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PLUS D'UN MILLION DANS LES RUES L'HORREUR À NOUVEAU À ORLANDO, À MAGNANVILLE… Contre la haine, la division, la violence, nous devons tenir bon ! Jeudi 16 juin 2016 - N° 2155 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Nouvelles N° 2155

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Nouvelles N° 2155 du 16 juin

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Page 1: Nouvelles N° 2155

PLUS D'UN MILLION DANS LES RUES

L'HORREUR À NOUVEAU À ORLANDO, À MAGNANVILLE… Contre la haine, la division, la violence, nous devons tenir bon !

Jeudi 16 juin 2016 - N° 2155 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

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2 • Les Nouvelles 16 juin 2016

ACTUALITÉ

Alors qu’ils étaient en grève depuis déjà 15 jours, les cheminots organisaient devant la gare de Bordeaux, la semaine dernière, la votation sur la loi travail. L’occasion pour eux d’expliquer aux usagers leurs revendications spécifiques et de rappeler que ce qu’ils défendent sert l’intérêt commun. Si l’idée que les cheminots sont des «nantis» a fait son chemin, il reste des usagers pour encourager leur action même quand la grève impactes leur journée. C’est le cas de Dezis, jeune chef d’entreprise informatique qui explique à Yohan et Juliette que ses nombreux voyages lui ont fait comprendre que le modèle français et ses services publics ne sont pas si mal. «Vous avez raison de vous battre, dit-il aux cheminots. De toute façon, quel autre moyens avez-vous de vous faire entendre que la grève ? Ils arrivent à nous diviser, il ne faut pas attendre qu’il y ait des attentats pour se parler.» Des mots de réconfort bien utiles quand on sait qu’on n’aura déjà qu’une moitié de salaire le mois prochain.

BORDEAUX

Les cheminots à la rencontre des usagers

Communiqué. « Dans un contexte revendicatif intense marqué par la mobilisation contre le projet de loi “Travail” et pour une réglementation de haut niveau pour les cheminots de la SNCF et des Entreprises Ferroviaires Privées, la fédération CGT des cheminots est la seule organisation syndicale à avoir initié une consultation nationale de ses adhérents concernant l’accord d’entreprise soumis à signature à la SNCF. 57,66 % d’entre eux ont fait savoir leur souhait de ne pas voir apposer la signature de la CGT sur cet accord tel qu’il est proposé par la direction SNCF. La CGT ne signera pas l’accord d’entreprise. Cette consultation inédite ne met pas un terme à cette période revendicative débutée le 9 mars dernier. C’est à l’appui des analyses et des éléments de réflexion issus de ses syndicats que la direction fédérale définira des suites qu’il conviendra de donner à l’accord d’entreprise et à la CCN. Alors que les cheminots ont massivement pris part aux puissantes manifestations du 14 juin 2016 contre le projet de la loi “Travail”, cet exercice démocratique, au cœur d’un conflit reconductible, devrait servir d’exemple à ceux qui, loin des préoccupations quotidiennes, prennent des décisions inacceptables dans le dos des salariés. La fédération CGT des cheminots continuera de tout mettre en œuvre afin de créer les conditions du rassemblement le plus large pour plus d’égalité et de justice sociale. »

ACCORD D’ENTREPRISE SNCF

La CGT ne signera pas !

Lundi soir, les Bordelais se sont rassemblés sur le parvis des Droits de l’Homme avec des militants des diverses associations pour la défense des droits LGBT, des élus et l’imam de Bordeaux pour rendre hommage aux victimes de la tuerie d’Orlando en Floride qui a fait hier 49 morts et 53 blessés dans un club homosexuel réputé de la ville (lire page 6). Au micro, plusieurs intervenants ont dénoncé un « acte de l’homophobie poussé à son paroxysme » qui provoque « colère, tristesse, incompréhension et angoisse ». « Comme au Bataclan, on s’est attaqué au vivre ensemble, à l’acceptation et à la visibilité de tous les modes de vie, au sens de la fête ». « S’attaquer aux droits LGBT, c’est s’attaquer aux Droits de l’Homme », a-t-il été rappelé.

Des membres de plusieurs orga-nisations politiques de gauche et d’associations* en Gironde ont signé un communiqué commun, le 10 juin, de soutien à la mobi-lisation contre la loi Travail. À la veille de la manifestation à Paris, ils organisaient une conférence de presse à Bordeaux Bastide pour expliquer leur démarche : « Nous voulons favoriser l’irruption ci-toyenne dans le débat politique pour des propositions susceptibles de rassembler et de redonner espoir dans les échéances à venir. »

« Le projet de Loi Travail est rejeté par l’opinion publique, la majorité des syndicats et la majorité des forces de gauche, affirmait un communi-qué du 10 juin. Depuis plus de trois mois ce sont des centaines de milliers de salariéEs, de citoyens et citoyennes qui se mobilisent dans la rue, sur les lieux de travail et dans les quartiers contre cette loi et ce gouvernement qui l’ impose. Ce projet de loi doit être retiré. D’autres choix sont possibles, un Code du travail protecteur et éman-cipateur, la réduction du temps de travail, la reconversion écologique de l’ économie, l’extension de la Sécurité sociale à l’emploi. »

Outre la mobilisation contre la loi Travail, Gérald Elbaze du Parti socialiste, Max Guichard du Parti communiste et André Rosevègue d’Ensemble expliquent qu’ils veulent aider, organiser l’irruption de la pa-role citoyenne dans le débat politique et la construction d’une alternative à gauche. C’est une déclinaison locale de « L’Appel des 100 » qui regrou-pendes personnalités associatives, politiques, des chercheurs… Gérald Elbaze insiste : « il ne s’agit pas de venir en tête, de revendiquer un leadership mais d’être en appui du mouvement citoyen. Avec quelques personnes engagées politiquement, à titre indivi-duel comme les militants socialistes de l’aile gauche ou avec leur organisation pour les communistes, nous voulons faire le rassemblement de la gauche. » Pour Max Guichard, ce qui est posé aujourd’hui au mouvement social n’est pas seulement de rejeter la loi Travail mais de définir et construire de nouveaux droits « parce qu’ils sont nécessaires ». « C’est à partir de tout ce qui bouge que nous voulons construire une politique de gauche et c’est la construction de ce socle qui rendra les candidatures évidentes que ce soit pour les législatives ou la présidentielle. »André Rosevègue s’inquiète de la dérive autoritaire du pouvoir et de

la focalisation du Premier ministre sur la question identitaire et le fait religieux. « Ce n’est pas comme ça que nous allons échapper à la situation dramatique d’un second tour droite/Fn en 2017. Nous voulons réunir la gauche pour être au second tour avec une candidature qui porte ce socle commun ».Pour ces militants politiques, s’il y a effectivement imminence d’un danger Droite/Fn au second tour, la seule question qui devrait se poser c’est quelle ligne peut rassembler la gauche, toute la gauche ? Ils défendent l’idée qu’il faut faire confiance au mouvement citoyen, à ce qu’il peut porter et à ce qu’il peut bousculer dans les habitudes politiques. Ils ne rejettent pas de candidature déjà déclarée ou évoquée comme celle de Jean-Luc Mélenchon ou Noël Mamère mais leur demande de venir travailler à ce socle commun, à l’appropriation collective des ques-tions politiques comme cela avait été fait au moment du Traité constitu-tionnel européen. Et comme ce qui les rassemble « ce n’est pas l’homme providentiel », ils souhaitent surtout travailler aux législatives.Le calendrier électoral, le statut de l’élu, la question du financement des partis politiques, le moyen de donner une dimension globale aux idées et aux mobilisations locales sont autant de questions qu’ils veulent mettre en chantier.

CD

* Christine Boronat, secrétaire départemen-tal du PG 33, Bernard Coadou militant associatif, Bernard Couturier, Ensemble !, Gerald Elbaze, PS porte parole en Gironde de « À gauche pour gagner », Jean Luc Gasnier, Attac 33, Sylvie Justome, Nouvelle Donne, Dominique Jobard, appel des 100, Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF.

BORDEAUX

Hommage aux victimes d’Orlando et solidarité avec les LGBT

APPEL DES 100 EN GIRONDE

Favoriser l’irruption citoyenne dans le débat politique

« L’assassinat d’un couple de fonctionnaires de police, sous les yeux de leur enfant de trois ans, est un acte épouvantable qui a été commis par un individu connu des services policiers et judiciaires. Cet acte provoque l’effroi.La solidarité de la nation doit d’abord aller à ce petit garçon qui a perdu ses deux parents dans des circonstances si horribles. La société doit l’entourer et lui montrer qu’elle est capable de le protéger contre la haine et la violence.Le PCF apporte son soutien aux familles des disparus, leurs collègues et amis. Il salue l’engagement des personnels de police qui font, au quotidien, le choix de l’intérêt général en se mettant au service de la République.Cet acte est revendiqué par l’organe de presse internet de Daesh qui, en très grande difficulté sur le plan militaire en Syrie comme en Irak, cherche une nouvelle fois à provoquer la terreur et à semer la haine dans les coeurs, même entre voisins.Contre la haine, la division et la violence, nous devons tenir bon. »

DOUBLE ASSASSINAT DE MAGNANVILLE

Tenir bon contre la haineDéclaration de Pierre Laurent

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Les Nouvelles 16 juin 2016 • 3

EditorialACTUALITÉ

Paris rouge de colère

Essoufflement  du mouvement ? Baroud d’hon-neur,  la manifestation nationale du 14 juin ? Que nenni ! Plus d’un million de personnes dans les rues pour le retrait de la loi Travail. Philippe Martinez, secrétaire national de la CGT, avait prévenu et il avait raison. C’était énorme, à Paris et avec des manifestations et rassemblements dans toute la France, plusieurs dizaines de milliers à Marseille, des milliers à Toulouse… Paris rouge de colère avec ses impressionnants cortèges de la CGT, de dockers, de FO mais aussi de jeunes communistes… Le cortège dense, coude à coude, dans la joie d’être rassemblés restera pour longtemps dans la tête des manifestants. La violence et la présence policière aussi qui, pourtant, n’a rien empêché alors que les témoignages concordent à dire que les services d’ordre syndicaux n’ont cessé de marquer l’écart entre le gros du cortège et quelques dizaines de manifestants en tête, visi-blement responsables de la casse de vitrines et de panneaux publicitaires. La casse des vitres de l’hôpital Necker tombe à pic pour le gouvernement. C’est là qu’est hospitalisé le pauvre gosse ayant assisté au meurtre de ses pa-rents, le couple de fonctionnaires de police assassiné par un jeune français, au nom de l’« État islamique ». Et voilà la Cgt accusée, à peine à demi-mots, de faire le jeu de Daesh, ça faisait déjà des semaines que ses militants étaient assimilés à des « terroristes », à des « preneurs d’otages », ils n’étaient plus à ça près. La ficelle est trop grosse, la facilité du raccourci un aveu de faiblesse. Peut-être, sans doute, le matra-quage des mots, des images portera ses fruits sur une partie de la population. Mais il ne fera pas reculer la mobilisation. Ce mouve-ment a encore des ressources, car le rejet de cette loi et « du monde qui va avec » est profond, et le déni de démocratie dont a fait preuve le gouvernement ne passe pas.Hollande-Valls et consorts ne sortiront pas grandis de leur entêtement. Qu’espèrent-ils vraiment quand ils demandent à la CGT, le 15 juin, de ne plus orga-niser de manifestation ?!Philippe Martinez doit rencontrer Myriam El Khomri vendredi matin, mais les déclarations en ce milieu de semaine laissaient peu d’espoir sur l’issue de la rencontre. D’ailleurs plusieurs temps forts prévus dès vendredi soir avec un appel citoyen aux « casseroles debout partout », et au moins deux journées de grève intersyndicales annoncées d’ici la fin du mois, les 23 et 28 juin.

Il est temps encore pourtant de retirer ce projet et de retourner à la table des négociations.

Christelle DanglotRédactrice des Nouvelles de

Bordeaux et du Sud-Ouest

LOI TRAVAIL

Plus d’un million de personne dans les rues le 14 juin

Cette manifestation du 14 juin est sans conteste un succès qui a convaincu ses participants que le mouvement était loin de s’essouf-fler. À Paris et en Province, la mobilisation a été plus forte qu’au début du mouvement, il y a trois mois.

Alors qu’environ 1 500 personnes, se rassemblaient place Stalingrad à Bordeaux avec l’organisation d’une votation citoyenne sur la loi Travail, un bon millier de girondins arri-vaient à Paris. Nous avons recueilli quelques témoignages à leur retour.Fabrice, militant CGT et de la Nuit debout Bordeaux, n’avait pas vécu de manifestation aussi importante depuis celle contre la loi Devaquet en 1986. Mais la participation massive ne le surprend pas, « nous sentions dans nos provinces la colère monter » affirme-t-il. De cette journée à Paris, il retient « la bonne ambiance, la solidarité intersyndicale entre les dif-férentes organisations, le mélange des manifestants dans la bonne humeur ». « De la porte d’Italie aux Invalides, il y avait une densité incroyable, que du monde ! » s’enthousiasme-t-il. Sur le parcours, il a aussi croisé de la casse, des vitrines brisées. « Personnelle-ment, je n’approuve pas la violence, mais sur une fin de non recevoir de nos gouvernants quand cette violence cible des symboles du libéralisme, l’argent du capital, je la comprends. Certains n’ont pas d’autres choix pour se faire entendre que de rentrer dans cette spirale. Il y en a marre de cet ordre établi. Élar-gissons nos combats dans tous les sens et changeons ce système qui opprime les peuples. Tout le monde va et veut aller bien au-delà de la Loi travail, c’est ce que j’ai perçu, vraiment, dans les slogans et sur les panneaux, tout au long de la journée ».Il revient de cette journée convaincu que la mobilisation ne faiblira pas d’ici la fin du mois. « Et je pense que si la loi passe en 49.3, la reprise en septembre va être chaude » conclut-il, en attendant de voir ce que don-nera la rencontre entre la ministre El Khomri et le responsable de la CGT, Philippe Martinez.José et Jacques sont cheminots retrai-tés. Ils étaient dans le même train pour Paris, avec au moins 200 che-

minots de Gironde, actifs et retraités. Ils ont fait la manifestation au même endroit du cortège, presqu’en tête, pas loin de la banderole de l’inter-syndicale. Ils n’ont pas vu de manif si grosse depuis le CPE et témoigne de la bonne ambiance, du mélange entre les organisations, de la participation de toutes les régions de France mais aussi d’un dispositif policier jamais vu. « C’était hyper impressionnant, pour quitter la manif il y avait des barrages filtrants partout, on devait même retirer nos badges. Pourtant, la casse ça s’est passé à l’avant du cortège et le service de sécurité marquait toujours une distance entre un groupe de quelques dizaines de personnes qui cassaient et le reste du cortège qui était déterminé mais calme. On se demande pourquoi les forces de police ne les ont pas arrêtés, ils étaient bien plus nom-breux qu’eux. »Pour José, cette manifestation restera une « réussite ». « Il l’ont cherché, ils l’ont eue. C’est l’aboutissement de 3 mois de mobilisation qui ont permis de rassembler sur Paris et dans les grandes villes. Même si ce mouvement est parfois en dents de scie, le fait qu’il s’ inscrive dans la durée a permis de diffuser largement l’ information, il a laissé le temps à plein de gens de prendre conscience de l’enjeu. Alors même si ceux qui sont en grève depuis le plus longtemps lèvent le pied parce que ça pèse, la détermination est intacte. Le mouvement va tenir, au moins jusqu’au retour du texte à l’Assemblée nationale et les temps forts prévus d’ ici là vont permettre de maintenir la pression ».

Jérémy de l’Ud Cgt était un des orga-nisateurs du voyage qu’il a trouvé plutôt festif. Lui aussi témoigne du mélange des différentes délégations départementales. « Nous étions toutes et tous dans un cortège compact, unis pour le retrait de ce projet de loi et pour obtenir une réelle concertation sur la base de nos propositions. La tête de cortège était arrivée aux Invalides que d’autres n’étaient pas partis de la place d’Italie. La préfecture peut toujours minimiser les chiffres mais là ça en est ridicule ! Nous savons ce que nous avons vu et vécu, et avons eu connais-sance des différentes actions qui ont eu lieu également en province comme le rassemblement et la votation citoyenne à Bordeaux. Cela nous motive encore davantage pour continuer l’action pour le retrait de cette loi et le progrès social. »

Martinez : « il faut que le gouvernement ouvre les yeux »

« Cette journée est la démonstration que le mouvement est loin de s’essouf-fler comme je l’ai entendu ces derniers jours, a déclaré mardi Philippe Mar-tinez, secrétaire général de la CGT. Deux autres mobilisations sont prévues, au cas où le gouvernement n’écouterait pas, avec une votation citoyenne qui rencontre un écho très favorable et qui permet à des salariés qui ne peuvent faire grève de participer eux aussi. Le gouvernement s’obstine depuis plusieurs mois à refuser toute prise en compte de nos propositions. Il est temps d’arrêter d’essayer de jouer l’ épuisement, la mobilisation de ce mardi montre que le mouvement est bien ancré parmi les salariés et l’opinion publique. Il faut être aveugle et sourd pour considérer qu’ il ne se passe rien dans ce pays. Nous verrons vendredi, lors de notre rencontre avec Myriam El Khomri, ce qu’il en est. Le gouvernement sait par-faitement que plusieurs articles posent problème dans ce texte dont la colonne vertébrale organise le dumping social et constitue un véritable recul pour les droits des salariés. Plutôt que de tabler sur la baisse de mobilisation, il faut maintenant que le gouvernement ouvre les yeux. »

CD

1 500 personnes se sont rassemblées place Stalingrad à Bordeaux pour l’organisation d’une votation citoyenne sur la loi Travail.

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4 • Les Nouvelles 16 juin 2016

EUROPE - MIGRANTS

FÊTE DE L’HUMANITÉ GIRONDE

Rencontre autour de la situation des migrants

Sur la fête de l’Humanité Gironde, nous avons rencontré Jean-Luc Taris, bénévole sur les missions « squat » de Médecins du monde sur Bordeaux et Sylvain Gicquel, importateur de produits grecs pour évoquer la situation des migrants.

Pour les pouvoirs publics, ils sont « indésirables »

Jean-Luc Taris est infirmier libéral, il est engagé auprès de Médecins du monde mais le monde, il le ren-contre ici, dans les rues, les terrains vagues, les immeubles abandonnés de l’agglomération bordelaise où se réfugient des migrants. « Dans les années 2000, il semblerait avec le chantier du tram, que sont arrivés des Roms de Bulgarie, explique Jean-Luc Taris. En 2007, Médecins du monde a mis en place une “mission Roms” qui est devenue en 2014, avec la diversité des provenances, “mission squat” ».Des équipes composées d’un méde-cin, un infirmier et un intervenant social effectuent un relevé des popu-lations dans les camps de fortune et autres squats, vérifient s’il y a des familles, des enfants, évaluent la situation médicale, recensent les pathologies chroniques… « Nous sommes souvent confrontés à du dia-bète or les conditions de vie de ces populations ne permettent pas, par exemple, de réfrigérer l’ insuline. Nous rencontrons beaucoup de pathologies liées à “l’habitat” comme le saturnisme ou à l’eau mais aussi des épidémies de tuberculoses actives, que nous devons signaler à l’Agence régionale de santé (ARS). » Avec seulement un salarié pour coordonner, les équipes de bénévoles assurent 1 000 consultations dans l’année, 3 à 4 sorties par semaine.Il faut 3 mois de présence sur le ter-ritoire français pour avoir accès aux soins. En attendant, seul Médecins du monde ou 3 structures spéciali-sées dans le département, prennent en charge ces populations. « Il faut une domiciliation administrative pour l’ouverture des droits, rappelle Jean-Luc. Alors seulement on peut deman-der l’AME et attendre de recevoir la carte… On effectue des plaidoyers, on intervient auprès des municipalités pour qu’elles mettent en place des domiciliations (un lieu administratif qui sert de “boîte à lettre” et d’adresse officielle). À Bègles par exemple, ça va mais Villenave d’Ornon refuse toute

domiciliation. »Sur les camps de fortune, l’accès à l’eau, la gestion des déchets et la mise en place de latrines est une bataille permanente. Surtout quand les auto-rités publiques passent leur temps à défaire ce que les humanitaires font avancer.Les sahraouis installés à Bordeaux en ont fait les frais, les bénévoles qui les accompagnent aussi. La première expulsion a eu lieu en 2015. « En principe, la procédure préfectorale consiste à établir une évaluation, un repérage des personnes les plus vulné-rables avant toute expulsion. Avec les sahraouis, ça ne s’est pas passé comme ça. À plusieurs reprises, l’expulsion a été directe, pour les occupants elle signifie la perte de petit ameublement et plus grave, souvent, celle de papiers admi-nistratifs. Le squat se fragmente, pour les intervenants, c’est encore plus com-pliqué. Sur le deuxième terrain occupé par des Sahraouis, Dynam’eau avait fait des adductions d’eau. Mais ils ont été à nouveau expulsés. À chaque fois, on repart de zéro, les problématiques sont relancées, les pathologies réappa-raissent. Il faut prendre en charge des personnes de plus en plus fragilisées sur le plan psychologique… On ne peut pas se substituer au droit commun. On n’en a pas les moyens. Il est même devenu difficile de recruter des bénévoles tant le fait de n’avoir aucune solution est désespérant. Dans notre association, c’est l’ intervenant social qui fait le lien avec la ville ou la préfecture. Les discussions avec le préfet ont conduit à la création d’un centre d’hébergement de 57 places… pour 400 personnes. Très peu de ces Sahraouis qui viennent des camps de Tindouf en Algérie sont régularisés. Nous allons devoir judicia-riser l’action. On a essayé de discuter mais ça n’avance pas. Même quand on s’y met à plusieurs associations on obtient peu d’avancées parce que, pour les pouvoirs publics, ces personnes sont justes indésirables ».

En Grèce, une situation « apocalyptique » malgré la solidarité populaire

Sylvain Gicquel se rend souvent en Grèce pour ses activités profession-nelles. Il raconte le port de Patra, 4e ville de Grèce, la plus peuplée de la Péninsule. « Dans cette ville ruinée bien avant la crise, avec ses usines abandonnées, les migrants s’entassent. La police y intervient moins depuis un an et demi mais j’ai déjà vu des per-sonnes courir au dernier moment pour

monter sur un bateau et les voltigeurs qui les tabassent pour les en empêcher.Les routes de migration ont changé, le passage se fait par les Balkans, les gens sont plus sur la frontière macé-donienne. Il y a donc moins de monde dans les bidonvilles qui mélangent Grecs et migrants. »Sylvain décrit l’étendue des squats à Athènes et en particulier dans sa périphérie. « Il y en a à un kilomètre de l’Acropole. On parle aujourd’hui de la Syrie mais depuis longtemps la Grèce est une zone de passage, ou plus exactement de blocage. Mais aujourd’hui c’est l’apocalypse. On parle de dizaine de milliers de personnes. Il y a des bidonvilles plus grands qu’en Amérique latine. Ça se mélange avec les conséquences de la crise Grecque et les milliers de logements saisis. Les ONG sont débordées. »Alors Sylvain s’est rapproché du Secours populaire en France pour participer, à son niveau, à la solidarité avec des collecte de vêtements, de produits sanitaires. Car la solidarité, ce sont d’abord les Grecs eux-mêmes qui l’organisent et elle est très forte. « C’est comme une revanche, pour montrer au reste du monde, à l’Europe que si personne ne leur est venu en aide, eux sont capables d’aider les autres. » Et la misère, les faillites ne datent pas d’hier en Grèce, « la solidarité y est une tradition forte, tout comme la politique ». « On a vu de nombreuses initiatives privées pour accueillir les réfugiés sur les plages. »Sylvain rapporte aussi un méconten-tement vis-à-vis du gouvernement actuel. « La politique vis-à-vis des réfugiés est moins violente mais il y a encore des déplacements. Il y a encore des camps d’ internement fermés. Ils sont certes un héritage de l’ancien gouvernement mais ils sont toujours là, contrairement aux engagements qui avaient été pris. Il en reste 3 en Grèce continentale. On y fait venir les réfugiés sur la promesse d’une aide administrative. Sur une ancienne base militaire près de Corynthe, 5 000 personnes vivent entourées de barbelés, de matons. Ces camps font d’ailleurs l’objet des 2/3 d’un rapport d’Amnesty Internationale. Le mur d’Evros qui oblige à un contournement en mer Égée, non seulement n’a pas été détruit mais il a même été fini. » Cette situation Sylvain Gicquel l’explique par la volonté des Grecs et de leur gouvernement d’être bon élève par rapport aux exigences de l’Europe.

CD

MÉDITERRANÉE

Plus de 10 000 morts depuis 2014

HOTSPOTS EUROPÉENS

L’ONU les compare à des « zones de confinement forcé »

Plus de 10 000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée, en tentant de rejoindre l’Europe, depuis 2014, a déclaré, le 7 juin à Genève, un porte-parole du Haut-commis-sariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

En 2014, il y a eu 3 500 morts en Méditerranée, l’an dernier 3 771, auxquels s’ajoutent 2 814 décès depuis le début de 2016, a précisé le porte-parole, en dénonçant à l’AFP ce chiffre « horrible ». Depuis 2014, le chiffre des décès en mer Méditer-ranée ne cesse d’augmenter, a indiqué le porte-parole, « pour arriver à plus

de 10 000 ». Ce seuil, a-t-il ajouté, a été « dépassé au cours des derniers jours ». De son côté, l’OIM (Organi-sation internationale pour les Migra-tions), qui ne dépend pas de l’ONU, mais qui est basée à Genève, estime que depuis le début de l’année 2016 il y a eu 2 809 morts en Méditerranée, à comparer avec 1 838 morts durant le 1er semestre 2015. « Le nombre de décès en Méditerranée en 2016 dépasse de presque 1 000 personnes le bilan du 1er semestre 2015, alors qu’il reste encore 3 semaines avant la fin du 1er semestre 2016 », a indiqué l’OIM dans un communiqué.L’OIM a également donné des pré-cisions sur le naufrage la semaine dernière d’un bateau de migrants au large des côtes de la Crète. Selon l’OIM, qui se base sur des témoi-gnages, 648 à 650 personnes étaient à bord du bateau, et 320 manquent à l’appel. En date du 5 juin 2016, poursuit l’OIM, 206 400 réfugiés et migrants sont arrivés en Europe par la mer, via la Grèce, Chypre et l’Espagne depuis le début de 2016.

Les centres d’enregistrement des migrants arrivant sur les îles grecques en provenance des côtes turques sont essentiellement de « vastes zones de confinement forcé », a dénoncé lundi le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hus-sein.

S’exprimant devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, le haut-commissaire a expliqué que son personnel a observé une « augmentation inquiétante des détentions de migrants en Europe », y compris dans les centres d’enre-gistrement construits en Grèce et en Italie, également appelés « hot-pots ». « Même les enfants non accom-pagnés sont souvent placés dans des cellules de prison ou dans des centres entourés de barbelés », s’est insurgé M. Zeid.Les camps d’enregistrement de migrants dans les îles grecques, comme celui de Moria, sont devenus des camps de rétention fermés depuis la mise en place de l’accord UE-Tur-quie le 20 mars qui prévoit le renvoi quasi-systématique des migrants irréguliers. Le haut-commissaire a demandé à l’Union européenne de mettre en place un système permet-tant de comptabiliser ces détentions.« Ces chiffres seraient, je le crains, choquants », a-t-il dit, déplorant par ailleurs la « réthorique antimi-

grants » qui se répand sur le continent européen et qui pousse à la violence, comme en Bulgarie. Il a en revanche loué les efforts réalisés par certaines villes européennes pour répondre aux besoins des migrants, citant Lampe-dusa et Paris. Il a par contre relevé que sur les 160 000 personnes que les pays européens s’étaient engagés à relocaliser en septembre 2015, moins de 1 600 l’ont été jusqu’à présent.Quelques 208 150 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe cette année en passant par la Méditerra-née, et plus de 2 850 sont morts ou portés disparus, selon les chiffres du haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR) publiés lundi sur son site internet. La majorité (157 119) sont des Syriens, des Afghans et des Irakiens arrivés en Grèce depuis la Turquie. Près de 50 000 autres, en majorité des personnes venues de pays d’Afrique sub-saharienne, sont entrés en Italie en provenance essentiellement des côtes libyennes.Le chaos régnant en Libye depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 profite aux tra-fiquants d’êtres humains et des milliers de migrants tentent chaque année de rejoindre l’Europe dont les côtes ne sont distantes que de 300 kilomètres. « Lors d’une visite dans un centre de migrants (en Libye, ndlr), le personnel de l’ONU a trouvé des dizaines de personnes entassées dans des salles sans même un espace pour s’allonger », a affirmé M. Zeid.

Page 5: Nouvelles N° 2155

Les Nouvelles 16 juin 2016 • 5

EUROPE - MIGRANTS

LES MIGRANTS NE SONT PAS DES CRIMINELS

L’UE et les États-membres doivent respecter les droits humains

PARIS

Citoyenne et solidaire, Paris aura son camp de réfugiés

CAMP À GRANDE-SYNTHE

L’État s’engage mais les associations restent vigilantes

Communiqué du Parti commu-niste français, le 30 mai, au len-demain d’une tragédie de plus en Méditerranée.

« Des centaines de migrants dont au moins 40 enfants qui voulaient rejoindre les côtes italiennes en pro-venance de Libye ont disparu dans trois naufrages.Les récits des survivants sont bou-leversants. Ces nouveaux drames suscitent un profond sentiment de colère et de honte.Les mesures prises de surveillance aéronavale se montrent impuissantes à éviter de tels drames, même si l’inter-vention de sauvetage de la marine italienne, de l’opération européenne Sofia, des ONG, et même des garde-côtes libyens, ont permis de sauver 5600 migrants la semaine dernière.La seule réponse véritable pour préser-ver ces vies de femmes, d’hommes et d’enfants qui fuient guerres, violence et misère, et “casser” le trafic orga-nisé par les passeurs, c’est, comme le réclament les ONG, d’ouvrir des voies légales et sécurisées pour leur passage

des côtes libyennes vers l’Europe.Jusqu’à quand, et jusqu’à combien de disparitions, l’UE et les Etats-membres persisteront-ils dans ce refus criminel qui conduit à de tels drames et à faire le lit des passeurs ?La fermeture de la route des Balkans et l’accord honteux UE-Turquie de bloquer toute entrée par ces voies, multiplient les drames.Le PCF réaffirme que l’UE et les Etats-membres se doivent d’abandon-ner cette politique d’Europe-forteresse et de s’engager au respect du droit international et droits humains pour accueillir ces réfugiés, mais également de ses propres valeurs fondatrices de solidarité, de respect de la dignité humaine. Les migrants ne sont pas des criminels.Dans les pays du Sud de l’Europe comme la France, l’Italie, l’Espagne, de grandes et petites associations, des élus des villes et villages, des citoyens, sont prêts à accueillir des migrants… Leurs Etats doivent assumer leur responsabilité d’accueil et la France, parmi les premiers, lever tous les obstacles mis à leur venue. »

La maire de la capitale, Anne Hi-dalgo, a annoncé la création d’ici à mi-juillet d’un centre d’accueil situé dans le nord de la ville et respectant les normes du Haut-Commissariat aux réfugiés. Élus et associations demandent également au gouvernement de prendre ses responsabilités.

« Paris ne restera pas sans agir alors que la Méditerranée devient un cimetière pour les réfugiés. » C’est la promesse faite par l’élue parisienne, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle Anne Hidalgo a annoncé la création d’un camp de réfugiés respectant les normes du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations-Unies. L’initiative, plutôt inattendue, a divisé la droite. Bruno Le Maire, candidat (LR) à la primaire, l’estime « nécessaire », tout comme l’actuel président de l’Association des maires de France, François Baroin (LR). En revanche, Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ancienne candidate (LR) à la mairie de Paris, n’y voit qu’une « instrumentalisation de la question de l’accueil des réfugiés ». Tout comme Wallerand de Saint-Just, le conseiller régional (FN) d’Île-de-France, qui, sans surprise, fustige un camp « qui n’a pas sa place à Paris, ni en France ».En revanche, pour les associations,

citoyens et élus qui se battent pour en finir avec le cercle infernal des évacuations-reconstructions de cam-pements, l’annonce est une bonne nouvelle. Pour les élus communistes-Front de gauche, il faut aller plus loin

« Jusqu’à présent, la gestion de l’accueil des migrants s’est faite au compte-gouttes, explique Fanny Gaillanne, conseillère communiste de Paris. Nous disons depuis des mois qu’ il faut créer des endroits sûrs pour un accueil massif. La proposition d’Anne Hidalgo est une première étape que nous soutenons. » Pour l’élue, le projet permettra un meilleur suivi de ceux qui transitent ou cherchent refuge à Paris. Elle y voit l’occasion de mettre en place tous les dispositifs d’accom-pagnement de première urgence, d’accès au droit et de lutte contre les trafics en tout genre.« Nous n’oublions pas que c’est grâce à l’engagement des Parisiennes et des Parisiens auprès des migrants, à leur bienveillance et à leur ténacité, que la maire de Paris prend aujourd’hui ces engagements forts », précisent les élus communistes-Front de gauche de Paris. Pour eux, il faut aller plus loin. Pointant notamment le trop faible engagement de l’État et l’ex-hortant, sans attendre à la création du nouveau camp. Pour l’instant,

le ministère de l’Intérieur n’a pas donné de réponse aux sollicitations des élus parisiens. « Le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure de cette crise humanitaire et n’y consacre pas les moyens nécessaires », regrette le cabinet d’Anne Hidalgo.« Il faut mobiliser tous les partenaires », insiste, pour sa part, Éric Pliez, directeur de l’association Aurore et président du Samu social. L’annonce d’Anne Hidalgo correspond, selon lui, à « une solidarité indispensable » et doit s’accompagner d’une complète « fluidité » entre tous les acteurs, depuis la première prise en charge médicale jusqu’à l’accompagne-ment vers l’asile. Pour le responsable associatif, les dispositifs en cours sont à bout de souffle. Il appelle à la création de plusieurs centres d’accueil de ce type « bien répartis » en Île-de-France. « Si on regroupe plus de 500 personnes dans un seul lieu, ça va devenir ingérable », confirme Fanny Gaillanne.Comme à Grande-Synthe (Nord), où la volonté du maire, Damien Carême (EELV), soutenu par le tissu associatif et citoyen, a permis la création d’un lieu d’accueil à dimension humaine, la réussite du projet parisien passe par une prise de conscience du gouvernement, seul habilité à gérer une répartition cohérente de tels centres. Saura-t-il prendre ses responsabilités ?

Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse ont signé, le 30 mai, une convention entérinant la prise en charge par le gouvernement du camp de réfugiés. Les associations restent vigilantes.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et sa collègue du Loge-ment, Emmanuelle Cosse, ont signé, le 30 mai, un contrat d’engagement entérinant la prise en charge par l’État du camp de réfugiés de Grande-Synthe (Nord). Créé en mars dernier, à l’initiative de la municipalité et de Médecins sans frontières (MSF) contre l’avis du gouvernement, ce camp est le premier en France à répondre aux normes fixées par le Haut-Commissariat aux réfugiés.Financièrement, Damien Carême, maire (EELV) de Grande-Synthe, estimait le coût de la gestion annuelle à 4 millions d’euros. MSF, de son côté, a déjà investi 2,7 millions dans sa création. Matignon se montre prudent, indiquant qu’il est « préma-turé de parler de 4 millions d’euros » et précisant qu’« une analyse budgétaire fine est en cours ».

La coordination du camp est désor-mais à la charge de l’association spécialisée dans la lutte contre l’exclu-sion, l’Afeji : 80 salariés (contre 49 actuellement) doit intervenir, en remplacement des membres d’Utopia 56 qui s’en occupaient jusqu’ici. La présence policière aux abords du camp doit également être renforcée.Si l’engagement de l’État apparaît comme une victoire, il ne lève pas toutes les inquiétudes. « On se doutait bien que l’État finirait par prendre en charge le camp, mais on ne sait pas encore comment il va le faire », commente Céline Bourse, d’Utopia 56. « L’objectif est de démonter les abris pour arriver à la fermeture, à terme, du camp », explique-t-on au gouver-nement. « La diminution du nombre de migrants sur le camp est provisoire, prévient pourtant Claire Millot, de l’association Salam. Nous sommes persuadés que la vague va reprendre. » Elle n’est pas démentie par André Jincq, de MSF : « Le camp reste une solution intermédiaire, a-t-il déclaré (…) Mais il répond à un besoin. Si des gens y arrivent, il faut les laisser entrer. » Les associations placent donc l’avenir sous vigilance.

Tableau récapitulatif des propositions du PCF1 - AIDE D’URGENCE AUX RÉFUGIÉS ET AUX MIGRANTS

• Respecter la convention de Genève sur les réfugiés politiques et créer deux statuts spécifiques pour les réfugiés économiques et les réfugiés climatiques.

• Mettre aux normes du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU des centres d’accueil par le doublement de leurs capacités.

• Mettre en place des dispositifs de soutien médico-social, des parcours d’insertion professionnelle et de scolarisation des enfants, garantir les droits de l’homme, de la femme, et de l’enfant.

2 - REFONTE DES POLITIQUES MIGRATOIRES ET DES VISAS EN FRANCE ET EN EUROPE

• Abrogation des règlements Dublin.

• Réorientation des missions de Frontex pour le sauvetage et l’ouverture de voies d’accès légales vers l’Europe, sans condition, pour sécuriser les migrants et lutter contre les trafiquants.

• Abrogation du « visa Balladur » qui a fait 10 000 morts dans la mer d’Anjouan.

• Refonte complète des politiques de visas en France incluant la régularisation des sans-papiers.

3 - SOUS L’ÉGIDE DE L’ONU

• Mettre en place un plan international solidaire de lutte contre les inégalités sociales et économiques.

• Relancer l’aide publique au développement avec le respect des promesses la portant à 0,7 % du PIB et monter progressivement cette aide à 1 %.

• Promouvoir l’abolition de l’arme nucléaire et la dénucléarisation du Moyen-Orient et de l’Europe.

4 - PLAN DE PAIX AU MOYEN-ORIENT

• S’engager résolument dans les initiatives diplomatiques de l’ONU pour la résolution politique des conflits en Syrie et en Irak.

• S’engager dans la lutte pour le démantèlement des filières du djihadisme en agissant contre les États et personnalités qui leur apportent des soutiens financiers, humains et matériels.

DES MOYENS POUR SOUTENIR LE RÉSEAU DES VILLES SOLIDAIRES

• Stopper les mesures d’austérité qui frappent les budgets publics des collectivités locales qui représentent une coupe de 7 milliards d’euros en 2016 et 2017.

• Engager un plan d’aide et d’accueil d’ampleur de 4 milliards d’euros dont au moins 2 milliards pour les collectivités.

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6 • Les Nouvelles 16 juin 2016

La fusillade dans une boîte de nuit LGBT d’Orlando en Floride a fait 50 morts et quelque 53 blessés dans la nuit de samedi à dimanche. Lundi, l’heure était à la solidarité affichée avec les homosexuels, avec la Tour Eiffel illuminée aux cou-leurs arc-en-ciel, des veillées de Londres à Sydney… Pendant ce temps, Donald Trump s’acharnait contre la communauté musulmane, surenchérissant dans la haine.

L’onde de choc du massacre d’Or-lando, le plus important crime de cette sorte qu’aient jamais connu les États-Unis (50 morts, 55 blessés), n’a pas fini de se répandre sur le pays en proie à la sidération, à l’émotion et à la compassion pour les victimes de la communauté lesbiennes, gays, bi et transsexuels (LGBT), suscitant, à cinq mois de la présidentielle, réactions et tentatives d’instrumentalisation. Les premiers éléments de l’enquête plaident davantage en faveur de

l’action isolée d’un déséquilibré débor-dant de haine homophobe que d’une action terroriste, pilotée de l’extérieur. Toutefois, le jeune tueur de 29 ans, Omar Mateen, citoyen des États-Unis, de parents afghans, a proclamé son allégeance à l’« État islamique » (EI). S’est-il saisi de cette référence comme d’une macabre opportunité pour justifier son exaction, son délire criminel et homophobe ? Seule la suite de l’enquête pourra le déterminer. Tout comme l’existence ou non d’un lien avec l’organisation islamiste, qui s’est empressée de revendiquer la fusillade.Quoi qu’il en soit, la possibilité d’un massacre d’une telle ampleur renvoie immédiatement à la facilité avec laquelle on peut, aux États-Unis, se procurer en toute légalité, des armes automatiques comme celle qu’a uti-lisée le tueur. Le président Obama, dont les diverses tentatives de régle-mentation de la vente des armes à feu ont été mises en échec, a une nouvelle fois souligné combien Orlando venait s’ajouter à la longue liste de massacres perpétrés par des tueurs fous, que la haine proclamée soit d’origine raciste, islamiste ou plus généralement la conséquence d’un mal-être induisant de terribles dérives psychiatriques.

La surenchère du candidat Trump

Grand défenseur, lui, du lobby des guns, Donald Trump n’a vu, dans la tuerie d’Orlando, que la confirmation de la nécessité « d’armer davantage » (sic) les citoyens pour qu’ils puissent riposter « en toute occasion ». Et le candidat républicain à la présidentielle de s’évertuer à récupérer l’émotion suscitée par le massacre en s’en prenant à Barack Obama, dont il réclame la démission car il aurait fait preuve de faiblesse pour dénoncer la montée du « radicalisme islamique ». Le milliar-daire se dit conforté dans son appel à interdire l’accès au territoire « à tous les musulmans ». Et il renchérissait encore, un peu plus tard, sur CNN, en insinuant que les musulmans auraient une responsabilité collective, les accusant, de fait, de protéger des personnes comme Omar Mateen.

Solidarité mondiale envers les homosexuels

La Tour Eiffel illuminée aux cou-leurs LGBT pour « montrer notre résolution à ne pas se taire, à vivre, et à nous battre contre les obscurantistes et le terrorisme », a expliqué Anne

Hidalgo, tout comme le pont du port de Sydney, tandis que la mairie de la ville se teintait en rose vif.Même volonté de relever la tête à Madrid, Guadalajara au Mexique, Londres, Hong Kong, Bangkok, Séoul, et évidemment à Orlando, où des rassemblements ont eu lieu en hommage aux victimes. Lundi, un tapis de fleurs a poussé près de la porte de Brandebourg à Berlin et de nombreux drapeaux étaient en berne à Washington.Sous le hastag #loveislove de nom-breux internautes lui ont fait écho, publiant des messages «contre l’homo-phobie», postant des photos de femmes ou d’hommes qui s’embrassent.De même, les associations de défense des droits des homosexuels ont affiché leur détermination à poursuivre leur combat. « Nos amours seront toujours plus forts que leur haine », a ajouté l’Inter-LGBT dans un communiqué, qui regroupe une soixantaine d’asso-ciations françaises, en promettant de « continuer inlassablement son combat ». « L’Islam abhorre le meurtre de gens innocents », a rappelé Najib Razak, Premier ministre de Malaisie, un pays majoritairement musulman.

INTERNATIONAL

LE NOBEL DE LA PAIX À M. BARGHOUTI

Une exigence qui gagne la planète

TUERIE D’ORLANDO

Alors que le candidat Trump répond à la haine par la haine, la solidarité s’exprime à travers le monde.

De hautes personnalités appellent à honorer le plus célèbre prisonnier des geôles israéliennes. L’arche-vêque sud-africain, Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix en 1984, vient de s’adresser au comité Nobel de Norvège pour proposer « la nomi-nation de Marwan Barghouti, diri-geant palestinien emprisonné, pour le prix Nobel de la Paix ». Le Prix Nobel de la paix de 1980, l’Argentin Pérez Esquivel, a fait de même. Les Parlements belge et tunisien se sont également exprimés en ce sens, tout comme de nombreuses personnali-tés à travers le monde. La campagne prend de l’ampleur.

« En accordant le prix Nobel de la Paix à une personne qui symbolise la lutte du peuple palestinien pour la liberté, mais aussi son aspiration à vivre en paix, un leader qui a la capacité d’unir les Palestiniens autour d’un projet politique qui s’appuie sur le droit international et le retour aux frontières de 1967, mena-cées par la colonisation galopante et l’absence d’horizon politique, le comité

du prix Nobel de la Paix contribuerait à faire revivre l’ indispensable espoir de sortir de l’ impasse politique actuelle. » Voici un extrait de la lettre envoyée par l’ensemble des représentants des groupes politiques du Parlement belge au comité du Nobel en Norvège. « La paix exige la libération de Marwan Barghouti et celle de tous les prisonniers politiques, comme celle de l’ensemble du peuple palestinien, qui vit sous occupa-tion depuis des décennies », écrivent-ils encore. Une missive qu’on aimerait voir signée par les parlementaires français…« Depuis 1967, Israël a arrêté plus de 850 000 Palestiniens. C’est l’exemple le plus frappant dans l’histoire contempo-raine d’arrestations arbitraires de masse. Dans sa volonté de briser un peuple qui, tout entier, réclame la liberté et l’ indé-pendance, il a arrêté des dirigeants, des militants, des universitaires, des journalistes, des femmes et des enfants, des personnes âgées, des défenseurs des droits humains. Les 7 000 Palestiniens détenus aujourd’hui par Israël sont le reflet de l’emprisonnement de toute la

nation et de la négation de ses droits par l’occupation, l’oppression et le blocus », souligne ce Prix Nobel 1984, ami de Nelson Mandela jusqu’aux derniers jours.De Mandela, il en est évidemment beaucoup question. Le combat de Barghouti aujourd’hui et le symbole qu’il représente n’est pas sans rappeler la figure du dirigeant sud-africain, traité lui aussi de terroriste. Mandela encore, puisque la campagne inter-nationale, soutenue notamment par Ahmed Kathrada, son compagnon de cellule, a été lancée depuis l’île de Robben Island, au large du Cap, où s’élevait le sinistre bagne.L’an dernier, dans un texte qu’il était parvenu à faire sortir de prison et que l’Humanité, comme d’autres journaux européens, avait publié, Marwan Barghouti insistait en déclarant que le dernier jour de l’occupation serait le premier jour de la paix. Une façon de lier le combat pour la liberté à celui pour la paix. Indissociable.« Peu importe si Marwan remporte le prix ou non, le nœud de la question est l’ importance politique, juridique et symbolique de cette nomination », a fait valoir Issa Qaraqe, chef de la Commission de l’OLP pour les pri-sonniers. On pourrait rajouter que, malgré son emprisonnement depuis presque quinze ans par un tribunal israélien totalement illégal puisqu’en tant que député il devrait bénéficier de l’immunité parlementaire et a, de plus, été enlevé en territoire palesti-nien, à Ramallah, Marwan Barghouti n’a cessé d’intervenir dans le débat

politique. D’une manière constructive avec, comme ligne conductrice, les droits du peuple palestinien à un État aux côtés d’Israël, avec Jérusalem-est comme capitale et dans les frontières de 1967. En prison même, il a oeuvré à l’unité de l’ensemble des factions palestiniennes.C’est ce qui explique la popularité dont il bénéficie au sein du peuple palestinien. Comme Mandela le « terroriste », Marwan Barghouti le « terroriste » n’abdique pas. Et pourrait devenir le prochain président de l’État de Palestine. Et pourquoi pas auréolé du titre de prix Nobel de la Paix.

Azzédine Taïbi, maire de Stains, attaqué par une organisation sioniste

Aubervilliers (93) en avait déjà fait les frais et sa décision a été annulée. C’est aujourd’hui au tour de Stains, toujours en Seine-Saint-Denis, d’être visée. Le maire (PCF), Azzédine Taïbi, devait se présenter devant le tribunal administratif de Montreuil, mardi 14 juin, pour « apologie publique d’un acte terroriste » (sic). Une justice qui a agi avec beaucoup de célérité à la suite de la plainte déposée par le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), en réalité une officine qui ne vise qu’à défendre la politique israélienne. Car, pour cette association, le fait même d’avoir apposé sur le fronton de la mairie de Stains une banderole qui demande la libération de Marwan Barghouti relève du soutien au terrorisme.« Nous ne céderons pas aux amalgames

qui visent à faire peur, à faire taire nos convictions », avait dit le maire devant ses administrés à l’occasion d’une réunion publique qu’il a organisée il y a quelques semaines, pour les tenir informés. « Cela nous donne plus de convictions dans notre combat pour la paix, pour un État palestinien aux côtés de l’État d’Israël ! » lançait-il sous les applaudissements.

Des élus français veulent voir Barghouti

Une délégation de dix élus, dont les maires de Gennevilliers, Vitry-sur-Seine, Bergerac, Avion, Valentin et Limay, et les représentants de Bondy, Bezons, Allones et La Courneuve, se rendaient lundi en Israël pour tenter de rencontrer Marwan Barghouti.Il est citoyen d’honneur de la plupart des villes représentées. La déléga-tion devait être reçue, à Jérusalem, par des députés de la Knesset et, à Ramallah, par le président Mahmoud Abbas. Suite à un double transfert de Marwan Barghouti, il y a une dizaine de jours, la délégation a renouvelé sa demande de visite à la direction de la prison de Gilboa ainsi qu’à l’Admi-nistration générale pénitentiaire, sans réponse jusque là.Au vu de l’attitude israélienne, il n’était d’ailleurs pas impossible que la délégation soit refoulée dès son arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv.

Avec l’article de Pierre Barbancey dans l’Humanité du 13 juin

Le drapeau LGBT flottant à Sao Paulo.

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Les Nouvelles 16 juin 2016 • 7

PCF

Le Front de gauche et la section du Parti communiste  des Rives de Dordogne organisent au cinéma  Grand écran à Libourne la projection du film « Comme des lions », le 23 juin à 20h15 en présence de la réalisatrice Françoise Davisse.Ce film plonge le spectateur au cœur de deux ans d’engagement de salariés de PSA Aulnay, contre la fermeture de leur usine qui employait plus de 3 000 personnes, dont près de 400 intérimaires. Entrée : 5 €.

PCF-FDG RIVES DE DORDOGNE

Projection « Comme des Lions »PCF MÉRIGNAC

Premier dépouillement

Les communistes de Mérignac ont recueilli et dépouillé 39 question-naires* le 31 mai. Ils poursuivent les initiatives au tram et devant les écoles jusque début juillet.

À l’issue de ce premier dépouille-ment, plusieurs axes commencent à se dégager pour construire des propositions et pourquoi pas lancer des initiatives de rassemblement (extraits). Qu’est-ce qu’il est prioritaire de changer tout de suite dans votre vie quotidienne ?Une priorité : « être mieux soigné, mieux remboursé ». Puis à égalité le logement, l’éducation, le mieux vivre ensemble sans discriminations.Les réponses à une suite d’affirma-tions font apparaître la conscience

de pouvoir agir contre le capitalisme, notamment en s’en prenant aux responsables (la finance, banques, grands actionnaires).Cela se confirme dans les priorités à porter lors des échéances 2017.Prendre le pouvoir sur l’argent avec, à égalité : « limiter le pouvoir des actionnaires » et « de nouveaux droits aux salariés » et la redistribution des richesses.Changer l’Europe et le monde : « stopper l’austérité en renégociant les traités européens » avec en corollaire la refonte de l’euro. Le désarmement nucléaire étant à égalité avec une conférence pour la paix au proche et moyen-orient.Pour la démocratie : « Fonder une nouvelle république » est la réponse majoritaire, suivie de près par « le non cumul des mandats » et « plus de

moyens à la justice ».La priorité pour Vivre mieux : « déve-lopper les services publics pour répondre aux besoins ».Les attentes vis à vis de la politique sont, à égalité, « le respect des aspira-tions populaires » et « empêcher la loi du plus fort, construire de l’ égalité ».

Les nombreuses réponses à la ques-tion « Quelles sont selon vous les trois décisions prioritaires à prendre pour l’avenir du pays ? » mettent en évidence que les propositions ne manquent pas, avec bien plus que trois priorités. Cela ouvre en grand le champ des rassemblements possibles.À la question « qu’auriez-vous à dire au Parti Communiste ? Qu’attendez vous de lui, de ses élu-e-s, de ses mili-tant-e-s ? », plusieurs priorités :Faire vivre la démocratie : « Plus ouvert, plus moderne, moins dogma-tique, dédiaboliser le PCF (en référence aux ex-régimes communistes), limiter les idées reçues », « interroger plus souvent les adhérents sur les décisions à prendre » ;Etre actif pour le rassemblement : « Qu’il continue d’agir pour le ras-semblement et plus d’ élus à tous les niveaux pour avoir plus de poids pour agir, renforcer le PCF », « défendre avec pugnacité les valeurs humaines, sociales, qui nous amèneront vers une société plus égalitaire débarrassée de l’ultra capitalisme », « fédérer un projet de société profitable à tous, axé sur le développement collectif et le bien être individuel », « une unité de vraie gauche » ;Jouer un rôle d’éducation popu-laire…

* 15 retraités / 3 cadres / 6 professions intermédiaires / 7 employés / 4 demandeurs d’emploi / 1 étudiant-e / 1 invalidité / 2 non renseignés

Les communistes de Bordeaux Bastide, installés devant un supermarché, ont rencontré beaucoup d’intérêt pour le questionnaire «  Que demande le peuple ? ».

Les sections du PCF en Gironde se réu-nissent en AG ce mois de juin pour faire des comptes rendus du congrès dépar-temental et national et organiser l’activité de l’été.

Les communistes organisent la remise des cartes aux adhérents-tes et un calen-drier d’initiatives jusqu’à la rentrée de septembre, avec le questionnaire.

À Bordeaux, ils organisent le bal désor-mais traditionnel du 14 juillet (mercredi 13 juillet) avec un débat sur le Front populaire.

La section Portes du Médoc organise un repas le 25 juin.

La section Nord Médoc tient une réunion publique le 18 juin autour du question-naire.

La section du Bassin d’Arcachon fait sa fête le 9 juillet.

Les Rives de Dordogne préparent leur fête à Lamothe Montravel le 15 août.

La grande consultation CITOYENNE

QUE DEMANDE LE PEUPLE ?Vous voulez être entendus. Vous voulez décider, vous voulez choisir, vous voulez que ça change. Notre pays traverse une grave crise politique. Cela n’est pas sans lien avec la régression sociale qui nous est imposée. Ce que nous pen-sons, c’est que nous avons les ressources pour faire face. Nous citoyennes et citoyens. À condition d’en finir avec la domination de la finance, qui détruit l’humain et la planète.Des solutions et des propositions existent. Mais où sont-elles débattues ? La pauvreté du débat public laisse la place à des idées dangereuses. Les ambitions personnelles des uns ou des autres sont en train de cadenasser le débat, alors que c’est notre peuple qui doit être l’auteur de son histoire. Nous n’en pouvons plus de voir la gauche abîmée par un Président et un gouverne-ment qui de déchéance de nationalité en dynamitage du droit du travail n’en finissent pas de renier ses idéaux. La gauche, c’est le parti pris du peuple ! C’est pourquoi nous voulons faire retentir la parole populaire, faire grandir ses aspirations, changer le rapport de forces et imposer un autre partage des richesses et du pouvoir.

Flyer disponible à la fédération du PCF 33

PCF NORD MÉDOC

Rencontre publiqueSamedi 18 juin, 17h30, salle de La Garenne au PorgeLes communistes médocains organisent ce rendez-vous afin de faire un premier dépouillement des questionnaires de la grande consultation « Que demande le peuple ? »

37E CONGRÈS

Les textes

Les décisions et orientations prises par les communistes lors du congrès sont à votre disposition sur : www.pcf.fr/88798

Vous y trouverez les textes adoptés « Le temps du commun » et « pour la France, un projet politique de gauche porté par un front populaire et citoyen », et le relevé de décisions sur les transformations du Parti.Y est aussi publiée la liste des camarades élus au Conseil national.

PCF PORTES DU MÉDOC

Repas de sectionSamedi 25 juin, à partir de 18 heures, au Pian-Médoc, chez Laurent et Maddy Boscaïni, 8 Lotissement les clairières

Alvarez Patrick

Bagilet Christophe

Baudrais Christelle

Beaulieu Lena

Belougne Dominique

Belrin Lucie

Bernard Muriel

Berthault Emma

Besson Dominique

Boivinet  Vincent

Bordas Vincent

Chaussoy Marie-ange

Cleaz Pierre

Colin Mélanie

Conte Marie-Jo

Daguerre Cathy

Danglot Christelle

De Paz José

Deloubes Lisa

Durlin Josette

Elorri Sophie

Faurie Sylvie

Fernandez Alex

Fondriest Olivier

Garcia Sylvie

Girard Joël

Gonzalez Mayi

Gonzalez Serge

Gorse Pierre

Grellety Jean-Christophe

Guichard Max

Jean-Marie Michelle

Lavaud Véronique

Le Blanc Marie-ange

Le Bot Stéphane

Maurin Vincent

Mellier Claude

Mellier Frédéric

Montangon Maryse

Morbé Valérie

Ong Nicolas

Paris Jean-jacques

Petit Jean-Paul

Plages David

Ramirez Maria

Ringot Jérémy

Ruiz Julien

Salcines Lolita

Saphore Régis

Sebastiani Renaud

Semchaoui Anthony

Taconnet Vincent

Texier Christine

Thiollet Marie-claude

Trannoy Danielle

Vasquez Érika

Vignau Pierre

Villa Corinne

EN GIRONDE LE NOUVEAU CONSEIL DÉPARTEMENTAL :

Sébastien Laborde (secrétaire départemental)

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8 • Les Nouvelles 16 juin 2016

CULTURE & SOLIDARITÉ

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 eurosAssociés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. LabordeDirecteur de la publication : Frédéric MellierAbonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 eurosRédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest15, rue Furtado - 33800 BORDEAUXTél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : [email protected]é : [email protected] - Redaction/Proposition d’article : [email protected] nbso.frCommission paritaire de presse : 0118 C 85932

@nvlbxLes nouvelles de bordeaux

TRANSFERT DE SIEGE SOCIAL

S.C.P. CLIQUET TASSOU DELHAYE ET BRUNEAU, Notaires Associés à

VALENCIENNES (59302) 14, rue des Foulons (tél. 03.27.19.31.50)

S.C.I. Rue Henri DurreAu capital de 152.45 €

Siège social : 41 rue Henri Barbusse59880 SAINT SAULVE

RCS VALENCIENNES 428753669

Aux termes d’un procès-verbal d’assem-blée générale extraordinaire en date du 17 mai 2016, les associés ont décidé :

De transférer le siège social de la société du 41 rue Henri Barbusse SAINT SAULVE (59880) au 21 rue de la Paix PESSAC (33600) et ce à compter du 17 mai 2016

En conséquence, l’article 4 des statuts sera modifié auprès du Greffe du Tribunal de Commerce de BORDEAUX

Pour avis,

S.C.P. CLIQUET TASSOU DELHAYE ET BRUNEAU, Notaires Associés à

VALENCIENNES (59302) 14, rue des Foulons (tél. 03.27.19.31.50)

S.C.I. NIBELOUAu capital de 1.000,00 €

Siège social : 41 rue Henri Barbusse59880 SAINT SAULVE

RCS VALENCIENNES 522217447

Aux termes d’un procès-verbal d’assem-blée générale extraordinaire en date du 17 mai 2016, les associés ont décidé :

De transférer le siège social de la société du 41 rue Henri Barbusse SAINT SAULVE (59880) au 21 rue de la Paix PESSAC (33600) et ce à compter du 17 mai 2016

En conséquence, l’article 4 des statuts sera modifié auprès du Greffe du Tribunal de Commerce de BORDEAUX

Pour avis,

AVIS DE CONSTITUTION

Il a été décidé de constituer une société dont les caractéristiques sont les suivantes :Dénomination : SARL TLC (Transport Livrai-son Colis)Forme : S.A.R.LSigle : « TLC »Siège social : 9 rue du Docteur Roux, Apt 4 33200 Bordeaux Objet social : Société de transporteur routier de marchandises et livraisons de colis avec des véhicules n’excédant pas 3.5 tonnes de PMA.Capital : 7 200 € Durée : 99 ans Co-Gérants : M. Mohamed ACHER-FOUCHE demeurant 9 rue du Docteur Roux, Apt 4 33200 Bordeaux. Nommé pour une durée indéterminée.M. Lounes GHEZZAZ, demeurant 89 rue Saint Jean, 33800 Bordeaux. Nommé pour une durée indéterminée.

La société sera immatriculée au RCS de Bordeaux

Pour avis,

AVIS DE DISSOLUTION

Le Fournil de la BenaugeEURL au capital de 5 000 €

197 rue de la Benauge33100 Bordeaux

525 312 682 RCS Bordeaux

Aux termes d’une AGE en date du 31 mai 2016, les associés ont décidé de la dis-solution anticipée de ladite société. La société subsistera pour les besoins de la liquidation et jusqu’à la clôture de celle-ci.M. Elouard Romain demeurant 9 rue Fustel de Coulanges 33700 Mérignac est nommé liquidateur. Le siège de la liquidation est fixé au 197 rue de la Benauge 33100 Bordeaux. C’est à cette adresse que la correspondance devra y être adressée et les actes et docu-ments devrons y être notifiés.

Pour avis et mention, le Liquidateur

ANNONCES LÉGALES

RÉSISTANCE

Germaine Bonnafon, l’audace et le courage

ASSOCIATION POUR LA MÉMOIRE DES MARTYRS DE L’AÉRONAUTIQUE

« La Vigne et le Drone », à la Fête du Vin à Bordeaux

Lors de la promotion du 15 avril 2016, la République a remis à Ger-maine Bonnafon la prestigieuse décoration de Commandeur de la Légion d’honneur.

Son père, Jean Bernard, en 1940, est membre du triangle de direction départemental du PCF illégal avec Henri Souque et Lapeyrade Marie Jean, triangle mis en place par Henri Chassaing avant sa mobilisation.

Germaine, 18 ans, assure ses pre-mières missions, les transports et la distribution de consignes et de tracts.Le 25 août 1942, informé d’un risque d’interpellation, son père la fait partir immédiatement. Il est arrêté dans la même journée. Le 21 septembre 1942, il est fusillé au camp militaire de Souge. La médaille de la Résistance lui a été décernée. Germaine, à Paris, changera une vingtaine de fois de refuge, trouvera l’audace et le courage de revenir à Bordeaux pour faciliter l’évasion de Régine Allo-Chassaing détenue dans le camp de Mérignac-Pichey… En avril 1943 elle sera arrêtée à la gare Saint-Lazare à Paris. Après avoir subi de terribles inter-rogatoires, elle est emprisonnée à la Petite Roquette. Malgré les condi-tions inhumaines, les prisonnières trouvent encore la force et le courage de manifester. À la suite de transferts de prison en prison de Chalon-sur-Marne au fort de Romainville, elle est déportée avec 600 détenues. Le voyage dure cinq jours et cinq nuits dans des wagons à bestiaux scellés et plombés « hommes 40, chevaux en long

8 », dans chacun d’eux, sont entassés une centaine de détenus. Un simple petit rectangle barreaudé leur permet à peine d’entrevoir un filet de lumière et de respirer. Beaucoup mourront en route. Pour Germaine, la première étape, c’est Ravensbrück. Numéro 39 098, elle y séjournera quelques mois, chaque matin, encore la nuit, les cris, les coups, les appels qui n’en finissent pas… Puis Zwodau en Tchécoslovaquie, chaque jour des mortes rejoindront la fosse commune. Le climat est particulièrement rude, la température descend jusqu’à -26°/-28°, les prisonnières sont à peine vêtues, l’alimentation se limite à de l’eau dans laquelle flottent quelques débris. Les cœurs se remplissent d’espoir en avril 1945 ; le camp est évacué, beaucoup mourront en route.Le 7 ou le 8 mai, les soldats découvrent enfin les prisonnières. Le retour vers la France s’organise mi-juin 1945. Elle ne pèse plus que 38 kg. L’hôtel Lutetia à Paris, le 17 ou 18 juin 1945, puis Germaine retrouve Bordeaux. Les déportées sont accueillies gare Saint-Jean par les familles qui attendent avec anxiété et émotion le retour des leurs.

Du vendredi 24 juin 19h, au dimanche 26 juin le stand de l'association pour la mémoire des Martyrs de l’Aéronautique fera face à 100 m2 de vignes en jardinières, entre les Quinconces et la Bourse Maritime sur les Quais. La diffu-sion d'un film de 8 minutes per-mettra de comprendre le travail du drone sur les vignobles, comme de détecter des maladies en fonction de la couleur des feuilles…

L’histoire de l’aviation, dans toutes ses composantes (industrie, navigation, transports, armée), ne peut se résumer aux seuls grands noms de l’industrie (Blériot, Dassault, Latécoère, etc.) ou de héros des lignes ou combats aériens (Guynemer, Mermoz) ou encore des avions mythiques (Concorde, Mirage, Caravelle et autres Mystère). Les sala-riés, ouvriers, techniciens, ingénieurs ont aussi joué un rôle important en tant que défenseurs de cette impor-tante composante économique. Les villes et les populations locales sont aussi concernées. Ce sont ces aspects humains et économiques (emplois, luttes) que les retraités de Dassault Aviation Mérignac et Martignas entendent faire connaître avec l'Asso-ciation pour la mémoire des Martyrs de l’Aéronautique.

CHRONIQUENOUVELLES IDÉES REÇUESpar Gérard Loustalet Sens

Le délire islamophobe s’est forgé en trois points ana-lysés par Raphaël Liogier (ouvr. cité). D’abord il y aurait une démographie galopante dans les familles dites musulmanes aboutissant à une proche submersion de la population dite de souche, fantasme alimenté par des chiffres aussi horrifiques que fantaisistes. En fait, il y a 4 % de musulmans au sens large dans l’Union européenne et, pour l’INED, sur le critère consistant à se déclarer musulman, ils seraient en France 2,1 millions pour 2010 (chiffres cités par Raphaël Liogier, pp. 51 et 61). Allons, on a encore un peu de temps… Deuxième délire : le complot. Il y aurait donc un plan concerté d’invasion visant à asservir au Coran les gentils chrétiens que nous sommes. En ce sens, l’Islam serait le communisme (avec Dieu) du XXIe siècle. À voir la manière dont les musulmans, chiites et sunnites par exemple, s’entre-tuent, on voit mal où est le centre du complot. Mais il faut y croire, sinon, troisième point, vous allez alimenter les hallucinations à la Finkielkraut qui ne voit que des renoncements partout, des horreurs du « multiculturalisme » à la démission des intellectuels, que lui, Finkielkraut, et quelques autres braves comme Zemmour s’évertuent à combattre bien qu’étant, comme on sait, complètement ignorés des médias.Toute cette fantasmagorie se fonde sur le préjugé selon lequel il y aurait en France une « communauté musulmane » homogène et bien identifiée. Sur le plan scientifique, en sociologie, la preuve de l’existence de cette « communauté » n’a nullement été établie, ne serait-ce que parce que l’usage de « statistiques eth-niques » est légalement prohibé. C’est idéologiquement qu’a été construite cette entité forcément inquiétante et dangereuse pour les fumeuses chimères de « l’identité française ». Ce groupe constitué en niant les diversités d’origines, de situations, de conditions confine les indivi-dus dans une appartenance à laquelle on les blâme, en même temps de se rattacher, créant ce que j’ai désigné comme un conflit d’injonctions paradoxales. Cette ana-lyse est partagée par Edwy Plenel qui écrit que « nos compatriotes musulmans, dans le même mouvement, sont assignés à leur origine et empêchés de la reven-diquer » (Pour les musulmans, La Découverte, 2016, p.146). De même, pour le politologue Frank Fregosi, « les habitants des quartiers ont le sentiment de ne pas avoir de place dans la société française. Ils retournent donc le stigmate : puisque vous me voyez comme quelqu’un de différent, je vais cultiver mes différences » (cité dans le Monde, 14.06.2016). On croit pouvoir occulter l’arbitraire de cette assignation en surestimant le rôle de la religion, l’Islam, dont on va surmultiplier les signes extérieurs du culte et dénoncer des centaines de mosquées là où le ministère de l’intérieur, en 2009, n’en recensait que 69 ! Je reviendrai sur cette mise en scène calculée de la religion. La religion ici n’est qu’une apparence, certes d’impor-tance, elle est surtout l’expression d’une détresse face aux discriminations et au racisme.On aura remarqué comment les médias en ce moment brandissent à tout propos l’épouvantail de la « radicali-sation » : « radicalisation » de l’Islam, « radicalisation » de la CGT ! Un cliché qui dispense de toute analyse et sert aussi bien le racisme ethnique que le racisme de classe. Les bons esprits nous ont dit que la classe ouvrière avait disparu et que ce qu’il en restait votait Front national. Et puis voilà qu’elle se manifeste, suscitant immédiatement, comme d’habitude, la haine des Versaillais de toujours qui ne rêvent que fusillade de cette vile plèbe d’agita-teurs… C’est ce que signifie cette sidérante violence verbale qui a déferlé dans les médias et sur internet…Voyous, terroristes, groupuscule stalinien, naturel bolchevik, énergumènes odieux et irresponsables qui ne savent que beugler… Sans parler des attaques personnelles abjectes contre Philippe Martinez ! Faible échantillon d’une haine de classe redevenue dicible avec l’onction, bien entendu, de la social-démocratie. C’est la haine ancestrale de la bourgeoisie contre les « salopards en casquette » comme on disait au temps du Front populaire, un Front populaire dont le pouvoir socialiste s’efforce de zapper le 80e anniversaire. Valls préfère Jules Moch le fusilleur à Léon Blum le réformateur.Racisme ethnique, racisme culturel, racisme de classe sont différentes formes de la domination. Les révoltes des dominés doivent être disqualifiées comme infâmes et violentes. Il en toujours été ainsi des luttes des oppri-més dans l’histoire.

D’un racisme à l’autre…