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•sommalre Mars 1986
KAIlMlDossier de presse: 3/86
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4447
5862
50664874
A. HAJJIA. LAABI
H. TAARJI
F.Z. EL BOUABA. SIJILMASSI
ESPACE JUNIORSPour ou contre les devoirs à la maison M.F. JAMAL ALAOUILettre ouverte : « Secouons-nous les puces»
CULTURE _Exclusif: Abdelkebir KhatibiA voix basse: Ghita Bent OmarPoème: «Je souffre l'amour»Lectures
BEAUTE - MODELa danse orientalePlantes, à vos masques
FEU VERTL'amitié entre les sexes: un rêve réalisable
FEMININ - PLURIEL _Pour 600 DH par mois H. TAARJI 4'<Une partie de passe-port F. BENABDENBI 12Ah ! les femmes madame... A. AYOUCH 9·Le 8 Mars, symbole de la lutte des femmes k SKALLI 17Le 8 Mars, où ça s'trouve "7 T. HADRAOUI 19Elles bougent: Derrière la blouse, le cœur H. TAARJI 14Si le ménage m'était compté N. SKALLI 20
Directeur de la PublicationNoureddine AYOUCH
Directrice DéléguéeRachida BENNIS
Responsables de la RédactionAdil HAJJIHinde TAARJI
EnquêtesTouria HADRAOUI
Chefs de RubriqueMarie-France ALAOUIFattouma BEN ABDENBIFatém-Zahra EL BOUAB
CollaborateursChérifa ALAOUIAmina AYOUCHMohamed Fouad BENCHEKROUNAbde;rahim BER RADANejib BOUDERBALAAicha CHENNAMichel ConstantinNoureddine EL AOUFIRachida ENNAIFERSouad FILALFatéma GALLAIREGhislain RIPAULTJocelyne LAABIAbdellatif LAABIAbdelaziz MANSOURIFatéma MERNISSIDriss MOUSSAOUIAmina SAIDKhadija AL ZEMMOURI
Directrice ArtistiqueKarima TAZI CALLY
AssistantHassan FETHEDDINE
PhotographesHamid ZEROUALIJalil BOUNHAR
Responsable de la PublicitéKhadija M'BIRKOU
IMPRESSION :SONIR
KALIMA : 18, Rue Ibn Vala - CasablancaTél: 36.24.89
MIEUX - ETREL'allaitement Dr A. BALAFREJ 68
27742
2226
30N. EL AOUFI
A. BER RADAT. HADRAOUI
N. BOUDERBALA
A L'AFFICHECourrier des lecteursLe voyage de SindbadLe débat est ouvert
BOUTIQUE DU DROIT _La répudiation en Droit-Musulman MarocainDes femmes flouées
L'ECONOMIE EN QUESTIONSTouche pas à ma bonne
Dépôt légal nO 36/1982
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KAIIMAiCOURRIER DES LECTEURS
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Assez du mâle-maître et de lafemelle-objet
J'ai le grand plaisir de vous écrire afinde vous féliciter d'abord pour "idée dela publication d'une telle revue etensuite et surtout pour le contenu. Onnous a toujours habitué à trouver dansles revues ({féminines» (quand elles existent) des conseils de bonnes ménagères, des recettes de beauté et de cuisineet des histoires d'amour futiles. Ce toutne contribuait qu'à perpétuer l'universoù on a placé la femme: futilités surfutilités. Je ne suis pas une féministeacharnée contre le mâle ni contre lasituation de femmes au foyer mais contre le mâle-maître et la femelle-objet.Votre revue répond à mes aspirations...
Melle Bouchra Moussaoui,Casablanca
J'ai tellement de choses àdire...
Aujourd'hui je viens d'acheter le premier numéro de KALIMA. J'en suis tellement satisfaite que j'ai pris mon stylopour participer à la rubrique «Feu-vert».
J'ai tellement de choses à dire que jene sais plus par quoi commencer. Voussavez, être femme au Maroc, c'est nepas pouvoir vivre au Maroc. Notresociété est une société d'hommes etnon d'hommes et de femmes. Unhomme peut faire tout ce qu'il veut danssa vie et personne ne lui reprocheraquoique ce soit. Quand à la femme, onne lui donne pas le droit d'avoir des sentiments, je veux dire d'exprimer des sentiments, de déclarer aimer quelqu'unpar exemple. Pour être acceptée par lasociété, elle ne doit rien exprimer, elledoit rester passive, même quand elle faitl'amour avec quelqu'un.
Notre société est tellement basée surla séparation des deux sexes que dèsqu'on se trouve à l'extérieur de chez soi,aussi bien l'homme que la femme nepensent qu'à se séduire. Ils ne peuventpas imaginer qu'un homme et unefemme puissent avoir une relation amicale exactement comme celle qui existerait entre deux femmes. Voilà un dessujet que j'aimerais bien voir abordédans cette rubrique de même par exemple que celui de la situation de la femmesur le marché de l'emploi ... Très bonnechance à KALIMA.
Farida, Tétouan
Au nom des célibatairescireurs, balayeurs, chômeurset autres...
Une copine étudiante m'a prêté votrerevue que j'ai lue avec beaucoupd'attention et de soin pour ne pas salirle papier luxueux qui a servi de supportà l'impression. Je n'ai pas pu l'acheterpersonnellement parce que 8 DH c'esttrop cher pour moi chômeur diplômé.Votre article sur le célibat masculin esttrès intéressant, aussi intéressant queles photos qui l'accompagnaient. Ainsivoilà l'image du célibataire marocain :jeune, plein de vie, bien dans sa peau,habitant un bel appartement, disposantd'une belle cuisine bien équipée, etlisant le monde. Moi, le «Monde», je nepeux pas l'acheter, il coûte cher, je lepique à un copain qui ressemble à celuiqui est sur la photo. C'est dommage,votre article est très intéressant, maisles célibataires cireurs, balayeurs, chômeurs, garçons de café, chaouchs,maquereaux, et autres sous-hommes dela même espèce ne le liront pas parcequ'il ne les concerne pas. Comme ne lesconcernent pas les belles nenettesqu'on voit sur les photos très chics,habillées mode machin, joliment pouponnées, elles ne se marieront pas avecles célibataires crados que j'ai cité cidessus. Non, celles-là sont promise~ àdes messieurs chics et pleins de fric quilisent KALI MA...
Un célibataire chiimeur
RéponseTouché. Vous avez tout à fait raison.
Les célibataires décrits dans notre articles ne sont en rien représentatifs descélibataires marocains dans leur ensemble. Ceci dit, nous n'avons jamais eu laprétention de les poser en tant que telet nous avons pris le soin de le préciserdans notre introduction. Il va de soi quela question du célibat peut être abordéesous différents angles et l'aspect économique n'est pas des moindres. Nousne méconnaissons pas la réalité des célibataires cireurs, balayeurs, chômeurs etautres, loin de là. Elle est cependanttrop importante pour faire l'objet d'unsimple survol. Des articles lui serontconsacrés ultérieurement.
Une dernière remarque: quels quesoient les propos tenus, l'anonymat nese justifie jamais. Ayez Je courage devos opinions.
Droit de réponseLa libre information est la raison
d'être du journalisme et une enquêtecomme la vôtre se justifie pleinement,mais les conditions dans lesquelles votreenquêtrice s'est présentée n'étaient paspropices à un échange de vue détendu.Tout d'abord, elle s'est présentée sansrendez-vous préalable à midi moins lequart; mère de famille qui travaille, jene pouvais évidemment pas consacrertout le temps nécessaire à répondre auxquestions de votre enquêtrice. En outre,vous n'ignorez pas que dans une activité comme la mienne, nous sommes enbutte à des sollicitations permanentes,aux intentions plus ou moins avouables,ce qui explique une certaine méfianceinitiale, surtout que certaines questionsm'ont paru dans le contexte de cetentretien à la limite du secret professionnel.
Aussi, si je vous remercie d'avoirmentionné la bonne réputation quevous accordez à la salle, les commentaires qui suivent sont pour le moinscontradictoires (... ), et je pense que toutceci a été la résultante d'un contact quis'est établi dans de mauvaises conditions.
Studio de danse «llda Casagrande»Mme El Kholti
Erratum* Nous prions nos lecteurs de nous
excuser pour un passage «oublié» parmégarde, à la fin de la nouvelle deNaoual Saadaoui intitulée «le portrait».Il fallait lire «et la toile d'araignée se plaque sur le visage de son père. Elle souffla encore, mais la toile adhéra plusétroitement. Alors, machinalement,Narjès avança la main et, de ses ongleseffilés, elle entreprit de décoller les longsfils arachnéens. Pour y parvenir, ellearrachait du même couple papier de laphotographie humecté de salive quis'effrita entre ses doigts et tomba enfines particules sur le sol».
* Nous avons omis, dans l'articleconsacré à la jellaba, de signaler quetrois des modèles portés par le mannequin (pages 42 - centre; bas gauche etdroit) nous avaient été gracieusementprêtés par la boutique Haïk (GalerieBenomar - Casablanca).
, . .emlDID - Pluriel
POUR SIX CENTS DIRHAMS PAR MOISPAR HINDE TAARJI
Iles, Rabia, Fatiha, Fatéma, Amina,Bathoul, n'ont pas eu la chance d'êtreailleurs dans un amphitéâtre ou dans unbureau coquet. NON. Ouvrières dans unl'entreprise de confection voisine, ellesattendent que quatorze heures sonnent.Pique-niquant en compagnie des moineaux elles oublient, l'espace d'unsandwich, le bruit de leurs machines àcoudre.
Sur ce moment de détente, j'aiempiété avec quelques scrupules, vitebalayés par le désir de leur parler, de lesfaire parler. Une petite place à leur côtém'a été faite et mes questions ont étéreçues avec gentillesse et s'implicité.
Leur travail se résume en peu demots: coudre et recoudre, du lundi asamedi midi, des vêtements destinés àl'exportation. A quatre-vingt dans une-
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grande salle, elles manient l'aiguille pendant que les hommes, dans une piècevoisine - répartition des tâches oblige jonglent avec les ciseaux. La coupe
pour eux, la couture pour elles, la sacrosainte séparation des sexes est respectée.
«Je suis spécialiste du côté droit.Mon amie excelle dans la pose desfemetures éclair. Quant à elle, l'encolure est son affaire}}, me répond avechumour Fatiha quand je lui demande cequ'elle fait exactement. Travaillant à lachaîne, elles se perdent dans leurs centimètres carrés de tissu jusqu'à la sonnerie d'arrêt. Avec interdiction deralentir la cadence, de se tourner versune camaradE: ~t lui parler...
«Nous ne pouvons pas souffler uneminute. Si tu vas simplement aux toi-
lettes et que tu t'y attardes, ils te suppriment une heure de salaire. Pour eux,tout n'est que prétexte pour perdre dutemps». Eux, ce sont les contremaîtresqui veillent à ce qu'aucun instant derépit ne soit pris. Résultat: en fin dejournée, elles sont fourbues de fatigue.«Ce travail, expliquent-ellE.'~ est péniblepour les yeux ... De plus, nous avonsparfois du mal à respirer car certainesétoffes dégagent beaucoup de poussière dans leur manipulation». A la concentration occulaire et à la pollution del'air, s'ajoute le bruit incessant uesmachines. Avec un cocktail aussi biendosé, il n'est guère étonnant que lamigraine leur soit une fidèle compagne.
Mais qu'à cela ne tienne. Les défaillances physiques ne sont pas prévuf'sdans leur contrat. La comptabilité de
l'entreprise ne les connaît que bien portantes et actives. En cas de maladie,elles se retrouvent par conséquentdémunies de toute protection. «Quandnous nous absentons pour raison desanté, ces arrêts de travail nous sontdéduits de notre paye, et ce, mêmeavec un certificat médical. Aucun justificatif n'est admis aussi fondé soit-il».
Tout en étant parfaitement conscientes que leurs droits les plus élémentaires ne sont pas respectés, elles sesoumettent à cet état de fait. Il est dif-
ficile de faire la fine bouché quand la viene vous a pas placée parmi ses privilégiées. Les plus instruites parmi ellespossèdent tout juste leur certificatd'études. Une seule a atteint la quatrième année secondaire.
Venant de milieux extrêmementmodestes, il leur faut subvenir tant àleurs besoins qu'à ceux de leurs proches. Rabia, par exemple, donne la moitié de son salaire à ses parents. Quantà Amina, depuis le récent décès de son
père, elle ne garde pour elle que le strictminimum nécessaire à son transport.
Du groupe interrogé, seule Bathoul,une nouvelle arrivée, avait déjà une activité professionnelle avant de se faireembaucher dans cette entreprise. «Jecousais des vêtements traditionnels àdomicile. Mais comme je faisais pratiquement tout à la main, mes yeux sesont épuisés. J'ai dû arrêter et chercherun emploi à l'extérieur. Le travail à lamachine fatigue moins la vue mais j'yperds au niveau de la rémunération»,
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Habitant à la périphérie de la ville (SidiEl Bernoussi, les Carrière Centrales, leHay mohammadi etc ... ) elles quittentleur domicile à l'aube pour n'y revenirqu'à la tombée de la nuit. Entre midi etdeux heures, elles errent à la recherchedun coin tranquille. Quand le soleil estde la partie, le parc du quartier Gauthierfait l'affaire. En hiver, la situation secomplique. Trouver un abri pour se protéger de la pluie et du froid devient unequête permanente. S'asseoir dans uncafé, il n'en est pas question. Ni leursfinances ni leur éducation ne le leur permettent. Elles se contentent donc la plupart du temps d'un porche d'immeuble.Aussi, dans la description de l'emploiidéal à leur yeux, la possibilité de resterà l'heure du repas sur les lieux du travail vient-elle en priorité.
Si pour les célibataires, passer unejournée entière loin de leur domicile nesoulève pas de problèmes majeurs, iln'en va pas de même pour les femmesmariées.
«II est très difficile, commenteFatéma, d'allier le travail salarié et le travail domestique. Cumuler les rôlesd'épouse, de mère et de travailleusedemande des efforts considérables qui,parfois s'avèrent insuffisants».
Nous avons ainsi parmi nous uneouvrière qui a été contrainte de quittersa place pour rester auprès de sesenfants. Chaque soir, en rentrant chezelle, une catastrophe l'attendait; brûlures, bagarres, accidents n'en finissaient pas. N'étant accompagnés que
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d'une petite aide de leur âge, ses filstraînaient à longueur de journée dans lesrues et étaient exposés à tous les dangers. Le morceau de pain qu'ils mangent maintenant est plus sec, mais ilsrisquent moins de terminer estropiés.
Pour ma part, je suis divorcée et mesenfants vivent avec ma mère. Sans elle,il m'aurait été impossible de prendre uneactivité à l'extérieur. Pendant monmariage, «je travaillais comme épouse».La libération de la femme n'emprunteguère dans leur esprit la voie du travailsalarié.
Si nous en avions lapossibilité, nous netravaillerions pas, celava de soi. Le travailest synonyme defatigue et nous necracherions pas sur unpeu de repos».
Travail-labeur, travail-sueur, travaildouleur. Décliné ainsi, elles s'y reconnaissent. Le proverbe «il faut souffrirpour être belle» dont certaines fontgrand usage deviendrait dans leur cas«il faut souffrir pour être rassasiée». Direque l'évolution actuelle de la situationde la femme ne leur sied pas vraimentserait un bel euphémisme.
«Si je pouvais rester femme au foyer,je n'hésiterais pas une seconde. Mais lestemps ont changé. Ils nous obligent àquitter notre domicile pour ramener dequoi remplir la marmite.
Le besoin d'argent se fait sentir enpermanence. «Ceci dit, tu passes tajournée, à te crever pour une misère.
600 DH par mois. Que peux-tu bienfaire avec? Entre les tickets de bus etles en-cas de midi, tu as déjà une bonnepartie qui saute !»
Gagner son pain sans pouvoir y mordre à sa guise. Voilà comment se résumerait à mon sens la situation de cesfemmes qui pénètrent dans le monde dutravail~ .(salarié) sans qualificationaucune. Leur statut demeure inchangé.On atend toujours d'elles qu'elles soientbonnes mères et bonnes épouses,aimantes et soumises.
Contribuer au budget du foyers'ajoute à leurs devoirs. Mais leurs droitsne s'en développent pas pour autant. Lefruit de leur peine est un argent dontelles entrevoient tout juste la couleur.
Si leur tâche s'est alourdie, aucunevalorisation n'est venue conforter leursefforts. Bien au contraire.
De plus, en quittant la maison, ellesse sont heurtées à des besoins nouveaux. Et du coup, à une frustrationplus grande. L'horizon des perspectivess'est élargi certes, mais tout juste pourleur montrer des possibilités interdites.A elles en particulier - Parce qu'ellessont femmes. Parce qu'elles sontpauvres. HINDE TAARJI
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UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DES SHAMPOOINGS TRAITANTSUN PRODUIT DU LABORA TOIRE FADIP
Ces femmes qui nous martyrisent
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./.' <,.,.'( ifAh les femmes !. ..Madame
Cri du cœurL'indignation en direct d'un monsieur qui
réclame à hauts cris son droit à l'expression. Lesfemmes, les femmes, s'exclame-t-il, il n'yen a toujours que pour elles. Les misères qu'on leur inflige?Eh bien, il en a des choses à raconter lui. .. sur celles que ces «douces» créatures lui font (ou lui ontfait) subir.
«Ah ! La femme, la femme, lafemme! Vous venez encore me parlerde la femme, madame, pour me direqu'on n'en parle pas assez, qu'on ne lalaisse pas parler, que moi, l'homme, jesuis injuste envers elle... Et moi alors?pourquoi ne me posez-vous pas dequestions sur moi! Oui, moi... s'il vousplaît, et pas ma femme. Mais si je parlede moi, je ne parlerais que de femmes,madame, parce que des femmes, il yen a eu dans ma vie! Lesquelles? Ehbien... à commencer par mes sœurs .ma mère, qui m'aime beaucoup, euh ..ma grand-mère, et ma femme.
Etre le seul garçon parmiune floppée de filles, quelcalvaire.••••••••
Oui, j'ai grandi au milieu de femmes,madame, et croyez-moi, on les entendait très fort, contrairement à ce quevous dites. Leurs cris résonnentencore dans la maison de mon enfance.
Mon père était le plus souventabsent, et j'étais livré à mes sœurs quine supportaient pas que ma mère soitsi fière de moi, le garçon unique de lafamille. J'avais en effet découvert unjour que c'était là un privilège. Je cherchais toujours à me l'expliquer, envain : non seulement je ne me trouvaispas de qualités particulières pouvantle justifier, mais j'enviais moi-mêmemes sœurs. Elles, de leur côté, mejalousaient tellement qu'elles trouvaient toujours le moyen, en s'alliantcontre moi, de se venger. Elles memettaient une faute sur le dos et, abusant de leur droit, étant filles, de pleurer, elles poussaient des hurlements,tellement stridents que mon pèredevait me frapper pour les faire taire.Elles, par contre, n'étaient jamais battues; ce sont des filles, vous comprenez.
Tandis que moi, il fallait que je soisaguerri contre toutes sortes d'émotions et autres inconforts de la viedont mes sœurs,en revanche, avaientle droit de se plaindre.
Elles étaient, par exemple, dispensées de prendre des charges lourdes;c'était de pauvres petits êtres fragiles,vous comprenez. Ça, c'était à moi dele faire parce qu'il fallait que je stimuleet développe ma puissance virile entoutes circonstances, et j'étais mispour cela à rude épreuve. Par exemple, et c'était là le pire, c'était encoreà moi de défendre mes sœurs contre
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[es voisins qui les ennuyaient. Que defois ne suis-je rentré à la maison aprèsdes bagarres dont je sortais presquetoujours perdant. Je n'ai jamais aiméme battre. Je préférais lire, aller aucinéma, me promener. J'avoue quej'avais une tendance secrète au romantisme, je gardais pour moi ce penchantafin d'éviter l'ironie des autres. Jetrouvais que c'était à mes sœurs de sedéfendre contre les voisins, et j'estimais en particulier qu'elles les provoquaient un peu trop souvent,probablement pour me mettre dansdes situations impossibles. Je les soupçonnais de prendre un certain plaisirà me voir avaler mes larmes, serrer lesdents, bander les muscles et injurierles voisins (qu'au fond de moi, secrètement, j'approuvais). Il fallait montrer que je n'avais pas peur. Il fallaitêtre fier de protéger ses sœurs, il fallait être «un dur»...
Mon Dieu ! Que de femmesà défendre sur terre.•••
Ma mère, qui m'aimait beaucoup,me consolait en me disant: «Tu es unhomme, il ne faut pas pleurer. Ainsi,tu pourras me défendre aussi quand tuseras grand, et défendre ta femme, ettes filles, etc»...
Mon Dieu, que de femmes à défendre sur terre !
Et si je rechignais ou exprimais unequelconque émotion en dehors de lacolère ou de la haine envers les voisins«voyous», en dehors du désir de vengeance, je n'étais «pas un homme».
Je me disais donc: être une femme,c'est avoir le droit d'éprouver desémotions, de les exprimer, de pleurer,c'est pouvoir être faible ... Etre unhomme, c'est se battre courageusement pour les défendre, travaillerpour elles, se charger des tâches pénibles, cacher ses sentiments ou, mieux,ne pas en avoir. Ou alors, il faut avoirdes émotions masculines : la colère, lavengeance, la fierté, la puissance...
D'ailleurs, ma mère (qui m'aimaitbeaucoup) m'a appris à parler en mefaisant jurer, si je voulais sa bénédiction : de la défendre toujours, del'amener à la Mecque, d'épouser unefemme qui lui sera soumise, d'êtremédecin pour la soigner, avocat pourla défendre, aviateur pour la fairevoyager, dentiste pour lui faire un dentier, architecte pour lui construire unemaison, ministre pour passer à la télévision, riche... euh... etc...
Je ne pouvais forcément que la déce-
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voir. Mais c'est curieux, je n'ai jamaispu m'empêcher de me sentir coupablede n'avoir pas tenu ces promesses. J'aidû remplacer mon père à sa mort etje suis donc commerçant.
Mes sœurs, là non plus, n'étaient pasconcernées: elles allaient se marierjeunes et ne pourraient réaliser tousles souhaits de ma mère. Ce qu'ellespouvaient obtenir de leur mariageétait à la mesure de leurs capacitésséductrices à l'égard de leur mari.Elles étaient d'ailleurs éduquées à cesfins.
Amoureux, c'étaitl'angoisse...
Puis, j'ai connu les affres de l'adolescent amoureux, parce que,j'oubliais : les femmes, il faut aussi leschercher! Et elles doivent être «pudiques», c'est-à-dire hautaines et rejetantes. Elles ne peuvent pass'adresser à vous simplement, directement, ce sont des femmes, vouscomprenez, madame... Et moi, je nedevais pas avoir peur.
Je devais essuyer les humiliations, jedevais oser, la boule à la gorge, transpirant d'émotion à l'idée d'être rejetécomme un voyou; je devais oserm'avancer. C'est une situation quirend agressif parce qu'on a envie dese défendre d'avance du refus del'autre. Ah madame t Si vous saviez ceque j'ai enduré là. Pensez, par exemple, qu'il fallait deviner lesquelles souhaitaient vraiment que l'on insiste.Celles-ci se gardaient bien de le diremais émettaient en général des petitssignes tellement nuancés qu'on nepouvait jamais être sûr. J'écoutais discrètement les discussions de messœurs: elles étaient souvent déçuesqu'un soupirant n'insiste pas. Et ellesétaient tellement fières d'être courti-
sées ! Cela me donnaît du courage.Certaines filles avaient peur, commemoi. Je l'avoue et cela aussi me donnaît du courage. Vous devez vous dire,madame, que je suis un grand anxieux.Mais ma mère (qui m'aimait beaucoup)m'avait tellement mis en garde contreles femmes, que je ne savais pas lesaborder. Quand une femme répondaità mes avances, j'avais encore pluspeur d'elle car, pour ma mère, ces femmes là sont soit dangereuses soit Hnonvalables». Ne serait bonne pour moique la femme qu'elle allait me choisir.
Des petits plats au goûtcurIeux
Et quand il a fallu prendre femme,ma mère, qui m'aimait beaucoup, étaitlà, avec son vieil ultimatum: bénédiction-malédiction. Ah!cette malédiction qui a hanté mes nuitsd'enfance quand elle m'en menaçait ! Dans mon lit, j'attendais, en
retenant mon souffle les pires catastrophes punitives, que j'imaginais sousforme de cataclysmes naturels ou demaladie grave pouvant finir dansd'atroces souffrances.
Chaque fois qu'un malheur m'arrivait, ma mère l'interprétait comme lapunition de mes désobéissances.
J'ai _pris la femme qu'elle voulait,pour etre béni par elle, et donc parDieu.
HTu interdiras à ta femme de manquer de respect à ta mère, qui t'aporté, qui t'a nourri au sein, qui t'alangé, qui s'est levée toutes les nuitspour te couvrir, ta mère...»
Au début, ma mère et ma femmes'entendaient très bien.Quand mamère faisait irruption dans notrechambre à coucher pour critiquer lacouleur du dessus de lit, ma femmeétait ravie d'en changer. Après avoirdébattu entre elles des qualités du pro-chain... elles m'en disaient le prix.Mais quand il s'agissait de prendre des
décisions sur lesquelles elles étaient endésaccord, elles se rappelaient monexistence et m'utilisaient commearme, espérant (chacune de son côté)en tirer avantage. Ménager les susceptibilités de chacune s'avérait impossible et me menait tout droit au divorce.J'ai fini par les éloigner l'une del'autre et les voir séparément, au risque de devenir un mauvais fils et unmauvais mari.
Excusez-moi madame, il faut que jerentre parce que justement je revenaisde chez ma mère, et ma femme trouvera que j'ai «dépassé mon temps». Ence moment, elle me prépare des petitsplats qui ont chaque fois un goût trèscurieux, comme sont curieuses lesodeurs que je trouve à la maison enrentrant. Je la soupçonne de chercherà retenir mes pas. Qui sait ce qu'ellem'a encore préparé aujourd'hui. Ah !ma mère m'avait pourtant dit de meméfier des femmes....
Amina AYOUCH.
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1,"~1" . i . Ir '.
f
Une partiede passe--port
Une piste, une interminable pistepoussiéreuse. A son extrémité,une bâtisse importante, à l'image
de tant d'autres propres aux quartierspériphériques. Béton jaune, grillage vertexposée plein sud, elle grille nonchalamment au soleil. Fondus dans le décor,deux agents au regard sévère transpirent à grosses gouttes dans leurs uniformes.
Je grimpe les quelques marches del'entrée et débouche ainsi brutalementsur un hall coupé par un comptoir.
Du regard, je balaie ce grand espaceà la recherche d'un repère, d'une information, d'un écriteau.'Des pas, des voix, des va et vient
incessants. Mais à l'information nulleâme qui vive.
12
Gros point d'interrogation: qui travaille ici et dans quoi? Le crépitementrégulier d'une machine à écrire entrecoupé de bribes de conversations meparvient du fond d'un bureau.
Me réconfortant de mon propre sourire, je pénètre dans la pièce. Enseveliedans une jellaba noire,une femme remplit sans entrain une série de bordereaux.
« Bonjour Lalla, pour faire un passe"port, à qui faut-il s'adresser s'il vousplaît?» Le regard en biais, elle merépond sur un ton monocorde : « porte21 ». Je ressors de là le vague à l'âme.Dans quelle aventure me suis-je doncembarquée? Je commence une quêteavide de la porte magique, pressée d'enfinir avec ce qui prenait la forme d'unemission particulièrement pesante.
Un petit homme brun enfoncé danssa chaise émerge d'une tonne de dossiers disposés dans tous les sens.
L'air inquisiteur et le sourcil circonflexe de celui dont on vient de violer laquiétude, il me fixe comme une bêtecurieuse.
« Bonjour Monsieur. C'est bien vousle responsable des passeports? »
« Vous résidez où ?»« Boulevard Matmata.»« Tenez, voilà la liste des documents
à fournir.»Heureuse d'avoir réussi cet exploit
avec autant de rapidité, je me mis àdévorer l'imprimé du regard.
Une attestation de...Un certificat...Un .Une .La liste n'en finissait pas.Désillusionnée, j'affiche «à suivre» et je
repris le chemin du retour pleine descepticisme.
Ce n'était qu'un début.Du commissariat à la Moukataâ, de
la moukataâ à la préfecture, je butinaistelle une abeille jamais rassasiée. Unevéritable corrida.
Il manquait tantôt un timbre, tantôtun cachet, tantôt une pièce. Heureaprès heure, jour après jour, le tempss'écoulait dans l'angoisse. Il me fallaitpréparer l'ensemble des papiers exigésdans un délai de trois mois au-delàduquel ceux-ci risquaient d'êtrepérimés.Tout alors serait à refaire.
Une véritable course contl"J lamontre...D'un côté, moi en sueur, puisant follement dans mes réserves d'énergiecomme une furie en cage, de l'autre unsystème impassible et rigide.
Gelant mes nerfs et m'armant depatience, j'affrontais cette énormemachine en faisant preuve du maximumde souplesse.
Être une femme mariée et salariéem'avait pourtant réduit bien des difficultés. Aux dires de mes interlocuteurs, jeremplissais les meilleures conditionspour l'obtention d'un passeport dansdes délais très raisonnables.
Tout est relatif me direz-vous. Troisà six mois, c'est un record appréciable.
Fadéla, une charmante jeune céliba-.taire rencontrée au hasard des allées etvenues stériles n'avait pas eu, pour sapart, autant de chance.
Dans l'espoir d'un visa, d'un document ou d'une simple promesse, que desourires et de paroles aimables avait-elledistribués. Mais en vain. Il lui fallait toujours faire et refaire des dossiers qui nevoyaient pas le jour..
Elle en était à son troisième.Le premier, incomplet, était périmé.Au second, il manquait cette fameuse
attestation de bonnes mœurs que délivre le Mokkadem selon son bon gré.
Quant au troisième, pour le compléter, uhe bonne dose d'ingéniosité s'avérait nécessaire. Du quitus d'impôt dupropriétaire de son logement, Fadéladevait se rendre maître. Elle y perdit sesdernières convictions. Etant dans l'incapacité de remplir une pareille condition,elle verra à nouveau sa demande rejetée. Une personne de plus ne liquiderapas son contentieux avec le service desimpôts et la pauvre Fadéla ne caresserapas du bout des doigts le carton vertplastifié.
ContÏPluera-t-elle seulement à encaresser l'illusion ?
Fattouma BEN ABDENBI
Liste des documents à fournirpour l'obtention d'un passeport
II. - Fonctionnaires:-ç; Attestation de travail + pho
tocopie.- Etat d'engagement 1.500 DH +
photocopie.
III - Commercants :- Quittancé patente ou I.B.P 4.000
DH- Photocopie conforme du registre
de commerce.
IV - Propriétaires:- Quittance taxe urbaine 4.000 DH- Certificat d'imposition
V - Salariés:Attestation de salaire légalisée 2.000
DHAttestation administrative de travail
délivrée par l'Arrondissement del'employeur.
3 derniers bordereaux de la C.N.S.S.
VI - Filles célibataires :- Attestation de célibat- L'engagement du père + photo-
copies
VII - Femmes mariées sans activité:Autorisation maritale légalisée +
photocopie2 photocopies d'acte de mariage
légalisées
VIII - Femmes divorcées:Certificat de non remariage
, L'acte de divorce - l'engagement dupere
IX - Femmes veuves:Certificat de non remariage - 2 actes
de décès de l'époux.
Pour tous cas5 photos d'identité.1 certificat de résidence (Arrondt +
photocopie).4 photocopies de chaque face de la
carte d'identité nationale conforme àl'original.
Ancien PasseportUne déclaration sur l'honneur légali
sée + photocopieAttestation de position militaire des
F.A.R (18 à 50 ans) + photocopie.Acte de décès - acte de tutelle (les
enfants orphelins)
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Derrière la blouse,le cœur
/Murs blancs, blouse blanche, visageimpassible."Un entretien? A quel propos? Pourqui? Très bien. Tout de suite, cela vousconvient-il ? Bon tant pis. Alors disonsmardi prochain, 16 heures. La porte àpeine entrouverte est déjà refermée. Lemédecin-chef de l'unique serviced'hématologie du Maroc n'a guère letemps de se perdre ni en paroles ni ensourires. D'où un premier contact quelque peu sibérien.Que va-t-il en être du prochain, me disje avec appréhension.S'il est du même type que celui-ci, c'est
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la pneumonie assurée.Quelques jours plus tard, me voici deretour à l'hôpital Ibn Rochd. Ayant faitune grosse provision de chaleur, je medirige bravement vers le pavillon 37.Mais là, surprise. D'une parole aimable,le professeur Benchemsi me cueille dela salle d'attente et m'introduit dans sonbureau. Fait valser sa blouse de travail.Couleurs. Plus aucune trace de Sibérie.L'austère et glacial praticien s'est transformé en une jeune femme chaleureuseet souriante qui d'emblée se lance dansla discussion en faisant une mise aupoint, à ses yeux fondamentale.
«Dans ce C.H.U., les femmes chefs deserYice sont nombreuses. Ma positionpar conséquent n'a rien d'extraordinaire. Quand elle atteint un certainniveau d'instruction, la femme est considérée ici de la même manière qu'unhomme aussi bien par les malades, parles étudiants que par ses confrères. Cefait me surprend en permanence depuisque je suis là. Dans une réunion, vousdiscutez li égalité avec les hommes devotre âge et même plus que votre âge.Dans les hôpitaux français où j'aiexercé, la misogynie était bien plusforte.»
Une femme de tête
Si être femme chef de service ne présenteplus aujourd'hui de caractère exceptionnel, acquérir une réputation et une auratelle que celle du professeur Benchemsiest suffisamment rare pour qu'on s'yarrête.Déterminée et peu encline à envelopperde fioritures ses rapports avec les gens,N. Benchemsi possède une personnalitémarquante. Qu'on l'aime ou non, ellene laisse pas indifférent. Certaines personnes l'admirent sans réserve et netarissent pas d'éloges à son égard.D'autres, par contre, supportent trèsmal sa force de caractère et sa désinvolture à l'égard des formes sociales.Tous cependant sont unanimes pourreconnaître que cette femme volontairetémoigne dans le cadre de son travaild'une conscience et d'un dévouementhors du commun.Première hématologue marocaine entitre, N. Benchemsi arrive à l'hôpitalIbn Rochd en 1977 et intègre le servicede médecine interne du professeur Cherkaoui. Au bout d'un certain temps, lelaboratoire d'hématologie, alors trèsrudimentaire, lui est confié. La manièredont elle s'acquitte de cette fonctionétant tout à fait concluante, on luidemande de s'atteler à la restructurationdu centre de transfusion sanguine deCasablanca qui battait complètement del'aile. Là elle soumit son acceptation àune condition majeure: la création d'unservice d'hématologie.
"Mes malades, explique-t-elle, étaienthospitalisés dans tous les services deCasablanca. Je passais mon temps dansma voiture à courir de gauche à droite".
L'administration finit par accéder à sademande et en 1980, elle a enfin "son"service. S'attaquant de front aux problèmes que posait tant la remise sur pieddu centre de transfusion sanguine quel'organisation du nouveau service, elleœuvre à la mise en place de meilleuresbases de travail.
"n fallait tout faire raconte-t-elle.à propos du centre de transfusion sanguine.Former les gens. Bien les former surtout. Il n'y avait pas de responsablesréels, de spécialistes. Le personnel faisait n'importe quoi. Il a fallu en changer. Puis s'occuper de la collecte du
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sang, combattre les résistances des gensà donner leur sang, contacter les différents organismes. Donc faire une information, faire un film, distribuer desstencils. Et puis, au fur et à mesure,essayer de progresser dans les techniques, améliorer la qualité de ce que J'onservait aux hopitaux de Casablanca. Ilne s'agit pas simplement de remplir desflacons et de les distribuer. Il faut chercher J'hépathie, la syphilis, bien faire lesgroupes sanguins, les sous-groupes,fracûonner le sang. A vec les moyens dubord bien sûr. Fractionner du sangnécessite des poches en plastique et cespetites poches à elles seules demandentcent millions de centimes. On s'en sortau prix de quelques acrobaties mais leproblème du financement reste posé enpermanence".
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Des traitements à 4.000 dhpar semalne
Le centre n'est pas le seul à connaîtrece type de problème. Pour ses malades,le professeur Benchemsi a égalementbesoin d'argent, de beaucoup d'argent;
"Il y a des traitements qui nous reviennent à 4.{)(J() dh par semaine. Or, en uneannée, nous hospitalisons 1.200 malades et nous en suivons 8.{)(J(). Vous pouvez imaginez le budget qu'il nousfautpour les soigner."
Elle part par conséquent à la chasse auxsous. Mobilise un groupe de femmes et
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Association de la luttecontre les maladies du sang
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LABORATOIRE D'HEMATOLOGIEHOPITAL IBN ROCHD
CASABLANCA
Binde Taarji
cate. Souvent d'ailleurs elle s'avèreinefficace~ 11 est extrêmement démoralisant pour nous, médecins comme pourle personnel infirmier de voir despatients qui allaient très bien rechuteravec des possibilités de guérison quasiment nulles (c'est justement parce qu'ilsvont très bien qu'ils arrêtent leur traitement).
Derrière l'apparence, l'être. Derrière lemasque de froideur, une immense sensibilité. N. Benchemsi ne se répand pasen paroles. Elle agit. Pour ses malades,elle use de toutes les cordes de son arc.Et remporte petites victoires sur petiJesvictoires. Dévouée à la cause de sesmalades, acharnée à relever les défis,elle donne à la profession qu'elle exerceson plein sens, ses lettres de noblesse.Un vrai médecin, oui c'est ça.
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Petites victoiressur petites victoires
Faisant preuve d'une grande pudeurdans l'expression de ses sentiments, N.Benchemsi avoue cependant de manièreindirecte combien certains jours, il estardu de garder le moral. Quand onaborde le domaine des maladies sanguines, on pense immédiatement à cellesd'entre elles qui sont incurables commela leucémie. Si 50 % des cancers du sangsont aujourd'hui guérissables, il n'endemeura pas moins que leur traitement,pour être efficace, doit être appliquéavec une extrême rigueur.
"L'arrêt du traitement en cours de routepar les malades de l'extérieur est, nousconfie N. Benchemsi, l'un des problèmes principaux auxquels nous sommesconfrontés.
Ces malades nous reviennent dans unétat catastrophique. La nouvelle médicamentation est plus difficile, plus déli-
Cet argent sert à mille et une chose.Acquérii' des médicaments bien sûr,mais également à procurer un minimumde bien être aux malades. Pédiatre touten étant hématologue N. Benchemsi estparticulièrement attentive aux enfants :jardinière pour les plus petits, vêtementschauds en hiver pour les plus démuniset, pour pallier à la maigreur du déjeuner, goûter pour les plus gourmands.Le service compte 35 lits mais le nombre des malades dépasse ce chiffre.Aussi une formule nouvelle y est-elleinaugurée: l'hôpital du jour.
Cette option, d'après le professeur Benchemsi est particulièrement intéressantetant au niveau économique que psychologique." "La plupart des malades peuvent recevoir des soins et rentrer chezeux. J'ai même renvoyé Ji leur domiciledes personnes souffrant d'affectionsgraves comme les leucémiques parce quej'estimais qu'ils étaient beaucoup mieuxdans leur famille. Notamment lesenfants".
Le projet de l'Association pour la luttecontre les maladies du sang est d'agrandir l'unique service d'hématologie duMaroc car son infrastructure actuelle nelui permet pas de faire face à lademande.Pour toute information contacter :
"Sans l'association, il seraitpratiquement - si ce n'est complètementfermé".
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d'hommes dont elle déclare qu' "ils sonttout simplement formidables" et créeavec eux une association "pour la luttecontre les maladies sanguines". Ensemble, ils orchestrent une vaste campagnede sensibilisation. Les moyens les plusdivers sont mis en œuvre pour réunir desfonds : vente de cartes de vœux éditéesgrâce à la collaboration de peintresmarocains, organisation de soirées,dons d'organismes et de personnes privées, contributions des malades dits"'pistonnés", collectes etc... Grâce àtoutes ces bonnes volontés, 50 070 dufinancement du service est assuré.
"Le malade, vient le matin. Il a ses examens et passe en consultation. 11 suit letraitement qui lui est prescrit puis repartchez lui. Du point de vue priX de revientpour la santé publique, c'est zéro. Avec4 lits et 2 infirmières, nous drainons 20Ji 30 malades par jour, malades quenous aurions dû théoriquement hospitaliser".
e 8 mars,symbole de lalutte des femmes
I!un ,ymbole, le 8 ma" en e" un,- non seulement celui de l'action des fem
mes pour défendre leurs droits, maisaussi celui de l'union des femmes pourfaire entendre leurs voix. L'objectif estpartout le même: favoriser la prise deconscience des femmes et attirer par untravail quotidien un grand nombre defemmes dans la lutte pour satisfaireleurs revendications. Celles-ci sontétroitement liées aux luttes générales deleurs peuples. Droit à l'égalité? Oui!mais aussi droit à accéder au travail, ausavoir, au logement, à la santé ou toutsimplement droit à la démocratie, droità la parole.Les femmes qui militent pour la causeféminine lorsqu'elles échangent leursexpériences et leurs points de vue avecles femmes d'autres pays se rendentcompte que leurs problèmes se ressemblent et qu'elles ont de nombreux objectifs communs. En poussant le même cri,elles ont plus de chance de se faireentendre. C'est ainsi qu'aux lendemainsde la deuxième guerre mondiale enEurope, des femmes venues de tous lescontinents et de 41 pays dans le mondeont fondé, le 1er décembre 1945 à Paris,la Fédération Démocratique Internationale des Femmes: la FDIF.Bon nombre des femmes présentesavaient subi les horreurs de la guerre.Aussi le mot d'ordre de la lutte pour lapaix figurait en bonne place dans le programme de la fédération aux côtésd'autres mots d'ordre comme l'égalitédes droits des femmes, la protection de
l'enfance, la lutte pour la démocratie etl'indépendance nationale. La FDIFregroupe actuellement 135 organisations féminines de 117 pays.Les millions de femmes représentéespar ces organisations poursuivent la tradition de la journée internationale de lafemme.Aujourd'hui elles sont en effet des millions de femmes de tous les continents,de presque tous les pays du monde.Des millions d'ouvrières, de ménagères,d'enseignantes, d'artistes. Des femmesde toutes les religions et de toutes lestendances politiques. Elles sont des millions en 1986 à célébrer le 8 mars, lajournée internationale de la femme. Ellessont des millions à se rassembler par lesvoies les plus diverses pour manifesterleur volonté de prendre en main leurpropre cause ainsi que leur détermination à obtenir le respect de leùrs droitsdans la société. Les femmes marocaines, à l'image de leurs consœurs sontelles aussi fidèles au rendez-vous.Depuis une dizaine d'années elles célèbrent dans plusieurs villes du Royaumecette journée symbolique.Le 8 mars leur offre l'occasion de rappeler le rôle important joué par la population féminine lors des luttes pourl'indépendance de notre pays et sondéveloppement économique et social.La résistance aux colonisateurs francaiset espagnol a vu des femmes par ~illiers participer aux grandes manifestations qui ont eu lieu dans des villescomme Casablanca, Fès. Oujda
etc... Durant la lutte armée pour l'indépendance nationale, elles ravitaillaientles combattants, soignaient leurs blessures, cachaient des armes dans leurspaniers à légumes et abritaient desfédayins sous leurs toits. En 1975, lamarche verte pour la libération duSahara a connu un succès extraordinaire auprès des femmes présentes entrès grand nombre parmi les volontaires. Elles occupent enfin une placegrandissante dans les différentes batailles démocratiques (éléctions municipales et législatives) et dans les luttessyndicales menées quotidiennement parles travailleurs.Le 8 mars est aussi une occasion pourles marocains d'exprimer leur solidaritéavec toutes celles qui, à travers lemonde, se battent pour leurs droits etleurs libertés.Elles ont une pensée particulière pourleurs sœurs palestiniènnes qui, par leurcourage et leur sacrifice, symbolisent lalutte des femmes arabes.76 ans se sont écoulés depuis cette conférence internationale des femmessocialistes en 1910 lors de laquelle il aété décidé de créer une journée internationale de la femme.La journée internationale de la femmeest déjà vieille de 76 ans mais, face àtout le chemin que les femmes doiventparcourir pour faire entendre leur voixet obtenir le droit de vivre dignement,on peut considérer qu'elle est encorebien jeune.
Nouzha SKALLI
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• • •
Promenant mon interrogation, jecueille des réponses au gré des rencontres. Khadija qui a atteint l'âge de la raison (50 ans) en demeurant au creux desmurs de sa maison me déclare: "Vousles jeunes, vous parlez en vous référantà des dates. Nous (sous-entendu, lesainés) nous nous situons dans le tempspar le biais d'événements: le retour deMohamed V, l'année ~de la faim, lapériode de la colonisation et<;... Ainsi,il se peut que je connaisse l'évènementdont tu me cites la date, mais il ne fautpas compter sur moi pour m'en souvenir juste à l'aide d'un jour".
aVOir ou ne passavoir, ça revient aumême...
E 8 MARSOù ca s'trouve?
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Depuis que les Nations-Unies nousont fait la grâce de nous offrir vingtquatre heures, nous en arrivons presqueà oublier les huit mille sept cents vingthuit autres qui courent sur l'année.
Prendre la parole représente lesymbole même d'une tête qui se relèveet d'une échine qui se redresse. Maiscombien parmi nous accèdent à la tribune ? Que ce soit au Maroc ou dansles autres pays du Tiers-monde, ce privilège revient à un nombre de femmesfort restreint, pour ne pas dire infime.Dès lors, il n'est guère surprenant devoir toujours les mêmes personness'exprimer et se présenter à travers leurdiscours comme les porte-paroles del'immense majorité de leurs semblables,encore confinées dans l'analphabétisme.
Au détour d'une conversation, unejeune fille, choyée par la vie, me fitrécemment la réflexion suivante: "toutes les marocaines, me dit-elle,devraient célébrer le 8 mars parce quec'est la fête des femmes du mondeentier". Cette remarque pleine de candeur me fit sourire tout d'abord. Puiselle me donna soudain l'envie de quitter la sphère des belles paroles pourredescendre vers celle des mots simples, des mots crus, des mots de tousles jours. D'aller à la rencontre des femmes dont la voix n'atteint pas leshémicycles et de leur demander directement ce qu'elles savent, elles, du 8mars. Dans une société où la femme nepeut pas regarder par la fenêtre, où lafemme doit encore soustraire son visageaux rayons du soleil, où la femmeméconnait jusqu'à son propre corps,quel sens cependant peut avoir cettequestion? Peut-on connaître la dated'une journée internationale quand onignore celle du jour de sa naissance?
Frisant allègrement la soixantaine, maseconde interlocutrice, Zahia, nes'embarrasse pas de tant d'explications.Le 8 mars, pour elle, "est un jourcomme le 10, le 15 ou le 20".
Exerçant elle aussi le "métier" defemme au foyer, Fatima, à 30 ans nesemble plus avoir le cœur à jouer auxdevinettes. "Je ne connais ni le 8 marsni rien du tout. Pour moi, tous les joursde l'année se ressemblent". "Je ne saispas ce qui s'est passé ce jour-là et je neveux pas le savoir. "Ils" vont peut-être "m'envoyer un mandat, dis, si je le sais?"ironise la suivante, Naïma, dont lestrente-quatre ans rendent l'amertumeencore plus pénible. "Savoir ou ne passavoir, ça revient strictement au même.Pour ce que ça me rapporte". Pensantqu'ij s'agissait d'une adresse, Fatima,une petite femme de ménage de 18 ansme demande tout bonnement "où ça setrouve". Plongées dans leur univers
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domestique, ces femmes n'ont jamaiseu écho de l'existence d'une journéeinternationale ni de ce qui, au niveauhistorique, social et politique a bien puen motiver la création.
Quand je les informe de la teneur desdébats qui se tiennent sur leur compte,elles s'étonnent, s'esclaffent parfoismais ont le sentiment que tout ceci sedéroule sur une autre planète que la leuret ne peut donc pas les atteindre.
Fatiha (28 ans) à la différence de sesconsœurs connaissait la signification du8 mars. Elle m'explique: "Pour nous,les femmes au foyer qui vivons sousterre, que peut bien représenter un 8mars. Absolument rien du tout. Ditesmoi ce qui différencie ce jour-là desautres" .
Le 1er mai à la riguel!r, il y a de l'animation dans les rues avec les manifestations d'ouvriers. Nous, nous neconnaissons même pas nos droits. Iln'existe pas d'organisations susceptibles de nous aider à les connaître et àles revendiquer. Le 8 mars a peut-êtreune signfication pour les "intellectuelles" ou pour les "fonctionnaires, "maispour moi, femme au foyer, il ne signifierien" .
Un jour de fête...•mais pas pour nous
Non, même pour Zhor (29 ans) qui estfonctionnaire, cette date ne représentepas grand chose. "Rien ne s'y passe. Deplus, je suis contre cette idée d'accorder une journée à la femme. Et pourquoipas à l'homme dans ces conditions 7"
De la faculté de médecine, Hasna,une étudiante de 26 ans la rejoint complètement sur ce point. "Je ne veuxpas, dit-elle qu'il y ait un 8 mars pourles femmes et le reste de l'année pourles hommes. Pour une réelle égalité, ilfaut consacrer également une journéeà l'homme. "Nousn'avons pas encoreatteint un stade d'évolution qui nouspermettre de fêter le 8 mars, continuesa camarade, Myriam. Pour une femmequi est toujours soumise et dépendantede son mari, que signifie la célébrationd'un tel jour 7"
Najat (26 ans) se trouve de l'autrecôté de la barrière. Son université à elle,c'est l'usine. Elle y a appris l'existenced'une journée internationale de lafemme mais ne s'en illusionne pas pourautant. "Le 8 mars est un jour de fêtemais pas pour nous. Quand un problème se pose dans notre usine, lesfemmes n'osent jamais se rendre ausyndicat. C'est toujours un homme quiva parler à notre place. Alors, revendiquer nos droits, vous pensez bien, nousen sommes encore loin".
Ces paroles éparses dérobées ausilence, ces paroles vivantes saisies surle vif, ces paroles-là, pauvres et malhabiles répondent au symbole d'une datepar la réalité d'un vécu. La décennieaccordée à la femme par une assembléecomposée en majorité d'homme a prisfin. En juillet dernier, des femmesvenues du monde entier se sont réuniespendant quinze jours à Naïrobi pour endresser le bilan et tracer des perspectives pour l'avenir.
Le bilan de cette décennie n'apporte
aucune surprise, les miracles n'existantque dans les livres d'enfants. Si en Occident fa reconnaissance des droits de lafemme a suivi une évolution sommetoute naturelle, dans le tiers-monde lacondition féminine demeure inexorablement liée aux difficultés matérielles quiaffectent l'ensemble des populations.Au delà des déclarations de principe etdes vœux pieux, le fossé qui sépare lesfemmes des pays riches de celles despays pauvres ne leur permet guère deconstituer un front uni. Pour les unes,l'objectif est de parvenir à une meilleureapplication de leurs droits par ailleurslargement reconnus. Pour les autres, lalutte se situe au niveau des droits lesplus élémentaires comme le droit à l'instruction, à la santé, quand ce n'est pas,plus prosaïquement, le droit à la survie.
Le jour où nous posséderons toutes,l'arme du savoir et que nos enfantsauront le ventre plein, ce jour-là alors,le 8 mars prendra un réel sens à nosyeux.
Touria HADRAOUI
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SI LE MENAGEM'ETAIT COMPTE
Khaddouj est une de ces femmes ni jeunes, ni vieilles, ni bourgeoises, ni prolos... qui mène l'existence de Madametout le monde.Que fais-tu dans la vie ?«Oh ! tu sais moi, je ne suis pas commeles filles d'aujourd'hui qui travaillent.Moi, je n'ai pas étudié. Je vis et c'esttout. Je ne fais rien. Je suis seulement«assise» à la maison.»Comment ça «assise» ? Restes-tu toutle temps «assise» ? demandai-je ensouriant.«Enfin «assise à la maison», c'estcomme ça qu'on dit. En fait, c'est bienrare que l'on puisse s'asseoir, il y a tellement à faire dans une maison maisc'est rien, ça ne rapporte pas d'argent.»
La vaisselle, la lessive, la cuisine, le parterre, le caca-pipi et la toilette de notrechère progéniture, ce ne serait pas dutravail? Une sinécure? Rien d'autrequ'un passe temps auquel les «femmesnormales» devraient s'adonner, si cen'est avec plaisir, du moins avec la satisfaction du devoir accompli? Ne nousa-t-on pas toujours répété que c'était là,la fonction naturelle de la femme.En parlant des femmes au foyer, onévoque plus volontiers «le rôle» ou «lafonction» de la femme, que le travaildes femmes.Pourquoi?Il semble que l'adage «tout travailmérite salaire» est intégré dans notremode de pensée. Aussi, reconnaître queles femmes au foyer font un travailserait introduire l'idée que ce travailmérite salaire.On dit souvent «quand les femmes ontcommencé à travailler. .. » alors qu'onvoudrait dire «quand les femmes sontentrées dans le monde du travail salarié». En fait, les femmes ont toujourstravaillé mais en vivant dans le mondedu travail «gratuit». C'est-à-dire aufoyer et dans les champs. Elles ont toujours fait des enfants et assumé les mul-
Et, pendant tout ce temps, on a dit : ily a la femme qui travaille (salariée) etla femme qui est «assise» à la maison(el merââ galsa fi dar)Ce n'est donc pas le travail de la femmequi est un fait nouveau, mais la rémunération partielle de ce travail.Partielle dites-vous? Oui, et cette rémunération partielle du travail de la femmene concerne qu'un nombre très limité defemmes. 10,5 0J0 seulement des femmesde plus de 15 ans sont salariées. Ellessont payées pour leur travail à l'usineou au bureau.Mais qui leur paie le travail qu'elles fontà la maison? Pour les 89,5 0J0 de fem-
mes non salariées, c'est la totalité de leurtravail qu'elles font gratuitement.
A première vue, ce travail est effectué au profit du mari et des enfants. Ilparaît donc indécent de contester la gratuité de ces services, rendus aux êtres lesplus chers qu'elle a sur terre.Mais cet argument cède rapidement àl'analyse. Un ouvrier pourrait-il seulement survivre avec son SMIG s'il n'yavait pas une femme pour transformer1 kg de pommes de terre ou 1 kg de lentilles en plat consommable. S'il n'y avaitpas une femme qui faisait sa lessive. S'iln'épargnait ainsi le prix du pressing, dela garderie d'enfants, du restaurant,voire de l'entreprise de nettoyage devitres ou autre.
tiples travaux ménagers. Dans lescampagnes, elles ont toujours effectuéles travaux des champs, pris soin dubétail et accompli bien d'autres tâches ...
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r;0~'LVl,.~..... r--'I~
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En quelques mots anodins, Khaddouja exprimé beaucoup de choses. Elle aparlé au nom de ces millions de femmesau foyer qui effectuent chaque jourmille tâches invisibles.Elle nous a dit combien, du simple faitde sa gratuité, son travail lui paraissaitdérisoire.
La vaisselle, le parterre, la lessive,le caca-pipi, une simple sinécure?
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SI LE MENAGE-~--,---~---.----M'ETAIT COMPTE
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TIJ VIENSCHERIE?
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NOUZHA SKALLI
Comme nous le voyons, ce n'est passimplement à son mari que la femmefait ainsi don de soi. C'est aussi à l'Etatet aux employeurs. Il est donc compréhensible que ceux-ci préfèrent la voirrester là où elle est, c'est-à-dire à la maison. Pour cela quoi de mieux que decontinuer à accréditer l'idée selonlaquelle «la fonction naturelle» de lafemme est de s'occuper en priorité deson foyer.A cette conception rétrograde du statutde la femme, fortement teintée demisogynie, vient s'ajouter un calculpurement mercantile. Ici aussi, noussommes devant une question de grossous.
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Non, le chiffre que vous avez sous lesyeux n'est pas faux, aussi astronomiquequ'il puisse paraître. Trois milliards etdemi de dirhams, voilà ce que devraitcoûter le travail des femmes au foyer.Et certainement beaucoup plus encoresi on devait additionner les heures supplémentaires, le congé hebdomadaire,les jours fériés, les congés annuels etc ...
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Trois milliards et demi dedirhams qui leur passent
J sous le nez
Le salaire «minimum vital» se verraitdès lors au moins doubler. A votre avis,ql!i paiera, à ce moment-là, le supplément nécessaire pour qu'une famille,privée de ce travail féminin, continue àsurvivre. Je ne vois, pour ma part, quedeux possibilités; soit que les entreprises augmentent les salaires en consé-
quence ou construisent des cantines, desgarderies d'enfants etc...Soit que l'Etat, lui, assume la charge dela mise sur pied d'établissementssociaux.Essayons maintenant d'évaluer ce travail en termes monétaires. D'après lerecensement de 1982, les femmes aufoyer sont au nombre de 4.341.981. LeSMIG, quand à lui, est actuellement de820 dh. Faisons une simple multiplication, 820 dh X 12 mois X 4.341.9813.560.424.420 dh.
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tentative de conciliation demeuréeinfructueuse. Seule la répudiationfera "objet du présent développement, le divorce devant être traité ultérieurement, dans un article séparé.La répudiation décidée par le mari estde deux sortes : celle qu'il prononce deson propre chef, comme "maître et seigneur", sans avoir à la justifier devantqui que ce soit; celle par laquelle ilaccède à la demande de sa femme.La répudiation prononcée du seul chefdu mari est soumise à des conditions defond et de forme :~ Elle est prononcée par le mari, ou parson représentant, ou par celui qu'il ainvesti de cette mission.- Elle doit être pure et simple, c'est-àdire qu'elle ne peut être assortied'aucune condition ..La femme doit être régulièrementmariée ou en retraite de continence(idda) consécutive à une précédenterépudiation révocable (car il est, on leverra, des répudiations irrévocables).Le mari doit avoir, au moment de la prononcer, le contrôle de lui-même, autrement dit une volonté libre.La répudiation ne peut atteindre unefemme qui se trouve en "période menstruelle".La décision doit être exprimée clairement, mais peu importe la forme: verbalement (en termes explicites), parécrit, par signes ou par gestes non équi-
voques s'il s'agit d'un illettré n'ayant pasl'usage de la parole.Une fois exprimée, elle doit être constatée ("reçue") par deux adouls.Quant à ses effets, ils diffèrent selonqu'il s'agit d'une répudiation révocableou d'une répudiation irrévocable.La répudiation révocable (talâq rij'i) estcelle sur laquelle le mari peut revenirdans certaines conditions.Il faut souligner au passage que la répudiation dite multiple ne vaut que commerépudiation simple.Dès que la répudiation est prononcée,la femme entre en 'idda (retraite de continence encore appelée retraite légale).Tant que dure la 'idda, le mari peut, entoute liberté, reprendre sa femme. Il luisuffit pour cela de le déclarer (en principe devant adouls), sans avoir à verserune nouvelle dot ni besoin de l'intervention du Wali (tuteur matrimonial) de lafemme.Cela dit, la 'idda étant une forme deséparation de corps, les conjoints nepeuvent avoir de rapport sexuel. Etcomme le mariage n'est pas dissoutmais seulement relâché, d'une part lemari doit entretenir sa femme, les conjoints demeurent héritiers l'un de l'autre,d'autre part.Quant à la répudiation irrévocable (talâqba'in), elle intervient lorsque le mari n'apas repris sa femme durant la 'idda,étant précisé qu'il ne peut le faire après
-'\,.-
une troisième répudiation, celle-ci étant'de plein droit irrévocable.Il en est de même de la répudiationintervenue avant la consommation dumariage. Les effets de la répudiationirrévocable sont ceux de toute dissolution définitive du mariage.On ne peut évidemment, dans les limites de cet article, exposer ces effets endétail. Disons seulement et rapidementque ceux-ci sont d'abord extrapatrimoniaux: chacun des ex-épouxpeut se remarier, le mari immédiatement, la femme après sa 'idda.
Abderrahim BERRADA
mariage, et non à la décider elle-même.Et cette demande, elle peut la présenter à son mari, s'il veut bien la répudier,ou, dans le cas contraire, au tribunal,qui devra prononcer le divorce.Si cette analyse est exacte - et elle l'estsi les mots ont un sens -, l'article 44étant par ailleurs d'un laconisme exemplaire, on peut logiquement déduire quele droit de décider la répudiation peutêtre reconnu par le mari à sa femmepour toute situation que l'un et l'autrepourraient imaginer.Resterait alors l'essentiel, le problèmepratique: que les adouls (qui sont contrôlés par le cadi du taoutiq, c'est-à-direle magistrat chargé d'authentifier leursactes) acceptent de dresser un acte demariage qui, parce que sortant du commun, glisserait facilement, à leurs yeux,de l'insolite à l'hérétique. Question demœurs. Signe des temps.Au total, chacun conviendra que la"vraie" répudiation est celle décidée parle mari. Lui seul peut souverainement,impunément et en quelques secondes,décider du sort de son conjoint et, parricochet, de celui des enfants communs. Quant à la femme, si elle n'a paseu le "front" d'exiger que le mari luireconnaisse, dans l'acte de mariage, lafaculté de se répudier, il ne lui resteraque la possibilité de le supplier de la délivrer moyennant finance. Donnantdonnant.Question de mœurs. Signe des temps.
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aux biens est nécessaire.La femme doit consentir à la compensation sans aucune contrainte. Leseffets du khol' sont ceux d'une répudiation irrévocable.A côté de la répudiation décidée par lemari, soit de son propre chef, soit à lademande de sa femme, on trouve unecuriosité dans "article 44 de la Moudawwana, reflet d'une règle qui, pour êtreclassique, n'en est pas moins trèsdébattue par les juristes musulmans.Cet article dispose que "la répudiationest prononcée par l'épouse lorsque lafaculté lui en a été donnée en vertu dudroit d'option". Il s'agit, pour être clair,du droit que le mari recon'1aÎt à safemme sur la demande de celle-ci etdans l'acte de mariage de... se répudierelle-même !!!Pour quelle (s) situation(s) le mari peut-ilêtre appelé à concéder un tel droit à safemme?Nul texte - et singulièrement pas mêmel'article 44 - ne le précise. Certainscroient pouvoir avancer - avec tropd'assurance, semble-t-il - que le seul casenvisageable est celui prévu par l'article 31 de la Moudawwana, qui vise lapolygamie: "La femme a le droit dedemander que son mari s'engage dansl'acte. de mariage à ne pas lui adjoindreune co-épouse et à lui reconnaître ledroit de demander la dissolution dumariage au cas où cet engagementserait violé".En réalité, une lecture correcte de cetarticle 31 permet de dire que celui-ciautorise la femme à demander - demander seulement - la dissolution du
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Ils peuvent d'ailleurs se remarier entreeux. Toutefois, si la répudiation irrévocable a suivi deux répudiations révocables successives, la femme doit, pourépouser son ex-mari, avoir préalablement contracté mariage avec un tiers ets'être régulièrement dégagée de cetteunion transitoire.Les effets de la dissolution du mariagesont par ailleurs patrimoniaux: Pas deproblème majeur pour la question desbiens, en raison de la séparation légaledes patrimoines. La vocation successorale disparait entre les ex-époux. Enfin,le cadi allouera à la femme non uneindemnité réparant le préjudice quepourrait lui causer la répudiation maisun simple "don de consolation", unemout'a, qui sera fixée en fonction de lafortune du mari et de la condition de lafemme.De cette répudiation décidée du proprechef du mari se distingue celle parlaquelle celui-ci accède à la demande desa femme. En somme, il s'agit ici d'unerépudiation par consentement mutuel.C'est ce que ['on appelle le "khol".Celui-ci est soumis à certaines conditions:La femme doit verser une compensationde nature pécuniaire à son mari, aveccette précision que si la femme est indigente, la compensation ne peut portersur une chose à laquelle est attaché undroit des enfants, formule qui ne brillepas par sa clarté.Si elle est majeure, la femme donnevalablement seule son consentement àl'obligation de verser la compensation ;si elle est mineure, l'accord de son wali
LA REPUDIATION
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DES DIFFERENTES FORMESDE REPUDIATION
ET DE LEURS EFFETS
Art. 44 La répudiation est la dissolutiondes liens du mariage prononcée par:
- l'époux, son mandataire ou touteautre personne désignée par lui à ceteffet; 1-
- l'épouse, lorsque la faculté lui en a étédonnée en vertu du droit d'option;
- le juge (divorce judiciaire).
Art. 45 Seule, peut faire l'objet d'unerépudiation, la femme engagée dans lesliens d'un mariage régulier ou celle enétat d'idda (retraire de continence) consécutif à une répudiation révocable.La répudiation, même conditionnelle,ne saurait s'appliquer dans un cas autreque ceux ci-dessus spécifiés.
Art. 46 La répudiation peut avoir lieusoit verbalement en termes explicites,soit par écrit, soit encore par signes ougestes non équivoques s'il s'agit d'unilletré n'ayant pas l'usage de la parole.
Art. 47 Si la répudiation intervient aucours d'une période menstruelle, le jugecontraint l'époux à reprendre la viecommune.
Art. 48 La répudiation doit être reçuepar deux adouls (notaires),Art. 49· Est sans effet, la répudiationque le conjoint prononce en completétat d'ivresse ou sous la contrainte ouau cours d'une colère lui enlevant, entout ou en partie, le contrôle delui-même.
Art. 50 La répudiation par serment estsans effet.
Art. 51 Toute répudiation double ou triple ne vaut que comme répudiation simple, quel que soit son moded'expression.
Art. 52 La répudiation affectée d'unecondition est sans valeur.
DE LA REPUDIATIONMOYENNANT
COMPENSATION (Khol')
Art. 61 Les époux peuvent convenirentrè eux de la répudiation moyennantcompensation.Art. 62 Le consentement d'une femmemajeure à la compensation en vued'obtenir sa répudiation est valable.S'il émane d'une femme mineure, larépudiation est acquise, et la mineuren'est tenue de se libérer de la contrepartie qu'avec l'accord du tuteur chargéde l'administration de ses biens.
Art. 63 Le montant de la compensationne sera acquis au mari que si la femme,en vue d'obtenir sa répudiation, ya consenti sans contrainte et si elle n'a faitl'objet d'aucun sévice.
Art. 64 Tout ce qui, légalement, peutfaire l'objet d'une obligation peut valablement servir de contrepartie enmatière de répudiation (khon.Art. 65 Toutefois, dans le cas où lafemme est pauvre, toute contrepartiesur laquelle les enfants ont un droit, estinterdite.
Art. 66 Tout divorce prononcé par lejuge est irrévocable, à l'exception decelui qui résulte du serment de continence ou du défaut d'entretien.
Art. 67 Toute répudiation prononcéepar l'époux est révocable à l'exceptionde la répudiation prononcée à la suitede deux précédentes répudiations successives, de celle intervenue avant laconsommation du mariage, de la répudiation (khon ou de celle qui résulted'un droit d'option laissé à la femme.
Art. 68 Dans le cas de répudiation révocable et avant l'expiration de l'idda(retraite légale), le mari a le droit dereprendre son épouse répudiée, sansnouveau sadaq (dot) ni intervention duWali.Ce droit de reprise subsiste nonobstantrenonciation du mari.
Art. 69 A l'expiration de la retraite légaleconsécutive à la répudiation révocable,la femme se trouve définitivement séparée de son époux.
Art. 70 La répudiation irrévocable(baïn), autre que celle prononcée à lasuite de deux précédentes répudiationssuccessives, dissout immédiatement lesliens conjugaux et ne s'oppose pas à laconclusion d'un nouveau mariage entreles mêmes époux.
Art. 71 La répudiation prononcée à lasuite de deux précédentes répudiationssuccessives, dissout immédiatement lesliens conjugaux et interdit le remariageavec la même épouse, à moins quecelle-ci n'ai accompli la retraite légaleconsécutive à la dissolution d'un autremariage effectivement et légalementconsommé par un autre époux.
DES FORMALITESADMINISTRATIVES
DE LA REPUDIATION
Art. 80 Les adoul dressent l'acte derépudiation dès qu'ils en sont requis.Cet acte ne peut être établi sans que soitadministrée la preuve du mariage. Si ellene peut l'être les adouls soumettentl'affaire au juge.Art. 81 1) L'acte de répudiation doitmentionner, pour chacun des ex-époux,son nom, sa filiation, son domicile etson identité d'après la carte individuelleou un certificat administratif d'identité.
2) Il doit se référer à l'acte de mariageen indiquant ses numéro, folio et dateet en précisant que cet acte se trouveau dessus ou au verso de l'acte de répudiation.
3) Il doit indiquer la nature de la répudiation et s'il s'agit de la première, dela deuxième ou de la troisième.4) L'acte de répudiation est propriétéde l'épouse et doit lui être remis dansun délai ne dépassant pas quinze jours.Le mari a droit à une copie.5) Les frais de l'acte de répudiation sontà la charge du mari répudiateur.6) Dès le prononcé de la répudiation,le juge doit aviser l'épouse répudiée.
Source Moudawwana
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TémoignagesLa répudiation. Droitou fléau? Certains enusent avec une légéretéparfois déconcertante.La loi sert les hommes,ils s'en servent immodérement. Comment mesu-
rer la douleur d'unefemme répudiée? Sondésarroi ? Si elles n'ontaucun moyen, ces femmes, de réagir, encoremoins d'exiger, elles peuvent cependant témOIgner.
Touria Hadraoui a
interrogé quelques unesde ces femmes jetées pardessus bord. Elles lui ontraconté leurs déboires, 2/4"
J:.,:Y.. ,II
les mauvaises surprises, ... ~ o~;;'
la tristesse de se retrou- ~Î:.ver à la rue ou chez des 'i(
parents à l'hospitalitélassée par l'indigence ...
" '.
Malika, 30 ans.
Khadija, 35 ans. Même histoire que Malika à peu dechoses près.
"II m'a renvoyée dans ma famille, m'aremis ma lettre ... Pour m'empêcher deremettre les pieds dans la maison etfaire que je ne puisse pas reprendre mes
"Le tour que mon mari m'a joué,jamais un homme ne l'a joué à unefemme. Il m'a conduite chez mesparents au village.
Nous n'avions eu aucune dispute.Quand j'ai voulu revenir à la maison, j'aieu une énorme surprise. Mon mari avaitchangé la serrure. Mes voisins m'ontalors appris qu'il avait amené une nouvelle mariée. Je n'ai jamais pu rentrerchez moi. Pas même pour récupérermes vêtements. J'ai deux enfants aveclui."
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Elle est encore sous le choc. Partie dela maison avec son gosse sur le dos,sans un sou, rien. Elle m'a demandécinq dirhams pour se rendre chez sesparents, à Oulad Haddou.
"J'étais en train de faire le ménage,en écoutant la radio. Tout était enordre. On n'avait aucun problème. Il estvenu à un moment (mon mari) me donner un coup de main à la cuisine, pourpréparer le repas. Une querelle de riendu tout a éclaté. Alors il me tend une"lettre" (l'acte adoulaire de répudiation)en me disant: "Tiens, voilà ce qu'il ya désormais entre nous". J'en avais lesouffle coupé. Je n'en croyais pas mesyeux. Pourquoi il a fait ça ? Je ne saispas. C'est peut-être à cause de la sorcellerie (Shour). Je lui ai toujours étéfidèle. Je faisais tout ce qu'il me demandait. J'étais un peu une poupée pour lui,vu la différence d'âge (dix ans de plusque moi). Je ne comprends pas ... je necomprends pas... "
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Fatima, une jeune fille, une petite fille. 14 ans, mariée il ya sixmois. Récemment répudiée. Elle parle peu. Timide, innocente.Belle. Tout le monde la dévorait des yeux. Son père l'accompagnait. Un vieux bonhomme en rage contre le mari, les fonctionnaires de Dar el Cadi, contre le monde entier.
"Je ne comprends pas. Nous étionsbien. Mektoub, il n'y a rien à faire. Toutce que je demande, c'est de récupérerla lettre de divorce. Je suis fatiguée devenir, de revenir ... j'en ai assez."
"i'~I~'T"~' ·l""t,!4'ô~:~:.=q,,.2'!~,t,,;~-i'~
Nezha, 21 ans. Belle malgré les stigmates de la pauvreté sur le Zina, une vieille femme de 70 ans.visage. Son fils de quatre ans sur le dos. Elle s'est mariée à 14 "II aura fallu, que je devienne uneans. Huit ans de vie conjugale. vieille femme pour voir ce que je n'ai
jamais vu ... le monde est étrange. Monmari m'a quittée il y a quinze ans. Cen'est que récemment qu'il m'a effectivement répudiée. 1/ a attendu que lesenfants grandissent pour que je nepuisse plus demander la "nafaqa". J'aitravaillé dans des familles, ici et là, pourfaire vivre mes sept enfants. Il ne m'ajamais rien donné. Il s'est remarié.»
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affaires personnelles, il a installé unsystème pas possible... du courant électrique passait dans la porte... je ne pouvais pas ouvrir. Il n'est même pas jeune.C'est un sale individu de 60 ans, sté-
. rile ... "
Bahija
"II ne faut pas avoir confiance dansles hommes. Avec mon mari, j'étaisheureuse. Nous étions toujours ensemble. Les sorties à 18 heures, les promenades, les week-end. Même pourprendre une nouvelle cassette vidéo ony allait à deux. Aujourd'hui, je suis répudiée. On m'a dit qu'il a connu une autrefemme. Il a changé depuis ce jour. Ilm'avait promis de me laisser la maison,de me donner la "nafaqa" pour nosdeux enfants... Il ne vient même pasaux audiences du tribunal. Il a pris unavocat connu comme s'il avait affaire àun assassin ... "
Rabia, 27 ans, un enfant,
"II m'a répudiée après avoir pris unenouvelle femme. Ce sont tous des"Qulad El Hram". Ils se marient pourprendre leur plaisir, après c'est fini.
Si la femme est mince, l'homme laveut grosse, si elle est grosse, illa veutmince. Si elle est petite, il la veutgrande... Tous les prétextes sont bonspour répudier".
Fatiha, 28 ans, sans enfants.
"J'étais fiancée avec lui pendant troisans. Le lendemain du mariage, il m'arépudiée. Il voulait se venger de moiparce qu'il savait que je ne l'aimais pas.Mes parents m'avaient mariée malgrémoi".
Entretien avec le greffier en chefdu tribunal
"Je ne peux donner les pourcentagesexacts du "Talaq" et du "Tatliq" (répudiation et divorce). le tatliq est rare. 90affaires environ de divorce judiciaire paran, contre 90 affaires de répudiation parjour".
"II Y a, à peu près, cinq cas de répudiation par jour dans ce bureau".
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Kalima : Ya t-il beaucoup de femmes qui viennent demander ledivorce?
Adel : C'est rare.
K. : Votre expérience vous permetelle de tirer une règle quand aux raisons qui poussent une femme à seséparer de son mari?
A. : Ce sont des femmes qui veulentleur liberté, qui veulent se distraire. Ellesne veulent plus de leurs maris parcequ'ils les enferment à la maison. Ellesaspirent à faire des choses que leursmaris ne permettent pas, sortir librement, par exemple. D'autres femmessont conduites à divorcer, parce queleurs maris ne prennent pas bier soind'elles (elles ne mangent pas à leur faim,par exemple). Il arrive qu'une femmeexcédée quitte tout, mari, enfants etbiens personnels, pourvu qu'elleobtienne le divorce.
K. : En règle générale, qu'est-ceque les maris reprochent à leursfemmes? Pourquoi lesrépudient-ils?
A. : Beaucoup d'entre eux se marientpour le simple plaisir, je veux dire dansun but purement charnel. Ils restentdeux, trois mois, puis répudient lafemme. Il y en a qui se marient encachette (et répudient à la sauvette)parce qu'ils ont déjà une femme.
Les problèmes familiaux entrent aussipour une part dans la répudiation(quand la famille du mari fait pressionsur lui). Mais, la femme est responsable de ça. Tout vient d'elle.
K. : Comment ça 7 Vous venez dedire que c'est l'homme qui prendl'initiative de la séparation, dansl'écrasante majorité des cas.
A. : Oui, mais à cause de ce que leurfont subir leurs femmes. Elles sont deplus en plus exigeantes. Elles désirentquantité de choses mais c'est trop à lafois pour l'époux.
L'autre jour, un homme respectable,"bien placé", est venu me voir pourrépudier sa femme. Une semaine après,il avait décidé de la "récupérer".
En guise d'explication, il m'a confiéqu'il avait cherché seulement à la punir,parce qu'elle le harcelait de questionsquand il rentrait tard et qu'elle ne savaitpas où il était.
Oui, il faut parfois sanctionner ainsiles femmes. Elles deviennent plus dociles, après ce simulacre de répudiation.
~oghourtnature
SALADE DE POULET
SALADE ITALIENNE
NOMBRE DE PERSONNES 4TEMPS TOTAL -INCLUS PREPARATION& CUISSON EN 35 MINUTES
INGREDIENTS
4 Pommes de terre2 Pommes1 Piment rouge frais
- 150 grammes de jambon cuit2 Bols de sauce mayonnaise1 DANONE nature
. 2 Oeufs durs, eau, sel
- Bouillir les pommes de terre, avec leur peau, dans de l'eau salée.
- Une fois cuites et froides, les éplucher et les découper en longueurcomme des frites. Faire de même avec les deux pommes épluchées,avec les piments et le jambon.
- Bien mélanger la sauce mayonnaise avec le DANONE nature,ensuite napper la salade qui se trouvera déjà dans un saladier.
- En dernier lieu, découper les oeufs en rondelles et en décorer lasalade
- Servir frais.
Recettes Offertes par Centrale Laitière
MAROC - LAIT
NOMBRE DE PERSONNES 4TEMPS TOTAL - PREPARATION& CUISSON EN 40 MINUTES
INGREDIENTS
2 Bols de poulet cuit(retirer les os)
3 Cuillères à soupe de DANONE naturel- 1/4 de kg de petits poids
déjà cuits ou en conserve4 Piments rouges frais
- 100 Grammes de riz cuit- Huile et sel
- Rincer les piments, les sécher, et les frire.
- Disposer dans un saladier ou plusieurs saladiers individuels, leslamelles de piments, !e poulet coupé en petits morceaux, le rizcuit et les petits poids. Préparer une sauce en battant l'huile, lesel, le DANONE nature et le jus de citron.
- Nous vous conseillons de laisser refroidir 10 à 15 mn, avant deservir, la salade aura meilleur goût.
L'ECONOMIE EN QUESTIONS -
bonne
Toucheduction est devenue, depuis laseconde guerre mondiale, uneproductioIl de masse engendrant une consommation demasse. Aujourd'hui c'est, en
moyenne, 90 % des ménagesqui possèdent la machine àlaver. On parle même de saturation à ce niveau. Mais lemouvement continue, la tendance est à l'informatisationdes foyers. Tu te rendscompte?lui : Et c'est la crise actuellequi est derrière cette « troisième vague» comme ditAlvin Toffler. A propos j'ai lule livre, il est très intéressant.Elle: Je reviens aux années45 - 75. L'électro-ménagers'est répandu dans les paysdéveloppés grâce à deux choses: les gains de productivitéet la baisse des coûts c'est-àdire des prix d'une part, etd'autre part - et c'est trèsimportant - la progression dessalaires derrière les prix et laproductivité. Bien entendu,pour acheter il faut d'abordpouvoir acheter.lui: Ce n'est pas le cas, auMaroc, n'est-ce pas, où lessalaires suivent le sens symétrique en pouvoir d'achat,par rapport aux prix, auxprofits. Mais si on prendl'exemple des familles aisées,on constate que la relationn'est toujours pas vérifiée. Il ya comme qui dirait une cohabitation entre la bonne et lamachine.
Elle: L'électro-ménager estfort prisé par la bourgeoisie.Ce sont des gadgets, des fantaisies qu'on se passe. Il ya uneffet de démonstration évident. Mais la machine à laverne fonctionne jamais. On segarde bien de l'utiliser. Puisque la bonne est là, elle doittout faire.
mapas
l'invention de la machine àlaver pour plus révolutionnaireque la machine à vapeur. Celaprovoque un bouleversementdes rapports sociaux les plussubjectifs, les plus figés, desattitudes les plus coincées.lui : Soit. Mais regardonsici. On a l'impression qu'il nese passe rien. Tu dois l'avoir,toi, la machine à laver. Beaucoup de ménages possèdent lagamme en entier. Pourtant onvoit des bonne~ partout.Elle : C'est vra i que la corré-
lation se trouve, chez nous,cassée. Elle ne fonctionne pas.Il y a au moins deux explications.lui: Excuse-moi une
seconde. Je vais ouvrir. J'ail'impression qu'on a sonné.Elle: C'est elle?
lui: Hélas non! Alors, tesdeux explications?Elle: Oui. La première, c'estque dans les pays développésça marche parce que la pro-
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d'un minimum d'électroménager, machine à laver,aspirateur, etc. Il faut aussi desservices sociaux : des crèchespar exemple. Car dans les paysdéveloppés, la bonne est uneespèce en voie de disparition,tu le sais aussi bien que moi.lu i: Supplantée par lamachine. Je connais l'histoire.La machine chasse l'homme,on l'a constaté, n'est ce pas,lors de la révolution industrielle. Cette fois-ci, c'est lafemme qui est vidée, boutéehors du foyer.Elle: Et c'est tant mieuxpour elle. Car elle est, paradoxalement, enfin libre deschoses domestiques.lui: L'homme, par contre,passe à la casserole. Devientcordon bleu.Elle: La participation del'homme, c'est-à-dire du couple aux travaux domestiquesest d'autant plus aisée à obtenir que l'électro-ménager estdiversifié, complet. Je tiens
Elle : Ainsi donc tu es furieuxparce qu'elle n'est pas encorearrivée?lui: Quand elle n'est pas làje suis malade. En plus,aujourd'hui, j'attends dumonde à dîner. Je suis paumé.Elle: Mais tu peux tedébrouiller tout seul, bricolerquelque chose. Ce n'est pas lamer à boire tout de même?lui :Non bien sûr. C'est de labouffe à préparer. Trois foisrien. Mais c'est pire. La véritéc'est que sans ma femme deménage je suis cuit.Elle : Je ne comprends pas.Et tes tartines sur la femme quidoit cesser d'être une poticheune boniche et je ne saisquoi? Ça y est? Tu asoublié? Femmes de tous lespays unissez-vous. Soyez réalistes, demandez l'impossibleégalité. Ne faites pas la cuisine, faites la grève, et d'autresinterminables harangues de lamême farine.lui: C'est une problématique qui n'a rien à voir avec ca.Elle: C'est la même problématique. Il s'agit de la distancechez toi et chez beaucoupd'hommes qui pérorent à longueur de journée sur la condition de la femme - de ladistance entre ce qui est dit et,sans doute, réellement pensé,et ce qui est fait, assumé dansle quotidien.lui: C'est aussi ton problème. Ne l'oublies pas. Car toiaussi tu as une bonne.Elle: Doucement, doucement. Mais moi je ne pleurniche pas quand elle décide derendre le tablier. Moi, je peuxm'auto-nourrir moi. M'autolaver, m'auto-blanchir. Cen'est guère ton cas, lapreuve...lui: Il y a des limites. Tu nepeux pas faire ça tous lesjours. Tu le sais bien.Elle: Je le pourrais sous certaines conditions.lui: Lesquelles?Elle: Première condition:que j'homme s'y mette avecmoi. Passe le tablier. C'est leplus difficile. Deuxième condition : que je dispose chez moi
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Lui : Il ne faut pas lui apprendre le mode d'emploi. Elle casserait tout le matériel.Elle: C'est une situationbizarre, en porte-à-faux. Quine peut se comprendre - c'estma seconde explication qu'en liaison avec le problèmedu chômage; la main d'œuvredomestique est très bon marché. Au fait, combien tu payesta bonne? On ne peut pasvivre avec ça n'est-ce pas?Lui: Je dirai même plus, onne peut pas vivre avec ça.Elle: Tu sais qu'un projet decodification du salariat domestique est en train de moisir aufond d'un tiroir du Ministère del'Emploi, depuis pas mal detemps déjà?Lui: D'où viennent les résistances?Elle: Va savoir. J'entendssonner.Lu i : Vivement cette fois que
ce soit elle.Elle.: C'est elle?Lui : Oui, c'est elle.
Noureddine EL AOUFI
Elle est bien
MON mari travaille, je travaille, mesenfants vont àl'école. Aucun
de nous n'a le temps - etencore moins l'envie - des'occuper de l'entretien de lamaison.
Je suis cependant la seuleresponsable des décisions àprendre dans ce domaine, laseule concernée par cettesituation. Pour la règler, je nevois qu'une solution: prendreune bonne à plein temps.
Je veux donc une bonne quiastiquera ma maison, laverama vaisselle sans la casser etnettoiera mes vêtements sansles abimer.
Elle s'occupera du rangement, fera la poussière, assurera le raccommodage et lerepassage quotidiennement.
Je veux une bonne «pédagogue» qui prendra soin de
«bonne»mon bébé, le torchera, lui don- Je veux une bonne sounera le biberon et tout cela très cieuse de mon bien-être qui,très proprement et bien affec- non seulement lavera, cuisitueusement. D'une grande nera,élèvera et gèrera maisdisponibilité, elle veillera sur les assumera toutes ces tâches engrands garçons, leur servira à restant consciente des limitesmanger sans jamais oublier de de sa condition. A aucunles faire goûter. moment, elle ne devra élever
Je veux une bonne présen- le ton ni me remettre en questable, docile, agréable, nulle- tion dans mon statut de mai-ment envahissante ni tresse de maison.entreprenante et encore moins Je ne veux surtout pasdésirable. d'une bonne maladive qui
Elle me fera des plats mijo- gémisse sur sa situation et metés, une cuisine raffinée et jalouse dans mes ambitions.prendra toujours soin de mes Ma bonne sera heureuseinvités. d'être chez moi, surtout pour
Je veux une bonne éco- 300 OH par mois.nome qui saura faire les cour-ses sans trop dépenser. fàttouma BEN ABDENBI
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L'amitié entre les sexesU fi rêve réalisable
L'amitié, c'est quoi déjà?Entre les hommes et les femmes? Vous plaisantez ...Feu-vert, la rubrique du dialogue démarre sur les chapeaux de roues.A des jeunes et des moins jeunes, à des messieurs et à des dames, nousavons posé une question et une seule; « l'amitié entre les sexes estelle possible 7»Sur la base de cette interrogation, diverses sensibilités se sont exprimées lors d'un débat qui se voulait rencontre. Paroles mesurées, discours rationnels, le ton est à la réserve. Il n'est pas toujours évident deparler de soi. De soi par rapport aux autres encore moins. Appréhenderun rapport auquel nulle place n'est reconnue dans notre société poseun problème. Notre langage parlé lui-même est pauvre en mots traduisant la notion d'ami. «~~\}) englobe tout: « l'allli, le camarade,le copain ...Appliqué dans le cadre de relations hétérosexuelles, il n'est pas exemptd'ambiguïté.Les réactions enregistrées lors de nos entretiens traduisent un profondmalaise, Beaucoup de nos interlocuteurs se sont montrés sceptiques,certains parce qu'ils ont été déçus dans leur tentative d'établir une amitié avec quelqu'un du sexe opposé, d'autres parce qu'ils ne l'ont jamaiscru possible.Cependant, les « bienheureux» de l'amitié entre hommes et femmesexistent et nous les avons aussi rencontrés.Notre question a eu droit à un énergique « bien sûr » et un éclat de rirevivifiant nous a rendu notre optimisme.Oui, l'amitié entre les sexes peut être possible.
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AMITIE / SEDUCTIONDans une catégorie
ou dans l'autre
• N.;ma ,Il ya une no';on ;mportanteque je voudrais introduire par rapport àcette question d'amitié entre homme etfemme. C'est celle de la séduction.
A mon sens, au départ entre unhomme et une femme, il y a obligatoirement un rapport de séduction.
C'est une étape à passer. De deuxchoses, l'une. Soit il ya passage à l'acteet le désir satisfait, on devient amis. Soitil n'y a pas de passage à l'acte et l'ambiguité risque de s'installer. Une discussion franche s'impose alors pour quedes rapports clairs puissent s'établir.
Pour ma part, quand je rencontre unhomme, je le perçois d'abord en tantqu'homme. Je vois s'il est susceptiblede me plaire. En fonction de cela, je leclasse dans une catégorie ou dans uneautre.Nadia: Non, moi, je ne suis pasd'accord. Je considère l'hommed'abord en tant qu'être, en tant que personne. Les rapports que j'établirai aveclui évolueront vers l'amour, l'amitié oula camaraderie en fonction de ce qu'ilpeut m'offrir.
Amin: Le rapport de séductionexiste mais il n'est pas systématique.
Naïma : Quand tu rencontres unefemme, même si tu ne cherches pas àla draguer, à établir une relation physi-
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que avec elle, tu sais au fond de toiqu'elle te plait et que c'est pour cetteraison que tu as envie d'être ami avecelle.
Amin: Peut-être, oui. Mais je nepense pas qu'il faille passer par une discussion « franche» comme tu dis pourétablir un rapport amical dénué d'ambiguité. Au départ bien sûr, il y a une attirance, quelconque qui amènE: deuxpersonnes à se rencontrer. Mais ellen'est pas nécessairement physique etmême si c'est le cas, on peut la dépasser en sillence.
Nadia: Au départ, je perçois toujours l'homme en fonction de sa personnalité et non en fonction de son sexe.Donc en tant qu'être et non en tantqu'homme. Mais cela me coûte cher.On me prend pour une naïve. A chaquefois, c'est la déception. A aucunmoment, à aucune expérience, ça n'araté.
Zohra :Pour ma part aussi, je necrois pas beaucoup à l'amitié entre lessexes. L'homme est toujours interessé,d'une façon ou d'une autre. J'ai cru unefois, pouvoir avoir un ami homme.J'étais très jeune à l'époque. C'étais justement en ces temps où le discours surl'amitié était très à la mode. Cet ami
était un très gentil garçon et notre relation était dénuée de toute ambiguité.C'était fantastique. Mais j'avais aussiune autre amie, fille. Et il s'est avéré aubout du compte que c'était elle sonobjectif premier. Il m'a utilisé pour établir une relation avec elle. Je ne l'aicompris que le jour où il a fini par mel'avouer lui-même. J'ai été horriblementdéçue parce que j'y avais vraiment cru.Je lui avais énormement donné de moimême. Il m'a cassé une illusion quej'avais fini par croire vraie: celle del'amitié entre un homme et une femme.
Quand il a réussi à séduire mon amie,c'était fini entre nous. Pire que cela. Ilne voulait même plus que je la revoiesous pretexte que je pouvais avoir unemauvaise inflence sur elle. Puisquej'avais contribué à les unir, je risquais,d'après lui, de les séparer.
Comme il m'avait raconté toute savie, les problèmes quil avait connu, sesangoisses, il craignait peut-être que jen'en fasse part à sa femme. Que je ledévalorise à ses yeux. Je ne sais pas.
Toujours est-il que cette expériencem'a complètement désillusionné sur cesujet. Je n'ai plus jamais pu rétablir avecun autre homme des rapports aussi purset aussi entiers.
AMITIE/SEXUALITE«On l'appelait le «garçon»
-Kh8dii8A mon avis la seule amitié possible est
celle qui existe au sein d'un couple. Etcelle qu'on établit ensemble hors ducouple. Nous partàgeons, mon mari etmoi, beaucoup d'amis communs. Dansce cadre là, mes rapports avec les hommes se passent très bien. En dehors çase complique. Chaque fois que je tentede fréquenter un homme sans monmari, il essaye de me «draguer». Il veut«m'avoir» et il me le fait comprendre,soit de manière directe soit de manièreindirecte. Il ne consent à me considérer comme une simple amie que lorsqu'ilcomprend que je n'ai pas l'intention delui céder.
Fouad~our qu'un homme puisse voir en la
femme une amie, il doit oublier en ellela femme. Elle devrait donc presque êtreassexuée. Elle sera alors pour lui un amiqui a le corps d'une femme.
DrissJe connaissais une femme comme ça
qui étudiait avec nous. On était toujoursensemble. Elle nous accompagnait par-
tout où nous allions. On n'avait jamaisl'impression que c'était une femme quiétait avec nous. On l'appelait d'ailleurs«le garçon».
KhadijaOui, c'est vrai, j'ai déjà ressenti ce
type de situation.Un jour par exemple, je discutais avec
un ami de la sexualité féminine. Quandnotre conversation s'est terminée, il m'abrusquement déclaré: mais, je te parlecomme je parlerai à un homme, à unami. Il était stupéfait.
DrissOn ne peut être ami avec quelqu'un
de l'autre sexe que dans un certaincadre. Dans le cadre du travail parexemple, une femme peut se lier d'amitié avec un homme parce qu'elle n'estpas posée comme un objet sexuel maiscomme un être qui travaille. Hors de cecontexte, ça me paraît beaucoup plusdifficile parce que l'aspect sexuel etémotionnel du rapport homme/femmereste le plus fort. Il étouffe tous lesautres.
FouadPour ma part je n'y crois pas. Il y a
trop d'obstacles qui empêchentl'homme et la femme de se parler librement. Quand je rencontre un homme,j'aborde avec lui tous les sujets. Avecune femme, je ne peux pas. Je doisréfléchir avant de parler. J'ai toujourspeur qu'elle n'interprête mal mesparoles.
DrissMoi je peux vous citer des exemples
en rapport avec cette question. Etudiant, j'étais très spontané. Quand jeparlais, je me mettais aucun frein à mesparoles. Je m'exprimais librement surtout, aussi bien sur la sexualité que surl'économie. Mais quand je me trouvaisen compagnie de filles, il yen avait toujours une qui était choquée. J'ai alorspris conscience de la différence. Enleurs présences, il faut toujours faireattention à ce qu'on dit.
L'amitié entre les sexes demande uneouverture d'esprit extraordinaire.L'homme et la femme devraient pouvoiraborder tous les sujets sans arrière pensées. Il faut pour cela une atmosphèresaine. Or ça n'existe pas chez nous.
))
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AMITIE/MARIAGEAvec l'autre sexe, pasd'amitié hors du couple
- Je me vois très mal entretenir unerelation d'amitié avec un autre hommesi mon mari n'y participe pas un tant soitpeu. Sans un minimum d'affinité entreeux elle me paraît à priori inconcevable.Comme je passe la plupart de montemps en compagnie de mon mari, simon ami ne s'entend pas avec lui, il vade soi que cela me poserait de sérieuxproblèmes. Quand à le voir sans lui, iln'en est pas question. C'est le genre dechoses que notre société tolère difficilement.
Souad- La société, la société, toujours la
société. Mais enfin tu n'es pas obligéede te plier à ses règles. Sa pression estpermanente, d'accord mais tu gardes
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malgré tout une certaine marge demanœuvre.
Raja- Il Y a un tas de choses que j'aime
rai pouvoir faire. Mais ici, c'est impossible. Si tu rejettes tout, tu vis enmarginale. Et ça, ça ne me dit rien.
Souad- A mon avis, c'est une solution de
facilité que de toujours déplacer les responsabilités au niveau des autres, de lasociété. En réalité, les blocages extérieurs ne sont rien en comparaison desblocages intérieurs. Quand soi-même,on a dépassé certains préjugés, ondevient insensible au regard qu'autruiporte sur nos actes.
Raja- Je ne serai jamais insensible à ce
qui pourraît porter préjudice à monimage de marque. Si mon mari parexemple a une amie qu'il voit sans moi,je ne supporterai pas que les gens aientle sentiment que je suis une femmetrompée, même si moi je sais pertinemment que c'est faux. D'un autre côté,tout en ayant entièrement confiance enlui, je serai d'une certaine manièrejalouse qu'il ait besoin de se confier àune autre femme que moi, qu'il établisse une complicité avec une autre quemoi. Tant qu'il s'agit de copines, ça neme dérange pas. Mais face à une relation plus profonde dont je serai exclue,je me sentirai dépossédée d'une partiede lui je me sentirai ... je me sentirai ... jene sais plus.
»
.;\MITIE_
MON MARI CHERIJe suis à tes yeux une grande rêveuse.
J'idéalise, dis-tu,mes rapports avec lesgens. Je leur attribue des perceptionsqui sont miennes. Oh oui, je sais bien,tu me J'as tellement répété, je ne doispas me faire d'illusions. Une relationd'amitié telle que je la conçois n'existeque dans les livres.
Chez nous, les hommes grandissent àJ'écart des femmes. Ils ont pour elles lesyeux du fantasme. Ils ne les voient qu'àtravers leur enveloppe corporelle, entant qu'objets sexuels. Je retiens bienmes leçons, mon chéri. Ton discours,je le connais par cœur. Et pour cause,il est celui de mes frères et des maris demes copines.
Mais, sois gentil, éclaires-moi sur cepoint. Comment se fait-il que toi, tu aiestant d'amies <<ies». Comment se fait-ilque ces relations que tu considèrescomme «impossibles» pour moi, tu lesétablisses, toi, avec autant de sérénité ?Ta logique jusque là impeccable dansson argumentation psycho-socioculturelle cahote quelque peu sur cepoint. .. Il te faudrait revoir de plus prèston raisonnement. Tu déclares tes rapports avec ces jeunes femmes dépourvus de toute ambiguité. Tout y est clair,tout y est pur. C'est J'évidence même
et quand je t'interroge à ce sujet, jepasse pour mesquine et arriérée. Je suispeut être simple d'esprit, -mais vraiment,mon chéri, je ne comprends pas.
Je ne comprends pas pourquoi ton comportement serait différent de celui desautres. Ces autres que tu me dépeinssous les plus noires couleurs. A ce queje sache, tu es toi aussi le produit decette société, de cette culture, de cetteéducation. Tout ce que tu trouves à merépondre, c'est «je suis différent, jepense autrement. Je respecte les femmes» et tu rajoutes «je ne doute pas detoi, de ta fidélité, de ta loyauté maiscomme tu es vulnérable, on risque dese moquer de toi».
Tu me poses en petit animal fragile,incapable de faire preuve de discernement, incapable de se «défendre» contre ces «grands méchants loups».Mais sais-tu, J'enfance est un stade quej'ai largement dépassé. Nul mieux quemoi ne connaÎt la teneur de mes désirset de mes aspirations. Lorsque j'agis,c'est en connaissance de cause. Je suispleinement responsable de mes actes etje n'ai absolument pas besoin « qu'onme protège».
Or vois-tu, je ne veux plus vivre en permanence avec cette méfiance qui me
colle à la peau et brise ma spontanéité.Ces autres hommes sur lesquelles tu meposes un interdit, j'aspire à les connaÎtre au même titre que les autres femmes. Je ne veux pas dans mes élansenvers autrui mettre de fausses barrières. Je veux pouvoir communiquer messensations, mes impressions et messentiments en toute liberté. Et je croisprofondément en la possibilité de rire,de parler, d'aller au fond des chosesavec des personnes qui ne sont pas dumême sexe que moi. Sans pour autantdevoir passer par le langage du corps.Le sexe est un moyen comme un autrede rompre sa solitude. Mais Dieu,merci, il est loin d'être le seul. Etcomme, dans mon esprit il se conjuguetoujours avec amour, j'ai ce qu'il mefaut avec toi. Je n'ai pas besoin d'allerle chercher ailleurs. Mais notre couple,pour s'épanouir a besoin d'apport extérieur. C'est au contact des autres quenous nous enrichisssons et que nousl'enrichissons. «Donnen> de soi auxautres ne signifie pas enlever une partà son compagnon. Au contraire. C'estêtre capable de plus encore le comprendre. Alors, mon mari chéri, cesse je t'enprie de t'affoler chaque fois que je teparle d'amitié avec un autre homme.
T.H.
La célèbre FaHma de Nichapur IlX 0 ,.), réputée érudhe, entretenah une relation f ratereelle ct studieuse avec le fiystiquciranien Bayazid Bistami, avec lequel elle conversait de longues heures, n'éprouvant pas la nécessité de garder le voileen sa présence. Un incident pourtant compromit, un jour, cette relation éminemment spirituelle.Bistami remarqua que Fatima se teignait le bout des doigts avec du henné et lui en demanda la raison. Mal lui en pritcar elle lui répondit :"Si tu as remarqué que je me teignais les doigts, c'est que tu m'as regardée avec d'autres yeux que ceux de l'amitiéspirituelle. Maintenant, il faut mettre fin à l'intimité entre nous."
Anecdote citée dans"Islamische Mystiker". de T. Andrae
Stuttgart, 1960.
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AMITIE / AMOURDans l'amour, il y a un
plus et un moins parrapport à l'amitié
DouniaL'amour ne peut pas naître de l'amitié.Pour ma part du moins, je n'y crois pas.L'amitié se fonde sur l'entente etdégage une certaine sérénité. L'amourpar contre est folie, élan, extravagance.KarimMais l'un n'empêche pas l'autre. Lasérénité et la folie peuvent coexister.DouniaAh non. Moi je ne mets pas la sérénitédans l'amour. A partir du moment oùil y a sérénité, il y a tiédeur.KarimIls sont à mes yeux parfaitement conciliables. Finalement, quand j'y pense, mameilleure amie, c'est ma femme. Dans lesens où amitié, c'est d'abord entente,confiance, confidence. .DouniaJe trouve qu'il ya quelque chose quicloche dans ce que tu dis. Tout lemonde se confie à sa femme ou àson mari. Mais l'amitié ne ~e limitepas à se confier. C'est un petit peuplus que cela.KarimEtre bien ensembleDouniaD'accord, mais plus que celaKarimEtre alors encore mieux ensembleDouniaMais ça, c'est l'amour aussi. Il y acependant une nuance entre l'amour etl'amitié.Il est évident que l'on partage tout avec
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une personne que l'on aime.. Plusqu'avec un ami. L'amour est un sentiment plus fort. Il se nourrit de davantage de choses que l'amitié, telles queles relations sexuelles par exemple.Mon mari est plus que mon ami. Je necrois pas qu'on puisse lier amour et amitié. Dans l'amour il y a un plus et unmoins par rapport à l'amitié.
KarimC'est donc conciliable puisque l'être quel'on aime est un ami avec quelque choseen plus.DouniaJe ne sais pas si c'est conciliable. Sansces choses en plus aurait-tu été amiavec ta femme?KarimOui, parce que si ça ne devait plus allerentre nous, nous resterions malgré toutamis.DouniaJe ne crois pas qu'on puisse deveniramis quand on a été amants.Si on maintient des relations d'amitié,c'est qu'on veut redevenir amants.C'est donc un cercle vicieux.RajaMoi par contre j'estime qu'à ce stade là,il est possible de devenir amis. Le problème, c'est que les deux conjoints nesont pas nécessairement sur la mêmelongueur d'onde au même moment.L'un d'entre eux peut prendre prétextede l'amitié pour chercher à rétablir lesrapports précédents.
Amina, 30 ans, femme aufoyer
AminaCes deux sentiments diffèrent. On nepeut pas être amis et devenir amoureux.Ce serait alors une fausse amitié ou unfaux amour. On ne peut pas à mon sensétablir de rapports sensuels et érotiquesavec un véritable ami car je pense personnellement que l'amitié se rapprochede l'affection qui lie un frère à une sœur.On se retrouverait presque ainsi ensituation d'incestre. Ça risque par conséquent de mal se passer.Ceci dit, je ne crois pas pour ma partà l'amitié entre un homme et unefemme. Trop de problèmes érotiques seposent entre eux. Le désir que l'hommea de la femme est tel qu'il parvient difficilement à établir des relations purement amicales avec elle.Kalima : Les entraves à l'amitiéseraient donc le fait de l'homme 7Oui parce que l'homme peut éprouverdu désir pour n'importe quelle femme.La femme par contre a beaucoup plusde mal à être attirée par n'importe qui.Le résultat est que souvent l'homme aenvie d'associer une relation sexuelle àune relation d'amitié. Quand c'est lecas, l'amitié est détruite.Le rapport que l'homme et la femme ontde la sexualité est différent. L'hommele lie à un besoin physique tandis quela femme le lie à un sentiment. Les hommes qui ne parviennent pas à avoir unerelation avec n'importe qui considèrentcela comme un problème. J'ai connuainsi un ami qui me disait: Je ne suispas normal. Je ne parviens pas à avoirune relation sexuelle avec une femmesi je ne suis pas amoureux d'elle. C'étaitle drame de sa vie.
Galousie).Pour les garçons et les filles, l'amitié estun moment de l'adolescence. La nonmixité tend d'après eux à crisper les rélations et les rendre tout de suite plussexualisées. Beaucoup en effet estimentque les relations d'amitié cessent à la findes études.Pour d'autres, un petit nombre, l'amitié «meurt» et l'amour la remplace. Personne ne voit de lien ou deprolongement entre ces deux notionsaffectives.Un adolescent a affirmé qu'établir unerelation d'amitié avec une fille était unsigne d'homosexualité chez l'homme.Enfin peu de filles pensent à l'égalitédans le rapport d'amitié. Toutes disentqu'elles veulent être aidées, conseillées.Une seule parmi elles a affirmé qu'iln'était pas possible d'établir une relation d:égalité parce que «l'homme sesent toujours supérieur». «Or, ajoutet-elle, grâce à Dieu et à la puissantevolonté de la femme, celle-ci ne lui estpas inférieure.»
M.F. JAMAL ALAOUI
AMITIE / AMOUR
Les garçons cependant, se sentent aussifloués de leur côté. Ils ont souventl'impression d'être «utilisés» par les filles (par exemple pour les devoirsd'école, les leçons, les explications). Lesplus démunis ou les moins beaux leurreprochent d'avoir une attirance pourles riches ou les séduisants et les considèrent comme des personnes superficielles.Toutes les filles interrogées aspirent àune véritable amitié, pure de tous préjugés. Elles estiment que l'amitié tellequ'elles ont pu parfois la vivre, ou crula vivre, est une source d'enrichisse-
ment. L'univers masculin leur paraîtplus ouvert sur le monde, plus riche eninformations et par conséquent plusintéressant que l'univers féminin (l'éducation stricte des filles ne permettant pasà celles-ci de l'élargir).D'autre part, beaucoup de filles préfèrent le caractère masculin au leur. Ellesle trouvent plus direct. Elles dénoncentla suspicion et la méfiance qui existentdans le monde exclusivement féminin
Sondage
~~:~:~:~~~iiïiiiijill;E~n~a~mitié'c'est un autre type de rela- Rachida~ tian où on est plus authentique. On a Ce dont tu parles ne peut pas se rap-
toute sa raison, toute sa conscience porter à l'amie car on ne "découvre"pour pouvoir justement dialoguer, à pas quelqu'un avec qui on vit une pro-égalité. Il n'y a pas d'emportement fonde communication.aveugle. Je ne pense pas quèl'amitié pu'isse seKalima : transformer en amour car le rapport àL'amitié peut-elle se transformer en l'autre y est diamétralement différent.
En quoi le sentiment d'amour et le amour? Dans une histoire d'amour, il faut qu'ilsentiment d'amitié différent-ils? y ait un coup de foudre. Or un coup de
RachidaRachida foudre suppose une méconnaissance deIl y a absence d'attirance physique e~ Non pas du tout. L'amour peut éven- l'autre. Quand je rencontre cette per-amitié contrairement à l'amour. En aml- tuellement se transformer en amitié, sonne, il me faut éprouver pour elle unetié on doit avoir réèllement des affinités mais le contraire me parait improbable. attirance physique et intellectuelle. Jeavec la personne avec qui on établit ce Jalil dois sentir un mystère qui me donnerapport. Si on ne partage pas. avec elle Moi, je pense que c'est possible - On envie d'aller à sa découverte. C'est ceun certain nombre de centres d'intérêt, n'est jamais sûr des concours de cir- mystère qui attise le désir. Quand l'ami-il ne peut pas, à mon avis se créer une constance qui peuvent se produire. Le tié s'installe, il n'y a plus de mystère,véritable amitié. 'coup de foudre, l'amour tout court est donc plus de possibilité de désir.Ce n'est pas le cas de l'amour. une question d'intensité à un moment Par contre une histoire d'amour peut seJalil précis. Il est le fruit d'un concours de transformer en amitié si elle se terminePersonnellement je ne crois pas en circonstances. Il peut se produire vis-à- bien et si le désir est mort."l'amour", et en particulier en l'amour vis d'une personne étrangère comme Jalilpartagé, de la même intensité de part vis-à-vis d'une person'ne avec laquelle Je ne suis pas aussi catégorique que toi.et d'autre. La personne qui aime est, à on entretient déjà une relation. La litté- Une amie n'est pas un objet qu'onmon avis, une personne qui vit un état rature déborde de cas de ce genre,on enferme dans un placard...Au contraire,d'esprit, un imaginaire et essaye de le en découvre subitement dans son c'est une personne avec laquelle il y atransposer sur un être. Celui-ci, dès lors entourage une personne qu'on n'a une interaction permanente. Les rap-devient un objet d'amour. jamais imaginér pouvoir aimer d'amour. ports peuvent se transformer.
-~~;;;~~~ -Société, famille, religion
les trois obstacles
Cent dnquante adole<œnU intenogésdans un lycée nous ont donné leur opinion sur l'amitié entre garçon et fille.Voici les constantes que nous avons purelever.La société, la famille et la religion sontles trois obstacles principaux qui rendent, d'après eux, une amitié entre lessexes impossible. La fille craint (à causede la tradition), de nuire à sa réputationen entretenant cette relation.On note souvent des déceptions chezceux qui ont cru en une amitié. Les filles constatent après coup que le garçonreèherchait une aventure, un flirt. Prétendre à l'amitié est un moyen pour luide «draguer». Beaucoup de garçons, deleur côté, ne démentent pas cette affirmation. «J'ai déjà trois sœurs à qui jepeut me confier, je recherche quelquechose d'autre» explique l'un d'eux.«Les filles pour les garçons, c'estcomme une CIgarette, ils la fument puisils la jettent», pense une élève.
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ont dit que l'amitié n'était possiblequ'au sein d'un couple, qu'une foismarié, on ne pouvait pas entretenird'amitié individuelle avec quelqu'undu sexe opposé?Amina : C'est archi-faux.Fouzia : Tout dépend du couple. Cetteprise de position traduit un manque de
confiance évident en l'autre. L'amourentre un homme et une femme ne doitpas les empêcher d'établir d'autres rapports par ailleurs. Moi, pour ma part, jerêve depuis un moment d'avoir des amisgarçons.Omar (son mari) : Tu en avais pourtantavant.Fouzia : Oui, bien sûr, à la Faculté.Mais maintenant, je risque difficilementde m'en faire à nouveau (Fouzia est auchômage actuellement). Où veux-tuque je puisse établir des relations d'amitié ici?Kalima : Omar, conçois-tu que Fouzia ait des amis hommes 7Omar : Evidemment.Fouzia : A Paris, je ramenais mes amisà la maison et Omar n'y voyait aucuninconvénient.Omar : Elle avait des amis avec les lesquels je n'entretenais pas de rapports.Je trouve ca normal.Amina: Moi, j'ai d'ailleurs mis trèslongtemps avant de faire la connaissance de Fouzia.Kalima : Cela ne te dérangeait pasde savoir que ton mari avait uneamie qu'il voyait souvent hors de taprésence 7Fouzia : Ah ! non, s'il te plaît, ne mepose pas cette question.Amina (surprise): Mais enfin,pourquoi?Fouzia (lui répond en riant) : Parce que,en vérité, votre relation me dérangeaitbeaucoup au début. Et quand je t'aivue, ce fut pire. Tu m'avais tellementimpressionnée que je me suis dit : « Cen'est pas possible, moi, si j'étais unhomme, je ne résisterais pas ».J'étais très jalouse, mais je ne voulais
pas le montrer. J'avais une confiancetotale en Omar mais cela ne m'empêchait pas de penser qu'il était impossible de demeurer insensible devant unefille pareille. Parfois, ils restaient ensemble jusqu'à minuit. J'étais seule à la maison et j'en étais malade.Puis, par la suite, quand j'ai mieuxconnu Amina et que j'ai pu juger de lamanière dont elle se comportait avecOmar, cette jalousie m'est passée.Je sais qu'elle l'aime beaucoup. Le faitd'avoir déjà éprouvé cette formed'affection pure de toute ambiguïtépour un ami m'a aidé à mieux acceptéleurs rapports. C'est son droit d'êtreamie avec mon mari. C'est leur droitd'être amis. Je le respecte.
Amina : Pas du tout. Ce sont des amitiés différentes parce que les personnessont différentes, mais c'est exactementle même type de rapport. La variablesexe n'influe en rien à ce niveau. Jetrouve que l'amitié est ce qu'il y a deplus sain. Le jeu de la séduction qu'ontrouve en amour n'entre pas en compte.Rien n'est faussé au départ. Tu peuxêtre toi-même.
Kalima : Beaucoup de gens nous
Kalima : Amina, sens-tu une différence entre le rapport que tu établisavec Omar et celui que tu as avecune amie du fait qu'ils sont d'unsexe différent ?
moins à une amie ou un ami. En cas deproblème, je n'ai aucune difficulté à melivrer. Les rares secrets que j'ai ou lesfaits nouveaux qui jalonnent mon existence, Amina les connaît. Je ne lui faisaucune cachoterie. Si j'avais d'autrescentres d'intérêt que les siens, je lui enparlerai également.
Kalima : Certains pensent que pourparvenir à être ami avec unefemme, il faut oublier que c'est unefemme. La percevoir en quelquesorte comme un être assexué.Omar, partages-tu ce point de vue?
Omar: Absolument pas. C'est unemanière de nier le droit à la différence.Je ne peux pas considérer Aminacomme un homme. Je la pose en tantque femme et en tant qu'amie, les deuxn'étant pas à mes yeux inconciliables.
Kalima : Comment a démarré votrerelation d'amitié?
Kalima : Votre amitié vous permetelle de tout vous confier?
Amina : Bien sûr. Nous n'avons pas desujets tabous, de questions que nousn'osons pas aborder. Chacun cependant a son mode de fonctionnement.Pour ma part, je suis beaucoup plus àmême d'écouter l'autre que de melivrer. Je ne me « confesse» pas facilement. Lorsque j'ai un problème, il mefaut le dépasser avant de pouvoir enparler. Une fois que j'ai le sentiment del'avoir solutionné à mon niveau, je peuxen discuter avec lui.
Amina : Partageant le même atelierd'architecture, nous nous connaissionsvaguement jusqu'au jour où nous avonseu à travailler ensemble sur un projet.Nous avons commencé, pour cette raison, à nous rencontrer régulièrement.Au début, nous parlions boulot. Puis defil en aiguille, nOus avons abordéd'autres sujets et nous y avons pris plaisir. Nous avons passé, dès lors, desheures et des heures à discuter de toutet de rien. De nous et des autres. Dequestions « sérieuses» et « futiles ».De la multiplicité de nos centres d'intérêt est partie notre amitié. Aujourd'hui,nous nous voyons beaucoup moins,souvent parce que chacun suit son propre chemin, mais nos rapports ne sesont en rien altérés.
Omar : Moi, par définition, je suistransparent. Je ne cache rien. Encore
, t500 dro\{{ Ces 00 mar\ }}
avec m .
Omar et Amina ont une bonne raison de croire e~'~~~~~les sexes ; ils en vivent une depuis dix ans.Architectes tous deux, ils se sont connus sur les bancs de l'écoled'architecture. Avec les années, leur rythme de vie a subi desmodifications (mariage de Omar, insertion dans la vie professionnelle, etc.) mais pas leur relation. Amis ils étaient, amis ilssont restés. C'est en compagnie de Fouzia, la femme de Omarqu'ils nous ont apporté ce témoignage d'une amitié hétérosexuelle réussie.
"t d'être am\e
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AMITIE
Ce sentiment géant...Tu veux savoir de quel métal est fait
ce sentiment géant qui me lie à elle, quiqui fait qu'elle m'est aussi précieuse quemoi-même? Tu t'étonnes, tu doutesque nous puissions impunément échapper aux lois de l'aimantation, que nousayons pu triompher de ce désir tenacequi, selon toi, inaugure ou assiège touterelation entre un homme et une femme.Tu t'imagines que nous ne pouvons quesuccomber, un jour ou l'autre, à uneattraction sensuelle. Qu'il suffira d'uninstant de (douce) distraction pour quele regard vaçille, s'embrume, et que lessens rétablissent leur règne. En fait,pour toi, tout se ramène à nos caractéristiques sexuelles, tout nous y renverrait comme à un destin. J'exagère unpeu, mais je ne suis pas loin de la vérité.
Pourquoi ne t'allègerais-tu pas demoins de certitudes, ne t'accorderaistu pas le répit d'une expérience semblable ? On dirait que tu crains de découvrir que la femme peut nous inspirer desrêves autres que de fusion ou de possession, qu'elle n'est pas qu'un fruit àcueillir, si haut que se dresse l'arbredans le ciel.
Vois-tu, cette sœur dont je suis fier,dont l'amitié apaise et ravit, je ne l'ai pasconquise. Nous nous sommes reconnus, comme deux étrangers se choisissent, parce qu'ils s'estiment. Il se trouvesimplement qu'elle est femme, être«remarquable» parmi les êtres.
J'ai été attentif à ce qu'elle avait delimpide et je l'ai aussitôt identifiéecomme une alliée, une complice. Oui,l'amitié est alliance. Une alliance con-
clue par deux êtres animés d'un mêmerespect. Pourquoi ne m'émerveilleraisje pas en toute chasteté de ses dons,de l'écoute qu'elle me prodigue, de sapuissance de joie et de vie ? Ne puis-jepas m'émouvoir de ce qui nous fait sisemblables et si différents sans rêverune possession sans bornes ? Sa libertém'est chère, indispensable. Si je cherchais à limiter sa passion pour le large,à la retenir, notre relation porterait unautre nom. Hé oui, je l'aime d'une amitié très pure, et pourtant je ne sauraissouhaiter qu'elle m'appartienne, car jesais, nous savons, de science secrète,que nos moissons parallèles de liberté,de paysages, de découvertes, sont le selde notre relation, sa source vive. Sanscela, nous serions prisonniers l'un del'autre. Or, l'amitié ne se désaltère. quedes grands vents par haute mer.
Elle m'écoute et me comprend. Ellesourit parce que l'essentiel nous réunitdéjà et que chaque parole n'est que lefilm embué de notre complicitéradieuse. Nous ne sommes pas liésparce que nous serions toujoursd'accord, mais parce que nous aimonsles mêmes principes, les mêmesvaleurs. Ce qui fonde notre échange,c'est la confiance que nous nous sommes tacitement offert. C'est ce qui nousfait persévérer chacun dans notre être,fortifie, décuple le courage. Et ce quinous attache si librement l'un à l'autre,c'est bien· notre différence, joyeuse, àl'image de la vie.
Elle me guide, me prévient des chemins boueux, me détourne des sentiers
d'épines... ainsi, elle me rapproche demoi-même, me révèle les milliers depossibles auxquels j'ai droit. Nous nousfâchons quelquefois quand il semble àl'un de nous que le frère élu n'a pas étéà la hauteur des anges qu'il abrite. Mais,en amitié, le chemin est long, la quêtepérilleuse, et l'ami (e) ne doit-il pas«affecter» ses yeux à voir ce qui a pu,comme possibilité ou comme erreur,échapper à ta vigilance ?
Nos instants de conquête parmi lesétrangers nous nous les racontons avecchaleur, fébriles et sereins à l'idée deconforter l'image parfaite que nousavons l'un de l'autre. Nos querelles sontbrèves et quand nous nous heurtons cen'est jamais douloureux, car notre amitié ne se nourrit d'aucun calcul,d'aucune obscurité.
Elle est, j'ose le dire, transparence.Tu te demandes pourquoi les bien
faits d'une telle relation ne seraient pasmis à profit pour asseoir un amour sansnuages, et tu rigoles parce que, au fondde toi, tu te dis que tout cela n'est riend'autre qu'un amour déguisé. Je ne saisquoi te répondre. Ce que je peux dire,c'est que toute relation profonde estpétrie d'amour et que l'amitié n'est nipossessive, ni jalouse, ni amère. Elle estpar nature vertueuse et limpide. Et puis,l'oublierais-tu, l'ambiguité nous épargne. Entre elle et moi, elle n'a jamais puse frayer un passage. Amour, dis-tu?Pourquoi le nierais-je? Mais je n'aiaucun doute quant à la manière dont jel'aime.
A.H.
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Le débat est ouvertLe premier numéro de KALIMA afait prendre la plume àbeaucoup d'entre vous.
Notre objectif étant de susciter le débat, nous sommes heureux de constater que nosarticles ont provoqué des réactions multiples. Vous nous avez écrit longuement pourenrichir notre propre analyse ou nous faire part de votre réflexion personnelle sur lesthèmes abordés.
Désormais, chaque fois que vos écrits nous le permettront, nous publierons àtravers cette rubrique quelques-uns de vos points de vue.
Le célibat et l'amourologie ont particulièrement retenu votre attention. Sur le premier, voici le témoignage de Naïma qui nous déclare «même en vivant très mal moncélibat, je le préfère à une union qui m'anéantirait».
N. Fassi réagit pour sa part au texte de F. Mernissi sur <<l'amourologie>> en rappelant à notre souvenir les histoires d'amour de nos aînés tandis que Nourdine Laâriba,toujours sur ce thème, nous dit «attention, ne brûlons pas les étapes».
Où est la solution ?C'est par une annonce à la radio que
j'ai entendu parler la première fois deKALIMA. De cette pub, j'ai retenu troismots: homme - femme - dialogue... etj'en viens tout de suite à l'objet de malettre qui est l'article sur le célibat.
Tout d'abord, je vous remercie beaucoup d'avoir soulevé ce sujet restétabou jusque là, en parler étant considéré comme une incitation à la débauche. Je suis moi-même célibataire à 28ans et je suis très contente de savoirqu'il y a des gens qui vivent bien et positivement le célibat car ce n'est pas dutout mon cas. Je vais m'expliquer enessayant de vous donner quelques raisons de mon malaise.
En premier lieu, comme beaucoup defemmes, j'ai une envie folle d'avoir unenfant et je vis ceci comme une frustration profonde qui me chagrine tous lesjours. Le désir de procréer qui est unphénomène naturel chez la femme faitsouffrir, j'en suis sûre beaucoup de célibataires.
Dans votre article, on a souvent parléde la réaction négative des parents. Onles a plus au moins mis sur un bancd'accusation, chose avec laquelle je nesuis pas d'accord. Les parents de célibataires souffrent car d'après leursystème de valeurs, nous sommes des
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«tarées.»Il faut les comprendre et non pas les
accuser de ne pas nous comprendre.Beaucoup de célibataire comme moisouffrent de voir souffrir leur propresparents qu'ils aiment. Nos parents ontdéjà assez de problèmes dans leur viequotidienne et on ne fait qu'alourdir leurpeine. On ne peut pas dire que celaenchante les célibataires.
Au niveau de l'entourage professionnel, l'essentiel a été dit: on est marginalisé, mal vu, ... même quand on estbon travailleur. A ceci, je rajouteraiqu'on est mal vu partout, chez l'épicier,chez le médecin, en prenant un taxiseule le soir ... On est harcelé tous lesjours et on ne peut pas dire que cecicontribue à l'épanouissement del'individu.
On a parlé aussi, dans "article, d'insécurité physique et psychique. Je vaisplus loin pour poser le problème de lastabilité affective. Un célibataire en principe vit seul, surtout que le concubinagen'est pas monnaie courante chez nous,et la solitude n'est pas appréciée detous. Je n'ai pas besoin de théoriser surl'importance de la stabilité affectivepour l'épanouissement de l'homme etde la femme, je noterai seulementqu'elle est essentielle pour la vie de tousles jours.
Je relève enfin un dernier problèmequi a de l'importance à mes yeux, c'estla situation financière du ou de la célibataire qui ne vit plus chez ses parents.Pour ne citer que des exemples: lesloyers dans la ville de Rabat et Casa sonttellement élevés qu'il est toujours préférable d'avoir un appartement à deux,l'essence est tellement cher qu'il est préférable d'avoir une voiture pour deux ...
Ceci dit, ces raisons sont-elles suffisantes pour chercher la mariage à tousprix? Bien sûr que non, le mariage telqu'il est institutionalisé au Maroc ne résout aucun problème, il en posed'autres. Et c'est la raison pour laquelleon constate de plus en plus l'augmentation du nombre de célibataires auMaroc tel qu'en témoignent vos statistiques. Malgré ses inconvénients le célibat permet une affirmation de soi et uneliberté légitime.
Alors où la solution?A mon avis, la première des choses
est de réviser l'institution du mariage àtous les niveaux (juridique, social. .. )
Le mariage devrait en principe permettre à deux personnes qui s'aimentde vivre ensemble sur des basesd'entente, de communication, de dialogue et surtout de respect. J'insiste surle respect car j'estime qu'un mari quiimpose des rapports de supérieur à inférieur dans son couple ne respecte passa femme; l'inverse est vrai aussi. Lemariage ne devrait pas anéantir la personnalité de l'un ou de l'autre. Les
Le bonheur ne s'écrit pas,il se vit
époux doivent cohabiter tout en gardantchacun sa position d'être humain à partentière capable de réfléchir, de décider,d'agir, de vivre tout simplement. On merétorquera qu'à ces conditions, la cohabitation est impossible. Je dirai si, cartoute cohabitation veut dire aussi concessions des deux côtés. Malheureusement chez nous, les concessions nesont valables que dans un seul sens.Madame ne doit pas travailler si monsieur ne le veut pas, madame doit setaire quand monsieur est en colère,madame doit rester dedans quand monsieur est dehors, madame exécutequand monsieur décide, en bref,madame meurt quand monsieur vit.
Je tiens d'abord à vous exprimer laprofonde satisfaction que m'a procurévotre journal qui répond enfin à nosaspirations, exprime et nous permetd'exprimer ce que nous avons longtemps remâché sans pouvoir le communiquer à nos concitoyens avides deconnaissances, prêts à se laisser guiderdans les chemins du bonheur.
Devant Madame Mernissi qui aouvert ce dialogue combien passionnant «Homme - Femme», je voudraisdéfendre ma cité qu'elle a décritecomme aride d'amour.
Pourquoi devrons-nous escaladerl'Atlas pour chercher et trouver unregard tendre? Que faites-vous de tousces romans d'amour qu'a connu labonne vieille cité de Fès, ces romansque personne n'a écrit, car le bonheurne s'écrit pas, il se vit (... 1
Un amour que l'on lit dans les yeuxpétillants de malice d'une vieille tante serémémorant avec délice les ébats érotiques qu'elle a vécu avec son maridéfunt, l'honorable un tel. .. dont le burnous drapé avec morgue et la démarche hautaine et pondérée ne laissaientpas deviner une seconde les mille inventions amoureuses auxquelles il a soumissa jeune épouse dans le secret de leuralcôve.
Nos parents eux-même, leurs regardscomplices, leur besoin de solitude àdeux, la main impatiente du père qui selève pour éloigner la marmaille encombrante... leurs chuchotements matinaux, leurs querelles même, les mots
Les femmes marocaines auxquelles lasociété a offert la chance de l'instruction et l'accès au marché de l'emploin'acceptent plus de vivre ainsi. Leurshorizons se sont diversifiés et ont franchi la porte de la cuisine et du foyer.Elles ont évolué alors que les mentalités dominantes stagnent. Voilà pourquoi même en vivant très mal moncélibat, je le préfère à une union quim'anéantirait.
Donc le problème reste posé, où estla solution? KALIMA ne fait qu'amorcer le débat, c'est à nous lecteurs et lectrices de l'enrichir. Nous contribueronspeut-être à résoudre un problème denotre société. Naïma • Rabat
voilés qui en disent long sur leur attachement l'un à l'autre.
Dans ces moments pathétiques, c'esttoujours vers elle, son épouse, sonamante et sa compagne qu'il se tourne.C'est à elle qu'il lance son dernierregard, son ultime souffle de vie. Sesmains se tendent vers elle comme elless'étaient tendues quand il était mu parun désir physique.
Une certaine pudeur nous a sûrementempêché d'étaler au grand jour nos sentiments secrets... Mais si l'amour n'étaitpas crié, il était chuchoté, si les étreintes n'étaient pas publiques, elles n'enétaient que plus fougueuses.
Sous le regard d'aigle du patriarcheet en dépit de l'animosité de la bellemère et de la belle-sœur jalouses et malintentionnées, les jeunes couples ontvécu, comme partout ailleurs dans lemonde, leur histoire d'amour.
Interrogez vos grand-mères et vosgrand-tantes. Elles vous apprendrontplus long sur leurs amours secrètes.
Et si vous désirez. avoir un aperçu surces liens qui unissaient dans la discrétion et la réserve les générationsd'amoureux du début du siècle, lisezquelques poèmes écrits dans l'exil parde jeunes nationalistes qui ont dû abandonner épouse ou fiancée et qui se permettent, vu l'éloignement et le retourimprobable, d'épancher leur cœur. Leurpère lui-même, ou leur frère ou leur cousin, lira ces vers où vibrent les feux dela passion à l'amante effondrée.
N. FASSI
Ne brûlons pasles étapes... Je crois que le respect est la pierre
angulaire de la tendresse et de l'amour.Quand je dis respect, cela implique pasmal de valeurs humaines commedignité, égalité et surtout compréhension; une compréhension fondée surl'acceptation de l'autre en tant qu'êtrevivant ayant ses défauts et ses qualités.Comment pouvons-nous être sincèresdans nos sentiments s'ils sont basés surle côté matériel, le côté sexuel et lesintérêts personnels. La femme est souvent prise comme un objet sexuel surtout quand il y a un flagrant décalaged'âge entre les conjoints (chose qui sepratique encore chez nous avec uneaisance à vous donner la chair depoule).
Ce n'est pas encore demain que nousallons assister à un changement decette situation dramatique de ta femme.Il faudrait pour celà remettre en causeles structures mêmes de la société (... 1
La tendresse n'est pas un bien qu'onpeut acquérir par des moyens pécuniers. C'est un combat intérieur de longue haleine pour arriver à s'accepter etse comprendre soi-même d'abord avantde se considérer comme un être sociable à même d'accepter le partage et derejeter la possessivité.
Il ya un autre défi à relever : celui desparents. Ces derniers estiment que leurprogéniture n'est pas apte à naviguertoute seule. Aussi pratiquent-ils unetelle autorité que les jeunes n'arriventplus à être indépendants et cédent dèslors leur propre territoire à l'administration des «vieux»... Il ne faut pas omettre cependant les problèmes duquotidien qui nous suivent à la trace (... )
Les sentiments ont le privilège dedépasser le langage et de faire revivrel'âme la plus meurtrie ... Chercher dansses profondeurs une petite lueur d'unsoleil collectif caché par les nuages brumeux de tout un passé plein de préjudices et de contraintes n'est pas chosefacile mais elle est faisable.
D'accord, il faut défier les traditionset se débarrasser des coutumes ancestrales mais avec souplesse. Nous nedevons pas faire basculer toute une histoire qui malgré tout est nôtre.
L'évolution impose ses droits sur tousles plans. L'essentiel est de ne pas brûler les étapes et de surmonter les obstacles avec objectivité sans avoirrecours à une révolte qui nous feraregretter les temps brumeux. Je saisqu'entre le marteau du tabou etl'enclûme de la religion, nous n'avonspas beaucoup le choix, mais il reste toujours l'espoir de trouver un équilibreentre la pensée et le vécu.
Nourdine Laâriba
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17 heures. Le marathon commence : sortie école! Au pas decourse, on cueille sa progéniture aumilieu de la cohue. Conduite en slalomdans l'embouteillage, jusqu'à lamaison.
17 H 20, irruption glapissante desmonstres dans la cuisine. « Qu'est-cequ'il y a comme goûter? » Grimaceparce qu'il n'y a pas de chocolat.«Lavez-vous les mains avant ». Legrognement. Le goûter vous sembles'éterniser. «Allez, dêpéchez-vous,vous avez encore vos devoirs à faire.« Révolte: « On peut bien souffler unpeu, non !», répondent les chérubinsqui croulent sous une avalanche quotidienne de devoirs. Mais... mais, il ya toujours l'histoire du copain à raconter: « Tu sais maman, Yassin a dit...Soufiane a fait à la maîtresse... »
La mèr,B intempestive: « Oui, plustard ». Elle se bouche les oreilles et nese connait qu'un rôle, celui de l'horlogeparlante. On bat le rappel, on est prêtà ficeler ces mômes à une chaise, à leur
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river les yeux (avec quoi ?) sur leslivres.
Qui d'entre nous n'a jamais vécu ces« délicieux »moments de fébrilité, detension nerveuse: Il faut qu'ils travaillent, sinon à quelle heure vont-ilsencore aller se coucher? Coup d'œilmaternel sur le cahier de texte. TelWoody Allen, on a deux discours, l'un,intérieur, furieux,«< ce n'est pas vrai,c'est trop tout cela ») ; l'autre, à hautevoix, hypocritement sucré (<<mais cesera vite fait»). Morale: « Plus tôt tut'y mets, plus tôt tu pourras jouer» ou« on a rien sans effort ».
On est de glace devant les jérémiades. Face à la coalition despotique, àla complicité silencieuse des parents etdes maîtres (<< mais c'est pour ton bien,penses à ton avenir! », etc ...) lesenfants sont leurs propres avocats. Ilsutilisent des arguments qui, par leurdroite logique, nous laissent sansréponse car, au fond, nous les sentonsjustes. «Et vous les grands quandvous revenez du bureau, vous ne fai-
tes rien? Et pourquoi pas nous? Travail à l'école, travail à la maison, c'estnous qui vivons la vie de forçat! Onest des esclaves! Vivement qu'ondevienne adulte pour ne rien faire! »
Ils rouspètent devant la mensongèreévaluation des maîtres qui prétendentque tout sera fait en une demie heure.
Pleine de patience, la mère tente
une méthode: « Corhmences par lesdevoirs écrits, maths:7 exercices;grammaire ': 3 exercices; arabe: vocalisation ». Les malins veulent rédigerdirectement sur le cahier. La mèrecerbère: « Non, d'abord un brouilIon! » Victoire, il cède. En boudant,bien sûr. Mais... il y a le crayon à tailler, le stylo à aller chercher sous latable, l'envie de faire pipi. « Assiedstoi !» intime la mère! Et le forçat soupire avec lassitude« d'accord ». Ouf!On a enfin « coïncé » l'anguille, qui afinalement achevé ses devoirs écrits(18 H. 30 environ). Mais ce n'est pasfini. «Aux leçons »: commande la
mère. « Attends! je range mes affaires ! » Et sous prétexte de ne rienoublier pour le lendemain, les rois dudésordre se transforment en vieuxmaniaques du rangement. Voilà toujours cinq minutes de volées! On lescomprend quand on jette un coup d'œilsur les leçons: une fable de La Fontaine in-extenso, un résumé d'histoire,un de géographie, quatre pages deCoran. «Par quoi veux-tu commencer? » demande la mère conciliante.
Allez, on commence par leCoran: deux lignes lues, cachées aussitôt par un buvarg. Ouf ! c'est su. Onpasse au reste. Ale, il a oublié troismots de la première ligne. Cahin cahaon poursuit. Surtout pas question devérifier le sens d'un mot, l'idée d'unephrase (<< M'man, laisse! on perd dutemps J je n'ai pas kça ! ») Evertuezvous à lui montrer qu'il ne faut pasêtre une mécanique du par cœur, unâne sans cervelle, un j'm'en foutiste dusens. « Mais pas la peine, m'man, d'ailleurs le maître ne nous explique rien,y'a pas à comprendre, y'a à apprendre » proclame le docile écolier qui a,c'est certain, bien assimilé la « pédagogie » du magister!
Exténués, ils abordent le derniervirage: géo et histoire. Mais comment, à 20 heures, après dix heures detravail consécutif, ne pas cafouillerentre le Rif et le Gharb, entre stalagmites et stalactites? Heureusement,ces travaux d'hercule de la mémoire
ont du bon, parce qu'après plusIeursannées d'exercices de ce genre, ils peuvent... réciter toute la liste des importations en tableau A ou une page del'annuaire téléphonique: mêmedébit ... et même vacuité cérébrale.
Victoire! C'est finL .. et ilest 21 heures. Repas,douche, vite, vite. Télé?Vous plaisantez! Dessinanimé? Vous n'y pensezpas! jouets? non! Cinqminutes en famille ? non !
On est quand même durs! «Maislaissez nous vivre », disent-ils, paraphrasant un célèbre slogan. Vivre c'estrire, perdre son temps, découvrir lavie, s'y préparer.
L'enfant ne serait-il plus qu'un automate scolaire remonté par les parentset les maîtres qui veulent toujours pluspour lui, qui ne pensent qu'à l'aveniret jamais au présent, qui ne croientqu'aux diplômes, qui ne veulent quedes têtes de classe!
Les enfants, ces prolétaires ducrayon et de la gomme n'ont plus ledroit de rêver. On les fait vivre à unrythme d'enfer pour notre propretranquillité (<< s'il n'y avait pas lesdevoirs, ils traîneraient dans la rue, ils
feraient des bêtises et puis... je ne saurais pas où ils sont. ») ou, pour satisfaire notre bonne conscience(<< On estde bons parents, on les a mis dans unebonne école. La preuve? Ils donnentbeaucoup de devoirs, c'est dusérieux. ») En fait, c'est comme si onse félicitait d'en avoir pour son argent.
Et cela sept jours sur sept, car pasde repos hebdomadaire. On remet çale mercredi après-midi , le vendrediou le dimanche.
Les uns, les plus démunis, peuvent,s'ils ont du temps libre, jouer au footou s'amuser avec des amis ; les autres,plus « favorisés» entament alors unparcours minutieusement calculé (dentiste, danse, piano, tennis, etc...)
Et dire que nous sommes tous convaincus de la suppression de l'esclavage, nous les négriers d'une fouled'âmes à qui on interdit de profiter del'instant, et de jouir de ne rien faire ...
Alors pour ou contre les devoirs? Ya-t-il une réponse? Un contrôle desacquis certes, mais que la vie ne soitpeut-être pas circonscrite à l'école.
La vie c'est aussi tout ce qu'il y ahors de l'école.
Une promenade en campagne, unbon livre, un disque agréable,' destableaux à admirer.
Les amis qu'on côtoie, des parentsréceptifs et compréhensifs.
M. France Jamal ALAOUI
Le biscuit qui craqueet qui croque
UEMIQUE 45
~
'"
LA FORCE ECONOMIQUEDE LA PUBLICITE
LES FONCTIONS DE LA PUBLICITE
La publicité permet de présenter à un largepublic une grande variété de produits ouservices en concurrence les uns avec lesautres sur le marché, ce qui permet à chacunun meilleur choix en fonction de son budget, deses besoins objectifs ou de ses goûtssubjectifs.En effet, la publicité peut lancer un produitnouveau, rappeler l'existence d'un produit déjàexistant ou moderniser son image propre,chercher à attirer de nouveaux utilisateurs,susciter une fidélité d'achat à l'égard d'unemarque, améliorer l'image globale d'unefirme...Ainsi, en créant un lien permanent sur lemarché entre les fabricants, les distributeurs etla clientèle potentielle, la publicité contribue àla rentabilité des entreprises.
LA PUBLICITE, UN BONINVESTISSEMENTUn industriel ne fabrique pas pour augmentersa production et remplir ses dépôts: il fabriquepour que ses produits ou services soientachetés, utilisés et appréciés. Il fabrique pourvendre.La publicité est le moyen de masse pour vendre.Elle represente le stimulant essentiel del'efficacité commerciale d'un pays; contribue àla croissance et s'avère, en cela indispensableà la stabilité et au progrès de l'économie.La publicité contribue aussi à la créationd'emplois: en stimulant la demande, laproduction augmente et favorise l'emploi.
COMMENT S'ELABORE UNEBONNE CAMPAGNE DE PUBLICITE
Une agence de Publicité emploie desspécialistes qui créent les campagnes dePublicité de leurs clients, les Annonceurs.Les "produits finis" d'une Agence peuventinclure des films de télévision, des messages àla radio, des annonces dans les journaux et lesrevues, des affiches, du matériel publicitairesur le lieu de vente etc...Dans la grande majorité des cas, un fabricantutilise une agence parce qu'une bonne agencepeut créer une publicité vivante et efficace.Et il ya d'autres raisons.D'abord, une Agence acquiert une largeexpérience dans tous les secteurs qui utilisentla publicité, ce qui est un bon complément de laconnaissance profonde et spécialisée qu'a leclient de ses propres marchés.Ensuite, l'Agence de publicité a conscience dece que le consommateur veut vraiment et de lanécessité de trouver l'équilibre entre ce que leproducteur peut offrir pour satisfaire le mieL.xpossible le consommateur.
CE QUE LA PUBLICITE PEUT FAIREIl Ya plusieurs'choses que la publicité peutobtenir, et même très efficacement:
• La publicité développe un lien direct entrele producteur et le consommateur
Souvent, ce lien a plus de valeur pour uneentreprise que ses outils de production. Si unemachine est endommagée, elle peut être
réparée. Si la réputation publique d'uneentreprise est détruite, ses affaires ne seredresseront peut-être jamais.
• La publicité représente un élémentessenteil de la concurrence
Elle incite les producteurs à entrer encompétition par l'amélioration du produit et parl'innovation, en offrant de meilleurs produits àde meilleurs prix.
• La publicité contribue puissamment àl'abaissement des prix à la consommation
En favorisant la fabrication en grande série,par une accélération de la demande, ellediminue, par la même, les prix de revient.
En stimulant la concurrence entre lesfabricants et les distributeurs qui ont intérêtpour rester compétitifs à offrir le meilleurrapport qualité/prix aux consommateurs.
CE QUE LA PUBLICITE NE PEUTPAS FAIRELa publicité ne peut pas amener lesconsommateurs à acheter un produit ou unservice qui ne représente aucune valeur poureux. Même s'ils achètent un jour, ils nerenouvellent pas cet achat. Plus l'entrepriseinvestit dans la publicité d'un produit ou d'unservice sans valeur pour le consommateur,plus grande est sa perte financière parce quec'est le consommateur qui décide.
ASSOCIATION DES AGENCES CONSEIL EN PUBLICITE DU MAROC
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LETTRE OUVERTE• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••
,•Secouons-nous les puces
Q...........................• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
ue font les jeunes maro- ture, pourquoi ne multiplie-t-cains de leur temps libre ? on pas les expos, les débats
Je ne surprendrai personne (culturels ou autres), sur desen disant« pas grand chose », sujets nous touchant particu-car il leur manque les possibi- lièrement. On pourrait imagi-lités d'entreprendre, tout pour ner aussi de vastes discussionsainsi dire. L'infrastructure cul- autour des problèmes scolairesturelle est vraiment pauvre. et extra-scolaires.Mais ce n'est pas une raison Qui se soucie d'améliorer lespour se croiser les bras. salles de cinéma? Il est devenu
Il faut essayer de réagir, de impossible de dénicher uneremédier à cette situation. salle où les copies soient bon-Mais qui peut le faire ? nes, le son distinct et les fau-
Croyez-vous vraiment que teuil confortables. D'autrece problème est insurmonta- part, je ne comprends pasble ? Je pense, pour ma part, pourquoi les bons films quiqu'il ne faut pas se décourager sortent en Europe ne sont visi-et que l'essentiel, pour prendre bles ici qu'après de longs mois.
. le mal à la racine, est la moti- Ne parlons pas du goût dou-vation, l'enthousiasme. Les teux des distributeurs qui nousjeunes devraient exposer avec servent à longueur d'année desclarté leurs besoins et les adul- films de Karaté débiles et destes, de leur côté, devraientleur policiers de 3° catégorie. Lesdonner un sérieux coup de discothèques sont à des prixmain. On pourrait proposer exhorbitants et les bibliothè-aux jeunes toutes sortes de ques mal entretenues. Vousconcours dans les domaines les êtes tout de suite déprimé en yplus divers. Ayant vécu une entrant (murs et couloirs sales,partie de ma jeunesse en Alle- salles en piteux état, etc.)magne Fédérale, j'ai eu la Mais pour tout ça, il fautchance de vivre ce type d'expé- be;;lucoup d'argent. Et où lerience. Je me rappelle par trouver cet argent? Et si onexemple, que l'on nous propo- l'avait cet argent, vous croyezsait des concours gastronomi- que ce serait la fin de tous nosques. Un menu était établi, problèmes? Ne nous leurronsdont chacun de nous devait pas: nous avons aussi besoinexécuter une partie (un plat) et, d'idées ... et d'enthousiasme.la préparation finie, on se met- L'argent, en fait, vient après.tait tous autour de la table... A vec des idées et de l'argent,c'est une idée comme une autre on peut faire des merveilles!mais elle a le mérite de réunir A tous et à toutes, je proposedes jeunes autour d'un même un sérieux effort. Pour vaincrebut, si dérisoire soit-il. l'ennui, pour nous donner ces
Pourquoi n'organise-t-on moyens qui nous manquent».pas des « concours» de pein- Tarik 18 ans
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Cavalier poète, grand mystique, «hommede génie que l'histoire doit placer à côté deJugurtha» (Bugeaud), pôle de la résistance auxfrançais, l'Emir Abdelkader (1808-1883) sesingularisa aussi, on le sait moins, par laliberté avec laquelle il parlait de ses amourset de ses chagrins. Au-delà de sa réputationlumineuse, de sainteté et de courage, l'Emirest considéré comme l'un des rares chantresalgériens de la femme.
Dans son esprit, celle-ci est avant tout une«grâce» qu'il appartient à l'homme de«mériter» ...
C'est à «la mère des enfants» qu'estadressé ce poème. On est loin donc del'amante traditionnelle ...
, , Je souffre l'amour. Son cœur à la pitié est inaccessible.Je lui témoigne de grands égards, elles est impassible.J'aspire à son bonheur, elle fait mon malheur en se détachant, et s'éloigne de moi.Je la supplie à en pleurer, elle rit aux éclats.Je souffre en nuits blanches, elle sombre en paisible sommeil.Je me plains d'en être séparé, indifférente, elle ne m'écoute même pas.Je voudrais déposer un baiser sur ses lèvres, elle me repousse et je me retourne assoiffé.Je lui pardonne toutes ses cruautés, elle me fait à tout instant le décompte de mes moindres fautes.Je me soumets aveuglément, elle se dresse de tout son orgueil et m'abandonne.Elle triomphe de gloire, je ne cesse de m'humilier.Mais il n'y a pas de honte à se soumettre à sa bien-aimée car le chemin de l'amourest fait d'humilité.L'amour partagé est incomparable et l'on n'y peut goûter sans humilité.Mais qui peut me rendre tout ce que j'ai donné ?Mon cœur est comme une vaste prairie où elle peut paître librement.Dieu ! les lions craignent ma force et une simple gazelle se joue de moiMais quoi ! Sa beauté a maîtrisé mon cœur !La beauté a un pouvoir tel qu'elle soumet les grands seigneurs.Ami, si tu m'annonçais un jour les amants réunis.Tu pourrais t'emparer de tout, de ma personne et de toutes mes richesses.Si les hommes recherchent la fortune, moi je rêve de ma cousine, mon unique trésor."
Jean Portaels - "Portrait d'une jeune Nord-Africaine' - Tanger 1874 MUSEE: COMMUNAL DESBEAUX ARTS, CHARLEROI. Emir Abdelkader
Entret.ien avec
Abdelkebir KhatibiUn sage dans la cité
Prt.'/JO.' f(Tlliilli, P:lf A dil 11,1.1.11
Il n 'cst pas dc <'CIIX do Ilt h' verhe, volagc, précède la pcnsée, 011, impétllcllx, lanéglige. Jouissance du temps nécessaire à se bien dire... Ses te.ltes sont de la plumed'un maître de lecture, un chasseur de textes par le monde. En uu mot, d'un «fou»de littérature universelle. Nouée au corps, la langue révèle, réveille l'amour de rêtre,de la vie. On ne peut bien comprendre Khatibi si l'on omet que sur l'homme et leschoses il balade un regard déchiffreur. Ecrivain mais aussi ethnologue, sémiologue,sociologue. dramaturge, poète, Khatibi ne déserte aucun territoire. Octobre prochainparaîtront sous sa signature lin recueil de poèmes et un essai autour de la représentation de l'étranger dans la littérature française, intitulé «Figures de l'Etranger». A côtéde ses nombreuses contributions au débat intellectuel au Maroc (articles, préfaces, conférences) et de la direction du d~;à pre,~tigieuxBulletin économique et sodal, Kha1ibia trouvé le temps de nous glisser, pour 1987, une nouvelle «nuit», dérobée all.Y songesde la belle Shéhérazade : la réedition de la «1003° nuit» s'a('compagnera, en effet, d'unautre récit. tout aussi inventé. Khatibi s'est entendu avec J'éditeur Fata Alorgana pouroffrir aux Califes peu menaçants que nous sommes, à chaque lune que Dieu fera, unenouvelle «lllIit».
Face à la mer, une maÎ."wn tranqui/le. Portes ouvertes, pour que la vie puisse yentrer à tout moment: le chat, les amis, les visiteurs.
Autour, le ressac, J'Atlantique, des frémissements éoliens.C'est dans ce «repaire» que Khatibi rentre savourer le divers du vaste monde. Un
temps pour le tumulte, un temps pour le silence... et la musique. C'est un voyageur!Son bureau est des plus propices à la parole ailée: il domine les rochers.Khatibi est courtois, attentif. 1J croit ~ certaines vertus, comme le travail, la patience,
J'hospitalité. C'est d'une oreille très fine qu'il hume le sens de ce qu'on lui dit, le subodore, et y répond... sans empressement, guettant toujours la venue au monde d'unejuste parole. Ecoutez-le!
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«Les hommes, partout où ils passent, veulent faire du bruit, signer, laisserune trace, 1... )>> . J.M.G Le Clézio.
. ,
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L'enfance: «Pour gagnerl'amour des autres il fallaitjouer... avec talent».
Ce qui me vient à l'esprit par association, quand je me représente l'enfantqui n'est pas mort en moi? J'ai l'imaged'un gosse assez timide, replié sur luimême, mais sociable. Plus on avancedans l'âge, plus la trace de l'enfance setransforme. Disons que je voisquelqu'un qui a tout fait pour conquérir son ... espace vital. L'enfant compritque pour gagner l'amour des autres, ilfallait jouer avec talent. Quand je penseà mon enfance, je me vois très conscient de ce jeu et de ce que j'appelle lavie comme «position artistique». Jedonne un exemple: les êtres ne meséduisent que s'il ya dialogue, plaisir dela séduction, autour des formes, desrites, des désirs (d'amitié, d'amour et detravail). Ce jeu de séduction qu'impliquela relation sociale est de l'ordre de l'indirect. Je m'explique: habiter en médinan'est pas la même chose qu'habiter àNew-York, ou plutôt Paris. Ce qu'onappelle le labyrinthe, le zig-zag des rues,le détour, fait partie de l'espace affectifde l'enfant. L'espace du labyrintheenseigne à l'enfant comment détournerles obstacles, les contourner, comment«feinter», comment maîtriser l'art et latactique de la rue. Il y avait dans lamédina une certaine violence (bagarresavec des cailloux... auxquelles j'ai
assisté et parfois participé). L'espace dela médina apprend à l'enfant à déplacersocialement son corps, sa force. Laséduction, c'est l'histoire de chacun.C'est un jeu avec la loi, avec le «partenaire» et, aussi bien, un élément structurai de la personnalité.
Je suis né le jour de l'Aïd El Kébir,jour symboliquement très fort, qui estau fondement de la loi abrahamique,puisqu'il s'agit de l'impératif de Allahdisant à Abraham de sacrifier son fils.En tant que point inscrit dans une histoire déterminée, je suis généalogiquement lié à une nomination de fait, de loi.J'ai plus ou moins travaillé la signification symbolique de mon nom.
Le plus intéressant, en fait, c'est l'histoire de mon nom de famille: Khatibia été choisi par nous bien après la mortde mon père, quand fut institué l'étatcivil, dans les années 50. Auparavant,on nous appelait Belfassi, parce quemon grand-père était de Fès. Ma grandmère, elle, était Doukkalie. Pour moi,c'est un peu un mariage mixte. Quelque'chose d'assez rare et de décisif dansmon histoire ... Je suis donc cosmopolite (1) par effet de naissance. En tantqu'écrivain, il me fallait refonder cenom. Telle est l'opération dans laquellej'étais engagé. Comme j'écris surtout enfrançais, Khatibi se lit «Katibi» et çadonne «Kataba»...
La théologie peut être une«bonne» affaire
Mon grand-père était un artiste(mgalem-guebbassl. Il eut quelquesdémélés avec sa famille et dut quitterFès. Il décida donc de partir pour LaMecque. Il prit le bateau. Mais le bateaudevait échouer sur une côte libyenne.Il y avait parmi les pélerins un grandnotable de Salé. Il avait emmené, pourse divertir, un petit orchestre de musique andalouse. Ils périrent presquetous. Mon grand-père survécut audésastre, rejoignit La Mecque, retournaà Fès, ne s'y plus pas, se rendit ensuiteaux Doukkala et y demeura. Là, aprèsquelque temps, le Caïd, content de sontravail de mosaïste, lui dit cérémonieusement: «Tu as bien travaillé cheznous, si tu y consens, nous te donnerons une fille de la région». Grâce à cegrand-père, je suis aujourd'hui libre detout préjugé régionaliste. Ce grandpère, qui n'a laissé comme traces quedes mosaïques, fut appelé El Fassi, eton nomma mon père Belfassi. MaisKhatibi, c'est une identité d'état-civil:tel est le récit de ce double nom, commun à toute une génération. Mon père,à la fin de sa vie, faisait des affaires. Audébut, il était théologien. Dans lesannées 20, je crois, il s'installa à ElJadida où il se mit à vendre du blé engros, du bois importé de l'Atlas et destiné à la construction. Il s'occupait aussid'élevage. La théologie peut être une
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«bonne affaire... La mort l'emporta aumoment où il devenait riche. Il ne fautpas oublier qu'il dirigeait en mêmetemps la zaouia de Derkawa de sonquartier.
. J'étais le plus jeune garçon de lafamille. En quatrième position. Maiscelui qui me précédait est mort quandje devais avoir un an et demi. J'ai dûressentir sa présence quelque part. Uneautre sœur est morte très jeune, defaçon assez mystérieuse pour moi (demaladie nerveuse, je crois). En fait, jesuis l'autre aîné de la fmille, à côté del'aîné réel. C'est l'histoire interminabledes frères qui changent de position enfonction du rapport de force, rapportsymbolique aussi. Dans toute famille,marocaine ou non, il yen a toujours unqui, parce qu'il est le plus fragile, paieplus cher que les autres. Dans mafamille, j'ai un frère qui a «payé» et quine travaille plus depuis vingt ans. Disonsque la structure d'une famille comporteinvariablement une possibilité de dérèglement, d'anomie. C'est toujours leplus sensible, le plus faible, qui récoltel'ensemble des crises comme s'il endossait ces défauts. Cet élément fragile,vulnérable, rachète, dans un sens, lafamille, mais aussi illa met à l'épreuve,lui révèle ses contradictions, met ses crises à nu.
Mon premier ~ngouement futJibrane Khalil Jibrane
Mon enfance fut assez studieuse.Quand j'avais la possibilité d'acheter deslivres, fait extrêmement rare après la'mort de mon père, je ne m'en privaispas. Il m'arrivait d'aller chez l'épicier ducoin pour ramaser des journaux-photos,un peu du style de «Nous-Deux», quireconstituaient des match de footballpar l'image. La lecture proprement diteest venue plus tard, à l'internat du collège Sidi-Mohammed de Marrakech.Mon premier engouement (je le racontedans ... «La Mémoire tatouée») futJibrane Khalil Jibrane. Vers l'âge dedouze ans, je m'essayais à des poèmesen arabe qui le pastichaient. Jibraneétait bilingue. Sa sensibilité m'a tout desuite touché. Ensuite, les romantiquesfrançais. A cette époque, au collège,Baudelaire fut essentiel pour moi. Jelisais énormément, des romans, de tout.Les livres ça s'achetait au kilo, à Marrakech (au marché aux puces). Les tex-
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tes fondateurs? Le Coran, d'abord,bien avant Jibrane, sous formed'apprentissage à l'école coranique (queje refusais d'ailleurs, profitant dumoment de la prosternation au cours dela prière collective pourfiler), puis Baudelaire. Les romantiques, dans ma formation, sont situés en positionintermédiaire entre Jibrane et Baudelaire.
Lamartine, je l'ai lu pratiquement enentier. A douze-treize ans, j'ai publié unpoème en français dans la page culturelle de «Maroc-Presse». J'aimerais bienretrouver ces textes ou que quelqu'un,un jour, me fasse la surprise de les dénicher pour moi.
Je rêvais d'une ascension defootballeur
L'année dernière, j'ai relu Baudelaire,un soir (<<Les Fleurs du mal»). J'ai ététrès surpris parce qu'il y avait un abîmeentre le souvenir et l'effet procuré parma nouvelle lecture. Pourquoi? A monavis, c'était à tel point interiorisé quedes strophes entières défilaient dans mamémoire au moment où j'en lisais lespremiers vers. Les chants intérieursétaient déjà dessinés, ils ne pouvaientplus être fertilisés. Mallarmé, en revanche, continue encore de me «faire travaillen>.
Comme tous les jeunes de mon age,je rêvais d'une ascension de footballeur,de devenir un grand joueur. Plus tard,vers l'âge de dix-sept ans, j'ai fondéavec d'autres l'équipe de football d'El-
Jadida. Je me voyais devenir acteur etbien d'autres rêves encore, de ce type,passaient... J'ai songé tout à la fois aucinéma, aux sports, à la danse, à lamusique. C'est vers dix-neuf ans que jeme suis mis à entretenir un dialogueassez profond avec les textes de Mallarmé, la grande poésie française, engénéral.
Je suis resté lecteur vingt ansSi j'exclus l'intermède que fut l'écri
ture de ma thèse et les quelques «brouillons» de poésie que j'ai pu composer.J'investissais dans l'enseignement, larecherche, dans le syndicalisme, lesocial, la politique, les conférences, ladirection de l'Institut de Sociologie, lescolloques et les échanges internationaux.
Le moment, pour moi historique, oùj'ai repris l'écriture de manière systématique, se situe dans les années soixantedix. Au sortir d'une époque riche eninvestissements, ressentant un besoinimpérieux de repli, j'avais envie de travailler à partir de mon ... disons... désir,et c'est à ce moment précis que jedevais me dégager de l'Institut.
Cette décision s'imposa à moi à lasuite d'une crise (affective) à laquelle semêlait une volonté de distance par rapport au social.
L'écriture d'un roman ou d'un textede recherche, ça peut prendre desannées! Quand on écrit, il faut inclure,se ménager le temps de la méditation,celui de la lecture, des voyages et des
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rencontres. Car ce que l'on dit, ous'efforce de dire, doit être véritablementenraciné dans la vie. Il l'est de toutes lesfaçons. Quand on s'installe dans cettelongue expérience qui s'appelle l'écriture (qui est douée d'un rythme propre),quand on est engagé dans ce travail le temps ne se compte plus, on peut travailler continuellement -, arrive unmoment ou se rompt l'équilibre avec lesautres, dans sa vie privée, autour de soi,dans le quotidien.
La langue vous aime afin quevous puissiez aimer les autres
Cette détermination, qui fut à unmoment la mienne, de couper certainsponts, de m'engager totalement dansun travail mû par un désir profond, estune forme de ressourcement, c'est certain. Mais, dans quoi? Où ? C'est celala question. On n'est qu'une série detraces, au fond. Si la langue vous aimesuffisamment, vous ne deviendrez nidébile, ni fou, ni même bavard. La forcede vie que donne l'amour est, de toutefaçon, immense. La langue vous aimeafin que vous puissiez aimer les autres.C'est ce que j'ai dit dans «Amour bilingue». Chacun de nous est aimé très différemment par la langue ou les langues.
Ce que je peux affirmer avec letemps, l'aide du temps accumulé, c'estque, quelle que soit la manière dontévolue la vie privée, l'histoire, quelle quesoit même notre place comme pointdans cette évolution, fût-elle désastreuse, apocalyptique, la tâche fondamentale, l'attache, pourrait-on dire, decelui qui écrit, c'est de suivre cela à latrace, de le traduire en mots dans lalangue.
Le discours sur la crise estexagerément bavard
L'écrivain est un traducteur. On écritpar manque de quelque chose et pourl'affirmation de nouvelles valeurs. Mais,pour mener à bien ce travail, il faut disposer de beaucoup de forces. Pour pouvoir, par exemple, décrire la crise, il estnécessaire d'avoir soi-même compris ce
que c'est qu'une crise. De l'avoir comprise de l'intérieur. Je trouve le discoursqui prévaut aujourd'hui sur la crise auMaroc exagérément bavard. Il n'analyseguère, il ne transforme point et ne voitpas ce que révèle une crise. J'ai appris,petit à petit, que l'écrivain devait traduire, transcrire cela même qui sepasse; il y faut une force considérable,beaucoup de patience, de ruse, de donde soi ... et des autres. Et quand, parmalheur, on se trouve dans un état defaiblesse, il faut parvenir à écrire cettefaiblesse, la dire coûte que coûte, endégager un supplément de force.Comme tout travail sérieusement fait,finalement, dans un certain plaisir. C'estune quête initiatique.
Les femmes ont depuis longtemps «travaillé» pour leurpropre compte.
On n'a pas bien analysé comment lesrapports homme-femme fonctionnentau niveau de la réalité et à celui de l'ima;linaire. C'est ce qui fait que l'on ne peutpas dire précisément quels sont les«lieux» où la femme existe et arrive àêtre et les «lieux» fermés, forclos. Maison peut partir de ce que l'on sait. Dansle système tribal, théocratique, patriarcal, le partage, entre les champs dévolus à l'homme, à la femme, à l'enfant,est assez strict. Les femmes sont prisesdans un système d'échange qui lesexclut de l'économique et du politique;«on» a décidé que ce qui les concernaitc'était la sphère domestique et familiale.Par ce biais seulement, elle participentau système d'échange. Ainsi, tribus,familles, clientèles échangent les femmes. Cela, on le sait depuis longtemps.
Je suis persuadé que les femmes ontdepuis longtemps «travaillé» aussi pourleur propre compte.
Même dans le champ restreint quileur a été imparti par la société, elles ontpu développer autre chose qui échappait..., un imaginaire (dans ce que l'onappelle la culture populaire), des rituels,une manière singulière de ritualiser lesactes: l'art culinaire est un art au mêmetitre que les autres arts. Il a rapport au
corps... et, par le plaisir gustatif, faitrêver à un ailleurs, à autre chose. Ritualisation aussi, la sexualité: comment«lier» et «délier» un homme ( et cela vabien au delà des magies blanche etnoire) ?
Pour que la participation de la femmeà la vie de la cité devienne réelle, trèslarge, il faudra beaucoup de temps. EnFrance il a fallu plusieurs siècles et pasmoins de deux guerres pour que lafemme se mette à participer effectivement à la vie économique. Il est permisde douter que le Maroc puisse du jourau lendemain élargir totalement lechamp économique. Certes, des changements de structure ont été opérés. Lascolarisation, par exemple, a joué ungrand rôle. La vie de la femme traditionnelle était beaucoup plus centrée surl'espace interfamilial, très prenant,dévorant: famille, interfamille, systèmede clientèle. Un rôle discret peut-être,mais essentiel pour la structure de base.On ne peut pas dire que la femme marocaine est un objet ... invisible sinon onne comprendrait pas pourquoi la femmeest si vivante dans ce pays. Malgré ladomination masculine.
Comment libérer l'énergie del'homme et de la femme
Une question: Comment libérerl'énergie de l'homme et de la femmedans des lieux où celle-ci se déploieraità l'abri des refoulés? Cela prendra dutemps d'occuper ces lieux.le champ del'autonomie doit être élargi, car c'estvital (autonomie professionnelle, économique etc.).
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liquider «comme ça». Ça travaille toujours. Le féminin œuvre dans le texte,ou comme manque, ou comme objet depeur (<<Harrouda» (3), Aïsha Quandisha... mais ce thème est actif cheztous les hommes). La peur de la femmec'est d'être abandonnée, celle del'homme de ne pas séduire. Ces deuxpeurs font parfois «tilt».
Ecrire, est-ce une nécessité,un choix, un plaisir? Tout celaà la fois?
Dans l'écriture, la parole féminineadvient quand elle est écoutée, prise encharge par les hommes. Le texte de SolIers sur les femmes n'écoute pas lesfemmes et les transforme en objets, instruments, en un monde à part.
Tous les grands écrivains, Stendhal,Proust, Racine, etc. ont fait vivre, ontintériorisé la parole féminine. Ce n'estpas quelque chose qui fonctionne toutseul. Pour que les deux principes fonctionnent, le masculin et le féminin, ilfaut que les paroles arrivent à dialoguer.C'est cela le troisième terme, quin'appartient plus ni au masculin ni auféminin et qui sculpte la grande littérature.
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Ce n'est pas une symbiose, ni uneharmonie. Il peut y avoir séduction,guerre, mais alors la violence est dite;elle ne traîne plus comme élémentsauvage.
On est choisi par un désir et quandon trouve la forme de ce désir et qu'oncomprend que c'est celui-là et pas unautre, c'est le bonheur. Je peux dire quede ce côté là je ne me suis pas trompédepuis l'âge de douze-treize ans. Après,un travail important s'impose... quitransforme celui qui écrit, y comprisdans son quotidien. A côté du travail,il ya du plaisir, de la volonté, et mêmede la volonté de puissance, beaucoup
La femme absente de la lUté- d'attention, de la dépression aussi.rature maghrébine C'est l'espace d'un état affectif et c'est
La femme, ce n'est pdS un thème. pourquoi je voudrais n'écrire toujoursC'est un principe qu'on ne peut pas que ce qui est enraciné dans la vie.
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Le dialogisme: la logiquedouble de la femme
Le féminin dans la littératureDès qu'on parle du féminin, les gens
pensent qu'il s'agit des femmes en tantque telles. Le principe féminin, au contraire, c'est ce qui est commun àl'homme et à la femme. C'est un peu,pour faire court, une composante universelle.
Mais cela concerne au plus haut pointles hommes. C'est une question sensibleet cruciale pour l'un et l'autre. Danstoute société théocratique, l'individu entant que tel n'est pas reconnu ou alorsil est marginal. 1/ est marginalisé. Mêmeun homme, célibataire, qui n'entretientpas de rapports «forts» avec sa famil/e,qui veut entreprendre un travail quiengage essentiel/ement son individualité, sera mal vu, mal accepté ...
A plus forte raison une femme célibataire qui veut mener sa vie commeelle l'entend, qui, tout simplement, souhaite vivre en accord avec sa propreconception des choses. C'est le regardde la loi qui empêche l'autonomie de seconstituer. C'est un problème qui n'estpas spécifique aux femmes. Ce qui, àmon sens, fait défaut, au Maroc, c'estl'existence de partenaires.
Aujourd'hui, la femme, à l'instar d'ailleurs de toute la société marocaine, esttraversée par ce que Bakhtine (2) aappelé le dialogisme. Sa pensée, sonimaginaire sont traversés par une logique double. Cel/e, d'une part, qui sefonde sur le modèle maternel, et la logique, disons moderne, d'autre part, quise déploie à travers le cinéma européen,les magazines, qui s'éprouve au traversde ce que la femme a pu vivre ici ou ailleurs... Or, ces deux logiques coexistent, vivent en voisinage, fonctionnenten même temps, s'enchevêtrent ets'embrouillent parfois. La femmes'efforce donc de gérer du mieux qu'ellepeut cette double logique. Mais la priseen compte du regard social l'obligera àruser avec cette double logique, àinventer une troisième forme d'attitude.Laquelle?
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a, bien sÜr. Avec elle j'apprends uneforme d'écriture fragmentaire - ce sontdes impressions, des petits évènementsqui se passent dans la cour d'un palais,dans la vie, les saisons, le temps duquotidien - et cette écriture de notationsme fait rêver et m'apprend à penserl'écriture autrement. En mê'Tle temps jela rêve comme courtisane, calligraphe,poétesse, et elle-même comme uneœuvre d'art. Pour un homme qui écrit,l'imaginaire et le rêve transitent par desfixations de beauté, et on aimerait quela femme soit elle-même une œuvred'art. Et dans ce cas-là c'est une œuvred/art qui écrit elle-même une œuvred'art. C'est de la grande séduction. J'aidit un jour à mes étudiants que j'étaisle fils naturel de Shéhérazade. J'aiessayé de dire par là qu/il y avait, audelà de l'alternative violente «Raconteune histoire ou je te tue», un jeu deséduction qui, lui, a toujours accueilli labeauté du geste, le rite de l'amour et del'amitié.
Chaque fois qu'une femme crée sonpropre mythe, ou est créee en tant quemythe, cela me fait rêver. D'ailleursmon rêver c'est de fonder moi-même lemythe d'une femme. Il faut me suivredans mes récits ... Il y a là le mythe del/androgyne (dans «le livre du sang») etle mythe de la femme bilingue, «à double langue» en quelqu.e sorte.
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Quelles sont les femmesmythiques ou extraordinairesqui t'ont marqué?
Quand j'étais au lycée à Marrakech,j'ai écrit un long poème où je croyaisavoir inventé un nom, Aymara. AuVénézuela, j'ai découvert que c'étaitune déesse indienne. Je n'ai encore rienclarifié à ce propos, Est-ce une réminiscence? Est-ce un rêve? Cela metrouble.
Je pense aussi à Lou Salomé (4), quim'a beaucoup fasciné ...
May Ziyadé, la correspondante deJibrane. C'était une femme mythiquedans le regard de Jibrane. C'est de lalittérature... mais pour moi cela veutdire que crest très sérieux. Ensuite, lajaponaise Sei Shônagon (5). C/estd'autant plus mythique que c'est lointain. C'est une courtisane qui m'intéresse par la finesse de son écriture. Ondit que les femmes n/écrivent pas, nesont pas des écrivains, alors qu'il y en
de pouvoir. Par le langage, nous pouvons aller très loin dans la connaissancede l'homme. Mon domaine ne relèvepas d'une discipline académique, carcela n'opère plus pour moi depuis longtemps; ma spécialité, c'est d'explorerdes lieux de langage, et je ne veux donner aucun nom à cette exploration.
On te reproche quelquefoisd'être illisible. Que réponds-tuà cela ? La simplicité est-elleun mythe pour gens pressés ?
Je considère mes livres comme desjalons, de simples textes; je n/oseraisparler d/œuvre. Je défends des forcesde vie en leur donnant des formes artistiques. J'essaie de servir ces énergiesen les moulant dans une forme esthétique. Crest cela qui m'intéresse et çalibère beaucoup d'énergie...
Dans ton œuvre, que défendstu le plus, des hommes ou desidées?
Philosophe, ethnologue,essayiste, écrivain, tu es toutcela à la fois. Comment tedéfinis-tu ?
Ma spécialité, c'est le langage, et lelangage c'est la grande question del'homme. Ma spécialité c'est d/explorerdes lieux de langage qui me révèlent soitdes questions, soit des structures, passimplement de pensée, mais de société,
Barthes me confiait, commentant cereproche qui lui était fréquemmentadressé: «Quand quelqu/un me dit«soyez clair», en fait ce qu/il veut direc'est «soyez comme moi».
KHATIBI
Celui qui se plaint de la difficulté d'untexte avoue indirectement que c'est larelation entre lui et ce texte qu'est difficile. Il faut que le lecteur se mette enjeu. S'il ne voit pas ce qui est difficiledans cette relation, il n'avancera jamais,ce lecteur, par rapport à tous les textesdits difficiles. C'est seulement aprèsavoir clarifié la nature de cette difficultéqu/il pourra dialoguer avec l'auteur dutexte. La difficulté, donc, réside dans larelation, pas seulement dans le livre.Mes livres sont tout à fait limpides pourde nombreux lecteurs. Ce reprochen'engage pas tous les lecteurs. D/autrepart, je m/élève contre toute littératurede reproduction ou de consommation.Toute lecture doit permettre une relecture. J/écris pour les vrais lecteurs, ceuxqui aiment l'écriture en tant que telle etgardent au langage un lieu très préciset très fort dans leur imaginaire.
Gustav Klimt: La vierge, 1913. Narodni Galerie, Prague
KHATIBIQuels sont les penseurs quiont accompagné ta formationintellectuelle, ceux à qui tuvoues une reconnaissancesilencieuse ou... «secrèten ?
Les penseurs qui m'ont sérieusementfait bouger? - je ne parle pas des écrivains ou des poètes qui ont été essentiels depuis toujours. A un certainmoment, Sartre (pour toute une génération, d'ailleurs) a été très important.Ensuite Marx et Levi Strauss.
Toute une partie de ma formation estmarxiste. Vient ensuite Nietzsche qui aété décisif, dont je connaissais évidemment Zara (6), mais surtout en tantque pensée puisqu'il a mené uneanalyse critique fondamentale de l'Occi-
dent en tant que tel. Et comme nousentretenons avec celui-ci des rapportsfaits à la fois de fascination et de conflit, je veux dire des conflits d'identitéde nous à nous, l'intervention de Nietzsche dans mon itinéraire était capitaleparce qu'il a mis un peu d'ordre dansla pensée, dans la pensée de l'Occidentsur lui-même et sur les autres, et dansmon rapport à cette pensée. Kierkegaard, aussi, a compté dans ma formation. Parmi les philosophes françàis,Foucault, mais surtout Derrida et Blanchot, ont joué un rôle important par lavoie de récriture. Les deux ont menéune expérience d'écriture qui se penseelle-même. Plus on avance dans récriture, plus on trouve qu'elle est élaborée de l'intérieur, qu'elle a une théorie,une fiction théorique de l'intérieur.
Entretien réalisé par Adil HAJJI
NOTES
(1) Cosmopolite qui s'accomode de tous lespays, de mœurs nationales variées.Qui se considère comme citoyen de l'univers.(Petit Robert)
(2) Mikhail Bakhtine : né en 1895 ; docteur enlittérature (1940) avec sa thèse «Rabelaisdans l'histoire du réalisme», publiée enFrance (1965) sous le titre «L'œuvre de François Rabelais et la culture populaire duMoyen-Age et de la Renaissance».
(3) «Harrouda», Tahar Benjelloun - Denoe11973.Thème que l'on retrouve chez AbdelhaqSerhane (<<Messaouda» Seuil)
(4) Née en 1871 à Saint-Petersbourg. Symboleféminin de l'esprit d'indépendance. D'uneénergie indomptable, elle fascina tour à tourNietzsche, Rilke et Freud dont elle fut sinonla muse du moins une très brillante interlocutrice. Elle est connue en France pour saparticipation au mouvement psychanalytiqueen ses débuts. La réalisatrice italienne LilianaCaviani en fit une figure de légende avec sonfilm «Au delà du Bien et du Mal».
(5) Dame d'honneur de l'impératrice Sadako, ellevivait derrière les quatorze portes du palaisimpérial de Kyoto, vers l'an 1000. Elle avaitune réputation de bel esprit et affectonnaitles sarcasmes. On la décrit laide mais pourvue d'une très belle voix et d'excellentesmanières. Ses «Notes de Chevet», publiéespour la première fois en 1934 chez Maisonneuve, viennent d'être réeditées chez Gallimard.
(6) «Ainsi parlait Zarathoustra», 1881-82.
LISTE DES OUVRAGES DE A. KHATIBI
La Mémoire tatouée, Denoël, lettres nouvelles,1971 ; en poche: collection 10118, 1979.
La Blessure du nom propre. Denoël, lettresnouvelles, 1974.
Vomito blanco (Le sionisme et la consciencemalheureuse), collection 10118, 1974.
Le Lutteur de classe à la manière taoïste(poème) Sindbad 1976.
Le livre du sang (roman), collection blanche,1979, Gallimard.
Le Prophète voilé (théâtre), L'Harmattan, 1979.
Le Roman maghrébin {réeditionL SMER, Rabat,1979.
De la mille et troisième nuit (épuisé), SMER,Rabat, 1980.
Amour bilingue (récit), Fata Morgana, Montpellier, 1982.
L'Art calligraphique arabe, Chêne, 1976, réediction en 1980.
Maghreb Pluriel (recueil d'essais et d'articles),Denoël, 1983.
Le Même livre co-signé avec Jacques Hassoun(correspondance), 1985.
HORIZONTALEMENT.- 1. Qui arrive mal à propos.Gouffre.- 2. Obligent à mettre en panne. Caribou
au Canada. Eviter avec adresse.- 3. Fait loi dans certainscas. Consigna par écrit. Epoque.- 4. Pronom. Possessif. Pigeons sauvages. Exagération.- 5. Poil. Petite grenouille.Foucade.- 6. Indéfini. Talus de protection. Variété de limon.Mit dans la confidence.- 7. Parties d'aber. Ça colle! Villed'Espagne. Parcouru.- 8. Démise de ses fonctions. Poteauoù l'on attachait les prisonniers. Revers.- 9. Symbole. Roi.Pas grand. Inanité.- 10. Escarpements rocheux. Durement.- 11. Tenais compte des couleurs. Modeste. Préfixe.12. Note. Mettre dans un certain ordre. Poisson de laMéditerranée.
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VERTICALEMENT.- 1. Anciens instruments de musique àcordes frappées.-- 2. Variété de noisetier.- 3. Etendued'eau. le meilleur. Conjonction.- 4. Périodes. Etoile demer.- 5. Critique littéraire français. Atterrissements.- 6.Démonstratif. larve du trombidion.- 7. Protecteur desmorts. Piquant.- 8. Ecorce de chêne. Pic des Pyrénées.Note.- 9. Champignon gélatineux. Conifères.- 10. Degré.Aussi. Manillon.- 11. Cabochard. Troué.- 12. Premier.Remettre en son premier état.- 13. Peut être unique.Costaud.- 14. Poisson.- 15. Il travaille pour un boucher.Personnel.- 16. Grenat rouge foncé.- 17. Ingurgité.Jointe. Greffa.- 18. Poissons. Repérer dans le temps.- 19.La qrande bleue. Jambe de bois. lIe.- 20. Des lustres. Méri-
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« Moi, je ne danse pas très bien. Maisdepuis que je suis petite, avec messœurs, dans le grand salon, on dansaitdevant une grande glace. On aimaitdanser, et se voir danser. Se voir danser pour juger de son allure, se critiqueret se corriger. Quand il y avait des soirées, je dansais avec les autres. Un jour- je devais avoir 14 ou 15 ans quelqu'un m'a dit que la danse orientaleétait très suggestive et mimait l'acted'amour. Cette remarque m'avait beaucoup choquée, outrée, déçue. J'ai alorsregardé avec plus d'attention les mouvements qu'on faisait en dansant si onveut effectivement y voir quelquechose, on peut y voir quelque chose. Ducoup j'ai moins dansé. J'étais dérangéepar le fait que d'autres puissent donnerune signification sexuelle à ce qui, pourmoi, n'était qu'une réponse du corps àl'appel envoûtant de la musique. Pourquoi voir le sexe partout? Freud peutse retourner dans sa tombe mais jen'aime pas qu'on me sor't cet argumentà tout bout de champ ».
y voit ce qu'onveut y voir
Je saisAlors pourquoi ?Je ne sais pas, je n'aime pas.Tu n'aime pas... quoi?Je trouve qu'elle a une manière de
danser trop provocanteEt alors? Qu'est-ce que cela peut
faire?Je n'aime pas la manière dont cer
tains hommes la regardent quand elledanse... »
Et toi, comment regardes-tu les femmes qui dansent?
Moi, ce n'est pas pareil. ..(le contraire m'aurait étonné... )
Des Si Mohamed & Farida, il y en aà profusion, même parmi les jeunescouples «évolués» qui ont fait unmariage d'amour, dont la femme travaille, possède sa propre voiture, fumeet prend même de temps à autr.e unapéro avec son mari...
Cela m'a donné à réfléchir. J'ai alorsentrepris de questionner les gens autourde moi, en commençant par ma mère«La danse orientale m'a-t-elle dit n'a riende provocant.
Nous la dansons depuis toujours.Quand un homme ne laisse pas safemme danser, c'est uniquement parcequ'il ne veut pas qu'elle se donne enspectacle, qu'elle s'exhibe. Le problèmene se poserait pas à mon avis si toutesles femmes dansaient».
Gros point d'interrogation. La danseorientale est-elle une manifestation érotique ou une expression corporelle?Halima à qui j'ai posé la question m'arépondu:
tes, à l'issue desquelles, Farida va ellemême demander confirmation à sonmari. Son «c'est vrai, je peux? »Reçoit un «tu fais ce que tu veux»,pincé.
Préférant ne pas penser à la scène deménage qui l'attendra à la maison, ellerejoint ses compagnes et livre son corpsà la musique. Mais les yeux baissés,bien sûr~ Noblesse oblige,
Parfois elle refusera catégoriquementde danser. On continuera cependant àinsister lourdement auprès d'elle etauprès de son mari. Même si ça ne sertà rien. Ca fait partie du folklore. Un jouroù il n'y avait personne autour de nous,un jour où il n'avait pas à «jouer»l'homme cool, libéré, dans le coup... j'aiinterrogé Si-Mohamed. «Pourquoi neveux-tu pas que Farida danse? Elledanse bien, pourtant.»
hez nous, on nedanse pas»...
S'asseoir près de celles qui ne dansent pas, celles qui ne se lèvent pas,même quand on essaie de les y forcer.Ces femmes là se classent en deux catégories : celles qui ne savent pas danser,et qui donc n'ont pas envie de se «dévaloriser» ou d'avouer «ô hchouma » leurmaladresse, et celles que les maris nelaissent pas danser. Pas du tout pourune question de principe. Simplementparce que... «chez nous, on ne dansepas, ça ne se fait pas». Quand on inviteces femmes à danser, on n'insiste guèreauprès d'elles. Mais on leur pose quandmême stupidement la question. «Tonmari ne veut pas que tu danses? » Etbien entendu, elles répondent «maisnon, pas du tout, je ne sais pas danser. ..». Certaines, cependant, sussurentdoucement... «Si-Mohamed ne melaisse pas... »On se dinge alors, sourireaux lèvres vers le Si Mohamed en question» qui, l'air vexé, rétorque à notrequestion «mais je ne lui ai rien dit, Faridaest libre, elle peut danser si elle veut... »Ce cinéma peut durer cinq à dix minu-
PANIERA
IDEEk"
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Un verre de café qui se renverse,une bouteille de vernis qui secasse et voilà des tâches irascibles qui vous narguent. Lesmoyens d'en venir à bout existentpourtant. Il suffit de les avoir entête. Un petit tour du côté desspécialistes nous a permis de leuremprunter quelques uns de leurs"trucs", de vous en dresser uninventaire.
Les procédés variant en fonctionde la qualité du tissu et du produit tachant, il est nécessaire detenir compte ae ces deuxvariables.
• Coton ou fil blanc• Coton ou fil de couleur• Laine / Soie• Synthétique
BOUEPour tous les cas: laisser sécherpendant plusieurs heures, puisbrosser.
Si la tâche persiste, passez àl'eau vinaigrée ou légèrement amoniaquée. (seulement sur les fibresnaturelles)
BOUGIEPour tous les cas: grattez le plusgros avec un couteau trempé dansl'eau bouillante, puis intercalezentre deux buvards. Repassez aufer chaud. Ensuite ...
• traiter comme une tâche de graisse(cf ci-dessous)
• terminez au vinaigre d'alcool ou àla benzne
• terminez en frottant légèrement àl'essence (lainages) ou au vinaigreblanc.
CAFE• Lavage simple au savon. Si la tâche
persiste, recourez à l'eau oxygénéeou à l'eau de javel.
• Imbibez la tâche de glycérine, rincez à l'eau tiède puis repassez surune serviette éponge.
• Enduisez la tâche de jaune d'œufdélayé à l'eau tiède. Rincez abondemment.
CAMBOUIS _. GOUDRONPour tous les cas: détrempez latâche avec du beurre ou du laitbouilli, puis traitez comme unetâche de graisse.
Pour les tâches de goudronrécentes : essence de térébenthineou dissolvant de vernis à ongle.
CRAYON-FEUTREPour tous les cas: éther ou alcoolà 90°.
CHEWIN-GUM
Pour tous les cas: passez un glaçon sur le chewin-gum jusqu'à ceque ce dernier durcisse et sedécolle. S'il reste une tâche, utilisez du dissolvant de vernis à ongle.
CHOCOLAT• White spirit ou alcool à 90°• Imbibez la tâche de glycérine et
laissez sécher entre deux buvards.
ENCRE NOIRE• Eau javelisée• Jus de citron• Imbibez la tâche de lait cremeux.
Triturez le tissu et épongez aubuvard. Recommencez jusqu'à disparition de la tâche.
FRUIT• Eau de Javel• Eau oxygénée à 20 volumes addi
tionnée de quelques gouttesd'amoniaque (rincez aussitôt) oualcool à 90°
• Tamponnez la tâche de vinaigre(placez le tissu sur papierabsorbant)
• Jus de citron ou vinaigre blanc.(plus papier absorbant)
GRAISSE• Lavage à l'eau chaude• Savonnage à sec et rinçage à l'eau
chaude• Benzine, essence minérale ou
thrichloréthylène• Ether
HERBEPour tous les cas: alcool à 90°
MERCUROCHROME
• Eau de Javel• Eau et alcool à 90°• Trempez à l'eau froide et baignez
ensuite dans une solution de deuxparties d'eau pour une partied'alcool à brûler.
PEINTURE
Pour tous les cas : essence de térébenthine ou trichloréthylène. Traitez ensuite la tâche de graisse selonla fibre, la peinture vinylique fraÎche s'ôte à grande eau.
ROUGE A LEVRESFOND DE TEINT
Pour tous les cas: tampon imbibéd'éther.
SANG
• Frottez les tâches avec du sérumphysiologique (en pharmacie),tamponner
••• ensuite à l'eau oxygénée à 10 volumes. Rincez abondamment.Règle absolue: n'employez jamaisd'eau chaude, seulement de l'eaufroide.Faites dissoudre un cachet d'aspirine dans un peu d'eau et imbibezla tâche de cette solution. Laissezsécher puis rincez.
STYLO A BILLE
Pour tous les cas: alcool à 90°.
THE
••• Rincez les tissus à l'eau froide. Sila tâche persiste, solution chaudede 15 grs de borax pour un litred'eau et rinçage à l'eau tiède.
• Citron
TRANSPIRATION
•• Tamponnez la tâche avec unmélange d'acide oxalique et d'eaufroide. Rincez puis tamponnez uneseconde fois avec de l'eau oxygénée diluée. Rincez abondamment.
•• Eau additionnée de quelques gouttes d'amoniaque. Rincez abondamment.
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De votre peau dépenden grande partie l'éclat devotre visage.
Sachez donc lui prodi- ,guer les soins nécessaires ..pour qu'elle conserve unevitalité et une élasticité
perrr;:;:nt~rand_mères "l'avaient fort bien com-pris. Grâce à leurs mixtu-res magiques, les annéessemblent avoir coulé surleurs traits comme desrivières paisibles.
Elles ont fait des produits naturels leurs fidè-les compagnons de route. ..
~... Comme elles, nous vous t
~'~::~f;;'4~::~I~;;Rien de tel à cet effetqu'un bon masque debeauté qui vous éclaircirala peau et vous détendrales traits. La recette quenous vous livrons ici estconçue à base de plantes.Ouvrez vos placards decuisine, vous y trouvereztrès certainement tout cequ'il vous faut pour lapréparer.
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D'abord, nettoyez à fondvotre peau
Un bain de vapeur préparera votre peau à recevoir lemasque en la nettoyant en profondeur. Il facilitera égalementl'élimination des comédéons(si vous en avez).
Faites bouillir de l'eau.Jetez-y une poignée de fleursde camomille et une poignée desauge. Penchez votre visagesur le récipient en recouvrantvotre tête d'une serviette. Prenez soin au préalable de protéger vos cheveux.
Restez ainsi jusqu'à ce quel'eau devienne tiède. Séchezdoucement. Les pores s'étantdilatés, il vous sera facile à cemoment-là d'enlever les comé-
déons. Procédez sans brutalitéen prenant soin de désinfecterau fur et à mesure avec uncoton imbibé d'alcool à 90°.
Si vous désirez éviter laséance du bain de vapeur,appliquer simplement une serviette humide chaude sur votrevisage pendant cinq minutes.
Peau grasse
Votre peau est grasse :si elle est sujette aux pointsnoirs et aux boutons, si vospores sont dilatés, si en y passant le doigt, vous la sentezgraisseuse.
Ce type de peau a besoind'être nettoyé fréquemmentpour éviter que les pores ne sebouchent et que n'apparaissentles comédéons et les boutons.
Masque
En fonction de vos besoinsou simplement de votre préférence, vous utiliserez l'une desplantes suivantes: l'ortie (resserre les pores) la menthe (raffermit et rafraîchit la peau), leplantain (adoucit la peau), lepersil ou la sauge (décongestionne efficace contre la couperose), le romarin (stimule).
Versez de l'eau bouillantesur la partie de la plante à utiliser (50 gr d'herbes séchées ou100 gr d'herbes fraîches pour600 ml d'eau) et laissez reposer pendant 2 à 15 minutesdans un récipient couvert. Evitez ceux qui sont en aluminium. Ils risqueraien~ d'altérervotre préparation.
Battez un jaune d'œuf etmélangez-le à du son de blé(adoucit et désinfecte). Entretemps, ajoutez à ce mélangel'infusion préparée auparavantainsi qu'un jus de citron. Vousdevez obtenir un mélanged'apparence pâteuse.
Comme cette préparationest à base d'œuf, vous nepourrez pas la conserver longtemps. Faites-la donc en petitequantité et gardez-la dansvotre réfrigérateur.
Peau sèche
Votre peau est sèche :si elle donne l'impressiond'être tendue, si elle est sujetteaux ridules, si elle a tendanceà se dessécher et à se desquamer au soleil.
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PLANTES, AVOS MASQUESCe type de peau a besoin
d'être hydraté régulièrementpar des crèmes et des lotionsqui pallieront aux graissesnaturelles manquantes.
Masque
Cette fois-ci, il s'agira deréduire en pâte l'une des plantes suivantes que vous choisirez en fonction desparticularités de votre peau :fleurs de camomille (ont uneffet tonique, cicatrisant etadoucissant sur la peau), desfleurs de mauve ( conseilléespour les peaux allergiques), despétales de souci (efficaces contre la couperose), des feuillesde bourrache ou de la pulpe de
banane (donne un certainvelouté à la peau).
Ecrasez-les avec du Kaolin(se vend en pharmacie) ou simplement de la farine d'avoine.Ajoutez.à cette pâte quelquesgouttes de vinaigre, une cuillère à soupe de miel et un jauned'œuf.
Comme il y a également del'œuf dans cette préparation,n'en préparez pas beaucoup àla fois.
Peau mixte
Votre peau est mixte si elleest grasse uniquement sur laligne médiane du visage : front, nez, menton.
Sur la ligne médiane, appliquer la préparation masquepour peaux grasses.
Sur les joues et le front, préparation « masque pour peausèche ».
Comment appliquer Jemasque?
Etalez la préparation uniformément sur tout le visage. Evitez le contour des yeux et deslèvres qui sont des zones trèsfragiles. Il faudra essayer devous relaxer pendant au moins20 minutes.
Pour enlever le masque,rincez-vous d'abord avec de
l'eau tiède puis, pour resserrerles pores, aspergez-vous d'eaufroide.
Hydratez votre peau
Pour éviter l'effet desséchant du masque, passer survotre visage un coton imbibéde la préparation suivante : 3parties d'eau de rose mélangées à 4 parties de glycérine.
Préparations proposées parA. Siji/massi
64
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,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALlMA.KALIMA.KALlMA.h:AUMA.KALlMA.h:,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAI,IMA.l(ALIMA.KALllVlA.KALIMA.KALIMA.K,LIMA. . .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAl.IMA.KALiMA.KALIMA.KAUMA.K,LI MA. Les garçonnes .KA LIMA. KALIMA. KAL 1MA. KA LlM A. KAt 1MA. KAL 1MA. KA L1i\1 A. K,LIMA. .KALIMA .KAL1MA. KALI MA. KA l,lM A. KA L1l'vl A. KA LlM A. KA LlM A. K,LIMA. Pour combattre le goût de son fils, le futur .KA KAIIMA.KAI !MA kAI IMA 17AUMA.K,LINtA. calife al-Amin, pour les castrats, Zubayda, .KA L'd' l' KAL ALlI\1A.K,LIMA. l'épouse de Harun Er-Rachid, eut une idée ori- .KA e fI leU e qUI tue KAL Absurde abus ALlMA.K,LIMA. ginale. Elle prit des jeunes filles ravissantes .KA Le calife AI-Hakim KAL d 0 0' ALI MI\. K,LIMA. qu'elle fit coiffer et habiller à la garçonne. .KA KAI e p UV Ir AUi\IA.K
d'Egypte toujours lui, prit ..,LIMA.KALIMA.KALlMA. .KA une mesure étrange pour KAl Dans une trilogie célèbre Al Tv1A. K,LIMA. T .KA empêcher les femmes de KAl de Naguib Mahfouz, une ALlMA.k.LIMA. .KA quitter leur maison. KAl femme douce et dévouée à AUMA.K,LIMA. .KA Il menaça les coordon- KAl son foyer, de surcroît à la ALlMA.k.LIMA. Séduit par le «démon fondamentaliste», .KA niers des pires sanctions KAl vertu irréprochable, est ALiMA. r<,LIMA. soucieux de revenir à une stricte religiosité, .KA s'ils enfreignaient l'ordre de KAt repudiée brutalement par ALlMA.r<,LIMA. le calife fatimide AI-Hakim, en l'an 1009, .KA ne plus confectionner de KAI son époux noceur. Quel ALIMAY,LIMA. ordonna à l'encontre de ses concubines un .KA chaussures aux femmes. KAl «crime» a-t-elle bien pu ALJ\IA.,LIMA. traitement qui ne laissa pas d'étonner ses con- .KA KAt commettre? Aurait-elle ALlMA.r<,LIMA. temporains? Savez-vous ce qu'il fit? Il fit pla- .KA .KAI émis le souhait dangereux ALlMA. ~,LIMA. cer toutes ses concubines dans des caisses, .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAI de se convertir au christia- ALII\lA.I'.LIMA. puis demanda qu'on leste celles-ci de pierres, .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAt nisme? A moins qu'elle ALlI\1i\.i·,,LIMA. qu'on les cloue et jette dans le Nil. .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAI n'ait publiquement exprimé ALlM/\.!·,LIMA. "Il. .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAl des doutes quant à la viri- AUJ\lA.k,LIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KAl lité de son époux? Ou ALIMA.i,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K 1 lM A K AT lM A KA 1 KAt peut-être encore lisait-elle ALIMA.,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.' Des femmes au-dessus KAI en cachette «Le jardin par- Al l:\lA .1<,LIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.K KAI fumé» du Cheikh Nef- ALlM;\.~·:
,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K de tout soupçon KAI zadui? Vous n'y êtes pas AUMA.,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. 7 KAl du tout! Son mari n'a tout ALlMA.I',LIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA. La description que vous allez lire, qui rap- KAl simplement pas toléré AUI\lAj...UMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K pelle curieusement la caricature des féminis- KAI qu'elle se rende à la mos- ALlMA.l-..LIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.K tes actuelles, est extraite d'un traité de KAt qué du quartier sans son AUi\IA.I,,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K sexualité du XIIe s, dû à un juif converti à KAI accord. Le livre ne dit pas ALiMA.,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K l'Islam. En fait, elle vise les adeptes de lesbos: KAI si les hommes de loi jugè- ALIMA.<,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K «II ya aussi des femmes qui sont plus intel- KAl rent la répudiation irreceva- ALII\l/\. '<,LIMAJ<ALIMA.KALIMA.KALIMA. ligentes que d'autres. Elles ont adopté en KAt ble parce que sa victime AUI\J;\ j,
,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K grande partie le comportement des hommes, KAI n'avait pour tort que son ALlMA. \".1IMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K si bien qu'elles leur ressemblent parfois dans KAl zèle religieux... ALli\lA.I".,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. leurs mouvements, leur façon de parler et leur KAI ALIMA.I\,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K voix. Ces femmes veulent être la partie active KALlMA.KAUMA.KALI!\lA.KALIMA.1\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K et avoir le dessus lorsque l'homme le leur per- KAU:'vIA.KAUMA. KALIM/\.KALlMA.l\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. met 1... ) la plupart de celles qui présentent ces KALIMA.KALIMA. KALIMA.KALIMA.I\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. caractéristiques se trouvent parmi les femmes KALIMA.KALIMA.KALI\lA.KALIMA.1\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. instruites et élégantes, les copistes, les lectri- KALIMA.KALIMA.KALIIVIA.KAUMA.k.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. ces du Coran et les érudites». KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.1\,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.J(I.~Lll"'r\..I'-r\.1IIVIr\..I'-J-\L j • /"\. lVIt-\.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALI\lA.1\
.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALlMA.KALlMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.1\
.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.I<;
.LlMA.KALIMA.KAI"IMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALI\lA.1\,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALli\1A.h.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALiMA.KALIMA.KALIrvlA.KALIMA.1\•LIMA. KA LI MA. KALIM A. KA L11'.1 A. KAL 1MA. KA L1MA. KALIM A. KAL lMA. KA 1,11'.1 A. KA 1,1 \1 A. KA I,! MA.I\: i\ L.o 11\1 A. k.LIMA.KALIMA.KI LIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KAI IMA.KALIMA.KALIMA.".LI MA. KALIMA.KA LIMA. KA LlM A. KA LIMA. KA LlMA. KA LIMA. KAL IMA. KA I" lMA. KA LlMA. KAL lMA. KA 1.! \1 A. r.
, r \.Jf A 1.,' A ., '1\. If A T7 A' 1 ~ If A r.T A , 1 l\. If A T,T A , T 1\ If A 1.1' A r 1 Il "A r / AIr'" Jf A Y.T A T i 1\ JI A T/ AIT 1\.". A l _rAT T 1\ /f r\ I r .-\ 1 T '" 11';\ L ':'\ F t f\ if."t L
A VOIXBASSE
GHITABENTOMAR
NOUVELLEINEDITE
DEABDELLATIF
LAABI
~~Ghita, d'où me parles-tu?
.
Peu importe. Il suffit que jeparle, enfin.Je voudrais au moinsimaginer...
Ecoute, petit. Te souviens-tu de ce que jet'avais raconté sur ma mère? Elle était entrain de carder de la laine lorsqu'elle vits'ouvrir dans une de ses cardes une fenêtre. Elle s'y pencha sans hésiter et cequ'elle vit n'était autre que le Paradis, cetteoasis d'au-delà l'œil du soleil, arrosée parles fleuves de miel et de lait, où les élus neconnaissent plus la douleur ou la mort. Elleremarqua, juste à sa portée, un arbre oùresplendissaient des fruits inconnus. Élie neput s'empêcher de tendre la main pour encueillir. Mais la fenêtre se referma aussitôt.Son rêve avait pris fin.Depuis lors, cette histoire circula au seinde la famille et parmi les voisins. LallaThour en devint un personnqge vénéré.
Tu es donc au Paradis ?
En tout cas, je ne souffr-e-plus maintenant.Là où je suis, je n'ai plus d'âge, de sexeou de nom. Il n'y a pas d'horloges, de succession du jour et de la nuit, de pluies oude tempêtes de sable. Je ne dors ni nem'éveille. Je vis dans un doux rêve éveilléoù ne m'apparaissent que les visages desêtres chers à mon cœur. Je ne mange nine bois car je n'ai plus à proprement parIer de bouche, de visage et de corps. Jesuis comme un arbre-oiseau dont les aileset les racines se meuvent en harmonie etqui vogue au milieu d'un immense nuageaux couleurs jamais vues.
Alors, tu es heureuse?
Je ne sais pas ce que tu entends par là.Tout ce que je peux dire, c'est que je n'aiplus ni besoins, ni désirs. Je voyage simplement dans les contrées de la sérénitéintérieure. Je suis devenue tout entière uneprière sans voix, portée par la lumière quime traverse sans cesse et se propage audelà de ce que tu peux cr.oire ou imaginer.Ah, cette lumière!Je vois à l'instant qu'elle caresse secrètement ton visage. Tu n'as pas changé, monpetit.
Parle-moi vite de ta vie antérieure.
Oh, à quoi bon? La colère est un sentiment que j'ai eu du mal à oublier. Montemps est révolu, lui qui ne m'a rien donné,sauf le désir d'être là où je suis. Mes yeuxsont restés fermés, même quand je suisdevenue grand-mère. Le monde, c'était mamaison et ma maisonnée. Parfois, le vendredi, il s'élargissait jusqu'au sanctuaire deMoulay Idriss ou de Sidi Ali Boughaleb,aux jardins de Jnane Sbil ou à la PlaceBatha. Pour moi, c'était un grand voyage(un peu comme quand tu prends l'avionmaintenant). Comme j'aimais regarder passer les gens, admirer le charme des jeunesfilles qui sortaient le visage à découvert. Jeparlais à la première femme venue de monâge. Nous ouvrions notre cœur l'une àl'autre. Nous ne nous cachions rien et nousne nous quittions qu'après avoir déversétout ce que nos yeux contenaient delarmes.
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Tes chaînes, tu les ressentais alors ?
Je ne me sentais pas le droit de poser cesquestions. Je croyais fermement que la vien'était qu'un mauvais moment à passer enattendant l'autre vie, la vraie, et que, pourmériter celle-ci, il fallait donner, donnersans calcul de recevoir.Pourtant, il t'arrivait de maudire cettevie et de te révolter contre les lenteursque l'autre vie mettait à venir.Crois-tu? Je m'en voulais simplementd'être là comme une fourmi frêle et cependant responsable des besognes écrasantesde la fourmilière. Au fond, j'aurais peutêtre aimé que la vie ne fasse qu'une, au cielcomme sur terre.
Qu'as-tu à dire de ton compagnon?
Que veux-tu que je te dise à ce sujet? Lui,c'était l'homme, moi la femme. Chacun saplace, son domaine. Je ne pouvais pas luien vouloir de cette distribution des rôles.Ni lui, ni moi n'avions le choix. Mais maintenant que j'y pense, je crois que ce quim'a le plus manqué avec lui, c'est de pouvoir parler comme je le fais maintenantavec toi, parler du coeur au coeur.
As-tu aimé quelqu'un d'autre que lui?
Tais-toi, diablotin! J'ai toujours aimé labeauté. Et je l'ai rencontrée chez tantd'hommes et de femmes. Tu me troubleslà car tu me rappelles mon trouble d'alors.Mais je savais bien dans ces cas-là que jene pouvais manger que des yeux. Dieu mepardonne!
Ghita, comment trouves-tu mespoèmes?
Ta question est orgueilleuse. Ne recherchejamais ce genre de réponses. Entends-tu?
Comment faire pour t'entendre denouveau?
Il ne faut surtout rien faire. Je reviendraiun jour te visiter en rêve. Alors veille bienquand la nuit t'épouse et que tu lui abandonnes ton corps endolori, tes peines, tacolère, tes désirs inassouvis, le sel gemmede tes larmes. Veille ainsi, garde les yeuxouverts, ouverts ...
Ghita ... Ghita ...
La fenêtre s'est refermée."~~ne te reste plus que la doucepromesse d'un rêve.
A. Laabi
67
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L'ALLAITEMENTLE LAIT DE MAMAN EST TOUJOURS BON
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dent mineur jusqu'au grand choc allergique dont les conséquences peuventêtre très graves. C'est heureusement uncas extrêmement rare. Le problème avecl'allergie au lait artificiel, c'est qu'on ena difficilement la preuve absolue, lessymptômes n'étant pas spécifiques. Lesvomissements, par exemple peuvent correspondre à d'autres causes. La plupartdu temps le diagnostic se fait sur unensemble d'arguments et sur la répétition d'incidents semblables après chaque biberon.
De cette comparaison entre les compositions respectives du lait artificiel et dulait maternel, que concluez-vous ?_.
Le lait de la mère reste toujours celui quiest le plus adapté à l'organisme del'enfant. Nourri au sein celui-ci pourramieux se défendre contre les infections(grâce aux immunoglobulines), aura unemeilleure croissance (acides gras nonsaturés) et surtout sera à l'abri de toutproblème d'allergie dûe au lait.
• Pour avoir du lait.
• Entre le lait maternel et lelait artificiel, les différencespersistent
pr. Balafrej,la question du type d'allaitement Ji pratiquer est une question quipréoccupe beaucoup de jeunes mamans.Après une période d'engouement pourle lait artificiel, on assiste aujourd'huià un regain d'intérêt pour l'allaitementau sein.Le lait artificiel remplace-t-i1 complètement le lait de la mère ?Dans le cas où des différences persisteraient encore, pourriez-vous nous préciter à quel niveau elles se situent ?_
Il serait illusoire de croire que le lait artificiel remplace totalement le lait maternel. Malgré une technique en constanteévolution, malgré la mise sur le marchéde produits de plus en plus sophistiqués,il faut reconnaître que certaines différences ne sont toujours pas supprimées.Il suffit pour le constater d'examiner lacomposition de chacun d'entre eux.Le lait de vache par exemple (c'est luiqui se trouve à la base de tous les laitsen poudre) est plus riche que le lait dela mère en sel, et en protides mais lesucre et les acides gras non saturés ysont en quantité plus faible. Ces différences ont été dans une certaine mesureréduites par la fabrication de laits ditsmaternisés.
En dessalant, en diminuant le taux desprotides, en rajoutant du lactose (sucredu lait) on est parvenu à rendre le laitde vache moins riche, donc moins fortpour le bébé et plus digeste. Mais certaines particularités propres au laitmaternel sont restées difficiles à reconstituer comme la présence d'immunoglobulineO, la teneur respective -en calciumet en phosphore et la richesse en oligoélémentsO (le fer en particulier).
Parmi les différences que vous venez lenous citer, quelles sont celles dont le rôleest fondamental?--------Celles qui se rapportent aux protides.Dans le lait maternel, nous nous trouvons face à des protides d'originehumaine, donc parfaitement adaptées àun organisme humain. Dans le lait artificiel par contre ce sont des protidesd'origine animale.C'est la raison pour laquelle les laitsartificiels sont parfois mal tolérés parcertains nouveaux-nés. Face à ces corpsétrangers que sont les protides d'origineanimale, l'organisme peut avoir uneréaction de rejet qui se traduira parl'allergie.
Sous quelle forme apparaÎt l'allergie?
Elle apparaît sous des formes multiples,vous savez. Irruption de boutons, urticaire, diarrhée, vomissement. Absencede prise de poids aussi. Elle va de l'inci-
Les femmes qui décident de donner lesein Ji leur bébé ont souvent peur de nepas avoir suffisamment de lait pour lesatisfaire. Y-a-i1 une ligne de conduiteà respecter pour s'assurer une bonnesécrétion lactée? , _
Oui. C'est une ligne de conduite trèssimple. Elle se résume en trois points:boire beaucoup, manger équilibré etsurtout donner le sein le plus souventpossible. Au niveau de l'alimentation,il faut insister en particuliu sur ce quicontient des protéines comme la viande,les œufs, les fromages, les poissons, lepoulet. Boire en quantité suffisante estabsolument nécessaire. Dans la traditionpopulaire, on recommande aux femmesde prendre de la harira, de la soupe delentilles. C'est un conseil pertinent maisconsommer régulièrement des jus defruit et du lait suffit amplement. Graceau lait, les pertes en calcium peuventêtre compensées.Une mère qui pratique un allaitementexclusif donne à son enfant à peu prèsun demi-litre de lait par jour. II lui fautdonc reconstituer son calcium par unapport extérieur.D'un autre côté, donner à téter fréquemment est très, très important. Pluson donne le sein, plus on a de lait. Laraison en est très simple. On a un mécanisme réflexe qui relie le mamelon àl'hypophyse O. C'est une espèce de circuit constitué d'une voie nerveuse quiva vers l'hypophyse à la base du cerveauet d'une autre série qui va du cerveauà la périphérie. lei le réflexe part du
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mamelon, stimulé par la succion. A chaque fois que le bébé tête le mamelon, ilya des influx nerveux qui vont jusqu'àl'hypophyse.
L'hypophyse secrète alors une hormone, la prolactine. Arrivée au niveaudu sein, celle-ci agit en favorisant lafabrication du lait. Plus une femme parconséquent allaitera son enfant, plus elleaura dé lait. C'est pour cette raison queje déconseille personnellement la pratique de l'allaitement mixte au départ. Yrecourir annihile les chances d'avoir unemontée de lait satisfaisante et très vitel'allaitement au sein doit être interrompu. Quand on veut allaiter sonenfant, autant le faire correctement.Sinon, ce n'est pas la peine.
Un bon allaitement au sein nécessite unedisponibilité totale et surtout - j'attireparticulièrement l'attention sur cepoint - une solide confiance en soi. Toutce qui angoisse, énérve, arrête le lait.Etre tout le temps en train de se dire "jen'ai pas assez de lait", est-ce qu'il en apris suffisamment ?" ,contribue surtoutà tarir la secrétion laiteuse. Allaiter sonenfant est la chose la plus naturelle dumonde. Comme on le dit si bien il fautêtre "cool" ... et relax.
Combien de fois par jour faut-il mettrel'enfant au sein? _
Chaque fois qu'il le réclame. II fautcompter en moyenne huit à dix fois parjour au début, six à sept fois par la suite.Quand il s'arrête de têter, il n'est pasnécessaire de le forcer davantage.Autrefois, on estimait qu'il fallait lemaintenir à chaque sein pendant dixminutes. On le réveillait pour têter toutes les trois heures. Aujourd'hui, onpense que c'est à la mère de s'adapterau rythme de son bébé et de le respecter. En général, il s'organise de luimême très rapidement.
• Les incidents de l'allaitement
La mère se trouve parfois exposée JI despetits problèmes en cours d'allaitement.Pourriez-vous nous en dire un mot?
Les quinze premiers jours constituentl'étape la plus difficile. C'est durantcette période que de petits incidents peuvent survenir si on ne fait pas attention.Il peut s'agir d'engorgements ou de crevasses qui eux mêmes prédisposent à lalymphangite et aux abcès. Quelques précautions élémentaires permettent de leséviter.Les crevasses sont des fissures des
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mamelons. Elles sont en grande partieprovoquées par la macération et le manque d'hygiène. Une mauvaise installation de l'enfant y contribue également.Aussi au moment de la têtée, le bébédoit être bien placé. II devra avoir unebonne prise pour pouvoir prendre danssa bouche non seulement le bout maisaussi les deux-tiers de l'auréole. De cettefaçon-là, la traction n'entrainera pas defissures. Après chaque têtée, le mamelon doit être rincé à l'eau bouillie etséché (surtout lui éviter l'humidité). Unedouche quotidienne avec savonnage desseins permettra· de maintenir l'hygiènenécessaire.
Après chaque têtée, le sein est pratiquement vide. Cependant, si la mère abeaucoup de lait ou si le bébé en est unfaible consommateur, il sera nécessaired'achever de vider le sein. C'est le meilleur moyen de se protéger des risquesd'engorgement ou d'abcès. Quand malgré tout, l'abcès se déclare, on arrêtel'allaitement.Un traitement aux antibiotiquess'impose. Mais très souvent, avantd'arriver à l'abcès, on passe par uneétape intermédiaire qui est la lymphangite, une espèce d'inflammation diffusedu sein. Avant, on arrêtait provisoirement l'allaitement.
Aujourd'hui, on pense au contrairequ'il faut donner le sein le plus souventpossible pour qu'il se vide. La fatigueentretient également la lymphangite. IIfaut donc se reposer et appliquer descompresses chaudes sur le sein pourréduire la douleur.Encore une fois, ces désagréments peuvent facilement être évités si un minimum de précautions est pris.
On entend parfois certaines femmesdéclarer qu'elles n'allaitent pas leurenfant parce que leur lait est "mauvais". Qu'en est-il de cette affirmation ? Existe-t-i1 des contre-indicationsJI l'allaitement?
Le lait de la mère n'est jamais mauvais .Il est toujours adapté à l'enfant. Lescontre-indications qui existent sontd'ailleurs établies par rapport à la bonnesanté de la mère et non par rapport àcelle de l'enfant, sauf exceptionsrarissimes.
• Un «plus extraordinaire»pour les unesUne «nécessité vitale» pourles autres
Alors docteur, en conclusion, l'allaitement au sein constitue-t-i1 une nécessitéJI vos yeux pour le bébé ? _
Mon devoir de pédiatre voudrait que jeprône impérativement l'allaitement ausein. La nécessité de tenir égalementcompte de l'intérêt de la femmem'amène toutefois à introduire desnuances en fonction du niveau économique des personnes concernées.Dans les classes aisées, l'allaitementmaternel bien que vivement souhaitén'en est pas pour autant vital. L'organisme de l'enfant nourri au lait artificiel se défendra certes moins bien contreles infections mais, correctement alimenté, il reconstituera rapidement sesdéfenses. Pour ces mamans-là, donnerle sein est un "plus" extraordinaire quifavorise la relation mère-enfant. Maispour l'énorme proportion de leurssœurs déshéritées, c'est une nécessitéun besoin vital pour leur bébé. Les pre:mières ont une responsabilité énorme àremplir vis à vis des secondes. Elles doivent, en offrant l'image de beaux bébé~
nourris naturellement, participer à laréduction de l'effet désastreux des publicités pour laits en poudre. Les grosbébés bien joufflus montrés par les affiches publicitaires ont profondémentmarqué les esprits. En se répandantdans les milieux démunis, l'usage du lait
AllaitementLes acides gras insaturés
c'est une variété de lipides (graisses)que l'organisme ne fabrique pas maisqui lui sont nécessaires. Il doit pouvoirles retrouver dans l'alimentation. Cesacides gras insaturés sont indispensables pour la croissance.
Le calcium/phosphore:Il existe un rapport optimum entre le
taux de calcium et celui de phosphore.Ce taux permet une absorption optimaledu calcium et une action optimale de lavitamine D.
L'hypophyse:C'est une glande située à la base du
cerveau. Elle joue le rôle de « chefd'orchestre)} des glandes endocrines del'organisme.
La prolactine: hormone:- -- - ---
Les immunoglobulines:anticorps qui participent à la défense del'organisme contre les infections.
Les oligo-éléments : minéraux contenus en très petites quantités dans lescellules. Indispensables pour la vitalitéde l'organisme.
artificiel a eu des conséquences dramatiques. Tellement dramatiques que danspresque tous les pays du monde, uneréglementation a dû être imposée à cetype de publicité.
Le biberon est devenu facteur de mort.Pourquoi? _
Parce que des moyens faibles ne permettent pas d'acheter du lait en quantitésuffisante. D'où de mauvais dosages.Parce que le biberon n'est pas stérilisé,le lait non conservé ... etc. Les bébéscommencent à maigrir, à vomir, ont desdiarrhées et finissent par mourir.A l'hôpital nous recevons continuelle
ment des enfants qui ont des problèmesde déshydratation. Déshydratation à las~ite de diarrhées et/ou vomissements.Quatre vingt dix pour cent des cas sontdes enfants nourris au lait artificiel.Alors, aujourd'hui, il est plus que tempspour nous de montrer les beaux bambins bien joufflus que donne le laitmaternel.
Entretien réalisé parHinde Taarji
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Pull pailleté ••Vous l'oubliez depuis quelques temps au fond de votre tiroir.Parce qu'il est trop simple, parce qu'il est trop commun, il vous agace.Or, il ne tient qu'à vous de l'habiller d'élégance. Par un jeu de paillet-
tes multicolores dont nous vous proposons un modèle de disposition, donnez-lui le lustre qu'il n'a jamais eu. Avec deux épaulettes en plus, le tour estjoué: votre humble petit pull noir deviendra digne des grandes sorties.
• Fournitures:1 pull - celui-ci est noir - en laine polyester, encolure ronde, manches chauve -souris, auquel on a rajouté des épau
lettes.
• 1 Aiguille fine
• Fil de couleur
• Baguettes:3 cuillères baguettes moyennes argent (0,5 cm)2 cuillères baguettes moyennes rouge (0,5 cm)2 cuillères baguettes longues vert (1 cm)1 cuillère baguettes moyennes jaune (0,2 cm)1cuillère baguettes moyennes turquoise (0,5 cm)2 cuillères baguettes petites turquoise (0,25 cm)
• Paillettes(s'achètent à la cuillère)
3 cuillères paillettes plates, à facettes rose fuschia2 cuillères paillettes plates bleu nuit2 cuillères paillettes plates marron3 cuillères paillettes plates rouge3 cuillères paillettes plates violet2 cuillères paillettes plates noir irisé
2) Tenir le fil serré sous le pouce gauche. La première paillette est en place.
même pour un travail régulier. De cettedistance aussi dépend le "chevauchement" des paillettes. Selon que la distance sera plus ou moins large, lechevauchement sera plus ou moinsimportant.
2
3) Faire sortir l'aiguille en 2 - (le poucegauche maintient toujours le fil serrantla paillette) puis tirez le fil - C'est cepoint qui finit de stabiliser la paillette.
1
-rus lessert~s sont faits avecles baguettes argent.
1) Faire sortir l'aiguille en 1 - après yavoir enfilé une paillette.
La beauté du travail dépendra bienentendu de sa précision: l'aiguille doittoujours être placée horizontalement etla distance entre 1 et 2 devra être la
Abréviations :
paillettes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. pbaguettes longues b.1.baguettes moyennes b.m.petites baguettes p.b.
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Jouezaveclespaillettes
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LA MORALE DE L'AMITIE
Quelle folie,d'aimer!
l'intelligence, en nous,s'éveille, frétille, est certainement le signe d'un bonlivre.
«L'amitié», après desdécennies de philosophie«assassine», guillotinant lesujet ou l'amoindrissant,semble vouloir élargir cetheureux courant de laréflexion contemporainequi tente à nouveau des'intéresser à l'homme, à cequi le soutient, plutôt qu'àses faiblesses ou ses «manques» par lesquelles sedémontra longtemps soninaptitude à maitriser quoique ce soit de son destin.Un livre moral, dans lemeilleur sens du terme.L'époque en a besoin.
AdN HAJJI
L'AMITIE, FrancescoAlberoni - traduction deNelly Drusi - Ramsay,211 pages.
Jans Anderson de Scrolyckan'est qu'un pauvre journaliersur les terres d'un maître; ilassiste, résigné, à la pénible,froide, succession des travauxet des jours. Le jour où lui naîtune petite fille, tous seschagrins, toute son apathiedisparaissent comme parenchantement. Son cœur seréveille, il ne l'avait jamais sentibattre si fort. Jans prendl'enfant dans ses bras, lalumière caresse le visage dumerveilleux bébé, et Jans queson bonheur met encommunion avec la naturetoute entière, décide d'appelersa fille Claire-Belle, lui offrantd'emblée un parrain éternel: lesoleil.Claire-Belle et Jans sont
Un texte magnifiquede la grande SelmaLagerlôf.Quand la tragédies'empare du conte...
A la différence del'amour, l'amitié ne naîtpas d'une rencontre enforme de révélation. Elle est«un réseau de rencontres» ... comme la «molécule» de l'érotisme est
. )«l'expérience». «Le tempsn'a pas d'importance entreamis», souligne l'auteur.Entre amants, en revanche,il en a une et de taille.Séparé de l'aimé (e), chaqueamant «veut savoir del'autre tout ce qu'il a fait,il veut combler tous lesvides, remplir tous les intervalles, connaître toutes lespensées de l'autre, les plusinfimes nuances de ses sentiments, le moindre de sesdoutes». L'amitié, elle,possède une «structure granulaire», c'est-à-dire faitede présents juxtaposés : jerevois mon ami après unelongue absence comme sirien, dans l'intervalle, nes'était passé.
Mais le véritable distinguo entre amour et amitié,le voici: «L'amitié (... )choisit ses partenaires selondes critères moraux (...)l'amitié est la forme éthiquede l'éros». Parfaite clartéd'exposition, simplicité, lelivre de Francesco Alberoniest un régal. Reconnaître,au fil de la lecture, que
d'atteindre la figure idéalede l'amitié que d'en réper-torier les usages. .
Qu'est-ce qui permet dedistinguer l'amitié desautres formes d'amour oude sympathie? Saluant aupassage la différenciationd'Aristote entre l'amitiéfondée sur l'intérêt et celleque nourrit la vertu, Alberoni énumère (sans trop s'yattarder) les sens les pluscourants du terme amitié,qui n'ont, souligne-t-il,qu'une vague ressemblanceavec le sentiment véritableauquel son livre est consacré : l'amitié entre connaissances, tissée de bonsrapports et de cordialité;l'amitié-solidarité, négativement définie, réactivedirait-on, qui lie les intéressés relativement aux ennemis qu'ils ont en commun(camarades, compagnons,frères); l'amitié - intérêt,telle qu'elle se noue, parexemple, entre associés enaffaires ou hommes politiques; etc.
«Aimer, c'est vouloirrendre l'autre heureux»,déclare Alberoni. Mais sil'amitié et l'amour ont enpartage ce noble objectif, lepremier sentiment ne tolèreguère la fermeture, l'autosuffisance du «couple».
Quand la sociologie s'intéresse à l'amitié...Malgré lemonde moderne, ses égoïsmes, l'individualisme, l'amitié reste plus vivante que jamais. Une belle leçon demorale. Par l'auteur du «Choc amoureux», FrancescoAlberoni.
On peut être sociologueet ne jamais ennuyer sonlecteur. Si, si, ça existe.Francesco Alberoni, quienseigne à l'Université deMilan, est fâché avec lesterminologies barbares, les«ismes» et tous les stylesbarbelés qui tiennent à distance le lecteur impressionnable. Il est l'auteur fortremarqué de ce qui fut unbest - seller (pour les essais)l'année dernière: «Le chocamoureux», qui interprétaitde façon radicalement nouvelle le fait de tomberamoureux. La «passionjaillissante» y était vuecomme «l'état naissantd'un mouvement collectif àdeux», créatrice de valeursneuves, et «révolutionnaire» en ce sens qu'ellen'est nullement préoccupéede sa propre stabilité,qu'elle se désintéresse duconfort de l'institution.
Avec «L'amitié», Alberoni opère davantage en«moraliste» qu'en sociologue. Au lieu d'honorer labonne vieille pratique del'enquête et de l'interview,qu'en honnête sociologue ilaurait habilement disséquées, notre philosophe«public» construit son livreà la manière des penseursclassiques. plus soucieux
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nouvelle génération d'écrivainsalgériens apparaît, mais il estsignificatif que les premièresœuvres à aborder avec sérieuxle thème de la femme soientdues à des femmes (TaosAmrouche et Djamila Debèche). La littérature de languearabe ne reprendra des thèmescomme le rôle de la femmedans la société que vers lesannées 70. Toutefois, en Algérie, une littérature féminine delangue arabe est encore ànaître.Dans la première partie de cetouvrage, l'auteur analyse lesdifférents types de femmespré~entés dans la littératurealgérienne en général : lamère, l'étrangère, la militante,la femme-objet, la femme-symbole. La deuxième partie traite de l'éveil de la femme,de l'apparition difficile du couple, et surtout de l'incommunicabilité entre hommes etfemmes. Il est particulièrementintéressant de découvrir, dans
D ans cette étude sur lafemme à travers la littératurealgérienne contemporaine,Ahlem Mosteghanemi annonce d'emblée un doubleobjectif: "reconstituer la réalité sociale à partir des œuvreslittéraires" et "juger del'authenticité de cette littérature et de son impact sur lasociété" en question. Etudedétaillée et judicieusementstructurée, ce livre prend encompte 75 ouvrages de tousgenres écrits tant en françaisqu'en langue arabe. A scrutercette littérature, l'auteur constate qu'il faut attendre lesannées 20 pour que le thèmede la femme soit traité convenablement, et ce par desauteurs algériens de languearabe. Quant à la littératurealgérienne de langue française,elle ne sert pas la cause desfemmes, au moins jusqu'audébut de la guerre de libération, en 1945. C'est donc àpartir des années 50 qu'une
tecturess
La femme dans leregard des écrivainsalgériens. AhlemMosteghanemi amené une étudemagistrale couvrant75 ouvrages écrits enarabe et en français(de 1952 à 1980).· Desconclusions plutôittristes: une littératurequi ne traduit, enmajorité, que lemalaise masculin; unelittérature d'hommes'adressant àl'homme, qui n'a pasbien compris que lafemme était une personne à partentière ....
LA FEMME DANS LA LITTERATURE ALGERIENNE
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le dernier chapitre, les différences qui existent - dès lors qu'ils'agit de la femme - dans la littérature "masculine" et dansla littérature "féminine". Différences dans le choix des typesde femmes mis en situation(on notera la quasi-absence dela femme émancipée dans la
-;;;;;;;;;;;.-----__. littérature féminine, par exem-follement complices, se prostituée. Mais Jans des "simples d'esprit"... pie); différences dans le choixcomprennent à la vitesse de la n'écoute guère les ragots qui "L'Empereur du Portugal" fait des thèmes - ainsi, la prise delumière. La fille a transfiguré le courent sur son enfant. Un partie des grands textes de la conscience féminine à tous lespère. Elle grandit, entourée de secret magnifique, croit-il de littérature universelle. Un ange niveaux (social, politique,l'admiration de toute la toute ses forces, lui sera a guidé la main de l'auteur. Ce sexuel ... ) et le thème decampagne environnante. bientôt dévoilé par petit joyau fut écrit au début l'amour (nouveau type de rela-Mais Jans doit règler une dette Claire-Belle... du siècle par une suédoise, tion possible entre hommes etvis-à-vis d'un propriétaire terrien Pour lui, elle est devenue Selma Lagerl6f, qui obtint le femmes, couple, évolution desans pitié. Et Claire-Belle, qui impératrice. Et son esprit, prix Nobel en 1909. Publié en la famille ... ) préoccupenta dix-huit ans, se propose pour tissant le plus beau des contes, français pour la première fois beaucoup plus profondémentréunir au plus vite la somme imagine Claire-Belle au faîte de en 1942, c'est sa 3è réedition. et plus sincèrement les femdûe. Elle ira à Stockholm, elle la puissance et de la beauté. Pour le plus grand bonheur du mes écrivains que lestravaillera. Les mois passent. Jans descend peu à peu dans public. hommes.Mais, Claire-Belle ne revient le "royaume" de la folie. Il est AdiJ HAJJ! En effet, dans la littératurepas. Des gens du village devenu un illuminé. Il se prend masculine, encore majoritaire,prétendent l'avoir aperçue pour l'Empereur du Portugal. L'Empereur du Portugal, nous relèverons avec l'auteurdans la grand8 ville, La confiance limitée qu'il place Selma Lagerl6f - Stock, 251 que, dans l'ensemble, l'évolu"déguisée" comme une dans sa fille le voue au paradis pages. tion de la femme algérienne~ ..J n'a guère été prise en compte.
La perplexité, le désarroi sinonl'agressivité de l'homme algérien à l'égard de la femmealgérienne semblent persister.Les problèmes - lorsqu'ils sontabordés - ne le sont, de toutemanière, qu'en fonction del'homme lui-même. Il en vatout autrement des femmesécrivains. Pour elles, il s'agitd'abord de traduire les préoccupations des nouvelles générations et l'évolution de lafemme algérienne, sans pourautant culpabiliser l'homme;mais aussi de présenter la condition de la femme sous tousses angles (juridiques, sexuels,sociaux, politiques, économiques... ) qui, en réalité, sontindissociables; et, enfin, d'éviter de "séparer la condition dela femme de celle de l'hommeet du contexte en général". Celivre, à la fois essai, document,synthèse et témoignage à plusieurs voix, se clôt sur uneimportante bibliographie.L'auteur, licenciée en Lettresarabes de l'Université d'Alger,a obtenu en 1980 à Paris undoctorat en Sciences socialesdu Maghreb. Elle a déjà publiédeux recueils poétiques, l'un àAlger, l'autre à Beyrouth.
Amina SaïdALGERIE : FEMME ET ECRITURESpar Ahlem Mosteghanemi (Préface deJ. Berque). L'Harmattan, 314 pages.1985
~( :!Il~J/off:: at:~.~ 2 e épisode
La nuit des énigmesVoici le premier récit qui parvint à Shéhérazade,
dicté par Sindbad à un écrivain public dans un coinsombre d'un café du port de Moka où il avait fait relâche sur la rive orientale de la mer Rouge.
Ma gazelle, il y a dans mon ter pour occuper l'attente deséquipage un très vieux marin marins.venu d'on ne sait où. Il n'est J'ai donc décidé, ma chèreplus guère bon à la manœuvre Shéhérazade de faire part àmais il sait tout des ports, des deux avec lui en associant nosmouillages, des écueils et des deux quêtes. Nous nous somvents de la route des épices. mes dit l'un et l'autre que chaCar depuis toujours, il est en cun d'entre nous doublait ainsiquête du secret de la panacée, ses chances de découvrir cecette substance miraculeuse qu'il cherche. Et en chemin,qui guérit de tous les maux et avec un tel guide, que d'histoiconsole de tous les malheurs. res à recueillir pour tes nuits!C'est ainsi que le safran de Notre première étape fut uneCeylan, le poivre noir de île appelée Skanjbir. SaMacassar, la muscade de Mas- renommée était fondée sur lacate, la canelle de Coromandel qUillité incomparable du ginet mille autres épices n'ont gembre qui poussait en abonplus de secrets pour lui. Il y a dance sur ses terres fertiles.toujours dans son vieux coffre Cette île fortunée était, depuisquelque médecine pour panser des temps immémoriaux, gouune plaie, apaiser une douleur. vernée par la dynastie des',Et lorsque les vents nous aban- Skan, qui tirait une légitimdonnent et qu'il faut mettre en fierté de l'ancienneté de sopanne, notre vieil alchimiste a empire sur les gingembrais, etoujours une histoire à racon- qui s'était efforcée, avec suc-
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cès, de les maintenir dans lerespect des plus hautes traditions en les tenant à l'écart descontagions du reste dumonde. Ce peuple de hauteculture adorait une divinitédont le nom, "Gingembre",avait été donné à la plantemerveilleuse qui avait fait lafortune de l'île. Ce qui faisaitdire aux géographes officiels,qu'à tous égards, Skanjbir étaitun don de Gingembre.
L e jour où une bourrasque jeta notrebateau sur la côte de
Skanjbir, le commandant duport, manifestement inquiet del'irruption d'une horde d'étrangers sur le sol de son antiquepatrie, nous reçut cependantavec les égards qu'imposaitune tradition sacree des insulaires, l'hospitalité. Nousfûmes immédiatement conduits au palais du princerégnant, Skan XXII. Il présidaitune des grandes cérémoniesde l'année gingembraise, lanuit des énigmes et nous yconvia. Ce soir là était convoqué au palais tout ce queSkanjbir comptait de grandsesprits : astrologues, alchimistes, théologiens, docteurs dela loi, géomanciens. Le jeuconsistait, pour les invités duprince, à poser à la docteassemblée des questions auxquelles elle ne pouvait répondre. On nous expliqua que cejeu de salon était dangereux.Il ne faisait pas bon y perdre.
L a soirée commencaet les invités tentéspar l'aventure posè
rent leurs énigmes. Il se trouvatoujours, parmi le& vieillards dela docte assemblée, un astrologue ou un docteuf de la loi,pour déjouer les piéges del'énigme et la résoudre. Vint letour de la favorite du prince,qui s'appelais Carvi, ce qui aupays du gingembre était déjàune impertinence de nature àranimer la guerre des épicesqui avait fait rage dans l'archipel quelques décennies auparavant. Elle te ressemblait,mon aimée, comme une sœur.Belle, fière, audacieuse et plustêtue qu'une mule. Elle setourna avec grâce vers les doctes vieillards et leur adressa cesparoles:- Vous savez, Ô très vénérables hommes de science, àquel point je suis ignora.nte. Iln'est donc pas étonnant que jen'ai pas trouvé de réponsesaux questions que je vais vousposer. Mais vous, en qui se
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résume le savoir du monde,nul doute qu'il vous paraîtraaisé de répondre. N'est-il pasvrai, vénérables docteurs, quetout dans cet univers, procèdede notre créateur?
Et la docte assemblée derépondre:- Gingembre est la source detout savoir.- Est-il vrai, augustes vieillards, que lorsque Gingembrenous a créé et qu'il voulut fairede nous ce que nous sommes,en nous distinguant des animaux, il nous donna la parole?- Cela est vrai, rendons engrâce à Gingembre.- Est-il vrai que notre languegingembraise est celle qui a étéchoisie parmi toutes les autrespar notre créateur pour nousrévéler l'ici-bas et l'au-delà, etque cette langue fait partie denous autant que notre boucheet nos dents ?- Notre langue est sacrée,c'est Gingembre qui l'a voulu.- Est-il exact qu'une des toutes premières tâches que s'estfixée notre créateur a été dediviser le monde entrel'homme et la femme, le mâleet la femelle ?- Qui pourrait dire le contraire? Ainsi en a décidé Gingembre.- Est-il vrai que cette distinction entre les deux moitiés del'univers, qui est au principe dela division du monde, notrecréateur a voulu la faire passerdans les mots qui se trouventainsi, comme le reste de lacréation, divisé en masculin etféminin?- Cela est certain. Il n'y a decertitude qu'en Gingembre.- Alors, fit Carvi, d'une voixdouce, pouvez-vous, Ô lesplus savants, m'expliquer ceque dans mon ignorance je nepeux comprendre. Pouvezvous m~expliquer pourquoi l'ondit: le poivre et la canelle, unepanthère et un léopard, la verveine et le tilleul, une sardineet un anchois, un abricot etune figue, un haricot et unelentille. Est-ce à dire que toutes les panthères sont femelleset tous les léopards mâles ?- Cela ne se peut, Gingembrene peut l'avoir voulu.- Alors, vénérables hommesde science, quelle est laréponse?
L orsque cette questioneut été posée la docteassemblée fut saisie
d'une agitation intense autantque vaine. Des réponses contradictoires fusaient de toutesparts, la majorité des savants
se contentant de répondre :"Gingembre le sait, Gingembreest plus savant".
A ce moment SkanXXII, que Gingembre
- lui prête vie, prit laparole:- Vous ne vous trompez pas,fidèles docteurs, lorsque vousaffirmez que votre créateurconnaît toutes les réponses.Est-il vrai de surcroît, honoréssavants, qu'en m'agenouillantet en interrogeant notre créateur je pourrais, si je suis unhomme de bien, espérer recevoir une réponse?- On ne saurait mieux dire,votre grandeur, on ne sauraitmieux dire.- Alors, fidèles sujets, expliquez moi en quoi mes savantspeuvent-ils m'être utiles si, àchaque question que je leurpose ils me répondent que lecréateur connaît la réponse?En quoi ai-je besoin de leur infinie sagacité et ne sUis-je doncpas assez érudit pour trouverseul une réponse aussiévidente?
Ces paroles jetèrent l'affolement et la consternation dansla vénérable assemblée. Iln'était pas facile d'être savantde sa grandeur et de le rester.Il fallait savoir faire des réponses qui n'indisposent point parleur impertinence et quin'ennuient pas par leur conformité.
Le Prince reprit la question :- Avez-vous quelque chose àrépondre aux questions deCarvi?
C hacun avait peur dene rien avoir à répondre mais chacun avait
encore plus peur de faire unemauvaise réponse et de sefaire remarquer. Aussi tous setaisaient.- Qu'on supprime, dit leprince, les pensions de cesvieillards et qu'on les renvoiechez eux. Est-il donc utile deles laisser encore vieillir si l'âgene les améliore pas ? Encoreheureux que je ne tranche pasquelques unes de ces têtesaussi vides que chenues!
L es vi~illards fu~entpousses sans menagement par les gar
des hors de la salle d'audienceet le Prince avec quelques unsde ses proches et Carvi, seretrouvèrent dans le silence. LePrince se tourna vers Carvi etlui dit:- Carvi, j'ai puni les savantsqui n'ont pas été capables
de répondre. Mais il me déplaîtqu'une question soit poséedans ma principauté et qu'il n'ysoit point répondu. RéfléchisCarvi, et trouve une issue àcette situation que tu as créée.Elle ne peut se prolonger, il yva de mon honneur et de maposition.
Alors Carvi, sentant lamenace, médita quelques instants et finit par répondre auPrince:- Prince il existait autrefois iciun savant qui avait réponse àpresque tout mais dont lesréponses parfois n'eurent pasl'heur de plaire. Si votre altessele permet, peut-être pourraiton aller le chercher?- Qu'on aille le quérir immédiatement ordonna le Prince.
Les gardes amenèrent, peuaprès, un vieillard de noble stature, au regard droit. On luiposa les questions de Carvi. Ilmédita longuement, au pointd'impatienter le prince, puisenfin se décida à parler :- Votre Grandeur, je suisobligé de vous faire la réponseque je vais vous faire et jedevrai en supporter les conséquences. Je l'accepte. Il y adans le monde, votre Grandeur, des questions qui peuvent être posées et qui restentsans réponse. Non qu'iln'existe point de réponse à cesquestions, mais il peut arriverque ceux qui posent les questions ne soient pas prêts àaccepter les réponses. Il peutparfois s'écouler plusieurs siècles entre le moment où laquestion est posée et celui oùla réponse devient possible. Etnous n'avons jamais aucunecertitude que la réponse seraun jour donnée. Commentpourrions-nous le savoir àl'avance?- Mais enfin, s'impatienta lePrince, parleras-tu donc, vieillard ? Les questions de Carviauront-elle ou non des réponses, aujourd'hui ou demain?- Votre Grandeur, en matièrede savoir l'impatience ne siedpas. Il se peut également quel'on fasse des réponses incomplètes et que l'on ne puisse enfaire d'autres, comme il sepeut que le questionneur nepuisse obtenir satisfaction,sauf à parcourir lui-même unepartie du chemin vers laréponse.- Finissons-en, ordonne leprince.- Je vais répondre, votre grandeur, je vais répondre commeje le peux. Je vous diraid'abord qu'il se peut que lavérité vienne d'ailleurs, et que
si l'on accepte pas ce premieraxiome on ne parvienne jamaisà aucune sorte de vérité.
- Certes, certes, fait le Prince,mais encore?
- Eh bien, votre Grandeur,puisqu'il faut vous répondreprécisément sur le sexe desmots, je commencerai parvous dire que je ne détiensaucune réponse précise. Je nesais pas pourquoi on dit la lentille et le haricot. Je ne sais paspourquoi la sardine est féminine et l'anchois masculin.Tout ce que je peux vous dire,pour vous mettre sur la voie,votre Grandeur, c'est que lesmots sont de très grands voyageurs. De tous les objets de lacréation, les mots sont ceuxqui voyagent le plus. Ils voyagent dans le temps de sièclesen siècles. Ils voyagent dansl'espace, du midi au septentrion, du levant au couchant,traversent les océans et lesdéserts, franchissent les montagnes. Rienne les arrête, nimer, ni frontière. Et il se lJeut,en effet, qu'en passant d'unsiècle à un autre, d'un continent à un autre, ces motschangent de sens, et, pourquoi pas, de sexe.
- Alors, dit le Prince, ces motsles plus simples et les plusanciens de notre langue queles mères depuis toujoursapprennent à leurs enfants,ces mots qui désignent lesobjets qui peuplent les maisons, ces mots qui viennent duplus profond de notre histoireet qui n'ont pu être créés qu'enmême temps que nous, cesmots, ce que tu cherches à medire, c'est que peut-être ilsseraient venus d'ailleurs?
- Je ne sais pas votre Grandeur, je ne sais pas. Ce que jepeux dire, c'est que l'on nepeut en exclure la possibilité.
- Et peut-être vas-tu me direbientôt que le nom même denotre créateur, le nom de notrepatrie et celui de nos ancêtresvient aussi d'ailleurs?
- Je ne sais, votre grandeur.
- Mais n'est-ce pas ce que tucherches à me faire comprendre?
- Votre grandeur je n'ai dit quece que j'ai dit. Mais peut-êtrey-a-t-il dans ce que j'ai dit dessens aue moi-même j'ignore.
L e prince, qui s'impatientait de plus en plus,répondit avec une ironi
que fureur:
- Ainsi les mots prendraient lessens qu'ils veulent. Celà n'estpas tolérable. Et où seraitl'ordre si nécessaire aux Etatssi on le permettait? Il faut lespresser de se choisir un senset de s'y tenir.
- Vous pouvez, votre Grandeur, me faire couper la têteou me jeter dans quelquecachot. Mais il n'y a pas de prison pour les mots.
Le prince se tourna versCarvi:
- Carvi, qu'allons nous faire dece vieil homme impertinent etentêté?
- Votre Grandeur, réponditCarvi, lorsque l'on pose desquestions il est toujours souhaitable d'avoir deux réponsesplutôt qu'une. Gardez vousbien d'éloigner ce vieillard. Carlorsque les autres vous aurontfourni une réponse, lui vous enfournira toujours une seconde.Et sans doute, cette dernièrevous sera-t-elle toujours aumoins aussi nécessaire que lapremière.
Néjib BOUDERBAL4
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