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N° 4 - sept. 2009 Newsletter de Mission & Développement Foi en action Développement durable au Myanmar

Newsletter N° 04

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Foi en action Newsletter de Mission & Développement N° 4 - sept. 2009 Editorial

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N° 4 - sept. 2009Newsletter de Mission & Développement

Foi en action

Développement durable

au Myanmar

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EditorialPendant mes vacances d’été, j’ai lu la biographie de James Fraser. Il a été pionnier et missionnaire au début du 20e siècle dans la région située entre la Chine et la Birmanie (aujourd’hui Myanmar). Fraser décrit de façon impressionnante comment des tribus de montagne, vivant au nord de la Birmanie, se sont ouvertes au message libérateur de la Bible et cela grâce au dur labeur, au dévouement et à la persévérance des missionnaires de l’époque. Entre-temps, une église chrétienne vivante, dont fait partie l’Armée du Salut, a vu le jour dans ces régions.

Aujourd’hui, ce sont entre autres les officiers locaux des Postes de l’Armée du Salut du Myanmar qui transmettent la foi chrétienne en joignant l’acte à la parole dans des situations politiques, religieuses et économiques difficiles. Travaillant dur et avec persévérance, ils ont besoin de courage, de nos prières et de notre soutien pour pouvoir établir au Myanmar une société juste et sociale qui soit efficace. James Fraser l’explique en ces termes : « Pour que la bénédiction de Dieu se répande sur une nation, la prière des chrétiens est décisive. »

Markus Muntwiler, responsable Mission & Développement

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Le Myanmar souffre encore toujours des retombées du cyclone

L’Armée du Salut donne des signes d’espoirLe Myanmar ne fait plus les gros titres. Mais la souffrance infligée au printemps dernier à la population par le cyclone Nargis n’a pas encore disparu. Sur place, l’Armée du Salut collabore aux travaux de reconstruction et redonne dignité et espoir aux habitants. C’est ce qu’a également vécu une veuve, Nwe Ni Win, qui peut à nouveau croire en l’avenir.

Le 3 mai 2008, le cyclone Nargis a balayé le Myanmar (anciennement Birmanie) et a semé mort et destruction parmi la population. 2,4 millions de personnes ont été gravement touchées par les intempéries, 140'000 ont trouvé la mort ou sont depuis lors considérées comme disparues.

L’Armée du Salut locale – active depuis 1915 au Myanmar – a réagi rapidement et a distri-bué de la nourriture, de l’eau et d’autres biens de première nécessité.

L’aide à plus long terme a été fournie par le service interna- tional d’aide en cas de catastrophe de l’Armée du Salut. A cette occasion, on a pu constater une pénurie aiguë de logements dans les villages. C’est la raison pour laquelle de nombreux projets se sont surtout focalisés sur la mise à disposition de matériel de construction. Une fois le programme de recons-truction terminé, 2000 maisons détruites auront été réparées ou reconstruites.

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Nwe Ni Win devant sa maison neuve

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All the World / The Salvation Army IHQ

Une histoire vraieLors de son aide à la reconstruction, l’Armée du Salut a toujours cherché à collaborer avec les communautés villageoises. Les chefs de village ont établi une liste des familles et personnes qui étaient le plus durement touchées et qui avaient de ce fait prioritairement besoin d’aide. Nwe Ni Win, qui avait perdu maison et mari, faisait partie de ces personnes.

Damaris Frick, du service international d’aide en cas de catastrophe de l’Armée du Salut à Londres, l’a rencontrée en pleurs devant sa maison complètement détruite. Le cyclone avait anéanti tout ce qu’elle possédait. Son mari n’a pas supporté de ne plus pouvoir assurer à sa famille logement et sécurité. Il ne devait plus s’en remettre ; Il est devenu très malade et est décédé.

Tous mettent la main à la pâte

Les veuves comme Nwe Ni Win et les personnes âgées et affaiblies ont été les premières à recevoir de l’Armée du Salut du matériel pour reconstruire leur maison. Des villages entiers ont aidé à la reconstruction. L’Armée du Salut a engagé des menuisiers locaux afin de procéder à l’évaluation des dégâts subis par chaque maison, pour superviser les travaux de reconstruction et garantir la qualité. C’est ainsi que la maison de Nwe Ni Win a été reconstruite en l’espace d’une semaine, de façon traditionnelle sur des pilotis, avec un toit et des murs en bambou, avec l’aide de voisins, d’amis et de la communauté villa-geoise.

Un nouvel espoir voit le jour

Lorsque Damaris lui a rendu visite dans sa nouvelle maison, elle avait déjà commencé à la décorer et était visiblement fière de son nouveau chez-soi. « Avant l’ouragan, je ven-dais de petits en-cas sur le marché. Sans maison, je ne disposais plus d’endroit pour les préparer. Maintenant je peux m’y remettre. » raconte-t-elle. Rien ne pourra faire revenir son mari, mais l’Armée du Salut est au moins parvenue à lui rendre sa dignité et un peu d’espoir pour l’avenir.

Comparaison Myanmar - Suisse Myanmar SuisseSuperficie 678'500 km² 41'285 km²Nombre d’habitants 48,13 millions 7,7 millionsPIB par habitant 462 USD 67'385 USDTaux de chômage 9,4 % 3,6 %Espérance de vie (F/H) 66/61 ans 84/79 ans

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Markus Muntwiler et Daniel Imboden en compagnie d’un groupe de paysansDes porcs en guise de compte en banqueDaniel Imboden dans le nord du Myanmar

Gestion durable au MyanmarLorsqu’au Myanmar (Birmanie), on voyage du sud vers le nord et que l’on quitte les rares régions urbaines, on tombe sur une population rurale qui vit comme à l’époque de Jésus-Christ : charrette tirée par des bœufs, mai-sons construites avec de simples matériaux naturels, puits communautai-res, vêtements simples et cuisine sur feu ouvert.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, dans les villages de paysans, l’on distingue surtout deux couches de population : les familles qui possèdent de la terre et celles qui n’en possèdent pas. Les membres des familles sans terre travaillent principalement comme ouvriers journaliers dans l’agriculture. Ce travail est toutefois mal payé et dépend fortement de la saison.

Depuis quatre années, l’Armée du Salut Suisse soutient un projet dont l’objectif est d’améliorer la subsistance des familles sans terre. Douze villages ont déjà été inté-grés à ce projet. Dans les villages où l’Armée du Salut était déjà présente auparavant, elle constitue chaque fois un conseil d’assistance publique avec des personnes bien vues. Le conseil d’assistance achète cinq hectares de terres cultivables à un grand propriétaire, sélectionne cinq familles pauvres du village (travailleurs journaliers,

personnes sans terre, veuves) qui obtiennent un hectare de terre labourable à culti-ver pendant trois ans. Les membres de ce conseil d’assistance assument la respon-sabilité de soutenir et de conseiller ces familles pendant la culture du champ. Les familles bénéficiant de la terre doivent livrer, chaque année, 10% du rendement au conseil d’assistance. On espère ainsi, à moyen terme, pouvoir acheter d’autres terres dans le village.

Dans les villages du Myanmar, il n’existe pas de banques où les familles bénéficiant du projet peuvent déposer leur argent. C’est pourquoi on leur octroie également un petit crédit afin qu’elles puissent acheter des porcs. Les porcs constituent leur compte en banque. On peut les élever et les revendre. Après trois années, c’est une autre famille démunie qui reçoit cette terre pour la cultiver.

Lors de notre dernier voyage d’évaluation en octobre 2008, nous avons demandé aux familles bénéficiaires de quelle manière elles utilisent leur revenu supplémen-taire. Beaucoup l’investissent dans l’éducation scolaire de leurs enfants ou dans une charrette tirée par des bœufs avec laquelle ils veulent lancer un petit commerce. Un autre paysan rêve d’acheter une petite moto et une autre famille encore veut éco-nomiser cet argent pour émigrer au nord de l’Inde où il est économiquement plus facile de gagner sa vie en tant que famille.

Les points suivants rendent ce projet durable :

Le projet acquiert de la terre labourable qui ne perd pas de sa valeur.•

Il prête aux familles pauvres et sans terre des terres cultivables pendant trois années. •Pendant cette période, ces dernières peuvent atteindre une amélioration économi-que à l’aide de leur capacité de travail.

Les familles bénéficiaires n’améliorent pas seulement leur revenu, mais aussi leur •statut social au village.

Le conseil d’assistance régional désigne les familles et se charge de l’encadrement et •de la consultation agricole.

Le conseil d’assistance perçoit 10% du rendement qu’il emploie à l’acquisition •d’autres terres labourables.

Par leur engagement social, les membres du conseil d’assistance améliorent leur •réputation au village. Ils s’efforcent d’obtenir les meilleures récoltes possibles pour les familles bénéficiaires.

L’Armée du Salut contribue à long terme à la lutte contre la pauvreté dans les villages •et renforce sa réputation et sa compétence concernant les questions sociales.

Dans les prochaines années, le programme de développement de l’Armée du Salut sera reconduit et s’étendra ainsi à d’autres villages encore.

Lors des visites de projets au Myanmar, tu étais accompagné de Markus Muntwiler, responsable de Mission & Développement. Quelle était votre tâche ? Notre tâche consistait à évaluer un projet de trois ans et de clarifier la suite de son déroulement. Nous avons examiné plusieurs projets partiels (cf. article) et, par le biais de consultations personnelles et de workshops, nous avons récolté des rensei-gnements concernant la qualité et l’efficacité du travail. Nous avons aussi rédigé un rapport contenant des recommandations en vue d’améliorations à l’adresse de la direction de l’Armée du Salut au Myanmar.

Quelles impressions te sont restées une fois de retour en Suisse ?Ce qui m’a le plus impres-sionné, c’est l’engagement motivé des officiers et salu-tistes qui, pour servir leur prochain de manière pratique, supportent parfois de grandes privations. Ils ont besoin de nos prières.

Qu’est-ce qui t’a impressionné dans le travail de l’Armée du Salut locale ? Au Myanmar, le travail des salutistes se concentre vraiment sur les besoins vitaux de la population et est accompli avec énormément de motivation, beaucoup de créati-vité et une foi inébranlable.

Comment, dans une dictature militaire aussi dure, le travail de l’Armée du Salut est-il possible ? Y a-t-il des restrictions ?Oui, il y a beaucoup de restrictions, par exemple dans le domaine de la communica-tion (les e-mails sont censurés et le courrier n’arrive pas à destination). On déplore aussi un manque de matière première ou d’électricité. Parfois, il arrive aussi que, après avoir été expropriés de leurs terres par des militaires, les gens soient forcés de partir. Les collaborateurs étrangers sont particulièrement surveillés, limités dans leur rayon d’action et parfois même expulsés.

Les salutistes et officiers peuvent-ils ouvertement vivre leur foi au Myanmar ? Quelle est ton impression ?Dans les zones contrôlées par les militaires (p. ex. dans la capitale), la pratique de la foi est plus difficile, mais au nord, les gens sont relativement libres. Les jeunes officiers notamment ont l’air très motivés et convaincants. Ils désirent mettre leur foi à exécution.

Le capitaine Daniel Imboden est officier de l’Armée du Salut et dirige, avec sa femme, le Poste salutiste (paroisse) de Winterthur. En octobre 2008, il s’est rendu au Myanmar pour une évaluation de projets, avec Markus Muntwiler (responsable Mission & Dévelop-pement). Il nous raconte ses expériences et ses impressions.

Thomas Martin : Tu reviens de ton premier voyage au Myanmar. Quelles sont tes impressions sur le pays et ses habitants ?Daniel Imboden : Outre Rangoon la capitale, très peuplée et au climat torride, j’ai gardé un bon souvenir du Nord, une région plus fraîche, vallonnée et boisée, où j’ai passé le plus de temps. Malgré leur pauvreté, les gens sont étonnamment amicaux, très curieux et particulièrement reconnaissants de l’intérêt que nous témoignons à leur égard.

As-tu vécu une expérience particulière ?Le voyage sur une moto avec un officier qui me montrait quelques projets dans la région a été particulièrement excitant. Par contre, le fait que, par deux fois, on nous ait supprimé un vol domestique à court terme et que, de ce fait, nous ayons presque raté le vol du retour en Europe, a mis mes nerfs à rude épreuve.

Markus Muntwiler

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Markus Muntwiler et Daniel Imboden en compagnie d’un groupe de paysansDes porcs en guise de compte en banqueDaniel Imboden dans le nord du Myanmar

Gestion durable au MyanmarLorsqu’au Myanmar (Birmanie), on voyage du sud vers le nord et que l’on quitte les rares régions urbaines, on tombe sur une population rurale qui vit comme à l’époque de Jésus-Christ : charrette tirée par des bœufs, mai-sons construites avec de simples matériaux naturels, puits communautai-res, vêtements simples et cuisine sur feu ouvert.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, dans les villages de paysans, l’on distingue surtout deux couches de population : les familles qui possèdent de la terre et celles qui n’en possèdent pas. Les membres des familles sans terre travaillent principalement comme ouvriers journaliers dans l’agriculture. Ce travail est toutefois mal payé et dépend fortement de la saison.

Depuis quatre années, l’Armée du Salut Suisse soutient un projet dont l’objectif est d’améliorer la subsistance des familles sans terre. Douze villages ont déjà été inté-grés à ce projet. Dans les villages où l’Armée du Salut était déjà présente auparavant, elle constitue chaque fois un conseil d’assistance publique avec des personnes bien vues. Le conseil d’assistance achète cinq hectares de terres cultivables à un grand propriétaire, sélectionne cinq familles pauvres du village (travailleurs journaliers,

personnes sans terre, veuves) qui obtiennent un hectare de terre labourable à culti-ver pendant trois ans. Les membres de ce conseil d’assistance assument la respon-sabilité de soutenir et de conseiller ces familles pendant la culture du champ. Les familles bénéficiant de la terre doivent livrer, chaque année, 10% du rendement au conseil d’assistance. On espère ainsi, à moyen terme, pouvoir acheter d’autres terres dans le village.

Dans les villages du Myanmar, il n’existe pas de banques où les familles bénéficiant du projet peuvent déposer leur argent. C’est pourquoi on leur octroie également un petit crédit afin qu’elles puissent acheter des porcs. Les porcs constituent leur compte en banque. On peut les élever et les revendre. Après trois années, c’est une autre famille démunie qui reçoit cette terre pour la cultiver.

Lors de notre dernier voyage d’évaluation en octobre 2008, nous avons demandé aux familles bénéficiaires de quelle manière elles utilisent leur revenu supplémen-taire. Beaucoup l’investissent dans l’éducation scolaire de leurs enfants ou dans une charrette tirée par des bœufs avec laquelle ils veulent lancer un petit commerce. Un autre paysan rêve d’acheter une petite moto et une autre famille encore veut éco-nomiser cet argent pour émigrer au nord de l’Inde où il est économiquement plus facile de gagner sa vie en tant que famille.

Les points suivants rendent ce projet durable :

Le projet acquiert de la terre labourable qui ne perd pas de sa valeur.•

Il prête aux familles pauvres et sans terre des terres cultivables pendant trois années. •Pendant cette période, ces dernières peuvent atteindre une amélioration économi-que à l’aide de leur capacité de travail.

Les familles bénéficiaires n’améliorent pas seulement leur revenu, mais aussi leur •statut social au village.

Le conseil d’assistance régional désigne les familles et se charge de l’encadrement et •de la consultation agricole.

Le conseil d’assistance perçoit 10% du rendement qu’il emploie à l’acquisition •d’autres terres labourables.

Par leur engagement social, les membres du conseil d’assistance améliorent leur •réputation au village. Ils s’efforcent d’obtenir les meilleures récoltes possibles pour les familles bénéficiaires.

L’Armée du Salut contribue à long terme à la lutte contre la pauvreté dans les villages •et renforce sa réputation et sa compétence concernant les questions sociales.

Dans les prochaines années, le programme de développement de l’Armée du Salut sera reconduit et s’étendra ainsi à d’autres villages encore.

Lors des visites de projets au Myanmar, tu étais accompagné de Markus Muntwiler, responsable de Mission & Développement. Quelle était votre tâche ? Notre tâche consistait à évaluer un projet de trois ans et de clarifier la suite de son déroulement. Nous avons examiné plusieurs projets partiels (cf. article) et, par le biais de consultations personnelles et de workshops, nous avons récolté des rensei-gnements concernant la qualité et l’efficacité du travail. Nous avons aussi rédigé un rapport contenant des recommandations en vue d’améliorations à l’adresse de la direction de l’Armée du Salut au Myanmar.

Quelles impressions te sont restées une fois de retour en Suisse ?Ce qui m’a le plus impres-sionné, c’est l’engagement motivé des officiers et salu-tistes qui, pour servir leur prochain de manière pratique, supportent parfois de grandes privations. Ils ont besoin de nos prières.

Qu’est-ce qui t’a impressionné dans le travail de l’Armée du Salut locale ? Au Myanmar, le travail des salutistes se concentre vraiment sur les besoins vitaux de la population et est accompli avec énormément de motivation, beaucoup de créati-vité et une foi inébranlable.

Comment, dans une dictature militaire aussi dure, le travail de l’Armée du Salut est-il possible ? Y a-t-il des restrictions ?Oui, il y a beaucoup de restrictions, par exemple dans le domaine de la communica-tion (les e-mails sont censurés et le courrier n’arrive pas à destination). On déplore aussi un manque de matière première ou d’électricité. Parfois, il arrive aussi que, après avoir été expropriés de leurs terres par des militaires, les gens soient forcés de partir. Les collaborateurs étrangers sont particulièrement surveillés, limités dans leur rayon d’action et parfois même expulsés.

Les salutistes et officiers peuvent-ils ouvertement vivre leur foi au Myanmar ? Quelle est ton impression ?Dans les zones contrôlées par les militaires (p. ex. dans la capitale), la pratique de la foi est plus difficile, mais au nord, les gens sont relativement libres. Les jeunes officiers notamment ont l’air très motivés et convaincants. Ils désirent mettre leur foi à exécution.

Le capitaine Daniel Imboden est officier de l’Armée du Salut et dirige, avec sa femme, le Poste salutiste (paroisse) de Winterthur. En octobre 2008, il s’est rendu au Myanmar pour une évaluation de projets, avec Markus Muntwiler (responsable Mission & Dévelop-pement). Il nous raconte ses expériences et ses impressions.

Thomas Martin : Tu reviens de ton premier voyage au Myanmar. Quelles sont tes impressions sur le pays et ses habitants ?Daniel Imboden : Outre Rangoon la capitale, très peuplée et au climat torride, j’ai gardé un bon souvenir du Nord, une région plus fraîche, vallonnée et boisée, où j’ai passé le plus de temps. Malgré leur pauvreté, les gens sont étonnamment amicaux, très curieux et particulièrement reconnaissants de l’intérêt que nous témoignons à leur égard.

As-tu vécu une expérience particulière ?Le voyage sur une moto avec un officier qui me montrait quelques projets dans la région a été particulièrement excitant. Par contre, le fait que, par deux fois, on nous ait supprimé un vol domestique à court terme et que, de ce fait, nous ayons presque raté le vol du retour en Europe, a mis mes nerfs à rude épreuve.

Markus Muntwiler

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Markus Muntwiler et Daniel Imboden en compagnie d’un groupe de paysansDes porcs en guise de compte en banqueDaniel Imboden dans le nord du Myanmar

Gestion durable au MyanmarLorsqu’au Myanmar (Birmanie), on voyage du sud vers le nord et que l’on quitte les rares régions urbaines, on tombe sur une population rurale qui vit comme à l’époque de Jésus-Christ : charrette tirée par des bœufs, mai-sons construites avec de simples matériaux naturels, puits communautai-res, vêtements simples et cuisine sur feu ouvert.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, dans les villages de paysans, l’on distingue surtout deux couches de population : les familles qui possèdent de la terre et celles qui n’en possèdent pas. Les membres des familles sans terre travaillent principalement comme ouvriers journaliers dans l’agriculture. Ce travail est toutefois mal payé et dépend fortement de la saison.

Depuis quatre années, l’Armée du Salut Suisse soutient un projet dont l’objectif est d’améliorer la subsistance des familles sans terre. Douze villages ont déjà été inté-grés à ce projet. Dans les villages où l’Armée du Salut était déjà présente auparavant, elle constitue chaque fois un conseil d’assistance publique avec des personnes bien vues. Le conseil d’assistance achète cinq hectares de terres cultivables à un grand propriétaire, sélectionne cinq familles pauvres du village (travailleurs journaliers,

personnes sans terre, veuves) qui obtiennent un hectare de terre labourable à culti-ver pendant trois ans. Les membres de ce conseil d’assistance assument la respon-sabilité de soutenir et de conseiller ces familles pendant la culture du champ. Les familles bénéficiant de la terre doivent livrer, chaque année, 10% du rendement au conseil d’assistance. On espère ainsi, à moyen terme, pouvoir acheter d’autres terres dans le village.

Dans les villages du Myanmar, il n’existe pas de banques où les familles bénéficiant du projet peuvent déposer leur argent. C’est pourquoi on leur octroie également un petit crédit afin qu’elles puissent acheter des porcs. Les porcs constituent leur compte en banque. On peut les élever et les revendre. Après trois années, c’est une autre famille démunie qui reçoit cette terre pour la cultiver.

Lors de notre dernier voyage d’évaluation en octobre 2008, nous avons demandé aux familles bénéficiaires de quelle manière elles utilisent leur revenu supplémen-taire. Beaucoup l’investissent dans l’éducation scolaire de leurs enfants ou dans une charrette tirée par des bœufs avec laquelle ils veulent lancer un petit commerce. Un autre paysan rêve d’acheter une petite moto et une autre famille encore veut éco-nomiser cet argent pour émigrer au nord de l’Inde où il est économiquement plus facile de gagner sa vie en tant que famille.

Les points suivants rendent ce projet durable :

Le projet acquiert de la terre labourable qui ne perd pas de sa valeur.•

Il prête aux familles pauvres et sans terre des terres cultivables pendant trois années. •Pendant cette période, ces dernières peuvent atteindre une amélioration économi-que à l’aide de leur capacité de travail.

Les familles bénéficiaires n’améliorent pas seulement leur revenu, mais aussi leur •statut social au village.

Le conseil d’assistance régional désigne les familles et se charge de l’encadrement et •de la consultation agricole.

Le conseil d’assistance perçoit 10% du rendement qu’il emploie à l’acquisition •d’autres terres labourables.

Par leur engagement social, les membres du conseil d’assistance améliorent leur •réputation au village. Ils s’efforcent d’obtenir les meilleures récoltes possibles pour les familles bénéficiaires.

L’Armée du Salut contribue à long terme à la lutte contre la pauvreté dans les villages •et renforce sa réputation et sa compétence concernant les questions sociales.

Dans les prochaines années, le programme de développement de l’Armée du Salut sera reconduit et s’étendra ainsi à d’autres villages encore.

Lors des visites de projets au Myanmar, tu étais accompagné de Markus Muntwiler, responsable de Mission & Développement. Quelle était votre tâche ? Notre tâche consistait à évaluer un projet de trois ans et de clarifier la suite de son déroulement. Nous avons examiné plusieurs projets partiels (cf. article) et, par le biais de consultations personnelles et de workshops, nous avons récolté des rensei-gnements concernant la qualité et l’efficacité du travail. Nous avons aussi rédigé un rapport contenant des recommandations en vue d’améliorations à l’adresse de la direction de l’Armée du Salut au Myanmar.

Quelles impressions te sont restées une fois de retour en Suisse ?Ce qui m’a le plus impres-sionné, c’est l’engagement motivé des officiers et salu-tistes qui, pour servir leur prochain de manière pratique, supportent parfois de grandes privations. Ils ont besoin de nos prières.

Qu’est-ce qui t’a impressionné dans le travail de l’Armée du Salut locale ? Au Myanmar, le travail des salutistes se concentre vraiment sur les besoins vitaux de la population et est accompli avec énormément de motivation, beaucoup de créati-vité et une foi inébranlable.

Comment, dans une dictature militaire aussi dure, le travail de l’Armée du Salut est-il possible ? Y a-t-il des restrictions ?Oui, il y a beaucoup de restrictions, par exemple dans le domaine de la communica-tion (les e-mails sont censurés et le courrier n’arrive pas à destination). On déplore aussi un manque de matière première ou d’électricité. Parfois, il arrive aussi que, après avoir été expropriés de leurs terres par des militaires, les gens soient forcés de partir. Les collaborateurs étrangers sont particulièrement surveillés, limités dans leur rayon d’action et parfois même expulsés.

Les salutistes et officiers peuvent-ils ouvertement vivre leur foi au Myanmar ? Quelle est ton impression ?Dans les zones contrôlées par les militaires (p. ex. dans la capitale), la pratique de la foi est plus difficile, mais au nord, les gens sont relativement libres. Les jeunes officiers notamment ont l’air très motivés et convaincants. Ils désirent mettre leur foi à exécution.

Le capitaine Daniel Imboden est officier de l’Armée du Salut et dirige, avec sa femme, le Poste salutiste (paroisse) de Winterthur. En octobre 2008, il s’est rendu au Myanmar pour une évaluation de projets, avec Markus Muntwiler (responsable Mission & Dévelop-pement). Il nous raconte ses expériences et ses impressions.

Thomas Martin : Tu reviens de ton premier voyage au Myanmar. Quelles sont tes impressions sur le pays et ses habitants ?Daniel Imboden : Outre Rangoon la capitale, très peuplée et au climat torride, j’ai gardé un bon souvenir du Nord, une région plus fraîche, vallonnée et boisée, où j’ai passé le plus de temps. Malgré leur pauvreté, les gens sont étonnamment amicaux, très curieux et particulièrement reconnaissants de l’intérêt que nous témoignons à leur égard.

As-tu vécu une expérience particulière ?Le voyage sur une moto avec un officier qui me montrait quelques projets dans la région a été particulièrement excitant. Par contre, le fait que, par deux fois, on nous ait supprimé un vol domestique à court terme et que, de ce fait, nous ayons presque raté le vol du retour en Europe, a mis mes nerfs à rude épreuve.

Markus Muntwiler

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Markus Muntwiler et Daniel Imboden en compagnie d’un groupe de paysansDes porcs en guise de compte en banqueDaniel Imboden dans le nord du Myanmar

Gestion durable au MyanmarLorsqu’au Myanmar (Birmanie), on voyage du sud vers le nord et que l’on quitte les rares régions urbaines, on tombe sur une population rurale qui vit comme à l’époque de Jésus-Christ : charrette tirée par des bœufs, mai-sons construites avec de simples matériaux naturels, puits communautai-res, vêtements simples et cuisine sur feu ouvert.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, dans les villages de paysans, l’on distingue surtout deux couches de population : les familles qui possèdent de la terre et celles qui n’en possèdent pas. Les membres des familles sans terre travaillent principalement comme ouvriers journaliers dans l’agriculture. Ce travail est toutefois mal payé et dépend fortement de la saison.

Depuis quatre années, l’Armée du Salut Suisse soutient un projet dont l’objectif est d’améliorer la subsistance des familles sans terre. Douze villages ont déjà été inté-grés à ce projet. Dans les villages où l’Armée du Salut était déjà présente auparavant, elle constitue chaque fois un conseil d’assistance publique avec des personnes bien vues. Le conseil d’assistance achète cinq hectares de terres cultivables à un grand propriétaire, sélectionne cinq familles pauvres du village (travailleurs journaliers,

personnes sans terre, veuves) qui obtiennent un hectare de terre labourable à culti-ver pendant trois ans. Les membres de ce conseil d’assistance assument la respon-sabilité de soutenir et de conseiller ces familles pendant la culture du champ. Les familles bénéficiant de la terre doivent livrer, chaque année, 10% du rendement au conseil d’assistance. On espère ainsi, à moyen terme, pouvoir acheter d’autres terres dans le village.

Dans les villages du Myanmar, il n’existe pas de banques où les familles bénéficiant du projet peuvent déposer leur argent. C’est pourquoi on leur octroie également un petit crédit afin qu’elles puissent acheter des porcs. Les porcs constituent leur compte en banque. On peut les élever et les revendre. Après trois années, c’est une autre famille démunie qui reçoit cette terre pour la cultiver.

Lors de notre dernier voyage d’évaluation en octobre 2008, nous avons demandé aux familles bénéficiaires de quelle manière elles utilisent leur revenu supplémen-taire. Beaucoup l’investissent dans l’éducation scolaire de leurs enfants ou dans une charrette tirée par des bœufs avec laquelle ils veulent lancer un petit commerce. Un autre paysan rêve d’acheter une petite moto et une autre famille encore veut éco-nomiser cet argent pour émigrer au nord de l’Inde où il est économiquement plus facile de gagner sa vie en tant que famille.

Les points suivants rendent ce projet durable :

Le projet acquiert de la terre labourable qui ne perd pas de sa valeur.•

Il prête aux familles pauvres et sans terre des terres cultivables pendant trois années. •Pendant cette période, ces dernières peuvent atteindre une amélioration économi-que à l’aide de leur capacité de travail.

Les familles bénéficiaires n’améliorent pas seulement leur revenu, mais aussi leur •statut social au village.

Le conseil d’assistance régional désigne les familles et se charge de l’encadrement et •de la consultation agricole.

Le conseil d’assistance perçoit 10% du rendement qu’il emploie à l’acquisition •d’autres terres labourables.

Par leur engagement social, les membres du conseil d’assistance améliorent leur •réputation au village. Ils s’efforcent d’obtenir les meilleures récoltes possibles pour les familles bénéficiaires.

L’Armée du Salut contribue à long terme à la lutte contre la pauvreté dans les villages •et renforce sa réputation et sa compétence concernant les questions sociales.

Dans les prochaines années, le programme de développement de l’Armée du Salut sera reconduit et s’étendra ainsi à d’autres villages encore.

Lors des visites de projets au Myanmar, tu étais accompagné de Markus Muntwiler, responsable de Mission & Développement. Quelle était votre tâche ? Notre tâche consistait à évaluer un projet de trois ans et de clarifier la suite de son déroulement. Nous avons examiné plusieurs projets partiels (cf. article) et, par le biais de consultations personnelles et de workshops, nous avons récolté des rensei-gnements concernant la qualité et l’efficacité du travail. Nous avons aussi rédigé un rapport contenant des recommandations en vue d’améliorations à l’adresse de la direction de l’Armée du Salut au Myanmar.

Quelles impressions te sont restées une fois de retour en Suisse ?Ce qui m’a le plus impres-sionné, c’est l’engagement motivé des officiers et salu-tistes qui, pour servir leur prochain de manière pratique, supportent parfois de grandes privations. Ils ont besoin de nos prières.

Qu’est-ce qui t’a impressionné dans le travail de l’Armée du Salut locale ? Au Myanmar, le travail des salutistes se concentre vraiment sur les besoins vitaux de la population et est accompli avec énormément de motivation, beaucoup de créati-vité et une foi inébranlable.

Comment, dans une dictature militaire aussi dure, le travail de l’Armée du Salut est-il possible ? Y a-t-il des restrictions ?Oui, il y a beaucoup de restrictions, par exemple dans le domaine de la communica-tion (les e-mails sont censurés et le courrier n’arrive pas à destination). On déplore aussi un manque de matière première ou d’électricité. Parfois, il arrive aussi que, après avoir été expropriés de leurs terres par des militaires, les gens soient forcés de partir. Les collaborateurs étrangers sont particulièrement surveillés, limités dans leur rayon d’action et parfois même expulsés.

Les salutistes et officiers peuvent-ils ouvertement vivre leur foi au Myanmar ? Quelle est ton impression ?Dans les zones contrôlées par les militaires (p. ex. dans la capitale), la pratique de la foi est plus difficile, mais au nord, les gens sont relativement libres. Les jeunes officiers notamment ont l’air très motivés et convaincants. Ils désirent mettre leur foi à exécution.

Le capitaine Daniel Imboden est officier de l’Armée du Salut et dirige, avec sa femme, le Poste salutiste (paroisse) de Winterthur. En octobre 2008, il s’est rendu au Myanmar pour une évaluation de projets, avec Markus Muntwiler (responsable Mission & Dévelop-pement). Il nous raconte ses expériences et ses impressions.

Thomas Martin : Tu reviens de ton premier voyage au Myanmar. Quelles sont tes impressions sur le pays et ses habitants ?Daniel Imboden : Outre Rangoon la capitale, très peuplée et au climat torride, j’ai gardé un bon souvenir du Nord, une région plus fraîche, vallonnée et boisée, où j’ai passé le plus de temps. Malgré leur pauvreté, les gens sont étonnamment amicaux, très curieux et particulièrement reconnaissants de l’intérêt que nous témoignons à leur égard.

As-tu vécu une expérience particulière ?Le voyage sur une moto avec un officier qui me montrait quelques projets dans la région a été particulièrement excitant. Par contre, le fait que, par deux fois, on nous ait supprimé un vol domestique à court terme et que, de ce fait, nous ayons presque raté le vol du retour en Europe, a mis mes nerfs à rude épreuve.

Markus Muntwiler

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Markus Muntwiler et Daniel Imboden en compagnie d’un groupe de paysansDes porcs en guise de compte en banqueDaniel Imboden dans le nord du Myanmar

Gestion durable au MyanmarLorsqu’au Myanmar (Birmanie), on voyage du sud vers le nord et que l’on quitte les rares régions urbaines, on tombe sur une population rurale qui vit comme à l’époque de Jésus-Christ : charrette tirée par des bœufs, mai-sons construites avec de simples matériaux naturels, puits communautai-res, vêtements simples et cuisine sur feu ouvert.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, dans les villages de paysans, l’on distingue surtout deux couches de population : les familles qui possèdent de la terre et celles qui n’en possèdent pas. Les membres des familles sans terre travaillent principalement comme ouvriers journaliers dans l’agriculture. Ce travail est toutefois mal payé et dépend fortement de la saison.

Depuis quatre années, l’Armée du Salut Suisse soutient un projet dont l’objectif est d’améliorer la subsistance des familles sans terre. Douze villages ont déjà été inté-grés à ce projet. Dans les villages où l’Armée du Salut était déjà présente auparavant, elle constitue chaque fois un conseil d’assistance publique avec des personnes bien vues. Le conseil d’assistance achète cinq hectares de terres cultivables à un grand propriétaire, sélectionne cinq familles pauvres du village (travailleurs journaliers,

personnes sans terre, veuves) qui obtiennent un hectare de terre labourable à culti-ver pendant trois ans. Les membres de ce conseil d’assistance assument la respon-sabilité de soutenir et de conseiller ces familles pendant la culture du champ. Les familles bénéficiant de la terre doivent livrer, chaque année, 10% du rendement au conseil d’assistance. On espère ainsi, à moyen terme, pouvoir acheter d’autres terres dans le village.

Dans les villages du Myanmar, il n’existe pas de banques où les familles bénéficiant du projet peuvent déposer leur argent. C’est pourquoi on leur octroie également un petit crédit afin qu’elles puissent acheter des porcs. Les porcs constituent leur compte en banque. On peut les élever et les revendre. Après trois années, c’est une autre famille démunie qui reçoit cette terre pour la cultiver.

Lors de notre dernier voyage d’évaluation en octobre 2008, nous avons demandé aux familles bénéficiaires de quelle manière elles utilisent leur revenu supplémen-taire. Beaucoup l’investissent dans l’éducation scolaire de leurs enfants ou dans une charrette tirée par des bœufs avec laquelle ils veulent lancer un petit commerce. Un autre paysan rêve d’acheter une petite moto et une autre famille encore veut éco-nomiser cet argent pour émigrer au nord de l’Inde où il est économiquement plus facile de gagner sa vie en tant que famille.

Les points suivants rendent ce projet durable :

Le projet acquiert de la terre labourable qui ne perd pas de sa valeur.•

Il prête aux familles pauvres et sans terre des terres cultivables pendant trois années. •Pendant cette période, ces dernières peuvent atteindre une amélioration économi-que à l’aide de leur capacité de travail.

Les familles bénéficiaires n’améliorent pas seulement leur revenu, mais aussi leur •statut social au village.

Le conseil d’assistance régional désigne les familles et se charge de l’encadrement et •de la consultation agricole.

Le conseil d’assistance perçoit 10% du rendement qu’il emploie à l’acquisition •d’autres terres labourables.

Par leur engagement social, les membres du conseil d’assistance améliorent leur •réputation au village. Ils s’efforcent d’obtenir les meilleures récoltes possibles pour les familles bénéficiaires.

L’Armée du Salut contribue à long terme à la lutte contre la pauvreté dans les villages •et renforce sa réputation et sa compétence concernant les questions sociales.

Dans les prochaines années, le programme de développement de l’Armée du Salut sera reconduit et s’étendra ainsi à d’autres villages encore.

Lors des visites de projets au Myanmar, tu étais accompagné de Markus Muntwiler, responsable de Mission & Développement. Quelle était votre tâche ? Notre tâche consistait à évaluer un projet de trois ans et de clarifier la suite de son déroulement. Nous avons examiné plusieurs projets partiels (cf. article) et, par le biais de consultations personnelles et de workshops, nous avons récolté des rensei-gnements concernant la qualité et l’efficacité du travail. Nous avons aussi rédigé un rapport contenant des recommandations en vue d’améliorations à l’adresse de la direction de l’Armée du Salut au Myanmar.

Quelles impressions te sont restées une fois de retour en Suisse ?Ce qui m’a le plus impres-sionné, c’est l’engagement motivé des officiers et salu-tistes qui, pour servir leur prochain de manière pratique, supportent parfois de grandes privations. Ils ont besoin de nos prières.

Qu’est-ce qui t’a impressionné dans le travail de l’Armée du Salut locale ? Au Myanmar, le travail des salutistes se concentre vraiment sur les besoins vitaux de la population et est accompli avec énormément de motivation, beaucoup de créati-vité et une foi inébranlable.

Comment, dans une dictature militaire aussi dure, le travail de l’Armée du Salut est-il possible ? Y a-t-il des restrictions ?Oui, il y a beaucoup de restrictions, par exemple dans le domaine de la communica-tion (les e-mails sont censurés et le courrier n’arrive pas à destination). On déplore aussi un manque de matière première ou d’électricité. Parfois, il arrive aussi que, après avoir été expropriés de leurs terres par des militaires, les gens soient forcés de partir. Les collaborateurs étrangers sont particulièrement surveillés, limités dans leur rayon d’action et parfois même expulsés.

Les salutistes et officiers peuvent-ils ouvertement vivre leur foi au Myanmar ? Quelle est ton impression ?Dans les zones contrôlées par les militaires (p. ex. dans la capitale), la pratique de la foi est plus difficile, mais au nord, les gens sont relativement libres. Les jeunes officiers notamment ont l’air très motivés et convaincants. Ils désirent mettre leur foi à exécution.

Le capitaine Daniel Imboden est officier de l’Armée du Salut et dirige, avec sa femme, le Poste salutiste (paroisse) de Winterthur. En octobre 2008, il s’est rendu au Myanmar pour une évaluation de projets, avec Markus Muntwiler (responsable Mission & Dévelop-pement). Il nous raconte ses expériences et ses impressions.

Thomas Martin : Tu reviens de ton premier voyage au Myanmar. Quelles sont tes impressions sur le pays et ses habitants ?Daniel Imboden : Outre Rangoon la capitale, très peuplée et au climat torride, j’ai gardé un bon souvenir du Nord, une région plus fraîche, vallonnée et boisée, où j’ai passé le plus de temps. Malgré leur pauvreté, les gens sont étonnamment amicaux, très curieux et particulièrement reconnaissants de l’intérêt que nous témoignons à leur égard.

As-tu vécu une expérience particulière ?Le voyage sur une moto avec un officier qui me montrait quelques projets dans la région a été particulièrement excitant. Par contre, le fait que, par deux fois, on nous ait supprimé un vol domestique à court terme et que, de ce fait, nous ayons presque raté le vol du retour en Europe, a mis mes nerfs à rude épreuve.

Markus Muntwiler

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Markus Muntwiler et Daniel Imboden en compagnie d’un groupe de paysansDes porcs en guise de compte en banqueDaniel Imboden dans le nord du Myanmar

Gestion durable au MyanmarLorsqu’au Myanmar (Birmanie), on voyage du sud vers le nord et que l’on quitte les rares régions urbaines, on tombe sur une population rurale qui vit comme à l’époque de Jésus-Christ : charrette tirée par des bœufs, mai-sons construites avec de simples matériaux naturels, puits communautai-res, vêtements simples et cuisine sur feu ouvert.

Ainsi, il n’est pas étonnant que, dans les villages de paysans, l’on distingue surtout deux couches de population : les familles qui possèdent de la terre et celles qui n’en possèdent pas. Les membres des familles sans terre travaillent principalement comme ouvriers journaliers dans l’agriculture. Ce travail est toutefois mal payé et dépend fortement de la saison.

Depuis quatre années, l’Armée du Salut Suisse soutient un projet dont l’objectif est d’améliorer la subsistance des familles sans terre. Douze villages ont déjà été inté-grés à ce projet. Dans les villages où l’Armée du Salut était déjà présente auparavant, elle constitue chaque fois un conseil d’assistance publique avec des personnes bien vues. Le conseil d’assistance achète cinq hectares de terres cultivables à un grand propriétaire, sélectionne cinq familles pauvres du village (travailleurs journaliers,

personnes sans terre, veuves) qui obtiennent un hectare de terre labourable à culti-ver pendant trois ans. Les membres de ce conseil d’assistance assument la respon-sabilité de soutenir et de conseiller ces familles pendant la culture du champ. Les familles bénéficiant de la terre doivent livrer, chaque année, 10% du rendement au conseil d’assistance. On espère ainsi, à moyen terme, pouvoir acheter d’autres terres dans le village.

Dans les villages du Myanmar, il n’existe pas de banques où les familles bénéficiant du projet peuvent déposer leur argent. C’est pourquoi on leur octroie également un petit crédit afin qu’elles puissent acheter des porcs. Les porcs constituent leur compte en banque. On peut les élever et les revendre. Après trois années, c’est une autre famille démunie qui reçoit cette terre pour la cultiver.

Lors de notre dernier voyage d’évaluation en octobre 2008, nous avons demandé aux familles bénéficiaires de quelle manière elles utilisent leur revenu supplémen-taire. Beaucoup l’investissent dans l’éducation scolaire de leurs enfants ou dans une charrette tirée par des bœufs avec laquelle ils veulent lancer un petit commerce. Un autre paysan rêve d’acheter une petite moto et une autre famille encore veut éco-nomiser cet argent pour émigrer au nord de l’Inde où il est économiquement plus facile de gagner sa vie en tant que famille.

Les points suivants rendent ce projet durable :

Le projet acquiert de la terre labourable qui ne perd pas de sa valeur.•

Il prête aux familles pauvres et sans terre des terres cultivables pendant trois années. •Pendant cette période, ces dernières peuvent atteindre une amélioration économi-que à l’aide de leur capacité de travail.

Les familles bénéficiaires n’améliorent pas seulement leur revenu, mais aussi leur •statut social au village.

Le conseil d’assistance régional désigne les familles et se charge de l’encadrement et •de la consultation agricole.

Le conseil d’assistance perçoit 10% du rendement qu’il emploie à l’acquisition •d’autres terres labourables.

Par leur engagement social, les membres du conseil d’assistance améliorent leur •réputation au village. Ils s’efforcent d’obtenir les meilleures récoltes possibles pour les familles bénéficiaires.

L’Armée du Salut contribue à long terme à la lutte contre la pauvreté dans les villages •et renforce sa réputation et sa compétence concernant les questions sociales.

Dans les prochaines années, le programme de développement de l’Armée du Salut sera reconduit et s’étendra ainsi à d’autres villages encore.

Lors des visites de projets au Myanmar, tu étais accompagné de Markus Muntwiler, responsable de Mission & Développement. Quelle était votre tâche ? Notre tâche consistait à évaluer un projet de trois ans et de clarifier la suite de son déroulement. Nous avons examiné plusieurs projets partiels (cf. article) et, par le biais de consultations personnelles et de workshops, nous avons récolté des rensei-gnements concernant la qualité et l’efficacité du travail. Nous avons aussi rédigé un rapport contenant des recommandations en vue d’améliorations à l’adresse de la direction de l’Armée du Salut au Myanmar.

Quelles impressions te sont restées une fois de retour en Suisse ?Ce qui m’a le plus impres-sionné, c’est l’engagement motivé des officiers et salu-tistes qui, pour servir leur prochain de manière pratique, supportent parfois de grandes privations. Ils ont besoin de nos prières.

Qu’est-ce qui t’a impressionné dans le travail de l’Armée du Salut locale ? Au Myanmar, le travail des salutistes se concentre vraiment sur les besoins vitaux de la population et est accompli avec énormément de motivation, beaucoup de créati-vité et une foi inébranlable.

Comment, dans une dictature militaire aussi dure, le travail de l’Armée du Salut est-il possible ? Y a-t-il des restrictions ?Oui, il y a beaucoup de restrictions, par exemple dans le domaine de la communica-tion (les e-mails sont censurés et le courrier n’arrive pas à destination). On déplore aussi un manque de matière première ou d’électricité. Parfois, il arrive aussi que, après avoir été expropriés de leurs terres par des militaires, les gens soient forcés de partir. Les collaborateurs étrangers sont particulièrement surveillés, limités dans leur rayon d’action et parfois même expulsés.

Les salutistes et officiers peuvent-ils ouvertement vivre leur foi au Myanmar ? Quelle est ton impression ?Dans les zones contrôlées par les militaires (p. ex. dans la capitale), la pratique de la foi est plus difficile, mais au nord, les gens sont relativement libres. Les jeunes officiers notamment ont l’air très motivés et convaincants. Ils désirent mettre leur foi à exécution.

Le capitaine Daniel Imboden est officier de l’Armée du Salut et dirige, avec sa femme, le Poste salutiste (paroisse) de Winterthur. En octobre 2008, il s’est rendu au Myanmar pour une évaluation de projets, avec Markus Muntwiler (responsable Mission & Dévelop-pement). Il nous raconte ses expériences et ses impressions.

Thomas Martin : Tu reviens de ton premier voyage au Myanmar. Quelles sont tes impressions sur le pays et ses habitants ?Daniel Imboden : Outre Rangoon la capitale, très peuplée et au climat torride, j’ai gardé un bon souvenir du Nord, une région plus fraîche, vallonnée et boisée, où j’ai passé le plus de temps. Malgré leur pauvreté, les gens sont étonnamment amicaux, très curieux et particulièrement reconnaissants de l’intérêt que nous témoignons à leur égard.

As-tu vécu une expérience particulière ?Le voyage sur une moto avec un officier qui me montrait quelques projets dans la région a été particulièrement excitant. Par contre, le fait que, par deux fois, on nous ait supprimé un vol domestique à court terme et que, de ce fait, nous ayons presque raté le vol du retour en Europe, a mis mes nerfs à rude épreuve.

Markus Muntwiler

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BrèvesL’Armée du Salut au Myanmar

L’Armée du Salut du Myanmar gère dans l’ensemble 45 Postes (paroisses chrétiennes) et prévoit d’ouvrir des Postes supplémentaires. Les officiers et salutistes ont du pain sur la planche. La priorité va à l’aide de première nécessité : aide alimentaire, aide à la construction de logements, enseigne-ment destiné aux enfants des villages reculés, construction

de pompes à eau et de génératrices, garantie de la survie, programmes de lutte contre le sida. L’Armée du Salut dirige par ailleurs trois foyers pour enfants au Myan-mar, soutenus par des parrainages (également en provenance de Suisse).

L’Armée du Salut est présente dans 118 paysAprès avoir débuté son travail en Namibie, au Mali, au Koweït et en Mongolie, l’Armée du Salut est désormais officiellement active au Népal depuis le 15 avril 2009. Après une longue période de préparation et d’évaluation, les premiers officiers sont mainte-nant stationnés à Katmandou. Ainsi, l’Armée du Salut est désormais présente dans 118 pays.

Conférence StopPauvreté à BerneLe 3 octobre 2009 se déroulera à Berne la première Conférence StopPau-vreté, à laquelle chacun est cordialement invité à participer. Le titre de la Conférence est « Comprendre l’injustice – agir avec justice (Comment des chrétiens combattent la pauvreté) ».

L’orateur invité est Joël Edwards (GB). Depuis début 2009, il dirige le « Défi Michée », une campagne internationale de chrétiens dont l’objectif est de diminuer de moitié l’extrême pauvreté d’ici 2015. Orateur dynamique et motivant, il exhorte, dans le monde entier, l’Eglise à promouvoir un changement spirituel et social et à présenter Jésus d’une façon crédi-ble aux hommes du 21ème siècle.Pour de plus amples informations : www.stoppauvrete.ch

ImpressumEdition Fondation Armée du Salut Suisse, Mission & Développement Laupenstrasse 5, 3008 Berne, Suisse Téléphone 031 388 05 91, [email protected]édaction Markus Muntwiler, Doris Droz, Thomas MartinPhotos archives Mission & DéveloppementLayout / Concept Thomas Martin / Martin Stucki Grafik, Heimenschwand, msgrafik.chImpression Jordi AG, Belp

Cette newsletter paraît 3 fois par an.Compte postal: 30-6709-1 (avec mention d’affectation du don)www.armeedusalut.ch/mission