présente pas à l’élection présidentielle» prévue pour septembre prochain. La France, quant à elle, appelle à «la retenue et

au dialogue», a déclaré la ministre française des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, faisant part de «sa vive préoccupation» face aux récents événements. De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé, depuis Davos (Suisse), le président égyptien Hosni Moubarak à assurer la liberté d’expression et à faire cesser les violences de rue qui ont fait au moins huit morts. Se disant «choquée» par les images provenant des rues égyptiennes, Mme Merkel , dans une cour te déclaration à la presse, a déclaré : «Cela ne sert à rien d’enfermer les gens et de limiter les possibilités de l’information, nous devons parvenir à un dialogue pacifique en Egypte.» «La stabilité du pays est naturellement d’une exceptionnelle signifi cation, mais pas au prix de la liberté d’opinion», a-t-elle ajouté. L’Union européenne a demandé aux autorités cairotes de libérer «immédiatement toutes les personnes arrêtées pendant ces évènements». La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a joint sa voix pour dénoncer la répression qui s’abat sur le peuple égyptien. Dans une déclaration rendue publique hier, l’organisation a appelé avec force les autorités égyptiennes «à mettre un terme à la répression violente des mouvements pacifi ques de protestation sociale et démocratique et à rétablir immédiatement l’accès à internet et aux services de téléphonie mobile». En somme, au moment où les regards du monde entier sont braqués sur le Nil, le président Moubarak se mure dans un silence troublant. Une attitude perçue par de nombreux observateurs comme un «signe de panique qui s’est emparé du régime». Hosni Moubarak est apparu, face à cette révolte, tel un homme malade. Ses jours sont-ils comptés ? Hacen Ouali

Des membres de la garde présidentielle protégeant, hier, les alentours du building de la Télévision publique au Caire

Obama : «La violence n’est pas une solution»Le président américain, Barack Obama, a affi rmé que la violence n’était «pas une solution aux problèmes en Egypte». Tout en qualifi ant M. Moubarak de «partenaire important», la Maison-Blanche a dit ne pas vouloir prendre parti. Par ailleurs, le département d’Etat s’est dit «préoccupé» par l’interruption des services de communication publics dont l’Internet en Egypte, a affi rmé hier le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley. «Nous sommes préoccupés, parce que les services internet en Egypte, dont les messages SMS, sont coupés et les médias publics sont interrompus», a indiqué le porte-parole américain. L’accès au réseau internet était inaccessible hier en Egypte, ont fait savoir plusieurs usagers au Caire et en province, alors que des appels ont été lancés pour de nouvelles manifestations anti-gouvernementales dans la journée. M. Crowley a ajouté que «Washington suit de près la situation prévalant dans ce pays», exprimant «son regret» après la mort de manifestants lors du mouvement de protestation contre le régime en Egypte. Le porte-parole du département d’Etat a aussi affi rmé que «Washington veut voir des réformes politiques en Egypte et le peuple égyptien participer au processus politique».

V ingt-quatre heures après son retour au pays, Mohamed El Baradei a été assi-

gné à résidence à son domicile situé dans la banlieue cairote par le pouvoir égyptien. L’opposant, présenté comme l’alternative la plus consensuelle en ce moment pour fédérer l’opposition égyptienne et mener à bon port le mouvement de révolte, avait, dans la matinée, participé aux manifestations de rue qui ont ébranlé Le Caire. Mohamed El Baradei est rentré la veille de son séjour viennois pour vi-vre avec ses compatriotes ce «moment crucial dans la vie de l’Egypte». Ce sont là les mots de l’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix en 2005 à son arrivée à l’aéroport cairote. Quelques heures auparavant, l’hom-me avait déclaré qu’il était prêt à assumer la transition politique en Egypte. «Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrai pas», a-t-il déclaré à des journalistes à l’aéroport de Vienne, avant de prendre l’avion qui l’a ramené en Egypte dans la soirée. L’on ne sait pas très bien quel poids peut avoir Mohamed El Bara-dei dans le contexte de révolte déclenché depuis quatre jours. L’on sait que durant au moins l’année écoulée, il a pu se construire la stature du leader potentiel pour liguer les Egyptiens autour de la nécessité du changement à la tête de l’Etat. Une ambition qu’il réadapte désormais en fonction des évolu-tions récentes au pays du Nil, en se proposant comme l’homme politique pouvant assurer la transition. Et sur ce plan, au-delà de l’engagement, El Baradei a de quoi rassurer les Egyptiens avec son aura internationale, et le fait qu’il n’ait pas frayé avec

l’opposition traditionnelle égyptienne encore moins avec le pouvoir en place. Le leader de l’Association nationale pour le changement, association créée l’année dernière dans la fou-lée de son implication dans les perspectives de la présidentielle égyptienne, avait ainsi essuyé une virulente et insidieuse campagne de déni-grement de la part des soutiens à Moubarak, lui reprochant notamment de vivre loin des préoccupations des Egyptiens, de défendre des valeurs qui ne sont pas celles de sa société et surtout d’être un cheval de Troie servant des intérêts étrangers. Ce sont sans doute ces accu-sations que tenté de battre en brèche El Baradei en rentrant au pays la veille de ce «vendredi de la colère» et en allant au charbon aux côtés des Egyptiens. La réaction du pouvoir de Mouba-rak, qui a perdu la voix durant toute la journée

d’hier, et a géré de manière chaotique les évè-nements (déploiement massif de policiers, puis retrait des places publiques et enfin l’imposition du couvre-feu et le déploiement de l’armée) veut bien dire que la panique a gagné les hautes sphères de l’Etat égyptien après l’implication directe d’El Baradei dans la protestation. Aucun autre opposant n’a été inquiété hier, en effet. Ce traitement «particulier» est perçu déjà comme une erreur tac-tique, une autre du régime Moubarak, qui, certes, sent venir sa fin et n’arrive plus à contenir l’expression de son affolement. C’est Mohamed El Baradei qui en engrange le bénéfice d’avoir été, jusque-là, le seul opposant à avoir été suffisamment dange-reux pour le régime en place pour le pousser à la mesure, un peu surréaliste en la circonstance, de l’assigner résidence au moment où tout le pays se retrouve au bord du chaos. M. Slimani

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DES MILLIERS DE MANIFESTANTS ONT BRAVÉ LES FORCES DE SÉCURITÉ

Le rejet de Moubarak embrase l’Egypte

El Baradei, l’homme providentiel ?

Mohamed El BaradeiBarack Obama

● Le couvre-feu est violé par les manifestants qui se sont attaqués, en début de soirée d’hier, au siège central de Parti national démocratique au pouvoir (PND) que dirige Hosni Moubarak.

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COUPURE D’INTERNET ET IMPOSSIBILITÉ D’ENVOI DE SMS

Une première mondiale par son ampleur

Internet a été paralysé dans plu-sieurs régions d’Egypte après le déclenchement, hier, de nouvelles

protestations contre le régime du pré-sident Hosni Moubarak. Déjà, dès jeudi soir, l’accès à internet était fortement perturbé. Il n’était plus possible non plus d’envoyer des SMS avec le Blackberry. Des réseaux sociaux tels que twitter, facebook et la messagerie électroni-que Gmail ont été entièrement blo-qués. L’opposition avait appelé à des mani-festations de masse hier via les sites de socialisation et par e-mail. Seul le fournisseur d’accès Noor serait enco-re actif en Egypte. L’explication est simple : il fournit un accès interne à Internet à de nom-breux groupes implantés en Egypte, parmi lesquels Coca-Cola, Toyota, Renault, Mitsubishi, FedEx, Nestlé ou Lafarge. «Le réseau internet est coupé aujourd’hui (vendredi) en Egypte», a déclaré à l’AFP la réception d’un grand hôtel de la capitale, une infor-mation confirmée par d’autres éta-blissements. Avant l’aube, des internautes du Caire avaient déjà fait état de l’impossibili-té de se connecter à Internet, tandis que d’autres signalaient des lenteurs et des coupures intermittentes. En avril 2008, des milliers d’Egyptiens avaient exprimé sur internet leur ap-pui à des ouvriers protestant dans le delta du Nil contre la cherté de la vie. Le groupe facebook, né de cette jour-née de printemps, a rapidement pris de l’ampleur. Le Mouvement des jeunes du 6 avril, une organisation af-

filiée à aucun parti politique, mois-sonnant ses premiers appuis au sein d’une jeunesse éduquée, avait appelé ses membres à se vêtir de noir en si-gne de protestation contre le pouvoir. Le mouvement, qui fonctionne à la fois comme un forum de discussion et un haut-parleur géant appelant ses membres à manifester, avait appuyé, en juillet 2010, la pétition de l’oppo-sant Mohamed El Baradei, ancien patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) devenu un rival du président Moubarak. Dans la foulée du soulèvement po-pulaire en Tunisie ayant chassé du pouvoir le président Zine El Abidine

Ben Ali, le Mouvement a lancé des appels à la mobilisation à ses 86 000 membres sur Internet. En Egypte, avec les deux tiers de la population qui ont moins de trente ans, c’est bien du web que pourrait partir une révolution qui n’aura, cel-le-là, rien de virtuel. Dans ce pays où l’opposition est verrouillée et la presse régulièrement poursuivie, c’est sur Internet que s’invente la démocratie. Il faut savoir que l’Egypte est le pays qui compte le plus d’internautes dans le monde ara-be, selon des statistiques fournies par l’International Telecommunication Union (17 millions) et qui a suivi de

près la situation tunisienne. Certains se sont pris à rêver d’un scénario identique sur les bords du Nil. Quitte à braver les autorités qui, si elles se livrent à une censure «moins grave» qu’en Tunisie avant la chute de Ben Ali, selon RSF, sont tout de même engagées dans une chasse aux blogueurs trop critiques envers le pouvoir. Le blogueur égyptien Khaled Saïd est ainsi devenu une figure de proue des mouvements de contestation du pouvoir après avoir été battu à mort, en juin 2010, pour avoir diffusé une vidéo dans laquelle des policiers étaient montrés en flagrant délit de

corruption. «Selon nos informations, environ 88% du réseau internet n’est plus disponible en Egypte, c’est une première dans l’histoire de l’inter-net», a déclaré à l’AFP Rik Ferguson, expert en sécurité pour Trend Micro, troisième éditeur de solutions de sé-curité mondiale. Outre le web, les réseaux de télépho-nie mobile sont également perturbés pour empêcher les échanges de SMS. L’Egypte – comme la Tunisie – fait partie de la liste des 13 pays classés «ennemis d’internet» par Reporters sans frontières. «Contrairement à d’autres pays comme la Tunisie, le gouvernement égyptien ne peut pas appuyer sur un bouton pour tout couper. Mais là, il y a eu sans aucun doute pression sur les opérateurs. Et ces opérateurs, aujourd’hui, ne répondent plus au téléphone pour donner des explica-tions», souligne une source de RSF. L’Egypte compte quatre principaux fournisseurs d’accès au web dont la licence a été délivrée par l’Autorité de régulation des télécommunica-tions égyptienne : Link Egypt, Voda-fone/Raya, Telecom Egypt et Etisalat Misr. Sur son site web, Vodafone a publié une déclaration qui confirme que «tous les opérateurs de téléphonie mobile en Egypte ont reçu pour ins-truction de suspendre les services dans certains domaines. En vertu de la législation égyptienne, les auto-rités ont le droit d’émettre une telle ordonnance et nous sommes obligés de nous y conformer. Les autorités égyptiennes vont clarifier la situation en temps voulu». Kamel Benelkadi

HUMAN RIGHTS WATCH :USAGE «INACCEPTABLE ET DISPROPORTIONNÉ» DE LA FORCELa police égyptienne fait montre, dans sa répression des manifestations populaires, d’une force et d’une violence «inacceptable et disproportionnée» qui ne sont «pas conformes aux règles internationales», a dénoncé jeudi l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW). Les forces de l’ordre accentuent ainsi «l’usage de la force contre les manifestants hostiles au régime du président Hosni Moubarak», affirmant que cette répression a engendré la mort de huit manifestants et d’un policier. «Nous avons observé un maintien de l’ordre totalement inacceptable et disproportionné lors des manifestations», a déclaré Joe Stork, un responsable de HRW pour le Moyen-Orient et l’Amérique du Nord. L’organisation, qui est basée aux Etats-Unis, estime qu’au lieu «de faire preuve de davantage de répression, les autorités devraient enquêter sur les informations faisant état d’un usage excessif de la force de la part de la police et

faire en sorte que ceux qui en sont responsables rendent des comptes». HRW indique que certaines des violences les plus sévères contre des manifestants ont eu lieu à Suez où trois personnes ont été tuées après des affrontements avec la police survenus mardi, quand une tentative de marche vers le siège du gouvernement a été organisée. «La police a répondu aux jeunes qui lançaient des pierres par des coups de matraques, de gaz lacrymogènes, de canons à eau. Mustafa Ragab, un jeune, a été abattu», rapporte l’ONG, qui indique également que les forces de l’ordre égyptiennes ont lancé des pierres sur des manifestants, «ce qui n’est pas conforme aux règles internationales». HRW indique par ailleurs avoir de «vraies préoccupations au sujet de possibles mauvais traitements» dont pourraient faire l’objet les personnes arrêtées dans le cadre des manifestations. Selon un responsable des services de sécurité égyptiens, «au moins 1000 personnes ont été arrêtées à travers le pays». L’organisation dit avoir eu connaissance de quelque 800 arrestations.

AGENCE FITCH RATINGS : «RISQUE DE BAISSE DE LA NOTE DE PERFORMANCE ÉCONOMIQUE» L’agence de notation Fitch Ratings pourrait abaisser la note souveraine de l’Egypte si les manifestations contre le pouvoir en place venaient à «menacer la performance économique et financière» du pays, a-t-elle indiqué hier dans un communiqué. Fitch a modifié la perspective liée à la note du pays, la faisant passer de «stable» à «négative». Ce qui signifie qu’elle pourrait abaisser sa note dans les mois qui viennent, même si Fitch ne précise pas à quelle échéance. «Le changement de perspective attachée à la note reflète l’ampleur prise récemment par la protestation contre le pouvoir et l’incertitude qu’elle fait peser sur la situation économique et politique à l’approche de l’élection» présidentielle de septembre, a commenté Richard Fox, analyste de Fitch pour le Moyen-Orient et l’Afrique, dans un communiqué. Si le mouvement de protestation venait à «menacer sérieusement la performance économique et politique de l’Egypte ainsi que le

processus de réforme économique», Fitch déciderait alors d’abaisser la note. «Si, au contraire, le gouvernement parvenait à résoudre les tensions politiques (...) et laissait les réformes économiques se poursuivre, la perspective repasserait à stable», explique l’agence.

CANADA : «APPEL À LA RETENUE»Le Canada a appelé jeudi le gouvernement du Caire à faire preuve de «retenue» dans le maintien de l’ordre et à cesser de bloquer l’accès à des sites internet. «Le Canada déplore que des manifestants et des policiers aient perdu la vie au cours des manifestations politiques en Egypte», a déclaré dans un communiqué le chef de la diplomatie canadienne, Lawrence Cannon. «Nous exhortons toutes les parties à s’abstenir de toute violence. Plus particulièrement, nous enjoignons les autorités égyptiennes à réagir avec retenue», a-t-il insisté. «Le Canada demande instamment à toutes les parties de maintenir le calme», a-t-il poursuivi, en appelant au gouvernement égyptien «pour

assurer le respect de la liberté d’expression, notamment en cessant de bloquer l’accès à des sites internet». «L’Egypte demeure un partenaire important du Canada, et nous pressons le gouvernement égyptien de garantir sans réserve la liberté d’expression politique de ses citoyens», a conclu le ministre des Affaires étrangères.

PDP TUNISIEN : «SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE ÉGYPTIEN»Le Parti démocratique progressiste tunisien (PDP, opposition) a exprimé hier sa «solidarité avec le grand peuple égyptien», en appelant à «la fin de l’injustice et de la dictature». Dans un communiqué transmis à l’AFP, le PDP de Nejib Chebbi indique que lui et «tout le peuple tunisien suivent avec fierté et enthousiasme l’épopée de nos héroïques frères égyptiens qui ont sonné l’heure du changement et la fin de l’injustice et de la dictature». «Le peuple égyptien a soutenu la révolution du peuple tunisien. Notre cœur est avec vous et nos voix ne cessent de prier pour la victoire», écrit encore le parti tunisien.

Plus aucun trafic internet de et vers l’Egypte depuis la nuit de jeudi à vendredi

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● Avant l’aube, des internautes du Caire avaient déjà fait état de l’impossibilité de se connecter à Internet, tandis que d’autres signalaient des lenteurs et des coupures intermittentes.

RÉACTIONS

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El Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 5

L ’ É V É N E M E N T

UNE AVALANCHE DE CÂBLES PUBLIÉS HIER

WikiLeaks se met de la partie

Comme pour apporter sa part au vent de chan-gement qui souffle sur

l’Egypte, c’est une série de câbles compromettants que Wi-kileaks a publiés sur ce pays hier, donnant au passage l’image d’une autocratie où le clan Mou-barak dicte ses quatre volontés. Ainsi et selon des notes obte-nues par WikiLeaks et publiées hier par le journal norvégien Aftenposten, les Etats-Unis ont financé à hauteur de plusieurs millions de dollars des organi-sations de la promotion de la démocratie en Egypte, et ce, au grand dam du président Hosni Moubarak. Selon une note de l’ambassade des Etats-Unis au Caire du 6 décembre 2007, l’Agence des Etats-Unis pour le développe-ment international aurait prévu de consacrer 66,5 millions de dollars en 2008 et 75 millions en 2009 à des programmes égyp-tiens sur la démocratie et la bon-ne gouvernance. Dans un autre câble, daté du 30 juillet 2009 qui évoque un éventuel change-ment de pouvoir au Caire, une source du parti de Moubarak, identifiée comme étant l’ancien ministre Ali El Deen Hilal Des-souki, confie que l’armée et les services de sécurité égyptiens assureraient une transition en douceur, même pour un civil (en référence à Gamal Moubarak), si Moubarak venait à quitter le pouvoir. La même source ajoute plus loin que «le vrai centre du pouvoir en Egypte est militaire», en référence à tous les services de sécurité. Le même Dessouki ajoute que des troubles et de la violence étaient attendus lors des élections parlementaires de 2010 et présidentielle de 2011, mais que les militaires étaient en mesure de les contrôler. «Les menaces de survie quotidien-

ne, et non la politique, est la seule chose qui pourrait jeter les Egyptiens dans la rue en masse», a ajouté Dessouki. Un autre câble, également publié hier, souligne que l’Egypte est sous état d’urgence depuis pra-tiquement 1967. Cette dernière accorde au gouvernement des pouvoirs étendus, comme par exemple d’arrêter des individus sur lesquels ne pèse aucune charge et de les maintenir en détention indéfiniment. L’état d’urgence permet au président de restreindre la liberté de se réunir. Cela en dehors du code pénal qui criminalise tout ras-semblement de plus de 5 indivi-dus perçu comme une menace à l’ordre public. Selon le même câble, durant les deux dernières décennies, l’état d’urgence a permis au gouvernement égyp-tien de prendre pour cibles, prin-cipalement, les groupes djiha-distes, le mouvement des Frères musulmans, les bloggers ainsi que les syndicalistes. Une autre note également issue de l’am-

bassade américaine du Caire, en date du 30 mars 2009, souligne le poids des bloggers égyptiens évalués à plus de 160 000. Ces bloggers traitent de tous les sujets liés à la vie sociale, la politique et la littérature. La note souligne qu’«ils ont contribué à créer un esprit d’ouverture qui a touché même les télévisions satellitaires qui s’enhardissent à traiter des sujets tabous ou délicats. Toutefois, le rôle des bloggers comme mouvement actif a diminué en raison d’un climat politique jugé restrictif, de mesures gouvernementales et de tensions entre bloggers», souligne la note. Une note publiée le 28 septem-bre 2009 décrit les mesures prises par le gouvernement pour mettre fin à toute opinion cri-tique de la part de journalistes ou de bloggers qui critiquent le gouvernement. La note stipule que le gouvernement travaille à noyer les tribunaux sous une avalanche de dossiers contre ses ennemis politiques en recou-

rant à la fabrication de charges. Dans un autre câble, daté du 15 janvier 2009, les brutalités policières sont décrites comme étant «routinières». L’usage de la force pour obtenir des aveux est quotidien, mais la violence contre les détenus islamistes a sensiblement baissé, mais les forces de sécurité continuent d’user de la torture contre des activistes du mouvement des Frères musulmans considérés comme une menace politique. Durant les 5 dernières années, le gouvernement a cessé de nier l’existence de la torture et, depuis 2007, 15 officiers de police ont été présentés devant un tribunal pour torture ou as-sassinats. Dans une autre note publiée le 31 janvier 2010, il est également question de brutalités policières et des conditions de détention dans des prisons égyp-tiennes décrites comme étant surpeuplées avec des prisonniers manquant de soins médicaux, de nourriture, d’eau potable et d’aération. Djamel Alilat

FRANCE, BELGIQUE, DANEMARK ET SUÈDE

Limitation des déplacements aux touristes

La France appelle ses ressortissants à «limiter» leurs déplacements «à

ceux qui sont strictement nécessaires» en Egypte, en proie aux troubles sociaux et à des heurts avec la police, a indiqué hier le ministère français des Affaires étrangères. En Egypte, «il est recommandé de limiter ses déplacements à ceux qui sont stric-tement nécessaires et à se tenir éloigné des attroupements», précise le ministère dans la rubrique «conseils aux voyageurs» figurant sur son site internet. Jusqu’à hier après-midi, cette rubrique se bornait à demander aux ressortissants français d’éviter les rassemblements. Sur son site www.diplomatie.gouv.fr, le ministère ne précise pas explicitement les lieux visés par son appel à limiter les déplacements à ceux strictement nécessaires. De même, la

Belgique a déconseillé à ses ressortissants de se rendre dans trois grandes villes. «Les voyages non essentiels vers Le Caire, Alexandrie et Suez sont déconseillés», indique le ministère belge des Affaires étrangères sur son site internet de conseils aux voyageurs. La Suède a recommandé également d’évi-ter tout voyage «non absolument néces-saire» au Caire. «Nous pensons qu’il faut éviter tout voyage au Caire si ce n’est pas absolument nécessaire», a déclaré à l’AFP Andreas Jörle, porte-parole du ministère suédois des Affaires étrangères. Environ 15 000 Suédois se trouvent actuel-lement en Egypte, dont 10 000 en voyages organisés, principalement aux abords de la mer Rouge, selon les estimations du ministère et des tours-opérateurs. «Pour

le reste du pays, nous pensons que les gens doivent prendre leurs précautions et être vigilants sur les violences», a déclaré M. Jörle, en soulignant néanmoins que les zones touristiques de la mer Rouge sont pour l’instant calmes. De son côté, le ministère danois des Affaires étrangères a déconseillé à ses ressortissants tout voyage non nécessaire en Egypte, à l’exception des destinations touristiques le long des côtes de la mer Rouge, en raison de l’escalade des troubles dans ce pays. Le ministère recommande par ailleurs aux Danois, se trouvant dans des zones à risques, d’éviter les manifes-tations et de rester à l’intérieur tant que les troubles se poursuivent. L’Egypte est une destination très prisée par les touristes étrangers.

● Les Etats-Unis ont financé à hauteur de plusieurs millions de dollars des organisations de la promotion de la démocratie au grand dam de Moubarak.

Le Pentagone accueille une délégation militaire

Le Pentagone a décidé, hier, de poursuivre les rencon-tres avec de hauts responsables militaires égyptiens, qui se tiennent depuis mercredi à Washington, malgré

l’intervention de l’armée dans les rues du Caire. Les dis-cussions annuelles avec la délégation égyptienne menée par le chef d’état-major des forces armées, Sami Anan, étaient prévues de longue date, a indiqué à des journalistes un porte-parole du Pentagone, le colonel Dave Lapan. Le porte-parole a minimisé l’importance du signal que de tel-les rencontres pouvaient envoyer, au moment où de violents heurts opposent des Egyptiens aux forces du pays. «Je ne pense pas que cela crée un problème de perception», a-t-il répondu aux journalistes qui l’interrogeaient. «Le départe-ment de la Défense a noué depuis longtemps une relation militaire avec l’Egypte.» Il est «toujours utile de parler directement avec les responsables militaires égyptiens», a ajouté le colonel Lapan. Le séjour de la délégation, qui a commencé mercredi der-nier et doit se prolonger jusqu’à mercredi prochain, com-prend de nombreuses rencontres et dîners pour évoquer notamment l’aide en matière de sécurité, la formation et la coopération entre les secteurs militaires des deux pays, se-lon le colonel. L’équipe américaine est conduite par Sandy Vershbow, adjoint au secrétaire américain à la Défense.

L’état des forces de l’armée égyptienne Voici un état des forces de l’armée égyptienne selon le

«Military Balance», publié par l’International Institute for Strategic Studies (IISS) à Londres. Le président Hosni Moubarak a demandé hier à l’armée de participer avec la police au maintien de l’ordre et à l’appli-cation du couvre-feu dans le pays, secoué depuis mardi par des manifestations sans précédent contre le régime.- Effectifs: 468 500 soldats d’active et 479 000 réservis-tes. Parmi les soldats d’active, 340 000 appartiennent à l’armée de terre, 18 500 à la marine, 30 000 à l’armée de l’air et 80 000 à la défense aérienne. On compte également environ 397 000 «paramilitaires».- Armée de terre : quatre divisions blindées, sept divisions d’infanterie mécanisée et des unités antiterroristes. L’équi-pement est essentiellement américain, avec 3723 chars dont 973 chars Abrams et 4160 blindés.- Aviation : 460 avions de combat dont deux escadrons de Mirage français, deux escadrons de F-16 américains ainsi que des MIG russes. Les forces aériennes disposent de nombreux hélicoptères de combat et de transport, no-tamment des Gazelle (français), des Black Hawk et des Chinook (américains).- Marine : quatre sous-marins.

Les Américains invités à reporter leurs voyages Les Etats-Unis ont appelé hier leurs ressortissants à re-

porter leurs voyages «non essentiels» en Egypte en rai-son des manifestations violentes dans ce pays. Le départe-ment d’Etat appelle également les citoyens américains qui se trouveraient en Egypte à éviter les déplacements et à se tenir sur leurs gardes. La fréquentation touristique a été un record en 2010 avec 14,7 millions de visiteurs, soit 17,5% de plus par rapport à 2009. L’Egypte est bordée au nord par la Méditerranée et à l’est par la mer Rouge. Elle a des frontières communes avec Israël à l’est, la Libye à l’ouest et le Soudan au sud. C’est le pays le plus peuplé du monde arabe avec 83 millions d’habitants, selon les estima-tions de la Banque mondiale en 2009. Rien qu’au Caire, 20 millions d’habitants y vivent. Le gouvernement a engagé, ces dernières années, un vaste programme de libéralisation de l’économie qui a permis à l’Egypte de résister à la crise financière mondiale. Cette amorce de décollage économi-que n’a toutefois pas permis de réduire les inégalités : plus de 40% de la population vit avec moins de deux dollars par jour et par personne.

Les Egyptiens expriment leur mécontentement concernant le verrouillage de l’internet en manifestant avec des claviers

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L ’ A C T U A L I T É

MALGRÉ LA FORMATION D’UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION

Des heurts entre policiers et manifestants à Tunis

Au moins cinq personnes ont été blessées hier après-midi lors d’affrontements entre policiers antiémeutes et manifestants dans

le centre de Tunis, autour de la place de la Kas-bah, a indiqué à l’AFP un médecin urgentiste sur place. Ce sont les premiers affrontements depuis deux jours entre forces de l’ordre et manifestants qui réclament toujours le départ du premier mi-nistre Mohammed Ghannouchi. Des policiers ont tiré des grenades lacrymogènes contre des manifestants rassemblés sous les fenêtres du bu-reau du Premier ministre et qui leur lançaient des pierres, a constaté l’AFP. Les forces antiémeutes positionnées sur une artère donnant sur la Kasbah ont fait mouvement vers l’esplanade en tirant un grand nombre de grenades lacrymogènes. Des militaires sur place ne sont pas intervenus. «J’ai vu au moins cinq blessés. Plusieurs saignaient», a affirmé le médecin du SAMU de Tunis, Majdi Amami. Il a précisé que deux blessés ont été atteints par des pierres lancées par les manifes-tants et que la police rejetait ensuite vers eux. Un troisième a été atteint à la tête par une grenade lacrymogène tirée «presque à bout portant», a affirmé ce médecin.Un gouvernement de transition bis épuré des principaux caciques de Ben Ali est toujours dirigé par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi qui concentre les critiques. Après trois jours d’âpres tractations, M. Ghannouchi a en grande partie cédé à la pression quotidienne des milliers de manifestants en formant jeudi soir une nouvelle équipe de transition profon-dément remaniée qui a reçu l’aval préalable de la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). Cinq des sept anciens ministres du dernier gouvernement de Ben Ali qui y figuraient ont fait les frais de ce coup de balai, notamment tous ceux qui occupaient les postes-clés : Dé-fense, Intérieur, Affaires étrangères, Finances. Ils ont été remplacés par des technocrates ou des personnalités indépendantes peu connues de l’opinion. Mais le maintien en fonction du Premier ministre Ghannouchi, dernier chef du gouvernement du président déchu autoritaire, Zine El Abidine Ben Ali, poste qu’il a occupé pendant onze ans, reste fortement contesté par la frange la plus radicale des contestataires. «La majorité veut continuer pour dégager Ghannouchi, tout le gouvernement doit sau-ter, surtout Ghannouchi», a assuré à l’AFP

Khaled Salhi, étudiant de 22 ans dans une école d’ingénieurs à Tunis, parmi les quelque 300 manifestants, en grande partie des provinciaux, qui ont campé à la Kasbah. «Le chef de l’UGTT ne représente pas la base, il était avant avec Ben Ali. Ce qui est important, c’est ce que vont dire et faire les Unions régionales de la centrale et surtout l’Ordre des avocats», qui exerce une forte autorité morale sur les manifestants tuni-

siens, selon un étudiant. Mais que se passera-t-il si la contestation de la base, en particulier celle des provinces déshéritées de l’intérieur, qui avaient lancé spontanément la révolution tunisienne, se poursuit ? «Les syndicats, les partis politiques doivent jouer leur rôle pour les convaincre que le Premier ministre n’est là que pour la transition et qu’après les élections, il y en aura un autre», répond à l’AFP Mouldi

Jandoubli, membre exécutif de l’UGTT. «L’évo-lution s’est faite. Un gouvernement est là. Je crois que c’est la bonne attitude. L’économie doit repartir, les gens doivent se remettre au travail», ajoute-t-il. Embouteillages, nombreux passants, magasins ouverts, partout en dehors de la Kas-bah les Tunisois vaquaient vendredi matin à leurs occupations habituelles. R. N.

ARRESTATION DU BEAU-FRÈRE DE BEN ALI

Le Canada répondra à la requête de TunisLe Canada va répondre favorablement aux

demandes de la Tunisie concernant Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ex-président Ben Ali, qui réside au Canada, a déclaré hier le chef de la diplomatie d’Ottawa Lawrence Cannon.«On ne veut pas d’un criminel comme lui au Canada et on va obtempérer à la demande de la Tunisie», a dit Cannon à radio Canada. Ottawa, «va déployer toutes les mesures possi-bles et nécessaires pour que Trabelsi quitte le Canada le plus rapidement possible», a ajouté le ministre.La Tunisie a formellement demandé jeudi à Ottawa d’arrêter Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ex-président Ben Ali, confirmant pour la première fois officiellement que cet homme d’affaires, considéré comme le parrain d’un clan mafieux, se trouvait bien au Canada. Les autorités canadiennes ont annulé le statut de résident permanent canadien de Belhassen Trabelsi et de sa famille, invoquant la non-ob-servation par ces derniers des obligations qui

s’y rapportent, a appris l’AFP de source gouver-nementale. Les médias canadiens affirmaient depuis le week-end dernier que le frère de Leïla Trabelsi, épouse de l’ex-président Zine El Abi-dine Ben Ali, était arrivé à Montréal avec son épouse, ses quatre enfants et la gouvernante de ces derniers. Ils sont arrivés à bord d’un jet privé il y a une semaine et ont pu sortir librement de l’aéroport de la métropole québécoise grâce à leur statut de résidents permanents, ont rapporté plusieurs télévisions et journaux locaux. Mais l’étau s’est resserré autour d’eux mercredi, avec l’émission par le gouvernement provisoire de Tunisie d’un mandat d’arrêt international visant Ben Ali, son épouse — tous deux en Arabie saoudite — et six autres membres de leur famille, dont Belhassen Trabelsi. «L’ambassade a transmis aujourd’hui, officiellement, aux auto-rités canadiennes une demande concernant le mandat de dépôt visant le dénommé Belhassen Trabelsi», a déclaré jeudi à l’AFP Nejemeddine Lakhal, conseiller à la représentation tunisienne.

Il a précisé que l’ambassade avait eu confirma-tion par les autorités canadiennes et québécoises de la présence des sept Tunisiens. La suppression du statut de résident est «un signal clair disant qu’ils ne sont pas les bienvenus au Canada», ce-pendant «il faudra du temps, au moins plusieurs mois, avant qu’ils puissent être renvoyés», a-t-on précisé de source gouvernementale. Ce statut confère à son détenteur les mêmes droits que ceux d’un citoyen canadien, hormis le vote et l’obtention d’un passeport. En le leur retirant, le Canada pourrait expulser les visiteurs tunisiens plus rapidement que par le truchement d’une procédure d’extradition, d’autant qu’Ottawa et Tunis ne sont pas liés par des ententes de coopération judiciaire. Depuis Rabat où il effectue une visite officielle, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, avait prévenu qu’Ottawa recourrait à «tous les outils» à sa disposition «pour gérer cette situa-tion et pour coopérer avec la communauté in-ternationale». Selon Radio-Canada, Belhassen

Trabelsi vient toutefois de demander l’asile. En fin d’après-midi, la chaîne TVA a indiqué que les sept Tunisiens venaient de quitter l’hôtel où ils étaient réfugiés depuis une semaine. Pour semer les médias qui cernaient cet éta-blissement de luxe, situé à l’ouest de Montréal, ils ont été cachés dans un véhicule et emmenés dans un endroit secret, a rapporté TVA. M. Trabelsi est recherché par le nouveau gouvernement tunisien pour détournement de fonds publics. Son clan, qui selon certains détient 30% du PIB du pays méditerranéen, était surveillé par les services occidentaux. En juin 2008, l’ambassade des Etats-Unis à Tunis écrivait ainsi, dans un câble révélé par WikiLeaks, que Trabelsi était «réputé pour avoir été impliqué dans la corruption de gran-de ampleur, du remaniement de la Banque de Tunisie à l’expropriation de biens et l’extorsion de pots-de-vins».

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Des bombes lacrymogènes ont été lancées en direction des manifestants hier après-midi

Le Premier ministre tunisien de transition, Mohammed Ghannouchi, est prêt à rencontrer les manifestants qui font le siège du gouvernement pour discuter de leurs demandes, a indiqué hier à l’AFP Abdessalam Jrad, le patron de la puissante centrale syndicale, UGTT. D’après M. Jrad, des concertations ont eu lieu dans la matinée entre des représentants syndicaux et les

manifestants qui campent depuis dimanche sous les fenêtres du gouvernement à la Kasbah, siège du Premier ministère. Le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) a ajouté avoir parlé avec M. Ghannouchi qui a accepté le principe d’une rencontre avec ces manifestants, sans préciser quand elle interviendra.

LE PREMIER MINISTRE PRÊT À RENCONTRER LES MANIFESTANTS

La France veut la réussite du nouveau gouvernement

La France souhaite au nouveau gouvernement tunisien de réussir la période de transition, en

espérant qu’il prépare «au mieux» les prochaines élections, a déclaré hier le ministère français des Affaires étrangères. «Nous formons des vœux pour le succès du nouveau gouvernement tunisien et nous espérons qu’il pourra préparer dans les meilleures conditions les élections», a déclaré, lors d’un point-presse, le porte-parole du ministère, Bernard Valero. «Dans cette période essentielle de son histoire, la France se tient aux côtés de la Tunisie», a-t-il ajouté à propos de l’ancien protectorat français. Interrogé pour savoir si la France était satisfaite du maintien du Premier ministre Mohammed Ghan-nouchi, dénoncé par une partie de la population, le porte-parole a répondu : «On salue le nouveau gouvernement, on est satisfait ou pas satisfait, c’est plutôt aux Tunisiens d’exprimer un degré de satisfaction». «La France se réjouit de la décision de la Haute Commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies, Navanethem Pilay, d’envoyer une mission en Tunisie», a aussi déclaré Bernard Valero. «Nous apportons un soutien financier» à cette mission et «la France se félicite que cette initiative ait été prise en concertation avec les autorités tunisiennes de transition», a-t-il ajouté. «Cette mission doit déboucher sur des initiatives concrètes pour aider la Tunisie à avancer sur le chemin de la démocratie», a-t-il souligné.

● Un gouvernement de transition bis épuré des principaux caciques de Ben Ali est toujours dirigé par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi qui concentre les critiques.

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COORDINATION NATIONALEPOUR LE CHANGEMENT ET LA DÉMOCRATIE

Marche à Alger le 12 février

LE MINISTRE DU TRAVAIL ACCUSE CERTAINS CERCLES

«Ils instrumentalisent les revendications socialesà des fi ns politiques»

BENBRAHAMAU CONGRÈSDES SMA «Facebook,lien entreles jeuneset les autorités»

Le Soudan se réunira un jour en instaurant un système fédéral ou confédéral. La séparation ne durera pas très longtemps, car les Soudanais

ont des repères communs», a déclaré Abdelmadjid Attef, secrétaire général de l’Organisation arabe des scouts, en marge de la séance d’ouverture des travaux du 10e congrès national des Scouts musulmans algé-riens (SMA) ouvert jeudi à Alger. Au sujet du vent de révoltes sociales qui souffle sur les pays arabes, M. Attef estime que «ce qui s’est passé peut être un indicateur qui mènera vers de nombreuses réformes. Ce qui s’est passé en Tunisie a mené à des réformes». En revanche, les ministres algériens, qui étaient pré-sents à ce congrès, s’étaient éclipsés devant la presse. Les journalistes avaient cherché vainement à obtenir des déclarations au sujet du mouvement de révolte caractérisant l’actualité en Algérie et dans les nom-breux pays arabes.Le commandant des SMA compte sur facebook pour se rendre compte des préoccupations des jeunes. «facebook est un moyen de communication très demandé, il faut l’accompagner positivement par la formulation des moyens d’accompagnement pédago-giques», a affirmé Nourredine Benbraham. Il estime que cet accompagnement permet d’«équilibrer la personnalité des jeunes et trouver un sens réaliste à leur souffrance qui s’expriment à travers le face-book». Selon ses dires, facebook permet la jonction entre les jeunes et les autorités locales.Lors de ce congrès, auquel ont participé 600 délégués, Nourredine Benbraham, le commandant général des Scouts musulmans algériens, a été plébiscité pour un nouveau mandat (2011-2015) au commandement des SMA. L’encadrement et la structuration de la jeu-nesse sont les deux points sur lesquels a mis l’actionM. Benbraham qui s’est exprimé en présence des représentants de plusieurs pays, notamment le Sou-dan, la Palestine, le Sahara occidental, la Tunisie et la France. Il annoncera qu’un nouveau projet visant la formation des scouts dans le milieu scolaire a été lancé. Le 10e congrès national des SMA, qui a débuté jeudi et dont les travaux s’étaient poursuivis jusqu’à hier, est axé sur l’évaluation des réalisations du mou-vement scout dans tous les domaines durant les cinq dernières années et l’élaboration de son prochain programme. Djedjiga Rahmani

● Ali Yahia Abdenour a fait la proposition de retenir la date du 12 février pour une marche pacifique à travers le pays.

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L ’ A C T U A L I T É

La marche nationale pacifique pour exiger «le départ du sys-tème» aura lieu, finalement,

le 12 février prochain à Alger. Les membres de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, réunis hier à Alger, ont tranché en faveur de cette date au lieu de la journée du 9 février pro-posée la semaine dernière. C’est le président d’honneur de la Ligue al-gérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), Ali Yahia Abdenour, qui est à l’origine de cette proposition, dès l’ouverture des travaux de la réunion d’hier.Et le consensus s’est vite réa-lisé. «Le 12 février sera un samedi. C’est une journée non ouvrable et donc les travailleurs et les étu-diants peuvent participer à cette action», explique la majorité des intervenants qui étaient plus nom-breux à venir participer à cette réunion. En effet, de nombreuses organisations et partis politiques ont rejoint cette coordination à partir d’hier. Il s’agit notamment du Comité national pour la liberté de la presse (CNLP), du PST, du Parti pour la laïcité et la démocra-tie (PLD), de l’association Ne-jma, de l’Association des victimes d’Octobre 1988 (AVO 88) et des représentants des archs. Environ 200 personnes ont participé à cette réunion qui a duré plusieurs heures. Après avoir retenu le prin-cipe de la marche et tranché la question de la date, les partici-pants ont abordé les objectifs de l’action. Marcher pour demander quoi ? Chacun des membres de la coordination a pris la parole pour exposer ses suggestions. Première revendication : la levée de l’état d’urgence, maintenu illégalement depuis 1992 (19 ans déjà). Pour cela, tout le monde est d’accord. Mais c’est insuffisant. D’autres

propositions ont été exposées. «Il faut exiger le départ du système. Ce n’est pas une question de per-sonnes», explique la majorité des intervenants. «Système dégage ! C’est celui-là le slogan qu’on de-vra adopter», soutiennent d’autres, en citant l’exemple de la Tunisie et de l’Egypte. «Nous n’avons pas le droit de décevoir. Ce que nous vou-lons, c’est le départ du système et du pouvoir (…) Il faut maintenir la pression», lance Rabah Abdallah au nom du CNLP.

«UN REMANIEMENTDU GOUVERNEMENTNE CHANGERA RIEN»

La même demande est appuyée par des responsables du RCD, du comité citoyen de Aïn Benian, des représentants des archs et par plusieurs représentants des asso-ciations et partis présents dans la salle de conférences de la Maison des syndicats. Les représentants du Parti socialiste des travailleurs (PST), de l’association Nejma et

ceux des différents comités des étudiants de l’université de Tizi Ouzou, eux, ont axé sur la néces-sité d’inclure dans les revendica-tions les problèmes sociaux. Ils énumèrent en particulier le chôma-ge des jeunes, la crise du logement et la détresse de l’enseignement (éducation et enseignement su-périeur). Cela a donné suite à un houleux débat. Il a fallu plusieurs interventions et explications pour arriver à un consensus.A la fin de la réunion, les membres de la coordination se sont entendus sur un smig de revendications, en l’occurrence «l’exigence de la le-vée de l’état d’urgence, l’ouverture du champ politique et médiatique, et la libération des personnes ar-rêtées pour des raisons de manifes-tations ou de délits d’opinion». Il y avait, toutefois, une seule question qui est restée sans solution : de-mander ou pas une autorisation de la marche. Alors que plusieurs in-tervenants ne voient aucune utilité de celle-ci, Ali Yahia Abdenour es-

time le contraire. «Qu’ils refusent (les pouvoirs publics) ou non, il faut demander une autorisation. Il y a une opinion internationale qui suit avec attention ce qui se passe dans le pays et elle sera avec nous si les autorités refusent d’autoriser cette action», explique-t-il.Avant de se séparer, les responsa-bles de cette coordination se sont mis d’accord sur la mise en place d’une commission technique qui sera chargée de l’organisation de cette action. L’itinéraire à suivre lors de cette marche sera commu-niqué, explique le président de la LADDH, Mustapha Bouchachi, deux jours avant la date retenue pour l’organisation de la mani-festation. Interrogé sur l’éventuel remaniement du gouvernement et son influence sur la démar-che entreprise par la coordination, Mustapha Bouchachi affirme que cela ne «changera rien». «Nous demandons plus de libertés et une démocratie réelle», précise-t-il.

Madjid Makedhi

L ’exception est devenue une règle à l’APN. Ce jeudi, lors d’une séance plénière consacrée

aux questions orales, les travées de l’hémicycle étaient quasiment vides. Hormis les auteurs des interrogations et quelques députés disciplinés, le reste des élus n’a pas jugé utile de faire le dé-placement. Pourtant quatre ministres sont venus répondre aux «préoccupations» des élus. Il s’agit des secteurs du Commerce, du Travail, de la Santé, du Tourisme et de l’Artisanat. Interpellé sur le phénomène du chômage et le problème de l’emploi, Tayeb Louh, ministre du Travail, vraisemblablement irrité par la derrière révolte des jeunes et le comportement de cer-tains élus et autres parties, a tout d’abord accusé certains cercles de vouloir instrumentaliser les revendications sociales à des fins politiques. Dans la foulée, il regrette la politique du mépris prônée par certains élus locaux, à qui il demande d’assumer pleinement leurs responsabilités : «Les jeunes savent bien qui œuvre dans leur intérêt, alors cessons de les manipuler dans un but purement politique. Les élus doivent écouter les jeunes, ils doivent les accompagner et non pas leur tourner le dos», a pesté M. Louh, souli-

gnant l’importance de l’ouverture, au niveau des wilayas, d’espaces de loisirs en faveur des jeunes et des familles. D’autre part, le ministre a évoqué la «nécessité de préserver le pouvoir d’achat des catégories vulnérables» de la société, rappelant que «la prise en charge des préoccupations des citoyens a toujours constitué une priorité de l’Etat». Abordant dans le détail la problématique du chômage, il explique que la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre le chômage était tributaire «de l’important rôle» que doivent assumer les responsables locaux, à savoir les élus et les administrateurs.Une stratégie qui consiste, en premier lieu, à assurer un accompagnement et un bon accueil aux jeunes demandeurs de formations et d’em-plois, outre le rapprochement des mécanismes de l’emploi des citoyens des communes isolées et éloignées. Le ministre a, dans ce sillage, rap-pelé le rôle de l’Etat dans la mise en place d’une vision et l’octroi d’un soutien pour la promotion de l’emploi. A cet effet, il indique que «530 917 jeunes ont été recrutés en 2010 dont 130 000 diplômés universitaires». Il précisera, dans ce contexte, que le marché de l’emploi ac-

cueillait annuellement près de 120 000 diplômés ajoutant que «la composante démographique est formée de 72% de demandeurs d’emploi âgés de moins de 30 ans, ce qui nécessite l’intensification des efforts au niveau local afin de réaliser les objectifs visant la consolidation de l’intégration professionnelle des jeunes demandeurs d’em-ploi».

50 000 TRAVAILLEURS ÉTRANGERS EN ALGÉRIE

Parmi les postes d’emploi créés, 60 133 l’ont été à travers l’Agence nationale de soutien à l’em-ploi des jeunes (Ansej), 15 804 par la Caisse na-tionale d’assurance chômage (CNAC) et 181 839 dans le cadre de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM). S’attardant sur les mesures incitatives prises par l’Etat dans le domaine social au sein de cette stratégie, M. Louh souligne que l’Etat par-ticipe au paiement du salaire des jeunes durant les trois premières années de leur recrutement, à hauteur de 12 000 DA/mois, durant la première année et 10 000 DA/mois pendant la deuxième année, et ce, en vue de réduire les charges des employeurs et faciliter ainsi l’insertion socio-

professionnelle des jeunes. Pour ce qui est des secteurs créateurs d’emplois, il a cité le tourisme et l’industrie et a annoncé de nouvelles mesures pour la promotion de mécanismes socioécono-miques visant à renforcer l’insertion des jeunes dans le monde de l’emploi. A une interrogation sur la main d’œuvre étrangère, il réplique qu’il y avait près de 50 000 travailleurs étrangers en Algérie. Ce chiffre, de l’avis du ministre, de-meure «très faible» par rapport aux autres pays. Ces travailleurs étrangers et dont la main d’œu-vre chinoise arrive en tête de liste travaillaient essentiellement au niveau des grands projets en cours de réalisation à l’échelle nationale tels les barrages, les routes...S’agissant du projet du nouveau code du travail en cours d’élaboration, il comprend, selon le ministre, des articles et des dispositions relatives à la lutte contre le travail informel. «Ce projet de code constitue un outil de référence unifié qui comprend plus de 700 articles qui ont été adaptés au développement socioéconomique», souligne le ministre qui fera remarquer que 200 articles ont été introduits pour amender la législation du travail en vigueur. Nabila Amir

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La réunion de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie tenue jeudi à Alger

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ATTENTAT D’EL MANSOURAH (BORDJ BOU ARRÉRIDJ)

La peine capitale requise pour 12 terroristes

CLINIQUES PRIVÉES

Les critiquesde Ould Abbès

En marge des travaux de l’APN, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, a indiqué que près de 1000 parti-cipants devraient prendre part à la conférence nationale

sur la santé prévue du 3 au 5 février prochain. Le représentant du gouvernement a précisé que cette rencontre, qui se pen-chera sur l’élaboration de l’avant-projet de loi sur la santé, verra la participation de représentants des corps médical et paramédical, des associations de malades, des syndicats, de l’industrie pharmaceutique et des cliniques privées. L’avant-projet de loi, qui sera soumis au débat sous forme d’ateliers, comprend 500 clauses relatives à la formation, l’industrie pharmaceutique, les statuts, la recherche scientifique, la ges-tion et l’organisation.Un atelier sera consacré aux différents plans nationaux de lutte contre les maladies chroniques, dont le plan national de lutte contre le cancer, les maladies cardiaques et les ma-ladies infantiles, a ajouté le ministre. Sur un autre chapitre portant sur le transfert des malades du secteur public vers le secteur privé, M. Ould Abbès explique que cette pratique, qui est contraire à l’éthique et à la déontologie médicales, sera désormais combattue. «Le département de la Santé a formé 198 inspecteurs au niveau national, dont la mission consiste, notamment, à lutter contre le phénomène de transfert des ma-lades du secteur public vers le secteur privé», a-t-il souligné en déplorant, dans ce sens, le transfert de malades vers les cliniques privées pour effectuer des radios à des tarifs exor-bitants, alors que les équipements médicaux publics sont en panne. N. A.

TÉBESSA

6 individusappréhendéspour trafi cde drogueS ix présumés trafiquants de drogue ont été placés, jeudi

après-midi, sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le pôle judiciaire spécialisé de Constantine, apprend-on de sources sécuritaires. Agés de 27 à 52 ans, les mis en cause ont été arrêtés, mercredi, par les éléments du Centre territorial des recherches et d’investigations (CTRI, ex-DRS) de la wilaya de Tébessa en possession de 28 kg de kif traité. C’est suite à une filature de plusieurs semaines, déclen-chée sur la base de renseignements, que ces trafiquants ont été pris dans le filet des services de sécurité. Selon les premières informations, c’est le plus âgé d’entre eux qui a assuré la four-niture des 28 kg de kif traité à partir d’Oran.Il approvisionne son réseau dont les tentacules s’étendent sur les régions de Tébessa, Magra (dans la wilaya de M’sila) et Barika (dans la wilaya de Batna). C’est le même réseau qui avait été amputé, le 19 décembre 2010, de 5 de ses membres en possession de 18 quintaux de kif traité. Egalement placés sous mandat de dépôt, ces narcotrafiquants avaient été mis hors d’état de nuire par les mêmes enquêteurs du CTRI de la wilaya de Tébessa. Ils font partie, selon les mêmes sources, d’un im-portant cartel international de trafic de drogue qui écume toute la bande frontalière de l’Algérie. M.-F. G.

AÏN DEFLA

Un élu de AïnBouyahia arrêtépour corruptionU n membre de l’APC de Aïn Bouyahia relevant de la daïra

d’El Attaf (ouest du chef-lieu de wilaya de Aïn Defla) a été arrêté en flagrant délit de corruption par les éléments de la brigade mobile de la police judiciaire d’El Attaf et placé sous mandat de dépôt avant-hier, a-t-on appris de source officielle.Le mis en cause, délégué auprès d’une antenne administrative située au douar Sekakra, aurait exigé 5000 DA d’un citoyen afin de renouveler son contrat de travail à durée déterminée, ont indiqué les mêmes sources.C’est la deuxième affaire de corruption enregistrée dans la wilaya en une semaine. Aziza L.

DÉTOURNEMENT À LA CNAS DE M’SILA

Rebondissement de l’aff airedes 8 millions de dinars

● Un enregistrement des préparatifs de l’attaque contre les gendarmes a été diffusé durant l’audience.

El Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 8

L ’ A C T U A L I T É

La peine capitale a été requi-se par le procureur général près la cour de Constantine

à l’encontre de 12 terroristes, tous originaires de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, impliqués dans le meurtre de 18 gendar-mes et 2 civils, lors de l’atta-que perpétrée le 17 juin 2009 dans la région d’El Mansourah. Des peines de 10 ans de prison ferme ont été également requises contre 10 autres accusés. Le procès qui s’est déroulé mer-credi et a continué jusqu’à tard dans la soirée d’hier, au tribu-nal criminel de Constantine, a été marqué par la présence de 21 accusés parmi les éléments du groupe terroriste, arrêtés par les services de sécurité après l’attaque, ainsi qu’une femme ayant bénéficié de la liberté pro-visoire, accusée de leur assurer la nourriture au moment où ils préparaient leur coup. Six autres terroristes sont encore en fuite. La plupart des accusés sont poursuivis pour «constitution d’un groupe terroriste, meurtre prémédité, incendie et vol d’ar-mes». Selon l’arrêt de renvoi, les faits remontent au mercredi 17

juin 2009 vers 18h où un convoi de gendarmerie a été attaqué par un groupe terroriste, composé de plus de 60 éléments, sur la RN5, au lieudit Oued Kessir, situé entre El Mansourah et douar Aïn Defla, dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Les ter-roristes ont, dans un premier temps, fermé l’accès de la RN5 à l’aide de deux semi-remorques, dont l’un des chauffeurs a été tué sur place. Le groupe a ensuite ciblé à l’aide de lance-roquettes RPG un convoi de gendarme-

rie composé de six véhicules militaires, passant par les lieux, escortant des travailleurs chinois travaillant sur le chantier de l’autoroute Est-Ouest entre la base-vie de Hammam Bibans et El Mehir, dans la wilaya de Bor-dj Bou Arréridj. Les assaillants, bien embusqués sur une colline surplombant la RN5, à proxi-mité de Oued Kissir, ont ensuite surpris les gendarmes par un dé-luge de feu. Dix-huit gendarmes ont été tués lors de cette attaque, ainsi que deux civils. Appelés

à la barre, les 22 accusés ont nié en bloc les accusations por-tées à leur encontre, bien qu’ils aient reconnu les faits lors de l’enquête préliminaire menée par le juge d’instruction près le tribunal d’El Mansourah, avant que l’affaire ne soit transférée vers le pôle judiciaire spécialisé de Constantine. Jeudi dernier, un enregistrement des préparatifs de l’attaque et de l’assaut lancé contre les gendarmes, filmé par les terroristes et diffusé sur in-ternet avant d’être récupéré par les services de sécurité lors des opérations de ratissage ayant suivi l’attentat, a été diffusé durant l’audience. Ce film, qui montre des scènes horribles de gendarmes achevés puis égor-gés, a été utilisé par le procureur général comme preuve formelle de l’implication des terroristes dans ce crime.La défense des accusés a ten-té par tous les moyens d’axer ses plaidoiries sur l’absence de preuves tangibles. A l’heure où nous mettons sous presse, le tribunal criminel de la cour de Constantine était encore en déli-bérations. S. Arslan et Ratiba B.

D eux affaires distinctes sont au niveau de la justice à M’sila.

La première a trait à des malversa-tions ayant causé à l’agence CNAS de M’sila un préjudice de 24 mil-liards ; une plainte a été déposée au mois d’août de l’année 2006. La deuxième affaire est relative à un détournement de 8 millions de dinars, pour lequel une plainte a été déposée au mois d’avril 2007. Si pour la première, la chambre d’accusation a rendu son arrêt de renvoi au mois de décembre 2010, la deuxième affaire n’a jamais été traitée par la justice. C’est le débrayage, la semaine écoulée, des 300 travailleurs de la CNAS

de M’sila qui a permis de dévoiler le mystérieux classement par le tribunal de M’sila d’une affaire de détournement de 8 millions de dinars dans laquelle 18 personnes sont impliquées, mais auxquelles il a été remis une attestation de non-poursuite judiciaire. Dans un point de presse tenu récemment, le directeur de la CNAS avait in-diqué qu’«en voulant m’enquérir sur l’affaire des 8 millions de dinars déclenchée au mois d’avril 2007, j’ai appris de la bouche du procureur de la République près le tribunal de M’sila que cette affaire avait été intégrée dans la première». Et d’ajouter : «En vé-

rifiant l’arrêt de renvoi de l’affaire des 24 milliards, il s’avère que rien n’a été mentionné sur le détour-nement de 8 millions de dinars et encore moins sur les 18 personnes impliquées. C’est à partir de là que j’ai réintroduit une autre plainte au niveau de la même instance judiciaire pour une affaire dont la première plainte a été déposée au mois d’avril 2007.»Rappelons que l’affaire du détour-nement de 8 millions de dinars remonte à avril 2007, année durant laquelle il a été découvert les agissements du chef de service comptabilité et d’un médecin-chef qui se substituaient à des assu-

rés bénéficiaires du système tiers payant, choisis parmi les plus âgés, et détournaient à leur profit des sommes faramineuses.Ces mis en cause procédaient à la confection d’ordonnances dont le montant variait entre 80 000 DA et 120 000 DA, y apposant des fausses vignettes. Pour la plupart, il n’y avait aucun rapport entre les médicaments prescrits et les personnes âgées : tels le viagra ou les opérations d’esthétique. Ces agissements, effectués durant la période mars 2006 février 2007, ont permis le détournement d’un total de 8 millions de dinars.

S. Ghellab

L es travailleurs de la société portugaise ITT (Installation technique totale), spé-

cialisée dans l’installation des équipements de télécoms, et appartenant à 51% à la société Pinto & Bentes SA, se retrouvent démunis depuis 2008, face au refus de leur employeur de leur verser leur salaire. Les 71 travailleurs qui se sont adressés à El Watan, disent avoir épuisé tous les recours administratifs et ju-diciaires. Ils ont ainsi obtenu gain de cause suite à des plaintes déposées auprès du tribu-nal, mais ils se retrouvent aujourd’hui, nous disent-ils, dans une impasse totale, face au refus de la société portugaise d’appliquer les

décisions de justice. Après avoir vainement sollicité la société ITT, les travailleurs se sont adressés au principal actionnaire, la société Pinto & Bentes SA, qui, malgré un discours bienveillant, n’a encore rien fait pour leur accorder le fruit de leur labeur. Seule avancée dans cette affaire qui traîne depuis 2008, nous disent les travailleurs, la société portu-gaise a signé un échéancier avec la CNAS en vue de régulariser sa situation. Pour ce qui est des salaires, des congés impayés et autres indemnités dues aux travailleurs, rien n’a été fait. Une situation qui pénalise ces tra-vailleurs sans ressources, qui se sont adressés

à maintes reprises, au ministère du Travail, au ministère de la Justice et à l’ambassade portugaise à Alger pour faire état de leur si-tuation et des lois du travail bafouées par les patrons d’ITT, et notamment par Joaquim Agosto Martin Noguiera d’El Meida, patron de la société. Il est à noter que l’entreprise portugaise ITT ainsi que ses principaux ac-tionnaires détiennent depuis leur installation en Algérie, d’importants projets et chantiers dans le domaine des télécommunications no-tamment, mais aussi dans d’autres domaines tels que le transport et distribution d’énergieélectrique. Zhor Hadjam

UNE ENTREPRISE PORTUGAISE BAFOUELE DROIT DU TRAVAIL

70 travailleurs sans salaire

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Une salle d’audiences dans un tribunal

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TÉBESSA Arrestation de 27 squatters

Plus de 1 800 logements, toutes formules confondues, squat-tés à travers la wilaya, la semaine écoulée, ont été libérés, avant-hier, par les forces de l’ordre. Cette action de la police

vient après plusieurs tentatives de délogement à l’amiable menées par les autorités locales, mais qui n’ont pas abouti. Lors de cette opération, 27 squatters ont été interpellés. Ils seront traduits de-vant la justice. La plupart d’entre eux sont des récidivistes, selon la cellule de communication de la sûreté de wilaya, et seraient les meneurs de ce squat qui a touché plusieurs communes. Les indus occupants ont tenté de résister aux forces de l’ordre, et certains ont même menacé les policiers avec des cocktail Molotov, alors que d’autres ont utilisé leurs enfants comme boucliers humains. Les forces de sécurité sont actuellement sur place pour faire face à toute autre tentative de squat. Lakehal Samir

OUM EL BOUAGHIQuatre morts sur la route à Aïn Beïda

Avant-hier à 15H20, un accident s’est produit à deux kilomè-tres de la sortie nord de Aïn Beïda (RN80), faisant 4 morts,

dont une femme de 51ans. Selon toute vraisemblance, l’accident serait dû à l’excès de vitesse d’un des deux véhicules qui sont entrés en collision. En effet, une Peugeot 305 et une Hyundai se sont télescopées dans un dangereux virage, provoquant du coup la mort de H.A., 62 ans, A.E., 28 ans et B.S., 30 ans, et causé de gra-ves blessures à 3 personnes qui ont été évacuées par les éléments de la Protection civile à l’hôpital Zerdani. Une dame, B.L., 51 ans, a succombé à ses blessures deux heures après son admission, alors que les blessés, deux frères, H.M.,60 ans et H.A., 65 ans, sont tou-jours en observation. La Gendarmerie nationale a ouvert tout de suite une enquête pour déterminer les causes exactes de ce drame qui a endeuillé deux familles. Lazhar Baâziz

EL EULMA L’élagage des arbres se transforme en « mutilation »

L ’opération consacrée à l’élagage des arbres de la ville d’El Eulma lancée, il y a quelques jours, suscite l’étonnement de la

majeure partie de la population eu égard à la manière dont elle est menée, et surtout du préjudice causé au patrimoine arboricole de la ville. En effet, l’opération confiée à de simples ouvriers sans aucune qualification pour ce genre de tâche, a causé beaucoup de dégâts. Munis de tronçonneuses, parfois de simples scies, des agents se livrent à un véritable massacre des arbres, lesquels ont besoin d’aération par une coupe plutôt soignée, au lieu d’être purement et simplement mutilés. Certains arbres dont le feuillus a besoin de tailles douces, toute l’année, sont complètement passés à la tronçonneuse. Des branches mal coupées sont parfois arrachées à la main par des employés pressés d’en finir avec ce travail, notamment en cette période hivernale. Le constat est évi-demment alarmant. Il suffit de se rendre sur place pour constater les atteintes portées au patrimoine arboricole de la ville. Il est à noter qu’El Eulma n’a pas cessé de souffrir du préjudice causé à son patrimoine, autrefois très riche et varié. On se souvient qu’en 1970 des milliers d’arbres centenaires ont été abattus tout le long de l’avenue du 1er Novembre pour être remplacés par d’autres, nains et inadaptés à la rigueur du climat de la région. Beaucoup de ces derniers sont «morts» sur le coup et ceux, qui ont pu survi-vre, sont dans un piteux état. Une opération similaire a été aussi effectuée au courant de l’année 1990 et a touché des centaines d’arbres de différentes essences dont certains sont centenaires, et ce pour laisser place à la construction de l’actuelle cité des 250 logements aidés. Ce fut un véritable drame pour la population qui n’a cessé de dénoncer les dommages causés à l’environne-ment dans une ville où le béton a tout détruit sur son passage. L. Bourdim

MILAUn nouveau directeur pour la culture

Mohamed Ztili, ex-directeur de la culture à Sétif, a été ins-tallé, hier, dans les mêmes fonctions à Mila. Il remplacera

Ali Taïbi, appelé à occuper le poste de directeur de la culture dans la wilaya d’El Tarf. Précédemment, M. Ztili était journaliste, di-recteur régional du quotidien arabophone El Khabar et secrétaire national de l’Union des écrivains algériens. La cérémonie d’ins-tallation du nouveau locataire du département de la culture, à laquelle a assisté Mme Taous Saâda, représentante du ministère de la Culture, a été présidée par le wali. M. B.

El Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 9

R É G I O N E S T

Des centaines d’extincteurs périmés dans les écoles

SCANDALE DANS LE SECTEUR DE L’ÉDUCATION À EL OUED

● L’affaire, étouffée durant sept mois, a fini par être révélée par un élu de l’APW.

Le wali d’El Oued a or-donné l’ouverture urgen-te d’une enquête sur un

scandale qui a secoué le secteur de l’éducation. Il s’agit de pas-sation d’un marché contraire à la réglementation, concernant l’achat de centaines d’extinc-teurs d’incendie périmés et inu-tilisables équipant des établisse-ments scolaires de la wilaya. La décision du wali a été prise suite à une révélation faite par un élu de l’APW, Mohamed Saïd Didi, lors des travaux de la quatrième session de cette assemblée qui s’est achevée mercredi dernier. C’est la com-plicité des services de la di-rection de l’éducation qui a soulevé le mécontentement du premier responsable de wilaya et des membres de l’assem-blée. Lors de son interven-tion, Saïd Didi, a indiqué que «tout a commencé quand un incendie s’était produit dans un compteur électrique pendant les épreuves du Baccalauréat de juin 2010 au CEM Ahmed Tidjani, dans la commune d’El Oued». Et d’ajouter que: «A ce moment là, des agents de cet établissement ont recouru

aux extincteurs pour éteindre le feu. Malheureusement tous les appareils de lutte contre

l’incendie étaient vides ou à recharge périmée.» Selon cet élu, le scandale ne concerne pas

uniquement les extincteurs du CEM précité mais la majorité de ceux installés dans les éta-blissements scolaires de la wi-laya. L’intervenant ne manquera pas de préciser que «plusieurs chefs d’établissements scolaires ont appelé les services de la Protection civile pour contrôler et examiner ces extincteurs se trouvant dans leurs établisse-ments». La majorité des ap-pareils étaient inutilisables ou vides. Cet état de fait a poussé le wali à ordonner au directeur de l’éducation l’ouverture im-médiate d’une enquête appro-fondie pour faire la lumière sur ce marché illégal et déterminer la responsabilité des uns et des autres. Les membres de l’APW n’ont pas raté l’occasion pour s’interroger sur les raisons qui ont poussé le responsable du secteur à ne pas intervenir face à cette situation qui représen-te un danger pour la sécurité des écoliers, des enseignants et des travailleurs. Par ailleur, des sources dignes de foi ont indiqué que les services de la sécurité vont également ouvrir une enquête judiciaire.

Rezzag Salem Youcef

La Protection civile a confirmé que ces équipements étaient inutilisables

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INVENTAIRE DU PATRIMOINE IMMATÉRIEL NATIONAL

Première étape à Constantine

HOCINE HIMEUR N’EST PLUS

Le monde des arts plastiques en deuil à Guelma

Le docteur Slimane Hachi, directeur du Centre national de re-cherche en préhistoire, anthropologie et histoire (CNRPAH),

a estimé qu’avec les importants moyens humains et financiers mis en place par le ministère de la Culture, le programme visant à inventorier et classer le patrimoine national immatériel aura besoin de 200 spécialistes en anthropologie. C’est dans le cadre de ce programme que Slimane Hachi a effectué, jeudi dernier, une visite à Constantine, choisie comme première étape d’un long périple qui le mènera aux 48 wilayas du pays pour expliquer la méthodologie que le CNRPAH envisage de mettre en application pour la sauve-garde des richesses culturelles de l’Algérie. «Nous sommes parmi les premiers pays à ratifier en 2004 la convention de l’Unesco pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de l’humanité, et nous

sommes ainsi tenus de tenir nos engagements, d’abord, vis-à-vis de notre culture plusieurs fois millénaire», s’est-il exprimé lors d’une conférence animée à la maison de la culture Al Khalifa, en présence d’une assistance nombreuse. Slimane Hachi ne manquera pas de lancer un appel à tous les spécialistes, universitaires, associations culturelles et même aux simples citoyens intéressés par cet héritage, à œuvrer pour enrichir le programme initié par le ministère de la Culture. Il s’agira de travaux qui auront pour but de collecter, ré-pertorier, décrire et conserver tout ce qui a trait aux traditions popu-laires, pratiques ancestrales, comportements sociaux et savoir-faire de l’artisanat dans tous les domaines. «Nous aurons une mission passionnante à mener ensemble pour réaliser un chantier immense et merveilleux», a-t-il conclu. S. Arslan

Décédé à la force de l’âge, 50 ans, des suites d’une longue maladie, Hocine

Himeur, président de l’association Bas-samet (empreintes) des arts plastiques de Guelma, s’en est allé à l’image de l’homme qu’il était, dans la discrétion la plus totale. Nous le savions malade, mais il ne laissait rien paraître. Sa famille, au sens large du terme, l’a accompagné à sa dernière de-meure, ce jeudi 27 janvier après la prière d’El Asr, au cimetière central de la ville. Il a laissé derrière lui une femme et 4 enfants. Hocine Himeur était, avant toute chose, un artiste qui a voué sa vie à la promotion de la culture à Guelma. Après des études ar-tistiques à l’école nationale des beaux-arts de Constantine de 1980 à 1983, puis à celle d’Alger de 1983 à 1984, la persévérance et l’amour qu’il portait à la peinture, d’abord

en qualité d’enseignant de dessin à l’ITE de Guelma, mais encore à travers moult expositions individuelles et collectives, dont la 1ère Biennale internationale des arts plastiques d’Alger (1987), l’avait amené a fédérer, autour d’un café en 1992, un grou-pe de plasticiens Guelmis pour la création de l’association Bassamet. Cette dernière verra le jour quelque temps plus tard et il l’a présidera jusqu’à sa mort. Les défis n’effrayaient pas Hocine. En 1997 il sera l’initiateur du Salon national des arts plas-tiques de Guelma, une manifestation d’en-vergure dont les échos porteront aux quatre coins du territoire national. La 11ème édition de ce salon, en avril 2008, en était aussi la dernière en date. Le parcours international de Hocine Himeur était une autre preuve in-déniable de son talent, puisqu’à l’occasion

de l’année de l’Algérie en France, en 2003, il avait exposé en collectif dans les villes de Lyon et Marseille, comme il avait par-ticipé à une exposition collective, en 2007, à Radès (Tunisie). Bettina Heinen-Ayech, aquarelliste d’origine allemande, vivant à Guelma depuis 1963, a également perdu un grand ami. Leur amitié était si forte qu’elle et Hocine Himeur étaient devenus insépa-rables depuis 1985. Du 5 au 10 avril 2010, ils avaient exposé conjointement, pour la première fois à Guelma, une rétrospective de leurs œuvres. «Au premier coup d’œil, j’ai été impressionnée par la qualité de ses dessins d’une forte expression. Durant des années, il m’avait montré chacune de ses œuvres, du dessin au passage graduel à la peinture», nous avait-elle déclaré lors du vernissage. Karim Dadci

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Les élus montent au créneau

ISSERSDES PROJETSAU PROFIT DE LA COMMUNEDe nombreux projets susceptibles de rendre, une fois réception-

nés, plus agréable le cadre de vie des citoyens, sont à différents stades d’avancement dans la commune des Issers (à 3km environ à l’est du chef-lieu de la wilaya). Certains chantiers sont déjà lancés tandis que d’autres sont à l’étape du choix de terrain, apprend-on des élus locaux. Ces chantiers, plus nombreux, devraient profiter non seulement aux habitants des quartiers et villages qui vont les recevoir, mais encore à tous les citoyens de la municipalité. D’après des élus dans l’exécutif, le chef-lieu communal devra ac-cueillir, entre autres, une maison de jeunes, une salle des fêtes, un musée, un institut national spécialisé ainsi que 800 logements de type AADL. Ces infrastructures seront implantées à Isser-ville et à El-Hamri. Il est prévu également la réalisation d’antennes adminis-tratives de mairie aux villages d’Iwanoughen et Laâbid (VAS, ou ex villages agricoles socialistes), ajoute-t-on de même source. Une assiette foncière devant accueillir les futurs marchés hebdomadaire et de gros a été également choisie au chef-lieu. Ce qui va permettre le transfert du marché actuel où règne anarchie, insalubrité et in-sécurité. L’on a effectué aussi le choix de terrain où sera implantée une gare routière digne de ce nom. Ce terrain d’assiette est situé aux abords de la RN12, un important axe routier qui longe la ville du côté nord. Concernant les chantiers déjà lancés, nos interlocuteurs parlent de terrains Matéco en cours de réalisation aux cités des 50 logements et Tomazo, et un autre, achevé, au village Djâouna. Le réseau d’éclairage public est en phase d’être réhabilité au niveau de plusieurs quartiers et villages, ajoute-on. Une cantine scolaire, tant attendue par les écoliers, est en cours de construction à l’école primaire Naït Ali Ramdane. L’on a entamé également l’ouverture de pistes de désenclavement de certains hameaux à l’aide d’un bulldo-zer dont a été récemment dotée la commune. «Nous avons commencé par le village Tamleqamt, sur une distance de un km», nous ont affirmé nos interlocuteurs. Vétuste, le réseau d’alimentation en eau potable (AEP) du chef-lieu est, à son tour, en phase d’être rénové. «L’entreprise en charge des travaux de ce projet, dont le montant avoisine les 14 milliards de centimes, est déjà sur chantier», a-t-on encore expliqué. Yacine Omar

BÉNI AMRANE LA CITÉ SERVENTO ABANDONNÉELes habitants de la cité «Servento» appelée aussi des Megdoud,

sise au chef-lieu de la commune de Béni Amrane, se plaignent de l’état d’abandon dont lequel se trouve leur quartier. Alouane, une cinquantaine d’années vécues toutes dans ce quartier, nous dira que les ruelles du quartier n’ont bénéficié d’aucun projet de revêtement. Les conséquences de cet abandon ont engendré énormément de désagrément et de nuisance à la population, telles que la boue et la poussière qui envahissent les lieux, alternativement, suivant les saisons. Les riverains se sont montrés, au début, compréhensifs par apport à ces désagréments, du moment que la plupart des quartiers de la commune ont subi presque les mêmes dégradations au niveau des routes et des trottoirs, en raison des travaux déjà entamés pour la rénovation des réseaux AEP, d’assainissement et du gaz naturel. Mais ils se sont sentis, par la suite, trahis par les autorités, et ce, après avoir constaté que toutes les autres ruelles de la ville ont été aménagées à l’exception de celles de leur cité. H.Dahmani

LES LOCAUX COMMERCIAUXSE DÉGRADENTLes locaux commerciaux réalisés au chef-lieu communal de Béni

Amrane et au village Bouaidel (commune d’Ammal) dans le cadre du programme présidentiel dit des «100 locaux pour chaque commune», ont subi de graves dégradations. En effet, les vitres de leurs fenêtres ont été brisées depuis plusieurs mois et leurs rideaux défoncés, alors que le site et ses alentours sont envahis par toutes de sortes de déchets. Pendant que les bénéficiaires n’ont toujours pas reçu de clés pour pouvoir entamer leurs activités, d’autres demandes d’acquisition affluent. Interrogé sur les raisons de ce retard, Kamim, un jeune artisan qui a affiché de l’enthousiasme au début, a précisé que le retard mis pour l’exploitation des locaux est dû à leur non ali-mentation en électricité. Pour les brancher à la ligne électrique, le ser-vice concerné de la Sonelgaz a exigé de l’ensemble des commerçants à déposer d’abord des demandes d’installation de compteurs, afin de permettre à ce service de venir ensuite procéder aux installations et brancher à la fois tous les locaux. Or, les commerçants concernés n’ont pu réunir jusqu’ici qu’une dizaine de demandes. A Bouaidel, en revanche, les bénéficiaires ont certes réclamé les clés de leurs lo-caux, mais comme l’activité commerciale dans ce hameau évolue au ralenti, ces lieux de commerce, pourtant loués par la commune à des dinars symboliques, ont fini tous par baisser rideau. H. D.

APW DE BOUMERDÈS

● Ils s’opposent à la réalisation, sur le budget de wilaya, d’un projet de 21 villas en bord de mer pour des cadres de l’administration.

De nombreux élus à l’APW de Boumerdès sont montés au cré-neau lors de la dernière session

de cette institution en exprimant leur opposition quant à la réalisation, sur le budget de la wilaya, d’un projet de 21 villas en bord de mer au profit des cadres de la wilaya de Boumerdès. Les débats ayant suivi la lecture du rapport de la commission des finances de l’assemblée sur le budget primitif de l’année en cours ont été houleux. Certains élus se sont montrés très cri-tiques vis-à-vis des responsables de l’administration locale, qui ont émis des propositions «en déphasage total avec la réalité et les véritables préoccupations des habitants de la wilaya». «C’est un projet provocateur et il me semble qu’on n’a pas encore retenu la leçon des dernières émeutes. Sinon comment expliquer le fait d’inscrire un projet de 21 villas pour les directeurs de la wilaya sur un terrain qui était réservé initia-lement à la réalisation d’un théâtre de verdure et à l’extension de la maison de la culture Rachid-Mimouni ?», tonnera M. Ouziriate, du Parti des travailleurs (PT), avant d’exiger un inventaire des logements de fonction dont dispose la wilaya pour pouvoir savoir le nombre de directeurs qui ne sont pas encore relogés. «Il y a des directeurs qui ont vendu leurs logements et d’autres qui ont été mutés dans d’autres wilaya sans qu’ils ne remettent les clefs des apparte-ments qui leur ont été attribués», a-t-il ajouté en s’interrogeant sur l’impact négatif qu’imprimerait un tel projet sur le développement local. «Le logement de fonction est un droit, certes, mais on doit savoir quels sont les directeurs qui ne sont pas relogés et pourquoi», s’est élevé le même intervenant en exigeant de trai-ter la question en toute transparence. Le

montant du budget primitif de l’année en cours était de l’ordre de 90 milliards de centimes. Quelque 57 % de ce pac-tole seront consommés dans le chapitre «fonctionnement», et 43% dans celui de «l’équipement et investissement». L’administration a réservé, dans ses pro-positions, une somme de 70 millions de DA pour l’entame des travaux des villas en question et une somme de 160 MDA (milliards) pour l’achat du matériel trac-table et d’autres engins pour les APC. Où va l’argent de la zakat ?Par la suite, ces montants ont été répartis par la commission des finances de l’as-semblée sur les différentes communes de la wilaya en vue de répondre aux besoins les plus pressants de la popula-tion. Intervenant dans la même session, certains élus ont interpellé le wali et les responsables de l’exécutif sur les problè-mes dont souffre la frange juvénile dans différentes localités de la wilaya, faisant part de leur inquiétude sur le chômage endémique frappant cette catégorie de personnes et sur l’absence d’infrastruc-tures pour ses loisirs. D’autres interve-

nants ont émis des réserves sur la répar-tition du budget et l’absence d’intitulé des opérations prévues. «Vous parlez de l’achat des équipements de bureau et de l’aménagement des sièges de daïras et du revêtement de routes, mais quels bureaux, quelles daïras et quelles routes ? Je suis un élu et je dois suivre où va l’argent du peuple et s’il a été réellement consommé», lance un élu du FFS en s’interrogeant sur le sort de l’argent de la zakat. «Moi je ne comprends pas pour-quoi on a alloué 10 millions de DA pour l’aménagement des mosquées, d’autant qu’on leur avait déjà réservé une somme de 60 millions, en plus des milliards de la zakat dont on ignore encore la destination. Cet argent semble profiter à des gens occultes», s’est exclamé le même élu. Cette intervention a suscité la réaction du wali qui exigea de ramener des dos-siers. «J’ai déjà dévoilé des noms lors des sessions précédentes. Moi, j’ai dé-noncé, à vous maintenant de mener une enquête», répliqua l’élu du FFS.

Ramdane Koubabi

Les débats autour du budget primitif 2011 ont été houleux

Les terres agricoles se rétrécissent comme une peau de chagrin dans la wilaya. Dans la commune de Kharouba,

pas moins de 4 ha de terres fertiles, appartenant à l’exploita-tion agricole Kendil, ont été détournés de leur vocation, sans qu’aucun responsable ne daigne lever le petit doigt. Les parcelles en question sont situées à quelques mètres seule-ment du siège de l’APC, aux abords de la RN22 menant vers la commune de Boudouaou. Elles ont été envahies par le béton et des dizaines de constructions érigées anarchiquement sur une superficie de plus de 2 ha. Pis encore, une autre partie de cette

exploitation agricole a été louée pour un particulier qui l’utili-sait comme dépôt de sable. L’on se demande ainsi que fait l’Etat et où sont passés les services devant veiller sur la préservation de ces terrains destinés à usage agricole ? Ses exploitants ont-ils le droit de les louer à des tierces personnes et les détourner de leur vocation première ? En somme, il n’ y a pas longtemps, un élus à l’APW avait averti, que si l’on continue comme ça, on risque de se retrouver avec une moyenne de 0,08 h par habi-tant à l’horizon 2015 alors que cette moyenne était de 15h par habitant au lendemain de l’indépendance. R. K.

Des centaines de personnes assurant de multiples tâches au niveau de

divers établissements publics (santé, éducation) subissent une forme d’ex-ploitation que l’on croyait révolue. Cer-tains travaillent comme assistants de médecins ou de dentistes, alors que d’autres assurent le gardiennage ou le ménage. La plupart sont des filles et/ou des femmes mariées ou veuves. Elles

ont toutes été recrutées dans le cadre du dispositif IAIG (indemnité pour des ac-tivités d’intérêt général) pour percevoir un salaire de 3000 DA par mois. La plupart d’entre elles cumulent plus de dix ans d’expérience, mais sans bénéficier de la moindre augmentation rémunératrice. Elles se disent «inconsidérées et exploi-tées par l’Etat». Dans tous les secteurs

où elles exercent, étatiques ou privés, leurs doléances et leurs préoccupations sont les mêmes. Sous-payées, maltraitées et humiliées par les chefs d’établissements, dans la santé, l’éducation, au sein des collecti-vités locales, ou autre administration où elles évoluent, leur rêve est d’être recru-tées pour de vrai et changer enfin de sta-tut. R. K.

Recrutement ou exploitation ?DISPOSITIF IAIG

Des terres agricoles détournéesde leur vocation

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R É G I O N O U E S T

ORAN Les auteurs du cambriolage de Delmonte sous les verrous

EMPLOI Ruée sur l’Anem

ACTIVITÉS SPATIALES Vers la signature d’un protocole d’échanges entre la Malaisie et l’Algérie

TISSEMSILT

10 nouvelles spécialités pour la formation professionnelle

BÉCHAR

Le commerce du troc en défaveur de l’Algérie

NAÂMA

Une place de choix pour l’oléiculture

La brigade de lutte contre la criminalité d’Oran a mis la main sur la bande qui a cambriolé, en décembre 2010, le coffre-fort d’une usine de conserves implantée au quartier de Delmonte.

Cette bande, composée de 8 individus dont une femme, a ligoté les gardiens pour s’emparer du coffre-fort contenant 200 millions de centimes ainsi que d’un lot de bijoux pour une valeur de 400 millions avant de prendre la fuite à bord d’un véhicule utilitaire garé dans cette usine. Selon nos sources, les 8 mis en cause sont des repris de justice âgés entre 25 et 30 ans. Quant au chef de cette bande K.A., il était également recherché pour une affaire de hold-up dans une bijouterie sise à Haï Es-Sabah. On saura également que le véhicule volé par cette bande a été incendié pour effacer leurs traces. Il a été retrouvé par les policiers dans une zone déserte. Les 8 membres de ce réseau ont été présen-tés jeudi au juge d’instruction près le tribunal Djamel Eddine pour association de malfaiteurs et vol qualifié. Ils ont tous été placés sous mandat de dépôt. R. K.

Le dispositif de placement géré par l’Agence nationale de l’em-ploi (Anem) suscite un engouement particulier où l’on constate

une moyenne quotidienne de 700 jeunes se pressant devant les por-tes de cet organisme. Les étroits escaliers en colimaçon menant au siège de l’Agence ne désemplissent pas de jeunes diplômés univer-sitaires, toutes spécialités confondues, et de chômeurs de tous âges, désirant renouveler leur «carte bleu» arrivée à expiration trois mois après son établissement, ou simplement s’enquérir d’un éventuel poste de travail, fut-il temporaire, indique le directeur de l’Anem. Les efforts déployés pour placer un grand nombre de postulants restent tributaires de la volonté des opérateurs économiques, du patronat et des responsables dont l’activité est en relation avec le marché de l’emploi. Le manque de collaboration dans le processus de lutte contre le chômage n’est heureusement pas partagé par la majorité des opérateurs qui émet-tent quotidiennement le vœu de recevoir encore plus de jeunes notamment dans le domaine du Bâtiment et travaux publics, dans l’administration et les services, relève toutefois ce responsable. Les demandeurs d’emploi privilégient particulièrement le secteur pu-blic et les entreprises étrangères, fait-il également observer, notant, dans ce contexte, le souhait légitime du requérant d’obtenir un tra-vail stable et offrant le maximum de chances en vue d’une possible confirmation au poste occupé. K. B.

Un protocole des échanges dans le domaine des études et des activités spatiales sera signé entre des centres de recherches

de la Malaisie et de l’Algérie notamment avec celui d’Arzew a in-diqué à partir d’Oran l’ambassadeur de la Malaisie Dr Hasruc Ani Mujsaber qui s’est exprimé à la Chambre du Commerce et de l’In-dustrie de l’Oranie. Le diplomate, lors de sa visite dans la capitale de l’Ouest du pays, était accompagné d’une délégation composée du Chargé Commercial de l’ambassade et des opérateurs écono-miques malaisiens. Au cours de l’entrevue, il a été question des moyens à mettre en œuvre pour une stratégie commune afin de dé-velopper les relations économiques et commerciales entre les deux pays notamment celles concernant les opportunités d’affaires ou de partenariat. Il a été convenu d’organiser durant cette année des visites de missions économiques et commerciales entre les deux pays sous l’égide des chambres du commerce et de l’industrie ainsi que la participation des opérateurs aux différentes manifesta-tions ou foires locales pour diversifier les échanges sachant que la balance commerciale entre les deux pays atteint chaque année les 132 millions de dollars. T. K.

Afin que le produit de la formation profession-nelle puisse répondre au monde du travail,

notamment l’agriculture qui est la vocation par excellence de la région, 10 nouvelles spécialités seront enseignées à partir de la rentrée du 27 février prochain. A savoir : les grandes cultu-res (apiculture, arboriculture et horticulture), conduite et entretien des engins de chantier, cantonnier, MEE (métier de l’eau et de l’en-vironnement), installation et maintenance des équipements d’irrigation, AIG (Art et Industrie Graphique), artisanat traditionnel et autres mé-tiers des travaux bâtiments tels que le carrelage,

la faïence et la mosaïque. Pour ce qui est de la session de février, 3226 postes pédagogiques dont 1050 inscrits en mode résidentiel et 1701 en apprentissage. En ce qui concerne la formation qualifiante, 130 femmes rurales ont été inscrites pour obtenir au bout de 6 mois de formation un certificat de qualification en petit élevage, tis-sage et bonneterie. A rappeler que le secteur de la formation et de l’enseignement professionnels a pu assurer durant l’année 2009/2010 une for-mation diplômante au profit de 20032 stagiaires dont 751 filles avec 973 inscrits en mode rési-dentiel. Boudiaf El Hadj

Le commerce du troc avec le Niger et le Mali et autorisé

depuis de nombreuses années pour certains articles et pro-duits de consommation est en défaveur de l’Algérie. Le dé-séquilibre des échanges avec le Niger et le Mali au cours de l’année écoulée se situe au niveau du volume des échanges et de la nature des marchan-dises exportées par l’Algérie.

Selon une source douanière, l’Algérie a exporté exclusive-ment en direction de ces deux Etats du Sud des dattes sèches prisées par les populations de ces pays. Il s’agit d’une quan-tité de 740.000 kg pour une valeur de 13.170.000 DA pour le Niger et 7.7771.500 kg d’un montant de 1.271.826 DA pour le Mali. En contrepartie, l’Al-gérie a importé de ces deux

pays un cheptel vif constitué de 4269 têtes de moutons et 1530 têtes de chameaux représentant respectivement une valeur de 15.625.000 DA et 31.120.000 DA, 51.000 kg de thé vert pour une valeur de 10.764.000 DA et 1.167.500 kg de mangues pour un coût de 59.415.000 DA et, enfin, 47.550 kg de henné pour un montant de 1.184.393 DA. M. Nadjah

L’oléiculture est une véri-table mine d’or mais peu exploitée, nous dit-on.

Certains ont même constaté, non sans amertume, que par rapport à nos voisins immé-diats, cette culture demeure à la traîne sous nos cieux. Pour insuffler une nouvelle dynamique ainsi que la pro-motion de ce créneau porteur, la DSA a organisé, mercredi dernier, une rencontre de deux jours entre les spécia-listes et scientifiques venus d’ITAF (Bejaia), de l’INPV (Alger) et de l’INSID (Alger) et les oléiculteurs locaux. Une réunion apparemment féconde et assez didactique qui consiste à sensibiliser et informer les exploitants, sur les pratiques culturales, sur la conduite du verger et les usages du produit récolté. Ainsi, ces derniers ont large-ment expliqué l’importance économique que revêt cette filière. Notons qu’à présent, la superficie oléicole totalise 1683 ha dont plus de 200 ha sont en production, atteignant quelque 1034 q d’olives avec un taux moyen de 10 litres par q. Une récolte de 314 q d’oli-ves de table et 720 q destinés

aux huileries et ce, en atten-dant l’entrée en production des plantations récentes. Hor-mis cela, au cours de l’actuel programme quinquennal de la wilaya, le CTW a validé 313 nouveaux dossiers pour la plantation d’oliveraies, re-présentant un total de 712 ha. Il est à noter que, pour ce nouveau projet, le soutien

de l’Etat est fixé à 60 000 DA par hectare, contenant 400 plants et à 30 000 DA par hectare pour 200 plants. D’autre part, la Direction des Services Agricoles vient de soutenir financièrement l’achat de deux huileries et de procéder à l’établissement de conventions avec 6 pépinié-ristes. D. Smaïli

● Les pouvoirs publics ont validé 313 nouveaux dossiers pour la plantation d’oliveraies. Le soutien de l’Etat est fixé à 60 000 DA par hectare,

contenant 400 plants et à 30 000 DA par hectare pour 200 plants.

RELIZANEDes malfaiteurs cagoulés sèment la panique

MOSTAGANEM Une jeune fi lle chute du cinquième étage

Munis d’armes blanches dont des épées et des sabres, six personnes cagoulées ont secoué, ce week-end, la quiétude de la population de Relizane semant un climat d’insécurité au niveau de Graba, le plus vieux quartier populaire de la ville. En effet, les gangs s’en sont pris, selon une victime, aux commerçants de la cité. Ils ont blessé trois personnes et se sont accaparés, selon la même source, d’une somme d’argent estimée à 20 millions de centimes. Un des bandits a été dévoilé grâce au courage d’un commerçant qui a réussi à lui ôter sa cagoule. Alertés, les policiers n’ont pas tardé à l’arrêter. Passé aux aveux, le malfaiteur a dénoncé ses acolytes. L’on apprend que ces derniers font partie d’un important réseau s’adonnant au banditisme et prenant refuge dans un appartement sis à la cité des 600 logements, récemment attribués. Le mis en cause, présenté au parquet, a été placé sous mandat de dépôt. Cette scène nous rappelle celle qu’a vécue, il y a deux années, la même population lorsqu’un groupe similaire a sévi en usant des mêmes méthodes. I. B.

Une jeune fille répondant aux initiales d’O.F., âgée de 21 ans a, en fin de semaine, fait une chute du 5ème étage de son immeuble dit «bloc de la Chemouma», à la sortie ouest du chef-lieu de la ville de Mostaganem. Aussitôt avisés, les agents de la Protection civile arrivent pour évacuer la victime vers le service des urgences où les premiers soins et examens furent prodigués. S’agit-il d’une banale chute accidentelle ou d’une tentative de suicide ? La réponse reste à déterminer par les enquêteurs en charge de cette affaire. A. T.

L’Agence ne désemplit pas de jeunes diplômés, toutes spécialités confondues, et de chômeurs de tous âges, désirant renouveler leur «carte bleu» arrivée à expiration trois mois après son établissement.

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I N T E R N A T I O N A L E

AFRIQUE DU SUD

Nelson Mandela est sorti de la clinique

L’ancien président sud-africain et symbole de la lutte antiapartheid, Nel-

son Mandela, est sorti hier de la clinique Milkpark à Johan-nesburg où il a été hospitalisé mercredi rapporte l’AFP. Il y a subi des «examens spé-cialisés» liés aux problèmes respiratoires selon la prési-dence sud-africaine. Son état de santé est jugé hors danger. Dans une conférence animée en la circonstance, le vice-président sud-africain affirme que Madiba «va bien. Il re-çoit les meilleurs soins de la part des meilleurs médecins et personnels médicaux disponi-bles dans le pays». Le même responsable indique qu’il «n’ y a nulle raison de paniquer, nul besoin de craindre pour la santé de Mandela». Comme il demande à la population sud-africaine «à continuer à prier pour que Madiba soit parmi nous pour fêter ses 93 ans» le 18 juillet prochain et «au-delà».De son côté, le président Jacob Zuma qui participe alors au Forum économique mondial à Davos en Suisse, a appelé jeudi dernier dans un communiqué au «calme et à la retenue». Il assure que l’ancien président «va bien et est pris en charge par une équipe de spécialistes médicaux». Il décide de ne pas entrer au pays pour ne pas susciter des spéculations sur l’état de santé du premier président noir de l’histoire de l’Afrique du Sud. Porte-parole du président, Zizi Kodwa, a indiqué à la radio

privée 702 que le président n’entrera pas au pays avant lundi. Il a quitté Davos pour se rendre à Addis Abeba en Ethiopie pour prendre part au sommet de l’Union africaine (UA) qui se tiendra demain. Né en 1918, il intègre l’African National Congress dans les an-nées 1940 (ANC) et prend part à la lutte non-violente contre la ségrégation raciale inspirée du mouvement de non-violence du Mahatma Gandhi. Comme cette forme de militan-tisme n’a pas abouti à l’éman-cipation des noirs de la domi-nation de la minorité blanche, il opte pour la lutte armée contre le régime raciste de Prétoria. Et cela, après l’interdiction de son mouvement en 1960. Arrêté en 1962, il est condam-né à la détention à perpé-tuité en 1964. Libéré en février

1990 après vingt sept ans de prison, il devient vice-prési-dent de la République sud-africaine. Poste qu’il occupe jusqu’à 1991 puis président de l’ANC de 1991 à 1994. Avec Frederik de Klerk il lance le processus de démocratisation du pays. La ségrégation raciale est abolie dans les lieux pu-blics, l’état d’urgence est levé et les dernières lois consacrant l’apartheid sont abolies. Au terme de négociations en-tamées en 1990, une constitu-tion intérimaire est adoptée en novembre 1993 malgré l’op-position des extrêmistes. Elu président de la République en 1994 à l’issue des premiè-res élections multiraciales de l’Afrique du Sud, Mandela for-me un gouvernement d’union nationale où F. De Klerk oc-cupe le poste de deuxième

vice-président. Et l’Afrique du Sud retrouve sa place dans le concert des nations. En 1996 est adoptée une nouvelle constitution. F. De Klerk et le Parti national quittent le gouvernement. Prix Nobel de la paix en 1993, Mandela se retire à la fin de son mandat en 1999. Lui succède Thabo Mbeki.Après son retrait de la vie publique, il crée la Fonda-tion Mandela, le Fonds Nelson Mandela pour l’enfance et la Fondation Mandela Rhodes pour poursuivre son œuvre hu-manitaire. Il apparaît rarement en public. Sa dernière appari-tion remonte au 11 juillet 2010 à Johannesburg à l’occasion de la cérémonie de clôture du Mondial de football organisé par l’Afrique du Sud. Amnay I.

● La dernière apparition de Mandela remonte au 11 juillet 2010 à Johannesburg à l’occasion de la cérémonie de clôture du Mondial de football organisé par l’Afrique du Sud.

Au moins 3000 personnes ont manifesté hier, à Amman, à l’appel des Frères

musulmans pour protester contre la vie chère et la politique économique, récla-mant un changement de gouvernement et des réformes selon l’AFP. Contrairement à la Tunisie et l’Egypte, où les manifestations contre le régime ont fait ces dernières se-maines plusieurs morts, le mouvement de protestation en Jordanie n’a pas été marqué pour le moment par des heurts avec les forces de l’ordre. Brandissant des drapeaux jordaniens et de leurs partis, les manifestants répondaient à l’appel des Frères musulmans, principale force d’opposition du pays, et de sa bran-che politique, le Front de l’action islamique (FAI), à manifester «contre la vie chère et pour des réformes politiques». Depuis plu-sieurs jours, le roi Abdallah II multiplie les initiatives pour tenter d’apaiser la grogne populaire. Outre des rencontres avec des personnali-tés de tous les bords, il a appelé le Parle-ment à accélérer les réformes politiques et socioéconomiques et relancer la confiance

du peuple dans les institutions, et il a ef-fectué des visites discrètes dans les zones les plus démunies du royaume, selon son entourage. Mais cela n’a pas dissuadé les islamistes de poursuivre l’organisation de manifestations, notamment celle de vendredi à laquelle participaient des par-tis politiques de gauche et des syndicats professionnels, sous l’oeil d’un important dispositif policier. «A bas le gouverne-ment Rifaï» (le Premier ministre Samir Rifaï, ndlr), «Nous voulons un gouverne-ment de salut national», «Ensemble pour des réformes politiques et économiques», pouvait-on lire sur les banderoles. «Nous voulons un gouvernement représentatif qui comprenne notre situation et nous donne un sentiment de sécurité. Nous ne voulons pas d’un gouverne-ment d’aristocrates, formé de riches et d’hommes d’affaires», a déclaré devant les manifestants le responsable des Frères musulmans, Hammam Saïd. Aucun incident n’a été enregistré lors de la manifestation. Comme lors de la précé-dente manifestation, vendredi dernier, la

police a voulu donner une image pacifique en distribuant de l’eau et des jus de fruits aux manifestants. Des rassemblements ont eu lieu également à Irbid au nord, Ka-rak, Ma’an et Diban au sud, où près 2000 personnes selon la police ont également protesté dans le calme. Le FAI avait réclamé la semaine dernière un «amendement à la Constitution» pour limiter les pouvoirs du roi. «Nous deman-dons que le chef de la majorité au Parle-ment devienne de facto Premier ministre, ou que le chef de l’exécutif soit élu directe-ment par le peuple», avait affirmé à l’AFP Zaki ben Rsheid, membre exécutif du FAI.La Constitution jordanienne, adoptée en 1952, donne au roi la prérogative exclusive de nommer ou limoger le Premier ministre. Le gouvernement a annoncé en janvier le déblocage de près de 500 millions de dollars pour augmenter les salaires des fonctionnaires et des retraités, favoriser la création d’emplois et faire baisser les prix. Il s’agit de la troisième journée de manifestations dans le royaume depuis la mi-janvier. R. I.

JORDANIE

Manifestations populaires pour le changement● Contre la vie chère et pour des réformes politiques, des milliers de Jordaniens ont manifesté hier.

PROCHE-ORIENT

Le Paraguay reconnaît la Palestine

Le Paraguay a reconnu hier la Palestine comme «Etat libre et indépendant» à l’intérieur des frontières de 1967 a annoncé ce même jour selon l’AFP le ministère paraguayen des Af-

faires étrangères. Suivant ainsi l’exemple de huit autres pays sud-américains dont le Brésil et l’Argentine. «La République du Paraguay réitère explicitement la reconnais-sance de cet Etat comme étant libre et indépendant, avec les frontières du 4 juin 1967», soit avant l’occupation par Israël de Jérusalem-est, la Cisjordanie et la bande de Ghaza, dit le minis-tère dans un communiqué rendu public hier. Une centaine d’Etats reconnaissait déjà la Palestine, la plupart depuis les années qui ont suivi la déclaration d’ «indépendance» proclamée en 1988. Mais face au blocage du processus de paix, les responsables palestiniens ont intensifié leurs efforts pour obtenir la reconnaissance de leur Etat par de nouveaux pays. Une fois atteinte une masse critique de pays, ils espèrent porter leur revendication devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Le pays «réaffirme sa conviction que les négociations entre Israël et la Palestine doivent être relancées pour parvenir à la paix et à la sécurité pour les deux nations», conclut le communiqué du ministère paraguayen. Sur douze pays en Amérique du Sud, huit pays ont déjà reconnu l’Etat palestinien: le Venezuela dès 2005, et depuis le 3 décembre 2009, en cascade derrière le Brésil : l’Argentine, l’Equateur, la Bolivie, le Guayana, le Chili et le Pérou (ces deux derniers n’ont pas fait mention de tracé). Deux pays ont dit qu’il le ferait en 2011: l’Uruguay et le Surinam. Seule la Colombie devrait faire bande à part. «Israël est un allié très stratégique d’un point de vue militaire» pour le pays, explique le politologue colombien de l’université Alejo Vargas. L’Amérique du Sud s’est rapprochée des pays arabes depuis le sommet de l’Aspa (Amérique du Sud-pays arabes) de 2005 à Bra-silia, dans une démarche de développement des relations Sud-Sud. «A partir de 2005, les relations entre les pays d’Amérique du Sud et les pays arabes ont été de plus en plus denses et régulières», explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut des re-lations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris. Un troisième sommet du genre est prévu le 16 février à Lima. Selon Michael Shifter, du Dialogue interaméricain, une organisation basée à Washington, «le Brésil a été fondamental dans ce processus. Il mène depuis un certain temps une politique étrangère indépen-dante avec assurance (...) La reconnaissance de la Palestine par le Brésil a ouvert la voie aux autre pays sud-américains». Le Paraguay accueille une forte communauté d’origine arabe, notam-ment à Ciudad del Este, zone franche très active commercialement à la frontière du Brésil et de l’Argentine. Le pays entretenait avec la Palestine des relations diplomatiques qui sont allées crescendo depuis 2005, à travers les ambassades du Brésil et d’Egypte. Le président paraguayen, Fernando Lugo, avait reçu à Asuncion, avec tous les honneurs d’un chef d’Etat, le président palestinien Mah-moud Abbas, le 27 novembre 2010. Les reconnaissances en cas-cade des pays latino-américains ont suscité la désapprobation de Washington qui les juge «contre-productives». Israël a également mis en garde contre «toute décision unilatérale» à l’égard des Palestiniens. Le Centre Wiesenthal, une organisation luttant contre l’antisémitisme, a estimé pour sa part que l’Amérique du Sud ne devait pas «s’embourber» au Proche-Orient mais se contenter de développer les questions commerciales avec cette région.

MAROCLe verdict du procès de 7 militants sahraouis reporté au 11 février Le verdict du procès de sept militants sahraouis qui devait être prononcé hier par le tribunal de Casablanca a été reporté au 11 février, selon l’AFP. Les prévenus et leurs avocats étaient absents à cette courte audience, comme les y autorise la loi marocaine qui ne fait pas obligation aux prévenus d’assister au prononcé du verdict les concernant. Les militants sahraouis avaient été arrêtés en octobre 2009 à l’aéroport de Casablanca à leur retour de Tindouf, dans le sud algérien, place forte du mouvement pour l’indépendance du Sahara occidental, le Polisario. Ils sont accusés «d’atteinte à la sécurité intérieure» du Maroc. Trois sont en détention et quatre —dont une femme, Dakcha Lachguer—ont été laissés en liberté. Amnesty International avait appelé en novembre «les autorités marocaines à libérer les trois activistes sahraouis» encore détenus. Dans un premier temps, le tribunal militaire de Rabat avait poursuivi les militants «pour espionnage» avant de se déclarer incompétent le 25 septembre. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc. Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination, sous l’égide de l’ONU. Le Maroc propose un plan de large autonomie sous sa souveraineté, refusant toute idée d’indépendance.

Nelson Mandela à sa sortie hier, sur une civière d’une clinique à Johannesburg

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Samedi 29 janvier 2011 - 11El Watan

■ À L’AFFICHE Suite : les Phéniciens et l'Algérie «L'Empire de la mer» 12

■ À LA VOLÉE ISMAS, grève/A l'aube du théâtre/Ciné : Eh bien, bravo !/Confucius à Alger/Piano aquatique... 13

■ À LA PAGE Grandes plumes : Albert Cossery, sur un Nil d'humanité 14

■ Essai : «Vers la sobriété heureuse» de Pierre Rabhi/Abécédarius 15

■ À LIRE Extraits du dernier roman de Merzac Bagtache : «Danse en plein air» 16

PAR SLIMANE BRADA

On racontait que des ma-rins phéniciens faisant régulièrement escale sur la même plage, y avaient laissé de grosses pierres pour abriter leur feu. Après de nombreux re-tours en cet endroit, ils

se rendirent compte que le sable de leur âtre s’était vitrifié. De cette découverte fortuite serait né le verre. Cette belle histoire était, en fait, une légende puis-que le verre était déjà maîtrisé en Méso-potamie. Cependant, il est admis que les Phéniciens ont mis au point et déve-loppé la technique du soufflage du verre et il est certain qu’ils ont excellé dans la fabrication, à grande échelle, d’objets en verre (ustensiles, bijoux…) ouvra-gés avec raffinement. Mais si ce peuple ancien ne peut pas s’attribuer l’inven-tion du magnifique matériau transpa-rent, il pourait se targuer, de plusieurs manières, d’avoir inventé la Méditerra-née, non pas géologiquement et géogra-phiquement, bien entendu, mais en tant qu’ensemble historique et culturel. In-venter la Méditerranée, c'est lui donner une réalité humaine globale en instau-rant des échanges entre des peuples, des

tribus et des cultures souvent radicale-ment différents.De leur nom, nous ne disposons que d’hypothèses. La piste grecque voudrait que le mot vienne de «phœnix», l’oiseau mythique qui cherchait à atteindre le soleil. Comme on les appelait aussi «hommes rouges», bien longtemps avant les Cheyennes ou les Apaches, le rapport avec l’oiseau se serait établi à partir de leur peau cuivrée par le soleil

durant leurs longs périples marins. Is-sus de l’actuelle terre libanaise étendue au Nord et au Sud, les Phéniciens, ados-sés à une montagne et pris en tenaille entre de puissants voisins, n’avaient que la mer comme débouché. Ils surent tirer partie de leur «malchance» et la transformer en un formidable atout. On estime que leur «utilisation» de la Mé-diterranée aurait commencé au cours du IIe millénaire avant J.C., pour culminer entre le XIIIe et le IXe siècles avant J.C.

Navigateurs émérites, ils ont pratiqué le cabotage (navigation le long des côtes) sur le pourtour méditérannéen. Mais les recherches ont montré qu’ils avaient passé le détroit de Gilbraltar au moins à Mogador, sur la côte atlantique de l’ac-tuel Maroc. Ils ne craignaient pas la haute mer et, en naviguant de nuit, ren-tabilisèrent au mieux leurs connaissan-ces en astronomie, au point où les Grecs, pendant des siècles, appelèrent la grande Ourse «la Phénicienne». Ces excellents marins étaient, en plus, de re-doutables commerçants et, pour repren-dre le bon mot de notre confrère Ameziane Ferhani, «les précurseurs historiques du marketing et de la mon-dialisation». Pour rester dans ce langa-ge, ils «montèrent leur affaire» en com-merçant pour le compte de leurs puis-sants voisins, notamment les Asssyriens du Nord et les Egyptiens pharaoniques du Sud. Une fois leurs réseaux et points de vente installés et prospères, ils se passèrent de ces mandataires dont la puissance avait décru. La constitution de leur extraordinaire empire de la mer est une histoire édifiante des rapports entre l’intelligence et la force, entre l’ingéniosité et la puissance. Suite page 12

«Devant la Maison de la Nation, ils étaient toujours debout, tous les trois – le professeur Kamel El Zaher, le cheikh Ali Sahab et Mohammed bey Bassiouni. Ils regardaient avec impatience l’extrêmité de la rue, par où allait arriver, dans quelques instants, le Guide glorieux, Mustapha Nahas Pacha… »

Alaâ El AswanyJ’aurais voulu être égyptien.

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L’Empire de la mer

ARTS LETTRES

ZESTE D'ÉCRITURE

FRONTON

Indignation, indignitéPAR AMEZIANE FERHANI

En 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, un jeune homme est reçu à l’Ecole normale supérieure de Paris. En 2011, ce même jeune homme, désormais âgé de 94 ans, se voit chassé de cette même prestigieuse école. La conférence qu’il devait y donner, le 18 de ce mois, sur le Proche-Orient a été annulée sur pression du CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France. Il a dû rebrousser chemin avec ses accompagnateurs, dont Leïla Shahid, représentante de la Palestine auprès de l’Union européenne. Cet homme, Stephane Hessel, on n’a jamais parlé autant de lui depuis le 20 octobre dernier où il s’est avisé de publier un tout petit livre, Indignez-vous, une trentaine de pages brochées dont les quelques grammes ont soulevé des tonnes de critiques, d’insultes et d’anathèmes. Le motif de cette hargne tient avant tout dans le succès du livret. Publié par un petit éditeur de Montpellier, il en est à sa 9e réédition, et a atteint, en trois mois, le million d’exemplaires, en tête des ventes depuis plusieurs semaines. Un phénomène éditorial ! Car enfin, loin de les avoir dissimulées, les opinions du vénérable sont connues de longtemps. En 2006, il signe un appel contre les frappes israéliennes au Liban. En 2009, il qualifie de crime contre l’humanité les bombardements de Ghaza. En 2010, il soutient le mouvement de boycott désinvestissement-sanctions contre Israël… Avec ce livre, dont il a renoncé aux droits d’auteur, ses idées prennent de l’ampleur.Mais si son Indignez-vous indigne autant, c’est aussi en raison de sa personnalité. Né en 1917 à Berlin, d’une mère protestante et d’un père juif, issu d’une grande famille bourgeoise, marié lui-même avec une juive, on ne peut lui reprocher d’être antisémite. Moins encore avec son engagement sans faille dans la résistance qui le mènera de Londres, auprès du général de Gaulle, au camp nazi de Buchenwald, puis dans un autre d’où il s’évadera. En 1946, il est secrétaire de la commission qui rédige la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il sera ambassadeur de France à Pékin, à l’ONU, à Saigon, Genève, New York ainsi qu’à Alger, de 1964 à 1969. L’an dernier, en mai, il était à Oran pour quatre rencontres, dont deux avec des étudiants, affirmant sa grande affection, non dénuée de regard critique, à l’égard de l’Algérie. Son dernier livre, un appel à l’indignation comme fondement de l’esprit de résistance, ne parle pas que d’Israël, mais traite de toutes les injustices à ses yeux intolérables. Mais, pour certains, l’intolérable n’est pas partageable. Ainsi, le 20 janvier, deux jours après Paris, Leïla Shahid s’est vue refoulée de l’Ecole des beaux-arts de Marseille sur instruction de la mairie, pour «des raisons de sécurité», avant que la Région ne lui trouve une salle. Il faut dire que son sujet était subversif, voire explosif : elle devait parler de l’écrivain Jean Genêt dont elle était une amie !

&&EXPOSITION LES PHÉNICIENS ET L'ALGÉRIE

Ce peuple ancien pourrait se targuer d’avoir inventé la Méditerranée.

MAIS ENCORE...

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El Watan - Arts & Lettres - Samedi 29 janvier 2011 - 12

Ce qui les caractérise dans l’histoire par rapport aux autres civilisations de la Mé-diterranée et même d’autres mondes, c’est bien leur pacifisme. Ils ne colonisaient pas les terres qu’ils abordaient, à l’excep-tion notoire de Carthage. Ils guerroyaient en fait par le commerce et, dans l’histoire présente, on pourrait supposer que la

Chine s’inspire de leur modèle pour surpasser les grandes puissances du monde. Ils ont appris aux peuples de la Méditerranée les ver-tus de l’échange, dont le support privilégié a été l’am-phore phénicienne, objet d’une incroyable modernité à l’époque, qui permettait de transporter diverses mar-chandises et denrées, solides ou liquides. Ils vendaient de l’huile, du vin, du sel, de l’orge, du blé, des par-fums, des pierres précieuses, du bois de cèdre, etc. Les minerais comme l’argent, le cuivre et l’étain (ingré-dient du bronze) les intéressaient particulièrement car, n’étant pas seulement commerçants, ils approvision-naient les fabricants de leurs villes (Byblos, Tyr, Si-don…) et parfois d’autres contrées dont ils en assu-raient la distribution. L’image des Phéniciens prati-

quant le troc recouvre une réalité valable en certains lieux et à certaines époques. Ils auraient ainsi utilisé la verroterie en guise de monnaie, mais l’archéologie a démontré qu’ils ont grandement contribué, et de ma-nière décisive, à la mise en place d’un système moné-taire avec leurs propres frappes mais aussi en utilisant les monnaies des autres, introduisant donc la pratique de la convertibilité. De plus, en développant le com-merce, ils ont contribué également à la connaissance réciproque des peuples de la Méditerranée et de cet

espace qui était, alors, le centre du monde connu. Ajoutons que la distribution de produits n’est jamais restreinte à ces produits. Un objet suppose une déno-mination, un usage, un mode d’emploi et souvent de nouvelles habitudes. Ils ont donc diffusé des modes de vie et des mythes, les leurs, mais aussi, par transitivité pourrait-on dire, celle des autres. On leur doit énormément dans la configuration de l’urbanisme de la Méditerranée. Leurs comptoirs commerciaux côtiers, disséminés sur tout le bassin méditerranéen, ont attiré des populations et donné lieu à des agglomérations qui sont parfois devenues de grandes villes actuelles, cela sans compter que l’in-fluence phénicienne ne se résumait pas aux rivages, mais allait en profondeur dans les territoires, du fait des attractions commerciales induites. L’exemple d’Alger est édifiant. Sa première apparition est celle d’un comptoir phénicien, Icosim, que les Romains ont latinisé en Icosium. L’an dernier, l’Union européenne a reçu un projet de jonction entre 35 villes d’origine phéniciennes. Mais l’apport exceptionnel des Phéniciens réside, sans doute, dans la diffusion de l’alphabet. Là aussi, s’ils ne l’ont pas inventé, ils l’ont considérablement perfectionné en lui donnant une organisation et une graphie modernes (22 lettres, se lisant de droite à gau-che). Ils ont assuré de plus son rayonnement sur pres-que toute la Méditerranée, ce qui influa d’autres al-phabets. C’est dire que l’exposition au palais de la culture Moufdi Zakaria, «Les Phéniciens en Algérie, Voies de commerce entre la Méditerranée et l’Afrique Noire» (20 janvier-20 février), couvre un pan de l’histoire aussi passionnant que méconnu. Sa thématique dé-passe même son titre, car ce qu’elle donne à voir et comprendre sur les Phéniciens et l’Algérie va au-delà des voies de commerce. La naissance de cette exposi-tion est déjà une histoire qui commence en 2004 avec l’idée d’un travail sur l’archéologie phénico-punique dans toute la Méditerranée. En 2006 naît un projet al-géro-italien de recherche en numismatique punique à Iol (actuellement Cherchell). D’un côté, Amel Soltani, conservatrice du Musée national des antiquités d’Al-ger, qui a déjà travaillé sur ce sujet, de l’autre, Lorenza Ilia Manfredi, de l’Institut des études de civilisation italiques et du bassin méditerranéen antique dépen-dant du Conseil national de la recherche. Au cours d’une discussion avec Mme Zadem, directrice de la protection légale au ministère de la Culture, elles évo-quent la possibilité d’un travail plus large. Le «pour-quoi pas ?» de leur interlocutrice les encourage. Le ministère et l’ambassade d’Italie en Algérie suivent. Quatre ans de travail qui englobent ce fameux inven-taire en Algérie mais aussi des pièces phéniciennes d’Algérie dans les collections du monde, aux USA, en France, en Russie… Elles sillonnent les musées du pays. D’innombrables fiches et photos sont réalisées. Un documentaire est produit (hélas non diffusé sur le lieu de l’expo). Leur moisson est énorme et permet de mesurer ce que l’on savait déjà : l’importance de ces

fonds dans les musées algériens, de quoi constituer peut-être un musée spécialisé. L’exposition donne à voir une sélection pertinente avec plus de 200 objets exposés. Certaines pièces sont uniques, comme le seul rasoir phénicien trouvé en Algérie ; le chaudron de Gouraya sans équivalent au monde ; un vase à trépied exceptionnel ; la stèle magique de Takemprit aux for-mes étranges… Mais toutes les pièces exposées valent le détour : stèles funéraires, poteries, bouteilles, bi-joux, ustensiles, etc. Les panneaux apportent des éclairages nouveaux sur l’apport phénicien en Algérie et font le lien avec la période numide mais aussi avec d’autres cultures ou civilisations, tel ce panneau sur les étrangers en Algérie qui révèle des présences di-verses, grecque, étrusque, égyptienne, ibère… Un vé-ritable carrefour historique et culturel ! On y découvre des sites fabuleux, telles la nécropole du phare de l’île de Rachgoun, à l’ouest d’Oran, le sanctuaire de Cirta où 300 stèles furent découvertes par un certain Lazare Costa, fermier italien, la route de l’encens, la route du sel, déjà active, la route des parfums… de même que les enjeux de la période punique avec ses guerres fa-meuses et la destruction de Carthage (qu’on ne peut s’empêcher de ramener à l’actualité !). Bref, une ex-position passionnante, bien agencée dans une scéno-graphie de panneaux pourpres, la couleur préférée de ces levantins du passé, riche d’objets et d’explications bilingues (parfois un peu trop denses), de photos, de croquis et de plans. L’exposition méritait cependant une meilleure promotion ou une promotion tout court car point d’affiche, de spot TV ou radio, et un catalo-gue non disponible à la vente. Mais il faut la visiter si l’on veut mieux connaître l’Algérie ou simplement découvrir un peuple passionnant.Enfin, ces deux propos des deux commissaires de la manifestation. Mme Manfredi : «La centralité de l’Al-gérie entre la Méditerranée, le Sahara, l’Afrique, eh bien, les premiers à avoir compris cela furent les Phé-niciens. C’est vraiment très important car, ici, entre Carthage, la péninsule ibérique, la Sardaigne s’est développé un pan important de la civilisation puni-que». Mlle Soltani : «Toute la communauté scientifique dans le monde qui s’intéresse au domaine attendait cette exposition, car elle met au jour le patrimoine considérable de l’Algérie sur cette civilisation et elle va relancer les études.»Dans la salle, un visiteur âgé s’appliquait à expliquer à une visiteuse de son âge que le mot «Afniq», en tama-zight, qui signifie Phénicien, désignait les coffres ber-bères tandis qu’elle affirmait que, chez elle, il dési-gnait des broderies complexes. Ils finirent par se dire que cela désignait peut-être tout ce qui était beau. En tout cas, que ce mot ait encore cours chez nous, des milliers d’années après, prouve que les Phéniciens ne nous ont pas rendu visite en vain. Slimane Brada L'exposition est placée sous le haut patronage des présidents de la République des deux Etats (Algérie et Italie). Site à consulter : www.cherchel-project.eu

À L'AFFICHE

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Sans doute pour la première fois en Algérie une exposition historique a tenu compte des enfants. Des panneaux ont été réservés à leur hauteur, relatant la vie d’un petit Phénicien, nommé Arish, qui raconte, à sa manière, et à travers les personnages de sa famille ou de son milieu, le quotidien des Phéniciens. Quand il trouve, par exemple, sa grande sœur en train de se maquiller et de se parer, c’est l’occasion pour lui de parler de l’habillement, de la cosmétique et des parfums que les Phéniciens maîtrisaient. Les textes en arabe et en français sont parfois un peu trop denses et d’un niveau qui ne correspond pas toujours à celui d’un enfant. Des collégiens pourraient les comprendre aisément. Mais il faudrait que les parents et surtout les structures scolaires soient de la partie. En tout cas, c’est une première qui devrait être généralisée, mais en mobilisant l’Education nationale !

JE M’APPELLE ARISH

EXPOSITION LES PHÉNICIENS ET L'ALGÉRIE

L’apport exceptionnel des Phéniciens réside sans doute dans la diffusion de l’alphabet. S’ils ne l’ont pas inventé, ils l’ont considérablement perfectionné

De haut en bas :collier de la nécropole punique àTipasa, IIe siècle av. J.C.L'alphabet phénicien qui a inspiré l'alphabet grec et d'autres.Cruches figurées IIIe siècle av. JC

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El Watan - Arts &Lettres - Samedi 29 janvier 2011 - 13

ISMAS

Grève des étudiantsDepuis jeudi dernier, les étudiants de l’ISMAS (Institut supérieur des métiers de l’art du spectacle et de l’audiovisuel, ex-INADC) de Bor-dj El Kiffan, observent une grève revendicative. Le premier motif de ce mouvement porterait sur l’inté-gration du système LMD (licence-master-doctorat) décrié dans d’autres instituts. Les étudiants es-timent de plus que leur formation artistique nécessite une organisa-tion particulière de leur cursus, adaptée à la nature des disciplines artistiques enseignées (théâtre, chorégraphie, cinéma, audiovi-suel…). Par ailleurs, ils demandent un renforcement et une améliora-tion des moyens pédagogiques mis à leur disposition. Des discussions ont été entamées avec la direction de l’ISMAS.

LE SAVIEZ-VOUS ?

A l’aube du théâtre

Le théâtre a pris naissance en Grè-ce. On y donnait des représenta-tions dramatiques appelées Dithy-rambes (aujourd’hui syonyme d’éloge) liées au culte de Diony-sos. Des citoyens, accompagnés par un flûtiste, chantaient et dan-saient sur une simple aire de terre battue (l’orchestra). Vers 550 avant J.C., Pisistrate, un tyran qui régnait à Athènes, associa au Dithyrambe un groupe de comédiens, dirigés par Thepsis pour honorer les héros grecs. C’est ce dernier qui eut l’idée de faire dialoguer un acteur avec le chœur. Cela donna naissan-ce au premier acteur dénommé hupocritès (celui qui donne la ré-plique). Par la suite, Eschyle ajou-tera un deuxième acteur (le deuté-ragoniste) et Sophocle introduisit le troisième (le tritagoniste). Les acteurs étaient exclusivement des hommes. Quand ils jouaient, ils portaient des masques à l’expres-sion figée et, quel que fût le senti-ment qu’ils devaient exprimer, ils n’avaient que leurs voix et leurs at-titudes pour les communiquer aux spectateurs. Ces masques s’appe-laient des «personna», à l’origine du «personnage». La plus ancienne tragédie connue est une pièce d’Es-chyle, intitulée Les Perses (472 av. JC.) et la plus ancienne comédie est de Aristophane, Les Nuées (427 av. JC).

CINÉMA

On s’affiche enfin

Le Centre cinématographique al-gérien a procédé à la numérisation de 1000 affiches de films classés dans ses archives. Dans une décla-ration à l'APS, le responsable de la programmation de cet organisme, Mohamed Naâmar, a précisé que le centre a lancé, depuis près d'une année, la numérisation des affiches des films algériens et étrangers classés dans ses archives. L'opéra-tion de numérisation en cours des affiches de films touche aussi les films récents projetés actuellement à la Cinémathèque d'Alger. Une bonne opération quand on sait l’importance des affiches dans la promotion, mais aussi l’histoire du cinéma. Mais quand seront-elles mises sur Internet pour que tout le monde puisse en disposer : médias, associations, étudiants, lycéens, chercheurs, cinéphiles… ?

CINÉMA ENCORE

Eh bien, bravo !

Après la nomination de Hors-la- Loi de Rachid Bouchareb dans l’ultime liste de l’Oscar du meilleur film étranger, le pavillon algérien continue d’engranger des satisfactions. Ainsi, Garagouz (2010) d'Abdenour Zahzah vient d’obtenir le Grand prix du 11e Fes-tival du court métrage de Vaulx-en-Velin (Lyon). Ce film de 24 minu-tes a cumulé ainsi six prix interna-tionaux en moins de 4 mois ! Par ailleurs, le film franco-algérien Quelques jours de répit, d'Amor Hakkar, a été nominé aux compéti-tions officielles du Festival du film de Sundance, a indiqué mercredi un communiqué du ministère de la Culture. La sélection de ce long-métrage a été effectuée sur 1073 films, dont 58 inspirés de romans universels. C’est le premier film d’un réalisateur algérien nominé au Festival du film de Sundance, l'un des plus grands d'Amérique du Nord, qui se déroule actuellement à Salt Lake City jusqu’au 30 janvier. Ce festival, créé par l’acteur améri-cain Robert Redfort, s'intéresse aux films d'auteurs indépendants.

MUSIQUE

Djazia Satour

Vous entendrez parler d’elle. Née dans les années 1980 à Alger, arri-vée en France en 1990, elle avait créé à Grenoble le groupe MIG avec lequel elle avait conçu l’al-bum Dhikrayate où se mêlaient jungle et tsigane sur de beaux tex-tes en arabe, en français et en an-glais. Elle revient, en solo, avec Klami, album autoproduit. Avec sa voix admirable, proche de la soul afro-américaine, elle vogue entre reggae, raï (style Hasni), blues… et connaît déjà un succès prometteur qui l’annonce comme une future valeur de la chanson algérienne.

À LA VOLÉEBRÈVES… …ET AUTRES NOUVELLES

LANGUE ET CULTURE

Confucius à AlgerA la faveur de son expansion économique et commerciale, la langue chinoise, qui est déjà la première au monde, démographie oblige, connaît une percée internationale remarquable. Mardi, à l’occasion du Nouvel an chinois, l’ambassadeur de Chine à Alger a annoncé le dé-marrage cette année de l'enseignement du chinois en Algérie, en répon-se à «l’importante demande émanant notamment d'étudiants et d'hom-mes d'affaires algériens». Mais à quand l’ouverture d’un véritable cen-tre culturel ? La Chine a ouvert des dizaines d’Instituts Confucius dans le monde ces dernières années.

Avec 18 langues officielles et d’autres en usage, l’Inde est une mosaïque linguistique. L’anglais, contrairement aux idées reçues, n’est maîtrisé que par 5% des habitants (50 millions de person-nes quand le hindi est pratiqué par 500 millions de personnes). Pourtant, 45% des titres (31 000) sont publiés en anglais, faisant de l’Inde le 3e producteur mondial de livres en anglais. Autre aspect : 80% de la production était scolaire, pa-rascolaire et universitaire. Depuis la forte déva-luation de la roupie en 1991, les livres importés sont devenus inaccessibles et l’édition indienne a

pris son envol. En 2004 déjà, on comptait 16 000 maisons d’édition éditant 70 000 titres avec un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros. La foire annuelle du livre de Calcutta accueille 2 millions de visiteurs qui y dépensent 3 millions d’euros. Autres rendez-vous : New Delhi, Madras et une centaine de salons régionaux. Le scolaire et l’an-glais dominent toujours, mais les autres types d’éditions montent en puissance. Mais, presque comme en Algérie, on dit d'un roman qu'il est bien vendu quand il atteint 3000 exemplaires (2000 chez nous).

Inde : l’édition et le livre en mouvement MIAMI VICE

Piano aquatique Les habitants de la baie de Biscayne, à Mia-mi, ont trouvé cette semaine un piano à queue sur un banc de sable au milieu de l’eau. On ignore comment un instrument pesant 300 kg a pu se retrouver là. Selon un spécialiste, il a fallu une embarcation im-portante et du matériel pour le poser. Les garde-côtes ont refusé d’intervenir puisqu’en cet endroit, le piano ne présente pas de danger pour la navigation. Et la commission de préservation de la faune et de la flore de l’Etat de Floride s’est déclarée incompétente !

Sorti le 12 janvier, Le Frelon vert (USA, 1 h 57) du réalisateur français, Mi-chel Gondry, avec Seth Rogen, Cameron Diaz et Jay Chou, a cartonné au box-office du week-end suivant avec des recettes de 34 millions de dollars ! Dans le genre Superman et Batman, le film relate les aventures du directeur du journal, The Daily Sentinel, qui se transforme la nuit en super héros connu sous le nom du Frelon vert, secondé par Kato, un Asiatique, bien sûr expert en arts martiaux. Le film reprend la série The Green Hornet, elle-mê-me tirée d’une émission de radio et qui avait été diffusée aux USA en 1966 et 1967 puis dans le monde. La série ne fit pas une grande audience, mais elle est devenue une série culte grâce à Bruce Lee dont c’était le premier rôle aux USA. Son générique bien connu a été composé d’après Le Vol du bourdon du célèbre musicien classique russe, Nikolaï Rimski-Korsakov.

CINÉMA /AMÉRIQUE

Le Frelon vert bourdonne encore

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MAGHREB DES LIVRES

La Tunisie à la uneL’association Coup de Soleil, orga-nisatrice du Maghreb des livres de Paris, ne pouvait se douter des ef-fets de l’actualité en programmant, il y a plusieurs mois, la Tunisie comme invitée d’honneur. Cette coïncidence ne manquera pas de donner à la manifestation culturelle une dimension particulière en rela-tion avec les événements en cours dans ce pays. Le programme de cet-te édition (5 et 6 février 2011, Hôtel de Ville de Paris) s’annonce déjà

bien fourni. Près de 150 auteurs du Maghreb ou écrivant sur le Ma-ghreb seront présents pour rencon-trer leurs lecteurs et se livrer aux ri-tuels de la dédicace. Plusieurs hom-mages sont prévus : à Mohamed Leftah, Edmond-Amran El Maleh, Taos Amrouche, Mohamed Arkoun. Une table-ronde portera sur «Les mouvements nationalistes au Maghreb après la défaite de la France», à laquelle participera l’historien algérien, Daho Djerbal.

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El Watan - Arts & Lettres - Samedi 29 janvier 2011 - 14

A lbert Cossery est l’un des plus talentueux écri-vains égyptiens d’expression française. Ce roman-cier, à la trajectoire atypique, a mené une exis-tence solitaire dans une chambre d’hôtel à Saint-Germain-des-Prés, dans la simplicité et, parfois,

dans le dénuement, à l’image des personnages qui peuplent ses fi ctions. Il mourut comme il a vécu. Seul. Loin de sa terre natale, El Kahira, la «Victorieuse», cette vaste jungle urbaine, dominée par le chaos, où se débattent des êtres démunis vivant dans la désolation et que l’auteur a rencon-trés et côtoyés lorsqu’il vivait encore dans cette ville aux allures d’immense cour des miracles.L’écriture cossérienne met en perspective une philosophie de vie qui séduit, questionne, déstabilise. Elle vient, tout naturellement, bousculer nos préjugés et nous incite à une remise en question des valeurs qui dominent le monde et

formatent nos représentations. Une vision qui pourrait être appréhendée comme une invitation à dépoussiérer notre sens commun pour renouveler notre vision et notre rapport au monde. Tout au long de ses romans, Albert Cossery met en scène des personnages fragiles, sensibles, courageux, fascinants, attachants et libres. Des hommes, majoritaire-ment qui partagent une caractéristique commune : le refus d’un monde où le matériel et l’accumulation des biens sont érigés en dogme. Des êtres qui se rencontrent, se regardent, se reconnaissent, se lient d’amitié et s’unissent autour d’ob-jectifs communs pour marquer leur opposition au monde dans lequel ils vivent et affi rmer leur refus de se conformer à l’ordre dominant. Rafi k (Les Fainéants de la vallée fer-tile) ; Samantar (Une ambition dans le désert); Haykal (La Violence et la Dérision) ; Medhat (Un complot de saltim-banques) ; Gohar (Mendiants et orgueilleux) et tous les personnages qui gravitent autour des héros cossériens sont décrits comme des êtres marginaux, indépendants et libres de tout engagement et de toute contrainte. Des êtres qui véhiculent l’idée selon laquelle «faire un métier, n’importe lequel, est un esclavage». Des hommes qui «ont fait leur propre révolution» et qui refusent de se voir mourir dans la routine et la servitude, favorisant ainsi «le progrès de l’es-prit» au détriment du «progrès technique». «Eh bien, quand un homme te parle de progrès, sache qu’il veut t’asservir», écrit Cossery dans Les Fainéants de la vallée fertile. Et, inévitablement, cette conception résume l’une des idées centrales de l’œuvre cossérienne selon laquelle la posses-sion et l’accumulation des biens matériels n’est point syno-nyme de réussite et de bonheur. Non conformistes. Autonomes. Affranchis. Ces personnages émergent comme des acteurs à part entière qui vivent dans leur propre monde, défi nissant leurs propres valeurs et choisissant leur propre style de vie. Et afi n d’affi rmer leur attitude anticon-formiste et réaliser leur retrait de la société dans laquelle ils vivent, ces protagonistes vont déployer deux types de stra-tégies.

Gohar, Rafi k, Galal, Hafez et bien d'autres vont recourir à la stratégie de la non-conformisation par l'oisiveté, cet «art suprême et distingué» qui se décline sous forme de paresse et de sommeil. Aussi, loin d'être improductive et connotée négativement, la notion de paresse, «cette oisiveté pensan-te» revêt, sous la plume de Cossery, une dimension positive puisqu'elle est appréhendée comme indispensable à la réfl exion et à la maturité. Et du point de vue de l'écrivain, «un paresseux intelligent, c'est quelqu'un qui a réfl échi sur le monde dans lequel il vit. Et donc, ce n'est pas de la paresse. C'est le temps de la réfl exion». Cette posture est illustrée par Gohar, professeur de lettres et de philosophie à l'université qui, après avoir pris conscience que son ensei-gnement était basé sur le mensonge et l'hypocrisie, décide de renoncer à son capital économique, social et culturel pour vivre dans la peau d'un mendiant, dans un quartier pauvre du Caire. De temps à autre, il met son savoir-faire rédactionnel au service de Set Amina, propriétaire d'une maison close et des prostituées en écrivant leurs lettres. Gohar semble être fasciné par le bordel qu'il assimile à un lieu où «la vie se montre à l'état brut, non dégénérée par les

conformismes et les conventions établies». Ainsi, pour ce personnage formidablement sympathique, l'oisiveté est le symbole de la liberté. C'est un état qui favorise l’affi rma-tion de son individualité et son choix de vie. Par ailleurs, le sommeil renvoie à l'idée du retrait de la société. Les per-sonnages qui animent la trame du roman Les Fainéants de la vallée fertile (Gala, Rafi k, Hafez...) considèrent le som-meil comme une «valeur suprême» ; un refuge et un moyen de protection du monde des hommes. C’est un rempart contre l'ennui, l'exploitation, l'avilissement et l'esclavage ; un havre de paix et de sérénité. Le second type de stratégie déployée par les héros cossé-riens concerne la non-conformisation par l’amusement et la dérision. Samantar (Une Ambition dans le désert) ; Heykal (La Violence et la dérision) ; Medhat, Heymour et Imtaz (Un Complot de saltimbanques) vivent dans la gaîté, la joie et la liesse, tournant en dérision tout ce qui les entoure et, en particulier, la dimension oppressive du pouvoir des diri-geants de la société dans laquelle ils vivent. Cette attitude vient renforcer davantage leur détachement des valeurs dominantes, affi rmant ainsi leur dignité. Leur liberté. A la lumière de cette approche, la dérision, «instrument» de non violence et de plaisir, poursuit un double objectif. Primo, cette attitude contestataire vise à remettre en cause l’ordre politique et social établi. Heykal et ses disciples passent leur temps à tourner en ridicule le pouvoir oppressif du gouverneur de la ville et à combattre son comportement tyrannique par le truchement de la dérision. Leurs tactiques prennent plusieurs formes : la rédaction de tracts à la gloire du gouverneur, la réalisation d’une statue en son honneur… Le but étant de rendre ridicule son pouvoir aux yeux de la population et de favoriser ainsi la remise en cause de son autorité. Secundo, la dérision revêt une dimension positive car c’est un moyen d’affi rmation de soi et de développe-ment personnel qui permet à ces individus de rire de tout, de se détacher du monde matériel et violent, de se distraire,

d’être soi-même et de vivre libres. A la lumière de cette conception, Samantar nous apparaît comme «l’homme du moment présent et des plaisirs terrestres». Comme quelqu’un qui «avait déjà fait sa révolution tout seul et jouissait avec orgueil de sa suprématie sur un monde d’es-claves». L’image d’un homme humain. Profondément humain ! Heykal, Samantar, Rafi k, Imtaz, Medhat, Gohar, Heymour émergent comme des personnages qui rient de la vie. Jouissent du présent. Conçoivent la dérision comme une alternative à la violence qui régit les rapports humains. Des êtres qui ont fait le choix d’une vie marginale, libérée des considérations matérielles et du poids du conformisme et de l’aliénation. Les écrits cossériens mettent en scène des humanités qui donnent vie à nos rêves et nourrissent nos utopies. Oui. Les fi gures cossériennes ont bien fait leur révolution. Elles nous incitent, à notre tour, à faire notre propre révo-lution. Car chaque protagoniste, chaque scène, chaque image, chaque parole, chaque mot est une invitation à une remise en cause du monde dans lequel nous végétons. C’est une incitation à une reprise de soi afi n de s’approprier le cours de sa vie, de son histoire et rompre avec la domina-tion, les hypocrisies, les leurres, les artifi ces et les faux-semblants. Car, pour Cossery, «un grand livre vous donne une puissance extraordinaire. Vous pouvez être pauvre, misérable, malade, désespéré, la lecture d’un grand chef-d’œuvre vous fait oublier tout ça».Alors, sans perdre un seul instant, lisez et relisez Albert Cossery ! Et laissez-vous porter par le fl ot des vagues du monde merveilleux de la sagesse orientale d’où il se déga-ge un appel incessant et pressant à la Libération. Notre libération ! Nadia Agsous

La paresse intelligente, la dérision généreuse, un univers que tout lecteur devrait découvrir.

À LA PAGEGRANDES PLUMES ALBERT COSSERY

Sur un Nil d’humanité

L’homme, l’œuvreL’homme. Il est né au Caire en novembre 1913. Son père était un Grec orthodoxe de Syrie, du village de El Qusayr, d’où le nom de Cossery. En 1938, au Caire, il a été membre du groupre Art et Liberté, d’inspiration surréaliste. Sa rencontre avec Henry Miller lors d’un voyage aux Etats-Unis le poussera à publier à partir de 1940. Il est décédé à Paris en juin 2008, à l‘âge de 94 ans. Il n’a publié que sept livres et son œuvre, traduite dans plusieurs langues, a connu et connaît encore un grand retentissement. Il a reçu de nombreux prix dont le Grand Prix de la francophonie de l’Académie française en 1990. L’œuvre. Ses œuvres complètes ont paru aux éditions Gallimard, Collection Littérature française/ Joëlle Losfeld, 2005. Tome I : Mendiants et Orgueilleux (adapté deux fois au cinéma), Les hommes oubliés de Dieu, La maison de la mort certaine, Un complot de saltimbanques, 608 p. Tome II : Les fainéants de la vallée fertile, La violence et la dérision (adapté au cinéma), Une ambition dans le désert, Les couleurs de l'infamie .

Tout au long de ses romans, il a mis en scène des personnages fragiles, sensibles, courageux, fascinants, attachantset libres

Portrait de Cossery par le peintre Frederico Penteado.Sadek Aïssat interviewant Cossery à Paris

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À LA PAGEABECEDARIUS

Poudre d'escampette

PAR MERZAC BAGTACHE

«C'est une grande chance que d'avoir des dictateurs éclairés dans le monde arabo-musulman», me dit un ami en faisant surtout allusion à certains gouvernants arabes ! Et moi de lui répondre : «Faut-il pour autant saluer la mémoire du dictateur irakien,

Saddam Hussein, pour avoir affronté, sans broncher, d'autres bourreaux, aussi sanguinaires que lui ? Mon ami, tous les dictateurs ne sont pas Scipion l'Africain (235 av J.C 183 avant J.C) ou Jules César (101-44 av. JC). Le comble de notre malheur est de n'avoir même pas la chance de nous honorer d'un dictateur en mesure de nous inciter à lui rendre hommage.»Le romancier paraguayen, Augusto Roa Bastos (1917-2005), écrit en exergue de son grand roman Moi, le suprême : «J'ordonne que, lorsque viendra le jour de ma mort, mon cadavre soit décapité, ma tête placée au bout d'une pique trois jours durant sur la place de la République». Il n'oublie pas d'ajouter : «Tous mes serviteurs, civils et militaires, seront condamnés à la potence».Non, cela n'a pas été le cas de notre voisin qui n'a pas trouvé mieux que de prendre la poudre d'escampette, plutôt que de se rendre à l'évidence, c'est-à-dire se donner la mort, ou se mettre à la disposition de la justice populaire. En Amérique latine, on a vu comment Salvador Allende (1908-1973), avec quelques fidèles, avait porté casque et mitraillette dans le palais de la Moneda et y mourir pour ses idées qui étaient profondément démocratiques, ainsi que pour le peuple chilien.Le caudillo tunisien ne nous a même pas donné l'occasion de l'admirer dans ses derniers moments. Comme s'il est inévitable, dans tout le monde arabo-musulman, de subir encore les affres des dictateurs après leur disparition.En écrivant aujourd'hui ces lignes, je me remémore le jour où j'ai eu à serrer la main de Zine Al-Abidine Ben Ali, en avril 1989, au palais présidentiel de Carthage, en compagnie de plusieurs intellectuels du Grand Maghreb. Ce qui m'avait frappé en lui, c'était, surtout, ses yeux, quelque peu rougis sur les rebords. Aussitôt, je fis la relation avec le sinistre Oufkir, abattu pendant les événements de la Skhirat (Maroc), en 1972. Il avait, lui aussi, les yeux vitreux, ceux d'un poisson rejeté par la mer. Je les ai bien contemplés, tout en recueillant la déclaration qu'il me fit à sa descente d'avion en 1971. La littérature m'avait appris, et devait m'apprendre encore, que ce sont les détails qui font la vie.Le romancier français, Drieu La Rochelle (1893-1945), qui avait basculé du côté des Hitlériens depuis les années trente du siècle dernier, et jusqu'à son suicide, avait écrit, avec pertinence, au lendemain de la libération de Paris : «J'ai joué, j'ai perdu, je réclame la mort».Verrons-nous jamais, dans le monde arabo-musulman, des dictateurs qui iront jusqu'au bout de leur logique, celle de diriger, sans partage, l'embarcation appelée pouvoir, et de sombrer avec, si celle-ci devait affronter une mer houleuse ou percuter des récifs quelque part ?

[email protected]

L’oasis de Kenadsa, pro-che de Béchar, continue de nous surprendre par sa richesse intellectuelle. Après Malika Mokadem

et Yasmina Khadra qui en sont originaires, voilà aussi Pierre Rabhi que l’on peut définir comme penseur et expert en agroécologie. Il est l’auteur de six ouvrages dont le dernier est intitulé Vers la sobriété heureu-se.Il ne cesse de sillonner la France et le monde pour inciter les gens à consommer autrement et à devenir autonomes par rapport à l’agressivité de la société de consommation. La publicité sous la plume de Pierre Rabhi est présentée comme le mal absolu, déployant des trésors de filouteries pour nous faire consommer plus et créer chez l’être humain des besoins nou-veaux dont il peut bien se pas-ser. Un discours qui rencontre de plus en plus d’adeptes qui veulent agir sur leur quotidien par des actions concrètes et sor-tir du confort du constat. Son expérience pionnière, qu’il par-tage avec son lectorat, a com-mencé en Ardèche, le pays de

feu le chanteur Jean Ferrat, où il a acquis un terrain à construire et à cultiver. Refusant d’emblée certaines commodités polluan-tes et portant préjudice à la nature, il réussit son pari de faire de ce lieu désert une oasis.Pétri d’humanisme, Pierre Fréha veut partager cette réussite avec les autres. C’est ainsi que son savoir-faire devient d’utilité publique sur tous les continents, notamment en Afrique. Il va instruire les populations locales qui luttent avec des moyens rudimentaires pour survivre aux

aléas du climat et de la gabegie politique sur la manière d’accé-der à l’autosuffisance alimen-taire et de sauvegarder leur patrimoine nourricier.Son savoir est reconnu mondia-lement et les institutions inter-nationales en charge de l’agri-culture, de l’alimentation ou de l’écologie le considèrent comme un spécialiste. Il met aussi ses connaissances théoriques, mais surtout pratiques, à la disposi-tion des enfants des écoles car ils sont les héritiers futurs de notre belle planète. Le concept de l’école de la ferme des enfants consiste à aider les nou-velles générations à vivre ensemble dans le respect, tout en découvrant les problèmes écologiques qui se posent avec beaucoup d’acuité. Ensuite, pour passer de la théorie à la pratique, les enfants sont invités à se connecter à la terre et réali-ser ce qu’il appelle «une activité vivrière biologique».Lors des rencontres qu’il orga-nise avec les citoyens, Pierre Rabhi, féru de philosophie grec-que et passionné par la cosmo-gonie de la tribu indienne des Sioux, s’insurge contre certai-nes habitudes langagières qui accentuent la déprime humaine. Il cite l’exemple de la langue française qui recèle de meilleu-res ressources lexicales mais qui est poussée à s’enfermer dans une rhétorique carcérale. Ainsi, quand les locuteurs par-lent de travailler, ils disent : «Je travaille dans une grande boîte ou dans une petite boîte.» Ici, pour lui, l’être humain ne se réalise pas et le travail ressem-ble à une aliénation. Et cela continue quand on affirme par exemple «j’ai une caisse», pour parler de la possession d’une voiture ou encore, pour s’amu-ser, dire «je vais en boîte», avant de finir dans une boîte à sa mort. Cette insurrection lin-guistique faite permettrait d’in-troduire la joie chez les êtres humains. Pierre Rabhi, avec des

mots simples et des idées perti-nentes, redonne espoir dans un monde broyé par la pensée uni-que.Né en 1938, fils d’un forgeron de Kenadsa, Pierre Rabhi, orphelin à l’âge de cinq ans, a été adopté par un couple d’Euro-péens. En 1960, il devient ouvrier dans une usine de ban-lieue à Paris. La même année, avec sa femme, il s’installe en Ardèche et devient alors ouvrier agricole. Déjà, il remet en cause les modes d’exploitation de la terre. Il découvre alors l’agri-culture biologique et écologique qu’il applique et développe dans la petite ferme qu’il a acquise en 1972 sur une terre aride et rocailleuse. Parfait modèle de l’autodidacte talentueux, il devient chargé de formation en agroécologie auprès du CEFRA (Centre d’études et de forma-tion rurale appliquées). Dès 1981, il a commencé à trans-mettre son expérience en France, en Europe et en Afrique. Sa réputation prend une dimension internationale, et, en 1988, il est reconnu comme expert interna-tional pour la sécurité alimen-taire et la lutte contre la déserti-fication, y compris par les Nations-unies, à telle enseigne qu’il participe à l’élaboration de la Convention pour la lutte contre la désertification ! Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe (Albin Michel, 1983) ; Parole de Terre (Albin Michel, 1996) ; Graines de possibles. Regards croisés sur l’écologie, écrit avec Nicolas Hulot (Calmann Lévy, 2005) ; La Part du Colibri : l’espèce humaine face à son devenir (L’Aube, 2006) et Manifeste pour la terre et l’humanisme (Actes Sud, 2008). Il a créé, ou participé, à la création de plusieurs associa-tions et organismes agissant dans ses domaines de prédilec-tion. Il a conçu et encadré de nombreuses actions de dévelop-pement de l’agriculture dans le monde : Maroc, Palestine, Algérie, Sénégal, Togo, Bénin, Mauritanie, Pologne, Ukraine… En 2006, il a lancé le Mouvement pour la terre et l’humanisme.On ne peut citer là toutes les contributions, incroyablement nombreuses et denses, de cet enfant du Sahara algérien qui a connu, très jeune, la souffrance ainsi que la valeur de la terre, de l’eau et de la vie. Il a ainsi écrit cette phrase qui résume bien son esprit : «Il faut se mettre dans une attitude de réceptivité, rece-voir les dons et les beautés de la vie avec humilité, gratitude et jubilation.» Slimane Aït Sidhoum

Le 6e ouvrage de Pierre Rabhi, enfant d’Algérie connu dans le monde entier.

ESSAI «VERS LA SOBRIETÉ HEUREUSE»

La botanique du bonheur

Il est féru de philosophie grecqueet passionnépar la cosmogonie de la tribu indiennedes Sioux

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A LIRE

Le crime fut perpétré par une nuit de grand vent. Toutefois, le corps de la victime n’a pu être découvert qu’au petit matin, en plein cœur d’un parc. Il avait tellement venté et sangloté en rafales qu’on ne put s’aperce-

voir des ravages provoqués parallèlement par une pluie diluvienne persistante. Les alentours du parc, refuge habituel des sans-abri, se firent on ne peut plus désolants. Ceux qui connaissent bien l’his-toire de la grande ville et de ses moindres recoins affirment péremptoirement que celle-ci n’a pas été malmenée par une tempête aussi virulente depuis 1930. En cette année-là, la mer fit des siennes, propulsant les vagues à plus de quinze mètres de hauteur sur le boulevard donnant sur le vieux port. A peine a-t-il commencé à faire jour que les curieux du voisinage, mal réveillés encore, formè-rent, petit à petit, des groupes disparates devant l’entrée du parc. Ils se mirent à échanger, en silence, des regards inquiets comme s’ils venaient de rater la vérité de toutes les vérités pour n’avoir rien vu sur le moment du forfait. Pour certains d’entre eux, il n’était nullement besoin de hasarder des conjectures sur l’auteur de ce forfait, ni de s’aventurer dans les flots tumul-tueux de quelque enquête policière. Et les voici ensuite à esquisser, à la dérobée, des sourires trom-peurs qui en disaient long sur leur manière de déplacer les pions sur l’échiquier, au gré des élucu-brations politiques dans le pays. En plus clair, le crime, à leurs yeux, portait la signature des terro-ristes islamistes. N’avaient-ils pas clamé haut et fort que ces derniers étaient capables d’atteindre n’importe quel objectif, à n’importe quel moment et à n’importe quelle place ? Ainsi donc, le cahier des charges étant déjà élaboré, il suffisait d’y consigner encore d’autres crimes et de les coller, à l’aveuglette, à ceux qui les ont commis ou non. Pour ceux qui préféraient tempérer, ne pas tran-cher sur le vif, il y avait mille et une raisons de mettre en doute cet acte d’accusation qui tenait du diable à coup sûr. Quand bien même il leur arrivait de reconnaître que les terroristes avaient bel et bien mis la grande ville en coupe réglée, rien n'autori-sait à politiser le crime en pointant le doigt vers un auteur préalablement désigné. Forcément, une telle accusation ne pouvait que dégager une odeur de soufre. Et pourquoi ne pas mettre ce forfait sur le compte de quelques voyous qui n’auraient rien à voir avec les choses de la politique ? Néanmoins, dans toute cette panoplie de présomptions à la limite de l’absurde, rien ne filtra alors sur l’iden-tité de la victime.

Autour du périmètre du parc et même au-delà, on se fit fort de tout boucler. Des agents de sécurité très jeunes, en tenue bleu foncé, armés de pistolets ou de kala-chnikovs, se postèrent dans des endroits

sensibles. Les traits de leur visage, beaucoup plus que leurs gestes, prouvaient qu’ils avaient la ferme volonté d’exécuter les ordres, quels qu’ils fussent. A l’entrée du parc, on vit arriver une ambulance militaire en silence, comme pour couper court à tout élan de curiosité, puis, elle glissa à l’intérieur avec, à son bord, ce qui était supposé être un médecin légiste. Celui-ci était accompagné de deux aides. Le travail de cette petite équipe fut

apparemment bâclé puisque aucune empreinte ne fut prise, aucun échantillon de prélevé pour une éventuelle analyse en laboratoire. Est-ce à dire qu’on avait voulu sciemment ancrer dans l’esprit des gens une seule et unique idée, à savoir que les auteurs du forfait ne pouvaient être que des barbus afghans ? De leur côté, les services de la météorologie dépêchèrent sur les lieux quelques techniciens qui, du reste, se firent difficilement admettre dans l’en-ceinte du parc. Dans la foule, on susurra alors que ces techniciens ne pouvaient avoir d’autre mission que d’examiner les séquelles de la foudre qui avait éclaté, peu avant l’aube, et amoché sérieusement l’unique peuplier du parc. Quelques habitants des alentours vinrent encore grossir la foule des curieux en affirmant avoir suivi, tant bien que mal, les turbulences climatiques et vu comment la fou-dre avait raclé une bonne partie du parc pendant quelques secondes avant de s’éteindre comme s’il s’était agi d’un visiteur satanique. Les agents de sécurité, épiant, puis comptabilisant à volonté les gestes des techniciens de la météo qui s’affairaient un peu partout, ne trouvèrent pas mieux que de prendre ceux-ci en dérision. Il n’était pas du tout acceptable à leurs yeux, que l’on pût perdre son temps à conjecturer et à polémiquer sur l’origine d’une boule de feu dévastatrice venue du ciel ou d’ailleurs. De guerre lasse, on se mit d’accord pour dire que la foudre n’avait rien à faire d’un bout

de verdure en mal de chlorophylle. Celui-ci, dit-on encore, a avalé sa propre verdure au cœur d’une ville qui s’était livrée depuis fort longtemps à la dévastation du béton armé.

Arrivé un peu tard sur les lieux, un officier de police distingua trois traits successifs de sang coagulé. Il n’eut de cesse de se retourner pour démontrer que le crime n’a pas été commis sur le parvis du vieux

chalet où l’on range les outils de nettoyage. Il dit encore que le corps de la victime a dû être traîné vers ce lieu en plein cœur de la nuit, au moment où la tempête faisait rage. Après quelques mots échangés avec le médecin légiste, il comprit qu’il venait de commettre une grande faute tactique et se retira aussitôt. C’est alors que le médecin légiste palpa de son index droit la tête de la victime pour tâter l’impact de la balle. Juste un peu de sang coagulé sur la tempe, quelque peu cramoisi et noir dans le pourtour de la petite béance provoquée par la balle. Les deux aides restèrent debout, à quel-ques mètres de lui. On aurait dit qu’ils avaient reçu un ordre strict, et pour cause. S’éleva ensuite un brouhaha à l’entrée du parc, puis quelqu’un leva la voix pour affirmer carrément que le médecin et ses deux aides n’étaient que des militaires, c’est pour-quoi la fin n’allait pas différer du commence-ment.

Brahim, l’agent chargé de veiller à la pro-preté du parc, était en retard. A l’instar de tous les autres travailleurs, il fut empêché, à l’en-

trée même du parc, d’être à l’heure. On consi-déra donc la porte cadenassée du chalet où il avait

l’habitude de ranger son matériel de nettoyage. Des regards chargés d’ineffables interrogations se relayèrent sur la porte du chalet et aucune voix ne s’éleva, cette fois-ci, pour commenter quoi que ce fût.

La victime, semblait-il, n’avait pas rendu l’âme dans ce parc. Mais pourquoi le corps se trouvait-il ici plutôt que dans un autre lieu ? Le médecin légiste fit une espèce de signe codé en direction de ses deux aides, et, aussitôt, le corps de la victime alla trouver place à l’intérieur de l’ambulance, le visage légèrement couvert. Tout aussi bien qu’à son arrivée, l’ambulance, retran-chée dans son mutisme, ne lança aucun sifflement à son départ.

Dans la foule, on dit encore que ce crime avait été diaboliquement préparé. En effet, on était d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’un scénario superbement écrit, d’un découpage technique fait par

un groupe de malfaiteurs cachés quelque part dans la grande ville maritime. En dépit de quelques semblants de faux raccords, on crut dur comme fer pendant quelques minutes que cette histoire était sur le point de prendre fin en ce point précis. Or, à cet instant, l’on vit arriver Hamid, le responsable des questions sécuritaires dans tout le parc. Un jeune d’une trentaine d’années, l’allure militaire, bien qu’en tenue civile, avec des yeux qui n’ont pas de couleur fixe. Il haussa les épaules ostensi-blement en s’adressant à tout le monde : pourquoi n’ouvrez-vous pas la porte du chalet ? Il devrait bien y avoir à l’intérieur quelque chose qui va nous permettre de jeter la lumière sur ce crime !

EXTRAITS LE DERNIER ROMAN DE MERZAC BAGTACHE

Danse en plein air

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Danse en plein air (titre original : Raqssatoun fi el hawa talq) est le dernier roman de notre confrère et ami, Merzac Bagtache. Publié en 2011 à la prestigieuse maison d’édition, Dar El Adab, de Beyrouth, la version française de ce livre devrait paraître cette année. On doit plus de vingt-cinq ouvrages à Merzac Bagtache, sa grande «amplitude littéraire» lui ayant permis d’écrire à la fois des romans, des nouvelles et des poèmes, sans compter ses chroniques littéraires régulières qui relèvent aussi de son ancien métier de journaliste. Merzac Bagtache est également un fin traducteur, parfaitement à l’aise en arabe, en anglais, en français et en tamazight. L’écrivain Djillali Khellas a écrit à son propos : «Malgré mes innombrables voyages, ma culture personnelle et mes connaissances (parmi elles des écrivains de renommée universelle), je n’ai jamais rencontré ou connu un érudit de la trempe de Merzac Bagtache.» Et ce n’était pas seulement l’ami qui parlait ainsi.

À PROPOS…

Dans la foule,on dit encore que ce crime avait été diaboliquement préparé. En effet, on était d’accord sur le fait qu’il s’agissait d’un scénario superbement écrit…

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M O D E

SOLDES D’HIVER 2011 À ALGER

Frilosité des commerçants et du public

es soldes 2011 sont réglementées par la loi de modernisation de l’éco-nomie. La date des soldes d’hiver

2011 est fixée du 18 janvier au 28 février prochain, dans la wilaya d’Alger. La durée des rabais s’étend sur une période de 6 se-maines, une période durant laquelle seront pratiquées les 2es démarques, puis les 3es. Une petite virée du côté de certaines grandes artères de la capitale suffit pour constater que la politique des soldes n’est pas encore ancrée dans la mentalité aussi bien chez les commerçants que chez le public. Si certains commerçants ont orné leurs devantures avec des affiches aguicheuses et aux pourcenta-ges fluctuants, il n’en demeure pas moins que d’autres réfutent cette idée de soldes en ce début d’année, où l’inflation du marché est de mise. De la rue Didouche Mourad à la rue Larbi Ben M’hidi, le regard est happé par cette prolifération d’enseignes nationa-les et de franchises étrangères. L’ensemble des vitrines est tapissé d’affiches de diffé-rentes dimensions sur lesquelles on peut lire entre autres «soldes de 25% à 70%», «1re démarque» ou encore «promotion». La confusion et l’amalgame sont de mise. En-tre les réclames «soldes» et «promotions», le potentiel client ne sait plus à quel saint se vouer. Certains propriétaires de magasins de vêtements ont certes adhéré au principe des soldes, mais ont omis d’indiquer l’ancien et le nouveau prix. Du coup, le client est per-plexe. D’autres affichent sur leur devanture le mot «soldes», alors qu’en fait il s’agit de ventes promotionnelles. Comme en témoi-gne ce magasin de prêt-à-porter pour fem-mes qui propose qu’à l’achat d’un article, un deuxième est gratuit. Une autre enseigne nationale, spécialisée dans la chaussure et les sacs, annonce la couleur, dès le seuil de

la boutique, en indiquant qu’à l’achat d’une paire de chaussures, la deuxième est cédée à 30% de son prix, la troisième à 40% et la quatrième à 50%, de quoi attirer les collec-tionneuses de belles pompes. Le proprié-taire d’un magasin, spécialisé dans les sacs et les foulards made in, à la place Audin, avoue qu’il n’est pas concerné par le vent des soldes. «Je ne peux pas me permettre de procéder aux soldes, car ma marchandise est la nouvelle collection automne-hiver 2011. Cette marchandise me revient ex-cessivement cher. Il faut savoir que c’est une marchandise qui est acheminée de Marseille à Paris pour ensuite rentrer au pays. Il faut également tenir compte de la fluctuation de la devise. Je pense que mes clientes sont largement satisfaites des prix pratiqués». Que ce soit au niveau du bazar du 1er Mai ou au niveau des nouvelles Galeries algérien-nes de la rue Meissonnier, les promotions sont à l’honneur tout au long de l’année. En redescendant vers la rue Hassiba Ben Bouali en passant par la rue Belouizdad, peu de magasins se sont mis à l’heure des soldes. La plupart des commerçants n’ont pas mâché leurs mots pour affirmer que leurs marchandises sont vendues au fur et à mesure. Pas de place aux anciens stocks. Une vendeuse d’articles turcs argue que les Algériennes sont très friandes de la mode. «Nous essayons d’être dans l’air de la mode. Tous les articles exposés actuelle-ment sont des articles qu’on vient juste de dédouaner. Nous ne pratiquons ni soldes ni promotions mais évidemment nous concé-dons des remises à la caisse». En remontant vers le quartier de Sidi Yahia ou encore à Staouéli, le terme solde est en inadéquation avec les articles proposés. En dépit d’un

petit rabais octroyé sur certains articles, les prix restent inabordables pour les bourses moyennes. Ironie du sort, du côté ouest d’Alger, les commerçants ne semblent pas être au courant de la pratique des soldes. A la direction du commerce au niveau de la wilaya, la direction continue d’examiner les dossiers des commerçants souhaitant participer à cette opération. Les soldes, nous dit-on, ne sont pas assujetties à l’obligation. Le directeur du commerce de la wilaya d’Alger, Youcef Lamari, indique que depuis dix jours il a été procédé à la réception de 75 demandes émanant de commerçants de détail qui veulent solder leurs marchandi-ses. Notre interlocuteur tient à avertir que les ventes promotionnelles sont également soumises, au préalable, à des autorisations en bonne et due forme. Pour rappel, l’année dernière, cinq commerçants ont été ver-balisés compte tenu du non-respect de la réglementation en vigueur. «Tous les com-merçants ayant opté pour les soldes sont as-treints à mentionner les anciens et les nou-veaux prix sur leurs articles. Des contrôles rigoureux seront effectués par les agents de la direction du commerce pour vérifier si les commerces affichant des pancartes ‘‘soldes’’ sont bien ceux autorisés par nos services. Des procès-verbaux d’infraction à la loi seront dressés à l’encontre de tout commerçant ne justifiant pas de cette auto-risation ou envers ceux qui ne respectent pas les dates légales des soldes. La culture des soldes fait terriblement défaut chez les opérateurs commerciaux», argumente-t-il. Il est à noter, par ailleurs, que la période des soldes d’été, selon l’arrêté de la wilaya, est prévue du 21 juillet prochain au 31 août. Nacima Chabani

Cerruti arrête sa ligne femme Alors que Cerruti vient de dévoiler les photos de sa campagne printemps/été 2011, présentant le top modéle Camille Rowe sous l’œil du photographe Paolo Roversi, la maison italienne vient d’annoncer sur le site WWD l’arrêt de sa ligne femme à compter de mars 2011. La raison ? Après le rachat de la marque en décembre dernier par le groupe chinois Li & Fung, Florent Perrichon, PDG de la griffe a décidé de concentrer les énergies et les moyens de la griffe sur le secteur moins compétitif de la mode masculine. La marque franco-italienne lancée en 1967, au style reconnaissable par sa palette de couleurs sobres et ses coupes soignées, cessera donc toute activité en mars prochain. Richard Nicoll, directeur artistique de la mode féminine chez Cerruti, présentera sa dernière collection à Paris pendant la Fashion Week automne-hiver 2011-2012.

Exposition Karl Lagerfeld à ShangaïC’est pour son talent de photographe que Karl Lagerferld a été le sujet d’une exposition rétrospective qui se déroule du 21 janvier au 20 février à la 18 Gallery de Shangaï. Réalisés par le créateur ainsi que le mannequin photographe Adnan Taletovitch qui collabore régulièrement avec lui, ces clichés mettent en scène des mannequins mythiques comme Linda Evangelista ou Helana Christensen. Un événement qui dénote de l’intérêt que porte Karl Lagerfeld pour le continent asiatique, pour avoir notamment présenté la collection Paris-Shangaï des Métiers d’art de Chanel, dont il est le directeur artistique. Véritable figure polyvalente dans le milieu artistique, il aura marqué l’actualité mode de 2010 en recevant l’insigne de Chevalier de la Légion d’honneur et en signant de nombreuses collaborations dont celles avec Coca Cola, Hogan et les 3 Suisses notamment. Cette nouvelle ligne bénéficie d’une distribution dédiée et basée sur une soixantaine de boutiques dans le monde. Un chic urbain, non conventionnel, l’affirmation détachée d’un certain mode de vie, d’affinités musicales, c’est ce que reflète Lacoste live, une nouvelle ligne destinée aux 18 ans et plus, aux créatifs, à ceux dont la jeunesse n’est pas un problème mais une culture, une philosophie guidée par la religion du cool.

Nouveau concept, nouvelle image, nouveau lieu

Un individualisme jeune, cool et ouvert dans les boutiques Lacoste dont l’environnement épouse cet état d’esprit. Les boutiques mêlent l’atmosphère vintage et techno grâce au mariage du vieux parquet brut reprenant les tracés d’un terrain de basket et des bornes afin d’y télécharger de la musique. Les vêtements sont pendus sur cintres comme dans un dressing perso, agencés sur des portants mobiles.

LES DERNIERES NEWS

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Itasca De LubinDécrit comme un chypre boisé aromatique, Itasca De Lubin 2011 pour homme débute sur des notes fraîches et épicées de mandarine, pamplemousse, genièvre et néroli. Le tagette apporte une facette fruitée et légèrement liquoreuse en tête. Le cœur dévoile un mélange chaud et aromatique de girofle, fève tonka, muscade et sauge. Boisé et ambré, le sillage mêle myrrhe, ambre, vétiver, cèdre et encens

EAU DE TOILETTE DE LA SEMAINE

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● Si ailleurs, dans les pays développés, les soldes sont des événements phares, en Algérie, elles sont réduites à leur plus simple expression.

■ KARIMA, ÉTUDIANTE EN MÉDECINE

Les soldes actuelles ne me permettent pas de renouveler ma garde-robe. Ma modeste bourse est vraiment insuffisante. J’ai flashé sur plusieurs articles très fashion, mais à la vue du prix, je me suis drôlement rétractée. Je suis, pour ainsi

dire, frustrée de ne pas avoir pu acheter ce que je voulais. Je me rabattrai sur les articles chinois.

■ AKILA, CADRE SUPÉRIEURE À LA BANQUE

Je pense que les prix des soldes d’hiver pratiqués sont un peu exagérés. Il est vrai qu’il y a de très beaux articles. On a vraiment

l’embarras du choix. Pour ma part, j’ai été contrainte de m’acheter quelques bricoles vu que j’occupe un poste stratégique.

■ SAMIRA, ENSEIGNANTE DANS LE SECONDAIRE

Parler de soldes chez nous paraît ubuesque. Nos soldes n’ont rien à voir avec les soldes pratiquées ailleurs.

Comment voulez-vous acquerir un sac à main, soldé à 5000 DA ou encore une veste trois quart à 8000 DA. C’est démentiel. Je sais qu’il faut tenir compte de l’inflation mondiale, mais ce n’est pas une raison pour nous saigner. Heureusement que je suis sapée par mon frère qui vit à l’étranger.

TÉMOIGNAGES

Page 20: EL WATAN  2011/01/29

El Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 19

E N V I R O N N E M E N T

MORSLI BOUAYAD. Président de l’Association pour la sauvegarde et la promotion de l’environnement dans la wilaya de Tlemcen (Aspewit)

«Le ministère de la Culture a porté atteinte à l’environnement»

Propos recueillis par Zineb A. Maïche

Vous avez déposé une plainte contre x pour l’abattage d’arbres à Tlemcen, pourriez-vous nous rappeler les faits ?

Dans le cadre de la prépara-tion de la manifestation culturelle : Tlemcen, capitale de la culture isla-mique, il a été procédé à l’abattage de 9 platanes centenaires au sein de l’enceinte du palais historique du Mechouar, ancien siège des rois zia-nides. Sans crier gare et sans consul-ter les concernés, le ministère de la Culture a autorisé cette opération pour la mise en valeur du palais en cours de reconstitution et pour élar-gir la place centrale devant recevoir les festivités du Mawlid ennabaoui echarif. Devant ce crime odieux pour atteinte à l’environnement, le conseil d’administration de l’Aspewit s’est réuni en séance extraordinaire et a décidé, après débat, de porter plainte contre x.

Est-ce la première fois que vous intentez une action en justice dans le cadre de la protection de l’envi-ronnement ?

L’Aspewit, qui est pratiquement la plus ancienne association de pro-tection de l’environnement, a, de-puis son agrément en 1979, intenté plusieurs actions en justice, aussi bien à l’encontre d’unités industriel-les (ex. électrolyse de zinc de Gha-zaouet), que de particuliers ou de collectivités locales ayant commis un préjudice à l’environnement.

Que pensez-vous de l’issue de la procédure, allez-vous obtenir gain de cause ?

Nous sommes déjà sûrs que ces infractions aux différentes lois (loi forestière, loi sur l’environnement, code de la santé,…) seront sanction-nées, et qu’en plus du gain moral, la population sera confortée dans sa prise de conscience pour le respect de l’environnement.

Avez-vous subi des représailles ?

Non, nous n’avons pas subi de représailles, mais nous n’avons pas l’aide financière que nous méritons de la part des assemblées locales et

des institutions nationales.Quelles sont les actions

de votre association pour l’environnement ?

En plus de notre contribution à l’élaboration de la première loi sur l’environnement en 1983, notre association n’a pas cessé de sen-sibiliser les pouvoirs publics, la population de jeunes écoliers et les étudiants.

A noter la plus importante réali-sation par la rédaction, l’impression et la diffusion d’un atlas de niveau

international en 2008 ainsi qu’un magazine trimestriel.

Est-il difficile en Algérie de protéger l’environnement et a-t-on des lois qui le permettent ?

En répondant aux obligations édictées par les conventions interna-tionales par l’adoption de textes de loi relatifs à la protection de l’envi-ronnement, les organismes chargés de leur application sont encore loin de leurs objectifs. S’agit- il d’un problème culturel

Z. A. M.

Les infractions à l’environnement doivent être santionnées

✤ Pétrole : des organisations non gouvernementales ont accusé mercredi le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell de détruire des vies et l’environnement dans le delta du Niger, au Nigeria, devant des députés néerlandais

✤ Inondations : l’Afrique du Sud, où 123 personnes sont mortes noyées, foudroyées ou emportées par les flots depuis la mi-décembre, se préparait mercredi à subir des pluies diluviennes pendant encore plusieurs mois. Les fortes pluies ont affecté huit des neuf provinces du pays, où l’état de catastrophe naturelle a été décrété dans 33 municipalités.

✤ OGM : la Malaisie a lâché dans la nature 6000 moustiques génétiquement modifiés dans le cadre d’un programme test destiné à combattre la dengue mais critiqué par des experts qui le jugent risqué, a annoncé mercredi un organisme gouvernemental. Cet essai test, le premier de ce type en Asie, a été mené avec des moustiques mâles du genre Aedes, l’espèce qui transmet la dengue, dans une zone inhabitée de l’Etat de Pahang, dans le centre du pays, a précisé l’Institut de recherche médicale (IRM).

✤ FAO : la FAO a déclaré 2011 année mondiale vétérinaire, en commémoration du 250e anniversaire de la naissance de la profession, et est célébrée sous le signe «Vétérinaire pour la santé, pour l’alimentation et pour la planète», a-t-on appris à Rome.

✤ Forêt : la Conservation des forêts de Tlemcen a procédé, depuis le lancement de la campagne nationale de reboisement, à la plantation d’une superficie globale de quelque 23 000 hectares à travers des zones montagneuses et steppiques, selon son responsable.

✤ Santé : le bruit de la circulation automobile augmenterait le risque d’attaques cérébrales chez les personnes âgées de 65 ans et plus, selon une étude publiée mercredi en ligne par la revue spécialisée l’European Heart Journal. D’après cette étude portant sur plus de 50 000 personnes, vivant essentiellement en milieu urbain, à chaque fois que le bruit de la circulation augmente de dix décibels, le risque d’attaque cérébrale augmente, dans l’ensemble, de 14%.

✤ Gestion des déchets : les travaux de réalisation d’un centre intercommunal d’enfouissement technique (CET) ont été lancés au début de cette semaine à Béchar, a-t-on indiqué mardi à la direction de l’environnement (DE) de la wilaya. Inscrit en 2006, le projet qui a connu beaucoup d’impondérables, occupe une superficie de dix ha. Il a nécessité un investissement de 450 millions de dinars dégagés au titre du programme sectoriel dans le cadre des actions destinées à prendre en charge les problèmes d’enfouissement et de gestion des déchets des communes de Béchar et de Kenadza, a-t-on indiqué.

✤ Forêts : la dégradation des forêts à travers le monde représente une menace pour au moins 1,6 milliard de personnes qui en dépendent directement pour leur subsistance, a indiqué lundi l’ONU lors du forum consacré aux stratégies de promotion du développement social et la lutte contre la pauvreté par la gestion durable des forêts. Agences

É C H O - L O G I E

L es bandes côtières de Fouka et de Cherchell ont fait l’objet d’une

visite d’une délégation belge accom-pagnée des responsables de l’envi-ronnement de la wilaya de Tipasa et de leurs homologues du Commissa-riat national du littoral (CNL) diman-che dernier. Cette visite rentre dans le cadre de la coopération algéro-belge. La télédétection et les systèmes d’in-formation géographique (SIG) du lit-toral, tel était le thème de cette visite. Les discussions entre les Wallons et les Algériens se sont articulées autour du phénomène de l’érosion du littoral, les principales méthodes de lutte contre ce phénomène dévasta-teur, avec un suivi rigoureux de trait de côte et d’interprétation des images satellitaires ; comment détecter et positionner les champs de Posidonie sur la carte ; l’effet de la mer sur l’érosion ; la détection des phénomè-nes liés à la mer sur une profondeur de 10 m ; la généralisation de cette méthode scientifique sur tout le lit-toral de la wilaya de Tipasa, grâce à l’octroi des bourses de formation en Belgique au profit des universitaires scientifiques désignés par le CNL et la direction de l’environnement de

la wilaya de Tipasa. La délégation belge composée de professeurs était dirigée par un éminent chercheur et scientifique, en l’occurrence le pro-fesseur André Ozer. La visite sur les sites de Fouka et de Cherchell aura permis aux responsables algériens de consulter à partir des photos satellites ramenées par les professeurs belges, de situer les points à risque. Le lit-toral de la wilaya de Tipasa, en dépit de quelques points polluants, est considéré encore vierge, de surcroît en bon état. Le projet relatif à la protection du littoral grâce à la gestion des eaux usées engagées par la direction de l’hydraulique de la wilaya de Tipasa depuis 2006 aura été déterminant dans l’élimination à court terme de ces points noirs. L’utilisation de la télédétection et le SIG constituera une banque de données stratégiques dans la ges-tion durable du littoral. «Les photos envoyées par le satellite permettent d’analyser la couleur des eaux de côte de la wilaya de Tipasa», nous in-dique Bentahar Redouane, directeur de l’environnement de la wilaya de Tipasa. M’hamed H.

L ’Algérie est appelée à mettre en œuvre son programme de lutte

contre les changements climatiques en vue de bénéficier de finance-ments allant jusqu’à 10 millions d’euros, qui seront alloués par le Fonds international de l’environne-ment, a affirmé mercredi à l’APS un représentant du Programme des Nations unies pour le développe-ment (PNUD). «Le Fonds interna-tional de l’environnement a prévu d’importants financements dans le cadre de l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques, et la part de l’Algérie pourrait aller jusqu’à 10 millions d’euros», a indiqué Benoît Lebot, conseiller technique sur le changement clima-tique au sein du PNUD. A cet effet, «les autorités algériennes doivent mettre en œuvre un programme national de lutte contre les chan-gements climatiques et transmettre les grands axes de ce programme à ce fonds pour pouvoir bénéficier

de cette dotation», précise M. Le-bot en marge d’une rencontre sur l’étiquetage énergétique. Selon le représentant du PNUD, une série de projets ont été initiés par des organismes algériens spécialisés, à l’image d’un laboratoire de contrô-le d’appareils électroménagers pro-posé par l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (APRUE) dans le cadre du programme natio-nal de maîtrise de l’énergie. A cet effet, il a suggéré que l’APRUE transmette ce projet au Fonds par le biais des services du ministère al-gérien des Affaires étrangères dans la perspective d’un éventuel co-fi-nancement. S’agissant de la coopé-ration entre l’Algérie et le PNUD, M. Lebot a affirmé la disponibilité du Programme pour accompagner les différentes opérations de déve-loppement durables engagées (par l’Algérie), notamment celle liée à la maîtrise de l’énergie. (APS)

Les Wallons au secours du littoral de Tipasa

CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Des fi nancements prévus par l’ONU pour

l’Algérie

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Page 21: EL WATAN  2011/01/29

El Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 22

I D É E S - D É B A T

Pr Rachid Zouaïmia(*)

L’installation, le 4 janvier 2011, de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, soulève des interrogations

multiples, en ce qu’elle est intervenue plus de quatre ans après la promulgation des textes ju-ridiques qui l’instituent. En effet, c’est durant la dernière décennie que l’Algérie s’est rangée aux efforts entrepris au plan multilatéral au double plan régional et mondial pour lutter contre le phénomène de la corruption dont le niveau élevé représente, selon la Banque mondiale, un état de mal-gouvernance. Elle a en effet ratifié deux conventions portant sur la prévention et la lutte contre la corruption : la première adoptée le 11 juillet 2003 sous l’égide de l’Union africaine, la seconde adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 31 octobre 2003. Dans cette perspective, le législateur édicte, le 20 février 2006, une loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption qui sera suivie de textes ré-glementaires d’application au cours de la même année. La loi institue un mécanisme permettant d’apprécier l’évolution de la situation patrimo-niale de certains élus, ainsi que de certains agents publics. Le dispositif retenu vise à garantir une plus grande transparence financière de la vie po-litique en s’assurant que les personnes assujetties n’ont pas bénéficié d’un enrichissement anormal du fait de leurs fonctions ou mandats. L’article 17 de la loi institue un organe chargé de la préven-tion et de la lutte contre la corruption, qualifié par la loi d’autorité administrative indépendante.En créant une telle autorité, le législateur algérien s’est inspiré de la loi française du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique qui a institué une commission pour la transparence financière de la vie politique. Il s’agit d’abord d’assurer, dans un domaine sensible, un arbitrage impartial et une approche pluraliste. A ce titre, l’institution d’une autorité indépen-dante révèle la capacité de l’Etat à traiter effi-cacement des problèmes complexes, en dehors de tout conflit d’intérêt. Les exigences qui en découlent se traduisent dans les conditions de désignation des membres des autorités admi-nistratives indépendantes, la collégialité qui les caractérise et les garanties dont elles disposent(1). Quatre critères d’identification peuvent être dégagés pour mesurer le degré d’indépendance de l’institution : la nature collégiale de l’organe, l’exigence d’un mandat au profit de ses mem-bres, l’exigence d’une composition pluraliste et l’absence de subordination.A la lecture des textes juridiques, on s’aperçoit que la notion d’autorité administrative indépen-dante est vidée de sa substance, ce qui ne manque pas de rejaillir sur le statut juridique et l’effica-cité de l’organe.

L’INDÉPENDANCE VIRTUELLE DE L’ORGANE

Si l’autorité remplit les deux premières condi-tions énumérées ci-dessus, en ce qu’il s’agit d’un organe collégial composé de sept membres qui disposent d’un mandat de cinq ans renouvela-ble une fois, tel n’est pas le cas des deux autres conditions. S’agissant des règles ayant trait à la désignation et à la nomination des membres du collège des autorités administratives indépen-dantes, divers modes peuvent être envisagés se-lon que l’on veuille s’assurer de la mainmise du

pouvoir exécutif sur l’institution ou, au contraire, la soustraire à la tutelle de ce même pouvoir. L’équilibre des représentations et l’indépendance de l’organe sont assurés au moyen de l’éclate-ment du pouvoir de désignation entre plusieurs instances. A titre d’exemple, le Conseil supérieur de l’information, avant sa dissolution en 1993, était composé de 12 membres désignés ainsi :- 3 membres par le président de la République, dont le président du Conseil ;- 3 membres par le président de l’Assemblée populaire nationale ;- 6 membres élus parmi les journalistes profes-sionnels. S’agissant de l’organe, il est composé d’un prési-dent et de six membres nommés par décret prési-dentiel. Le président de la République concentre ainsi le pouvoir de nomination des membres de l’organe. Or, la concentration de ce pouvoir entre les mains d’une seule autorité aboutit générale-ment à l’instrumentalisation de l’institution. Par ailleurs, l’indépendance des autorités admi-nistratives signifie qu’elles ne sont soumises ni à la tutelle ni au pouvoir hiérarchique de l’instance exécutive. Or, s’agissant de l’organe, il est placé sous l’autorité du président de la République se-lon les termes de l’article 18 de la loi. Enfin, l’ar-ticle 10 du décret présidentiel du 22 novembre 2006 précise que les membres de l’organe «sont choisis parmi les personnalités nationales indé-pendantes représentatives de la société civile, connues pour leur intégrité et leur compétence». Lors de l’installation des membres de l’organe, on a pu remarquer que si on ne peut préjuger de leur intégrité, ces derniers ne remplissaient point les conditions susmentionnées, au vu notamment de leur état de subordination par rapport à l’exé-cutif, et en ce qu’il est permis de douter qu’il s’agit de «personnalités nationales indépendan-tes représentatives de la société civile»(2).Ainsi, si la notion d’autorité et le caractè-re administratif sont appropriés pour quali-fier cette nouvelle structure, son in-dépendance ne manque pas de susciter des discussions, au point où on est en droit de se demander si elle n’est pas simplement virtuelle.

DES ATTRIBUTIONS LIMITÉESL’organe dispose essentiellement de compéten-ces consultatives. Quant à ses autres attributions, elles consistent essentiellement à recueillir pé-riodiquement les déclarations de patrimoine des agents publics à recourir au ministère public, en vue de rassembler les preuves et faire procéder à des enquêtes sur des faits de corruption.C’est dans ce domaine que les attributions et les compétences de l’organe se trouvent limitées et ce, à un double point de vue. L’organe est chargé par la loi de recueillir les déclarations de patri-moine des agents publics, d’examiner et d’ex-ploiter les informations qu’elles contiennent et de veiller à leur conservation. La notion d’agent public est comprise dans son sens large en ce qu’elle englobe : 1- Toute personne qui détient un mandat légis-latif, exécutif, administratif, judiciaire, ou au niveau d’une assemblée populaire locale élue, qu’elle soit nommée ou élue, à titre permanent ou temporaire, qu’elle soit rémunérée ou non, et quel que soit son niveau hiérarchique ou son ancienneté ; 2- toute autre personne investie d’une fonction ou d’un mandat, même temporaire, rémunérée ou non et concourt, à ce titre, au service d’un or-ganisme public ou d’une entreprise publique, ou de toute autre entreprise dans laquelle l’Etat dé-tient tout ou partie de son capital, ou toute autre entreprise qui assure un service public ; 3- toute autre personne définie comme agent public ou qui y est assimilée conformément à la législation et à la réglementation en vigueur. Toutefois, la compétence de l’organe est limi-tée, en ce que les déclarations de patrimoine du président de la République, des parlementaires, du président et des membres du Conseil consti-tutionnel, du Premier ministre et des membres du gouvernement, du président de la Cour des comptes, du gouverneur de la Banque d’Algérie,

des magistrats, des ambassadeurs et consuls et des walis s’effectue auprès du premier président de la Cour suprême. Ainsi, l’organe se limite à re-cueillir les déclarations de patrimoine des prési-dents et des membres élus des assemblées popu-laires locales, ainsi que des autres agents publics. Quant aux députés, ministres, walis, ambassa-deurs et consuls, ils bénéficient d’une sorte d’im-munité. En effet, tandis que l’organe est habilité à faire procéder à des enquêtes sur les faits de cor-ruption, il n’en est pas de même lorsqu’il s’agit des personnes soumises à déclaration devant le premier président de la Cour suprême. La loi se contente de préciser qu’il est rendu destinataire des déclarations des personnalités mentionnées, sans pour autant lui donner un quelconque pou-voir d’investigation pour apprécier l’évolution de la situation patrimoniale de ces dernières. Ainsi, on s’aperçoit du recul pris par le législateur par rapport aux termes de l’ordonnance du 11 janvier 1997 relative à la déclaration de patrimoine, qui a institué une «Commission de déclaration de patrimoine» disposant du pouvoir de vérifier les évolutions de patrimoine des personnes soumi-ses à déclaration, parmi lesquelles figurent les ministres, les députés, les walis, les consuls, les ambassadeurs,… Lorsqu’elle constate des évolu-tions de patrimoine, pour lesquelles la personne concernée n’a pas fourni d’explications ou a fourni des explications jugées insuffisantes, elle est habilitée à saisir le parquet aux fins de pour-suites judiciaires lorsqu’elle relève des faits de nature à constituer l’infraction de fausse déclara-tion. En outre, l’absence de déclaration entraîne la déchéance du mandat électif ou la révocation. A la suite de l’abrogation de l’ordonnance de 1997, les personnels en question bénéficient ainsi d’une véritable immunité.

UN POUVOIR DE DÉCISION SUBORDONNÉ

S’agissant du pouvoir de décision reconnu à l’or-gane, il est limité à un double point de vue : D’abord concernant le rapport annuel établi par l’organe : l’article 24 précise : «L’organe adresse au président de la République un rapport annuel d’évaluation des activités liées à la prévention et à la lutte contre la corruption, les insuffisances constatées en la matière et les recommandations proposées, le cas échéant». La loi omet ainsi de prévoir la publication du rapport annuel. Or, l’ab-sence de publicité contredit l’une des constantes de la bonne gouvernance, à savoir la transparence à laquelle renvoient les dispositions de l’article 20 de la loi qui précise que l’Organe est chargé, notamment, «de proposer une politique globale de prévention de la corruption consacrant les principes d’Etat de droit et reflétant l’intégrité, la transparence, ainsi que la responsabilité dans la gestion des affaires publiques et des biens pu-blics». En second lieu, les pouvoirs de l’organe sont limités par les dispositions de l’article 22 de la loi ayant trait à la relation qu’il entretient avec l’autorité judiciaire. Ce dernier dispose que

«lorsque l’organe conclut à des faits susceptibles de constituer une infraction à la loi pénale, il transmet le dossier au ministre de la Justice, garde des Sceaux, qui saisit le procureur général compétent aux fins de mettre en mouvement l’ac-tion publique, le cas échéant». Contrairement à la Commission de déclaration de patrimoine qui était, sous l’empire de l’ordonnance de 1997, habilitée à saisir le parquet aux fins de poursuites judiciaires, il n’en est pas de même de l’Organe en ce qu’il doit passer par le canal du ministre de la Justice. Or, le pouvoir d’appréciation laissé à ce dernier n’est pas de nature à garantir une saine application de la loi et la mise en mouvement de l’action publique.

CONCLUSION

En définitive, on constate que l’institution d’une autorité administrative indépendante chargée de s’assurer de la transparence financière de la vie politique entre dans les stratégies du pouvoir qui consistent en la réception de codes, de structures, de technologies juridiques clés en main, en les vi-dant, toutefois, de leur substance, de sorte que la norme juridique ne remplit plus qu’une fonction décorative. Les récentes affaires soumises à la justice ont montré que la corruption est largement répandue au niveau des plus hauts sommets de l’Etat. Or, il se trouve que l’organe, dont l’une des missions en fait un instrument de moralisation de la vie publi-que, n’a pas la compétence pour enquêter sur les fortunes des personnes qui siègent dans les hau-tes sphères du pouvoir et qui bénéficient ainsi, en vertu de la loi, d’une véritable immunité. Il n’est pas étonnant, dès lors, de voir l’Algérie reculer, entre 2006 et 2010, du 84e au 105e rang sur 178 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International, enregistrant ainsi une perte de 21 places(3) ! L’expérience tunisienne doit être bien méditée…

R. Z. (*)Professeur à la faculté de droit

Université A. Mira de Béjaïa

Notes de renvoi :1- Voir Rachid Zouaïmia, Droit de la régulation économique, Berti Editions, Alger, 2008.2- Selon les informations relevées dans la presse, les membres de l’Organe ont exercé les fonctions de directeur du budget au ministère des Finances, chef de cabinet au ministère des Finances, chef de cabinet du chef du gouvernement, colonel de la Gendarmerie nationale, inspecteur général au niveau de l’Inspection des services du budget au ministère des Finances, ambassadeur, procureur général près la Cour suprême, haut cadre au mi-nistère des Affaires étrangères.3- Transparency International, In-dice de perception de la corruption 2010. HYPERLINK «http://www.transparency.org/» www.transparency.org/.

Les fonctions décoratives de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption

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A nos lecteurs En raison des contraintes liées à la pagination et pour une meilleure lisibilité des textes, les contributions adressées à la rubrique «IDÉES-DÉBAT» ne devront pas dépasser les 6000 signes, l’équivalent de 5 feuillets saisis en Word. La rédaction sera contrainte de ne pas publier les textes dépassant cette norme. Nous demandons de la compréhension et de la discipline à nos lecteurs.

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El Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 25

L ’ É P O Q U E

ON VOUS LE DIT

Vive polémique au sein des SMA

S’il est vrai que le congrès des Scouts musulmans algériens s’est déroulé sans grand encombre et que la réélection de son commandant, Noureddine Benbraham, est passée comme une lettre à la poste, il n’en demeure pas moins qu’une certaine tension y était perceptible, suite à la déclaration faite, la veille, par un autre chef

scout, représentant l’opposition. En effet, selon certaines informations, il est dénoncé la tenue «préfabriquée» du pré-congrès tenu à Alger, comme il est reproché au commandant Benbraham le partenariat conclu avec certaines organisations étrangères qui a abouti dans les rangs des scouts à «la diffusion d’un guide sur la sexualité, voire l’homosexualité chez les jeunes adolescents sans aucun contrôle». Cette situation n’a pas été suivie de réaction de la part des pouvoirs publics.

Le manque de liquidités atteint les banquesAprès les bureaux de poste, depuis assez longtemps déjà, c’est au tour de certaines succursales de banques au niveau national d’enregistrer, selon certaines informations, un manque de liquidités. Jeudi passé, plusieurs clients des banques, surtout au niveau de la capitale, ont été étonnés de se voir signifier qu’il n’y avait pas d’argent et qu’il fallait revenir plus tard. Cette situation déjà inquiétante n’a pas manqué de susciter certaines interrogations quant à la durée de cette pénurie qui pénalise grandement les citoyens.

Le musicologue Bouazzara décoré par l’Italie Abdelkader Bouazzara, musicologue et directeur de l’Orchestre symphonique national (OSN), a été décoré jeudi à Alger des insignes italiens de commandeur de l’Ordre de l’étoile et de la solidarité. L’Ordre de l’étoile et de la solidarité qui, à l’origine, avait pour but de récompenser les personnes ayant joué un rôle d’envergure dans le reconstruction de l’Italie d’après-guerre, décore aujourd’hui les mérites distingués des personnalités de par le monde qui œuvrent à dynamiser les échanges dans tous les domaines entre l’Italie et les autres pays. Cette distinction, la première du genre décernée à un homme de l’art et de la culture algérien, a été remise à M. Bouazzara, qui est également le commissaire du Festival culturel international de musique symphonique, par l’ambassadeur d’Italie à Alger.

Une femme élue à la tête de la CCI Mme Hachad, élue démocratiquement à la tête de la Chambre du commerce et de l’industrie (CCI), Chenoua, Tipasa, dès son installation, vient de donner le ton. Elle compte en effet réunir les femmes chefs d’entreprise à Tipasa. Elle a procédé à l’installation d’une nouvelle commission du bâtiment, travaux publics, hydraulique, tourisme et environnement au sein de la CCI. Elle a modifié le règlement intérieur afin de permettre une participation plus large des adhérents aux multiples activités de la CCI. La formation des adhérents et la mise à niveau des entreprises sont à l’ordre du jour de son plan d’action. Mme Hachad, architecte et responsable d’un bureau d’études, est déjà impliquée dans les actions de coopération avec de nombreuses associations et institutions européennes et asiatiques.

El Watan - Le Quotidien Indépendant Édité par la SPA “El Watan Presse”

au capital social de 61 008 000 DA. Directeur de la publication : Omar Belhouchet

Direction - Rédaction - Administration Maison de la Presse : Tahar Djaout - 1, rue Bachir Attar 16 016 Alger - Place du 1er

Mai Tél : 021 68 21 83 - 021 68 21 84 - 021 68 21 85 - Fax : 021 68 21 87 - 021 68 21 88

Site web : http://www.elwatan.com E-mail : [email protected] PAO/Photogravure : El Watan Publicité - Abonnement : El Watan 1, rue Bachir Attar -

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R.C : N° 02B18857 Alger. Compte CPA N° 00.400 103 400 099001178 -

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Yahia, Hydra. Tél : 021 56 32 77 - Tél/Fax : 021 56 10 75 Impression : ALDP - Imprimerie Centre ; SIMPREC- Imprime-

rie Est ; ENIMPOR - Imprimerie Ouest. Diff usion : Centre : Aldp Tél/Fax : 021 30 89 09 - Est :

Société de distribution El Khabar. Tél : 031 66 43 67 - Fax : 031 66 49 35 - Ouest : SPA El Watan

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Les manuscrits, photographies ou tout autre document et illustration adressés ou remis

à la rédaction ne seront pas rendus et ne feront l’objet

d’aucune réclamation. Reproduction interdite de tous articles

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Benali a la mémoire courteBenali, le président déchu de la Tunisie, n’a, apparemment, pas retenu la leçon, c’est ce qu’on serait tenté de dire. Il aurait pu s’imprégner des expériences qu’il a lui même vécues en qualité d’ambassadeur de Tunisie en Pologne au milieu des années 1980.De son poste diplomatique, il a vu ce qu’il est advenu du général dictateur qui tenait d’une main de fer la Pologne, en lui imposant un état de siège et une répression féroce sans pareille.Le général Jaruzelski, dictateur pur et dur, était président du Conseil d’Etat, en Pologne, de 1985 à 1989, et connu pour le long bras de fer qui l’opposa au syndicat Solidarnosc, présidé par Lech Walesa.La répression s’avérant inopérante, il négocia finalement la transition pacifique vers la démocratie.En 2006, le «général» a été inculpé de crimes communistes ;Benali, le déboulonné, est accusé des mêmes exactions en plus des fortunes volées et de l’argent dilapidé.

Casillas ambassadeur Le gardien de but de l’équipe d’Espagne de football et du Real de Madrid, Iker Casillas, a été nommé officiellement, lundi, ambassadeur de bonne volonté pour le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). «La vie m’a donné tellement de choses, je veux le lui rendre», a déclaré Iker Casillas lors d’une cérémonie officielle au siège européen de l’ONU à Genève. «Je veux voyager et aider. Ce qui est important, c’est d’aider, pas si on en fait trop ou pas assez», a-t-il ajouté. Le (PNUD) compte déjà huit autres ambassadeurs de bonne volonté, dont les joueurs de football Ronaldo, Zinedine Zidane et Didier Drogba, ainsi que la joueuse de tennis russe, Maria Sharapova, ou encore, l’acteur espagnol Antonio Banderas.

POINTS DE VENTE ET CODISTRIBUTEURS

PUBLICITÉ SUR LES ALIMENTS MALSAINS

Wataniya Télécom Algérie-Nedjma a organisé, jeudi dernier, à l’hôtel Sheraton-

Club des Pins à Alger, la cérémonie de remise des cadeaux aux lauréats de son grand challenge Noudjoum El wilayate, lancé en direction des points de vente (PDV) et codistribu-teurs des 48 wilayas du 1er novembre 2010 au 31 décembre 2010. Les représentants des points de vente et codistributeurs gagnants, venus de toutes les wilayas et régions d’Algé-rie, étaient présents à cette cérémonie de remise de cadeaux. Ils ont été sé-lectionnés parmi ceux ayant cumulé le plus grand nombre de points dans le rechargement électronique Storm et la vente des différentes offres Nedjma (Star Hala et Nedjma Plus) durant les deux mois de ce défi. Des cadeaux ont été offerts aux 10 meilleurs PDV et au meilleur codis-tributeur de chaque wilaya. En plus de son cadeau, le meilleur PDV par wilaya a été distingué du titre honori-fique de «Nedjm El Wilaya». Aussi, le meilleur PDV et le meilleur codistributeur de chaque région (Est,

Centre, Ouest et Sud) se sont vu offrir respectivement une Renault Kangoo et une Renault Master. Joseph Ged, directeur général de Wataniya Télécom Algérie-Nedjma, a déclaré : «Nous sommes conscients que les points de vente et les codis-tributeurs, qui commercialisent nos produits, constituent notre force de frappe. Vous avez contribué grâce à votre sérieux et à votre dévouement à renforcer la place de Nedjma sur le marché national des télécommu-nications». Pour rappel, le challenge Noudjoum El Wilayate s’inscrit dans le cadre de la politique de rapproche-ment de Nedjma avec son réseau de vente et de distribution partout en Algérie. Cette action répond également à la volonté de Nedjma de dynamiser son réseau de vente et de distribution et d’inciter ses partenaires à poursuivre leurs efforts afin de satisfaire ses clients. L’opérateur de téléphonie mobile a dressé sa stratégie de crois-sance sur l’ouverture de dizaines de showrooms (boutiques) à Alger et dans d’autres régions du pays,

d’organisation de conférences de presse et interviews des principaux responsables de l’opérateur et la transformation des téléphones en véritables terminaux multimédias. Le challenge est d’établir un lien de confiance et de renforcer une relation durable dans un marché marqué par une très forte concurrence (le marché a atteint la saturation). Les trois opé-rateurs actuels doublent d’efforts et de créativité pour fidéliser en priorité et attirer dans un deuxième temps de nouveaux clients. Pour augmenter ses parts de marché, Nedjma ne compte pas seulement sur sa bonne étoile. L’opérateur fait de l’évaluation de la performance commerciale de ses distributeurs une des options stratégiques. Le réseau de vente est constitué de 66 bouti-ques à travers le territoire national, 245 espaces services Nedjma, City Shops en déploiement, plus de 50 000 points de vente à travers le pays et 5 distributeurs officiels nationaux et régionaux. Joseph Ged a parlé de 2010 comme étant «l’année de profi-tabilité». Kamel Benelkadi

Ces derniers sont exposés à des campagnes de publicité pour des

aliments riches en matières grasses, en sucre ou en sel, qui augmentent le potentiel des jeunes générations à développer des maladies pendant leur vie, a relevé l’OMS dans un communiqué. Elle a invité, à cet égard, les pays à prendre des mesures pour ré-duire l’exposition des enfants à ce marketing permanent, en mettant en œuvre des mesures à l’échelle internationale. L’OMS a précisé que «pour une large part, la publicité télévisée est responsable de la commerciali-sation d’aliments malsains et, se-lon les examens systématiques des données, les publicités influencent les préférences alimentaires des

enfants, leurs demandes d’achat et leur consommation». Les scientifiques ont montré aussi qu’une partie importante de la publi-cité télévisée à laquelle les enfants sont exposés assure la promotion de produits alimentaires non essentiels, ayant une faible valeur nutrition-nelle. En 2010, les Etats membres de l’OMS avaient approuvé une nouvelle série de recommandations sur le marketing des aliments et des boissons non alcoolisées auprès des enfants. Parmi ces recommandations, figu-rent le lancement d’actions pour réduire l’exposition des enfants aux messages publicitaires faisant la promotion d’aliments riches en graisses saturées, en acides gras transgéniques, en sucre ou en sel,

et la réduction de l’usage des tech-niques de communication sur le marché de l’alimentation infantile. Pour le département des maladies non transmissibles et de la santé mentale de l’OMS, «les maladies cardiovasculaires, les cancers et le diabète représentent aujourd’hui une menace majeure pour la santé humaine et le développement socio-économique». La mise en œuvre des recomman-dations par les pays permettrait de renforcer leurs capacités à encou-rager des choix alimentaires sains et à favoriser le maintien d’un poids conforme à une bonne santé pour les enfants, a-t-il ajouté. Selon les derniers chiffres de l’OMS, 43 millions d’enfants sont obèses ou en surpoids dans le monde.

L’OMS lance un SOS● Un appel a été lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)

pour l’interdiction des publicités sur les aliments malsains qui augmentent les risques de maladies chez les enfants.

Nedjma décerne les étoiles ● L’opérateur fait de l’évaluation de la performance commerciale

de ses distributeurs une des options stratégiques.

Page 23: EL WATAN  2011/01/29

Stade du 1er Novembre (Batna)Arbitres : El Mahdji, Bekali et Djied (Maroc)Buts : Fezzani (46’, 57’) CAB - Hicine (38’), Attia (56’) NasrAverts. : El Kitli (8’), Hicine (77’) NasrCAB : Benmoussa, Bahloul, Fezzani (Benamara 71’), Illoul, Chebana, Kefaïfi, Bouharbit (Bouchouk 42’), Messaâdia (Bourahli 85’), Kerboua, Saïdi, MaïdiEntr. : BoufenaraNasr : Lakdiri, El Djabari, Boughalia, El Mahdi, Zidane (Sami Saïd 83’), El Kitli (El Aoudjli 71’), El Oubaïdi, Hi-cine, El Hassi, Attia, Lombelee (Bouchaâla 90+1’)Entr. : Kamache

Affluence record. Voulant à tout prix laisser leur empreinte dans cette compétition continentale, la première de leur histoire, les Cabistes, aidés par leurs inconditionnels venus en grand nombre, partent dès le coup d’envoi à l’assaut des bois du Nasr, le représen-tant libyen. Bahloul, véritable métronome du Chabab de Batna, lance Bouharbit, mais dose trop sa passe qui se termine sans danger. Les Libyens répliquent à la 11’ par un contre ; El Djabari surgit et inquiète sérieuse-ment le portier batnéen Benmoussa. Sentant le danger, les Rouge et Bleu se portent résolument à l’attaque et, tour à tour, Messaâdia (16’) et Bahloul (17’) sont à deux doigts d’ouvrir la marque, n’était le brio du gardien de but du Nasr, Lakdiri, sauvé il est vrai par la transversale dans l’une des deux tentatives. Mais les Libyens, qui persistent à procéder par des contres, parviennent à ouvrir la marque contre toute attente. Hicine profite d’une erreur défensive pour tromper Benmoussa et donner l’avantage à son équipe (38’). Tel est le score à la mi-temps.Au retour des vestiaires, le Chabab rétablit rapidement le score grâce à un but de Fezzani, d’un tir foudroyant, après une tentative de Bahloul mal dégagée par la défense adverse. On pensait que ce but allait changer

le cours du match, finalement ce sont les visiteurs qui reprennent l’avantage et ajoutent le second but par At-tia (56’) suite à un joli service de Lembelee. Là aussi, il a fallu une minute seulement pour que le compteur soit remis à zéro. C’est toujours Fezzani qui remet les pendules à l’heure et signe son doublé de la rencontre de la même manière (tir rageur). Le reste de la rencontre n’apporte aucun changement à la rencontre et les deux équipes se sont contentées de gérer le match sans prendre de risque, notamment pour les Batnéens. Toutefois, ce match nul n’arrange pas les Algériens en prévision de la manche retour qui

se jouera dans quinze jours. L’entraîneur Boufenara, qui a félicité ses joueurs pour le rendement fourni, a promis «d’aller en Libye pour défendre les chances de qualification de l’équipe. Nous avons été victimes de l’inexpérience des joueurs, mais nous ferons tout pour honorer les couleurs du club et du pays au retour. Notre objectif demeure l’accession en Ligue 1». De son côté, l’entraîneur du Nasr, Kamache a remercié le CAB et ses dirigeants pour l’accueil et le fair-play, tout en affirmant que son équipe «sera plus forte lors de la deuxième manche avec le retour de deux joueurs, absents pour blessures». A. N.

S P O R T SEl Watan - Samedi 29 janvier 2011 - 27

CHAN 2011Dernier match amical de l’ENPour son dernier match de préparation avant de s’envoler pour le Soudan lundi, la sélection nationale des locaux (EN A’) s’est inclinée jeudi à Sidi Moussa face à l’EN olympique sur le score de 2 à 0. Les deux buts de la victoire de l’EN olympique ont été inscrits par Touahri à la 32’ et Mesfar (s.p) à la 70’. Ce match amical rentre dans le cadre de la préparation des deux sélections, respectivement pour le CHAN 2011 (EN A’) et les éliminatoires des Jeux olympiques de Londres 2012 (EN espoirs).

CAN 2012Maroc-Niger le 9 févrierLe Maroc, prochain adversaire de l’Algérie à l’occasion de la troisième journée des éliminatoires de la CAN 2012, jouera un match amical international face au Niger le 9 février prochain à Marrakech. Les Nigériens remplacent les Libyens, qui devaient initialement aff ronter les Lions de l’Atlas avant de se désister. L’Algérie recevra le Maroc le 27 mars 2011 pour le compte des éliminatoires de la CAN 2012 (Gabon- Guinée équatoriale).

DNALe MOB et l’USMS se neutralisentLe MO Béjaïa et l’USM Sétif n’ont pu se départager, hier, à l’issue du match retard du championnat national amateur de football groupe «Centre-Est», disputé à Béjaïa. Les deux formations ont fait match nul (1-1). A l’issue de cette rencontre, les deux équipes occupent conjointement la 6e place avec 7 points chacune. La reprise du championnat est prévue pour vendredi prochain, annonce la Ligue nationale de football.

L. H.

SUPERCOUPE DE LA CAF TP Mazembe - FUS Rabat aujourd’hui

Les deux animateurs de la Supercoupe de la Confédération africaine de football (CAF), prévue samedi à Lubumbashi (RDC), le Tout Puissant Mazembe (RD

Congo) et le FUS Rabat (Maroc), ne vont pas recourir aux prolongations en cas de résultat nul, rapportait vendredi le site de la CAF. Suite à une modification de l’ar-ticle 7 des règlements de la Supercoupe décidée lors du Comité exécutif de la CAF du 19 septembre 2008, il n’y aura plus de prolongations en cas de résultat nul à la fin du temps réglementaire, comme c’était le cas auparavant, précise la même source. En cas d’égalité entre les deux équipes, il sera procédé directement à la séance des tirs au but. Cette décision fait suite aux recommandations de l’International Board. Cette rencontre opposera le détenteur de la Ligue des Champions (TP Mazembe), à celui de la Coupe de la Confédération (FUS Rabat).

Le feuilleton B o u c h e r i t

vient de connaître son épilogue. Ain-si, le joueur préci-té, qui n’a pas bé-néficié d’un grand temps de jeu à l’Entente, a été of-ficiellement libéré jeudi. Pour obtenir sa lettre de libé-ration, le joueur a dû débourser 2,6 millions de dinars, mais aussi faire l’impasse sur une partie de sa prime de signature estimée à 1,4 million de dinars. Boucherit peut désormais porter les couleurs de la JSMB où il a, nous dit-on, paraphé un contrat de 18 mois. Avec la libération de l’ex-Bônois, le club phare de la capitale des Hauts-Plateaux s’est sé-paré, durant ce mercato

hivernal, de pas moins de quatre joueurs, dont Ben-chergui et Boucherit, re-crutés au prix fort durant l’intersaison de l’actuelle saison caractérisée par di-vers problèmes, lesquels influent négativement sur l’ambiance de travail, morose depuis un certain temps. L’indiscipline de certains joueurs n’ayant jamais été inquiétés par le virtuel règlement intérieur est pour beaucoup dans

la timide reprise des entraînements. Pour masquer les véritables raisons des forfaits de Raho, Chaouchi et Belkaïd qui ont prolongé à leur guise leur «congé», certains proches d’un club, qui ne veut tou-jours pas prendre

des mesures disci-plinaires, font diversion une nouvelle fois, au grand dam des fans qui ne sont pas dupes. Le manque de liquidités, qui n’a pas permis d’enga-ger un deuxième étranger, accentue les malheurs de l’Entente qui se trouve à la croisée des chemins. Une telle situation inquiè-te les initiés qui redoutent l’avenir…

Kamel Beniaïche

COUPE DE LA CAF. CA BATNA 2 – NASR (LIBYE) 2

Le Chabab de Batna rate son baptême du feu africain

L ’attaquant international tchadien, Ezetchiel N’Douassel, qui évoluait

à l’USM Blida, n’est pas encore qualifié au sein de sa nouvelle équipe, le Club Africain (Div I tunisienne), en raison de l’indisponibilité du certificat de trans-fert international, rapportait vendredi la presse locale. Le joueur tchadien risque de ne pas pou-voir, du moins dans l’immédiat, porter les couleurs de l’équipe tunisoise. En effet, le certificat de transfert interna-

tional n’a pas été délivré par son ancien club, l’USM Blida. La raison tient au payement du montant de transfert qui a été, d’un commun accord, échelonné sur quatre tranches. Il faudra, dans l’im-médiat, s’acquitter d’un montant très important (600 000 dinars tunisiens). En attendant un dénouement heureux pour le joueur, Ezetchiel N’Douassel s’entraîne avec son équipe, en espérant être qualifié avant la reprise de la Ligue I tunisienne, prévue fin février.

CLUB AFRICAINEzetchiel pas encore qualifi é

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Les joueurs batnéens déçus du résultat final face au Nasr

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Page 24: EL WATAN  2011/01/29

LE QUOTIDIEN INDÉPENDANT - Samedi 29 janvier 2011El WatanFausses solutions

Par Saïd Rabia

La machine gouvernementale s’est, depuis quelques jours, mise en branle dans une ultime tentative d’absorber la colère de la rue. Relayés par les médias publics, à leur tête la télévision, des

ministres promettent, on ne sait d’ailleurs par quelle magie, création d’emplois, résorption de tous les problèmes que vivent les Algériens. Les bureaux de recrutement – pour le préemploi ! – ont été instruits d’ouvrir grand leurs portes, les entreprises publiques sommées d’offrir du travail même si elles n’en expriment pas le besoin. Le Premier ministre a été jusqu’à donner des instructions pour suspendre le retrait du permis de conduire dont le caractère excessif est décrié autant par les spécialistes que par les Algériens, qui ont déjà fait les frais de ces mesures décidées par le gouvernement. Voilà, en gros, ce que propose l’Exécutif en guise de réponse à la large contestation dont il fait l’objet. En fait, des solutions aléatoires, insensées et méprisantes ! Aléatoires parce qu’elles ne règlent rien au fond. Insensées parce qu’elles n’obéissent à une aucune logique économique : la création d’emploi ne peut découler que de la seule équation du développement et de la prospérité économique. Or, en dépit du matelas fi nancier dont dispose le pays depuis plusieurs années, on continue encore à vivre des seules recettes qui proviennent du pétrole. Méprisantes, parce que les mesures qu’a prises le gouvernement s’apparentent à de la charité. C’est de l’aumône pour faire taire la faim des citoyens qui, aux yeux de ceux qui nous gouvernent, ne se sont soulevés qu’à cause de la fl ambée des prix du sucre et de l’huile. Dans une perception réductrice des aspirations des Algériens, l’on pense ainsi que les émeutes et les manifestations qu’a connues le pays, ces derniers temps, n’ont été le fait que d’un peuple affamé revendiquant bruyamment une bouchée de pain. On lui concède alors quelques miettes. On gesticule dans tous les sens pour l’extraire, s’égosillait avant-hier le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, de la manipulation. S’élevant au-dessus de tout soupçon et dédouanant l’Exécutif de toute responsabilité dans la situation actuelle, les ministres, qui ont eu à défi ler depuis quelques jours sur l’écran de l’Unique, pensent s’adresser à un peuple de mineurs incapables de discernement. Ils lui déconseillent d’ailleurs de faire de la politique en présentant cette dernière comme un mal dont il faut absolument s’en prévenir ! En s’érigeant en tuteurs des masses, les membres du gouvernement sont dans la pure tradition du parti unique. Les gestes, la mimique, le discours et la suffi sance rappellent malheureusement ces années de plomb. Nous y sommes replongés d’ailleurs. Faut-il rappeler encore que les dernières émeutes sont le produit de l’échec de toutes les politiques menées par l’équipe actuelle ? Promettant la relance économique, il y a installé un désordre indescriptible. Au plan politique, tout a été verrouillé pour étouffer les libertés, empêcher la construction d’une alternative et continuer à gérer le pays d’une main de fer, chose qui a fait d’ailleurs prospérer la corruption dont les scandales ne se comptent plus.

COMMENTAIRE

POINT ZÉRO

Ce doute qui s’installe comme un virus autoexécutablePar Chawki Amari

D’accord, OK, 36 millions et en gros, 200 000 poli-ciers, 200 000 gendarmes et 200 000 militaires. Pour défendre, ou sauver, c’est selon, le régime, en proie à

une indescriptible panique face à une histoire qui s’emballe, mais ne l’emballe pas vraiment. Mais ces 600 000 hommes lisent aussi les journaux, magie de l’alphabétisme. OK, non, Benbouzid ne sera pas sauvé dans la Révolution, il ira au bûcher, comme les autres, lui qui fabrique des chômeurs et envoie ses enfants en Europe. Mais OK, derrière la matraque de ce CNS, importé à Alger, il y a une main qui doit certaine-ment la tendre à celle de son propre frère, quelque part au bord de l’immolation dans l’Algérie intérieure qui brûle. Ce gendarme, militaire, policier, a des frères et des sœurs, des civils qui se débattent dans les mêmes conditions infamantes de vie quotidienne de cette majorité silencieuse qui n’est pas vraiment muette. OK, ces 600 000 lisent, pas le Journal

offi ciel, et même sans l’ENTV ils voient, OK, ils savent ce qu’il s’est passé en Tunisie et savent ce qui se passe actuellement en Egypte. Comment voient-ils les choses en les voyant ? OK, ils ont été augmentés et leur hiérarchie les empêche de pen-ser. Mais jusqu’où ? OK, ils sont là, les autres sont là, ils vont se faire face. OK, logiquement, le plus fort, physiquement, va l’emporter. Mais il y a aussi le nombre et cette hargne qu’ils n’ont pas. Ils vont pencher, faiblir, le bras va fl ancher, le virus est déjà installé, l’histoire est plus forte que 600 000 individus commandés, même armés jusqu’aux dents. Dernier OK, un grand OK pour le changement. Pas de gouvernement, mais de tout, en gros. OK OK OK Trois fois, comme pour une répudiation. Tu dormiras dans la rue et tu comprendras enfi n la rue. Alors OK Encore. Zid. On peut sauver un pays, pas un régime. Sauver un régime, mais pas un homme. Sauver un homme, pas sa mauvaise idée. OK.

Retrouvez les prévisions complètes sur www.elwatan.com

ALGER ORAN CONSTANTINE OUARGLA7°16°

8°19°

5°15°

11°24°

■ SKIKDAUn militaire tué à Aïn KechraUn militaire originaire de la wilaya de Tissemsilt a été tué, dans la soirée de mercredi dernier, près de Hjar Mefrouche, dans la commune de Aïn Kechra, au sud-ouest de Skikda. Le jeune militaire s’apprêtait à se rendre au centre-ville de Aïn Kechra, à quelques kilomètres seulement du poste avancé dont il dépen-dait, quand des terroristes, dont le nombre n’a pas été déterminé, ont ouvert le feu sur lui près de l’école du hameau de Laâdame.

Touché par plusieurs balles, il a succombé à ses blessures sur place. Sa dépouille a été trans-portée vers la morgue de l’hôpi-tal de Tamalous et une opération de ratissage a été enclenchée le soir même pour tenter de loca-liser le groupe terroriste auteur de l’embuscade. A relever que la région de Aïn Kechra, très proche de la wilaya de Jij el, constitue encore une zone de repli pour les groupuscules encore actifs et qui écument un large périmètre pouvant aller de Hjar Mefrouche jusqu’aux maquis de Jij el.

Khider Ouahab

■ TADJENANET (MILA)

Une fuite de gaz cause la mort de trois personnesLa population de la ville de Tadjenanet, dans la wilaya de Mila, s’est réveillée, hier, sur un drame qui a coûté la vie à trois personnes d’une même famille. Vers 5h, B. Bachir, 48 ans, son épouse, K. Soumia, 33 ans, et leur fi lle adoptive, 9 ans, B. Saousen, ont été trouvés morts dans leur maison sise à la cité du 20 Août. Une fuite de gaz est à l’origine de ce drame, apprend-on auprès

d’une source bien informée. Alertés par les citoyens, les services sanitaires ont dépêché deux médecins qui ont tenté vainement de sauver les victi-mes. M.Boumelih

■ KHEMIS MILIANA (AÏN DEFLA)

Des femmes asphyxiées dans un hammam Une grande panique s’est em-parée, hier après-midi, des per-sonnes présentes à l’intérieur du hammam «El Emir» situé rue Larbi Bouamrane à Khemis Miliana, a-t-on appris auprès de la Protection civile. En eff et, des émanations de gaz provenant des compteurs mêlées à une température excessive se sont soldées par l’asphyxie de plusieurs femmes dont un bébé d’une année, a indiqué la même source. Certaines ont été évacuées vers l’EPH de la même ville tandis que d’autres ont bénéfi cié de soins d’urgence sur les lieux de l’incident. Selon les premiers éléments de l’enquête, le hammam n’est pas doté d’un système d’aération conforme aux normes. Aziza L.

EN BREF…

OCÉAN INDIEN

■ Un navire de guerre danois, L’Esbern Snare de la fl otte internationale antipiraterie de l’OtAN, a repêché hier dans l’Océan indien deux marins qui se sont échappés dans un canot de sauvetage de leur cargo allemand attaqué lundi par des pirates, a indiqué l’Alliance atlantique. Les deux hommes font partie des 12 membres d’équipage du MV Beluga Nomination capturé

le 24 janvier par des pirates somaliens, à environ 390 miles au nord des Seychelles. Le cargo battant pavillon d’Antigua-et-Barbuda compte 12 membres d’équipage de diff érentes nationalités. Inter-rogé par l’AFP, un offi cier du commandement opérationnel de la marine danoise, SOK, n’était «pas encore en me-sure», hier soir, de confi rmer cette information. (AFP)

2 MARINS ÉCHAPPENT AUX PIRATES SOMALIENS

■ Des grèves en série menacent les exporta-tions agricoles de l’Argentine, gros producteur de céréales et de soja, dont le principal port agro-industriel était hier paralysé depuis trois jours, ce qui suscite des craintes sur l’impact international du mouvement. Cette grève de ca-mionneurs, dockers, maçons et vigiles du port de San Lorenzo, près de Rosario, succède à une autre, qui avait arrêté pendant sept jours, la semaine dernière, la commercialisation de cé-réales et de soja dans le pays. Les principales organisations rurales réclamaient la libéralisa-

tion totale des exportations de blé, tandis que les grévistes du port de San Lorenzo veulent un salaire minimum de 5000 pesos (919 euros). Le port de San Lorenzo prend en charge l’expor-tation de 39% des céréales et des oléagineux, de 73% des sous-produits de ces deux matières premières et de 68% des huiles issues de celles-ci. La grève a déjà eu un premier impact à la hausse sur le prix international du soja à Chicago, où le boisseau pour livraison en mars valait 14,155 dollars hier contre 14,09 dollars une semaine plus tôt. (AFP)

■ ARGENTINE

DES GRÈVES MENACENT LES EXPORTATIONS AGRICOLES

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