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  • FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES

    RABAT

    .o-J..\;..-0:....U.k~-!'- ~ Universit Mohammed V

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    HESPRISTAMUDA

    VOL. XXIX - Fascicule 11991

  • HESPERIS TAMUDASous le patronage

    du Doyen de la Facult des Lettres et des Sciences HumainesAbdelwahed~BENDAOUD

    * * ..

    Comit de Rdaction

    Brahim BOUTALEB

    Abdeliatif BENCHERIFARahma BOURQIA

    Abderrahmane EL MOUDDENMohammed KENBIB

    Abdclahad SEBTI

    La revue Hespris - Tamuda est consacre l'tude du Maroc, de sa socit, de son histoire,de sa culture et d'une manire gnrale aux sciences sociales de l'Occident musulman. Elle paratannuellement en un ou plusieurs fascicules. Chaque livraison comprend des articles originaux, descommunications, des tudes bibliographiques et des comptes-rendus en arabe, franais, anglais,espagnol et ventuellement en d'autres langues.

    Les textes, dment corrigs, doivent tre remis en trois exemplaires dactylographis, endouble interligne et au recto seulement. Les articles seront suivis de rsums dans une languediffrente de celle dans laquelle ils ~ont publis. Les textes non retenus ne sont pas retourns leursauteurs. Ceux-ci en seront aviss. Les auteurs reoivent un exemplaire du volume auquel ils aurontcontribu et cinquante tirs part de leur contribution. Les ides et opinions exprinies sontcelles de leurs auteurs et n'engagent en rien Hespris-Tamuda.

    Le systme de translittration des mots arabes utiliss dans cette revue est le suivant:

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    Voyelles brves

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    Pour toute demande d'abonnement ou d'achat, s'adresser au Service des Publications, desEchanges et de la Diffusion, Facult des Lettres et des Sciences Humaines, BP. 1040, Rabat.

  • Universit Mohammed V

    FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES

    ,

    HESPERISTAMUDA

    VOL. XXIX - Fascicule 11991

  • Tous droits rservs la facult desLettres et des Sciences Humainesde Rabat (Dahir du 29/07/1970)

  • HESPERISTAMUDA

    Vol. XXIX, Fasc. 1

    SOMMAIRE SUMARIO

    ARTICLES - ARTICULOS

    1991

    Mohamed EL FAIZ : L'A1jarafe de Sville: un jardin d'essais pour lesagronomes de l'Espagne musulmane .5

    Mariano ARRIBAS PALAU: Un viaje dei Conde de Expilly aTtuan 27

    Mohammed KENBIB : The Impact of the French Conquest of A1geria onMorocco (1830-1912) { 47

    Tatiana Leonidovna MOUSSATOVA: Les liens entre la Russieet le Maroc au XIXe sicle 61

    Xavier HUETZ de LEMPS: La collaboration francO,-espagnole pendant laguerre du Rif (1925-1927) 85

  • DOCUMENTS-DOCUMENTOS

    Abderrahmane EL MOUDDEN:The Sharif and the Padishah : ThreeLetters from Murad III to CAbd al-Malik. 113

    Khalid BEN SRHIR: Le trait de Moulay Yazid avecl'Angleterre (1791) 127

    COMYrES-RENDUS BIBLIOGRAPHIOUES-RESENAS BIBLIOGRAFICAS

    Herman L.BECK: L'image d'Idris II, ses descendants de Fas et la politiquesharifienne des sultans marinides (656-869/1258-1465), Leiden, E.J.Brill, coll.Asfar, vol.3, 1989, IX-292p. (Abdelahad SEBTI) 151

    Khalid BEN SRHIR: Le Maroc et la Grande Bretagne au XIXme siecle (1856-1886), Casablanca, Wallada, 1990, 505p. (Mohammed KENBIB ) 155

    Lawrence ROSEN: Bargainingfor reality. The construction ofsocial relationsin a muslim community. The University of Chicago and London, 1984,210p.(Rahma BOURQIA) 159

    Daniel RIVET: Lyautey et l'institution du Protectorat au Maroc, Paris,l'Harmattan, 3 vol., 1988 [compte-rendu en arabe] (Brahim BOUTALEB) ........167

  • Hesperis-Tamuda, Vol. XXIX, Fase.1 (1991), pp. 5-25.

    L'AWARAFE DE SEVILLE : UN JARDIN D'ESSAISPOUR LES AGRONOMES DE L'ESPAGNE MUSULMANE 1

    Mohamed El Faiz

    Les recherches de L. Bolens, A. M. Watson, et Thomas F. Glick ontpermis d'entrevoir, derrire l'ample mouvement de transformation del'agriculture arabo-musulmane mdivale, les signes d'une vritable "rvolutionagricole" 2 . Si eette rvolution a reu sa premire impulsion en Orientmusulman, entre le VIlle-et le Xe s., elle ne connatra sa phase de mrissementqu'en Andalousie, durant le XIe_XIIe s. Ces deux sicles peuvent, nous semble-t-il, tre qualifis de "moment andalous" dans la marche gnrale du progrs

    (1) Cet article a fait l'objet d'une communication au Symposium International "TheAuthentic Garden" 8-11 mai 1990, Leiden, Pays-Bas.

    (2) La "rvolution agricole" a consist dans l'intI Jduction de nouvelles plantes, l'extensiondes surfaces irrigues, le perfectionnement du systme hydraulique et l'amlioration des ,techniquesproductives. Mme L. Bolens a bien montr, dans une tude documente et rudite (Agronomesandalous du Moyen Age, d. Droz, Genve, 1982), le progrs des mthodes culturales dansl'Andalousie musulmane. A.M. Watson a suivi, pour sa part, le procs d'introduction et de diffusiondes plantes nouvelles dans le monde arabo-musulman (Cf. 'The Arab Agricultural Revolution and ilsdiffusion 700-1100", in Journal of Economie History, Cambridge University, London, 1983). Aconsulter pour le mme thme, Thomas F. G1ick, Islamic and Christian Spain in the Early MiddleAges, New Jersey, 1979, pp. 51-85. A la lumire de ces travaux, le concept de "rvolution agricole",appliqu aux ralits d'al-Andalus, parat moins excessif, surtout quand on connat l'usage courantde cette expression pour dsigner les changements de moindre ampleur, qui se sont produits dansl'agriculture europ.enne mdivale.

  • 6 MOHAMED EL FAIZ

    agricole3. Sville, aprs Cordoue et Tolde, est devenue une capitale agricole etla Mekke des agronomes 4 . Mais, plus que Sville, c'est son hinterland,l'AIjarafe (transcription du nom arabe a/-Sharaf, qui nous parat avoir constitule laboratoire de la nouvelle agriculture.. Pour montrer cela, nous avons choisideux agronomes, Ibn J;Iajjj (XIe s.) et Ibn al-cAwwam (XIIe s.) qui sont tous lesdeux originaires de l'AIjarafe, et qui ont donn cette rgion, sa rputation dejardin d'essais et d'acclimatation 5.

    On cherchera dans un premier point, situer dans ses limitesgographiques et ses potentialits naturelles, ce haut lieu de la rechercheagronomique andalouse; dans un second point, on tentera de dlimiter lesdomaines explors, de restituer la chane des expriences effectues et d'valuerleur impact sur les pratiq~es paysannes de l'poque. La variabilit et la richessede ces expriences nous feront dcouvrir le rle stratgique du service de larecherche agronomique en Andalousie, un service qui est peu connu, mais dontla vitalit nous parat constituer un des facteurs majeurs de l'explication desprogrs de l'agriculture hispano-musulmane.

    1- LOCALISATION ET POTENTIALITES D'UN SITE AGRICOLE

    L'AIjarafe a constitu, l'poque musulmane, un espace gographiqueet socio-conomique bien dlimit, caractris la fois par son tendue, par lesvarits qui y sont cultives et par son peuplement rural. Son destin est rest

    (3) Le seul crit qui puisse supporter la comparaison avec les traits agronomiquesandalous a t compos plus tard (en 1304), par l'Italien Pierre de Crescens. II s'agit de l'Opusruralium commodorum, traduit en franais sous le titre:" Livre des profits champtres et ruraux" (en1373).

    (4) Sville, qui disposait, d'aprs at-Tipan, d'un enseignement agr.:>nomique, a vus'ajouter ses agronomes locaux (Ibn Ijajjiij, Abu l-khayr), d'autres crivains agronomiques (IbnBassil, Ibn Luenco) qui y ont migr aprs la chute de Tolde (1085).

    (5) Ibn l;Iajjlij a compos son trait agronomique intitul le "Convaincant" (al_MuqmoC) en466/1074. Nous utilisons l'dition arabe critique de ce manuscrit agricole faite par S. Jarrr et J.Ab'tl ~fiyya, cAmman, 1982. Cf, galement, la traduction espagnole de ce trait faite par JuliaMaria Carabaza Bravo. Ibn al Awwim a compos son "Trait d'agriculture" (/Utab al-filha) vers lafin du XII e s. Nous possdons deux sources: la traduction espagnole de A. Banquri (Libro deAgricultura, Madrid, 1802, redit en 1988 par le Ministre de l'Agriculture espagnol), et latraduction franaise de C. Mullet (Livre de l'Agriculture, Paris, 1864-1867, red. Dar Bouslama,Tutlis, 1977). Pour une introduction l'auteur et son trait, cf.la mise au point la plus rcente faitepar E. Garcia Sanchez et E. Hernandez Bermejo (La figura de Ibn al-cAwwin y el significado de su'Tratado de Agricultura" dentro de la Escuela Agronomica antlalusi, in red de 1988, pp 11-46). Nousprfrons recourir le plus souvent au texte arabe pour viter quelques erreurs de traduction.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 7

    troitement li celui de Sville, dont il formera l'assise territoriale, jusqu'aumoment o cette ville s'en dtournera un peu, pour vivre son aventure maritime,coloniale et mercantile 6. En regroupant les indications puises chez leshistoriens, les gographes et les agronomes arabes, on peut situer l'Aljarafe dansses limites topographiques, mais surtout dans ses potentialits naturelles ethumaines, qui ont fait de lui un des hauts lieux de la recherche agronomiqueandalouse mdivale.

    l-Les incertitudes du vocabulaire et des chiffres

    L'Aljarafe (al-Sharaf) signifie en arabe "minence" ou "terrain surlev".Mais, quand on cherche dterminer ce que cette dsignation recouvre au justecomme ralits spatiales, gologiques et pdologiques, on se heurte l'incertitude du 7ocabulaire. Ibn I;Iajjaj parle de la "montagne" de l'Aljarafe(jaba/ a/-Sharaf). Un gographe anonyme nous dcri~ l'ensemble du districtcomme tant situ sur une "colline leve" (tell Ca/i) Quelle que soit laterminologie adopte, le plateau de l'Aljarafe retrouve S1\ position surleve quilui a valu son nom arabe et justifie galement la parabole potique qui a fait delui la "couronne" de Sville 9

    Les renseignements pdologiques, pl~s rares, font de l'Aljarafe unterritoire couvert entirement de terre rouge 1 . Cependant, Ibn Rajjaj relvesurtout l'existence de sols fms, composs de grs et montagneux 11 . Il arriveaussi distinguer dans la vga de Carmona des terres qui se fendillent 12 . Et Ibnal-cAww'fun parle des terrains sablonneux, o il a transplant ses oliviers 13 .Toutes ces prcisions rejoignent les descriptions modernes d'une zone forme desables calcaires avec, localement, des bancs grsifis 14 .

    (6) Pour une tude de l'Aljarafe l'poque 1usulmane, cf. J. Bosch Vil (la SevillaMusulmana 712-1248, pub. Universit de Sville, 1984).

    (7) Ibn I;Iajjiij, d. cAmman, pp 91-92(8) al-Maqqaii, Najh at Fb, d. al-biqai, Beyrouth, l, 1986, pp.153-154.(9) H. Prs, La posie andalouse en arabe classique au xf s, d. Maisonneuve, Paris,

    1953, p.119 (note 1).(10) al-Maqqan, op cit, pp. 153-154.(11) Ibn I;Iajjiij, cit par Ibn al5Awwlim, d. Banquri, 1988,1, p. 358(12) Ibid, p. 42.(13) Ibid, p. 214.(14) M. Dain, Les campagnes de la province de Sville: espace agricole et socit rurale,

    Thse d'Universit, Paris v, 1975, reproduction Lille Ill, 1977, p. 16.

  • '4()HAMED EL FAIZ

    Al-Shaqundpcne S.) dcrit en termes logie?> la fertilit de la rgionet souligne la permanence de son couvert vgtal 1. Les donnes chiffresconcernant la superficie de l'Aljarafe ne sont pas moins incertaines. Elles varientd'une source l'autre. Mais on peut, la suite de J.Bosch Vil, retenir le chiffrede 1.650 Km2 comme superficie approximative l'poque islamique, avec leslimites naturelles suivantes: Marismas au Sud, la vega tu Guadalquivir l'Est, lecours du Guadiamar l'Ouest et l. Sierra au Nord 1 . L'Aljarafe a constitu,durant les phases de la domination musulmane, l'arrire pays agricole de Sville.Ses routes convergeaient vers la ville, accentuant ainsi son rle de greniercralier et fruitier.

    2- Le peuplement rural

    L'Aljarafe apparat comme une rgion de peuplement trs ancien. Dsla prhistoire, ses habitants ont su tirer profit des sols lgers, de la disponibilitdes ressource~ hydrauliques et d'un site surlev par rapport aux rgionsavoisinantes 1 . Al-Shaqundi explique la construction de /'Hispa/is par lafascination que l'Aljarafe aurait exerc sur Jules Csar 18 . L'archologie elle-mme confirme la prsence de nombreuses et riches villas l'poque romaine19. Mais, c'est durant l'poque musulmane que la densit de peuplement sembleavoir atteint des proportions leves.

    Les renseignements disponibles font tat de l'existence dans l'Aljarafe de200 8.91f villages bien peupls, disposant d'habitations agrables et de bainsmaures . Ils apparaissent "~ous leur badigeon de chaux blanche (comme) destoiles dans un ciel d'oliviers" 1.

    C'est dans cet espace, densment peupl et fertile, que les grandspropritaires arabes vont acqurir, ds les dbuts de la conqute, leurs domaines.On peut citer la famille des Banii IJaijaj qui nous intresse dans cette tui~ maisgalement les Banu Khaldiin, les Ban cAbhad, les Banii Balkh, etc. . Cesfamilles ne rsidaient qu'une partie de l'anne Sville et passaient le reste dutemps sur leurs terres.

    (15) al-Maqqaii, op cit, 1, p. 153.(16) J. Bosch Vil, op cit, p. 335.(17) M. Drain, op cit, p. 292.(18) al-Maqqaii, 1 p. 153.(19) M. Ponisch, Implantation rurale antique sur le Bas Guadalquivir, d. De Boccard,

    Paris, 1974.(20) al-Maqqaii: l, pp. 153-154.(21) H. Prs, op cit, p. 121.(22) J. Bosch Vila, op. cit., p.336.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE

    C'est parmi ces familles patriciennes arabes, cultives, riches etdisposant de loisirs, que se recrutent gnralement les agronomes et les "curieux"de l'agriculture bien conduite. Ils travaillent, ct d'autres experts agricoles(appels shuykh), prouver l'hritage agronomique du pass, leperfectionner et rpandre autour d'eux les principes de la nouvelle agriculture.Les fermes et les villages vont servir de cadre l'innovation agricole. On y trouvedes hommes qui travaillent observer, rflchir, exprimenter et adapterun matriel vgtal et des pratiques venues d'ailleurs. Leur curiosit scientifiqueles pousse comparer, apprcier et essayer, ce qui nous autorise lesqualifier de chercheurs agronomes.

    11- L'AUARAFE COMME JARDIN D'ESSAIS ET D'ACCLIMATATION

    Dans l'Espagne musulmane, les jardins ont t l'objet d'une grdilectionparticulire. Les sources historiques font mention ds le VIII sicle del'existence du premier Jardin Botanique andalous, amnag dans le Palais d'ar-Rusafa, construit par Abd ar-Ral].man 1 (138/756-172/788) au Nord-Ouest deCordoue, en souvenir de la Syrie. C'est de ce pays que le Calife omeyyade vafaire venir, grce ses missaires, Yazid et ~afar, un certain nombre desemences slectionnes et de plantes rare~ ~ui, aprs leur acclimatation, vonttre diffuses dans l'ensemble d'al-Andalus .

    9

    Le rle des Jardins Botaniques dans la diffusion des nouvelles plantes vas'affermir davantage au cours des sicles postrieurs, surtout l'poque des Roisdes Tayfas (1031-1094). A Tolde, le mouvement semble avoir connu un dbutd'institutionnalisation pour qu'al Ma'mn Di-n-Nun (435/1043-467/1075)prouve le besoin d'attacher son jardin royal les services d'un mdecinbotaniste (Ibn Wafid) et d'un agronome (Ibn BassaI). Le mme processus peutse reconnatre ailleurs: Sville, Saragosse, Valence, Tortosa et Almria, letmoignage d'Ibn BassaI, rapport par at Tignari, fait tat d'un intense tr~c dessemences rares et des plants d'agrumes entre ces diffrentes principauts 4. Les

    (23) al-Maqqar, op cit, pp. 15-16. Pour l'histoire des jardins andalous, cf. J. Samso, IbnHishiim al-Lakhmy el primer Jardin Botanico en al Andalus, in RIEEJ, 1981-1982; J.E. HernandezBermejo, Approximacion al Estudio de las especies botanicas originariamente existente en los jardinesde Madmat al 'Zahra, in Cuadernos de Madnat al zahr, l, Cordoba, 1987; J. Dickie, The IslamicGarden in Spain, in Islamic Garden, IV, 1976.

    (24) Cf. At-Ti~ai, zahr al bustiin wa nuzhat al adhiin (Fleurs du jardin et promenadede l'esprit), ms D 1260, Salle des Archives, Rabat, fol. 132v. 133r, Pour une mise au point rcenteconcernant cet auteur, cf. E. Garcia Sanchez, AtTignari y su lugar de origen, in A1-Qantara, vol IX,1988, pp.1-11.

  • 10 MOHAMED EL FAIZ

    Andalous ne mnageaient aucun moyen pour enrichir la gamme des vgtauxcultivs en Espagne. Et on se rappellera toujours le comportement du cordouanal Ghazal qui, envoy en ambassade Byzance (IX2! s), est arriv sortir de cepays une varit de figuier prohibe l'exportation .

    A ct des jardins royaux, les jardins de campagne vont servir galementde foyers d'activit scientifique. On doit prciser ici que la varit de grenadiers,importe de Syrie, a t d'abord acclimate dans un village agricole du district deRayyah (prs de Malaga), avant d'tre achemine vers le jardin du Palais Ru~ara.Son nom a perptu le souvenir de Safar, qui a t l'origine de son

    acclimat~on et qui apparat comme un pionnier en matire d'exprimentationagricole .

    L'objectif, dans cette communication, ne vise pas crire l'histoirecomplique des plantes cultives dans l'Espagne musulmane. Mais ce que nousavons dit de cette histoire, nous parat suffisant pour constater que l'Aljarafen'tait ni le premier, ni le dernier jardin d'essais andalous. Il faisait partie detoute une srie de stations agricoles exprimentales qui ont essaim un peupartout en Andalousie et ont t l'origine du renouveau agronomique que cettergion a connu entre le XI et le XIIe s.

    Cependant, l'Alit-rafe se distingue des autres stations par son caractreinformel ou non officiel 7. Ibn l;Iajjiij et Ibn al cAwwam, qui y ont travaill, nesemblent pas avoir exerc leur activit scientifique dans le cadre d'un servicetatique bien institu. L'endroit se prsente comme un espace ouvert oagronomes, paysans empiriques et curieux prouvent leurs connaissancesagricoles, s'observent, se critiquent et s'influencent mutuellement. C'est cettelibert, ncessaire l'exercice de toute activit scientifique ou intellectuelle, quinous paraI[ avoir favoris l'closion de la recherche agronomique et contribu riger, on le montrera, tout un arrire-pays agricole en une ferme modle pourl'Espagne musulmane.

    Parler de l'Aljarafe en tant que jardin d'essais et haut lieu de larecherche agricole revient pour nous, essentiellement, dlimiter les domaines

    (25) Ce cas d.'espionnage agronomique est racont par at-Ti~aridans zahr al-bustan, opcit, fol 74r.

    (26) AI-Maqqan-; II, p. 16.(27) Thomas F. Glick distingue les mcanismes formels Gardins royaux) et les

    mcanismes informels (rle des immigrs orientaux, des manuels agronomiques,etc...) gui ont joucomme agents de la diffusion des nouvelles plantes dans l'Andalousie musulmane (Cf. soncommentaire de l'article de A.M. Watson, The Arab Agricultural Revolution, op cit, p. 76). On peutranger l'Aljarafe parmi les agents informels de la propagation des innovations agricoles.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 11

    explors, restituer les expriences effectues et montrer leur influence sur lespratiques paysannes de l'poque.

    lLa diversit des domaines explors

    La diversit des domaines explors s'explique par l'orientation_~ncyclopdique des ouvrages agronomiques d'Ibn I:Iaiij et d'Ibn al cAwwam. Ils'agit de traits didactiques qui cherchent prsenter, sous une forme simplifieet agrable lire, tout ce qu'un curieux doit savoir sur l'agriculture. L'aspectvulgarisation apparat galement, dans le souci de rpandre parmi lesagriculteurs les principes essentiels de la science agricole. Ibn al cAwwam amme ralis une sorte de "Maison rustique" o le fellah professionnel, commele citadin propritaire, peuvent trouver un guide qui les renseigne sur tous leschapitres de l'conomie rurale.

    Mais, du moment que c'est beaucoup plus l'aspect recherche quel'aspect enseignement qui nous intresse dans cette tude, on doit pouvoir faireressortir uniquement les domaines o nos agronomes ont eu des ralisationspersonnelles. La tche est difficile, mais elle permet de mieux prciser notrechamp d'investigation. D'ailleurs, Ibn al cAwwam nous a un peu aid en faisantprcder chacune de ses expriences par le terme "li" ( moi), ce qui traduit djun effort visant faire de la recherche agronomique une matire brevetable.

    Compte tenu de ces prcisions, les domaines explors peuvent trerpartis de la manire suivante: pdologie, hydrologie, engrais, riziculture,cultures industrielles, lgumes, oliculture, viticulture, arboriculture fruitire,panification etc...L'inventaire de ces chapitres ne saurait tre exhaustif, unexamen plus approfondi nous montrera que le champ d'investigation de larecherche agronomique a t, en fait, plus tendu.

    2-La richesse des expriences effectues

    . Les recherches d'Ibn IJaiij et d'Ibn al cAwwm, bien qu'espaces dansle temps, peuvent tre situes par rapport trois sources fondamentales: le"Trait de la culture des terres" (Kitb filahat al-ard, traduit en arabe en179/795), le"Trait de l'agriculture byzantine" (K al filaha ar-l'miyya, traduit en212/627) et l~"livre de l'Agriculture Nabalenne"(K al filaha n-naba{iyya, traduiten 291/904) . Les deux premires sources reprsentent l'hritage agronomique

    (28) Le premier ouvrage est attribu Anatolius de Berytos (IVC - yC s. ap. J.C.). Lesecond semble avoir t compil par Qs~s, partir de sources grco -romaines et byzantines.Quant au dernier, il a t compil par un agronome babylonien, appel Qutama ( me -IVC s. ap.J.c.), et traduit du syriaque en arabe par Ibn Wa~shiyya (Xe s.). Pour une tude du contenu

  • 12 MHAMED EL FAIZ

    grco-romain et byzantin. Quant la troisime rfrence, elle vhicule lestraditions agricoles de la Babylonie pr-islamique.

    C'est par rapport cet hritage qu'on peut situer la position de nosagronomes, une position qui a t critique, visant soit clarifier et vrifierl'enseignement pass, soit le rcuser en fonction des donnes de l'co-systmeandalous. Ibn al cAwwam affrrme qu'il n'a voulu ret~nir dans son traitd'agriculture que ce qu'il a pu tablir par voie d'exprience 9.

    Compte tenu du nombre important d'observations personnelles et deleur diversit, on peut les regrouper en deux types d'expriences: les expriences caractre gnral, qui ont embrass diffrentes disciplines (pdologie,hydrologie, engrais, etc...), t les expriences caractre spcifique, qui se sontattaches telle ou telle branche de l'agriculture (oliculture, viticulture) dansl'intention d'en amliorer la productivit.

    21- Les expriences caractre gnral

    Dmocrite retient comme critre de la bonne terre son aptitude ne passe fendiller aprs la pluie ou sous l'effet de l'excs de chaleur 30. Ibn l:Iajjiij nousexplique que l'auteur voulait dire par l que le sol ne doit pas tre boueux ou dur.Et il ajoute: "certains m'ont dit: comment le sage Dmocrite pouvait condamner late"e sujette se fendiller, alors que nous voyons le temtoire de la Vega deCannona, qui a une qualit semblable, produire des rendements en bl plus levsqu'ailleurs?". Face cette critique, l'agronome de Sville rpond en relevant queDmocrite n'a dprci cette terre que par rapport des terrains jugs meilleurs.Et il prcise galement que le sol qui se fendille ne doit pas avoir la prfrenceuniquement parce qu'il est plus productif. Car, un grand nombre de cultures etde plantations habituelles n'y russiss~nt pas. Comment, dans ce cas, conclut-il,ne pas lui prfrer d'autres terrains? 1 On le voit, Ibn l:Iajjj oppose un faitd'observation, une conception large de la fertilit des terres. celle-ci ne se rduitpas produire plus d'une seule varit, mais faire prosprer sur un soldtermin le maximum de vgtaux.

    conomique et scientifique de ce trait, cf. notre Thse: Les conceptions conomiques et agro-techniques dans le livre de l'Agriculture nabatenne, 1-11, Facult des sciences conomiques etsociales, Casablanca, 1987.

    (29) Ibn al5Awwm, d. Banquri, 1988, l, p. 10.(30) Il s'agit du Ps-Dmoctrite ou 8olos de Mends, Ile s. av. J.c., qui a crit un ouvrage

    goponique, cit trs souvent par Anatolius et Qustus (Cf. T. Fahd, Matriaux pour: l'histoire del'agriculture en Irak: al Fi/aha an Naba!iyya' in Handbuch der Orientalistik, Leiden, K61n, Brill,1977, p. 373.

    (31) Ibn al-cAwwam, d Banquri, 1988, l, p.43.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 13

    Ailleurs, l'auteur, se basant sur des considrations pdologiques, discutela question de savoir s'il est possible de planter des figuiers dans les intervallesdes vignes. Moins catgorique que Yunis 32 , il affirme que tout dpend de laqualit des sols. Il donne l'exemple des campagnes voisines du Guadalquivir, oil a vu l'opration russir sur des terrains de bonne condition et pourvus d'unabondant suc nutritif. Par contre, sur les coteaux de l'Aljarafe, o le sol estmaigre, form de grs (musta\1s~ et montagneux, la runion du figuier et des-cpages de vigne a t un chec 3. L o le rejet est systmatique, Ibn I:Iajjajintroduit une position plus nuance, appuye sur des arguments pdologiques etphysiologiques.

    Ibn Al5Awwam, pour sa part, nous dit qu'il a russi faire pousser desplants d'oliviers dans un terrain sa~nneux et humide, en le mlangeant avecune bonne terre apporte d'ailleurs . Le principe de "l'amendement de la terrepar la terre" appliqu la rgion de l'Aljarafe, a donc permis notre agronomed'avoir du succs dans un endroit o les essais paysans ont t striles.

    En discutant la conception des anciens concernant' les lgumineuses quibonifient la terre et celles qui l'puisent, Ibn "?ajjiij ne semble pas se satisfaire del'explication qui introduit Rne distinction entre les plantes racines courtes et lesplantes racines longues 5. Partant de l'exemple de la terre coton, il soutientque cette terre, condition d'tre bien prpare par un labour qui la rendmeuble, peut nourrir le coton, et il en reste davantage pour alimenter d'autresplantes. L'action des vgtaux apparat ainsi comme une fonction de l'abondanceou de la raret des rserves nutritives contenues dans le sol.

    Concernant le chapitre de l'hydrologie, Ibn al cAwwam ajoute la listedes eaux nuisibles pour l'irrigation les eaux charges de fer, de soufre et decuivre; il note galement que les eaux ferrugineuses, non seulement ne

    (32) L'identit de Ynis a fait couler beaucoup d'encre. Le partage est aujourd'hui netentre ceux qui confondent Ynius avec l'agronome latin Columelle et ceux qui rattachent ce nomplutt Vindanonius Anatolius. Pour une discussion de cette question, cf. L. Bolens, (Agronomesandalous, op cit, pp. 44-49) et RH. Rodgers (Yunius 0 Columela en la Espana Medieval, in AI-andalus, vol. XLIII, 1978). Il nous semble qu'un dbut de rponse cette question peut se trouve/\'dans la lecture attentive du texte de l'dition arabe critique d'Ibn Ijajjiij. En effet, cet auteur a unpeu sem la confusion, en utilisant le nom complet de Vindanionius Anatolius, tantt sous la formeAnatolius (pp.6 42), tantt sous la forme de Vindan (ionius) (pp. 43 120).

    (33) Ibn al5Awwiim, d Banquri, 1,1988, p. 358.(34) Ibid, p. 214.(35) Ibid, II, pp. 14-15.

  • 14 MHAMED EL FA1Z

    conviennent :fts aux vgtaux, maIS dtruisent les godets des machineshydrauliques .

    La question des engrais a occup, elle aussi, une place importante dansles recherches des agronomes de Sville. On sait, d'aprs Ibn lJajjj, le ~rd casque l'agriculture andalouse faisait de la consommation de la colombine . Maismalgr le dveloppement de l'levage des pigeons, la production des fientesn'arrivait pas couvrir les besoins agricoles. Proccup par ce problme, Ibn alcAwwm est arriv fabriquer un engrais compos qui avait pour avantages lafois de pouvoir se substituer la colombine et d'tre plus efficace que l'engraissimple. Le mode de prparation de ce compost est le suivant: ''j'ai un soir, critl'auteur, runi du fumier compos de djections animales, de balayures desmaisons, de terreau noir pui's dans le fond des poubelles, et des cendres, j'aitendu le tout par terre, sur une mme natte unie et large. Une fois que la pluie esttombe dessus, on l'a coup, avec des pelles, alors qu'il est encore humect. Puis onl'a nettoy des pierres qui sy sont mles, et on l'a mis sous fonne de tas, en lefoulant doucement aux pieds. Aprs des nuits, les tas se sont fissurs et pulvri.~s.Le tout est devenu comme de la colombine. Il en avait la couleur et l'odeu~".C'est cet engrais compos, qu'Ibn al cAwwam nous dit avoir expriment,pendant de nombreuses annes, pour accrotre le rendement des 01ivier9.

    Ibn l;Iajjiij s'est attach, pour sa part, dterminer exactement l'actiondes cendres sur les vgtaux. Il part de l'opinion de Yunis qui affirme que lescendres sont, pour les lgumes, prfrables tous les engrais. L'argument de cetauteur est que la cendre est douce, de nature trs chaude et permet, la fois, denourrir les lgumes etJliminer toute sorte d'insectes qui naissent dans le solsous l'effet du fumier . Cette opinion, vhicule comme une certitude parl'hritage agronomique grco-romain et byzantin, va permettre Ibn lJajjjd'animer une controverse importante, nourrie de connaissances livresques, d'unelongue pratique de l'exprimentation et d'un sens dvelopp de l'observation.

    "Ceci, dit-il, est un produit de l'imagination de Yunis. Car, la cendre estexcessivement sche. Et, du fait de sa chaleur, elle est est dnue d'humidit. Si onla pulvrise sur le sol, ce demier devient maigre, moins humide et s'amincit. Il ny adonc aucune raison amender le sol avec la cendre, sauf celle d'liminer lesinsectes et les vers, plus spcialement. Son action est, de la sorte, semblable celledu mdicament qui tue les animaux. Quand on veut l'employer, on doit la mlanger

    (36) Ibid, l, p. 137.(37) Ibn IJajjlij, d. cArnman, p. 72.(38) Ibn al5Awwiim, d Banquri,l, l, pp.131-132.(39) Ibid, p. 543.(40) Ibid, p. 112. Ibn I;Ijjiij, d cArnmn, p. 112.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 15

    avec un fu1er putrfi et de bonne qualit, de faon annuler l'inconvnient de sascheresse" 1.

    Pour tayer sa critique, notre agronome s'appuie essentiellement sur unfait d'observation: "Comme preuve de ce que je t'ai dis, ajoute-t-i~ il y a les tas decendres qui restent des annes leur place, subissant l'action de l'air et des pluies,sans faire pousser la moindre plante. Ceci est d leur scheresse excessive et leurmanque d'humidit et de graisse (shal)m). Au contraire du fumier dont tu peux voirdes tas exposs l'air et la pluie, et pennettant la croissance d'une multituded'herbes, humides et douces. Cette constatation peu1te prouver que la cendre nesaurait avoir le mme mode d'emploi que le fumier 4 ".

    Ibn I;Iajjj termine son argumentation par la citation d'un proverbehindou~ dit: "Est ignorant celui qu~ dans son jardin, substitue les cendres aufumier" . Ce que l'agronome de Sville conteste, ce n'est pas la valeurfertilisante des cendres, mais c'est la croyance en ce qu'elles puissent constituerdes substituts parfaits aux engrais.

    La rizculture, d'introduction rcente dans l'Espagne musulmane, abnfici, pour sa part, d'importantes recherches visant en faire une des basesde l'alimentation humaine. On connat grosso modo, l'aventure du riz. Originairedes pays d'Asie, il ft introduit en Msopotamie, o les Grecs vont le remarquerds le Ile s. av. J.C44. La formation de l'conomie-monde arabo-musulmane entant qu'espace de circulation et d'change a permis cette crale, exiente eneau, d'entreprendre un voyage qui va la conduire en Andalousie. Ibn ar Awwama consacr tout un article de son Encyclopdie agricole pour discuter de laculture du riz en terrain irrigu. L'expos roule entirement sur l'hritagebabylonien et sur un fond exprimgntal, vhicul par des agronomes andalous,tels qu'Ibn BassaI et Abu l-Khayr4 . L'auteur a tenu associer l'Aljarafe cequ'on peut dsormais appeler l'aventure hispano-musulmane du riz. ''J'ai, dit-il,sem dans l'Aljarafe les bons grains du riz, vtus et non vtus. En prenant soin debien les arroser chaque jour, ils ont tous pouss. Aprs, je les ai repiqus sur dessillons en ados et sur des rigoles d'irrigation. J'ai rpt, plusieurs reprises, laculture du riz, et chaque fois la rcolte a t abondante. Il y avait seulementquelques brins qui, ne marissant qu'en hiver, taient perdus. le pense donc que

    (41) Ibid. p.U3.(42) Ibid.(43) Ibid.(44) A.M WatsonjAgricultural innovation, op. cit, p.IS.(4S) Ibn aL5Awvi3m,d. C. Mullet, II, pp. 54-62.

  • 16 MHAMED EL FAI?

    lorsqu'on sme pour le repiquage, il faut le faire au mois de dcembre. Souv~t, ilest bon de semerplus tt, parce qu'alors, la graine profite en partie de la pluie ".

    Dans d'autres passages de son ouvrage agronomique, Ibn al-cAwwamnous fait part de ses expriences marachres et floricoles. Il nous parle desconcombres et cornichons qu'il a cultivs dans un prs de l'AIjarafe, et qui ontrussi trs bien. Pour nuancer l'opinion selon laquelle le rosier ne supporte pasl'eau en abondance, l'auteur n'hsite pas le cultiver sur les canaux principauxd'irrigation pour conclure, enfln, au succs de l'opration47

    La culture du safran a fait, quant elle, l'objet de soins particuliers de lapart d'Ibn al-cAwwam qui lui a consacr plusieurs essais: "j'ai, dit-il, plant avecsuccs, le safran dans un' te"ain de l'Aljarafe; j'en ai plant galement dans levillage d'al-liyyara, l'Est de Sville, o il a russi. Cependant, le rsultat tmeilleur sur l'Aljarafe. Dans cette rgion, j'ai fait un autre essai, en te"ain nonO"os, l'ombre des "~viers. Pendant plusieurs annes, le safran a continu fleurir chaque saison .

    On peut multiplier les exempl~~ d'expriences effectues dans d'autresdomaines: phytosanitaire49, culinaire etc. Cependant, si la rechercheagronomique a t pluridisciplinaire elle saura faire de certaines branchesd'activit agricole (oliculture, viticulture) son terrain privilig.

    22-Les expriences caractre spcifique

    On connat l'importance de l'olivier et de la vigne, culturesmditerranennes par exellence, dans l'conomie de l'Espagne musulmane.Plusieurs expriences ont touch ces branches d'activit et l'arboriculture demanire gnrale, visant amliorer leur productivit.

    (46) Ibn al5AwWiim , d Banquri, II, pp 58-59.(47) Ibid, pp. 1, p570.(48) Ibid, II, p.1lO.(49) Ibn al-cAwWiim raconte qu'il a vu sur l'Aljarafe de jeunes oliviers et figuiers qui sont

    tombs malades et ont commenc perdre leurs feuilles. Pour les gurir, notre agronome leur avaitconfectionn des espces de protections circulaires (m~!ib), qui ont couvert le tronc jusqu' unehauteur de 4 empans (O,924m). Ce prodc a permis l'amlioration de la condition de ces arbres(Ibn al5Awwam, d. C. mullet, p. 576). L'auteur recommande cette recette pour tous les arbres

    t~ols.(50) Ibn al_cAwwiim nous dit qu'il a fait prparer chez lui une semoule (a~da) faite de

    farine de panic. Il en a mang une partie et le reste a servi le soir mme confectionner un pain, quia cuit au four commun. Le rsultat a t un pain tendre et moelleux (Cf. Ibn aI5AwWa'm, d.Banquri, II, p. 76).

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE

    a-Les expriences et observations olicoles.

    17

    Les chroniqueurs arabes ont t unanimes souligner la densit dusemis des oliviers dans l'Aljarafe. Cette rgion a constitu le plus grand centrede productigi et d'exportation des produits olicoles de toute l'Epagnemusulmane . Et il parat normal que les agronomes de Sville lui consacrentlle part importante de leur enseignement agricole et l'essentiel de leurs effortsen matire de recherche agronomique.

    Ibn Rajjaj a t le premier agronome andalous avoir pos la questiondes origines de l'oliveraie de l'Aljarafe. Il part de l'opinion de Yunius qui affirmeque tout arbre multipli de ses semis, donnera des fruits pareils ceux de sonespce, sauf l'olivier~ui, propag de ses noyaux, fera natre une espce appeleQutiun (ou kotinos) . Le commentaire de ce fragment de texte mrite, enraison de son importance, d'tre cit in extenso: ''J'ai, crit Ibn Rajjaj, constatl'exactitude de cette assertion. Car, chez nous Sville, sur la colline de l'Aljarafe,les oliviers, malgr leur multitude, la densit de leur semis et le grand nombre deleurs noyaux qui tombent par terre, je ny ai jamais vu- et personne ne m'a infonnqu'il y a vu -un plan d'oliviers pousser spontanment sur son sol. Par contre, on ytrouve beaucoup d'arbres de l'espce appele Qutinun. Ils poussent entre les petitsarbres et ceux plus grands, qui ont subi le greffage. Ce qui indique que, dans leurmajorit, ils proviennent des noyaux d'oliviers. Mais Dieu est le plus savant!

    Toutefois, je ne prtends pas que les espces qutinun proviennent, dansleur ensemble, de l'olivier et qu'il ny a pas un arbre qui n'ait cette origine. Mais jedis qu'il y en a beaucoup sur les terres montagneuses et les terres dures qui sereproduisent des noyaux d'olivier, comme on peut aussi y voir se multiplier deschnes, des caroubiers et des espces analogues.

    Je ne nie pas galement que la propagation de l'olivier puisse se faire partir de ses noyaux. J'ai pu le constater dans la maison de l'un de mes frres, quivit Cordoue. Mais je dis que, dans la majorit des cas, c'e~ l'espce Qutinun(sauvage) qui en provient, confonnment l'opi! ion de Yunius 3".

    (51) J, Bosch Vila, op cit, p. 334.(52) Ce mot a t souvent transcrit par Quartinun ou Quartanun ( C. Mullet, l, p. 145 et

    d. cAmman, p. 91). En ralit, il faudra lire Qutinun ou Qutinus, ce qui nous rapproche del'origine grecque de ce mot, qui signifie olivier sauvage (kotinos). L. Guyot et P. Gibassier, Lesnoms des arbres, PUF, "Que sai.s-je", 1966, p. 92.

    (53) Ibn Hiiilj, d CAmman, pp 91-92.

  • 18 MOHAMED EL FAIZ

    Si on considre ce commentaire commt; une rponse la question desorigines de l'oliveraie de l'AIjarafe, on peut relever que l'hypothse de la crationhumaine l'emporte largement sur celle de la cration naturelle. Ibn l;Iaiiaj,inspir par Yunis, envisage la possibilit d'amliorer l'olivier sauvage par lebiais de la technique de la greff.i' Il pense qu'il y a mme l le moyen d'arriver une production plus rapide 5 . Ce qui rduit davaL....~e l'hypothse de lagnration spontane de l'oliveraie de l'AIjarafe, et donne l'effort humain unrle important dans la cration de la richesse olicole de cette rgion.

    Parlant du mode de propagation de l'olivier par la gemmule (cajuz)55 ,Ibn al cAwwam, appuy sur l'autorit d'Abu 1- Khayr, affirme que c'est de cettemanire l que s'est effectu le transfert des plants d'olivier nord-africams enEspagne, aprs que la grande scheresse ait endommag les arbres de ce pays56 .At-Tignari, qui confirme cette thse, fait remon51r la date de cet vnement, auxpoques de la domination romano-wisigothique .

    Que faut-il conclure de toute cette discussion? On peut, nous semble-t-il, retenir deux faits importants: d'une part, l'oliveraie de l'AIjarafe a bnficid'un effort continu visant la multiplier et en amliorer la production; d'autrepart, tout le patrimoine olicole andalous a trouv, en Afrique du Nord, durantles moments de crise naturelle, une des sources de sa regnration.

    Sans trop nous attarder sur la question des origines, considrons lesrecherches accomplies dans le domaine olicole. Ibn J:laiiiij accorde beaucoupd'intrt la slection des plants destins propager l'olivier. Rapportantl'opinion de Yunis qui dit que les vieux plants, dont l'corce est fissure, sontdifficiles faire pousser, il ajoute: "la croissance sera difficile, tant qu'ils ne sontpas pourvus de gem"gtfe. Si celle-ci existe, le semis sera bon et deviendra plusrapidement productif ". Il nous raconte qu'il est arriv planter une boutureaffecte de sa gemmule. Il l'a dpose, couche dans une fosse, et l'a couv~rteentirement de terre. Le plant a bien repris, donnant un arbre productjjJ9 .Concernant les affirmations de Samans et du Ps Dmocrite, qui exigent que la

    (54) Ibid, p. 91.(55) C. Muller confond loupe ujra) et gemmule ajuz). Pour la traduction des termes

    botaniques, nous prfrons nous appuyer sur le dictionnaire bien document de M. Chhabi(DicdOnlUlire Franais-Arabe des termes agricoles, le Caire, 1957).

    (56) Ibn al_cAwWm, d. Banquri, l, pp. 240-241.(57) At-Tif'lari, op. cit; folSO.(58) Ibn Hajjj, d Amman, p. 89.(59) Ibid., p. 97.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 19

    bouture soit grosse, lisse, et d'une certaine hauteur, notre agronome introduit desamendements bass sur sa propre exprience60.

    Il nous explique que les paysans de sa rgion refusent de recourir d'autres modes de propagation de l'olivier (exemple: brins fms, bouture sansgmmule, etc...), cause de la lenteur de la croissance de cet arbre. Ils prfrentchoisir les grosses branches, pourvues de gemmule, et ayant la hauteur de 7coudes et plus (plus de 3 m). Ils les enfouissent dans des fosses profondes, sansles repiquer et sans chercher ce qu'elles soient lisses. Leur seul so~ci estqu'elles disposent de ce bourgeon de l'embryon, qui ressemble des oeufs 1.

    On le voit, tout le systme de la slection des plants semble sedterminer par rapport une logique productiviste qui cherche obtenir desoliviers dont la fructification est abondante et rapide.

    Au sujet des fosses destines recevoir les semis d'olivier, Ibn l;Iaiiajnous informe que beaucoup de gens les font larges, carres, et y dposent 4plants, chacun dans un coin. Ainsi, ils peuvent en repiquer deux ou trois quand ilsle veulent. ''J'ai, ajoute l'auteur, trouv frquemment cette fonne de plantation surla colline de l'Aljarafe, surtout dans l'endroit appel al-Ibjlt. Mais je n'approuvepas cette faon de faire et je ne la trouve pas bonne62 .

    Ibn al-cAwwam conseille de creuser les fosses un an avant d'y mettre lesplants d'olivier. On doit les raliser le plus large, le plus profond et le plus longpossible. L'auteur, qui part ici de sa propre exprience, justifie les dimensions dela fosse par la volont d'ameublir le terrain, de telle manire qu'on ait le moinssouvent besoin de piocher autour des jeunes plants, et de courir le risqued'endommager les racines 63

    Concernant l'emplacement des oliviers, Ibn l;Iaiiaj note que les paysanssont unanimes dire que l'exposition aux vents leur est favorable. D'o l'intrtde les planter sur les montagnes et les coteaux qui ne sont pas frquemmentenneigs. Car l'olivier n'aime ni le gel, ni l'ar glac, ni la chaleur excessive.Toutefois, il doit bnficier d'un ensoleillement suffisant 64

    Quant au respect de l'orientation des vents dans la disposition des arbresde l'oliveraie, notre agronome essaie de convaincre une frange de la paysannerie

    ----------_.. ---

    (60) Ibid.(61) Ibid, p. 59.(62) Ibid, p. 92.(63) Ibn al- CAwwiim, d. Banquri,I, p.242.(64) Ibn J:lajjij, d cAmmin, p. 87.

  • 20 MOHAMED EL FAIZ

    qui prtend que cette prescription est dnue de sens. Il avance commeargument son observation personnelle du comportement des figuiers de sargion65.

    S'appuyant toujours sur leur propre exprience, Ibn Haijaj et Ibn alAwwm conseillent toute une srie de mesures visant amliorer les procds decueillette des olives (cueillette la main et non au bto?;ghoix d'un jour o il nepleut pas, prcision de date de mrissement, etc...) . Ces prcautions,ajoutes ce que nous avons dit prcdemment, nous permettent d'avoir uneide moins approximative de la richesse du programme des recherches olicolesdans la rgion de Sville.

    b) Les expriences et observations viticoles

    La viticulture a constitu une des branches privilgies de la rechercheagronomique andalouse. Ibn Haijaj a t le premier agronome avoir introduitdans son enseignement la riche exprience des viticulteurs de Tolde, surtoutdans le domaine de la taille des vignes basses 67 . Plus tard, Ibn al5 Awwamajoutera cet hritage les connaissances acquises par les vignerons de la rgionde l'AIjarafe.

    Discutant la question relative au choix de l'poque de plantation desvignes, Ibn Haijaj relve deux opinions qui s'affrontent: la premire estreprsente par Oustus qui se prsente comme tant l'auteur de larecommandation de planter en automne, plus prcisment au mois de novembre;la seconde est dfendue par Yunius et Marsyal, qui choisissent pour poque debouturami le printemps (mois de fvrier), quand les boutures commenent pousser .

    Si Oustus justifie son choix par diverses causes (aridit du climat, effetdu froid sur les jeunes plants,etc...), l'affirmation des autres crivainsagronomiques est reste, quant elle, sans preuves suffisantes. C'est Ibn Haijajque va revenir la tche d'tayer cette affirmation, par des arguments nouveaux,puiss dans sa propre exprience: "La position de Yunius et Marsyal ce sujet,

    dit-i~ me plat beaucoup. Je la prfre celle de Qustus, bien que ce qu'avait dit cedernier soit bon. La cause de cette prfrence, c'est que l'poque de la plantationdes brins, branches clates et boutures, doit tre faite quand ils sont pleins de sveet d'humidit acqueuse, parce que dans cet tat, ces fluides se portent vers la partie

    (65) Ibid, al.cAwwam, d.Banquri, I.p. 207.(66) Ibid, pp. 244-245; Ibn Hajjaj, P. 55.(67) Ibn Hajjaj, p.IO!.(68) Ibn al5Awwm, d. C Mullet,pp.329-330.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 21

    infrieure, se mettent en contact avec la terre vgtale, et que par la suite, seproduisent les racines. Par cette raison donc, je donne la prfrence la demireopinion pour tout ce qui doit tre plant sans racines, par ce motif qu'il faut que lebrin p-rpduise ses racines et sa souche l'aide de la matire sveuse qui en est labase,6Y.

    L'auteur considre qu'en automne, l'humidit des boutures est sonniveau le plus bas, d'o l'intrt de planter la vigne au printemps, bien que,ajoute-t-il, la plan1ation automnale soit possible, comme l'avaient exprimenteQustus et d'autres 0 .

    Concernant le mode de plantation des vignes, Ibn Hajjaj distingue sur labase de l'enseignement de Yunius, deux formes de bouturage: la bouture enfosse (hufra) et la bouture en tranches (jawnah, khandaq). Si la premireconvient aux bonnes terres, la seconde, plus complique, est plutt recommandepour les terres chaudes et les terres grasses. Notre agronome considre latechnique de la plantation par tranche, dcrite longuement par Yunius, commetant la meilleure et la plus perfectionne. "Cependant, prcise-t-iJ, les gens denotre pofffe ddaignent ce genre de travaux peifectionns, cause de leurpnibilit" 1.

    Cette remarque fait apparatre clairement la conception qui a prsid,dans l'Andalousie musulmane, au choix des techniques agricoles. Les techniquesne sont pas slectionnes uniquement en tenant compte de leurs performancesinternes, mais surtout par rfrence leur capacit d'conomiser ou non l'efforthumain.

    Au-del du choix des boutures et de leur mode de plantation, Ibn Hajjaja concentr l'essentiel de son activit scientifique dans la recherche des moyenssusceptibles de faire voluer les procds de la taille, usits dans les vignoblesandalous. S'intressant au temps convenable l'mondage de la vigne, l'auteurretient, pour la rgion de Sville, l'poque qui va de dcembre mars commetant favorable cette activit. Il prcise, tout< fois, que les deux premiers moissont prfrables, du fait que la sve ne circule pas encore dans les branches.Mais, ajoute-t-il, comme on a peur des retombes du froid et du gel, beaucoupde gens vitent cette poque. Les vignerons, quant eux, rejettent la taille au

    (69) Ibid. Nous avons quelquefois modifi la traduction initiale, en nous appuyant sur letexte arabe (d.Banquri, pp 352-353).

    (70) Par "autres", l'auteur veut problablement dsigner Ibn Bassl qui a fait sienne cetterecommandation.

    (71) Ibn al_Awwim, Banquri, l, p. 356.

  • 22 MHAMED EL FAIZ

    mois de mars, et optent plutt pour celle de fvrier, qui permet d'viter deuxinconvnients majeurs, savoir le gel et l'abondance de la sve72.

    Ibn l:Iajjj fait remarquer aussi que les vignerons de sa rgionpratiquent, au dpart, une taille lgre, quitte y revenir une seconde fois.,fourempcher que les jeunes bourgeons ne soient endommags par le froid . Ilrecommande aussi de ne pas tailler pendant les jours de neige. Car, l'mondagede la vigne cette poque, en plus de sa difficult, risque de provoquer la fissuredes rameaux et de les affaiblir. Il cite comme argument supplmentaire letmoignage d'Abu I-Qasim b. Hamadin qui, ayant t fait prisonnier durant septans par les Byzantins, a vu les vignerons de la rgion de Constantinopleinterrompre leur activit quand l'air devient trop frais74

    L'auteur, se basant toujours sur la pratique des viticulteurs de la rgionde Sville, distingue deux manires de tailler la vigne: la premire, appelemuftis, consiste laguer les boutures, sans excs et de faon modre (muctadila); la seconde, appele mu~a"af (dvi), se prsente comme une pratiqueplus profonde de l'lagage. C'est d'ailleurs elle qui semble avoir eu la f~'1ur desviticulteurs, parce qu'elle est la fois facile et accessible tout le monde .

    Si on veut savoir dans quel secteur de la viticulture Ibn ~aiiiij a le plusbrill, ont peut, sans risque de se tromper, dsigner le domaine de la culture dela vigne basse. D'ailleurs, l'auteur lui-mme le reconnat, en rappelant qu'en cequi concerne la rdaction de ce chapitre, il ne s'est servi d'aucun enseignementdes anciens crivains agronomiques. Car, ces derniers ont parl de manire trsinsuffisante de ce sujet.

    En l'absence de connaissance se rapportant la taille de la vigne basse,notre agronome s'est appuy sur troi~ sources essentielles: l'hritage espagnollocal transmis aux Musulmans; l'opinion des habitants de Tolde, dont tout lemonde s'accorde pour dire qu'ils sont les plus informs dans ce domaine et, enfmun groupe de vignerons experts, qui vivent dans la rgion de Sville et qui onteux-mmes reu leur formation auprs de vieux sages. J'ai, dit-il, rapport tout cequ'ils ont dit, et li ~e mtier (a~-~inaca) un ensemble de rgles (qnn, canon)sages et ordonnes 6.

    (72) Ibn I;Iajjaj, pp. 99-100.(73) Ibid,p. 99.(74) Ibid, p. 100.(75) Ibid, p. 101.(76) Ibid.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 23

    Cet ensemble de rgle11 ce "canon" viticole, sera, plus tard, reprisentirement par Ibn al-cAwwam . Sa lecture nous permet de reconnatre Ibnl;Iajjiij au moins deux mrites: le premier, c'est d'avoir recueilli les pratiques desvignerons andalous, pratiques qui, sans lui, seraient certainement perdues; lesecond est que, pour ce qui concerne le chapitre spcifique de la taille de la vignebasse, il a t le premier, en Andalousie musulmane, fIXer les arcanes d'uneconnaissance nouvelle.

    L'auteur, convaincu du rle de la vulgarisation, cherchait galement amliorer les procds viticoles de son poque. Il nous cite l'exemple d'un paysan"qui prtend matriser l'art de l~ taille et qui s'imagine que ses connaissances sontexcellentes dans ce domaine" 8 . Ce vigneron, chaque fois qu'il trouve unebranche nouvelle poussant dans le large espace laiss par les rameaux fructifres,la coupe un niveau gal celui des anciens rameaux. ''Je lui ai recommand,crit Ibn Rajjaj, de ne pas faire cela, en lui disant: ''je crains que si tu l'galisesavec les autres la premire anne, elle se torde du fait de sa finesse et de salongueur, et se recourbe en bas, sans atteindre le niveau ~~ autres. Mais, il n'avoulu rien entendre. Alors, je l'ai laiss dans son ignorance" .

    Souvent, l'enseignement des agronomes de Sville fait rfrence l'existence de poches de rsistance paysanne au progrs de la nouvelleagriculture. Le combat d'Ibn J.fajjj contre l'ignorance paysanne, repris peuprs dans les mmes termes par Ibn al-cAwwam, pose la question de savoir queltait le degr de propagation des innovations agro-techniques dans le milieurural andalous. Rappelons, toutefois, pour relativiser cette question, quel'AIjarafe apparat, dans les descriptions de nos agronomes, comme uneppinire de paysans clairs, d'experts agricoles et de chercheurs spcialiss, quitravaillent l'amlioration des mthodes culturales. C'est grce aux effortsdploys par ces hommes, que cette rgion est devenue un espace de crativit etl'un des hauts lieux de la recherche agronomique hispano-musulmane.

    Un auteur, M.R. Delatouche, qui a ..hoisi de traiter du thme de larecherche agronomique dans l'Occident mdi\al, n'a pas manqu de relever lecaractre paradoxal de son entreprise; "on ny peut, crit-i~ nommer peu prsaucun chercheur, dater et attribuer prcisment ~cune dcouverte importante, neciter qu'un nombre infime d'ouvrages techniques.' 0

    (71) Crispo Moncada, Sul taglio della vite d'Ibn al-cAwwam..., in Actes du VIII congrsdes Orientalistes, Estocolmo, 1889, vol,. II, p. 215-257.

    (78) Ibn I;Iajjaj, p. 104.(79) Ibid.(80) M .R Delatouche: "L'empirisme mdival", in Les aspects et les tapes de la recherche

    agronomique en France (1761-1961), Acadmie d'Agriculture de France (96.p), sd, p.2.

  • 24 MHAMED EL FAIZ

    Par rapport cette indigence, on peut considrer commeparticulirement fconde, notre investigation dans le domaine andalous. Ici, cene sont ni les chercheurs, ni les dcouvertes qui manquent. Nous avons voulurestreindre notre sujet et ne pas parler des ralisations dans les domaines de lagreffe, de la fcondation du palmier, et de l'arboriculture de manire gnrale.Mme L. Bolens, qui a tudi de rle de la greffe dans la mtamorphose desjardins andalous, a not, chez nos agronomes, l'existnce d'une sorte de "dlireinventif', et de "passion de l'invention agronomique" 1. Nous pensons que cesexpressions peuvent, sans exagration, qualifier tous les dfenseurs de la nouvelleagriculture qui ont fait de l'Aljarafe un espace d'change culturel et un foyer decrativit agricole.

    CONCLUSION

    Au terme de cette tude, on peut dgager quelques conclusionsessentielles: l'Aljarafe, grce ses potentialits naturelles, sa proximit de lamtropole culturelle qu'tait Sville, et, grobablement aussi, la qualit de sonpeuplement humain, est devenu, aux XI _XIIe s., un haut lieu de la rechercheagronomique hispano-musulmane. Les chercheurs agronomes, tels Ibn I:Iaiij etIbn al-cAwwam qui nous ont servi de modles, ne semblent pas avoir bnficid'un encadrement tatique ou d'un mcnat officiel. Ils sont arrivs, avec desmoyens rduits, explorer un nombre impressionnant de domaines. La curiositscientifique, elle seule, ne suffit pas pour tout expliquer. Et on peut imaginerles retombes bnfiques sur la recherche agronomique occasionnes par ledveloppement d'un secteur agro-exportateur (huile, coton), et la croissance dela demande des villes. D'un agronome l'autre, il nous a t possible de suivrel'volution des mthodes culturales, l'enrichissement de l'hritage agronomiqueancien, la rcupration et l'amlioration des pratiques agricoles locales.

    L'tude de l'Aljarafe comme jardin d'essais nous permet gaIement deposer, nouveau, la question du rle des manuels agronomiques dans ladiffusion des pratiques de la nouvelle agriculture en Andalousie. MA. Watson,qui a eu le mrite de soulever ce problme, a conclu au rle secondaire jou parces manuels. Il justifie son jugement par l'apparition tardive des traitsd'agronomie et leur vulgarisation de prceptes connus par les paysans clairs"(enlightened peasants)". L'auteur considre, qu'au XIes., la rvolution agricoletait.dj un fait accompli82 .

    (81) L. Bolens, op. cit., p. 290.(82) A.M. Watson, The Arab AgriculturaJRevolution, op. cit., pp. 31-32.

  • L'ALJARAFE DE SEVILLE 25

    Rappelons que le thme de l'ignorance paysanne a constitu le cheval debataille de la plupart des agronomes andalous. Ce qui montre que le progrsagricole n'a pas t un fait aussi accompli qu'on le pense. Il a toujours fallu auxagronomes dvelopper des efforts continus pour vaincre la rsistance paysanneau changement et faire triompher les prceptes d'une agriculture rationnelle etbien conduite.

    L'exemple de l'Aljarafe est parfaitement loquent cet gard. Il nousmontre comment, avec [malement peu de moyens, Ibn J:la.aj et Ibn al-cAwwmont pu contribuer, non seulement la prosprit agricole de leur rgion, maisaussi participer un mouvement plus ample, qui fait de la priode du XI-XIIe s,le moment andalous dans la marche gnrale du progrs agricole. Il faudraattendre le XVIe s. pour que les Handres et les Pays-Bas deviennent, leurtour, des zones de crativit agronomique et contribuent ces progrs dcisifsqui feront de l'Angleterre, plus tard, le pays de la rvolution agricole.

    Mohamed El FaizFacult des Sciences Economiques et Sociales, Marrakech.

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  • Hesperis Tamuda, Vol. XXIX, Fasc 1. (1991), pp. 27-46.

    UN VIAJE DEL CONDE DE EXPILLY A TETUAN

    Mariano Arribas Palau

    En los primeros meses de 1793, el conde de Expilly, aventurero quehabia intervenido unos aiios antes en las negociaciones de paz entre Espafia yArgel en forma un tanto tortuosa y fraudulenta 1, estaba preparando un viaje aTetun.

    Este aventurero estaba ya completamente desacreditado en Espaiiacuando el conde de Floridablanca fue sustituido por el de Arandt como primersecretario deI Despacho y de Estado, a fmales de febrero de 1792 .

    No habian pasado desapercibidos los preparativos deI conde de Expilly,pues el gobernador de Cdiz, Joaqufn de Fonsdeviela, que en su jurisdicci6ntiene sometidos a los franceses a una estrecha vigilncia, recibe aviso de que unode ellos, llamado Esteban Croucet, habfa salido hacia Algeciras, llevando consigo"papeles y otras cosas perjudiciales".

    (1) Sobre la actuaci6n deI conde de Expilly en las negociaciones de paz entre Espaiia yArgel en 1785, 1786 Y 1787, cf. Manuel Conrotte, "Espaiia y los paises musulmanes durante elministerio de Floridablanca", Madrid, 1909, pp. 160 ss.

    (2) Cf. Manuel Conrotte, ob. cit. , pp. 181-184. El conde de Aranda sustituyo al deF10tidablanca al frente deI gobierno el 29 febrero 1792. A su vez el conde de Aranda fue sustituidopor Manuel Godoy, duque de la A1cudia, el 15 noviembre 1792. Cf: Antonio Ballest~ros y Beretta,"Historia de Espaiia y su influencia en la Historia Universal", tomo V, Barcelona, 1929, pp. 249 y251.

  • 28 MARIANO ARRIBAS PALAl

    Immediatamente escribi6 Fonsdeviela al conde de las Lomas,cornandante general dei Campo de Gibraltar, para que solicitase el arresto,embargo y reconocimiento de los papeles dei referido Croucet.

    En virtud de esta petici6n, se procede a un escrupuloso reconocimientode todos los documentos que se le encuentran a Croucet, de los cuales noaparece ning(m motivo de sospecha. A pesar de dlo, se le mantiene en arresto y,a solicitud dei conde de las Lomas, quedan detenidos en Gibraltar algunosefectos que el mencionado Croucet llevaba en el falucho portugus en queefectuaba el viaje. Estos efectos son: chocolate, caf, azUcar y bacalao.

    Croucet manifiesta que llevaba estas efectos para regalar en Marruecosde parte dei conde de Expilly, el cual debfa pasar tambin a Marruecos "parapracticar algunas diligencias relativas a entablar la paz con nuestra corte" 3.

    Al saber el gobernador de Cdiz que no ha aparecido nada sospechosoen los papeles de Croucet, autoriza que se le devuelvan, asf coma todos losefectos de su pertenencia.

    Sin embargo, Fonsdeviela expresa al conde de las Lomas sus reservassobre la presunta misi6n dei conde de Expilly, dicindole: "No la s, pero debodudar de que el conde de Expilly tenga comisi6n de nuestra corte para tratar dela paz entre sta y Marruecos" 4.

    A mediados de abril dei referido ana llega al puerto de Tetuan un barcoportugus procedente de Tarifa, a borda dei cual va el conde de Expilly con unreducido squito. Expilly es acogido por el gobernador de Tetuan, Mu~ammad b.'Utmn 5, que toma en seria la misi6n de aquel aventurera y da cuenta de ella aMawly Sulayman6.

    (3) He recogido en el apndice documentaI al final deI presente estudio, con el num. 1, lacopia de la carta en que el conde de las Lomas da cuenta a Joaquln de Fonsdeviela de las gestionesrealizadas en relaci6n con Esteban Croucet.

    (4) He recogido en el apndice documentaI, con el num. 2, la copia de esta carta deJoaquin de Fonsdeviela al conde de las Lomas.

    (5) Muhammad b. Utman habla sido designado por Mawlay Sulayman gobemador deTetun y encargado de Jas reJacones con Jos c6nsules europeos a finales de 1792. Cf micomunicaci6n Muhammad ibn Utman designado gobemador de Tetun a finales de 1792, enHespris Tamuda, vol. II,(1961), fasc. l, pp. 113-127.

    (6) La fecha exacta de la lIegada dei conde de Expilly a Tetun es el 17 de abril. Asi 10comunica Mu~ammad Mufaqqal a Jos de Urrutia en carta dei 23 de abril, a la que pertenece elsiguiente parrafo: "aquy bino un barco portogez de Tarifa la Semana pasada a 17 dei corriente con un

  • UN VIAJE DEL CONDE DE EXPILLY A TETUAN 29

    Entre las autoridades espafiolas, el primera que se entera de la llegadadeI conde de Expilly a Tetun y de la acogida que le dispensa el gobernador de laciudad es Jos de Urrutia, gobernador de Ceuta, al cual se la comunica unconfidente que tiene en Tetun, llamad~MuhammadMufaddal. Urrutia da parteinmediatamente al duque de la Alcudia .

    Poco despus le llega la noticia' al c6nsul espafiol Juan Manuel GonzlezSalm6n, a quien informa del casa el confidente que tiene en Tanger, JuanManuel Gomez, secretario deI Consulado de Portugal. Este dice a Salm6nhaberse enterado de que el dia 140 ellS de abri! habfa llegado a Tetun a bordode un barco portugus un personaje al pareeer de consideraci6n, espafiol y enposesion del tftulo de conde, enviado por la corte de Espafia a una comisi6nreservada.

    Made Gomez que al llegar este personaje a Tetun se presento a Ibn'Utman, el cual dio cuenta por escrito a Mawlay Sulayman. El correo portadorde esta carta pasa por Tanger de regreso el 23 por la noche, diciendo queMawliy Sulaymiin se habfa alegrado mucho de la llegada de este personaje, peroel correo no ha podido traslucir ni quin es ni el objeto de su viaje.

    Aunque el consul Salmon ignora igualmente la identidad de la personaque ha ido a Tetun, se le ocurre que tal vez pudiera tratarse del conde deExpilly, que habfa llegado a Cadiz procedente de Lisboa y luego se habfaausentado. Salm6n se interesa entonees por averiguar su paradera y as consigueenterarse de que el referido Expilly se habfa embarcado en un falucho portuguscon destino a Gibraltar y Tetuan, llevando consigo una pequefia comitiva yalgunos afectos que habfa pedido prestados para regalarlos a los marroqufes, conmotivo de la comision que pretendfa tener de ir a negociar la paz entre Espafia yMarruecos.

    Salm6n habfa elaborado un plan que permitirfa a Espafia entablarnegociaciones comerciales tanto con la parte de Marruecos sometida a Mawly

    caballero y dos personas mas y un criado y estan muy Bien apozentados En poder dei Gobernador BenHotoman y estan en un xard6n muy bien gustozos y la mand6 al Rey que se halla en el Alcazar, porquedizen que en poco tiempo pasara por aquy". Obsrvese que en esta carta se menciona a "uncaballero", pero sin citar sil nombre. La identificaci6n de este caballero como el conde de Expilly esposterior.

    (7) Jos de Urrutia se limita a enviar al duque de la AIcudia la carta de su confidenteMuhammd Mufaddal citada en la nota anterior, sin ninglin comentario por su parte. Cf: Crta deJos de Urrutia al duque de la AIcudia dei 27 abril, en A.H.N. (Archivo Historico Nacional,Madrid), seccion de Estado, legajo 4329.

  • 30 MARIANO ARRIBAS PALAL

    Sulayman como con la que reconoda a MawIay Hi~am. Este plan habla recibidola aprobacion de Carlos IV. Como la gestion de Expilly es opuesta a dicho plan,Salmon esta convencido de que el mencionado Expilly no tiene ningunaautorizaci6n oficial, por 10 cual pide instrucciones acerca de 10 que debera hacer,en la seguridad de que le sera facit conseguir de los marroquies que no prestenoldos a las proposiciones que pueda hacerles Expilly e incluso lograr que 10xpulsen de Marruecos 8.

    Joaquin de Fonsdeviela, gobernador de Cadiz, se entera por Salm6n dela llegada a Tetuan de un personaje espaiiol que es conde y va a tratar de la paz.Entonces Fonsdeviela comunica al duque de la Alcudia las gestiones realizadaspara averiguar el motivo deI viaje deI francs Esteban Croucet a que antes hemosaludido y el resultado de las mismas, 10 que le obliga a considerar posible que elconde de Expilly est comisionado realmente por la corte de Espaiia. Por ellopide instrucciones al duque de la Alcudia, con objeto de evitar que su actuaci6n yla dei consul Salm6n p'udieran interferirse con la deI conde de Expilly, en el casade que sta sea oficial 9.

    Poco despus puede confrrmar Salm6n, por las noticias que recibe deTanger y de Gibraltar, que el individuo r8cibido en Tetun en calidad deembajador de Espaiia es el conde de Expilly 1 .

    Una nueva confrrmaci6n de que el presunto embajador espafiol enTetuan es el conde de Expillr la proporciona el c6nsul de Venecia en Tanger,Giacomo Girolamo Chappe 1, el cual se ha enterado igualmente de que dicho

    (8) Cf. carta num. 27 de Juan Manuel Gonzalez Salm6n al duque de la Alcudia, dei 30Abril, en AH.N., Estado, leg. 4330.

    (9) Cf. carta de Joaquin de Fonsdeviela al duque de la Alcudia dei 30 abril, en AH.N.,Estado, leg. 4329.

    (10) En carta num. 28, dei 3 mayo, en AH.N., Estado, leg. 4330, Juan Manuel GonzalezSalm6n dec1a al duque de la Alcudia: "(...) y segun 10 que me escriven de Gibraltar y Tanger en esteultimo correo, se ha realizado mis sospechas relativas al sl/geto que arriv6 a Tetuan y de quien habl aY.E. en mi carla y n anterior, asegurandome es efectivamente el Conde Spily que pas6 ally conComisi6n de Esa corte, segUn el mismo ha vociferado; a que aiiade el Moro Talhe Amar Yob que unEmbaxador de Espaiia quedaba en Tetuan, que como, a Tai se le obsequiaba y que el GovemadorBen Othaman 10 escrivio inmediatamente a Muley Soliman. (...)'~

    (11) Sobre el c6nsul Chiappe puede verse el art1culo "Mo~ammed ben Abdallah e leRepubbliche Marinare" dei Prof. Enrico de Leone, en Veluo, num. 4 (1963), pp., 665-698,especialmente pp. 683-7 Y 697-8; as! como mi comunicacion "Datos relativos a la actuaci6n deGiacomo Girolamo Chiappe en los aiios 1790 a 1792", presentada al III Congresso di Studi Arabi eIslamici (Ravello 1966) y recogida en las Actas deI mismo, Napoli, 1%7, pp. 113-120.

  • UN VIAJE DEL CONDE DE EXPILLY A TETUAN 31

    individuo se habla escapado de Cdiz lIeno de deudas. Estima Chiappe que Ibn'Utman se engaiia con respecta a Expilly, a quien debi6 conocer en Madrid ~n supoca de grandeza, pero debe ignorar 10 ocurrido con l posteriormente 1 . Elc6nsul de Venecia se resiste a creer que la corte de Espaiia haya elegidoprecisamente a una persona de tales antecedentes, ya conocida y despreciada porla misma corte, para enviarla a Marrujcos, sobre todo porque comprende que nose necesita ni hay asuntos que tratar 1 .

    Al enterarse de la lIegada deI conde de Expilly a Tetun, de la comisi6nque pretende tener y de la forma en que es acogido por Muhammad ibn 'Utman,el duque de la Alcudia se apresura a comunicar al gobernador de Ceuta y alc6nsul Sa1m6n que dicho E~illy no tiene ninguna comisi6n de la corte deEspafia para negociar la paz con Marruecos, encargando a Urrutia que 10 hagasaber aSI a Ibn 'Utman y le insinue la conveniencia de hacer salir de Tetun alconde de Expilly. A Salm6n le dice que procure desvanecer la impresi6n que lalIegada de EWilly haya podido causar y trate de lograr que 10 expulsen deMarruecos 14. Adems, coma en Madrid no se ha dado comisi6n alguna aExpilly, ni para Marruecos ni para ninguna otra parte, el duque de la Alcudiaordena al gobernador de Cdiz que se prosigan las averiguaciones iniciadas soreeste asunto por medio de Esteban Croucet y que se tenga a ste en seguridad .

    Por su parte, Juan Manuel Gonzalez Salm6n se conftrma en laconclusi6n de que no es posible que se hubiera conftado a Expilly ninguna misi6ncerca de Mu4ammad ibn 'Utman, porque ello seria opuesto a la rigurosaneutralidad que Espaiia quiere mantener frente a los dos principes pretendientesal trono de Marruecos, Mawly Sulayman y Mawliiy Hi~am, y porque las 6rdenesque le habla transmitido el duque de la Alcudia "no admiten la verosimilitgd deque se puedan entablar otras por distinta mana diametra1mente opuestas" 1 .

    Esta conclusi6n, a la que lIega el c6nsul espaiiol aun antes de recibir lasimpresiones de Chiappe en el mismo sentido y la posterior confrrmaci6n deI

    (12) Vase 10 que dedamos de l al comienzo deI presente estudio y las notas 1y 2.(13) Cf. carta de Giacomo Girolamo Chiappe a Juan Manuel Gonzlez Salm6n fechada

    en Tanger el 7 mayo 1793, en AH.N., Estado, leg. 4330.(14) Cf. caft!1 dei duque de la A1cudia a Jos de Urrutia dei 7 mayo 1793, en AH.N.,

    Estado, leg. 4329, y otra de la misma fecha a Juan Manuel Gonzalez Salm6n, en AH.N, Estado, leg.4330.

    (15) Cf carta dei duque de la A1cudia a Joaquln de Fonsdeviela dei 7 Mayo 1793, enAH.N., Estado, leg. 4329.

    (16) Cf. carta num. 29 de Juan Manuel Gonzlez Salm6n al duque de la A1udia, deI 10mayo, en AH.N., Estado, leg. 4330.

  • 32 MARIANO ARRIBAS PALAU

    duque de la Alcudia, le obliga a tomar las medidas que estima necesarias paracontrarrestar el efecto que la pretendida misi6n de Expilly a Tetun ha debidoproducir.

    Para ello escribe al general 'Abd al-Ralpnan b. N~ir Yal gobernador deSaf, M~ammad b. al-Kahiya Alpnad, partidarios de Mawly Hisam,comunicndoles tener noticia de que habia llegado a Tetun un cristiano, "que sedice ser francs 0 italiano", el cual pretendia tener comisi6n de la corte deEspaiia para tratar con los marroquies. Abora bien , como Carlos IV quieretratar con la mas perfecta igualdad a los principes hijos de SayyidiMu~ammad b.'Abd Allah, conducta que "observara inviolablemente", Salm6n advierte que nose debe dar crdito a los rumores que puedan diflligarse por Marruecos conmotivo de la llegada del referido cristiano a Tetun 1 .

    Por los informes que le envian Juan Manuel G6mez y GiacomoGirolamo Chiappe, el c6nsul espaiiol adquiere, como hemos visto, la certeza deque es el conde de Expilly el individuo que ha ido a Tetun con la pretensi6n deestar comisionado por la corte de Espaiia para tratar con Marruecos.

    Entonces aprovecha la ocasi6n de haber recibido dos cartas deI nuevogobernador de Tanger, Hyy A1)mad al-Dalim, en que le participa sudesignaci6n para este cargo y le hace diversos ofrecimientos, para contestarleprevinindole la desconfianza con que se debe oir al cristiano francs 0 italianoque ha ido a Tetun, mientras que por el contrario debe atenerse a 10comunicado por Salm6n en una carta deI dia 3, en la que se confirma la igualdadde trato dada por Espaiia a los principes pretendientes al trong de Marruecos,que Alpnad al-Dalimi conoce muy bien por experiencia propia 1 .

    (17) Cf. copia de carta de Juan Manuel Gonzalez Salmon a cAbd al rahman b. N~ir dei 7mayo 1793, en A.R.N., Estado, leg. 4330.El texto de la carta cursada por Salmon al gobemador de Safi es casi idntico, segUn manifiestaSalmon al duque de la Alcudia en carta num. 29, citada en la nota anterior.

    (18) Cf. carta num. 30 de Juan Manuel Gonzalez Salmon al duque de la Alcudia, dei 10mayo 1793, yanexos nums. l, 2 Y3 a la misma: cartas de Ahmad al DalimT a Salmon dei 2 y 7 Mayoy copia de la respuesta de Salmon dei 10; todas en A.H.N., Estado, leg. 4330.El hayy Ahmad al-Dalim habfa ido a Espaiia coma embajador de Mawlay Hisam. Llego a Cadiz el31 maya 1792, permaneciendo a1H hasta el 30 julio, sin que se le autorizara a ir a Madrid ni se lereconociera caracter de embajador. A titulo particular fue atendido y obsequiado durante supermanencia en Cdiz. Al regresar a Marruecos desembarco en Larache y se puso a las ordenes deMawliy Sulayman. Cf. mi estudio "Una embajada marroquf enviada a Espaiia en 1792", Tetuan,1953, y mi articulo "Nuevos datos sobre la embajada de Mu~ammad al Dalim (1792), en Tamuda,

  • UN VIAJE DEL CONDE DE EXPILLy A TETUAN 33

    Y, por ultimo, tambin escribe Salmon a Muhammad ibn 'Utmandicindole haber tenido noticia de que se habia presentado en Tetuan uncristiano, al parecer francs 0 italiano, ~l cual, pretendiendo estar facultado paraello por la corte de Espafia, habia tratado reservadamente con el propiogobernador Ibn 'Utman sobre puntos relativos a la paz, por 10 cual se habiaescrito a Mawlay Sulayman, afiadiendo los informes recibidos por Salmon que elreferido cristiano habia sido obsequiado por el gobernador de Tetun,considerandolo comisionado por la corte de Espafia.

    Salmon pone en guardia a Ibn 'Utman para que no se deje sorprenderpor "proposiciones que no vayan apoyadas y lcgitimadas con los docu~entos quese requieren para entrar en negociaciones de esta naturaleza", aunque estapersuadido de que la experiencia y talentos de Ibn '~tman no darn lugar a eUo.Y le reitera 10 que le decfa pocos dias antes 1 respecto a la neutralidadespafiola, afiadiendo que Espafia no necesita enviar a nadie para tratar de la paz,porque s610 ha estado en guerra con los marroquies durante el reinado deMawlay al-Yazid y desde la muerte de ste los ha tratado como amigos a todos,habindose dado orden de suspender las hostilidades contra eUos y de desarmarlas fuerzas maritimas preparadas par atacar los buques y los puertosmarroquies20.

    Al recibir Salm6n la comunicaci6n dei duque de la Alcudia en que st~le dice taxativamente que el conde de Expilly no tiene ninguna comisi6n oficialespafiola y debe procurarse que 10 expulsen de Marruecos, el c6nsul espafiol sedirige nuevamente a Ibn 'Utman confirmandole su carta anterior, dei dia 10, ydicindo1e que despus de enviada aqulla ha sabido que el cristiano a que en lamisma se alude es el conde de Expilly y que, enterado de eHo Carlos IV, le hahecho saber por medio del duque de la A1cudia que el citado Expilly no tieneninguna "comisi6n ni encargo para pasar a Marruecos y menos para tratar ennombre de S.M." con los principes marroqufes sobre ningUn asunto. Por eso, y enel supuesto de que sea el conde de Expilly el cristiano que se ha presentado a Ibn

    II (1954), PP. 9-32. Posteriormente el hayy Ahmad al-Dah.ni fue nombrado gobemador de Tanger,cargo al que se incorpora el 25 Abri11793.

    (19) En carta fechada el 3 mayo. No se conserva su texto, pero sabemos que es similar alde otras y se reduce a que Espafla desea seguir manteniendo la mas estricta neutralidad con losprincipes marroqufes, contra la cual se han esparcido falsos rumores de haber enviadoembarctiones a Mazagan y Safi, y que, en vista de las peticiones formuladas por los principesmarroqufes para que se autorizara el comercio entre Espafla y Marruecos, Carlos IV habfa resueltopermitirlo tanto a los espafloles como a los marroqufes.

    (20) Cf. copia de carta de Juan Manuel Gonziilez Salm6n a Muhamm1d b. CUtman deI 10mayo, en A.H.N., Estado, leg. 4330.

  • 34 MARIANO ARRIBAS PALAU

    'Utman y le ha dicho que iba con aquella comisi6n, entiende Salm6n queconvendr expulsarlo de M~ruecos para que sirva de ejemplo a cualquier otroque intente hacer 10 mismo 1.

    En parecidos trmino~ escribe el c6nsul Salm6n al gobernador deTanger, hyy~ad al-Dalim"i 2.

    Salm6n envia esta carta y la dirigida a Ibn 'Utman al c6nsul de Veneciaen Tanger, al cual encarga que se ocupe de cursar la destinada a Ibn 'Utman porconducto pronto y seguro y de entregar la de A1?mad al-Dalim"i, explicndole sucontenido.

    Tambin encarga a Chappe que procure deshacer la impresi6n quehaya podido causar en los marroqufes la pretendida misi6n de Expilly,hacindoles comprender que el (mico comisionado espaiiol para entender en losasuntos de Marruecos sigue siendo Salm6n.

    y fmalmente pide a Chappe que ste interponga su influencia para quese expulse de Marruecos a Expilly, suprimiendo asf la oportunidad de que sigaengaiiando a este pais, si e~ue 10 ha intentado suponindose comisionado paratratar por parte de Espaiia .

    La respuesta de Ibn 'Utman no se hace esperar. Al contestar a laprimera carta de Salm6n dice el gobernador de Tetuan que el conde de Expillyno ha manifestado nada de 10 que le han contado a Salm6n respecto de tratar dela paz, ni 10 ha pretendido ni ha hablado de ello; y, si 10 hubiera intentado, Ibn'Utman no se 10 hubiese permitido, ya que no hubiera tratado con l ni con nadieque no estuviera debidamente autorizado para ello.

    A su vez Ibn 'Utman se sorprende de que Salm6n haya podido darcrdito a 10 que le han dicho sobre este asunto, siendo asf que terifa la absolutaseguridad de que el visitante carecfa de autorizaci6n para ello.

    (21) Cf. copia de carta de Juan Manuel Gonzlez Salm6n a Mu~ammad b. 'Utmiin dei 13mayo, en AH.N., Estado, leg. 4330.

    (22) De su carta al gobemador de Tanger no considera necesario Salm6n enviar copia alduque de la Alcudia, por ser en sustancia de igual contenido que la dirigida a Ibn cUtmiin citada enla nota anterior. Cf.carta num. 32 de Juan Manuel Gonzlez Salm6n al duque de la Alcudia, del 14mayo, en AH.N., J;.stado, leg. 4330.

    (23) Cf. copia de carta de Juan Manuel Gonzlez Salm6n a Giacomo Girolamo ChiappedeI 13 mayo, en AH.N., Estado, leg. 4330.

  • UN VIAlE DEL CONDE DE EXPILLY A TETUAN 35

    Asi, pues, resume la cuesti6n en la forma siguiente: El conde deExpill14 dijo que habia ido a ver el pals y a recorrer la tierra, como hacfan otraspersonas notables. A Ibn 'Utman le pareci6 conveniente honrarlo, hospedarlo yatenderlo durante su estancia en Tetun, como es costumbre, sobre todo porqueprocedia de Espatia. En cuanto. a la renovaci6n de un tratado, es asuntoreservado al criterio de los respecti~ monarcas y habrfa que esperar a unmomento propicio para ambas partes .

    En respuesta a la segunda carta de Salm6n, reitera Ibn 'Utman queExpilly no se le habia presentado como un comisionado ni como un enviado, sinoque simplemente habia ido a Tetun, como otras gentes, con un compatiero y uncriado, sin llevar consigo ninguna carta ni procuraci6n ni cosa de qu tratar. Sihubiera querido hablar de algo sin estar debidamente autorizado, no se lehubiera escuchado. Y en caso de haber presentado alguna autorizaci6n, Ibn'Utman la hubiera enviado a Salm6n para que ste le informara acerca de suvalidez. Por consiguiente, es falsa la noticia que ha originado las dos cartas deSalm6n y no se le puede dar ninglin crdito 26.

    Sin embargo, esta vez no se pueden dar por buenas las afrrmaciones deMuhammad b. 'Utman, el cual no quiere admitir ante Salm6n haber sidosorprendido en su buena fe por el conde de Expilly. Buena prueba de ello latenemos ,n 10 que el canciller deI Consulado de Francia en Sal, Mure dePelanne 2 dice a Salm6n el 18 de mayo.

    Segun Mure, M:fgwlay Sulayman le habia enviado a su secretarioMU9ammad al-HalanaWi para que le hiciera la traducci6n de la carta enviada

    (24) Ibn CUtman no 10 Hama por su nombre en esta carta sine en la forma imprecisa "estehombre", igual que Salm6n 10 denominaba en la suya dei JO mayo "un cristiano, de naci6n al parecerfrancs 0 italiano", con la misma imprecisi6n.

    (25) Cf. carta de Mu~ammad b. CUtman a Juan Manuel Gonzalez Salm6n dei 5 sa~11207/16 mayo 1793, que he recogido en el apndice documentai con el num. 3.

    (26) Cf. carta de Mu~ammad b. CUtman a Juan Manuel Gonzalez Salm6n dei 7 sa~11207/18 mayo 1793, que he recogido en el apndice documentai, con el num. 4.

    (27) De l me he ocupado en mi comunicaci6n "La ayuda prestada a Espaiia por elcanc1Her Mure de Pelanne en 1791 y 1792", presentada al Il Congrs International d'Etudes NordAfricaines, celebrado en Aix-en-Pprovence dei 27 al 29 noviembre 1968, y publicada' en las Actasdei mismo, Aix-en-Provence, 1970, pp. 31-44.

    (28) Citado por E. Lvi- Provenal en Les historiens des Chorfa, Paris, 1922, P. 404, comosecretario de Mawlay Sulaymiin.

  • 36 MARIANO ARRIBAS PALAU

    por Salm6n ai gobemador de T~~er el 10 de mayo y tambin de la que le habladirigido el gobemador de Cadiz .

    Mure puso todo su empeiio en traducir la carta de Salm6n de formaexacta y enrgica, subrayando la falsedad deI aventurera que habla ido a Ibn'Utman como si fuera un enviado del gobiemo espaiiol, especialmentecomisionado para tratar de la paz y de otros asuntos importantes.

    Asegura Mure que le ha costado trabajo persuadir que aquel hombre,que se creia era francs 0 italiano, era un aventurero y que por ning(m conceptoestaba comisionado por el gobierno espaiiol, insistiendo Mure en que la (micapersona encargada de los negocios de Espaiia con Marruecos era Salm6n, sinque desde el nombramiento de ste como c6nsul hubiera intervenido nadie masen las negociaciones entre los dos paises. A esta le replicaron que Mu1}ammad b.'Utman era hombre de experiencia y no podia concebirse que se hubiese dejadoengaiiar hasta el extremo de haber regaIado a aquel individuo un hermosocaballo y de haberle hecho un donativo de trescientos pesos fuertes en monedacontante y sonante. Mure objeta que esta era una prueba fehaciente de que taIhombre era un aventurero, porque un oficial 0 cuaIquier otra persona quetuviera sentimientos de honor no hubiese admitido un regalo en dinero.

    Tambin comunica Mure a Salm6n que Expilly habla dicho a Ibn'Utman que, como Mawlay Sulaymn habla escrito a Espaiia insinuando quefueran los comerciantes y los buques espaiioles a los puertos sometidos a sudominaci6n, con objeto de reanudar las relaciones comerciaIes, l habla sidoenviado para saber c6mo serian recibidos los buques espaiioles en los puertosmarroquies. En respuesta, Mawlay Sulayman habla expedido 6rdenes a todos suspuertos para que los buques espaiioles fueran recibidos con l~misma distinci6nque en tiempo de su parde, SayyidiMu1}ammad b. 'Abd Allah .

    El gobemador de Tanger confirma a Salm6n haber enviado a MawlaySulaymn su carta relativa ai conde de Expilly. El Principe le habla contestadoque este individuo no habla ido a tratar nada, sino a distraerse, como hadanotros; en este concepto habla sido tratado, pero que no se entrarla en

    (29) Ya nos hemos referido a esta carta de Salm6n al gobernador de Tanger. Cf. Nota 18.En cuanto a la dei gobernador de Cdiz, no he podido encontrar copia ni referencia de ella.

    (30) Cf: "Extracto de 10 que escrive Mr. Mure de Rebat en 16 y 18 de Mayo de 1793",anexo a carta num. 37 de Juan Manuel Gonzlez Salm6n al duque de la Alcudia, dei 28 mayo, enA.H.N., Estado, leg. 4-330.

  • UN VIAJE DEL CONDE DE EXPILLY A TETUAN 37

    negociaciones con nadie sin tener en qu fundarse y que por esta no debia tenerSalm6n ningful recelo 31.

    A esta carta responde Salm6n expresando la satisfacci6n que ha sentidoal saber que eran falsos los rumores circulados sobre la fmalidad perseguida porExpilly al trasladarse a Marruecos y que no habia sufrido ningful engaiio elgobernador de Tetuan, como hubiera ocurrido de ser ciertas las informacionesrecibidas de varios puntos de Marruecos. En Cadiz se ignoraba por completa elasunto, ya que Expilly se habia ausentado de la ciudad con el Mayor sigilo,pasando a Tarifa, donde se embarc6 en un falucho que 10 llev6 a Tetuan, .dejandoclicho en el puerto de Tarifa que iba encargado por la corte de Espaiia paratratar deI establecimiento de la paz con Marruecos. Ahora bien, Salm6n tenia eldeber de informar a los marroquies acerca de la falsedad de 10 dicho por Expilly,asi coma deI delito cometido por ste al asegurar, sin raz6n, que estabacomisionado por una corte tan respetable como 10 es la de Espaiia, y por eso hadado lo~ pasos oportunos para conseguirlo, con 10 cual quedaba concluido elasunto ~ Y en trminos parecidos escribe tambin Salm6n a M~ammad b.'Utman 3-,

    El conde de Expilly sale de Tetuan a mediados de mayo y a causa deImal tiempo se ve obligado a detenerse en Ceuta. El gobernador de la plaza, Josde Urrutia, habia recibido la comunicaci6n dei duque de la Alcudia en que leordenaba avisara a Mu~ammad b. 'Utman de que eI conde de Expilly no tenia

    (31) Cf. copia de carta de Ahmad al Dalimi a Juan Manuel Gonzalez Salmon del 25 mayo1793, en AH.N., Estado, leg. 4330. Mure de Pelanne confirma a Salmon la actitud de MawlaySulayman expresada por el gobernador de Tanger. En efecto, Mure habla lIamado al secretario alHakmavVry le habla traducido 10 que Salmon le comunicaba acerca de la supuesta mision de Expilly,encargandole que 10 trasladara a conocimiento de Mawly Sulaym'l1n, seiialando que el unicoencargado por Carlos N para entender en los asuntos de Marruecos era Salmon. Dos dfas despus,al HakmaM' lIevo a Mure la respuesta de Mawlay sulaymal . SegUn sta, Ibn CUtman no habia dichonunca que Expilly esluviera encargado por el gobierno espaiiol de ninguna negociacion conMarruecos; que si ese individuo habfa ido a ver a Ibn Utmn no tenla nada de particular "que ste lehiciese alguna atenta demostracion, con motiva de haberle Vislo y conocido en Europa "; y, por ultimo,que sabla muy bien que Salmon era el unico encargado de los negocios de Espaiia en Marruecos ysolo a l le reconocfa esta calidad. Cf. traduccion de la carta de Mure de Pelanne a Juan ManuelGonzalez Salmon deI 7 Junio 1793, en AH.N., Estado, leg. 4330.

    (32) Cf.copia de Juan Manuel Gonzalez Salmon al Hyy A~mad al Dalim7 dei 1 Junio1793, en AH.N;, Estado, leg. 4330.

    (33) Cf.copia de carta de Juan Manuel Gonzalez Salmon a Mu~ammad b. Utmn dei 1Junio 1793, en AH.N., Estado, leg. 4330.

  • 38 l'vl,,,,UANO ARRlBAS PALAU

    ninguna comisi6n de la corte de Espafia y le sefialara la convenienia deexpulsarlo dei pais 34 y habfa dado cumplimiento a 10 que se le ordenaba 3 .

    Sin embargo, sin darse por entendido de ello, Urrutia traba conversaci6ncon Expilly sobre la supuesta comisi6n de ste a Tetun. Entonces Expilly leentrega un documento para que 10 lea. A Urrutia le parece de extraordinariointers cuanto dice el documento y 10 hace copiar, enviando la copia al duque dela Alcudia.

    El documento se titula "Declaraci6n de S.M. el Emperador deMarruecos Muley Soliman traducidaliteralmente dei Arave al Idioma Italiano,estampada y publicada de orden de Su Ministro Mahamet Ben Otman" y vaacompafiado de una relaci6n sobre los "Motivos que han causado el rompimientoentre S.M. y el Rey de Marruecos Sidi Muley Aliaacit, que fue muerto en laBatalla que tuvo con su hermano Muley Icham que le disputava el Imperio el 14de Febrero de 1792". Constituyen una critica de la actuaci6n dei c6nsul JuanManuel Gonzlez Salm6n y Urrutia los envia al ministro de Estado porque leconsta "que en la Berberfa no estan Don Manuel y Don Antonio Salm6n bienopinados". Por eso, por haber oido de labios de varios marroqufes que laconducta de los hermanos Salm6n en Marruecos no habfa sido "regular" y portemer que podrfa ocurrir "alguna desgracia" si volvian a Marruecos los reJgridoshermanos Salm6n, Urrutia somete el casa a la consideraci6n dei ministro .

    Unos meses mas tarde llega a manos de Antonio Gonzlez Salm6n,vicec6nsul de Espafia en Tanger, un ejemplar de este manifiesto, cuyo contenidoconsidera falso y producto de los manejos dei conde de Expilly en Tetun, por 10que, en atenci6n a los perjuicios que puede acarrear a Espafia, insinua laconveniencia de ordenar que se recoja 37

    Juan Manuel Gonzlez Salm6n envia al duque de la Alcudia la carta desu hermano Antonio, indicando que el manifiesto en cuesti6n habia circulado porCadiz en fechas anteriores, pero no habfa crefdo necesario distraer con l la

    (34) Cf.carta de Jos de Urrutia al duque de la Alcudia deI 14 mayo 1793, en AH.N.,Estado, leg. 4329. En eHa acusa recibo a la deI 7 (citada en la nota 14) y promete avisar a Ibn Utmiin"en primera ocasi6n".

    (35) Cf. carta de Jos de Urrutia al duque de la Alcudia deI 18 mayo, en AH.N., Estado,leg.4329.

    (36) Cf. carta de Jos de Urrutia al duque de la Alcudia deI 21 mayo 1793 y copias anexas,en AH.N., Estado, leg. 4329.

    (37) Cf. carta de Antonio Gonzlez Salm6n a Juan Manuel Gonzlez Salm6n dei 2septiembre 1793, num. 23; en AR.N., Estado, leg. 4330.

  • UN VIAJE DEL CONDE DE EXPILLY A TETUAN

    atenci6n deI ministro, si bien apoya la pet~i6n dei vicec6nsul de Espalia enTanger respecto a la recogida deI manifiesto .

    Estos son los datos que he podido encontrar relacionados con el viajeefectuado por el conde de Expilly a 1etun en abril y maya de 1793.

    ,Apndice documentai

    Num.!

    El conde de las Lomas a Joaquin de Fonsdeviela. San Roque 18 marzo1793.

    A.H.N., Estado, /eg. 4329

    (C 0 pia)

    Ecmo. Senor. =Havindose praticado el mas escrupulosoreconocimiento de todos los papeles encontrados al Francs Estevan Cruzet noha parece de eIlos motivo de sospecha; pero no obstante subsiste arr] restado, ydetenidos en Gibraltar, en consecuencia de reclamaci6n mfa algun chocolate,caf, Az6caT YBaca11ao, que trafa en el Falucho Portugus, el expresado sugeto,cuios efectos dice lIevava de regalo a Marruecos de parte dei Conde Espilly,quien le parece devfa pasar igualmente alti, 1ara practicar algunas diligenciasreIativas a entablar la Paz, con nuestra corte, y a fm de proceder yo en esteasunto, conforme al mejor servicio dei Rey, espero se sirva V.E. manifestarme 10que le pareciere , y el mot