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Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc - Services en lignebnm.bnrm.ma:86/ClientBin/images/book292168/Doc.pdfsommalre• Mars 1986 KAIlMl Dossier de presse: 3/86 32 44 47 58 62

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•sommalre Mars 1986

KAIlMlDossier de presse: 3/86

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A. HAJJIA. LAABI

H. TAARJI

F.Z. EL BOUABA. SIJILMASSI

ESPACE JUNIORSPour ou contre les devoirs à la maison M.F. JAMAL ALAOUILettre ouverte : « Secouons-nous les puces»

CULTURE _Exclusif: Abdelkebir KhatibiA voix basse: Ghita Bent OmarPoème: «Je souffre l'amour»Lectures

BEAUTE - MODELa danse orientalePlantes, à vos masques

FEU VERTL'amitié entre les sexes: un rêve réalisable

FEMININ - PLURIEL _Pour 600 DH par mois H. TAARJI 4'<Une partie de passe-port F. BENABDENBI 12Ah ! les femmes madame... A. AYOUCH 9·Le 8 Mars, symbole de la lutte des femmes k SKALLI 17Le 8 Mars, où ça s'trouve "7 T. HADRAOUI 19Elles bougent: Derrière la blouse, le cœur H. TAARJI 14Si le ménage m'était compté N. SKALLI 20

Directeur de la PublicationNoureddine AYOUCH

Directrice DéléguéeRachida BENNIS

Responsables de la RédactionAdil HAJJIHinde TAARJI

EnquêtesTouria HADRAOUI

Chefs de RubriqueMarie-France ALAOUIFattouma BEN ABDENBIFatém-Zahra EL BOUAB

CollaborateursChérifa ALAOUIAmina AYOUCHMohamed Fouad BENCHEKROUNAbde;rahim BER RADANejib BOUDERBALAAicha CHENNAMichel ConstantinNoureddine EL AOUFIRachida ENNAIFERSouad FILALFatéma GALLAIREGhislain RIPAULTJocelyne LAABIAbdellatif LAABIAbdelaziz MANSOURIFatéma MERNISSIDriss MOUSSAOUIAmina SAIDKhadija AL ZEMMOURI

Directrice ArtistiqueKarima TAZI CALLY

AssistantHassan FETHEDDINE

PhotographesHamid ZEROUALIJalil BOUNHAR

Responsable de la PublicitéKhadija M'BIRKOU

IMPRESSION :SONIR

KALIMA : 18, Rue Ibn Vala - CasablancaTél: 36.24.89

MIEUX - ETREL'allaitement Dr A. BALAFREJ 68

27742

2226

30N. EL AOUFI

A. BER RADAT. HADRAOUI

N. BOUDERBALA

A L'AFFICHECourrier des lecteursLe voyage de SindbadLe débat est ouvert

BOUTIQUE DU DROIT _La répudiation en Droit-Musulman MarocainDes femmes flouées

L'ECONOMIE EN QUESTIONSTouche pas à ma bonne

Dépôt légal nO 36/1982

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KAIIMAiCOURRIER DES LECTEURS

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Assez du mâle-maître et de lafemelle-objet

J'ai le grand plaisir de vous écrire afinde vous féliciter d'abord pour "idée dela publication d'une telle revue etensuite et surtout pour le contenu. Onnous a toujours habitué à trouver dansles revues ({féminines» (quand elles exis­tent) des conseils de bonnes ménagè­res, des recettes de beauté et de cuisineet des histoires d'amour futiles. Ce toutne contribuait qu'à perpétuer l'universoù on a placé la femme: futilités surfutilités. Je ne suis pas une féministeacharnée contre le mâle ni contre lasituation de femmes au foyer mais con­tre le mâle-maître et la femelle-objet.Votre revue répond à mes aspirations...

Melle Bouchra Moussaoui,Casablanca

J'ai tellement de choses àdire...

Aujourd'hui je viens d'acheter le pre­mier numéro de KALIMA. J'en suis tel­lement satisfaite que j'ai pris mon stylopour participer à la rubrique «Feu-vert».

J'ai tellement de choses à dire que jene sais plus par quoi commencer. Voussavez, être femme au Maroc, c'est nepas pouvoir vivre au Maroc. Notresociété est une société d'hommes etnon d'hommes et de femmes. Unhomme peut faire tout ce qu'il veut danssa vie et personne ne lui reprocheraquoique ce soit. Quand à la femme, onne lui donne pas le droit d'avoir des sen­timents, je veux dire d'exprimer des sen­timents, de déclarer aimer quelqu'unpar exemple. Pour être acceptée par lasociété, elle ne doit rien exprimer, elledoit rester passive, même quand elle faitl'amour avec quelqu'un.

Notre société est tellement basée surla séparation des deux sexes que dèsqu'on se trouve à l'extérieur de chez soi,aussi bien l'homme que la femme nepensent qu'à se séduire. Ils ne peuventpas imaginer qu'un homme et unefemme puissent avoir une relation ami­cale exactement comme celle qui exis­terait entre deux femmes. Voilà un dessujet que j'aimerais bien voir abordédans cette rubrique de même par exem­ple que celui de la situation de la femmesur le marché de l'emploi ... Très bonnechance à KALIMA.

Farida, Tétouan

Au nom des célibatairescireurs, balayeurs, chômeurset autres...

Une copine étudiante m'a prêté votrerevue que j'ai lue avec beaucoupd'attention et de soin pour ne pas salirle papier luxueux qui a servi de supportà l'impression. Je n'ai pas pu l'acheterpersonnellement parce que 8 DH c'esttrop cher pour moi chômeur diplômé.Votre article sur le célibat masculin esttrès intéressant, aussi intéressant queles photos qui l'accompagnaient. Ainsivoilà l'image du célibataire marocain :jeune, plein de vie, bien dans sa peau,habitant un bel appartement, disposantd'une belle cuisine bien équipée, etlisant le monde. Moi, le «Monde», je nepeux pas l'acheter, il coûte cher, je lepique à un copain qui ressemble à celuiqui est sur la photo. C'est dommage,votre article est très intéressant, maisles célibataires cireurs, balayeurs, chô­meurs, garçons de café, chaouchs,maquereaux, et autres sous-hommes dela même espèce ne le liront pas parcequ'il ne les concerne pas. Comme ne lesconcernent pas les belles nenettesqu'on voit sur les photos très chics,habillées mode machin, joliment pou­ponnées, elles ne se marieront pas avecles célibataires crados que j'ai cité ci­dessus. Non, celles-là sont promise~ àdes messieurs chics et pleins de fric quilisent KALI MA...

Un célibataire chiimeur

RéponseTouché. Vous avez tout à fait raison.

Les célibataires décrits dans notre arti­cles ne sont en rien représentatifs descélibataires marocains dans leur ensem­ble. Ceci dit, nous n'avons jamais eu laprétention de les poser en tant que telet nous avons pris le soin de le préciserdans notre introduction. Il va de soi quela question du célibat peut être abordéesous différents angles et l'aspect éco­nomique n'est pas des moindres. Nousne méconnaissons pas la réalité des céli­bataires cireurs, balayeurs, chômeurs etautres, loin de là. Elle est cependanttrop importante pour faire l'objet d'unsimple survol. Des articles lui serontconsacrés ultérieurement.

Une dernière remarque: quels quesoient les propos tenus, l'anonymat nese justifie jamais. Ayez Je courage devos opinions.

Droit de réponseLa libre information est la raison

d'être du journalisme et une enquêtecomme la vôtre se justifie pleinement,mais les conditions dans lesquelles votreenquêtrice s'est présentée n'étaient paspropices à un échange de vue détendu.Tout d'abord, elle s'est présentée sansrendez-vous préalable à midi moins lequart; mère de famille qui travaille, jene pouvais évidemment pas consacrertout le temps nécessaire à répondre auxquestions de votre enquêtrice. En outre,vous n'ignorez pas que dans une acti­vité comme la mienne, nous sommes enbutte à des sollicitations permanentes,aux intentions plus ou moins avouables,ce qui explique une certaine méfianceinitiale, surtout que certaines questionsm'ont paru dans le contexte de cetentretien à la limite du secret profes­sionnel.

Aussi, si je vous remercie d'avoirmentionné la bonne réputation quevous accordez à la salle, les commen­taires qui suivent sont pour le moinscontradictoires (... ), et je pense que toutceci a été la résultante d'un contact quis'est établi dans de mauvaises con­ditions.

Studio de danse «llda Casagrande»Mme El Kholti

Erratum* Nous prions nos lecteurs de nous

excuser pour un passage «oublié» parmégarde, à la fin de la nouvelle deNaoual Saadaoui intitulée «le portrait».Il fallait lire «et la toile d'araignée se pla­que sur le visage de son père. Elle souf­fla encore, mais la toile adhéra plusétroitement. Alors, machinalement,Narjès avança la main et, de ses ongleseffilés, elle entreprit de décoller les longsfils arachnéens. Pour y parvenir, ellearrachait du même couple papier de laphotographie humecté de salive quis'effrita entre ses doigts et tomba enfines particules sur le sol».

* Nous avons omis, dans l'articleconsacré à la jellaba, de signaler quetrois des modèles portés par le manne­quin (pages 42 - centre; bas gauche etdroit) nous avaient été gracieusementprêtés par la boutique Haïk (GalerieBenomar - Casablanca).

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POUR SIX CENTS DIRHAMS PAR MOISPAR HINDE TAARJI

Iles, Rabia, Fatiha, Fatéma, Amina,Bathoul, n'ont pas eu la chance d'êtreailleurs dans un amphitéâtre ou dans unbureau coquet. NON. Ouvrières dans unl'entreprise de confection voisine, ellesattendent que quatorze heures sonnent.Pique-niquant en compagnie des moi­neaux elles oublient, l'espace d'unsandwich, le bruit de leurs machines àcoudre.

Sur ce moment de détente, j'aiempiété avec quelques scrupules, vitebalayés par le désir de leur parler, de lesfaire parler. Une petite place à leur côtém'a été faite et mes questions ont étéreçues avec gentillesse et s'implicité.

Leur travail se résume en peu demots: coudre et recoudre, du lundi asamedi midi, des vêtements destinés àl'exportation. A quatre-vingt dans une-

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grande salle, elles manient l'aiguille pen­dant que les hommes, dans une piècevoisine - répartition des tâches oblige ­jonglent avec les ciseaux. La coupe

pour eux, la couture pour elles, la sacro­sainte séparation des sexes est res­pectée.

«Je suis spécialiste du côté droit.Mon amie excelle dans la pose desfemetures éclair. Quant à elle, l'enco­lure est son affaire}}, me répond avechumour Fatiha quand je lui demande cequ'elle fait exactement. Travaillant à lachaîne, elles se perdent dans leurs cen­timètres carrés de tissu jusqu'à la son­nerie d'arrêt. Avec interdiction deralentir la cadence, de se tourner versune camaradE: ~t lui parler...

«Nous ne pouvons pas souffler uneminute. Si tu vas simplement aux toi-

lettes et que tu t'y attardes, ils te sup­priment une heure de salaire. Pour eux,tout n'est que prétexte pour perdre dutemps». Eux, ce sont les contremaîtresqui veillent à ce qu'aucun instant derépit ne soit pris. Résultat: en fin dejournée, elles sont fourbues de fatigue.«Ce travail, expliquent-ellE.'~ est péniblepour les yeux ... De plus, nous avonsparfois du mal à respirer car certainesétoffes dégagent beaucoup de pous­sière dans leur manipulation». A la con­centration occulaire et à la pollution del'air, s'ajoute le bruit incessant uesmachines. Avec un cocktail aussi biendosé, il n'est guère étonnant que lamigraine leur soit une fidèle compagne.

Mais qu'à cela ne tienne. Les défail­lances physiques ne sont pas prévuf'sdans leur contrat. La comptabilité de

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l'entreprise ne les connaît que bien por­tantes et actives. En cas de maladie,elles se retrouvent par conséquentdémunies de toute protection. «Quandnous nous absentons pour raison desanté, ces arrêts de travail nous sontdéduits de notre paye, et ce, mêmeavec un certificat médical. Aucun justi­ficatif n'est admis aussi fondé soit-il».

Tout en étant parfaitement conscien­tes que leurs droits les plus élémentai­res ne sont pas respectés, elles sesoumettent à cet état de fait. Il est dif-

ficile de faire la fine bouché quand la viene vous a pas placée parmi ses privilé­giées. Les plus instruites parmi ellespossèdent tout juste leur certificatd'études. Une seule a atteint la qua­trième année secondaire.

Venant de milieux extrêmementmodestes, il leur faut subvenir tant àleurs besoins qu'à ceux de leurs pro­ches. Rabia, par exemple, donne la moi­tié de son salaire à ses parents. Quantà Amina, depuis le récent décès de son

père, elle ne garde pour elle que le strictminimum nécessaire à son transport.

Du groupe interrogé, seule Bathoul,une nouvelle arrivée, avait déjà une acti­vité professionnelle avant de se faireembaucher dans cette entreprise. «Jecousais des vêtements traditionnels àdomicile. Mais comme je faisais prati­quement tout à la main, mes yeux sesont épuisés. J'ai dû arrêter et chercherun emploi à l'extérieur. Le travail à lamachine fatigue moins la vue mais j'yperds au niveau de la rémunération»,

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Habitant à la périphérie de la ville (SidiEl Bernoussi, les Carrière Centrales, leHay mohammadi etc ... ) elles quittentleur domicile à l'aube pour n'y revenirqu'à la tombée de la nuit. Entre midi etdeux heures, elles errent à la recherchedun coin tranquille. Quand le soleil estde la partie, le parc du quartier Gauthierfait l'affaire. En hiver, la situation secomplique. Trouver un abri pour se pro­téger de la pluie et du froid devient unequête permanente. S'asseoir dans uncafé, il n'en est pas question. Ni leursfinances ni leur éducation ne le leur per­mettent. Elles se contentent donc la plu­part du temps d'un porche d'immeuble.Aussi, dans la description de l'emploiidéal à leur yeux, la possibilité de resterà l'heure du repas sur les lieux du tra­vail vient-elle en priorité.

Si pour les célibataires, passer unejournée entière loin de leur domicile nesoulève pas de problèmes majeurs, iln'en va pas de même pour les femmesmariées.

«II est très difficile, commenteFatéma, d'allier le travail salarié et le tra­vail domestique. Cumuler les rôlesd'épouse, de mère et de travailleusedemande des efforts considérables qui,parfois s'avèrent insuffisants».

Nous avons ainsi parmi nous uneouvrière qui a été contrainte de quittersa place pour rester auprès de sesenfants. Chaque soir, en rentrant chezelle, une catastrophe l'attendait; brû­lures, bagarres, accidents n'en finis­saient pas. N'étant accompagnés que

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d'une petite aide de leur âge, ses filstraînaient à longueur de journée dans lesrues et étaient exposés à tous les dan­gers. Le morceau de pain qu'ils man­gent maintenant est plus sec, mais ilsrisquent moins de terminer estropiés.

Pour ma part, je suis divorcée et mesenfants vivent avec ma mère. Sans elle,il m'aurait été impossible de prendre uneactivité à l'extérieur. Pendant monmariage, «je travaillais comme épouse».La libération de la femme n'emprunteguère dans leur esprit la voie du travailsalarié.

Si nous en avions lapossibilité, nous netravaillerions pas, celava de soi. Le travailest synonyme defatigue et nous necracherions pas sur unpeu de repos».

Travail-labeur, travail-sueur, travail­douleur. Décliné ainsi, elles s'y recon­naissent. Le proverbe «il faut souffrirpour être belle» dont certaines fontgrand usage deviendrait dans leur cas«il faut souffrir pour être rassasiée». Direque l'évolution actuelle de la situationde la femme ne leur sied pas vraimentserait un bel euphémisme.

«Si je pouvais rester femme au foyer,je n'hésiterais pas une seconde. Mais lestemps ont changé. Ils nous obligent àquitter notre domicile pour ramener dequoi remplir la marmite.

Le besoin d'argent se fait sentir enpermanence. «Ceci dit, tu passes tajournée, à te crever pour une misère.

600 DH par mois. Que peux-tu bienfaire avec? Entre les tickets de bus etles en-cas de midi, tu as déjà une bonnepartie qui saute !»

Gagner son pain sans pouvoir y mor­dre à sa guise. Voilà comment se résu­merait à mon sens la situation de cesfemmes qui pénètrent dans le monde dutravail~ .(salarié) sans qualificationaucune. Leur statut demeure inchangé.On atend toujours d'elles qu'elles soientbonnes mères et bonnes épouses,aimantes et soumises.

Contribuer au budget du foyers'ajoute à leurs devoirs. Mais leurs droitsne s'en développent pas pour autant. Lefruit de leur peine est un argent dontelles entrevoient tout juste la couleur.

Si leur tâche s'est alourdie, aucunevalorisation n'est venue conforter leursefforts. Bien au contraire.

De plus, en quittant la maison, ellesse sont heurtées à des besoins nou­veaux. Et du coup, à une frustrationplus grande. L'horizon des perspectivess'est élargi certes, mais tout juste pourleur montrer des possibilités interdites.A elles en particulier - Parce qu'ellessont femmes. Parce qu'elles sontpauvres. HINDE TAARJI

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UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DES SHAMPOOINGS TRAITANTSUN PRODUIT DU LABORA TOIRE FADIP

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Ces femmes qui nous martyrisent

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./.' <,.,.'( ifAh les femmes !. ..Madame

Cri du cœurL'indignation en direct d'un monsieur qui

réclame à hauts cris son droit à l'expression. Lesfemmes, les femmes, s'exclame-t-il, il n'yen a tou­jours que pour elles. Les misères qu'on leur inflige?Eh bien, il en a des choses à raconter lui. .. sur cel­les que ces «douces» créatures lui font (ou lui ontfait) subir.

«Ah ! La femme, la femme, lafemme! Vous venez encore me parlerde la femme, madame, pour me direqu'on n'en parle pas assez, qu'on ne lalaisse pas parler, que moi, l'homme, jesuis injuste envers elle... Et moi alors?pourquoi ne me posez-vous pas dequestions sur moi! Oui, moi... s'il vousplaît, et pas ma femme. Mais si je parlede moi, je ne parlerais que de femmes,madame, parce que des femmes, il yen a eu dans ma vie! Lesquelles? Ehbien... à commencer par mes sœurs .ma mère, qui m'aime beaucoup, euh ..ma grand-mère, et ma femme.

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Etre le seul garçon parmiune floppée de filles, quelcalvaire.••••••••

Oui, j'ai grandi au milieu de femmes,madame, et croyez-moi, on les enten­dait très fort, contrairement à ce quevous dites. Leurs cris résonnentencore dans la maison de mon enfance.

Mon père était le plus souventabsent, et j'étais livré à mes sœurs quine supportaient pas que ma mère soitsi fière de moi, le garçon unique de lafamille. J'avais en effet découvert unjour que c'était là un privilège. Je cher­chais toujours à me l'expliquer, envain : non seulement je ne me trouvaispas de qualités particulières pouvantle justifier, mais j'enviais moi-mêmemes sœurs. Elles, de leur côté, mejalousaient tellement qu'elles trou­vaient toujours le moyen, en s'alliantcontre moi, de se venger. Elles memettaient une faute sur le dos et, abu­sant de leur droit, étant filles, de pleu­rer, elles poussaient des hurlements,tellement stridents que mon pèredevait me frapper pour les faire taire.Elles, par contre, n'étaient jamais bat­tues; ce sont des filles, vous com­prenez.

Tandis que moi, il fallait que je soisaguerri contre toutes sortes d'émo­tions et autres inconforts de la viedont mes sœurs,en revanche, avaientle droit de se plaindre.

Elles étaient, par exemple, dispen­sées de prendre des charges lourdes;c'était de pauvres petits êtres fragiles,vous comprenez. Ça, c'était à moi dele faire parce qu'il fallait que je stimuleet développe ma puissance virile entoutes circonstances, et j'étais mispour cela à rude épreuve. Par exem­ple, et c'était là le pire, c'était encoreà moi de défendre mes sœurs contre

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[es voisins qui les ennuyaient. Que defois ne suis-je rentré à la maison aprèsdes bagarres dont je sortais presquetoujours perdant. Je n'ai jamais aiméme battre. Je préférais lire, aller aucinéma, me promener. J'avoue quej'avais une tendance secrète au roman­tisme, je gardais pour moi ce penchantafin d'éviter l'ironie des autres. Jetrouvais que c'était à mes sœurs de sedéfendre contre les voisins, et j'esti­mais en particulier qu'elles les provo­quaient un peu trop souvent,probablement pour me mettre dansdes situations impossibles. Je les soup­çonnais de prendre un certain plaisirà me voir avaler mes larmes, serrer lesdents, bander les muscles et injurierles voisins (qu'au fond de moi, secrè­tement, j'approuvais). Il fallait mon­trer que je n'avais pas peur. Il fallaitêtre fier de protéger ses sœurs, il fal­lait être «un dur»...

Mon Dieu ! Que de femmesà défendre sur terre.•••

Ma mère, qui m'aimait beaucoup,me consolait en me disant: «Tu es unhomme, il ne faut pas pleurer. Ainsi,tu pourras me défendre aussi quand tuseras grand, et défendre ta femme, ettes filles, etc»...

Mon Dieu, que de femmes à défen­dre sur terre !

Et si je rechignais ou exprimais unequelconque émotion en dehors de lacolère ou de la haine envers les voisins«voyous», en dehors du désir de ven­geance, je n'étais «pas un homme».

Je me disais donc: être une femme,c'est avoir le droit d'éprouver desémotions, de les exprimer, de pleurer,c'est pouvoir être faible ... Etre unhomme, c'est se battre courageuse­ment pour les défendre, travaillerpour elles, se charger des tâches péni­bles, cacher ses sentiments ou, mieux,ne pas en avoir. Ou alors, il faut avoirdes émotions masculines : la colère, lavengeance, la fierté, la puissance...

D'ailleurs, ma mère (qui m'aimaitbeaucoup) m'a appris à parler en mefaisant jurer, si je voulais sa bénédic­tion : de la défendre toujours, del'amener à la Mecque, d'épouser unefemme qui lui sera soumise, d'êtremédecin pour la soigner, avocat pourla défendre, aviateur pour la fairevoyager, dentiste pour lui faire un den­tier, architecte pour lui construire unemaison, ministre pour passer à la télé­vision, riche... euh... etc...

Je ne pouvais forcément que la déce-

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voir. Mais c'est curieux, je n'ai jamaispu m'empêcher de me sentir coupablede n'avoir pas tenu ces promesses. J'aidû remplacer mon père à sa mort etje suis donc commerçant.

Mes sœurs, là non plus, n'étaient pasconcernées: elles allaient se marierjeunes et ne pourraient réaliser tousles souhaits de ma mère. Ce qu'ellespouvaient obtenir de leur mariageétait à la mesure de leurs capacitésséductrices à l'égard de leur mari.Elles étaient d'ailleurs éduquées à cesfins.

Amoureux, c'étaitl'angoisse...

Puis, j'ai connu les affres de l'ado­lescent amoureux, parce que,j'oubliais : les femmes, il faut aussi leschercher! Et elles doivent être «pudi­ques», c'est-à-dire hautaines et reje­tantes. Elles ne peuvent pass'adresser à vous simplement, direc­tement, ce sont des femmes, vouscomprenez, madame... Et moi, je nedevais pas avoir peur.

Je devais essuyer les humiliations, jedevais oser, la boule à la gorge, trans­pirant d'émotion à l'idée d'être rejetécomme un voyou; je devais oserm'avancer. C'est une situation quirend agressif parce qu'on a envie dese défendre d'avance du refus del'autre. Ah madame t Si vous saviez ceque j'ai enduré là. Pensez, par exem­ple, qu'il fallait deviner lesquelles sou­haitaient vraiment que l'on insiste.Celles-ci se gardaient bien de le diremais émettaient en général des petitssignes tellement nuancés qu'on nepouvait jamais être sûr. J'écoutais dis­crètement les discussions de messœurs: elles étaient souvent déçuesqu'un soupirant n'insiste pas. Et ellesétaient tellement fières d'être courti-

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sées ! Cela me donnaît du courage.Certaines filles avaient peur, commemoi. Je l'avoue et cela aussi me don­naît du courage. Vous devez vous dire,madame, que je suis un grand anxieux.Mais ma mère (qui m'aimait beaucoup)m'avait tellement mis en garde contreles femmes, que je ne savais pas lesaborder. Quand une femme répondaità mes avances, j'avais encore pluspeur d'elle car, pour ma mère, ces fem­mes là sont soit dangereuses soit Hnonvalables». Ne serait bonne pour moique la femme qu'elle allait me choisir.

Des petits plats au goûtcurIeux

Et quand il a fallu prendre femme,ma mère, qui m'aimait beaucoup, étaitlà, avec son vieil ultima­tum: bénédiction-malédiction. Ah!cette malédiction qui a hanté mes nuitsd'enfance quand elle m'en mena­çait ! Dans mon lit, j'attendais, en

retenant mon souffle les pires catas­trophes punitives, que j'imaginais sousforme de cataclysmes naturels ou demaladie grave pouvant finir dansd'atroces souffrances.

Chaque fois qu'un malheur m'arri­vait, ma mère l'interprétait comme lapunition de mes désobéissances.

J'ai _pris la femme qu'elle voulait,pour etre béni par elle, et donc parDieu.

HTu interdiras à ta femme de man­quer de respect à ta mère, qui t'aporté, qui t'a nourri au sein, qui t'alangé, qui s'est levée toutes les nuitspour te couvrir, ta mère...»

Au début, ma mère et ma femmes'entendaient très bien.Quand mamère faisait irruption dans notrechambre à coucher pour critiquer lacouleur du dessus de lit, ma femmeétait ravie d'en changer. Après avoirdébattu entre elles des qualités du pro-chain... elles m'en disaient le prix.Mais quand il s'agissait de prendre des

décisions sur lesquelles elles étaient endésaccord, elles se rappelaient monexistence et m'utilisaient commearme, espérant (chacune de son côté)en tirer avantage. Ménager les suscep­tibilités de chacune s'avérait impossi­ble et me menait tout droit au divorce.J'ai fini par les éloigner l'une del'autre et les voir séparément, au ris­que de devenir un mauvais fils et unmauvais mari.

Excusez-moi madame, il faut que jerentre parce que justement je revenaisde chez ma mère, et ma femme trou­vera que j'ai «dépassé mon temps». Ence moment, elle me prépare des petitsplats qui ont chaque fois un goût trèscurieux, comme sont curieuses lesodeurs que je trouve à la maison enrentrant. Je la soupçonne de chercherà retenir mes pas. Qui sait ce qu'ellem'a encore préparé aujourd'hui. Ah !ma mère m'avait pourtant dit de meméfier des femmes....

Amina AYOUCH.

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Une partiede passe--port

Une piste, une interminable pistepoussiéreuse. A son extrémité,une bâtisse importante, à l'image

de tant d'autres propres aux quartierspériphériques. Béton jaune, grillage vertexposée plein sud, elle grille nonchalam­ment au soleil. Fondus dans le décor,deux agents au regard sévère transpi­rent à grosses gouttes dans leurs uni­formes.

Je grimpe les quelques marches del'entrée et débouche ainsi brutalementsur un hall coupé par un comptoir.

Du regard, je balaie ce grand espaceà la recherche d'un repère, d'une infor­mation, d'un écriteau.'Des pas, des voix, des va et vient

incessants. Mais à l'information nulleâme qui vive.

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Gros point d'interrogation: qui tra­vaille ici et dans quoi? Le crépitementrégulier d'une machine à écrire entre­coupé de bribes de conversations meparvient du fond d'un bureau.

Me réconfortant de mon propre sou­rire, je pénètre dans la pièce. Enseveliedans une jellaba noire,une femme rem­plit sans entrain une série de bor­dereaux.

« Bonjour Lalla, pour faire un passe"port, à qui faut-il s'adresser s'il vousplaît?» Le regard en biais, elle merépond sur un ton monocorde : « porte21 ». Je ressors de là le vague à l'âme.Dans quelle aventure me suis-je doncembarquée? Je commence une quêteavide de la porte magique, pressée d'enfinir avec ce qui prenait la forme d'unemission particulièrement pesante.

Un petit homme brun enfoncé danssa chaise émerge d'une tonne de dos­siers disposés dans tous les sens.

L'air inquisiteur et le sourcil circon­flexe de celui dont on vient de violer laquiétude, il me fixe comme une bêtecurieuse.

« Bonjour Monsieur. C'est bien vousle responsable des passeports? »

« Vous résidez où ?»« Boulevard Matmata.»« Tenez, voilà la liste des documents

à fournir.»Heureuse d'avoir réussi cet exploit

avec autant de rapidité, je me mis àdévorer l'imprimé du regard.

Une attestation de...Un certificat...Un .Une .La liste n'en finissait pas.Désillusionnée, j'affiche «à suivre» et je

repris le chemin du retour pleine descepticisme.

Ce n'était qu'un début.Du commissariat à la Moukataâ, de

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la moukataâ à la préfecture, je butinaistelle une abeille jamais rassasiée. Unevéritable corrida.

Il manquait tantôt un timbre, tantôtun cachet, tantôt une pièce. Heureaprès heure, jour après jour, le tempss'écoulait dans l'angoisse. Il me fallaitpréparer l'ensemble des papiers exigésdans un délai de trois mois au-delàduquel ceux-ci risquaient d'êtrepérimés.Tout alors serait à refaire.

Une véritable course contl"J lamontre...D'un côté, moi en sueur, puisant fol­lement dans mes réserves d'énergiecomme une furie en cage, de l'autre unsystème impassible et rigide.

Gelant mes nerfs et m'armant depatience, j'affrontais cette énormemachine en faisant preuve du maximumde souplesse.

Être une femme mariée et salariéem'avait pourtant réduit bien des difficul­tés. Aux dires de mes interlocuteurs, jeremplissais les meilleures conditionspour l'obtention d'un passeport dansdes délais très raisonnables.

Tout est relatif me direz-vous. Troisà six mois, c'est un record appréciable.

Fadéla, une charmante jeune céliba-.taire rencontrée au hasard des allées etvenues stériles n'avait pas eu, pour sapart, autant de chance.

Dans l'espoir d'un visa, d'un docu­ment ou d'une simple promesse, que desourires et de paroles aimables avait-elledistribués. Mais en vain. Il lui fallait tou­jours faire et refaire des dossiers qui nevoyaient pas le jour..

Elle en était à son troisième.Le premier, incomplet, était périmé.Au second, il manquait cette fameuse

attestation de bonnes mœurs que déli­vre le Mokkadem selon son bon gré.

Quant au troisième, pour le complé­ter, uhe bonne dose d'ingéniosité s'avé­rait nécessaire. Du quitus d'impôt dupropriétaire de son logement, Fadéladevait se rendre maître. Elle y perdit sesdernières convictions. Etant dans l'inca­pacité de remplir une pareille condition,elle verra à nouveau sa demande reje­tée. Une personne de plus ne liquiderapas son contentieux avec le service desimpôts et la pauvre Fadéla ne caresserapas du bout des doigts le carton vertplastifié.

ContÏPluera-t-elle seulement à encaresser l'illusion ?

Fattouma BEN ABDENBI

Liste des documents à fournirpour l'obtention d'un passeport

II. - Fonctionnaires:-ç; Attestation de travail + pho­

tocopie.- Etat d'engagement 1.500 DH +

photocopie.

III - Commercants :- Quittancé patente ou I.B.P 4.000

DH- Photocopie conforme du registre

de commerce.

IV - Propriétaires:- Quittance taxe urbaine 4.000 DH- Certificat d'imposition

V - Salariés:Attestation de salaire légalisée 2.000

DHAttestation administrative de travail

délivrée par l'Arrondissement del'employeur.

3 derniers bordereaux de la C.N.S.S.

VI - Filles célibataires :- Attestation de célibat- L'engagement du père + photo-

copies

VII - Femmes mariées sans activité:Autorisation maritale légalisée +

photocopie2 photocopies d'acte de mariage

légalisées

VIII - Femmes divorcées:Certificat de non remariage

, L'acte de divorce - l'engagement dupere

IX - Femmes veuves:Certificat de non remariage - 2 actes

de décès de l'époux.

Pour tous cas5 photos d'identité.1 certificat de résidence (Arrondt +

photocopie).4 photocopies de chaque face de la

carte d'identité nationale conforme àl'original.

Ancien PasseportUne déclaration sur l'honneur légali­

sée + photocopieAttestation de position militaire des

F.A.R (18 à 50 ans) + photocopie.Acte de décès - acte de tutelle (les

enfants orphelins)

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Derrière la blouse,le cœur

/Murs blancs, blouse blanche, visageimpassible."Un entretien? A quel propos? Pourqui? Très bien. Tout de suite, cela vousconvient-il ? Bon tant pis. Alors disonsmardi prochain, 16 heures. La porte àpeine entrouverte est déjà refermée. Lemédecin-chef de l'unique serviced'hématologie du Maroc n'a guère letemps de se perdre ni en paroles ni ensourires. D'où un premier contact quel­que peu sibérien.Que va-t-il en être du prochain, me dis­je avec appréhension.S'il est du même type que celui-ci, c'est

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la pneumonie assurée.Quelques jours plus tard, me voici deretour à l'hôpital Ibn Rochd. Ayant faitune grosse provision de chaleur, je medirige bravement vers le pavillon 37.Mais là, surprise. D'une parole aimable,le professeur Benchemsi me cueille dela salle d'attente et m'introduit dans sonbureau. Fait valser sa blouse de travail.Couleurs. Plus aucune trace de Sibérie.L'austère et glacial praticien s'est trans­formé en une jeune femme chaleureuseet souriante qui d'emblée se lance dansla discussion en faisant une mise aupoint, à ses yeux fondamentale.

«Dans ce C.H.U., les femmes chefs deserYice sont nombreuses. Ma positionpar conséquent n'a rien d'extraordi­naire. Quand elle atteint un certainniveau d'instruction, la femme est con­sidérée ici de la même manière qu'unhomme aussi bien par les malades, parles étudiants que par ses confrères. Cefait me surprend en permanence depuisque je suis là. Dans une réunion, vousdiscutez li égalité avec les hommes devotre âge et même plus que votre âge.Dans les hôpitaux français où j'aiexercé, la misogynie était bien plusforte.»

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Une femme de tête

Si être femme chef de service ne présenteplus aujourd'hui de caractère exception­nel, acquérir une réputation et une auratelle que celle du professeur Benchemsiest suffisamment rare pour qu'on s'yarrête.Déterminée et peu encline à envelopperde fioritures ses rapports avec les gens,N. Benchemsi possède une personnalitémarquante. Qu'on l'aime ou non, ellene laisse pas indifférent. Certaines per­sonnes l'admirent sans réserve et netarissent pas d'éloges à son égard.D'autres, par contre, supportent trèsmal sa force de caractère et sa désinvol­ture à l'égard des formes sociales.Tous cependant sont unanimes pourreconnaître que cette femme volontairetémoigne dans le cadre de son travaild'une conscience et d'un dévouementhors du commun.Première hématologue marocaine entitre, N. Benchemsi arrive à l'hôpitalIbn Rochd en 1977 et intègre le servicede médecine interne du professeur Cher­kaoui. Au bout d'un certain temps, lelaboratoire d'hématologie, alors trèsrudimentaire, lui est confié. La manièredont elle s'acquitte de cette fonctionétant tout à fait concluante, on luidemande de s'atteler à la restructurationdu centre de transfusion sanguine deCasablanca qui battait complètement del'aile. Là elle soumit son acceptation àune condition majeure: la création d'unservice d'hématologie.

"Mes malades, explique-t-elle, étaienthospitalisés dans tous les services deCasablanca. Je passais mon temps dansma voiture à courir de gauche à droite".

L'administration finit par accéder à sademande et en 1980, elle a enfin "son"service. S'attaquant de front aux pro­blèmes que posait tant la remise sur pieddu centre de transfusion sanguine quel'organisation du nouveau service, elleœuvre à la mise en place de meilleuresbases de travail.

"n fallait tout faire raconte-t-elle.à pro­pos du centre de transfusion sanguine.Former les gens. Bien les former sur­tout. Il n'y avait pas de responsablesréels, de spécialistes. Le personnel fai­sait n'importe quoi. Il a fallu en chan­ger. Puis s'occuper de la collecte du

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sang, combattre les résistances des gensà donner leur sang, contacter les diffé­rents organismes. Donc faire une infor­mation, faire un film, distribuer desstencils. Et puis, au fur et à mesure,essayer de progresser dans les techni­ques, améliorer la qualité de ce que J'onservait aux hopitaux de Casablanca. Ilne s'agit pas simplement de remplir desflacons et de les distribuer. Il faut cher­cher J'hépathie, la syphilis, bien faire lesgroupes sanguins, les sous-groupes,fracûonner le sang. A vec les moyens dubord bien sûr. Fractionner du sangnécessite des poches en plastique et cespetites poches à elles seules demandentcent millions de centimes. On s'en sortau prix de quelques acrobaties mais leproblème du financement reste posé enpermanence".

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Des traitements à 4.000 dhpar semalne

Le centre n'est pas le seul à connaîtrece type de problème. Pour ses malades,le professeur Benchemsi a égalementbesoin d'argent, de beaucoup d'argent;

"Il y a des traitements qui nous revien­nent à 4.{)(J() dh par semaine. Or, en uneannée, nous hospitalisons 1.200 mala­des et nous en suivons 8.{)(J(). Vous pou­vez imaginez le budget qu'il nousfautpour les soigner."

Elle part par conséquent à la chasse auxsous. Mobilise un groupe de femmes et

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Association de la luttecontre les maladies du sang

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LABORATOIRE D'HEMATOLOGIEHOPITAL IBN ROCHD

CASABLANCA

Binde Taarji

cate. Souvent d'ailleurs elle s'avèreinefficace~ 11 est extrêmement démora­lisant pour nous, médecins comme pourle personnel infirmier de voir despatients qui allaient très bien rechuteravec des possibilités de guérison quasi­ment nulles (c'est justement parce qu'ilsvont très bien qu'ils arrêtent leur trai­tement).

Derrière l'apparence, l'être. Derrière lemasque de froideur, une immense sen­sibilité. N. Benchemsi ne se répand pasen paroles. Elle agit. Pour ses malades,elle use de toutes les cordes de son arc.Et remporte petites victoires sur petiJesvictoires. Dévouée à la cause de sesmalades, acharnée à relever les défis,elle donne à la profession qu'elle exerceson plein sens, ses lettres de noblesse.Un vrai médecin, oui c'est ça.

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Petites victoiressur petites victoires

Faisant preuve d'une grande pudeurdans l'expression de ses sentiments, N.Benchemsi avoue cependant de manièreindirecte combien certains jours, il estardu de garder le moral. Quand onaborde le domaine des maladies sangui­nes, on pense immédiatement à cellesd'entre elles qui sont incurables commela leucémie. Si 50 % des cancers du sangsont aujourd'hui guérissables, il n'endemeura pas moins que leur traitement,pour être efficace, doit être appliquéavec une extrême rigueur.

"L'arrêt du traitement en cours de routepar les malades de l'extérieur est, nousconfie N. Benchemsi, l'un des problè­mes principaux auxquels nous sommesconfrontés.

Ces malades nous reviennent dans unétat catastrophique. La nouvelle médi­camentation est plus difficile, plus déli-

Cet argent sert à mille et une chose.Acquérii' des médicaments bien sûr,mais également à procurer un minimumde bien être aux malades. Pédiatre touten étant hématologue N. Benchemsi estparticulièrement attentive aux enfants :jardinière pour les plus petits, vêtementschauds en hiver pour les plus démuniset, pour pallier à la maigreur du déjeu­ner, goûter pour les plus gourmands.Le service compte 35 lits mais le nom­bre des malades dépasse ce chiffre.Aussi une formule nouvelle y est-elleinaugurée: l'hôpital du jour.

Cette option, d'après le professeur Ben­chemsi est particulièrement intéressantetant au niveau économique que psycho­logique." "La plupart des malades peu­vent recevoir des soins et rentrer chezeux. J'ai même renvoyé Ji leur domiciledes personnes souffrant d'affectionsgraves comme les leucémiques parce quej'estimais qu'ils étaient beaucoup mieuxdans leur famille. Notamment lesenfants".

Le projet de l'Association pour la luttecontre les maladies du sang est d'agran­dir l'unique service d'hématologie duMaroc car son infrastructure actuelle nelui permet pas de faire face à lademande.Pour toute information contacter :

"Sans l'association, il seraitpratiquement - si ce n'est complètementfermé".

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d'hommes dont elle déclare qu' "ils sonttout simplement formidables" et créeavec eux une association "pour la luttecontre les maladies sanguines". Ensem­ble, ils orchestrent une vaste campagnede sensibilisation. Les moyens les plusdivers sont mis en œuvre pour réunir desfonds : vente de cartes de vœux éditéesgrâce à la collaboration de peintresmarocains, organisation de soirées,dons d'organismes et de personnes pri­vées, contributions des malades dits"'pistonnés", collectes etc... Grâce àtoutes ces bonnes volontés, 50 070 dufinancement du service est assuré.

"Le malade, vient le matin. Il a ses exa­mens et passe en consultation. 11 suit letraitement qui lui est prescrit puis repartchez lui. Du point de vue priX de revientpour la santé publique, c'est zéro. Avec4 lits et 2 infirmières, nous drainons 20Ji 30 malades par jour, malades quenous aurions dû théoriquement hospi­taliser".

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e 8 mars,symbole de lalutte des femmes

I!un ,ymbole, le 8 ma" en e" un,- non seulement celui de l'action des fem­

mes pour défendre leurs droits, maisaussi celui de l'union des femmes pourfaire entendre leurs voix. L'objectif estpartout le même: favoriser la prise deconscience des femmes et attirer par untravail quotidien un grand nombre defemmes dans la lutte pour satisfaireleurs revendications. Celles-ci sontétroitement liées aux luttes générales deleurs peuples. Droit à l'égalité? Oui!mais aussi droit à accéder au travail, ausavoir, au logement, à la santé ou toutsimplement droit à la démocratie, droità la parole.Les femmes qui militent pour la causeféminine lorsqu'elles échangent leursexpériences et leurs points de vue avecles femmes d'autres pays se rendentcompte que leurs problèmes se ressem­blent et qu'elles ont de nombreux objec­tifs communs. En poussant le même cri,elles ont plus de chance de se faireentendre. C'est ainsi qu'aux lendemainsde la deuxième guerre mondiale enEurope, des femmes venues de tous lescontinents et de 41 pays dans le mondeont fondé, le 1er décembre 1945 à Paris,la Fédération Démocratique Internatio­nale des Femmes: la FDIF.Bon nombre des femmes présentesavaient subi les horreurs de la guerre.Aussi le mot d'ordre de la lutte pour lapaix figurait en bonne place dans le pro­gramme de la fédération aux côtésd'autres mots d'ordre comme l'égalitédes droits des femmes, la protection de

l'enfance, la lutte pour la démocratie etl'indépendance nationale. La FDIFregroupe actuellement 135 organisa­tions féminines de 117 pays.Les millions de femmes représentéespar ces organisations poursuivent la tra­dition de la journée internationale de lafemme.Aujourd'hui elles sont en effet des mil­lions de femmes de tous les continents,de presque tous les pays du monde.Des millions d'ouvrières, de ménagères,d'enseignantes, d'artistes. Des femmesde toutes les religions et de toutes lestendances politiques. Elles sont des mil­lions en 1986 à célébrer le 8 mars, lajournée internationale de la femme. Ellessont des millions à se rassembler par lesvoies les plus diverses pour manifesterleur volonté de prendre en main leurpropre cause ainsi que leur détermina­tion à obtenir le respect de leùrs droitsdans la société. Les femmes marocai­nes, à l'image de leurs consœurs sontelles aussi fidèles au rendez-vous.Depuis une dizaine d'années elles célè­brent dans plusieurs villes du Royaumecette journée symbolique.Le 8 mars leur offre l'occasion de rap­peler le rôle important joué par la popu­lation féminine lors des luttes pourl'indépendance de notre pays et sondéveloppement économique et social.La résistance aux colonisateurs francaiset espagnol a vu des femmes par ~il­liers participer aux grandes manifesta­tions qui ont eu lieu dans des villescomme Casablanca, Fès. Oujda

etc... Durant la lutte armée pour l'indé­pendance nationale, elles ravitaillaientles combattants, soignaient leurs bles­sures, cachaient des armes dans leurspaniers à légumes et abritaient desfédayins sous leurs toits. En 1975, lamarche verte pour la libération duSahara a connu un succès extraordi­naire auprès des femmes présentes entrès grand nombre parmi les volontai­res. Elles occupent enfin une placegrandissante dans les différentes batail­les démocratiques (éléctions municipa­les et législatives) et dans les luttessyndicales menées quotidiennement parles travailleurs.Le 8 mars est aussi une occasion pourles marocains d'exprimer leur solidaritéavec toutes celles qui, à travers lemonde, se battent pour leurs droits etleurs libertés.Elles ont une pensée particulière pourleurs sœurs palestiniènnes qui, par leurcourage et leur sacrifice, symbolisent lalutte des femmes arabes.76 ans se sont écoulés depuis cette con­férence internationale des femmessocialistes en 1910 lors de laquelle il aété décidé de créer une journée inter­nationale de la femme.La journée internationale de la femmeest déjà vieille de 76 ans mais, face àtout le chemin que les femmes doiventparcourir pour faire entendre leur voixet obtenir le droit de vivre dignement,on peut considérer qu'elle est encorebien jeune.

Nouzha SKALLI

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Promenant mon interrogation, jecueille des réponses au gré des rencon­tres. Khadija qui a atteint l'âge de la rai­son (50 ans) en demeurant au creux desmurs de sa maison me déclare: "Vousles jeunes, vous parlez en vous référantà des dates. Nous (sous-entendu, lesainés) nous nous situons dans le tempspar le biais d'événements: le retour deMohamed V, l'année ~de la faim, lapériode de la colonisation et<;... Ainsi,il se peut que je connaisse l'évènementdont tu me cites la date, mais il ne fautpas compter sur moi pour m'en souve­nir juste à l'aide d'un jour".

aVOir ou ne passavoir, ça revient aumême...

E 8 MARSOù ca s'trouve?

1

Depuis que les Nations-Unies nousont fait la grâce de nous offrir vingt­quatre heures, nous en arrivons presqueà oublier les huit mille sept cents vingthuit autres qui courent sur l'année.

Prendre la parole représente lesymbole même d'une tête qui se relèveet d'une échine qui se redresse. Maiscombien parmi nous accèdent à la tri­bune ? Que ce soit au Maroc ou dansles autres pays du Tiers-monde, ce pri­vilège revient à un nombre de femmesfort restreint, pour ne pas dire infime.Dès lors, il n'est guère surprenant devoir toujours les mêmes personness'exprimer et se présenter à travers leurdiscours comme les porte-paroles del'immense majorité de leurs semblables,encore confinées dans l'analpha­bétisme.

Au détour d'une conversation, unejeune fille, choyée par la vie, me fitrécemment la réflexion suivante: "tou­tes les marocaines, me dit-elle,devraient célébrer le 8 mars parce quec'est la fête des femmes du mondeentier". Cette remarque pleine de can­deur me fit sourire tout d'abord. Puiselle me donna soudain l'envie de quit­ter la sphère des belles paroles pourredescendre vers celle des mots sim­ples, des mots crus, des mots de tousles jours. D'aller à la rencontre des fem­mes dont la voix n'atteint pas leshémicycles et de leur demander direc­tement ce qu'elles savent, elles, du 8mars. Dans une société où la femme nepeut pas regarder par la fenêtre, où lafemme doit encore soustraire son visageaux rayons du soleil, où la femmeméconnait jusqu'à son propre corps,quel sens cependant peut avoir cettequestion? Peut-on connaître la dated'une journée internationale quand onignore celle du jour de sa naissance?

Frisant allègrement la soixantaine, maseconde interlocutrice, Zahia, nes'embarrasse pas de tant d'explications.Le 8 mars, pour elle, "est un jourcomme le 10, le 15 ou le 20".

Exerçant elle aussi le "métier" defemme au foyer, Fatima, à 30 ans nesemble plus avoir le cœur à jouer auxdevinettes. "Je ne connais ni le 8 marsni rien du tout. Pour moi, tous les joursde l'année se ressemblent". "Je ne saispas ce qui s'est passé ce jour-là et je neveux pas le savoir. "Ils" vont peut-être "m'envoyer un mandat, dis, si je le sais?"ironise la suivante, Naïma, dont lestrente-quatre ans rendent l'amertumeencore plus pénible. "Savoir ou ne passavoir, ça revient strictement au même.Pour ce que ça me rapporte". Pensantqu'ij s'agissait d'une adresse, Fatima,une petite femme de ménage de 18 ansme demande tout bonnement "où ça setrouve". Plongées dans leur univers

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domestique, ces femmes n'ont jamaiseu écho de l'existence d'une journéeinternationale ni de ce qui, au niveauhistorique, social et politique a bien puen motiver la création.

Quand je les informe de la teneur desdébats qui se tiennent sur leur compte,elles s'étonnent, s'esclaffent parfoismais ont le sentiment que tout ceci sedéroule sur une autre planète que la leuret ne peut donc pas les atteindre.

Fatiha (28 ans) à la différence de sesconsœurs connaissait la signification du8 mars. Elle m'explique: "Pour nous,les femmes au foyer qui vivons sousterre, que peut bien représenter un 8mars. Absolument rien du tout. Dites­moi ce qui différencie ce jour-là desautres" .

Le 1er mai à la riguel!r, il y a de l'ani­mation dans les rues avec les manifes­tations d'ouvriers. Nous, nous neconnaissons même pas nos droits. Iln'existe pas d'organisations suscepti­bles de nous aider à les connaître et àles revendiquer. Le 8 mars a peut-êtreune signfication pour les "intellectuel­les" ou pour les "fonctionnaires, "maispour moi, femme au foyer, il ne signifierien" .

Un jour de fête...•mais pas pour nous

Non, même pour Zhor (29 ans) qui estfonctionnaire, cette date ne représentepas grand chose. "Rien ne s'y passe. Deplus, je suis contre cette idée d'accor­der une journée à la femme. Et pourquoipas à l'homme dans ces conditions 7"

De la faculté de médecine, Hasna,une étudiante de 26 ans la rejoint com­plètement sur ce point. "Je ne veuxpas, dit-elle qu'il y ait un 8 mars pourles femmes et le reste de l'année pourles hommes. Pour une réelle égalité, ilfaut consacrer également une journéeà l'homme. "Nousn'avons pas encoreatteint un stade d'évolution qui nouspermettre de fêter le 8 mars, continuesa camarade, Myriam. Pour une femmequi est toujours soumise et dépendantede son mari, que signifie la célébrationd'un tel jour 7"

Najat (26 ans) se trouve de l'autrecôté de la barrière. Son université à elle,c'est l'usine. Elle y a appris l'existenced'une journée internationale de lafemme mais ne s'en illusionne pas pourautant. "Le 8 mars est un jour de fêtemais pas pour nous. Quand un pro­blème se pose dans notre usine, lesfemmes n'osent jamais se rendre ausyndicat. C'est toujours un homme quiva parler à notre place. Alors, revendi­quer nos droits, vous pensez bien, nousen sommes encore loin".

Ces paroles éparses dérobées ausilence, ces paroles vivantes saisies surle vif, ces paroles-là, pauvres et malha­biles répondent au symbole d'une datepar la réalité d'un vécu. La décennieaccordée à la femme par une assembléecomposée en majorité d'homme a prisfin. En juillet dernier, des femmesvenues du monde entier se sont réuniespendant quinze jours à Naïrobi pour endresser le bilan et tracer des perspecti­ves pour l'avenir.

Le bilan de cette décennie n'apporte

aucune surprise, les miracles n'existantque dans les livres d'enfants. Si en Occi­dent fa reconnaissance des droits de lafemme a suivi une évolution sommetoute naturelle, dans le tiers-monde lacondition féminine demeure inexorable­ment liée aux difficultés matérielles quiaffectent l'ensemble des populations.Au delà des déclarations de principe etdes vœux pieux, le fossé qui sépare lesfemmes des pays riches de celles despays pauvres ne leur permet guère deconstituer un front uni. Pour les unes,l'objectif est de parvenir à une meilleureapplication de leurs droits par ailleurslargement reconnus. Pour les autres, lalutte se situe au niveau des droits lesplus élémentaires comme le droit à l'ins­truction, à la santé, quand ce n'est pas,plus prosaïquement, le droit à la survie.

Le jour où nous posséderons toutes,l'arme du savoir et que nos enfantsauront le ventre plein, ce jour-là alors,le 8 mars prendra un réel sens à nosyeux.

Touria HADRAOUI

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SI LE MENAGEM'ETAIT COMPTE

Khaddouj est une de ces femmes ni jeu­nes, ni vieilles, ni bourgeoises, ni pro­los... qui mène l'existence de Madametout le monde.Que fais-tu dans la vie ?«Oh ! tu sais moi, je ne suis pas commeles filles d'aujourd'hui qui travaillent.Moi, je n'ai pas étudié. Je vis et c'esttout. Je ne fais rien. Je suis seulement«assise» à la maison.»Comment ça «assise» ? Restes-tu toutle temps «assise» ? demandai-je ensouriant.«Enfin «assise à la maison», c'estcomme ça qu'on dit. En fait, c'est bienrare que l'on puisse s'asseoir, il y a tel­lement à faire dans une maison maisc'est rien, ça ne rapporte pas d'argent.»

La vaisselle, la lessive, la cuisine, le par­terre, le caca-pipi et la toilette de notrechère progéniture, ce ne serait pas dutravail? Une sinécure? Rien d'autrequ'un passe temps auquel les «femmesnormales» devraient s'adonner, si cen'est avec plaisir, du moins avec la satis­faction du devoir accompli? Ne nousa-t-on pas toujours répété que c'était là,la fonction naturelle de la femme.En parlant des femmes au foyer, onévoque plus volontiers «le rôle» ou «lafonction» de la femme, que le travaildes femmes.Pourquoi?Il semble que l'adage «tout travailmérite salaire» est intégré dans notremode de pensée. Aussi, reconnaître queles femmes au foyer font un travailserait introduire l'idée que ce travailmérite salaire.On dit souvent «quand les femmes ontcommencé à travailler. .. » alors qu'onvoudrait dire «quand les femmes sontentrées dans le monde du travail sala­rié». En fait, les femmes ont toujourstravaillé mais en vivant dans le mondedu travail «gratuit». C'est-à-dire aufoyer et dans les champs. Elles ont tou­jours fait des enfants et assumé les mul-

Et, pendant tout ce temps, on a dit : ily a la femme qui travaille (salariée) etla femme qui est «assise» à la maison(el merââ galsa fi dar)Ce n'est donc pas le travail de la femmequi est un fait nouveau, mais la rému­nération partielle de ce travail.Partielle dites-vous? Oui, et cette rému­nération partielle du travail de la femmene concerne qu'un nombre très limité defemmes. 10,5 0J0 seulement des femmesde plus de 15 ans sont salariées. Ellessont payées pour leur travail à l'usineou au bureau.Mais qui leur paie le travail qu'elles fontà la maison? Pour les 89,5 0J0 de fem-

mes non salariées, c'est la totalité de leurtravail qu'elles font gratuitement.

A première vue, ce travail est effec­tué au profit du mari et des enfants. Ilparaît donc indécent de contester la gra­tuité de ces services, rendus aux êtres lesplus chers qu'elle a sur terre.Mais cet argument cède rapidement àl'analyse. Un ouvrier pourrait-il seule­ment survivre avec son SMIG s'il n'yavait pas une femme pour transformer1 kg de pommes de terre ou 1 kg de len­tilles en plat consommable. S'il n'y avaitpas une femme qui faisait sa lessive. S'iln'épargnait ainsi le prix du pressing, dela garderie d'enfants, du restaurant,voire de l'entreprise de nettoyage devitres ou autre.

tiples travaux ménagers. Dans lescampagnes, elles ont toujours effectuéles travaux des champs, pris soin dubétail et accompli bien d'autres tâches ...

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En quelques mots anodins, Khaddouja exprimé beaucoup de choses. Elle aparlé au nom de ces millions de femmesau foyer qui effectuent chaque jourmille tâches invisibles.Elle nous a dit combien, du simple faitde sa gratuité, son travail lui paraissaitdérisoire.

La vaisselle, le parterre, la lessive,le caca-pipi, une simple sinécure?

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SI LE MENAGE-~--,---~---.----M'ETAIT COMPTE

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TIJ VIENSCHERIE?

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NOUZHA SKALLI

Comme nous le voyons, ce n'est passimplement à son mari que la femmefait ainsi don de soi. C'est aussi à l'Etatet aux employeurs. Il est donc compré­hensible que ceux-ci préfèrent la voirrester là où elle est, c'est-à-dire à la mai­son. Pour cela quoi de mieux que decontinuer à accréditer l'idée selonlaquelle «la fonction naturelle» de lafemme est de s'occuper en priorité deson foyer.A cette conception rétrograde du statutde la femme, fortement teintée demisogynie, vient s'ajouter un calculpurement mercantile. Ici aussi, noussommes devant une question de grossous.

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Non, le chiffre que vous avez sous lesyeux n'est pas faux, aussi astronomiquequ'il puisse paraître. Trois milliards etdemi de dirhams, voilà ce que devraitcoûter le travail des femmes au foyer.Et certainement beaucoup plus encoresi on devait additionner les heures sup­plémentaires, le congé hebdomadaire,les jours fériés, les congés annuels etc ...

(la)

Trois milliards et demi dedirhams qui leur passent

J sous le nez

Le salaire «minimum vital» se verraitdès lors au moins doubler. A votre avis,ql!i paiera, à ce moment-là, le supplé­ment nécessaire pour qu'une famille,privée de ce travail féminin, continue àsurvivre. Je ne vois, pour ma part, quedeux possibilités; soit que les entrepri­ses augmentent les salaires en consé-

quence ou construisent des cantines, desgarderies d'enfants etc...Soit que l'Etat, lui, assume la charge dela mise sur pied d'établissementssociaux.Essayons maintenant d'évaluer ce tra­vail en termes monétaires. D'après lerecensement de 1982, les femmes aufoyer sont au nombre de 4.341.981. LeSMIG, quand à lui, est actuellement de820 dh. Faisons une simple multiplica­tion, 820 dh X 12 mois X 4.341.9813.560.424.420 dh.

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tentative de conciliation demeuréeinfructueuse. Seule la répudiationfera "objet du présent développe­ment, le divorce devant être traité ulté­rieurement, dans un article séparé.La répudiation décidée par le mari estde deux sortes : celle qu'il prononce deson propre chef, comme "maître et sei­gneur", sans avoir à la justifier devantqui que ce soit; celle par laquelle ilaccède à la demande de sa femme.La répudiation prononcée du seul chefdu mari est soumise à des conditions defond et de forme :~ Elle est prononcée par le mari, ou parson représentant, ou par celui qu'il ainvesti de cette mission.- Elle doit être pure et simple, c'est-à­dire qu'elle ne peut être assortied'aucune condition ..La femme doit être régulièrementmariée ou en retraite de continence(idda) consécutive à une précédenterépudiation révocable (car il est, on leverra, des répudiations irrévocables).Le mari doit avoir, au moment de la pro­noncer, le contrôle de lui-même, autre­ment dit une volonté libre.La répudiation ne peut atteindre unefemme qui se trouve en "période mens­truelle".La décision doit être exprimée claire­ment, mais peu importe la forme: ver­balement (en termes explicites), parécrit, par signes ou par gestes non équi-

voques s'il s'agit d'un illettré n'ayant pasl'usage de la parole.Une fois exprimée, elle doit être cons­tatée ("reçue") par deux adouls.Quant à ses effets, ils diffèrent selonqu'il s'agit d'une répudiation révocableou d'une répudiation irrévocable.La répudiation révocable (talâq rij'i) estcelle sur laquelle le mari peut revenirdans certaines conditions.Il faut souligner au passage que la répu­diation dite multiple ne vaut que commerépudiation simple.Dès que la répudiation est prononcée,la femme entre en 'idda (retraite de con­tinence encore appelée retraite légale).Tant que dure la 'idda, le mari peut, entoute liberté, reprendre sa femme. Il luisuffit pour cela de le déclarer (en prin­cipe devant adouls), sans avoir à verserune nouvelle dot ni besoin de l'interven­tion du Wali (tuteur matrimonial) de lafemme.Cela dit, la 'idda étant une forme deséparation de corps, les conjoints nepeuvent avoir de rapport sexuel. Etcomme le mariage n'est pas dissoutmais seulement relâché, d'une part lemari doit entretenir sa femme, les con­joints demeurent héritiers l'un de l'autre,d'autre part.Quant à la répudiation irrévocable (talâqba'in), elle intervient lorsque le mari n'apas repris sa femme durant la 'idda,étant précisé qu'il ne peut le faire après

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une troisième répudiation, celle-ci étant'de plein droit irrévocable.Il en est de même de la répudiationintervenue avant la consommation dumariage. Les effets de la répudiationirrévocable sont ceux de toute dissolu­tion définitive du mariage.On ne peut évidemment, dans les limi­tes de cet article, exposer ces effets endétail. Disons seulement et rapidementque ceux-ci sont d'abord extra­patrimoniaux: chacun des ex-épouxpeut se remarier, le mari immédiate­ment, la femme après sa 'idda.

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Abderrahim BERRADA

mariage, et non à la décider elle-même.Et cette demande, elle peut la présen­ter à son mari, s'il veut bien la répudier,ou, dans le cas contraire, au tribunal,qui devra prononcer le divorce.Si cette analyse est exacte - et elle l'estsi les mots ont un sens -, l'article 44étant par ailleurs d'un laconisme exem­plaire, on peut logiquement déduire quele droit de décider la répudiation peutêtre reconnu par le mari à sa femmepour toute situation que l'un et l'autrepourraient imaginer.Resterait alors l'essentiel, le problèmepratique: que les adouls (qui sont con­trôlés par le cadi du taoutiq, c'est-à-direle magistrat chargé d'authentifier leursactes) acceptent de dresser un acte demariage qui, parce que sortant du com­mun, glisserait facilement, à leurs yeux,de l'insolite à l'hérétique. Question demœurs. Signe des temps.Au total, chacun conviendra que la"vraie" répudiation est celle décidée parle mari. Lui seul peut souverainement,impunément et en quelques secondes,décider du sort de son conjoint et, parricochet, de celui des enfants com­muns. Quant à la femme, si elle n'a paseu le "front" d'exiger que le mari luireconnaisse, dans l'acte de mariage, lafaculté de se répudier, il ne lui resteraque la possibilité de le supplier de la déli­vrer moyennant finance. Donnantdonnant.Question de mœurs. Signe des temps.

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aux biens est nécessaire.La femme doit consentir à la compen­sation sans aucune contrainte. Leseffets du khol' sont ceux d'une répudia­tion irrévocable.A côté de la répudiation décidée par lemari, soit de son propre chef, soit à lademande de sa femme, on trouve unecuriosité dans "article 44 de la Moudaw­wana, reflet d'une règle qui, pour êtreclassique, n'en est pas moins trèsdébattue par les juristes musulmans.Cet article dispose que "la répudiationest prononcée par l'épouse lorsque lafaculté lui en a été donnée en vertu dudroit d'option". Il s'agit, pour être clair,du droit que le mari recon'1aÎt à safemme sur la demande de celle-ci etdans l'acte de mariage de... se répudierelle-même !!!Pour quelle (s) situation(s) le mari peut-ilêtre appelé à concéder un tel droit à safemme?Nul texte - et singulièrement pas mêmel'article 44 - ne le précise. Certainscroient pouvoir avancer - avec tropd'assurance, semble-t-il - que le seul casenvisageable est celui prévu par l'arti­cle 31 de la Moudawwana, qui vise lapolygamie: "La femme a le droit dedemander que son mari s'engage dansl'acte. de mariage à ne pas lui adjoindreune co-épouse et à lui reconnaître ledroit de demander la dissolution dumariage au cas où cet engagementserait violé".En réalité, une lecture correcte de cetarticle 31 permet de dire que celui-ciautorise la femme à demander - deman­der seulement - la dissolution du

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Ils peuvent d'ailleurs se remarier entreeux. Toutefois, si la répudiation irrévo­cable a suivi deux répudiations révoca­bles successives, la femme doit, pourépouser son ex-mari, avoir préalable­ment contracté mariage avec un tiers ets'être régulièrement dégagée de cetteunion transitoire.Les effets de la dissolution du mariagesont par ailleurs patrimoniaux: Pas deproblème majeur pour la question desbiens, en raison de la séparation légaledes patrimoines. La vocation successo­rale disparait entre les ex-époux. Enfin,le cadi allouera à la femme non uneindemnité réparant le préjudice quepourrait lui causer la répudiation maisun simple "don de consolation", unemout'a, qui sera fixée en fonction de lafortune du mari et de la condition de lafemme.De cette répudiation décidée du proprechef du mari se distingue celle parlaquelle celui-ci accède à la demande desa femme. En somme, il s'agit ici d'unerépudiation par consentement mutuel.C'est ce que ['on appelle le "khol".Celui-ci est soumis à certaines con­ditions:La femme doit verser une compensationde nature pécuniaire à son mari, aveccette précision que si la femme est indi­gente, la compensation ne peut portersur une chose à laquelle est attaché undroit des enfants, formule qui ne brillepas par sa clarté.Si elle est majeure, la femme donnevalablement seule son consentement àl'obligation de verser la compensation ;si elle est mineure, l'accord de son wali

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LA REPUDIATION

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DES DIFFERENTES FORMESDE REPUDIATION

ET DE LEURS EFFETS

Art. 44 La répudiation est la dissolutiondes liens du mariage prononcée par:

- l'époux, son mandataire ou touteautre personne désignée par lui à ceteffet; 1-

- l'épouse, lorsque la faculté lui en a étédonnée en vertu du droit d'option;

- le juge (divorce judiciaire).

Art. 45 Seule, peut faire l'objet d'unerépudiation, la femme engagée dans lesliens d'un mariage régulier ou celle enétat d'idda (retraire de continence) con­sécutif à une répudiation révocable.La répudiation, même conditionnelle,ne saurait s'appliquer dans un cas autreque ceux ci-dessus spécifiés.

Art. 46 La répudiation peut avoir lieusoit verbalement en termes explicites,soit par écrit, soit encore par signes ougestes non équivoques s'il s'agit d'unilletré n'ayant pas l'usage de la parole.

Art. 47 Si la répudiation intervient aucours d'une période menstruelle, le jugecontraint l'époux à reprendre la viecommune.

Art. 48 La répudiation doit être reçuepar deux adouls (notaires),Art. 49· Est sans effet, la répudiationque le conjoint prononce en completétat d'ivresse ou sous la contrainte ouau cours d'une colère lui enlevant, entout ou en partie, le contrôle delui-même.

Art. 50 La répudiation par serment estsans effet.

Art. 51 Toute répudiation double ou tri­ple ne vaut que comme répudiation sim­ple, quel que soit son moded'expression.

Art. 52 La répudiation affectée d'unecondition est sans valeur.

DE LA REPUDIATIONMOYENNANT

COMPENSATION (Khol')

Art. 61 Les époux peuvent convenirentrè eux de la répudiation moyennantcompensation.Art. 62 Le consentement d'une femmemajeure à la compensation en vued'obtenir sa répudiation est valable.S'il émane d'une femme mineure, larépudiation est acquise, et la mineuren'est tenue de se libérer de la contre­partie qu'avec l'accord du tuteur chargéde l'administration de ses biens.

Art. 63 Le montant de la compensationne sera acquis au mari que si la femme,en vue d'obtenir sa répudiation, ya con­senti sans contrainte et si elle n'a faitl'objet d'aucun sévice.

Art. 64 Tout ce qui, légalement, peutfaire l'objet d'une obligation peut vala­blement servir de contrepartie enmatière de répudiation (khon.Art. 65 Toutefois, dans le cas où lafemme est pauvre, toute contrepartiesur laquelle les enfants ont un droit, estinterdite.

Art. 66 Tout divorce prononcé par lejuge est irrévocable, à l'exception decelui qui résulte du serment de conti­nence ou du défaut d'entretien.

Art. 67 Toute répudiation prononcéepar l'époux est révocable à l'exceptionde la répudiation prononcée à la suitede deux précédentes répudiations suc­cessives, de celle intervenue avant laconsommation du mariage, de la répu­diation (khon ou de celle qui résulted'un droit d'option laissé à la femme.

Art. 68 Dans le cas de répudiation révo­cable et avant l'expiration de l'idda(retraite légale), le mari a le droit dereprendre son épouse répudiée, sansnouveau sadaq (dot) ni intervention duWali.Ce droit de reprise subsiste nonobstantrenonciation du mari.

Art. 69 A l'expiration de la retraite légaleconsécutive à la répudiation révocable,la femme se trouve définitivement sépa­rée de son époux.

Art. 70 La répudiation irrévocable(baïn), autre que celle prononcée à lasuite de deux précédentes répudiationssuccessives, dissout immédiatement lesliens conjugaux et ne s'oppose pas à laconclusion d'un nouveau mariage entreles mêmes époux.

Art. 71 La répudiation prononcée à lasuite de deux précédentes répudiationssuccessives, dissout immédiatement lesliens conjugaux et interdit le remariageavec la même épouse, à moins quecelle-ci n'ai accompli la retraite légaleconsécutive à la dissolution d'un autremariage effectivement et légalementconsommé par un autre époux.

DES FORMALITESADMINISTRATIVES

DE LA REPUDIATION

Art. 80 Les adoul dressent l'acte derépudiation dès qu'ils en sont requis.Cet acte ne peut être établi sans que soitadministrée la preuve du mariage. Si ellene peut l'être les adouls soumettentl'affaire au juge.Art. 81 1) L'acte de répudiation doitmentionner, pour chacun des ex-époux,son nom, sa filiation, son domicile etson identité d'après la carte individuelleou un certificat administratif d'identité.

2) Il doit se référer à l'acte de mariageen indiquant ses numéro, folio et dateet en précisant que cet acte se trouveau dessus ou au verso de l'acte de répu­diation.

3) Il doit indiquer la nature de la répu­diation et s'il s'agit de la première, dela deuxième ou de la troisième.4) L'acte de répudiation est propriétéde l'épouse et doit lui être remis dansun délai ne dépassant pas quinze jours.Le mari a droit à une copie.5) Les frais de l'acte de répudiation sontà la charge du mari répudiateur.6) Dès le prononcé de la répudiation,le juge doit aviser l'épouse répudiée.

Source Moudawwana

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TémoignagesLa répudiation. Droitou fléau? Certains enusent avec une légéretéparfois déconcertante.La loi sert les hommes,ils s'en servent immodé­rement. Comment mesu-

rer la douleur d'unefemme répudiée? Sondésarroi ? Si elles n'ontaucun moyen, ces fem­mes, de réagir, encoremoins d'exiger, elles peu­vent cependant té­mOIgner.

Touria Hadraoui a

interrogé quelques unesde ces femmes jetées par­dessus bord. Elles lui ontraconté leurs déboires, 2/4"

J:.,:Y.. ,II

les mauvaises surprises, ... ~ o~;;'

la tristesse de se retrou- ~Î:.ver à la rue ou chez des 'i(

parents à l'hospitalitélassée par l'indigence ...

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" '.

Malika, 30 ans.

Khadija, 35 ans. Même his­toire que Malika à peu dechoses près.

"II m'a renvoyée dans ma famille, m'aremis ma lettre ... Pour m'empêcher deremettre les pieds dans la maison etfaire que je ne puisse pas reprendre mes

"Le tour que mon mari m'a joué,jamais un homme ne l'a joué à unefemme. Il m'a conduite chez mesparents au village.

Nous n'avions eu aucune dispute.Quand j'ai voulu revenir à la maison, j'aieu une énorme surprise. Mon mari avaitchangé la serrure. Mes voisins m'ontalors appris qu'il avait amené une nou­velle mariée. Je n'ai jamais pu rentrerchez moi. Pas même pour récupérermes vêtements. J'ai deux enfants aveclui."

Elle est encore sous le choc. Partie dela maison avec son gosse sur le dos,sans un sou, rien. Elle m'a demandécinq dirhams pour se rendre chez sesparents, à Oulad Haddou.

"J'étais en train de faire le ménage,en écoutant la radio. Tout était enordre. On n'avait aucun problème. Il estvenu à un moment (mon mari) me don­ner un coup de main à la cuisine, pourpréparer le repas. Une querelle de riendu tout a éclaté. Alors il me tend une"lettre" (l'acte adoulaire de répudiation)en me disant: "Tiens, voilà ce qu'il ya désormais entre nous". J'en avais lesouffle coupé. Je n'en croyais pas mesyeux. Pourquoi il a fait ça ? Je ne saispas. C'est peut-être à cause de la sor­cellerie (Shour). Je lui ai toujours étéfidèle. Je faisais tout ce qu'il me deman­dait. J'étais un peu une poupée pour lui,vu la différence d'âge (dix ans de plusque moi). Je ne comprends pas ... je necomprends pas... "

Fatima, une jeune fille, une petite fille. 14 ans, mariée il ya sixmois. Récemment répudiée. Elle parle peu. Timide, innocente.Belle. Tout le monde la dévorait des yeux. Son père l'accompa­gnait. Un vieux bonhomme en rage contre le mari, les fonction­naires de Dar el Cadi, contre le monde entier.

"Je ne comprends pas. Nous étionsbien. Mektoub, il n'y a rien à faire. Toutce que je demande, c'est de récupérerla lettre de divorce. Je suis fatiguée devenir, de revenir ... j'en ai assez."

"i'~I~'T"~' ·l""t,!4'ô~:~:.=q,,.2'!~,t,,;~-i'~

Nezha, 21 ans. Belle malgré les stigmates de la pauvreté sur le Zina, une vieille femme de 70 ans.visage. Son fils de quatre ans sur le dos. Elle s'est mariée à 14 "II aura fallu, que je devienne uneans. Huit ans de vie conjugale. vieille femme pour voir ce que je n'ai

jamais vu ... le monde est étrange. Monmari m'a quittée il y a quinze ans. Cen'est que récemment qu'il m'a effecti­vement répudiée. 1/ a attendu que lesenfants grandissent pour que je nepuisse plus demander la "nafaqa". J'aitravaillé dans des familles, ici et là, pourfaire vivre mes sept enfants. Il ne m'ajamais rien donné. Il s'est remarié.»

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affaires personnelles, il a installé unsystème pas possible... du courant élec­trique passait dans la porte... je ne pou­vais pas ouvrir. Il n'est même pas jeune.C'est un sale individu de 60 ans, sté-

. rile ... "

Bahija

"II ne faut pas avoir confiance dansles hommes. Avec mon mari, j'étaisheureuse. Nous étions toujours ensem­ble. Les sorties à 18 heures, les prome­nades, les week-end. Même pourprendre une nouvelle cassette vidéo ony allait à deux. Aujourd'hui, je suis répu­diée. On m'a dit qu'il a connu une autrefemme. Il a changé depuis ce jour. Ilm'avait promis de me laisser la maison,de me donner la "nafaqa" pour nosdeux enfants... Il ne vient même pasaux audiences du tribunal. Il a pris unavocat connu comme s'il avait affaire àun assassin ... "

Rabia, 27 ans, un enfant,

"II m'a répudiée après avoir pris unenouvelle femme. Ce sont tous des"Qulad El Hram". Ils se marient pourprendre leur plaisir, après c'est fini.

Si la femme est mince, l'homme laveut grosse, si elle est grosse, illa veutmince. Si elle est petite, il la veutgrande... Tous les prétextes sont bonspour répudier".

Fatiha, 28 ans, sans enfants.

"J'étais fiancée avec lui pendant troisans. Le lendemain du mariage, il m'arépudiée. Il voulait se venger de moiparce qu'il savait que je ne l'aimais pas.Mes parents m'avaient mariée malgrémoi".

Entretien avec le greffier en chefdu tribunal

"Je ne peux donner les pourcentagesexacts du "Talaq" et du "Tatliq" (répu­diation et divorce). le tatliq est rare. 90affaires environ de divorce judiciaire paran, contre 90 affaires de répudiation parjour".

"II Y a, à peu près, cinq cas de répu­diation par jour dans ce bureau".

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Kalima : Ya t-il beaucoup de fem­mes qui viennent demander ledivorce?

Adel : C'est rare.

K. : Votre expérience vous permet­elle de tirer une règle quand aux rai­sons qui poussent une femme à seséparer de son mari?

A. : Ce sont des femmes qui veulentleur liberté, qui veulent se distraire. Ellesne veulent plus de leurs maris parcequ'ils les enferment à la maison. Ellesaspirent à faire des choses que leursmaris ne permettent pas, sortir libre­ment, par exemple. D'autres femmessont conduites à divorcer, parce queleurs maris ne prennent pas bier soind'elles (elles ne mangent pas à leur faim,par exemple). Il arrive qu'une femmeexcédée quitte tout, mari, enfants etbiens personnels, pourvu qu'elleobtienne le divorce.

K. : En règle générale, qu'est-ceque les maris reprochent à leursfemmes? Pourquoi lesrépudient-ils?

A. : Beaucoup d'entre eux se marientpour le simple plaisir, je veux dire dansun but purement charnel. Ils restentdeux, trois mois, puis répudient lafemme. Il y en a qui se marient encachette (et répudient à la sauvette)parce qu'ils ont déjà une femme.

Les problèmes familiaux entrent aussipour une part dans la répudiation(quand la famille du mari fait pressionsur lui). Mais, la femme est responsa­ble de ça. Tout vient d'elle.

K. : Comment ça 7 Vous venez dedire que c'est l'homme qui prendl'initiative de la séparation, dansl'écrasante majorité des cas.

A. : Oui, mais à cause de ce que leurfont subir leurs femmes. Elles sont deplus en plus exigeantes. Elles désirentquantité de choses mais c'est trop à lafois pour l'époux.

L'autre jour, un homme respectable,"bien placé", est venu me voir pourrépudier sa femme. Une semaine après,il avait décidé de la "récupérer".

En guise d'explication, il m'a confiéqu'il avait cherché seulement à la punir,parce qu'elle le harcelait de questionsquand il rentrait tard et qu'elle ne savaitpas où il était.

Oui, il faut parfois sanctionner ainsiles femmes. Elles deviennent plus doci­les, après ce simulacre de répudiation.

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~oghourtnature

SALADE DE POULET

SALADE ITALIENNE

NOMBRE DE PERSONNES 4TEMPS TOTAL -INCLUS PREPARATION& CUISSON EN 35 MINUTES

INGREDIENTS

4 Pommes de terre2 Pommes1 Piment rouge frais

- 150 grammes de jambon cuit2 Bols de sauce mayonnaise1 DANONE nature

. 2 Oeufs durs, eau, sel

- Bouillir les pommes de terre, avec leur peau, dans de l'eau salée.

- Une fois cuites et froides, les éplucher et les découper en longueurcomme des frites. Faire de même avec les deux pommes épluchées,avec les piments et le jambon.

- Bien mélanger la sauce mayonnaise avec le DANONE nature,ensuite napper la salade qui se trouvera déjà dans un saladier.

- En dernier lieu, découper les oeufs en rondelles et en décorer lasalade

- Servir frais.

Recettes Offertes par Centrale Laitière

MAROC - LAIT

NOMBRE DE PERSONNES 4TEMPS TOTAL - PREPARATION& CUISSON EN 40 MINUTES

INGREDIENTS

2 Bols de poulet cuit(retirer les os)

3 Cuillères à soupe de DANONE naturel- 1/4 de kg de petits poids

déjà cuits ou en conserve4 Piments rouges frais

- 100 Grammes de riz cuit- Huile et sel

- Rincer les piments, les sécher, et les frire.

- Disposer dans un saladier ou plusieurs saladiers individuels, leslamelles de piments, !e poulet coupé en petits morceaux, le rizcuit et les petits poids. Préparer une sauce en battant l'huile, lesel, le DANONE nature et le jus de citron.

- Nous vous conseillons de laisser refroidir 10 à 15 mn, avant deservir, la salade aura meilleur goût.

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L'ECONOMIE EN QUESTIONS -

bonne

Toucheduction est devenue, depuis laseconde guerre mondiale, uneproductioIl de masse engen­drant une consommation demasse. Aujourd'hui c'est, en

moyenne, 90 % des ménagesqui possèdent la machine àlaver. On parle même de satu­ration à ce niveau. Mais lemouvement continue, la ten­dance est à l'informatisationdes foyers. Tu te rendscompte?lui : Et c'est la crise actuellequi est derrière cette « troi­sième vague» comme ditAlvin Toffler. A propos j'ai lule livre, il est très intéressant.Elle: Je reviens aux années45 - 75. L'électro-ménagers'est répandu dans les paysdéveloppés grâce à deux cho­ses: les gains de productivitéet la baisse des coûts c'est-à­dire des prix d'une part, etd'autre part - et c'est trèsimportant - la progression dessalaires derrière les prix et laproductivité. Bien entendu,pour acheter il faut d'abordpouvoir acheter.lui: Ce n'est pas le cas, auMaroc, n'est-ce pas, où lessalaires suivent le sens symé­trique en pouvoir d'achat,par rapport aux prix, auxprofits. Mais si on prendl'exemple des familles aisées,on constate que la relationn'est toujours pas vérifiée. Il ya comme qui dirait une coha­bitation entre la bonne et lamachine.

Elle: L'électro-ménager estfort prisé par la bourgeoisie.Ce sont des gadgets, des fan­taisies qu'on se passe. Il ya uneffet de démonstration évi­dent. Mais la machine à laverne fonctionne jamais. On segarde bien de l'utiliser. Puis­que la bonne est là, elle doittout faire.

mapas

l'invention de la machine àlaver pour plus révolutionnaireque la machine à vapeur. Celaprovoque un bouleversementdes rapports sociaux les plussubjectifs, les plus figés, desattitudes les plus coincées.lui : Soit. Mais regardonsici. On a l'impression qu'il nese passe rien. Tu dois l'avoir,toi, la machine à laver. Beau­coup de ménages possèdent lagamme en entier. Pourtant onvoit des bonne~ partout.Elle : C'est vra i que la corré-

lation se trouve, chez nous,cassée. Elle ne fonctionne pas.Il y a au moins deux expli­cations.lui: Excuse-moi une

seconde. Je vais ouvrir. J'ail'impression qu'on a sonné.Elle: C'est elle?

lui: Hélas non! Alors, tesdeux explications?Elle: Oui. La première, c'estque dans les pays développésça marche parce que la pro-

,a

d'un minimum d'électro­ménager, machine à laver,aspirateur, etc. Il faut aussi desservices sociaux : des crèchespar exemple. Car dans les paysdéveloppés, la bonne est uneespèce en voie de disparition,tu le sais aussi bien que moi.lu i: Supplantée par lamachine. Je connais l'histoire.La machine chasse l'homme,on l'a constaté, n'est ce pas,lors de la révolution indus­trielle. Cette fois-ci, c'est lafemme qui est vidée, boutéehors du foyer.Elle: Et c'est tant mieuxpour elle. Car elle est, para­doxalement, enfin libre deschoses domestiques.lui: L'homme, par contre,passe à la casserole. Devientcordon bleu.Elle: La participation del'homme, c'est-à-dire du cou­ple aux travaux domestiquesest d'autant plus aisée à obte­nir que l'électro-ménager estdiversifié, complet. Je tiens

Elle : Ainsi donc tu es furieuxparce qu'elle n'est pas encorearrivée?lui: Quand elle n'est pas làje suis malade. En plus,aujourd'hui, j'attends dumonde à dîner. Je suis paumé.Elle: Mais tu peux tedébrouiller tout seul, bricolerquelque chose. Ce n'est pas lamer à boire tout de même?lui :Non bien sûr. C'est de labouffe à préparer. Trois foisrien. Mais c'est pire. La véritéc'est que sans ma femme deménage je suis cuit.Elle : Je ne comprends pas.Et tes tartines sur la femme quidoit cesser d'être une poticheune boniche et je ne saisquoi? Ça y est? Tu asoublié? Femmes de tous lespays unissez-vous. Soyez réa­listes, demandez l'impossibleégalité. Ne faites pas la cui­sine, faites la grève, et d'autresinterminables harangues de lamême farine.lui: C'est une problémati­que qui n'a rien à voir avec ca.Elle: C'est la même problé­matique. Il s'agit de la distancechez toi et chez beaucoupd'hommes qui pérorent à lon­gueur de journée sur la condi­tion de la femme - de ladistance entre ce qui est dit et,sans doute, réellement pensé,et ce qui est fait, assumé dansle quotidien.lui: C'est aussi ton pro­blème. Ne l'oublies pas. Car toiaussi tu as une bonne.Elle: Doucement, douce­ment. Mais moi je ne pleurni­che pas quand elle décide derendre le tablier. Moi, je peuxm'auto-nourrir moi. M'auto­laver, m'auto-blanchir. Cen'est guère ton cas, lapreuve...lui: Il y a des limites. Tu nepeux pas faire ça tous lesjours. Tu le sais bien.Elle: Je le pourrais sous cer­taines conditions.lui: Lesquelles?Elle: Première condition:que j'homme s'y mette avecmoi. Passe le tablier. C'est leplus difficile. Deuxième condi­tion : que je dispose chez moi

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Lui : Il ne faut pas lui appren­dre le mode d'emploi. Elle cas­serait tout le matériel.Elle: C'est une situationbizarre, en porte-à-faux. Quine peut se comprendre - c'estma seconde explication ­qu'en liaison avec le problèmedu chômage; la main d'œuvredomestique est très bon mar­ché. Au fait, combien tu payesta bonne? On ne peut pasvivre avec ça n'est-ce pas?Lui: Je dirai même plus, onne peut pas vivre avec ça.Elle: Tu sais qu'un projet decodification du salariat domes­tique est en train de moisir aufond d'un tiroir du Ministère del'Emploi, depuis pas mal detemps déjà?Lui: D'où viennent les résis­tances?Elle: Va savoir. J'entendssonner.Lu i : Vivement cette fois que

ce soit elle.Elle.: C'est elle?Lui : Oui, c'est elle.

Noureddine EL AOUFI

Elle est bien

MON mari tra­vaille, je tra­vaille, mesenfants vont àl'école. Aucun

de nous n'a le temps - etencore moins l'envie - des'occuper de l'entretien de lamaison.

Je suis cependant la seuleresponsable des décisions àprendre dans ce domaine, laseule concernée par cettesituation. Pour la règler, je nevois qu'une solution: prendreune bonne à plein temps.

Je veux donc une bonne quiastiquera ma maison, laverama vaisselle sans la casser etnettoiera mes vêtements sansles abimer.

Elle s'occupera du range­ment, fera la poussière, assu­rera le raccommodage et lerepassage quotidiennement.

Je veux une bonne «péda­gogue» qui prendra soin de

«bonne»mon bébé, le torchera, lui don- Je veux une bonne sou­nera le biberon et tout cela très cieuse de mon bien-être qui,très proprement et bien affec- non seulement lavera, cuisi­tueusement. D'une grande nera,élèvera et gèrera maisdisponibilité, elle veillera sur les assumera toutes ces tâches engrands garçons, leur servira à restant consciente des limitesmanger sans jamais oublier de de sa condition. A aucunles faire goûter. moment, elle ne devra élever

Je veux une bonne présen- le ton ni me remettre en ques­table, docile, agréable, nulle- tion dans mon statut de mai-ment envahissante ni tresse de maison.entreprenante et encore moins Je ne veux surtout pasdésirable. d'une bonne maladive qui

Elle me fera des plats mijo- gémisse sur sa situation et metés, une cuisine raffinée et jalouse dans mes ambitions.prendra toujours soin de mes Ma bonne sera heureuseinvités. d'être chez moi, surtout pour

Je veux une bonne éco- 300 OH par mois.nome qui saura faire les cour-ses sans trop dépenser. fàttouma BEN ABDENBI

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L'amitié entre les sexesU fi rêve réalisable

L'amitié, c'est quoi déjà?Entre les hommes et les femmes? Vous plaisantez ...Feu-vert, la rubrique du dialogue démarre sur les chapeaux de roues.A des jeunes et des moins jeunes, à des messieurs et à des dames, nousavons posé une question et une seule; « l'amitié entre les sexes est­elle possible 7»Sur la base de cette interrogation, diverses sensibilités se sont expri­mées lors d'un débat qui se voulait rencontre. Paroles mesurées, dis­cours rationnels, le ton est à la réserve. Il n'est pas toujours évident deparler de soi. De soi par rapport aux autres encore moins. Appréhenderun rapport auquel nulle place n'est reconnue dans notre société poseun problème. Notre langage parlé lui-même est pauvre en mots tradui­sant la notion d'ami. «~~\}) englobe tout: « l'allli, le camarade,le copain ...Appliqué dans le cadre de relations hétérosexuelles, il n'est pas exemptd'ambiguïté.Les réactions enregistrées lors de nos entretiens traduisent un profondmalaise, Beaucoup de nos interlocuteurs se sont montrés sceptiques,certains parce qu'ils ont été déçus dans leur tentative d'établir une ami­tié avec quelqu'un du sexe opposé, d'autres parce qu'ils ne l'ont jamaiscru possible.Cependant, les « bienheureux» de l'amitié entre hommes et femmesexistent et nous les avons aussi rencontrés.Notre question a eu droit à un énergique « bien sûr » et un éclat de rirevivifiant nous a rendu notre optimisme.Oui, l'amitié entre les sexes peut être possible.

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AMITIE / SEDUCTIONDans une catégorie

ou dans l'autre

• N.;ma ,Il ya une no';on ;mportanteque je voudrais introduire par rapport àcette question d'amitié entre homme etfemme. C'est celle de la séduction.

A mon sens, au départ entre unhomme et une femme, il y a obligatoi­rement un rapport de séduction.

C'est une étape à passer. De deuxchoses, l'une. Soit il ya passage à l'acteet le désir satisfait, on devient amis. Soitil n'y a pas de passage à l'acte et l'ambi­guité risque de s'installer. Une discus­sion franche s'impose alors pour quedes rapports clairs puissent s'établir.

Pour ma part, quand je rencontre unhomme, je le perçois d'abord en tantqu'homme. Je vois s'il est susceptiblede me plaire. En fonction de cela, je leclasse dans une catégorie ou dans uneautre.Nadia: Non, moi, je ne suis pasd'accord. Je considère l'hommed'abord en tant qu'être, en tant que per­sonne. Les rapports que j'établirai aveclui évolueront vers l'amour, l'amitié oula camaraderie en fonction de ce qu'ilpeut m'offrir.

Amin: Le rapport de séductionexiste mais il n'est pas systématique.

Naïma : Quand tu rencontres unefemme, même si tu ne cherches pas àla draguer, à établir une relation physi-

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que avec elle, tu sais au fond de toiqu'elle te plait et que c'est pour cetteraison que tu as envie d'être ami avecelle.

Amin: Peut-être, oui. Mais je nepense pas qu'il faille passer par une dis­cussion « franche» comme tu dis pourétablir un rapport amical dénué d'ambi­guité. Au départ bien sûr, il y a une atti­rance, quelconque qui amènE: deuxpersonnes à se rencontrer. Mais ellen'est pas nécessairement physique etmême si c'est le cas, on peut la dépas­ser en sillence.

Nadia: Au départ, je perçois tou­jours l'homme en fonction de sa person­nalité et non en fonction de son sexe.Donc en tant qu'être et non en tantqu'homme. Mais cela me coûte cher.On me prend pour une naïve. A chaquefois, c'est la déception. A aucunmoment, à aucune expérience, ça n'araté.

Zohra :Pour ma part aussi, je necrois pas beaucoup à l'amitié entre lessexes. L'homme est toujours interessé,d'une façon ou d'une autre. J'ai cru unefois, pouvoir avoir un ami homme.J'étais très jeune à l'époque. C'étais jus­tement en ces temps où le discours surl'amitié était très à la mode. Cet ami

était un très gentil garçon et notre rela­tion était dénuée de toute ambiguité.C'était fantastique. Mais j'avais aussiune autre amie, fille. Et il s'est avéré aubout du compte que c'était elle sonobjectif premier. Il m'a utilisé pour éta­blir une relation avec elle. Je ne l'aicompris que le jour où il a fini par mel'avouer lui-même. J'ai été horriblementdéçue parce que j'y avais vraiment cru.Je lui avais énormement donné de moi­même. Il m'a cassé une illusion quej'avais fini par croire vraie: celle del'amitié entre un homme et une femme.

Quand il a réussi à séduire mon amie,c'était fini entre nous. Pire que cela. Ilne voulait même plus que je la revoiesous pretexte que je pouvais avoir unemauvaise inflence sur elle. Puisquej'avais contribué à les unir, je risquais,d'après lui, de les séparer.

Comme il m'avait raconté toute savie, les problèmes quil avait connu, sesangoisses, il craignait peut-être que jen'en fasse part à sa femme. Que je ledévalorise à ses yeux. Je ne sais pas.

Toujours est-il que cette expériencem'a complètement désillusionné sur cesujet. Je n'ai plus jamais pu rétablir avecun autre homme des rapports aussi purset aussi entiers.

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AMITIE/SEXUALITE«On l'appelait le «garçon»

-Kh8dii8A mon avis la seule amitié possible est

celle qui existe au sein d'un couple. Etcelle qu'on établit ensemble hors ducouple. Nous partàgeons, mon mari etmoi, beaucoup d'amis communs. Dansce cadre là, mes rapports avec les hom­mes se passent très bien. En dehors çase complique. Chaque fois que je tentede fréquenter un homme sans monmari, il essaye de me «draguer». Il veut«m'avoir» et il me le fait comprendre,soit de manière directe soit de manièreindirecte. Il ne consent à me considé­rer comme une simple amie que lorsqu'ilcomprend que je n'ai pas l'intention delui céder.

Fouad~our qu'un homme puisse voir en la

femme une amie, il doit oublier en ellela femme. Elle devrait donc presque êtreassexuée. Elle sera alors pour lui un amiqui a le corps d'une femme.

DrissJe connaissais une femme comme ça

qui étudiait avec nous. On était toujoursensemble. Elle nous accompagnait par-

tout où nous allions. On n'avait jamaisl'impression que c'était une femme quiétait avec nous. On l'appelait d'ailleurs«le garçon».

KhadijaOui, c'est vrai, j'ai déjà ressenti ce

type de situation.Un jour par exemple, je discutais avec

un ami de la sexualité féminine. Quandnotre conversation s'est terminée, il m'abrusquement déclaré: mais, je te parlecomme je parlerai à un homme, à unami. Il était stupéfait.

DrissOn ne peut être ami avec quelqu'un

de l'autre sexe que dans un certaincadre. Dans le cadre du travail parexemple, une femme peut se lier d'ami­tié avec un homme parce qu'elle n'estpas posée comme un objet sexuel maiscomme un être qui travaille. Hors de cecontexte, ça me paraît beaucoup plusdifficile parce que l'aspect sexuel etémotionnel du rapport homme/femmereste le plus fort. Il étouffe tous lesautres.

FouadPour ma part je n'y crois pas. Il y a

trop d'obstacles qui empêchentl'homme et la femme de se parler libre­ment. Quand je rencontre un homme,j'aborde avec lui tous les sujets. Avecune femme, je ne peux pas. Je doisréfléchir avant de parler. J'ai toujourspeur qu'elle n'interprête mal mesparoles.

DrissMoi je peux vous citer des exemples

en rapport avec cette question. Etu­diant, j'étais très spontané. Quand jeparlais, je me mettais aucun frein à mesparoles. Je m'exprimais librement surtout, aussi bien sur la sexualité que surl'économie. Mais quand je me trouvaisen compagnie de filles, il yen avait tou­jours une qui était choquée. J'ai alorspris conscience de la différence. Enleurs présences, il faut toujours faireattention à ce qu'on dit.

L'amitié entre les sexes demande uneouverture d'esprit extraordinaire.L'homme et la femme devraient pouvoiraborder tous les sujets sans arrière pen­sées. Il faut pour cela une atmosphèresaine. Or ça n'existe pas chez nous.

))

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AMITIE/MARIAGEAvec l'autre sexe, pasd'amitié hors du couple

- Je me vois très mal entretenir unerelation d'amitié avec un autre hommesi mon mari n'y participe pas un tant soitpeu. Sans un minimum d'affinité entreeux elle me paraît à priori inconcevable.Comme je passe la plupart de montemps en compagnie de mon mari, simon ami ne s'entend pas avec lui, il vade soi que cela me poserait de sérieuxproblèmes. Quand à le voir sans lui, iln'en est pas question. C'est le genre dechoses que notre société tolère diffici­lement.

Souad- La société, la société, toujours la

société. Mais enfin tu n'es pas obligéede te plier à ses règles. Sa pression estpermanente, d'accord mais tu gardes

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malgré tout une certaine marge demanœuvre.

Raja- Il Y a un tas de choses que j'aime­

rai pouvoir faire. Mais ici, c'est impos­sible. Si tu rejettes tout, tu vis enmarginale. Et ça, ça ne me dit rien.

Souad- A mon avis, c'est une solution de

facilité que de toujours déplacer les res­ponsabilités au niveau des autres, de lasociété. En réalité, les blocages exté­rieurs ne sont rien en comparaison desblocages intérieurs. Quand soi-même,on a dépassé certains préjugés, ondevient insensible au regard qu'autruiporte sur nos actes.

Raja- Je ne serai jamais insensible à ce

qui pourraît porter préjudice à monimage de marque. Si mon mari parexemple a une amie qu'il voit sans moi,je ne supporterai pas que les gens aientle sentiment que je suis une femmetrompée, même si moi je sais pertinem­ment que c'est faux. D'un autre côté,tout en ayant entièrement confiance enlui, je serai d'une certaine manièrejalouse qu'il ait besoin de se confier àune autre femme que moi, qu'il éta­blisse une complicité avec une autre quemoi. Tant qu'il s'agit de copines, ça neme dérange pas. Mais face à une rela­tion plus profonde dont je serai exclue,je me sentirai dépossédée d'une partiede lui je me sentirai ... je me sentirai ... jene sais plus.

»

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.;\MITIE_

MON MARI CHERIJe suis à tes yeux une grande rêveuse.

J'idéalise, dis-tu,mes rapports avec lesgens. Je leur attribue des perceptionsqui sont miennes. Oh oui, je sais bien,tu me J'as tellement répété, je ne doispas me faire d'illusions. Une relationd'amitié telle que je la conçois n'existeque dans les livres.

Chez nous, les hommes grandissent àJ'écart des femmes. Ils ont pour elles lesyeux du fantasme. Ils ne les voient qu'àtravers leur enveloppe corporelle, entant qu'objets sexuels. Je retiens bienmes leçons, mon chéri. Ton discours,je le connais par cœur. Et pour cause,il est celui de mes frères et des maris demes copines.

Mais, sois gentil, éclaires-moi sur cepoint. Comment se fait-il que toi, tu aiestant d'amies <<ies». Comment se fait-ilque ces relations que tu considèrescomme «impossibles» pour moi, tu lesétablisses, toi, avec autant de sérénité ?Ta logique jusque là impeccable dansson argumentation psycho-socio­culturelle cahote quelque peu sur cepoint. .. Il te faudrait revoir de plus prèston raisonnement. Tu déclares tes rap­ports avec ces jeunes femmes dépour­vus de toute ambiguité. Tout y est clair,tout y est pur. C'est J'évidence même

et quand je t'interroge à ce sujet, jepasse pour mesquine et arriérée. Je suispeut être simple d'esprit, -mais vraiment,mon chéri, je ne comprends pas.

Je ne comprends pas pourquoi ton com­portement serait différent de celui desautres. Ces autres que tu me dépeinssous les plus noires couleurs. A ce queje sache, tu es toi aussi le produit decette société, de cette culture, de cetteéducation. Tout ce que tu trouves à merépondre, c'est «je suis différent, jepense autrement. Je respecte les fem­mes» et tu rajoutes «je ne doute pas detoi, de ta fidélité, de ta loyauté maiscomme tu es vulnérable, on risque dese moquer de toi».

Tu me poses en petit animal fragile,incapable de faire preuve de discerne­ment, incapable de se «défendre» con­tre ces «grands méchants loups».Mais sais-tu, J'enfance est un stade quej'ai largement dépassé. Nul mieux quemoi ne connaÎt la teneur de mes désirset de mes aspirations. Lorsque j'agis,c'est en connaissance de cause. Je suispleinement responsable de mes actes etje n'ai absolument pas besoin « qu'onme protège».

Or vois-tu, je ne veux plus vivre en per­manence avec cette méfiance qui me

colle à la peau et brise ma spontanéité.Ces autres hommes sur lesquelles tu meposes un interdit, j'aspire à les connaέtre au même titre que les autres fem­mes. Je ne veux pas dans mes élansenvers autrui mettre de fausses barriè­res. Je veux pouvoir communiquer messensations, mes impressions et messentiments en toute liberté. Et je croisprofondément en la possibilité de rire,de parler, d'aller au fond des chosesavec des personnes qui ne sont pas dumême sexe que moi. Sans pour autantdevoir passer par le langage du corps.Le sexe est un moyen comme un autrede rompre sa solitude. Mais Dieu,merci, il est loin d'être le seul. Etcomme, dans mon esprit il se conjuguetoujours avec amour, j'ai ce qu'il mefaut avec toi. Je n'ai pas besoin d'allerle chercher ailleurs. Mais notre couple,pour s'épanouir a besoin d'apport exté­rieur. C'est au contact des autres quenous nous enrichisssons et que nousl'enrichissons. «Donnen> de soi auxautres ne signifie pas enlever une partà son compagnon. Au contraire. C'estêtre capable de plus encore le compren­dre. Alors, mon mari chéri, cesse je t'enprie de t'affoler chaque fois que je teparle d'amitié avec un autre homme.

T.H.

La célèbre FaHma de Nichapur IlX 0 ,.), réputée érudhe, entretenah une relation f ratereelle ct studieuse avec le fiystiquciranien Bayazid Bistami, avec lequel elle conversait de longues heures, n'éprouvant pas la nécessité de garder le voileen sa présence. Un incident pourtant compromit, un jour, cette relation éminemment spirituelle.Bistami remarqua que Fatima se teignait le bout des doigts avec du henné et lui en demanda la raison. Mal lui en pritcar elle lui répondit :"Si tu as remarqué que je me teignais les doigts, c'est que tu m'as regardée avec d'autres yeux que ceux de l'amitiéspirituelle. Maintenant, il faut mettre fin à l'intimité entre nous."

Anecdote citée dans"Islamische Mystiker". de T. Andrae

Stuttgart, 1960.

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AMITIE / AMOURDans l'amour, il y a un

plus et un moins parrapport à l'amitié

DouniaL'amour ne peut pas naître de l'amitié.Pour ma part du moins, je n'y crois pas.L'amitié se fonde sur l'entente etdégage une certaine sérénité. L'amourpar contre est folie, élan, extravagance.KarimMais l'un n'empêche pas l'autre. Lasérénité et la folie peuvent coexister.DouniaAh non. Moi je ne mets pas la sérénitédans l'amour. A partir du moment oùil y a sérénité, il y a tiédeur.KarimIls sont à mes yeux parfaitement conci­liables. Finalement, quand j'y pense, mameilleure amie, c'est ma femme. Dans lesens où amitié, c'est d'abord entente,confiance, confidence. .DouniaJe trouve qu'il ya quelque chose quicloche dans ce que tu dis. Tout lemonde se confie à sa femme ou àson mari. Mais l'amitié ne ~e limitepas à se confier. C'est un petit peuplus que cela.KarimEtre bien ensembleDouniaD'accord, mais plus que celaKarimEtre alors encore mieux ensembleDouniaMais ça, c'est l'amour aussi. Il y acependant une nuance entre l'amour etl'amitié.Il est évident que l'on partage tout avec

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une personne que l'on aime.. Plusqu'avec un ami. L'amour est un senti­ment plus fort. Il se nourrit de davan­tage de choses que l'amitié, telles queles relations sexuelles par exemple.Mon mari est plus que mon ami. Je necrois pas qu'on puisse lier amour et ami­tié. Dans l'amour il y a un plus et unmoins par rapport à l'amitié.

KarimC'est donc conciliable puisque l'être quel'on aime est un ami avec quelque choseen plus.DouniaJe ne sais pas si c'est conciliable. Sansces choses en plus aurait-tu été amiavec ta femme?KarimOui, parce que si ça ne devait plus allerentre nous, nous resterions malgré toutamis.DouniaJe ne crois pas qu'on puisse deveniramis quand on a été amants.Si on maintient des relations d'amitié,c'est qu'on veut redevenir amants.C'est donc un cercle vicieux.RajaMoi par contre j'estime qu'à ce stade là,il est possible de devenir amis. Le pro­blème, c'est que les deux conjoints nesont pas nécessairement sur la mêmelongueur d'onde au même moment.L'un d'entre eux peut prendre prétextede l'amitié pour chercher à rétablir lesrapports précédents.

Amina, 30 ans, femme aufoyer

AminaCes deux sentiments diffèrent. On nepeut pas être amis et devenir amoureux.Ce serait alors une fausse amitié ou unfaux amour. On ne peut pas à mon sensétablir de rapports sensuels et érotiquesavec un véritable ami car je pense per­sonnellement que l'amitié se rapprochede l'affection qui lie un frère à une sœur.On se retrouverait presque ainsi ensituation d'incestre. Ça risque par con­séquent de mal se passer.Ceci dit, je ne crois pas pour ma partà l'amitié entre un homme et unefemme. Trop de problèmes érotiques seposent entre eux. Le désir que l'hommea de la femme est tel qu'il parvient dif­ficilement à établir des relations pure­ment amicales avec elle.Kalima : Les entraves à l'amitiéseraient donc le fait de l'homme 7Oui parce que l'homme peut éprouverdu désir pour n'importe quelle femme.La femme par contre a beaucoup plusde mal à être attirée par n'importe qui.Le résultat est que souvent l'homme aenvie d'associer une relation sexuelle àune relation d'amitié. Quand c'est lecas, l'amitié est détruite.Le rapport que l'homme et la femme ontde la sexualité est différent. L'hommele lie à un besoin physique tandis quela femme le lie à un sentiment. Les hom­mes qui ne parviennent pas à avoir unerelation avec n'importe qui considèrentcela comme un problème. J'ai connuainsi un ami qui me disait: Je ne suispas normal. Je ne parviens pas à avoirune relation sexuelle avec une femmesi je ne suis pas amoureux d'elle. C'étaitle drame de sa vie.

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Galousie).Pour les garçons et les filles, l'amitié estun moment de l'adolescence. La non­mixité tend d'après eux à crisper les réla­tions et les rendre tout de suite plussexualisées. Beaucoup en effet estimentque les relations d'amitié cessent à la findes études.Pour d'autres, un petit nombre, l'ami­tié «meurt» et l'amour la remplace. Per­sonne ne voit de lien ou deprolongement entre ces deux notionsaffectives.Un adolescent a affirmé qu'établir unerelation d'amitié avec une fille était unsigne d'homosexualité chez l'homme.Enfin peu de filles pensent à l'égalitédans le rapport d'amitié. Toutes disentqu'elles veulent être aidées, conseillées.Une seule parmi elles a affirmé qu'iln'était pas possible d'établir une rela­tion d:égalité parce que «l'homme sesent toujours supérieur». «Or, ajoute­t-elle, grâce à Dieu et à la puissantevolonté de la femme, celle-ci ne lui estpas inférieure.»

M.F. JAMAL ALAOUI

AMITIE / AMOUR

Les garçons cependant, se sentent aussifloués de leur côté. Ils ont souventl'impression d'être «utilisés» par les fil­les (par exemple pour les devoirsd'école, les leçons, les explications). Lesplus démunis ou les moins beaux leurreprochent d'avoir une attirance pourles riches ou les séduisants et les consi­dèrent comme des personnes superficiel­les.Toutes les filles interrogées aspirent àune véritable amitié, pure de tous pré­jugés. Elles estiment que l'amitié tellequ'elles ont pu parfois la vivre, ou crula vivre, est une source d'enrichisse-

ment. L'univers masculin leur paraîtplus ouvert sur le monde, plus riche eninformations et par conséquent plusintéressant que l'univers féminin (l'édu­cation stricte des filles ne permettant pasà celles-ci de l'élargir).D'autre part, beaucoup de filles préfè­rent le caractère masculin au leur. Ellesle trouvent plus direct. Elles dénoncentla suspicion et la méfiance qui existentdans le monde exclusivement féminin

Sondage

~~:~:~:~~~iiïiiiijill;E~n~a~mitié'c'est un autre type de rela- Rachida~ tian où on est plus authentique. On a Ce dont tu parles ne peut pas se rap-

toute sa raison, toute sa conscience porter à l'amie car on ne "découvre"pour pouvoir justement dialoguer, à pas quelqu'un avec qui on vit une pro-égalité. Il n'y a pas d'emportement fonde communication.aveugle. Je ne pense pas quèl'amitié pu'isse seKalima : transformer en amour car le rapport àL'amitié peut-elle se transformer en l'autre y est diamétralement différent.

En quoi le sentiment d'amour et le amour? Dans une histoire d'amour, il faut qu'ilsentiment d'amitié différent-ils? y ait un coup de foudre. Or un coup de

RachidaRachida foudre suppose une méconnaissance deIl y a absence d'attirance physique e~ Non pas du tout. L'amour peut éven- l'autre. Quand je rencontre cette per-amitié contrairement à l'amour. En aml- tuellement se transformer en amitié, sonne, il me faut éprouver pour elle unetié on doit avoir réèllement des affinités mais le contraire me parait improbable. attirance physique et intellectuelle. Jeavec la personne avec qui on établit ce Jalil dois sentir un mystère qui me donnerapport. Si on ne partage pas. avec elle Moi, je pense que c'est possible - On envie d'aller à sa découverte. C'est ceun certain nombre de centres d'intérêt, n'est jamais sûr des concours de cir- mystère qui attise le désir. Quand l'ami-il ne peut pas, à mon avis se créer une constance qui peuvent se produire. Le tié s'installe, il n'y a plus de mystère,véritable amitié. 'coup de foudre, l'amour tout court est donc plus de possibilité de désir.Ce n'est pas le cas de l'amour. une question d'intensité à un moment Par contre une histoire d'amour peut seJalil précis. Il est le fruit d'un concours de transformer en amitié si elle se terminePersonnellement je ne crois pas en circonstances. Il peut se produire vis-à- bien et si le désir est mort."l'amour", et en particulier en l'amour vis d'une personne étrangère comme Jalilpartagé, de la même intensité de part vis-à-vis d'une person'ne avec laquelle Je ne suis pas aussi catégorique que toi.et d'autre. La personne qui aime est, à on entretient déjà une relation. La litté- Une amie n'est pas un objet qu'onmon avis, une personne qui vit un état rature déborde de cas de ce genre,on enferme dans un placard...Au contraire,d'esprit, un imaginaire et essaye de le en découvre subitement dans son c'est une personne avec laquelle il y atransposer sur un être. Celui-ci, dès lors entourage une personne qu'on n'a une interaction permanente. Les rap-devient un objet d'amour. jamais imaginér pouvoir aimer d'amour. ports peuvent se transformer.

-~~;;;~~~ -Société, famille, religion

les trois obstacles

Cent dnquante adole<œnU intenogésdans un lycée nous ont donné leur opi­nion sur l'amitié entre garçon et fille.Voici les constantes que nous avons purelever.La société, la famille et la religion sontles trois obstacles principaux qui ren­dent, d'après eux, une amitié entre lessexes impossible. La fille craint (à causede la tradition), de nuire à sa réputationen entretenant cette relation.On note souvent des déceptions chezceux qui ont cru en une amitié. Les fil­les constatent après coup que le garçonreèherchait une aventure, un flirt. Pré­tendre à l'amitié est un moyen pour luide «draguer». Beaucoup de garçons, deleur côté, ne démentent pas cette affir­mation. «J'ai déjà trois sœurs à qui jepeut me confier, je recherche quelquechose d'autre» explique l'un d'eux.«Les filles pour les garçons, c'estcomme une CIgarette, ils la fument puisils la jettent», pense une élève.

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ont dit que l'amitié n'était possiblequ'au sein d'un couple, qu'une foismarié, on ne pouvait pas entretenird'amitié individuelle avec quelqu'undu sexe opposé?Amina : C'est archi-faux.Fouzia : Tout dépend du couple. Cetteprise de position traduit un manque de

confiance évident en l'autre. L'amourentre un homme et une femme ne doitpas les empêcher d'établir d'autres rap­ports par ailleurs. Moi, pour ma part, jerêve depuis un moment d'avoir des amisgarçons.Omar (son mari) : Tu en avais pourtantavant.Fouzia : Oui, bien sûr, à la Faculté.Mais maintenant, je risque difficilementde m'en faire à nouveau (Fouzia est auchômage actuellement). Où veux-tuque je puisse établir des relations d'ami­tié ici?Kalima : Omar, conçois-tu que Fouzia ait des amis hommes 7Omar : Evidemment.Fouzia : A Paris, je ramenais mes amisà la maison et Omar n'y voyait aucuninconvénient.Omar : Elle avait des amis avec les les­quels je n'entretenais pas de rapports.Je trouve ca normal.Amina: Moi, j'ai d'ailleurs mis trèslongtemps avant de faire la connais­sance de Fouzia.Kalima : Cela ne te dérangeait pasde savoir que ton mari avait uneamie qu'il voyait souvent hors de taprésence 7Fouzia : Ah ! non, s'il te plaît, ne mepose pas cette question.Amina (surprise): Mais enfin,pourquoi?Fouzia (lui répond en riant) : Parce que,en vérité, votre relation me dérangeaitbeaucoup au début. Et quand je t'aivue, ce fut pire. Tu m'avais tellementimpressionnée que je me suis dit : « Cen'est pas possible, moi, si j'étais unhomme, je ne résisterais pas ».J'étais très jalouse, mais je ne voulais

pas le montrer. J'avais une confiancetotale en Omar mais cela ne m'empê­chait pas de penser qu'il était impossi­ble de demeurer insensible devant unefille pareille. Parfois, ils restaient ensem­ble jusqu'à minuit. J'étais seule à la mai­son et j'en étais malade.Puis, par la suite, quand j'ai mieuxconnu Amina et que j'ai pu juger de lamanière dont elle se comportait avecOmar, cette jalousie m'est passée.Je sais qu'elle l'aime beaucoup. Le faitd'avoir déjà éprouvé cette formed'affection pure de toute ambiguïtépour un ami m'a aidé à mieux acceptéleurs rapports. C'est son droit d'êtreamie avec mon mari. C'est leur droitd'être amis. Je le respecte.

Amina : Pas du tout. Ce sont des ami­tiés différentes parce que les personnessont différentes, mais c'est exactementle même type de rapport. La variablesexe n'influe en rien à ce niveau. Jetrouve que l'amitié est ce qu'il y a deplus sain. Le jeu de la séduction qu'ontrouve en amour n'entre pas en compte.Rien n'est faussé au départ. Tu peuxêtre toi-même.

Kalima : Beaucoup de gens nous

Kalima : Amina, sens-tu une diffé­rence entre le rapport que tu établisavec Omar et celui que tu as avecune amie du fait qu'ils sont d'unsexe différent ?

moins à une amie ou un ami. En cas deproblème, je n'ai aucune difficulté à melivrer. Les rares secrets que j'ai ou lesfaits nouveaux qui jalonnent mon exis­tence, Amina les connaît. Je ne lui faisaucune cachoterie. Si j'avais d'autrescentres d'intérêt que les siens, je lui enparlerai également.

Kalima : Certains pensent que pourparvenir à être ami avec unefemme, il faut oublier que c'est unefemme. La percevoir en quelquesorte comme un être assexué.Omar, partages-tu ce point de vue?

Omar: Absolument pas. C'est unemanière de nier le droit à la différence.Je ne peux pas considérer Aminacomme un homme. Je la pose en tantque femme et en tant qu'amie, les deuxn'étant pas à mes yeux inconciliables.

Kalima : Comment a démarré votrerelation d'amitié?

Kalima : Votre amitié vous permet­elle de tout vous confier?

Amina : Bien sûr. Nous n'avons pas desujets tabous, de questions que nousn'osons pas aborder. Chacun cepen­dant a son mode de fonctionnement.Pour ma part, je suis beaucoup plus àmême d'écouter l'autre que de melivrer. Je ne me « confesse» pas faci­lement. Lorsque j'ai un problème, il mefaut le dépasser avant de pouvoir enparler. Une fois que j'ai le sentiment del'avoir solutionné à mon niveau, je peuxen discuter avec lui.

Amina : Partageant le même atelierd'architecture, nous nous connaissionsvaguement jusqu'au jour où nous avonseu à travailler ensemble sur un projet.Nous avons commencé, pour cette rai­son, à nous rencontrer régulièrement.Au début, nous parlions boulot. Puis defil en aiguille, nOus avons abordéd'autres sujets et nous y avons pris plai­sir. Nous avons passé, dès lors, desheures et des heures à discuter de toutet de rien. De nous et des autres. Dequestions « sérieuses» et « futiles ».De la multiplicité de nos centres d'inté­rêt est partie notre amitié. Aujourd'hui,nous nous voyons beaucoup moins,souvent parce que chacun suit son pro­pre chemin, mais nos rapports ne sesont en rien altérés.

Omar : Moi, par définition, je suistransparent. Je ne cache rien. Encore

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avec m .

Omar et Amina ont une bonne raison de croire e~'~~~~~les sexes ; ils en vivent une depuis dix ans.Architectes tous deux, ils se sont connus sur les bancs de l'écoled'architecture. Avec les années, leur rythme de vie a subi desmodifications (mariage de Omar, insertion dans la vie profes­sionnelle, etc.) mais pas leur relation. Amis ils étaient, amis ilssont restés. C'est en compagnie de Fouzia, la femme de Omarqu'ils nous ont apporté ce témoignage d'une amitié hétéro­sexuelle réussie.

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AMITIE

Ce sentiment géant...Tu veux savoir de quel métal est fait

ce sentiment géant qui me lie à elle, quiqui fait qu'elle m'est aussi précieuse quemoi-même? Tu t'étonnes, tu doutesque nous puissions impunément échap­per aux lois de l'aimantation, que nousayons pu triompher de ce désir tenacequi, selon toi, inaugure ou assiège touterelation entre un homme et une femme.Tu t'imagines que nous ne pouvons quesuccomber, un jour ou l'autre, à uneattraction sensuelle. Qu'il suffira d'uninstant de (douce) distraction pour quele regard vaçille, s'embrume, et que lessens rétablissent leur règne. En fait,pour toi, tout se ramène à nos caracté­ristiques sexuelles, tout nous y renver­rait comme à un destin. J'exagère unpeu, mais je ne suis pas loin de la vérité.

Pourquoi ne t'allègerais-tu pas demoins de certitudes, ne t'accorderais­tu pas le répit d'une expérience sembla­ble ? On dirait que tu crains de décou­vrir que la femme peut nous inspirer desrêves autres que de fusion ou de pos­session, qu'elle n'est pas qu'un fruit àcueillir, si haut que se dresse l'arbredans le ciel.

Vois-tu, cette sœur dont je suis fier,dont l'amitié apaise et ravit, je ne l'ai pasconquise. Nous nous sommes recon­nus, comme deux étrangers se choisis­sent, parce qu'ils s'estiment. Il se trouvesimplement qu'elle est femme, être«remarquable» parmi les êtres.

J'ai été attentif à ce qu'elle avait delimpide et je l'ai aussitôt identifiéecomme une alliée, une complice. Oui,l'amitié est alliance. Une alliance con-

clue par deux êtres animés d'un mêmerespect. Pourquoi ne m'émerveillerais­je pas en toute chasteté de ses dons,de l'écoute qu'elle me prodigue, de sapuissance de joie et de vie ? Ne puis-jepas m'émouvoir de ce qui nous fait sisemblables et si différents sans rêverune possession sans bornes ? Sa libertém'est chère, indispensable. Si je cher­chais à limiter sa passion pour le large,à la retenir, notre relation porterait unautre nom. Hé oui, je l'aime d'une ami­tié très pure, et pourtant je ne sauraissouhaiter qu'elle m'appartienne, car jesais, nous savons, de science secrète,que nos moissons parallèles de liberté,de paysages, de découvertes, sont le selde notre relation, sa source vive. Sanscela, nous serions prisonniers l'un del'autre. Or, l'amitié ne se désaltère. quedes grands vents par haute mer.

Elle m'écoute et me comprend. Ellesourit parce que l'essentiel nous réunitdéjà et que chaque parole n'est que lefilm embué de notre complicitéradieuse. Nous ne sommes pas liésparce que nous serions toujoursd'accord, mais parce que nous aimonsles mêmes principes, les mêmesvaleurs. Ce qui fonde notre échange,c'est la confiance que nous nous som­mes tacitement offert. C'est ce qui nousfait persévérer chacun dans notre être,fortifie, décuple le courage. Et ce quinous attache si librement l'un à l'autre,c'est bien· notre différence, joyeuse, àl'image de la vie.

Elle me guide, me prévient des che­mins boueux, me détourne des sentiers

d'épines... ainsi, elle me rapproche demoi-même, me révèle les milliers depossibles auxquels j'ai droit. Nous nousfâchons quelquefois quand il semble àl'un de nous que le frère élu n'a pas étéà la hauteur des anges qu'il abrite. Mais,en amitié, le chemin est long, la quêtepérilleuse, et l'ami (e) ne doit-il pas«affecter» ses yeux à voir ce qui a pu,comme possibilité ou comme erreur,échapper à ta vigilance ?

Nos instants de conquête parmi lesétrangers nous nous les racontons avecchaleur, fébriles et sereins à l'idée deconforter l'image parfaite que nousavons l'un de l'autre. Nos querelles sontbrèves et quand nous nous heurtons cen'est jamais douloureux, car notre ami­tié ne se nourrit d'aucun calcul,d'aucune obscurité.

Elle est, j'ose le dire, transparence.Tu te demandes pourquoi les bien­

faits d'une telle relation ne seraient pasmis à profit pour asseoir un amour sansnuages, et tu rigoles parce que, au fondde toi, tu te dis que tout cela n'est riend'autre qu'un amour déguisé. Je ne saisquoi te répondre. Ce que je peux dire,c'est que toute relation profonde estpétrie d'amour et que l'amitié n'est nipossessive, ni jalouse, ni amère. Elle estpar nature vertueuse et limpide. Et puis,l'oublierais-tu, l'ambiguité nous épar­gne. Entre elle et moi, elle n'a jamais puse frayer un passage. Amour, dis-tu?Pourquoi le nierais-je? Mais je n'aiaucun doute quant à la manière dont jel'aime.

A.H.

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Le débat est ouvertLe premier numéro de KALIMA afait prendre la plume àbeaucoup d'entre vous.

Notre objectif étant de susciter le débat, nous sommes heureux de constater que nosarticles ont provoqué des réactions multiples. Vous nous avez écrit longuement pourenrichir notre propre analyse ou nous faire part de votre réflexion personnelle sur lesthèmes abordés.

Désormais, chaque fois que vos écrits nous le permettront, nous publierons àtra­vers cette rubrique quelques-uns de vos points de vue.

Le célibat et l'amourologie ont particulièrement retenu votre attention. Sur le pre­mier, voici le témoignage de Naïma qui nous déclare «même en vivant très mal moncélibat, je le préfère à une union qui m'anéantirait».

N. Fassi réagit pour sa part au texte de F. Mernissi sur <<l'amourologie>> en rappe­lant à notre souvenir les histoires d'amour de nos aînés tandis que Nourdine Laâriba,toujours sur ce thème, nous dit «attention, ne brûlons pas les étapes».

Où est la solution ?C'est par une annonce à la radio que

j'ai entendu parler la première fois deKALIMA. De cette pub, j'ai retenu troismots: homme - femme - dialogue... etj'en viens tout de suite à l'objet de malettre qui est l'article sur le célibat.

Tout d'abord, je vous remercie beau­coup d'avoir soulevé ce sujet restétabou jusque là, en parler étant consi­déré comme une incitation à la débau­che. Je suis moi-même célibataire à 28ans et je suis très contente de savoirqu'il y a des gens qui vivent bien et posi­tivement le célibat car ce n'est pas dutout mon cas. Je vais m'expliquer enessayant de vous donner quelques rai­sons de mon malaise.

En premier lieu, comme beaucoup defemmes, j'ai une envie folle d'avoir unenfant et je vis ceci comme une frustra­tion profonde qui me chagrine tous lesjours. Le désir de procréer qui est unphénomène naturel chez la femme faitsouffrir, j'en suis sûre beaucoup de céli­bataires.

Dans votre article, on a souvent parléde la réaction négative des parents. Onles a plus au moins mis sur un bancd'accusation, chose avec laquelle je nesuis pas d'accord. Les parents de céli­bataires souffrent car d'après leursystème de valeurs, nous sommes des

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«tarées.»Il faut les comprendre et non pas les

accuser de ne pas nous comprendre.Beaucoup de célibataire comme moisouffrent de voir souffrir leur propresparents qu'ils aiment. Nos parents ontdéjà assez de problèmes dans leur viequotidienne et on ne fait qu'alourdir leurpeine. On ne peut pas dire que celaenchante les célibataires.

Au niveau de l'entourage profession­nel, l'essentiel a été dit: on est margi­nalisé, mal vu, ... même quand on estbon travailleur. A ceci, je rajouteraiqu'on est mal vu partout, chez l'épicier,chez le médecin, en prenant un taxiseule le soir ... On est harcelé tous lesjours et on ne peut pas dire que cecicontribue à l'épanouissement del'individu.

On a parlé aussi, dans "article, d'insé­curité physique et psychique. Je vaisplus loin pour poser le problème de lastabilité affective. Un célibataire en prin­cipe vit seul, surtout que le concubinagen'est pas monnaie courante chez nous,et la solitude n'est pas appréciée detous. Je n'ai pas besoin de théoriser surl'importance de la stabilité affectivepour l'épanouissement de l'homme etde la femme, je noterai seulementqu'elle est essentielle pour la vie de tousles jours.

Je relève enfin un dernier problèmequi a de l'importance à mes yeux, c'estla situation financière du ou de la céli­bataire qui ne vit plus chez ses parents.Pour ne citer que des exemples: lesloyers dans la ville de Rabat et Casa sonttellement élevés qu'il est toujours pré­férable d'avoir un appartement à deux,l'essence est tellement cher qu'il est pré­férable d'avoir une voiture pour deux ...

Ceci dit, ces raisons sont-elles suffi­santes pour chercher la mariage à tousprix? Bien sûr que non, le mariage telqu'il est institutionalisé au Maroc ne ré­sout aucun problème, il en posed'autres. Et c'est la raison pour laquelleon constate de plus en plus l'augmen­tation du nombre de célibataires auMaroc tel qu'en témoignent vos statis­tiques. Malgré ses inconvénients le céli­bat permet une affirmation de soi et uneliberté légitime.

Alors où la solution?A mon avis, la première des choses

est de réviser l'institution du mariage àtous les niveaux (juridique, social. .. )

Le mariage devrait en principe per­mettre à deux personnes qui s'aimentde vivre ensemble sur des basesd'entente, de communication, de dia­logue et surtout de respect. J'insiste surle respect car j'estime qu'un mari quiimpose des rapports de supérieur à infé­rieur dans son couple ne respecte passa femme; l'inverse est vrai aussi. Lemariage ne devrait pas anéantir la per­sonnalité de l'un ou de l'autre. Les

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Le bonheur ne s'écrit pas,il se vit

époux doivent cohabiter tout en gardantchacun sa position d'être humain à partentière capable de réfléchir, de décider,d'agir, de vivre tout simplement. On merétorquera qu'à ces conditions, la coha­bitation est impossible. Je dirai si, cartoute cohabitation veut dire aussi con­cessions des deux côtés. Malheureuse­ment chez nous, les concessions nesont valables que dans un seul sens.Madame ne doit pas travailler si mon­sieur ne le veut pas, madame doit setaire quand monsieur est en colère,madame doit rester dedans quand mon­sieur est dehors, madame exécutequand monsieur décide, en bref,madame meurt quand monsieur vit.

Je tiens d'abord à vous exprimer laprofonde satisfaction que m'a procurévotre journal qui répond enfin à nosaspirations, exprime et nous permetd'exprimer ce que nous avons long­temps remâché sans pouvoir le commu­niquer à nos concitoyens avides deconnaissances, prêts à se laisser guiderdans les chemins du bonheur.

Devant Madame Mernissi qui aouvert ce dialogue combien passion­nant «Homme - Femme», je voudraisdéfendre ma cité qu'elle a décritecomme aride d'amour.

Pourquoi devrons-nous escaladerl'Atlas pour chercher et trouver unregard tendre? Que faites-vous de tousces romans d'amour qu'a connu labonne vieille cité de Fès, ces romansque personne n'a écrit, car le bonheurne s'écrit pas, il se vit (... 1

Un amour que l'on lit dans les yeuxpétillants de malice d'une vieille tante serémémorant avec délice les ébats éroti­ques qu'elle a vécu avec son maridéfunt, l'honorable un tel. .. dont le bur­nous drapé avec morgue et la démar­che hautaine et pondérée ne laissaientpas deviner une seconde les mille inven­tions amoureuses auxquelles il a soumissa jeune épouse dans le secret de leuralcôve.

Nos parents eux-même, leurs regardscomplices, leur besoin de solitude àdeux, la main impatiente du père qui selève pour éloigner la marmaille encom­brante... leurs chuchotements mati­naux, leurs querelles même, les mots

Les femmes marocaines auxquelles lasociété a offert la chance de l'instruc­tion et l'accès au marché de l'emploin'acceptent plus de vivre ainsi. Leurshorizons se sont diversifiés et ont fran­chi la porte de la cuisine et du foyer.Elles ont évolué alors que les mentali­tés dominantes stagnent. Voilà pour­quoi même en vivant très mal moncélibat, je le préfère à une union quim'anéantirait.

Donc le problème reste posé, où estla solution? KALIMA ne fait qu'amor­cer le débat, c'est à nous lecteurs et lec­trices de l'enrichir. Nous contribueronspeut-être à résoudre un problème denotre société. Naïma • Rabat

voilés qui en disent long sur leur atta­chement l'un à l'autre.

Dans ces moments pathétiques, c'esttoujours vers elle, son épouse, sonamante et sa compagne qu'il se tourne.C'est à elle qu'il lance son dernierregard, son ultime souffle de vie. Sesmains se tendent vers elle comme elless'étaient tendues quand il était mu parun désir physique.

Une certaine pudeur nous a sûrementempêché d'étaler au grand jour nos sen­timents secrets... Mais si l'amour n'étaitpas crié, il était chuchoté, si les étrein­tes n'étaient pas publiques, elles n'enétaient que plus fougueuses.

Sous le regard d'aigle du patriarcheet en dépit de l'animosité de la belle­mère et de la belle-sœur jalouses et malintentionnées, les jeunes couples ontvécu, comme partout ailleurs dans lemonde, leur histoire d'amour.

Interrogez vos grand-mères et vosgrand-tantes. Elles vous apprendrontplus long sur leurs amours secrètes.

Et si vous désirez. avoir un aperçu surces liens qui unissaient dans la discré­tion et la réserve les générationsd'amoureux du début du siècle, lisezquelques poèmes écrits dans l'exil parde jeunes nationalistes qui ont dû aban­donner épouse ou fiancée et qui se per­mettent, vu l'éloignement et le retourimprobable, d'épancher leur cœur. Leurpère lui-même, ou leur frère ou leur cou­sin, lira ces vers où vibrent les feux dela passion à l'amante effondrée.

N. FASSI

Ne brûlons pasles étapes... Je crois que le respect est la pierre

angulaire de la tendresse et de l'amour.Quand je dis respect, cela implique pasmal de valeurs humaines commedignité, égalité et surtout compréhen­sion; une compréhension fondée surl'acceptation de l'autre en tant qu'êtrevivant ayant ses défauts et ses qualités.Comment pouvons-nous être sincèresdans nos sentiments s'ils sont basés surle côté matériel, le côté sexuel et lesintérêts personnels. La femme est sou­vent prise comme un objet sexuel sur­tout quand il y a un flagrant décalaged'âge entre les conjoints (chose qui sepratique encore chez nous avec uneaisance à vous donner la chair depoule).

Ce n'est pas encore demain que nousallons assister à un changement decette situation dramatique de ta femme.Il faudrait pour celà remettre en causeles structures mêmes de la société (... 1

La tendresse n'est pas un bien qu'onpeut acquérir par des moyens pécu­niers. C'est un combat intérieur de lon­gue haleine pour arriver à s'accepter etse comprendre soi-même d'abord avantde se considérer comme un être socia­ble à même d'accepter le partage et derejeter la possessivité.

Il ya un autre défi à relever : celui desparents. Ces derniers estiment que leurprogéniture n'est pas apte à naviguertoute seule. Aussi pratiquent-ils unetelle autorité que les jeunes n'arriventplus à être indépendants et cédent dèslors leur propre territoire à l'administra­tion des «vieux»... Il ne faut pas omet­tre cependant les problèmes duquotidien qui nous suivent à la trace (... )

Les sentiments ont le privilège dedépasser le langage et de faire revivrel'âme la plus meurtrie ... Chercher dansses profondeurs une petite lueur d'unsoleil collectif caché par les nuages bru­meux de tout un passé plein de préju­dices et de contraintes n'est pas chosefacile mais elle est faisable.

D'accord, il faut défier les traditionset se débarrasser des coutumes ances­trales mais avec souplesse. Nous nedevons pas faire basculer toute une his­toire qui malgré tout est nôtre.

L'évolution impose ses droits sur tousles plans. L'essentiel est de ne pas brû­ler les étapes et de surmonter les obs­tacles avec objectivité sans avoirrecours à une révolte qui nous feraregretter les temps brumeux. Je saisqu'entre le marteau du tabou etl'enclûme de la religion, nous n'avonspas beaucoup le choix, mais il reste tou­jours l'espoir de trouver un équilibreentre la pensée et le vécu.

Nourdine Laâriba

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17 heures. Le marathon com­mence : sortie école! Au pas decourse, on cueille sa progéniture aumilieu de la cohue. Conduite en slalomdans l'embouteillage, jusqu'à lamaison.

17 H 20, irruption glapissante desmonstres dans la cuisine. « Qu'est-cequ'il y a comme goûter? » Grimaceparce qu'il n'y a pas de chocolat.«Lavez-vous les mains avant ». Legrognement. Le goûter vous sembles'éterniser. «Allez, dêpéchez-vous,vous avez encore vos devoirs à faire.« Révolte: « On peut bien souffler unpeu, non !», répondent les chérubinsqui croulent sous une avalanche quo­tidienne de devoirs. Mais... mais, il ya toujours l'histoire du copain à racon­ter: « Tu sais maman, Yassin a dit...Soufiane a fait à la maîtresse... »

La mèr,B intempestive: « Oui, plustard ». Elle se bouche les oreilles et nese connait qu'un rôle, celui de l'horlogeparlante. On bat le rappel, on est prêtà ficeler ces mômes à une chaise, à leur

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river les yeux (avec quoi ?) sur leslivres.

Qui d'entre nous n'a jamais vécu ces« délicieux »moments de fébrilité, detension nerveuse: Il faut qu'ils travail­lent, sinon à quelle heure vont-ilsencore aller se coucher? Coup d'œilmaternel sur le cahier de texte. TelWoody Allen, on a deux discours, l'un,intérieur, furieux,«< ce n'est pas vrai,c'est trop tout cela ») ; l'autre, à hautevoix, hypocritement sucré (<<mais cesera vite fait»). Morale: « Plus tôt tut'y mets, plus tôt tu pourras jouer» ou« on a rien sans effort ».

On est de glace devant les jérémia­des. Face à la coalition despotique, àla complicité silencieuse des parents etdes maîtres (<< mais c'est pour ton bien,penses à ton avenir! », etc ...) lesenfants sont leurs propres avocats. Ilsutilisent des arguments qui, par leurdroite logique, nous laissent sansréponse car, au fond, nous les sentonsjustes. «Et vous les grands quandvous revenez du bureau, vous ne fai-

tes rien? Et pourquoi pas nous? Tra­vail à l'école, travail à la maison, c'estnous qui vivons la vie de forçat! Onest des esclaves! Vivement qu'ondevienne adulte pour ne rien faire! »

Ils rouspètent devant la mensongèreévaluation des maîtres qui prétendentque tout sera fait en une demie heure.

Pleine de patience, la mère tente

une méthode: « Corhmences par lesdevoirs écrits, maths:7 exercices;grammaire ': 3 exercices; arabe: voca­lisation ». Les malins veulent rédigerdirectement sur le cahier. La mèrecerbère: « Non, d'abord un brouil­Ion! » Victoire, il cède. En boudant,bien sûr. Mais... il y a le crayon à tail­ler, le stylo à aller chercher sous latable, l'envie de faire pipi. « Assieds­toi !» intime la mère! Et le forçat sou­pire avec lassitude« d'accord ». Ouf!On a enfin « coïncé » l'anguille, qui afinalement achevé ses devoirs écrits(18 H. 30 environ). Mais ce n'est pasfini. «Aux leçons »: commande la

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mère. « Attends! je range mes affai­res ! » Et sous prétexte de ne rienoublier pour le lendemain, les rois dudésordre se transforment en vieuxmaniaques du rangement. Voilà tou­jours cinq minutes de volées! On lescomprend quand on jette un coup d'œilsur les leçons: une fable de La Fon­taine in-extenso, un résumé d'histoire,un de géographie, quatre pages deCoran. «Par quoi veux-tu commen­cer? » demande la mère conciliante.

Allez, on commence par leCoran: deux lignes lues, cachées aus­sitôt par un buvarg. Ouf ! c'est su. Onpasse au reste. Ale, il a oublié troismots de la première ligne. Cahin cahaon poursuit. Surtout pas question devérifier le sens d'un mot, l'idée d'unephrase (<< M'man, laisse! on perd dutemps J je n'ai pas kça ! ») Evertuez­vous à lui montrer qu'il ne faut pasêtre une mécanique du par cœur, unâne sans cervelle, un j'm'en foutiste dusens. « Mais pas la peine, m'man, d'ail­leurs le maître ne nous explique rien,y'a pas à comprendre, y'a à appren­dre » proclame le docile écolier qui a,c'est certain, bien assimilé la « péda­gogie » du magister!

Exténués, ils abordent le derniervirage: géo et histoire. Mais com­ment, à 20 heures, après dix heures detravail consécutif, ne pas cafouillerentre le Rif et le Gharb, entre stalag­mites et stalactites? Heureusement,ces travaux d'hercule de la mémoire

ont du bon, parce qu'après plusIeursannées d'exercices de ce genre, ils peu­vent... réciter toute la liste des impor­tations en tableau A ou une page del'annuaire téléphonique: mêmedébit ... et même vacuité cérébrale.

Victoire! C'est finL .. et ilest 21 heures. Repas,douche, vite, vite. Télé?Vous plaisantez! Dessinanimé? Vous n'y pensezpas! jouets? non! Cinqminutes en famille ? non !

On est quand même durs! «Maislaissez nous vivre », disent-ils, paraph­rasant un célèbre slogan. Vivre c'estrire, perdre son temps, découvrir lavie, s'y préparer.

L'enfant ne serait-il plus qu'un auto­mate scolaire remonté par les parentset les maîtres qui veulent toujours pluspour lui, qui ne pensent qu'à l'aveniret jamais au présent, qui ne croientqu'aux diplômes, qui ne veulent quedes têtes de classe!

Les enfants, ces prolétaires ducrayon et de la gomme n'ont plus ledroit de rêver. On les fait vivre à unrythme d'enfer pour notre propretranquillité (<< s'il n'y avait pas lesdevoirs, ils traîneraient dans la rue, ils

feraient des bêtises et puis... je ne sau­rais pas où ils sont. ») ou, pour satis­faire notre bonne conscience(<< On estde bons parents, on les a mis dans unebonne école. La preuve? Ils donnentbeaucoup de devoirs, c'est dusérieux. ») En fait, c'est comme si onse félicitait d'en avoir pour son argent.

Et cela sept jours sur sept, car pasde repos hebdomadaire. On remet çale mercredi après-midi , le vendrediou le dimanche.

Les uns, les plus démunis, peuvent,s'ils ont du temps libre, jouer au footou s'amuser avec des amis ; les autres,plus « favorisés» entament alors unparcours minutieusement calculé (den­tiste, danse, piano, tennis, etc...)

Et dire que nous sommes tous con­vaincus de la suppression de l'escla­vage, nous les négriers d'une fouled'âmes à qui on interdit de profiter del'instant, et de jouir de ne rien faire ...

Alors pour ou contre les devoirs? Ya-t-il une réponse? Un contrôle desacquis certes, mais que la vie ne soitpeut-être pas circonscrite à l'école.

La vie c'est aussi tout ce qu'il y ahors de l'école.

Une promenade en campagne, unbon livre, un disque agréable,' destableaux à admirer.

Les amis qu'on côtoie, des parentsréceptifs et compréhensifs.

M. France Jamal ALAOUI

Le biscuit qui craqueet qui croque

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LA FORCE ECONOMIQUEDE LA PUBLICITE

LES FONCTIONS DE LA PUBLICITE

La publicité permet de présenter à un largepublic une grande variété de produits ouservices en concurrence les uns avec lesautres sur le marché, ce qui permet à chacunun meilleur choix en fonction de son budget, deses besoins objectifs ou de ses goûtssubjectifs.En effet, la publicité peut lancer un produitnouveau, rappeler l'existence d'un produit déjàexistant ou moderniser son image propre,chercher à attirer de nouveaux utilisateurs,susciter une fidélité d'achat à l'égard d'unemarque, améliorer l'image globale d'unefirme...Ainsi, en créant un lien permanent sur lemarché entre les fabricants, les distributeurs etla clientèle potentielle, la publicité contribue àla rentabilité des entreprises.

LA PUBLICITE, UN BONINVESTISSEMENTUn industriel ne fabrique pas pour augmentersa production et remplir ses dépôts: il fabriquepour que ses produits ou services soientachetés, utilisés et appréciés. Il fabrique pourvendre.La publicité est le moyen de masse pour vendre.Elle represente le stimulant essentiel del'efficacité commerciale d'un pays; contribue àla croissance et s'avère, en cela indispensableà la stabilité et au progrès de l'économie.La publicité contribue aussi à la créationd'emplois: en stimulant la demande, laproduction augmente et favorise l'emploi.

COMMENT S'ELABORE UNEBONNE CAMPAGNE DE PUBLICITE

Une agence de Publicité emploie desspécialistes qui créent les campagnes dePublicité de leurs clients, les Annonceurs.Les "produits finis" d'une Agence peuventinclure des films de télévision, des messages àla radio, des annonces dans les journaux et lesrevues, des affiches, du matériel publicitairesur le lieu de vente etc...Dans la grande majorité des cas, un fabricantutilise une agence parce qu'une bonne agencepeut créer une publicité vivante et efficace.Et il ya d'autres raisons.D'abord, une Agence acquiert une largeexpérience dans tous les secteurs qui utilisentla publicité, ce qui est un bon complément de laconnaissance profonde et spécialisée qu'a leclient de ses propres marchés.Ensuite, l'Agence de publicité a conscience dece que le consommateur veut vraiment et de lanécessité de trouver l'équilibre entre ce que leproducteur peut offrir pour satisfaire le mieL.xpossible le consommateur.

CE QUE LA PUBLICITE PEUT FAIREIl Ya plusieurs'choses que la publicité peutobtenir, et même très efficacement:

• La publicité développe un lien direct entrele producteur et le consommateur

Souvent, ce lien a plus de valeur pour uneentreprise que ses outils de production. Si unemachine est endommagée, elle peut être

réparée. Si la réputation publique d'uneentreprise est détruite, ses affaires ne seredresseront peut-être jamais.

• La publicité représente un élémentessenteil de la concurrence

Elle incite les producteurs à entrer encompétition par l'amélioration du produit et parl'innovation, en offrant de meilleurs produits àde meilleurs prix.

• La publicité contribue puissamment àl'abaissement des prix à la consommation

En favorisant la fabrication en grande série,par une accélération de la demande, ellediminue, par la même, les prix de revient.

En stimulant la concurrence entre lesfabricants et les distributeurs qui ont intérêtpour rester compétitifs à offrir le meilleurrapport qualité/prix aux consommateurs.

CE QUE LA PUBLICITE NE PEUTPAS FAIRELa publicité ne peut pas amener lesconsommateurs à acheter un produit ou unservice qui ne représente aucune valeur poureux. Même s'ils achètent un jour, ils nerenouvellent pas cet achat. Plus l'entrepriseinvestit dans la publicité d'un produit ou d'unservice sans valeur pour le consommateur,plus grande est sa perte financière parce quec'est le consommateur qui décide.

ASSOCIATION DES AGENCES CONSEIL EN PUBLICITE DU MAROC

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LETTRE OUVERTE• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••• ••

,•Secouons-nous les puces

Q...........................• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

ue font les jeunes maro- ture, pourquoi ne multiplie-t-cains de leur temps libre ? on pas les expos, les débats

Je ne surprendrai personne (culturels ou autres), sur desen disant« pas grand chose », sujets nous touchant particu-car il leur manque les possibi- lièrement. On pourrait imagi-lités d'entreprendre, tout pour ner aussi de vastes discussionsainsi dire. L'infrastructure cul- autour des problèmes scolairesturelle est vraiment pauvre. et extra-scolaires.Mais ce n'est pas une raison Qui se soucie d'améliorer lespour se croiser les bras. salles de cinéma? Il est devenu

Il faut essayer de réagir, de impossible de dénicher uneremédier à cette situation. salle où les copies soient bon-Mais qui peut le faire ? nes, le son distinct et les fau-

Croyez-vous vraiment que teuil confortables. D'autrece problème est insurmonta- part, je ne comprends pasble ? Je pense, pour ma part, pourquoi les bons films quiqu'il ne faut pas se décourager sortent en Europe ne sont visi-et que l'essentiel, pour prendre bles ici qu'après de longs mois.

. le mal à la racine, est la moti- Ne parlons pas du goût dou-vation, l'enthousiasme. Les teux des distributeurs qui nousjeunes devraient exposer avec servent à longueur d'année desclarté leurs besoins et les adul- films de Karaté débiles et destes, de leur côté, devraientleur policiers de 3° catégorie. Lesdonner un sérieux coup de discothèques sont à des prixmain. On pourrait proposer exhorbitants et les bibliothè-aux jeunes toutes sortes de ques mal entretenues. Vousconcours dans les domaines les êtes tout de suite déprimé en yplus divers. Ayant vécu une entrant (murs et couloirs sales,partie de ma jeunesse en Alle- salles en piteux état, etc.)magne Fédérale, j'ai eu la Mais pour tout ça, il fautchance de vivre ce type d'expé- be;;lucoup d'argent. Et où lerience. Je me rappelle par trouver cet argent? Et si onexemple, que l'on nous propo- l'avait cet argent, vous croyezsait des concours gastronomi- que ce serait la fin de tous nosques. Un menu était établi, problèmes? Ne nous leurronsdont chacun de nous devait pas: nous avons aussi besoinexécuter une partie (un plat) et, d'idées ... et d'enthousiasme.la préparation finie, on se met- L'argent, en fait, vient après.tait tous autour de la table... A vec des idées et de l'argent,c'est une idée comme une autre on peut faire des merveilles!mais elle a le mérite de réunir A tous et à toutes, je proposedes jeunes autour d'un même un sérieux effort. Pour vaincrebut, si dérisoire soit-il. l'ennui, pour nous donner ces

Pourquoi n'organise-t-on moyens qui nous manquent».pas des « concours» de pein- Tarik 18 ans

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Cavalier poète, grand mystique, «hommede génie que l'histoire doit placer à côté deJugurtha» (Bugeaud), pôle de la résistance auxfrançais, l'Emir Abdelkader (1808-1883) sesingularisa aussi, on le sait moins, par laliberté avec laquelle il parlait de ses amourset de ses chagrins. Au-delà de sa réputationlumineuse, de sainteté et de courage, l'Emirest considéré comme l'un des rares chantresalgériens de la femme.

Dans son esprit, celle-ci est avant tout une«grâce» qu'il appartient à l'homme de«mériter» ...

C'est à «la mère des enfants» qu'estadressé ce poème. On est loin donc del'amante traditionnelle ...

, , Je souffre l'amour. Son cœur à la pitié est inaccessible.Je lui témoigne de grands égards, elles est impassible.J'aspire à son bonheur, elle fait mon malheur en se détachant, et s'éloigne de moi.Je la supplie à en pleurer, elle rit aux éclats.Je souffre en nuits blanches, elle sombre en paisible sommeil.Je me plains d'en être séparé, indifférente, elle ne m'écoute même pas.Je voudrais déposer un baiser sur ses lèvres, elle me repousse et je me retourne assoiffé.Je lui pardonne toutes ses cruautés, elle me fait à tout instant le décompte de mes moin­dres fautes.Je me soumets aveuglément, elle se dresse de tout son orgueil et m'abandonne.Elle triomphe de gloire, je ne cesse de m'humilier.Mais il n'y a pas de honte à se soumettre à sa bien-aimée car le chemin de l'amourest fait d'humilité.L'amour partagé est incomparable et l'on n'y peut goûter sans humilité.Mais qui peut me rendre tout ce que j'ai donné ?Mon cœur est comme une vaste prairie où elle peut paître librement.Dieu ! les lions craignent ma force et une simple gazelle se joue de moiMais quoi ! Sa beauté a maîtrisé mon cœur !La beauté a un pouvoir tel qu'elle soumet les grands seigneurs.Ami, si tu m'annonçais un jour les amants réunis.Tu pourrais t'emparer de tout, de ma personne et de toutes mes richesses.Si les hommes recherchent la fortune, moi je rêve de ma cousine, mon unique trésor."

Jean Portaels - "Portrait d'une jeune Nord-Africaine' - Tanger 1874 MUSEE: COMMUNAL DESBEAUX ARTS, CHARLEROI. Emir Abdelkader

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Entret.ien avec

Abdelkebir KhatibiUn sage dans la cité

Prt.'/JO.' f(Tlliilli, P:lf A dil 11,1.1.11

Il n 'cst pas dc <'CIIX do Ilt h' verhe, volagc, précède la pcnsée, 011, impétllcllx, lanéglige. Jouissance du temps nécessaire à se bien dire... Ses te.ltes sont de la plumed'un maître de lecture, un chasseur de textes par le monde. En uu mot, d'un «fou»de littérature universelle. Nouée au corps, la langue révèle, réveille l'amour de rêtre,de la vie. On ne peut bien comprendre Khatibi si l'on omet que sur l'homme et leschoses il balade un regard déchiffreur. Ecrivain mais aussi ethnologue, sémiologue,sociologue. dramaturge, poète, Khatibi ne déserte aucun territoire. Octobre prochainparaîtront sous sa signature lin recueil de poèmes et un essai autour de la représenta­tion de l'étranger dans la littérature française, intitulé «Figures de l'Etranger». A côtéde ses nombreuses contributions au débat intellectuel au Maroc (articles, préfaces, con­férences) et de la direction du d~;à pre,~tigieuxBulletin économique et sodal, Kha1ibia trouvé le temps de nous glisser, pour 1987, une nouvelle «nuit», dérobée all.Y songesde la belle Shéhérazade : la réedition de la «1003° nuit» s'a('compagnera, en effet, d'unautre récit. tout aussi inventé. Khatibi s'est entendu avec J'éditeur Fata Alorgana pouroffrir aux Califes peu menaçants que nous sommes, à chaque lune que Dieu fera, unenouvelle «lllIit».

Face à la mer, une maÎ."wn tranqui/le. Portes ouvertes, pour que la vie puisse yentrer à tout moment: le chat, les amis, les visiteurs.

Autour, le ressac, J'Atlantique, des frémissements éoliens.C'est dans ce «repaire» que Khatibi rentre savourer le divers du vaste monde. Un

temps pour le tumulte, un temps pour le silence... et la musique. C'est un voyageur!Son bureau est des plus propices à la parole ailée: il domine les rochers.Khatibi est courtois, attentif. 1J croit ~ certaines vertus, comme le travail, la patience,

J'hospitalité. C'est d'une oreille très fine qu'il hume le sens de ce qu'on lui dit, le subo­dore, et y répond... sans empressement, guettant toujours la venue au monde d'unejuste parole. Ecoutez-le!

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«Les hommes, partout où ils passent, veulent faire du bruit, signer, laisserune trace, 1... )>> . J.M.G Le Clézio.

. ,

,~.

L'enfance: «Pour gagnerl'amour des autres il fallaitjouer... avec talent».

Ce qui me vient à l'esprit par associa­tion, quand je me représente l'enfantqui n'est pas mort en moi? J'ai l'imaged'un gosse assez timide, replié sur lui­même, mais sociable. Plus on avancedans l'âge, plus la trace de l'enfance setransforme. Disons que je voisquelqu'un qui a tout fait pour conqué­rir son ... espace vital. L'enfant compritque pour gagner l'amour des autres, ilfallait jouer avec talent. Quand je penseà mon enfance, je me vois très cons­cient de ce jeu et de ce que j'appelle lavie comme «position artistique». Jedonne un exemple: les êtres ne meséduisent que s'il ya dialogue, plaisir dela séduction, autour des formes, desrites, des désirs (d'amitié, d'amour et detravail). Ce jeu de séduction qu'impliquela relation sociale est de l'ordre de l'indi­rect. Je m'explique: habiter en médinan'est pas la même chose qu'habiter àNew-York, ou plutôt Paris. Ce qu'onappelle le labyrinthe, le zig-zag des rues,le détour, fait partie de l'espace affectifde l'enfant. L'espace du labyrintheenseigne à l'enfant comment détournerles obstacles, les contourner, comment«feinter», comment maîtriser l'art et latactique de la rue. Il y avait dans lamédina une certaine violence (bagarresavec des cailloux... auxquelles j'ai

assisté et parfois participé). L'espace dela médina apprend à l'enfant à déplacersocialement son corps, sa force. Laséduction, c'est l'histoire de chacun.C'est un jeu avec la loi, avec le «parte­naire» et, aussi bien, un élément struc­turai de la personnalité.

Je suis né le jour de l'Aïd El Kébir,jour symboliquement très fort, qui estau fondement de la loi abrahamique,puisqu'il s'agit de l'impératif de Allahdisant à Abraham de sacrifier son fils.En tant que point inscrit dans une his­toire déterminée, je suis généalogique­ment lié à une nomination de fait, de loi.J'ai plus ou moins travaillé la significa­tion symbolique de mon nom.

Le plus intéressant, en fait, c'est l'his­toire de mon nom de famille: Khatibia été choisi par nous bien après la mortde mon père, quand fut institué l'état­civil, dans les années 50. Auparavant,on nous appelait Belfassi, parce quemon grand-père était de Fès. Ma grand­mère, elle, était Doukkalie. Pour moi,c'est un peu un mariage mixte. Quelque'chose d'assez rare et de décisif dansmon histoire ... Je suis donc cosmopo­lite (1) par effet de naissance. En tantqu'écrivain, il me fallait refonder cenom. Telle est l'opération dans laquellej'étais engagé. Comme j'écris surtout enfrançais, Khatibi se lit «Katibi» et çadonne «Kataba»...

La théologie peut être une«bonne» affaire

Mon grand-père était un artiste(mgalem-guebbassl. Il eut quelquesdémélés avec sa famille et dut quitterFès. Il décida donc de partir pour LaMecque. Il prit le bateau. Mais le bateaudevait échouer sur une côte libyenne.Il y avait parmi les pélerins un grandnotable de Salé. Il avait emmené, pourse divertir, un petit orchestre de musi­que andalouse. Ils périrent presquetous. Mon grand-père survécut audésastre, rejoignit La Mecque, retournaà Fès, ne s'y plus pas, se rendit ensuiteaux Doukkala et y demeura. Là, aprèsquelque temps, le Caïd, content de sontravail de mosaïste, lui dit cérémonieu­sement: «Tu as bien travaillé cheznous, si tu y consens, nous te donne­rons une fille de la région». Grâce à cegrand-père, je suis aujourd'hui libre detout préjugé régionaliste. Ce grand­père, qui n'a laissé comme traces quedes mosaïques, fut appelé El Fassi, eton nomma mon père Belfassi. MaisKhatibi, c'est une identité d'état-civil:tel est le récit de ce double nom, com­mun à toute une génération. Mon père,à la fin de sa vie, faisait des affaires. Audébut, il était théologien. Dans lesannées 20, je crois, il s'installa à El­Jadida où il se mit à vendre du blé engros, du bois importé de l'Atlas et des­tiné à la construction. Il s'occupait aussid'élevage. La théologie peut être une

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KHATIBI

«bonne affaire... La mort l'emporta aumoment où il devenait riche. Il ne fautpas oublier qu'il dirigeait en mêmetemps la zaouia de Derkawa de sonquartier.

. J'étais le plus jeune garçon de lafamille. En quatrième position. Maiscelui qui me précédait est mort quandje devais avoir un an et demi. J'ai dûressentir sa présence quelque part. Uneautre sœur est morte très jeune, defaçon assez mystérieuse pour moi (demaladie nerveuse, je crois). En fait, jesuis l'autre aîné de la fmille, à côté del'aîné réel. C'est l'histoire interminabledes frères qui changent de position enfonction du rapport de force, rapportsymbolique aussi. Dans toute famille,marocaine ou non, il yen a toujours unqui, parce qu'il est le plus fragile, paieplus cher que les autres. Dans mafamille, j'ai un frère qui a «payé» et quine travaille plus depuis vingt ans. Disonsque la structure d'une famille comporteinvariablement une possibilité de dérè­glement, d'anomie. C'est toujours leplus sensible, le plus faible, qui récoltel'ensemble des crises comme s'il endos­sait ces défauts. Cet élément fragile,vulnérable, rachète, dans un sens, lafamille, mais aussi illa met à l'épreuve,lui révèle ses contradictions, met ses cri­ses à nu.

Mon premier ~ngouement futJibrane Khalil Jibrane

Mon enfance fut assez studieuse.Quand j'avais la possibilité d'acheter deslivres, fait extrêmement rare après la'mort de mon père, je ne m'en privaispas. Il m'arrivait d'aller chez l'épicier ducoin pour ramaser des journaux-photos,un peu du style de «Nous-Deux», quireconstituaient des match de footballpar l'image. La lecture proprement diteest venue plus tard, à l'internat du col­lège Sidi-Mohammed de Marrakech.Mon premier engouement (je le racontedans ... «La Mémoire tatouée») futJibrane Khalil Jibrane. Vers l'âge dedouze ans, je m'essayais à des poèmesen arabe qui le pastichaient. Jibraneétait bilingue. Sa sensibilité m'a tout desuite touché. Ensuite, les romantiquesfrançais. A cette époque, au collège,Baudelaire fut essentiel pour moi. Jelisais énormément, des romans, de tout.Les livres ça s'achetait au kilo, à Mar­rakech (au marché aux puces). Les tex-

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tes fondateurs? Le Coran, d'abord,bien avant Jibrane, sous formed'apprentissage à l'école coranique (queje refusais d'ailleurs, profitant dumoment de la prosternation au cours dela prière collective pourfiler), puis Bau­delaire. Les romantiques, dans ma for­mation, sont situés en positionintermédiaire entre Jibrane et Bau­delaire.

Lamartine, je l'ai lu pratiquement enentier. A douze-treize ans, j'ai publié unpoème en français dans la page cultu­relle de «Maroc-Presse». J'aimerais bienretrouver ces textes ou que quelqu'un,un jour, me fasse la surprise de les déni­cher pour moi.

Je rêvais d'une ascension defootballeur

L'année dernière, j'ai relu Baudelaire,un soir (<<Les Fleurs du mal»). J'ai ététrès surpris parce qu'il y avait un abîmeentre le souvenir et l'effet procuré parma nouvelle lecture. Pourquoi? A monavis, c'était à tel point interiorisé quedes strophes entières défilaient dans mamémoire au moment où j'en lisais lespremiers vers. Les chants intérieursétaient déjà dessinés, ils ne pouvaientplus être fertilisés. Mallarmé, en revan­che, continue encore de me «faire tra­vaillen>.

Comme tous les jeunes de mon age,je rêvais d'une ascension de footballeur,de devenir un grand joueur. Plus tard,vers l'âge de dix-sept ans, j'ai fondéavec d'autres l'équipe de football d'El-

Jadida. Je me voyais devenir acteur etbien d'autres rêves encore, de ce type,passaient... J'ai songé tout à la fois aucinéma, aux sports, à la danse, à lamusique. C'est vers dix-neuf ans que jeme suis mis à entretenir un dialogueassez profond avec les textes de Mal­larmé, la grande poésie française, engénéral.

Je suis resté lecteur vingt ansSi j'exclus l'intermède que fut l'écri­

ture de ma thèse et les quelques «brouil­lons» de poésie que j'ai pu composer.J'investissais dans l'enseignement, larecherche, dans le syndicalisme, lesocial, la politique, les conférences, ladirection de l'Institut de Sociologie, lescolloques et les échanges interna­tionaux.

Le moment, pour moi historique, oùj'ai repris l'écriture de manière systéma­tique, se situe dans les années soixante­dix. Au sortir d'une époque riche eninvestissements, ressentant un besoinimpérieux de repli, j'avais envie de tra­vailler à partir de mon ... disons... désir,et c'est à ce moment précis que jedevais me dégager de l'Institut.

Cette décision s'imposa à moi à lasuite d'une crise (affective) à laquelle semêlait une volonté de distance par rap­port au social.

L'écriture d'un roman ou d'un textede recherche, ça peut prendre desannées! Quand on écrit, il faut inclure,se ménager le temps de la méditation,celui de la lecture, des voyages et des

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KHATIBI

rencontres. Car ce que l'on dit, ous'efforce de dire, doit être véritablementenraciné dans la vie. Il l'est de toutes lesfaçons. Quand on s'installe dans cettelongue expérience qui s'appelle l'écri­ture (qui est douée d'un rythme propre),quand on est engagé dans ce travail ­le temps ne se compte plus, on peut tra­vailler continuellement -, arrive unmoment ou se rompt l'équilibre avec lesautres, dans sa vie privée, autour de soi,dans le quotidien.

La langue vous aime afin quevous puissiez aimer les autres

Cette détermination, qui fut à unmoment la mienne, de couper certainsponts, de m'engager totalement dansun travail mû par un désir profond, estune forme de ressourcement, c'est cer­tain. Mais, dans quoi? Où ? C'est celala question. On n'est qu'une série detraces, au fond. Si la langue vous aimesuffisamment, vous ne deviendrez nidébile, ni fou, ni même bavard. La forcede vie que donne l'amour est, de toutefaçon, immense. La langue vous aimeafin que vous puissiez aimer les autres.C'est ce que j'ai dit dans «Amour bilin­gue». Chacun de nous est aimé très dif­féremment par la langue ou les langues.

Ce que je peux affirmer avec letemps, l'aide du temps accumulé, c'estque, quelle que soit la manière dontévolue la vie privée, l'histoire, quelle quesoit même notre place comme pointdans cette évolution, fût-elle désas­treuse, apocalyptique, la tâche fonda­mentale, l'attache, pourrait-on dire, decelui qui écrit, c'est de suivre cela à latrace, de le traduire en mots dans lalangue.

Le discours sur la crise estexagerément bavard

L'écrivain est un traducteur. On écritpar manque de quelque chose et pourl'affirmation de nouvelles valeurs. Mais,pour mener à bien ce travail, il faut dis­poser de beaucoup de forces. Pour pou­voir, par exemple, décrire la crise, il estnécessaire d'avoir soi-même compris ce

que c'est qu'une crise. De l'avoir com­prise de l'intérieur. Je trouve le discoursqui prévaut aujourd'hui sur la crise auMaroc exagérément bavard. Il n'analyseguère, il ne transforme point et ne voitpas ce que révèle une crise. J'ai appris,petit à petit, que l'écrivain devait tra­duire, transcrire cela même qui sepasse; il y faut une force considérable,beaucoup de patience, de ruse, de donde soi ... et des autres. Et quand, parmalheur, on se trouve dans un état defaiblesse, il faut parvenir à écrire cettefaiblesse, la dire coûte que coûte, endégager un supplément de force.Comme tout travail sérieusement fait,finalement, dans un certain plaisir. C'estune quête initiatique.

Les femmes ont depuis long­temps «travaillé» pour leurpropre compte.

On n'a pas bien analysé comment lesrapports homme-femme fonctionnentau niveau de la réalité et à celui de l'ima­;linaire. C'est ce qui fait que l'on ne peutpas dire précisément quels sont les«lieux» où la femme existe et arrive àêtre et les «lieux» fermés, forclos. Maison peut partir de ce que l'on sait. Dansle système tribal, théocratique, patriar­cal, le partage, entre les champs dévo­lus à l'homme, à la femme, à l'enfant,est assez strict. Les femmes sont prisesdans un système d'échange qui lesexclut de l'économique et du politique;«on» a décidé que ce qui les concernaitc'était la sphère domestique et familiale.Par ce biais seulement, elle participentau système d'échange. Ainsi, tribus,familles, clientèles échangent les fem­mes. Cela, on le sait depuis longtemps.

Je suis persuadé que les femmes ontdepuis longtemps «travaillé» aussi pourleur propre compte.

Même dans le champ restreint quileur a été imparti par la société, elles ontpu développer autre chose qui échap­pait..., un imaginaire (dans ce que l'onappelle la culture populaire), des rituels,une manière singulière de ritualiser lesactes: l'art culinaire est un art au mêmetitre que les autres arts. Il a rapport au

corps... et, par le plaisir gustatif, faitrêver à un ailleurs, à autre chose. Ritua­lisation aussi, la sexualité: comment«lier» et «délier» un homme ( et cela vabien au delà des magies blanche etnoire) ?

Pour que la participation de la femmeà la vie de la cité devienne réelle, trèslarge, il faudra beaucoup de temps. EnFrance il a fallu plusieurs siècles et pasmoins de deux guerres pour que lafemme se mette à participer effective­ment à la vie économique. Il est permisde douter que le Maroc puisse du jourau lendemain élargir totalement lechamp économique. Certes, des chan­gements de structure ont été opérés. Lascolarisation, par exemple, a joué ungrand rôle. La vie de la femme tradition­nelle était beaucoup plus centrée surl'espace interfamilial, très prenant,dévorant: famille, interfamille, systèmede clientèle. Un rôle discret peut-être,mais essentiel pour la structure de base.On ne peut pas dire que la femme maro­caine est un objet ... invisible sinon onne comprendrait pas pourquoi la femmeest si vivante dans ce pays. Malgré ladomination masculine.

Comment libérer l'énergie del'homme et de la femme

Une question: Comment libérerl'énergie de l'homme et de la femmedans des lieux où celle-ci se déploieraità l'abri des refoulés? Cela prendra dutemps d'occuper ces lieux.le champ del'autonomie doit être élargi, car c'estvital (autonomie professionnelle, écono­mique etc.).

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liquider «comme ça». Ça travaille tou­jours. Le féminin œuvre dans le texte,ou comme manque, ou comme objet depeur (<<Harrouda» (3), Aïsha Quan­disha... mais ce thème est actif cheztous les hommes). La peur de la femmec'est d'être abandonnée, celle del'homme de ne pas séduire. Ces deuxpeurs font parfois «tilt».

Ecrire, est-ce une nécessité,un choix, un plaisir? Tout celaà la fois?

Dans l'écriture, la parole féminineadvient quand elle est écoutée, prise encharge par les hommes. Le texte de Sol­Iers sur les femmes n'écoute pas lesfemmes et les transforme en objets, ins­truments, en un monde à part.

Tous les grands écrivains, Stendhal,Proust, Racine, etc. ont fait vivre, ontintériorisé la parole féminine. Ce n'estpas quelque chose qui fonctionne toutseul. Pour que les deux principes fonc­tionnent, le masculin et le féminin, ilfaut que les paroles arrivent à dialoguer.C'est cela le troisième terme, quin'appartient plus ni au masculin ni auféminin et qui sculpte la grande litté­rature.

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Ce n'est pas une symbiose, ni uneharmonie. Il peut y avoir séduction,guerre, mais alors la violence est dite;elle ne traîne plus comme élémentsauvage.

On est choisi par un désir et quandon trouve la forme de ce désir et qu'oncomprend que c'est celui-là et pas unautre, c'est le bonheur. Je peux dire quede ce côté là je ne me suis pas trompédepuis l'âge de douze-treize ans. Après,un travail important s'impose... quitransforme celui qui écrit, y comprisdans son quotidien. A côté du travail,il ya du plaisir, de la volonté, et mêmede la volonté de puissance, beaucoup

La femme absente de la lUté- d'attention, de la dépression aussi.rature maghrébine C'est l'espace d'un état affectif et c'est

La femme, ce n'est pdS un thème. pourquoi je voudrais n'écrire toujoursC'est un principe qu'on ne peut pas que ce qui est enraciné dans la vie.

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KHATIBI

Le dialogisme: la logiquedouble de la femme

Le féminin dans la littératureDès qu'on parle du féminin, les gens

pensent qu'il s'agit des femmes en tantque telles. Le principe féminin, au con­traire, c'est ce qui est commun àl'homme et à la femme. C'est un peu,pour faire court, une composante uni­verselle.

Mais cela concerne au plus haut pointles hommes. C'est une question sensi­bleet cruciale pour l'un et l'autre. Danstoute société théocratique, l'individu entant que tel n'est pas reconnu ou alorsil est marginal. 1/ est marginalisé. Mêmeun homme, célibataire, qui n'entretientpas de rapports «forts» avec sa famil/e,qui veut entreprendre un travail quiengage essentiel/ement son individua­lité, sera mal vu, mal accepté ...

A plus forte raison une femme céli­bataire qui veut mener sa vie commeelle l'entend, qui, tout simplement, sou­haite vivre en accord avec sa propreconception des choses. C'est le regardde la loi qui empêche l'autonomie de seconstituer. C'est un problème qui n'estpas spécifique aux femmes. Ce qui, àmon sens, fait défaut, au Maroc, c'estl'existence de partenaires.

Aujourd'hui, la femme, à l'instar d'ail­leurs de toute la société marocaine, esttraversée par ce que Bakhtine (2) aappelé le dialogisme. Sa pensée, sonimaginaire sont traversés par une logi­que double. Cel/e, d'une part, qui sefonde sur le modèle maternel, et la logi­que, disons moderne, d'autre part, quise déploie à travers le cinéma européen,les magazines, qui s'éprouve au traversde ce que la femme a pu vivre ici ou ail­leurs... Or, ces deux logiques coexis­tent, vivent en voisinage, fonctionnenten même temps, s'enchevêtrent ets'embrouillent parfois. La femmes'efforce donc de gérer du mieux qu'ellepeut cette double logique. Mais la priseen compte du regard social l'obligera àruser avec cette double logique, àinventer une troisième forme d'attitude.Laquelle?

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a, bien sÜr. Avec elle j'apprends uneforme d'écriture fragmentaire - ce sontdes impressions, des petits évènementsqui se passent dans la cour d'un palais,dans la vie, les saisons, le temps duquotidien - et cette écriture de notationsme fait rêver et m'apprend à penserl'écriture autrement. En mê'Tle temps jela rêve comme courtisane, calligraphe,poétesse, et elle-même comme uneœuvre d'art. Pour un homme qui écrit,l'imaginaire et le rêve transitent par desfixations de beauté, et on aimerait quela femme soit elle-même une œuvred'art. Et dans ce cas-là c'est une œuvred/art qui écrit elle-même une œuvred'art. C'est de la grande séduction. J'aidit un jour à mes étudiants que j'étaisle fils naturel de Shéhérazade. J'aiessayé de dire par là qu/il y avait, au­delà de l'alternative violente «Raconteune histoire ou je te tue», un jeu deséduction qui, lui, a toujours accueilli labeauté du geste, le rite de l'amour et del'amitié.

Chaque fois qu'une femme crée sonpropre mythe, ou est créee en tant quemythe, cela me fait rêver. D'ailleursmon rêver c'est de fonder moi-même lemythe d'une femme. Il faut me suivredans mes récits ... Il y a là le mythe del/androgyne (dans «le livre du sang») etle mythe de la femme bilingue, «à dou­ble langue» en quelqu.e sorte.

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Quelles sont les femmesmythiques ou extraordinairesqui t'ont marqué?

Quand j'étais au lycée à Marrakech,j'ai écrit un long poème où je croyaisavoir inventé un nom, Aymara. AuVénézuela, j'ai découvert que c'étaitune déesse indienne. Je n'ai encore rienclarifié à ce propos, Est-ce une réminis­cence? Est-ce un rêve? Cela metrouble.

Je pense aussi à Lou Salomé (4), quim'a beaucoup fasciné ...

May Ziyadé, la correspondante deJibrane. C'était une femme mythiquedans le regard de Jibrane. C'est de lalittérature... mais pour moi cela veutdire que crest très sérieux. Ensuite, lajaponaise Sei Shônagon (5). C/estd'autant plus mythique que c'est loin­tain. C'est une courtisane qui m'inté­resse par la finesse de son écriture. Ondit que les femmes n/écrivent pas, nesont pas des écrivains, alors qu'il y en

de pouvoir. Par le langage, nous pou­vons aller très loin dans la connaissancede l'homme. Mon domaine ne relèvepas d'une discipline académique, carcela n'opère plus pour moi depuis long­temps; ma spécialité, c'est d'explorerdes lieux de langage, et je ne veux don­ner aucun nom à cette exploration.

On te reproche quelquefoisd'être illisible. Que réponds-tuà cela ? La simplicité est-elleun mythe pour gens pressés ?

Je considère mes livres comme desjalons, de simples textes; je n/oseraisparler d/œuvre. Je défends des forcesde vie en leur donnant des formes artis­tiques. J'essaie de servir ces énergiesen les moulant dans une forme esthéti­que. Crest cela qui m'intéresse et çalibère beaucoup d'énergie...

Dans ton œuvre, que défends­tu le plus, des hommes ou desidées?

Philosophe, ethnologue,essayiste, écrivain, tu es toutcela à la fois. Comment tedéfinis-tu ?

Ma spécialité, c'est le langage, et lelangage c'est la grande question del'homme. Ma spécialité c'est d/explorerdes lieux de langage qui me révèlent soitdes questions, soit des structures, passimplement de pensée, mais de société,

Barthes me confiait, commentant cereproche qui lui était fréquemmentadressé: «Quand quelqu/un me dit«soyez clair», en fait ce qu/il veut direc'est «soyez comme moi».

KHATIBI

Celui qui se plaint de la difficulté d'untexte avoue indirectement que c'est larelation entre lui et ce texte qu'est diffi­cile. Il faut que le lecteur se mette enjeu. S'il ne voit pas ce qui est difficiledans cette relation, il n'avancera jamais,ce lecteur, par rapport à tous les textesdits difficiles. C'est seulement aprèsavoir clarifié la nature de cette difficultéqu/il pourra dialoguer avec l'auteur dutexte. La difficulté, donc, réside dans larelation, pas seulement dans le livre.Mes livres sont tout à fait limpides pourde nombreux lecteurs. Ce reprochen'engage pas tous les lecteurs. D/autrepart, je m/élève contre toute littératurede reproduction ou de consommation.Toute lecture doit permettre une relec­ture. J/écris pour les vrais lecteurs, ceuxqui aiment l'écriture en tant que telle etgardent au langage un lieu très préciset très fort dans leur imaginaire.

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Gustav Klimt: La vierge, 1913. Narodni Galerie, Prague

KHATIBIQuels sont les penseurs quiont accompagné ta formationintellectuelle, ceux à qui tuvoues une reconnaissancesilencieuse ou... «secrèten ?

Les penseurs qui m'ont sérieusementfait bouger? - je ne parle pas des écri­vains ou des poètes qui ont été essen­tiels depuis toujours. A un certainmoment, Sartre (pour toute une géné­ration, d'ailleurs) a été très important.Ensuite Marx et Levi Strauss.

Toute une partie de ma formation estmarxiste. Vient ensuite Nietzsche qui aété décisif, dont je connaissais évidem­ment Zara (6), mais surtout en tantque pensée puisqu'il a mené uneanalyse critique fondamentale de l'Occi-

dent en tant que tel. Et comme nousentretenons avec celui-ci des rapportsfaits à la fois de fascination et de con­flit, je veux dire des conflits d'identitéde nous à nous, l'intervention de Nietzs­che dans mon itinéraire était capitaleparce qu'il a mis un peu d'ordre dansla pensée, dans la pensée de l'Occidentsur lui-même et sur les autres, et dansmon rapport à cette pensée. Kierke­gaard, aussi, a compté dans ma forma­tion. Parmi les philosophes françàis,Foucault, mais surtout Derrida et Blan­chot, ont joué un rôle important par lavoie de récriture. Les deux ont menéune expérience d'écriture qui se penseelle-même. Plus on avance dans récri­ture, plus on trouve qu'elle est élabo­rée de l'intérieur, qu'elle a une théorie,une fiction théorique de l'intérieur.

Entretien réalisé par Adil HAJJI

NOTES

(1) Cosmopolite qui s'accomode de tous lespays, de mœurs nationales variées.Qui se considère comme citoyen de l'univers.(Petit Robert)

(2) Mikhail Bakhtine : né en 1895 ; docteur enlittérature (1940) avec sa thèse «Rabelaisdans l'histoire du réalisme», publiée enFrance (1965) sous le titre «L'œuvre de Fran­çois Rabelais et la culture populaire duMoyen-Age et de la Renaissance».

(3) «Harrouda», Tahar Benjelloun - Denoe11973.Thème que l'on retrouve chez AbdelhaqSerhane (<<Messaouda» Seuil)

(4) Née en 1871 à Saint-Petersbourg. Symboleféminin de l'esprit d'indépendance. D'uneénergie indomptable, elle fascina tour à tourNietzsche, Rilke et Freud dont elle fut sinonla muse du moins une très brillante interlo­cutrice. Elle est connue en France pour saparticipation au mouvement psychanalytiqueen ses débuts. La réalisatrice italienne LilianaCaviani en fit une figure de légende avec sonfilm «Au delà du Bien et du Mal».

(5) Dame d'honneur de l'impératrice Sadako, ellevivait derrière les quatorze portes du palaisimpérial de Kyoto, vers l'an 1000. Elle avaitune réputation de bel esprit et affectonnaitles sarcasmes. On la décrit laide mais pour­vue d'une très belle voix et d'excellentesmanières. Ses «Notes de Chevet», publiéespour la première fois en 1934 chez Maison­neuve, viennent d'être réeditées chez Gal­limard.

(6) «Ainsi parlait Zarathoustra», 1881-82.

LISTE DES OUVRAGES DE A. KHATIBI

La Mémoire tatouée, Denoël, lettres nouvelles,1971 ; en poche: collection 10118, 1979.

La Blessure du nom propre. Denoël, lettresnouvelles, 1974.

Vomito blanco (Le sionisme et la consciencemalheureuse), collection 10118, 1974.

Le Lutteur de classe à la manière taoïste(poème) Sindbad 1976.

Le livre du sang (roman), collection blanche,1979, Gallimard.

Le Prophète voilé (théâtre), L'Harmattan, 1979.

Le Roman maghrébin {réeditionL SMER, Rabat,1979.

De la mille et troisième nuit (épuisé), SMER,Rabat, 1980.

Amour bilingue (récit), Fata Morgana, Montpel­lier, 1982.

L'Art calligraphique arabe, Chêne, 1976, rée­diction en 1980.

Maghreb Pluriel (recueil d'essais et d'articles),Denoël, 1983.

Le Même livre co-signé avec Jacques Hassoun(correspondance), 1985.

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HORIZONTALEMENT.- 1. Qui arrive mal à propos.Gouffre.- 2. Obligent à mettre en panne. Caribou

au Canada. Eviter avec adresse.- 3. Fait loi dans certainscas. Consigna par écrit. Epoque.- 4. Pronom. Possessif. Pi­geons sauvages. Exagération.- 5. Poil. Petite grenouille.Foucade.- 6. Indéfini. Talus de protection. Variété de limon.Mit dans la confidence.- 7. Parties d'aber. Ça colle! Villed'Espagne. Parcouru.- 8. Démise de ses fonctions. Poteauoù l'on attachait les prisonniers. Revers.- 9. Symbole. Roi.Pas grand. Inanité.- 10. Escarpements rocheux. Dure­ment.- 11. Tenais compte des couleurs. Modeste. Préfixe.­12. Note. Mettre dans un certain ordre. Poisson de laMéditerranée.

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VERTICALEMENT.- 1. Anciens instruments de musique àcordes frappées.-- 2. Variété de noisetier.- 3. Etendued'eau. le meilleur. Conjonction.- 4. Périodes. Etoile demer.- 5. Critique littéraire français. Atterrissements.- 6.Démonstratif. larve du trombidion.- 7. Protecteur desmorts. Piquant.- 8. Ecorce de chêne. Pic des Pyrénées.Note.- 9. Champignon gélatineux. Conifères.- 10. Degré.Aussi. Manillon.- 11. Cabochard. Troué.- 12. Premier.Remettre en son premier état.- 13. Peut être unique.Costaud.- 14. Poisson.- 15. Il travaille pour un boucher.Personnel.- 16. Grenat rouge foncé.- 17. Ingurgité.Jointe. Greffa.- 18. Poissons. Repérer dans le temps.- 19.La qrande bleue. Jambe de bois. lIe.- 20. Des lustres. Méri-

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« Moi, je ne danse pas très bien. Maisdepuis que je suis petite, avec messœurs, dans le grand salon, on dansaitdevant une grande glace. On aimaitdanser, et se voir danser. Se voir dan­ser pour juger de son allure, se critiqueret se corriger. Quand il y avait des soi­rées, je dansais avec les autres. Un jour- je devais avoir 14 ou 15 ans ­quelqu'un m'a dit que la danse orientaleétait très suggestive et mimait l'acted'amour. Cette remarque m'avait beau­coup choquée, outrée, déçue. J'ai alorsregardé avec plus d'attention les mou­vements qu'on faisait en dansant si onveut effectivement y voir quelquechose, on peut y voir quelque chose. Ducoup j'ai moins dansé. J'étais dérangéepar le fait que d'autres puissent donnerune signification sexuelle à ce qui, pourmoi, n'était qu'une réponse du corps àl'appel envoûtant de la musique. Pour­quoi voir le sexe partout? Freud peutse retourner dans sa tombe mais jen'aime pas qu'on me sor't cet argumentà tout bout de champ ».

y voit ce qu'onveut y voir

Je saisAlors pourquoi ?Je ne sais pas, je n'aime pas.Tu n'aime pas... quoi?Je trouve qu'elle a une manière de

danser trop provocanteEt alors? Qu'est-ce que cela peut

faire?Je n'aime pas la manière dont cer­

tains hommes la regardent quand elledanse... »

Et toi, comment regardes-tu les fem­mes qui dansent?

Moi, ce n'est pas pareil. ..(le contraire m'aurait étonné... )

Des Si Mohamed & Farida, il y en aà profusion, même parmi les jeunescouples «évolués» qui ont fait unmariage d'amour, dont la femme tra­vaille, possède sa propre voiture, fumeet prend même de temps à autr.e unapéro avec son mari...

Cela m'a donné à réfléchir. J'ai alorsentrepris de questionner les gens autourde moi, en commençant par ma mère«La danse orientale m'a-t-elle dit n'a riende provocant.

Nous la dansons depuis toujours.Quand un homme ne laisse pas safemme danser, c'est uniquement parcequ'il ne veut pas qu'elle se donne enspectacle, qu'elle s'exhibe. Le problèmene se poserait pas à mon avis si toutesles femmes dansaient».

Gros point d'interrogation. La danseorientale est-elle une manifestation éro­tique ou une expression corporelle?Halima à qui j'ai posé la question m'arépondu:

tes, à l'issue desquelles, Farida va ellemême demander confirmation à sonmari. Son «c'est vrai, je peux? »Reçoit un «tu fais ce que tu veux»,pincé.

Préférant ne pas penser à la scène deménage qui l'attendra à la maison, ellerejoint ses compagnes et livre son corpsà la musique. Mais les yeux baissés,bien sûr~ Noblesse oblige,

Parfois elle refusera catégoriquementde danser. On continuera cependant àinsister lourdement auprès d'elle etauprès de son mari. Même si ça ne sertà rien. Ca fait partie du folklore. Un jouroù il n'y avait personne autour de nous,un jour où il n'avait pas à «jouer»l'homme cool, libéré, dans le coup... j'aiinterrogé Si-Mohamed. «Pourquoi neveux-tu pas que Farida danse? Elledanse bien, pourtant.»

hez nous, on nedanse pas»...

S'asseoir près de celles qui ne dan­sent pas, celles qui ne se lèvent pas,même quand on essaie de les y forcer.Ces femmes là se classent en deux caté­gories : celles qui ne savent pas danser,et qui donc n'ont pas envie de se «déva­loriser» ou d'avouer «ô hchouma » leurmaladresse, et celles que les maris nelaissent pas danser. Pas du tout pourune question de principe. Simplementparce que... «chez nous, on ne dansepas, ça ne se fait pas». Quand on inviteces femmes à danser, on n'insiste guèreauprès d'elles. Mais on leur pose quandmême stupidement la question. «Tonmari ne veut pas que tu danses? » Etbien entendu, elles répondent «maisnon, pas du tout, je ne sais pas dan­ser. ..». Certaines, cependant, sussurentdoucement... «Si-Mohamed ne melaisse pas... »On se dinge alors, sourireaux lèvres vers le Si Mohamed en ques­tion» qui, l'air vexé, rétorque à notrequestion «mais je ne lui ai rien dit, Faridaest libre, elle peut danser si elle veut... »Ce cinéma peut durer cinq à dix minu-

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Un verre de café qui se renverse,une bouteille de vernis qui secasse et voilà des tâches irasci­bles qui vous narguent. Lesmoyens d'en venir à bout existentpourtant. Il suffit de les avoir entête. Un petit tour du côté desspécialistes nous a permis de leuremprunter quelques uns de leurs"trucs", de vous en dresser uninventaire.

Les procédés variant en fonctionde la qualité du tissu et du pro­duit tachant, il est nécessaire detenir compte ae ces deuxvariables.

• Coton ou fil blanc• Coton ou fil de couleur• Laine / Soie• Synthétique

BOUEPour tous les cas: laisser sécherpendant plusieurs heures, puisbrosser.

Si la tâche persiste, passez àl'eau vinaigrée ou légèrement amo­niaquée. (seulement sur les fibresnaturelles)

BOUGIEPour tous les cas: grattez le plusgros avec un couteau trempé dansl'eau bouillante, puis intercalezentre deux buvards. Repassez aufer chaud. Ensuite ...

• traiter comme une tâche de graisse(cf ci-dessous)

• terminez au vinaigre d'alcool ou àla benzne

• terminez en frottant légèrement àl'essence (lainages) ou au vinaigreblanc.

CAFE• Lavage simple au savon. Si la tâche

persiste, recourez à l'eau oxygénéeou à l'eau de javel.

• Imbibez la tâche de glycérine, rin­cez à l'eau tiède puis repassez surune serviette éponge.

• Enduisez la tâche de jaune d'œufdélayé à l'eau tiède. Rincez abon­demment.

CAMBOUIS _. GOUDRONPour tous les cas: détrempez latâche avec du beurre ou du laitbouilli, puis traitez comme unetâche de graisse.

Pour les tâches de goudronrécentes : essence de térébenthineou dissolvant de vernis à ongle.

CRAYON-FEUTREPour tous les cas: éther ou alcoolà 90°.

CHEWIN-GUM

Pour tous les cas: passez un gla­çon sur le chewin-gum jusqu'à ceque ce dernier durcisse et sedécolle. S'il reste une tâche, utili­sez du dissolvant de vernis à ongle.

CHOCOLAT• White spirit ou alcool à 90°• Imbibez la tâche de glycérine et

laissez sécher entre deux buvards.

ENCRE NOIRE• Eau javelisée• Jus de citron• Imbibez la tâche de lait cremeux.

Triturez le tissu et épongez aubuvard. Recommencez jusqu'à dis­parition de la tâche.

FRUIT• Eau de Javel• Eau oxygénée à 20 volumes addi­

tionnée de quelques gouttesd'amoniaque (rincez aussitôt) oualcool à 90°

• Tamponnez la tâche de vinaigre(placez le tissu sur papierabsorbant)

• Jus de citron ou vinaigre blanc.(plus papier absorbant)

GRAISSE• Lavage à l'eau chaude• Savonnage à sec et rinçage à l'eau

chaude• Benzine, essence minérale ou

thrichloréthylène• Ether

HERBEPour tous les cas: alcool à 90°

MERCUROCHROME

• Eau de Javel• Eau et alcool à 90°• Trempez à l'eau froide et baignez

ensuite dans une solution de deuxparties d'eau pour une partied'alcool à brûler.

PEINTURE

Pour tous les cas : essence de téré­benthine ou trichloréthylène. Trai­tez ensuite la tâche de graisse selonla fibre, la peinture vinylique fraέche s'ôte à grande eau.

ROUGE A LEVRESFOND DE TEINT

Pour tous les cas: tampon imbibéd'éther.

SANG

• Frottez les tâches avec du sérumphysiologique (en pharmacie),tamponner

••• ensuite à l'eau oxygénée à 10 volu­mes. Rincez abondamment.Règle absolue: n'employez jamaisd'eau chaude, seulement de l'eaufroide.Faites dissoudre un cachet d'aspi­rine dans un peu d'eau et imbibezla tâche de cette solution. Laissezsécher puis rincez.

STYLO A BILLE

Pour tous les cas: alcool à 90°.

THE

••• Rincez les tissus à l'eau froide. Sila tâche persiste, solution chaudede 15 grs de borax pour un litred'eau et rinçage à l'eau tiède.

• Citron

TRANSPIRATION

•• Tamponnez la tâche avec unmélange d'acide oxalique et d'eaufroide. Rincez puis tamponnez uneseconde fois avec de l'eau oxygé­née diluée. Rincez abondamment.

•• Eau additionnée de quelques gout­tes d'amoniaque. Rincez abon­damment.

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De votre peau dépenden grande partie l'éclat devotre visage.

Sachez donc lui prodi- ,guer les soins nécessaires ..pour qu'elle conserve unevitalité et une élasticité

perrr;:;:nt~rand_mères "l'avaient fort bien com-pris. Grâce à leurs mixtu-res magiques, les annéessemblent avoir coulé surleurs traits comme desrivières paisibles.

Elles ont fait des pro­duits naturels leurs fidè-les compagnons de route. ..

~... Comme elles, nous vous t

~'~::~f;;'4~::~I~;;Rien de tel à cet effetqu'un bon masque debeauté qui vous éclaircirala peau et vous détendrales traits. La recette quenous vous livrons ici estconçue à base de plantes.Ouvrez vos placards decuisine, vous y trouvereztrès certainement tout cequ'il vous faut pour lapréparer.

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D'abord, nettoyez à fondvotre peau

Un bain de vapeur prépa­rera votre peau à recevoir lemasque en la nettoyant en pro­fondeur. Il facilitera égalementl'élimination des comédéons(si vous en avez).

Faites bouillir de l'eau.Jetez-y une poignée de fleursde camomille et une poignée desauge. Penchez votre visagesur le récipient en recouvrantvotre tête d'une serviette. Pre­nez soin au préalable de pro­téger vos cheveux.

Restez ainsi jusqu'à ce quel'eau devienne tiède. Séchezdoucement. Les pores s'étantdilatés, il vous sera facile à cemoment-là d'enlever les comé-

déons. Procédez sans brutalitéen prenant soin de désinfecterau fur et à mesure avec uncoton imbibé d'alcool à 90°.

Si vous désirez éviter laséance du bain de vapeur,appliquer simplement une ser­viette humide chaude sur votrevisage pendant cinq minutes.

Peau grasse

Votre peau est grasse :si elle est sujette aux pointsnoirs et aux boutons, si vospores sont dilatés, si en y pas­sant le doigt, vous la sentezgraisseuse.

Ce type de peau a besoind'être nettoyé fréquemmentpour éviter que les pores ne sebouchent et que n'apparaissentles comédéons et les boutons.

Masque

En fonction de vos besoinsou simplement de votre préfé­rence, vous utiliserez l'une desplantes suivantes: l'ortie (res­serre les pores) la menthe (raf­fermit et rafraîchit la peau), leplantain (adoucit la peau), lepersil ou la sauge (déconges­tionne efficace contre la cou­perose), le romarin (stimule).

Versez de l'eau bouillantesur la partie de la plante à uti­liser (50 gr d'herbes séchées ou100 gr d'herbes fraîches pour600 ml d'eau) et laissez repo­ser pendant 2 à 15 minutesdans un récipient couvert. Evi­tez ceux qui sont en alumi­nium. Ils risqueraien~ d'altérervotre préparation.

Battez un jaune d'œuf etmélangez-le à du son de blé(adoucit et désinfecte). Entre­temps, ajoutez à ce mélangel'infusion préparée auparavantainsi qu'un jus de citron. Vousdevez obtenir un mélanged'apparence pâteuse.

Comme cette préparationest à base d'œuf, vous nepourrez pas la conserver long­temps. Faites-la donc en petitequantité et gardez-la dansvotre réfrigérateur.

Peau sèche

Votre peau est sèche :si elle donne l'impressiond'être tendue, si elle est sujetteaux ridules, si elle a tendanceà se dessécher et à se desqua­mer au soleil.

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PLANTES, AVOS MASQUESCe type de peau a besoin

d'être hydraté régulièrementpar des crèmes et des lotionsqui pallieront aux graissesnaturelles manquantes.

Masque

Cette fois-ci, il s'agira deréduire en pâte l'une des plan­tes suivantes que vous choisi­rez en fonction desparticularités de votre peau :fleurs de camomille (ont uneffet tonique, cicatrisant etadoucissant sur la peau), desfleurs de mauve ( conseilléespour les peaux allergiques), despétales de souci (efficaces con­tre la couperose), des feuillesde bourrache ou de la pulpe de

banane (donne un certainvelouté à la peau).

Ecrasez-les avec du Kaolin(se vend en pharmacie) ou sim­plement de la farine d'avoine.Ajoutez.à cette pâte quelquesgouttes de vinaigre, une cuil­lère à soupe de miel et un jauned'œuf.

Comme il y a également del'œuf dans cette préparation,n'en préparez pas beaucoup àla fois.

Peau mixte

Votre peau est mixte si elleest grasse uniquement sur laligne médiane du visa­ge : front, nez, menton.

Sur la ligne médiane, appli­quer la préparation masquepour peaux grasses.

Sur les joues et le front, pré­paration « masque pour peausèche ».

Comment appliquer Jemasque?

Etalez la préparation unifor­mément sur tout le visage. Evi­tez le contour des yeux et deslèvres qui sont des zones trèsfragiles. Il faudra essayer devous relaxer pendant au moins20 minutes.

Pour enlever le masque,rincez-vous d'abord avec de

l'eau tiède puis, pour resserrerles pores, aspergez-vous d'eaufroide.

Hydratez votre peau

Pour éviter l'effet dessé­chant du masque, passer survotre visage un coton imbibéde la préparation suivante : 3parties d'eau de rose mélan­gées à 4 parties de glycérine.

Préparations proposées parA. Siji/massi

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,LII\1A. KALI MA. KALI MA. KALI MA. KALI MA. Ki\. L1MA. KA LIMA. KA L1MA. KAL 1MA. KA LlM A. KA [,1 l'v! A.KA L! 1\1A.K,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALlMA.KALIMA.KALll'vlA.KALIMA.KALliv!A.K,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KAI,IMA.KAUMA.K

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,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALlMA.KALIMA.KALlMA.h:AUMA.KALlMA.h:,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAI,IMA.l(ALIMA.KALllVlA.KALIMA.KALIMA.K,LIMA. . .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAl.IMA.KALiMA.KALIMA.KAUMA.K,LI MA. Les garçonnes .KA LIMA. KALIMA. KAL 1MA. KA LlM A. KAt 1MA. KAL 1MA. KA L1i\1 A. K,LIMA. .KALIMA .KAL1MA. KALI MA. KA l,lM A. KA L1l'vl A. KA LlM A. KA LlM A. K,LIMA. Pour combattre le goût de son fils, le futur .KA KAIIMA.KAI !MA kAI IMA 17AUMA.K,LINtA. calife al-Amin, pour les castrats, Zubayda, .KA L'd' l' KAL ALlI\1A.K,LIMA. l'épouse de Harun Er-Rachid, eut une idée ori- .KA e fI leU e qUI tue KAL Absurde abus ALlMA.K,LIMA. ginale. Elle prit des jeunes filles ravissantes .KA Le calife AI-Hakim KAL d 0 0' ALI MI\. K,LIMA. qu'elle fit coiffer et habiller à la garçonne. .KA KAI e p UV Ir AUi\IA.K

d'Egypte toujours lui, prit ..,LIMA.KALIMA.KALlMA. .KA une mesure étrange pour KAl Dans une trilogie célèbre Al Tv1A. K,LIMA. T .KA empêcher les femmes de KAl de Naguib Mahfouz, une ALlMA.k.LIMA. .KA quitter leur maison. KAl femme douce et dévouée à AUMA.K,LIMA. .KA Il menaça les coordon- KAl son foyer, de surcroît à la ALlMA.k.LIMA. Séduit par le «démon fondamentaliste», .KA niers des pires sanctions KAl vertu irréprochable, est ALiMA. r<,LIMA. soucieux de revenir à une stricte religiosité, .KA s'ils enfreignaient l'ordre de KAt repudiée brutalement par ALlMA.r<,LIMA. le calife fatimide AI-Hakim, en l'an 1009, .KA ne plus confectionner de KAI son époux noceur. Quel ALIMAY,LIMA. ordonna à l'encontre de ses concubines un .KA chaussures aux femmes. KAl «crime» a-t-elle bien pu ALJ\IA.,LIMA. traitement qui ne laissa pas d'étonner ses con- .KA KAt commettre? Aurait-elle ALlMA.r<,LIMA. temporains? Savez-vous ce qu'il fit? Il fit pla- .KA .KAI émis le souhait dangereux ALlMA. ~,LIMA. cer toutes ses concubines dans des caisses, .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAI de se convertir au christia- ALII\lA.I'.LIMA. puis demanda qu'on leste celles-ci de pierres, .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAt nisme? A moins qu'elle ALlI\1i\.i·,,LIMA. qu'on les cloue et jette dans le Nil. .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAI n'ait publiquement exprimé ALlM/\.!·,LIMA. "Il. .KALIMA.KALIMA.KALIMA.KAl des doutes quant à la viri- AUJ\lA.k,LIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KAl lité de son époux? Ou ALIMA.i,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K 1 lM A K AT lM A KA 1 KAt peut-être encore lisait-elle ALIMA.,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.' Des femmes au-dessus KAI en cachette «Le jardin par- Al l:\lA .1<,LIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.K KAI fumé» du Cheikh Nef- ALlM;\.~·:

,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K de tout soupçon KAI zadui? Vous n'y êtes pas AUMA.,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. 7 KAl du tout! Son mari n'a tout ALlMA.I',LIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA. La description que vous allez lire, qui rap- KAl simplement pas toléré AUI\lAj...UMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K pelle curieusement la caricature des féminis- KAI qu'elle se rende à la mos- ALlMA.l-..LIMA.KALIMA.KALlMA.KALIMA.K tes actuelles, est extraite d'un traité de KAt qué du quartier sans son AUi\IA.I,,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K sexualité du XIIe s, dû à un juif converti à KAI accord. Le livre ne dit pas ALiMA.,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K l'Islam. En fait, elle vise les adeptes de lesbos: KAI si les hommes de loi jugè- ALIMA.<,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K «II ya aussi des femmes qui sont plus intel- KAl rent la répudiation irreceva- ALII\l/\. '<,LIMAJ<ALIMA.KALIMA.KALIMA. ligentes que d'autres. Elles ont adopté en KAt ble parce que sa victime AUI\J;\ j,

,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K grande partie le comportement des hommes, KAI n'avait pour tort que son ALlMA. \".1IMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K si bien qu'elles leur ressemblent parfois dans KAl zèle religieux... ALli\lA.I".,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. leurs mouvements, leur façon de parler et leur KAI ALIMA.I\,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K voix. Ces femmes veulent être la partie active KALlMA.KAUMA.KALI!\lA.KALIMA.1\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.K et avoir le dessus lorsque l'homme le leur per- KAU:'vIA.KAUMA. KALIM/\.KALlMA.l\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. met 1... ) la plupart de celles qui présentent ces KALIMA.KALIMA. KALIMA.KALIMA.I\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. caractéristiques se trouvent parmi les femmes KALIMA.KALIMA.KALI\lA.KALIMA.1\.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. instruites et élégantes, les copistes, les lectri- KALIMA.KALIMA.KALIIVIA.KAUMA.k.LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA. ces du Coran et les érudites». KALIMA.KALIMA.KALIMA.KALlMA.1\,LIMA.KALIMA.KALIMA.KALIMA.J(I.~Lll"'r\..I'-r\.1IIVIr\..I'-J-\L j • /"\. lVIt-\.KALIMA.KALIMA.KALlMA.KALI\lA.1\

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A VOIXBASSE

GHITABENTOMAR

NOUVELLEINEDITE

DEABDELLATIF

LAABI

~~Ghita, d'où me parles-tu?

.

Peu importe. Il suffit que jeparle, enfin.Je voudrais au moinsimaginer...

Ecoute, petit. Te souviens-tu de ce que jet'avais raconté sur ma mère? Elle était entrain de carder de la laine lorsqu'elle vits'ouvrir dans une de ses cardes une fenê­tre. Elle s'y pencha sans hésiter et cequ'elle vit n'était autre que le Paradis, cetteoasis d'au-delà l'œil du soleil, arrosée parles fleuves de miel et de lait, où les élus neconnaissent plus la douleur ou la mort. Elleremarqua, juste à sa portée, un arbre oùresplendissaient des fruits inconnus. Élie neput s'empêcher de tendre la main pour encueillir. Mais la fenêtre se referma aussitôt.Son rêve avait pris fin.Depuis lors, cette histoire circula au seinde la famille et parmi les voisins. LallaThour en devint un personnqge vénéré.

Tu es donc au Paradis ?

En tout cas, je ne souffr-e-plus maintenant.Là où je suis, je n'ai plus d'âge, de sexeou de nom. Il n'y a pas d'horloges, de suc­cession du jour et de la nuit, de pluies oude tempêtes de sable. Je ne dors ni nem'éveille. Je vis dans un doux rêve éveilléoù ne m'apparaissent que les visages desêtres chers à mon cœur. Je ne mange nine bois car je n'ai plus à proprement par­Ier de bouche, de visage et de corps. Jesuis comme un arbre-oiseau dont les aileset les racines se meuvent en harmonie etqui vogue au milieu d'un immense nuageaux couleurs jamais vues.

Alors, tu es heureuse?

Je ne sais pas ce que tu entends par là.Tout ce que je peux dire, c'est que je n'aiplus ni besoins, ni désirs. Je voyage sim­plement dans les contrées de la sérénitéintérieure. Je suis devenue tout entière uneprière sans voix, portée par la lumière quime traverse sans cesse et se propage au­delà de ce que tu peux cr.oire ou imaginer.Ah, cette lumière!Je vois à l'instant qu'elle caresse secrète­ment ton visage. Tu n'as pas changé, monpetit.

Parle-moi vite de ta vie antérieure.

Oh, à quoi bon? La colère est un senti­ment que j'ai eu du mal à oublier. Montemps est révolu, lui qui ne m'a rien donné,sauf le désir d'être là où je suis. Mes yeuxsont restés fermés, même quand je suisdevenue grand-mère. Le monde, c'était mamaison et ma maisonnée. Parfois, le ven­dredi, il s'élargissait jusqu'au sanctuaire deMoulay Idriss ou de Sidi Ali Boughaleb,aux jardins de Jnane Sbil ou à la PlaceBatha. Pour moi, c'était un grand voyage(un peu comme quand tu prends l'avionmaintenant). Comme j'aimais regarder pas­ser les gens, admirer le charme des jeunesfilles qui sortaient le visage à découvert. Jeparlais à la première femme venue de monâge. Nous ouvrions notre cœur l'une àl'autre. Nous ne nous cachions rien et nousne nous quittions qu'après avoir déversétout ce que nos yeux contenaient delarmes.

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Tes chaînes, tu les ressentais alors ?

Je ne me sentais pas le droit de poser cesquestions. Je croyais fermement que la vien'était qu'un mauvais moment à passer enattendant l'autre vie, la vraie, et que, pourmériter celle-ci, il fallait donner, donnersans calcul de recevoir.Pourtant, il t'arrivait de maudire cettevie et de te révolter contre les lenteursque l'autre vie mettait à venir.Crois-tu? Je m'en voulais simplementd'être là comme une fourmi frêle et cepen­dant responsable des besognes écrasantesde la fourmilière. Au fond, j'aurais peut­être aimé que la vie ne fasse qu'une, au cielcomme sur terre.

Qu'as-tu à dire de ton compagnon?

Que veux-tu que je te dise à ce sujet? Lui,c'était l'homme, moi la femme. Chacun saplace, son domaine. Je ne pouvais pas luien vouloir de cette distribution des rôles.Ni lui, ni moi n'avions le choix. Mais main­tenant que j'y pense, je crois que ce quim'a le plus manqué avec lui, c'est de pou­voir parler comme je le fais maintenantavec toi, parler du coeur au coeur.

As-tu aimé quelqu'un d'autre que lui?

Tais-toi, diablotin! J'ai toujours aimé labeauté. Et je l'ai rencontrée chez tantd'hommes et de femmes. Tu me troubleslà car tu me rappelles mon trouble d'alors.Mais je savais bien dans ces cas-là que jene pouvais manger que des yeux. Dieu mepardonne!

Ghita, comment trouves-tu mespoèmes?

Ta question est orgueilleuse. Ne recherchejamais ce genre de réponses. Entends-tu?

Comment faire pour t'entendre denouveau?

Il ne faut surtout rien faire. Je reviendraiun jour te visiter en rêve. Alors veille bienquand la nuit t'épouse et que tu lui aban­donnes ton corps endolori, tes peines, tacolère, tes désirs inassouvis, le sel gemmede tes larmes. Veille ainsi, garde les yeuxouverts, ouverts ...

Ghita ... Ghita ...

La fenêtre s'est refermée."~~ne te reste plus que la doucepromesse d'un rêve.

A. Laabi

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L'ALLAITEMENTLE LAIT DE MAMAN EST TOUJOURS BON

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dent mineur jusqu'au grand choc aller­gique dont les conséquences peuventêtre très graves. C'est heureusement uncas extrêmement rare. Le problème avecl'allergie au lait artificiel, c'est qu'on ena difficilement la preuve absolue, lessymptômes n'étant pas spécifiques. Lesvomissements, par exemple peuvent cor­respondre à d'autres causes. La plupartdu temps le diagnostic se fait sur unensemble d'arguments et sur la répéti­tion d'incidents semblables après cha­que biberon.

De cette comparaison entre les compo­sitions respectives du lait artificiel et dulait maternel, que concluez-vous ?_.

Le lait de la mère reste toujours celui quiest le plus adapté à l'organisme del'enfant. Nourri au sein celui-ci pourramieux se défendre contre les infections(grâce aux immunoglobulines), aura unemeilleure croissance (acides gras nonsaturés) et surtout sera à l'abri de toutproblème d'allergie dûe au lait.

• Pour avoir du lait.

• Entre le lait maternel et lelait artificiel, les différencespersistent

pr. Balafrej,la question du type d'allai­tement Ji pratiquer est une question quipréoccupe beaucoup de jeunes mamans.Après une période d'engouement pourle lait artificiel, on assiste aujourd'huià un regain d'intérêt pour l'allaitementau sein.Le lait artificiel remplace-t-i1 complète­ment le lait de la mère ?Dans le cas où des différences persiste­raient encore, pourriez-vous nous pré­citer à quel niveau elles se situent ?_

Il serait illusoire de croire que le lait arti­ficiel remplace totalement le lait mater­nel. Malgré une technique en constanteévolution, malgré la mise sur le marchéde produits de plus en plus sophistiqués,il faut reconnaître que certaines diffé­rences ne sont toujours pas supprimées.Il suffit pour le constater d'examiner lacomposition de chacun d'entre eux.Le lait de vache par exemple (c'est luiqui se trouve à la base de tous les laitsen poudre) est plus riche que le lait dela mère en sel, et en protides mais lesucre et les acides gras non saturés ysont en quantité plus faible. Ces diffé­rences ont été dans une certaine mesureréduites par la fabrication de laits ditsmaternisés.

En dessalant, en diminuant le taux desprotides, en rajoutant du lactose (sucredu lait) on est parvenu à rendre le laitde vache moins riche, donc moins fortpour le bébé et plus digeste. Mais cer­taines particularités propres au laitmaternel sont restées difficiles à recons­tituer comme la présence d'immunoglo­bulineO, la teneur respective -en calciumet en phosphore et la richesse en oligo­élémentsO (le fer en particulier).

Parmi les différences que vous venez lenous citer, quelles sont celles dont le rôleest fondamental?--------Celles qui se rapportent aux protides.Dans le lait maternel, nous nous trou­vons face à des protides d'originehumaine, donc parfaitement adaptées àun organisme humain. Dans le lait arti­ficiel par contre ce sont des protidesd'origine animale.C'est la raison pour laquelle les laitsartificiels sont parfois mal tolérés parcertains nouveaux-nés. Face à ces corpsétrangers que sont les protides d'origineanimale, l'organisme peut avoir uneréaction de rejet qui se traduira parl'allergie.

Sous quelle forme apparaÎt l'allergie?

Elle apparaît sous des formes multiples,vous savez. Irruption de boutons, urti­caire, diarrhée, vomissement. Absencede prise de poids aussi. Elle va de l'inci-

Les femmes qui décident de donner lesein Ji leur bébé ont souvent peur de nepas avoir suffisamment de lait pour lesatisfaire. Y-a-i1 une ligne de conduiteà respecter pour s'assurer une bonnesécrétion lactée? , _

Oui. C'est une ligne de conduite trèssimple. Elle se résume en trois points:boire beaucoup, manger équilibré etsurtout donner le sein le plus souventpossible. Au niveau de l'alimentation,il faut insister en particuliu sur ce quicontient des protéines comme la viande,les œufs, les fromages, les poissons, lepoulet. Boire en quantité suffisante estabsolument nécessaire. Dans la traditionpopulaire, on recommande aux femmesde prendre de la harira, de la soupe delentilles. C'est un conseil pertinent maisconsommer régulièrement des jus defruit et du lait suffit amplement. Graceau lait, les pertes en calcium peuventêtre compensées.Une mère qui pratique un allaitementexclusif donne à son enfant à peu prèsun demi-litre de lait par jour. II lui fautdonc reconstituer son calcium par unapport extérieur.D'un autre côté, donner à téter fré­quemment est très, très important. Pluson donne le sein, plus on a de lait. Laraison en est très simple. On a un méca­nisme réflexe qui relie le mamelon àl'hypophyse O. C'est une espèce de cir­cuit constitué d'une voie nerveuse quiva vers l'hypophyse à la base du cerveauet d'une autre série qui va du cerveauà la périphérie. lei le réflexe part du

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mamelon, stimulé par la succion. A cha­que fois que le bébé tête le mamelon, ilya des influx nerveux qui vont jusqu'àl'hypophyse.

L'hypophyse secrète alors une hor­mone, la prolactine. Arrivée au niveaudu sein, celle-ci agit en favorisant lafabrication du lait. Plus une femme parconséquent allaitera son enfant, plus elleaura dé lait. C'est pour cette raison queje déconseille personnellement la prati­que de l'allaitement mixte au départ. Yrecourir annihile les chances d'avoir unemontée de lait satisfaisante et très vitel'allaitement au sein doit être inter­rompu. Quand on veut allaiter sonenfant, autant le faire correctement.Sinon, ce n'est pas la peine.

Un bon allaitement au sein nécessite unedisponibilité totale et surtout - j'attireparticulièrement l'attention sur cepoint - une solide confiance en soi. Toutce qui angoisse, énérve, arrête le lait.Etre tout le temps en train de se dire "jen'ai pas assez de lait", est-ce qu'il en apris suffisamment ?" ,contribue surtoutà tarir la secrétion laiteuse. Allaiter sonenfant est la chose la plus naturelle dumonde. Comme on le dit si bien il fautêtre "cool" ... et relax.

Combien de fois par jour faut-il mettrel'enfant au sein? _

Chaque fois qu'il le réclame. II fautcompter en moyenne huit à dix fois parjour au début, six à sept fois par la suite.Quand il s'arrête de têter, il n'est pasnécessaire de le forcer davantage.Autrefois, on estimait qu'il fallait lemaintenir à chaque sein pendant dixminutes. On le réveillait pour têter tou­tes les trois heures. Aujourd'hui, onpense que c'est à la mère de s'adapterau rythme de son bébé et de le respec­ter. En général, il s'organise de lui­même très rapidement.

• Les incidents de l'allai­tement

La mère se trouve parfois exposée JI despetits problèmes en cours d'allaitement.Pourriez-vous nous en dire un mot?

Les quinze premiers jours constituentl'étape la plus difficile. C'est durantcette période que de petits incidents peu­vent survenir si on ne fait pas attention.Il peut s'agir d'engorgements ou de cre­vasses qui eux mêmes prédisposent à lalymphangite et aux abcès. Quelques pré­cautions élémentaires permettent de leséviter.Les crevasses sont des fissures des

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mamelons. Elles sont en grande partieprovoquées par la macération et le man­que d'hygiène. Une mauvaise installa­tion de l'enfant y contribue également.Aussi au moment de la têtée, le bébédoit être bien placé. II devra avoir unebonne prise pour pouvoir prendre danssa bouche non seulement le bout maisaussi les deux-tiers de l'auréole. De cettefaçon-là, la traction n'entrainera pas defissures. Après chaque têtée, le mame­lon doit être rincé à l'eau bouillie etséché (surtout lui éviter l'humidité). Unedouche quotidienne avec savonnage desseins permettra· de maintenir l'hygiènenécessaire.

Après chaque têtée, le sein est pratique­ment vide. Cependant, si la mère abeaucoup de lait ou si le bébé en est unfaible consommateur, il sera nécessaired'achever de vider le sein. C'est le meil­leur moyen de se protéger des risquesd'engorgement ou d'abcès. Quand mal­gré tout, l'abcès se déclare, on arrêtel'allaitement.Un traitement aux antibiotiquess'impose. Mais très souvent, avantd'arriver à l'abcès, on passe par uneétape intermédiaire qui est la lymphan­gite, une espèce d'inflammation diffusedu sein. Avant, on arrêtait provisoire­ment l'allaitement.

Aujourd'hui, on pense au contrairequ'il faut donner le sein le plus souventpossible pour qu'il se vide. La fatigueentretient également la lymphangite. IIfaut donc se reposer et appliquer descompresses chaudes sur le sein pourréduire la douleur.Encore une fois, ces désagréments peu­vent facilement être évités si un mini­mum de précautions est pris.

On entend parfois certaines femmesdéclarer qu'elles n'allaitent pas leurenfant parce que leur lait est "mau­vais". Qu'en est-il de cette affirma­tion ? Existe-t-i1 des contre-indicationsJI l'allaitement?

Le lait de la mère n'est jamais mauvais .Il est toujours adapté à l'enfant. Lescontre-indications qui existent sontd'ailleurs établies par rapport à la bonnesanté de la mère et non par rapport àcelle de l'enfant, sauf exceptionsrarissimes.

• Un «plus extraordinaire»pour les unesUne «nécessité vitale» pourles autres

Alors docteur, en conclusion, l'allaite­ment au sein constitue-t-i1 une nécessitéJI vos yeux pour le bébé ? _

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Mon devoir de pédiatre voudrait que jeprône impérativement l'allaitement ausein. La nécessité de tenir égalementcompte de l'intérêt de la femmem'amène toutefois à introduire desnuances en fonction du niveau écono­mique des personnes concernées.Dans les classes aisées, l'allaitementmaternel bien que vivement souhaitén'en est pas pour autant vital. L'orga­nisme de l'enfant nourri au lait artifi­ciel se défendra certes moins bien contreles infections mais, correctement ali­menté, il reconstituera rapidement sesdéfenses. Pour ces mamans-là, donnerle sein est un "plus" extraordinaire quifavorise la relation mère-enfant. Maispour l'énorme proportion de leurssœurs déshéritées, c'est une nécessitéun besoin vital pour leur bébé. Les pre:mières ont une responsabilité énorme àremplir vis à vis des secondes. Elles doi­vent, en offrant l'image de beaux bébé~

nourris naturellement, participer à laréduction de l'effet désastreux des publi­cités pour laits en poudre. Les grosbébés bien joufflus montrés par les affi­ches publicitaires ont profondémentmarqué les esprits. En se répandantdans les milieux démunis, l'usage du lait

AllaitementLes acides gras insaturés

c'est une variété de lipides (graisses)que l'organisme ne fabrique pas maisqui lui sont nécessaires. Il doit pouvoirles retrouver dans l'alimentation. Cesacides gras insaturés sont indispensa­bles pour la croissance.

Le calcium/phosphore:Il existe un rapport optimum entre le

taux de calcium et celui de phosphore.Ce taux permet une absorption optimaledu calcium et une action optimale de lavitamine D.

L'hypophyse:C'est une glande située à la base du

cerveau. Elle joue le rôle de « chefd'orchestre)} des glandes endocrines del'organisme.

La prolactine: hormone:- -- - ---

Les immunoglobulines:anticorps qui participent à la défense del'organisme contre les infections.

Les oligo-éléments : minéraux con­tenus en très petites quantités dans lescellules. Indispensables pour la vitalitéde l'organisme.

artificiel a eu des conséquences drama­tiques. Tellement dramatiques que danspresque tous les pays du monde, uneréglementation a dû être imposée à cetype de publicité.

Le biberon est devenu facteur de mort.Pourquoi? _

Parce que des moyens faibles ne permet­tent pas d'acheter du lait en quantitésuffisante. D'où de mauvais dosages.Parce que le biberon n'est pas stérilisé,le lait non conservé ... etc. Les bébéscommencent à maigrir, à vomir, ont desdiarrhées et finissent par mourir.A l'hôpital nous recevons continuelle­

ment des enfants qui ont des problèmesde déshydratation. Déshydratation à las~ite de diarrhées et/ou vomissements.Quatre vingt dix pour cent des cas sontdes enfants nourris au lait artificiel.Alors, aujourd'hui, il est plus que tempspour nous de montrer les beaux bam­bins bien joufflus que donne le laitmaternel.

Entretien réalisé parHinde Taarji

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Pull pailleté ••Vous l'oubliez depuis quelques temps au fond de votre tiroir.Parce qu'il est trop simple, parce qu'il est trop commun, il vous agace.Or, il ne tient qu'à vous de l'habiller d'élégance. Par un jeu de paillet-

tes multicolores dont nous vous proposons un modèle de disposition, donnez-lui le lustre qu'il n'a jamais eu. Avec deux épaulettes en plus, le tour estjoué: votre humble petit pull noir deviendra digne des grandes sorties.

• Fournitures:1 pull - celui-ci est noir - en laine polyes­ter, encolure ronde, manches chauve -souris, auquel on a rajouté des épau­

lettes.

• 1 Aiguille fine

• Fil de couleur

• Baguettes:3 cuillères baguettes moyennes argent (0,5 cm)2 cuillères baguettes moyennes rouge (0,5 cm)2 cuillères baguettes longues vert (1 cm)1 cuillère baguettes moyennes jaune (0,2 cm)1cuillère baguettes moyennes turquoise (0,5 cm)2 cuillères baguettes petites turquoise (0,25 cm)

• Paillettes(s'achètent à la cuillère)

3 cuillères paillettes plates, à facettes rose fuschia2 cuillères paillettes plates bleu nuit2 cuillères paillettes plates marron3 cuillères paillettes plates rouge3 cuillères paillettes plates violet2 cuillères paillettes plates noir irisé

2) Tenir le fil serré sous le pouce gau­che. La première paillette est en place.

même pour un travail régulier. De cettedistance aussi dépend le "chevauche­ment" des paillettes. Selon que la dis­tance sera plus ou moins large, lechevauchement sera plus ou moinsimportant.

2

3) Faire sortir l'aiguille en 2 - (le poucegauche maintient toujours le fil serrantla paillette) puis tirez le fil - C'est cepoint qui finit de stabiliser la paillette.

1

-rus lessert~s sont faits avecles baguettes argent.

1) Faire sortir l'aiguille en 1 - après yavoir enfilé une paillette.

La beauté du travail dépendra bienentendu de sa précision: l'aiguille doittoujours être placée horizontalement etla distance entre 1 et 2 devra être la

Abréviations :

paillettes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. pbaguettes longues b.1.baguettes moyennes b.m.petites baguettes p.b.

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Jouezaveclespaillettes

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LA MORALE DE L'AMITIE

Quelle folie,d'aimer!

l'intelligence, en nous,s'éveille, frétille, est certai­nement le signe d'un bonlivre.

«L'amitié», après desdécennies de philosophie«assassine», guillotinant lesujet ou l'amoindrissant,semble vouloir élargir cetheureux courant de laréflexion contemporainequi tente à nouveau des'intéresser à l'homme, à cequi le soutient, plutôt qu'àses faiblesses ou ses «man­ques» par lesquelles sedémontra longtemps soninaptitude à maitriser quoique ce soit de son destin.Un livre moral, dans lemeilleur sens du terme.L'époque en a besoin.

AdN HAJJI

L'AMITIE, FrancescoAlberoni - traduction deNelly Drusi - Ramsay,211 pages.

Jans Anderson de Scrolyckan'est qu'un pauvre journaliersur les terres d'un maître; ilassiste, résigné, à la pénible,froide, succession des travauxet des jours. Le jour où lui naîtune petite fille, tous seschagrins, toute son apathiedisparaissent comme parenchantement. Son cœur seréveille, il ne l'avait jamais sentibattre si fort. Jans prendl'enfant dans ses bras, lalumière caresse le visage dumerveilleux bébé, et Jans queson bonheur met encommunion avec la naturetoute entière, décide d'appelersa fille Claire-Belle, lui offrantd'emblée un parrain éternel: lesoleil.Claire-Belle et Jans sont

Un texte magnifiquede la grande SelmaLagerlôf.Quand la tragédies'empare du conte...

A la différence del'amour, l'amitié ne naîtpas d'une rencontre enforme de révélation. Elle est«un réseau de rencon­tres» ... comme la «molé­cule» de l'érotisme est

. )«l'expérience». «Le tempsn'a pas d'importance entreamis», souligne l'auteur.Entre amants, en revanche,il en a une et de taille.Séparé de l'aimé (e), chaqueamant «veut savoir del'autre tout ce qu'il a fait,il veut combler tous lesvides, remplir tous les inter­valles, connaître toutes lespensées de l'autre, les plusinfimes nuances de ses sen­timents, le moindre de sesdoutes». L'amitié, elle,possède une «structure gra­nulaire», c'est-à-dire faitede présents juxtaposés : jerevois mon ami après unelongue absence comme sirien, dans l'intervalle, nes'était passé.

Mais le véritable distin­guo entre amour et amitié,le voici: «L'amitié (... )choisit ses partenaires selondes critères moraux (...)l'amitié est la forme éthiquede l'éros». Parfaite clartéd'exposition, simplicité, lelivre de Francesco Alberoniest un régal. Reconnaître,au fil de la lecture, que

d'atteindre la figure idéalede l'amitié que d'en réper-torier les usages. .

Qu'est-ce qui permet dedistinguer l'amitié desautres formes d'amour oude sympathie? Saluant aupassage la différenciationd'Aristote entre l'amitiéfondée sur l'intérêt et celleque nourrit la vertu, Albe­roni énumère (sans trop s'yattarder) les sens les pluscourants du terme amitié,qui n'ont, souligne-t-il,qu'une vague ressemblanceavec le sentiment véritableauquel son livre est consa­cré : l'amitié entre connais­sances, tissée de bonsrapports et de cordialité;l'amitié-solidarité, négati­vement définie, réactivedirait-on, qui lie les intéres­sés relativement aux enne­mis qu'ils ont en commun(camarades, compagnons,frères); l'amitié - intérêt,telle qu'elle se noue, parexemple, entre associés enaffaires ou hommes politi­ques; etc.

«Aimer, c'est vouloirrendre l'autre heureux»,déclare Alberoni. Mais sil'amitié et l'amour ont enpartage ce noble objectif, lepremier sentiment ne tolèreguère la fermeture, l'auto­suffisance du «couple».

Quand la sociologie s'intéresse à l'amitié...Malgré lemonde moderne, ses égoïsmes, l'individualisme, l'ami­tié reste plus vivante que jamais. Une belle leçon demorale. Par l'auteur du «Choc amoureux», FrancescoAlberoni.

On peut être sociologueet ne jamais ennuyer sonlecteur. Si, si, ça existe.Francesco Alberoni, quienseigne à l'Université deMilan, est fâché avec lesterminologies barbares, les«ismes» et tous les stylesbarbelés qui tiennent à dis­tance le lecteur impression­nable. Il est l'auteur fortremarqué de ce qui fut unbest - seller (pour les essais)l'année dernière: «Le chocamoureux», qui interprétaitde façon radicalement nou­velle le fait de tomberamoureux. La «passionjaillissante» y était vuecomme «l'état naissantd'un mouvement collectif àdeux», créatrice de valeursneuves, et «révolution­naire» en ce sens qu'ellen'est nullement préoccupéede sa propre stabilité,qu'elle se désintéresse duconfort de l'institution.

Avec «L'amitié», Albe­roni opère davantage en«moraliste» qu'en sociolo­gue. Au lieu d'honorer labonne vieille pratique del'enquête et de l'interview,qu'en honnête sociologue ilaurait habilement dissé­quées, notre philosophe«public» construit son livreà la manière des penseursclassiques. plus soucieux

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nouvelle génération d'écrivainsalgériens apparaît, mais il estsignificatif que les premièresœuvres à aborder avec sérieuxle thème de la femme soientdues à des femmes (TaosAmrouche et Djamila Debè­che). La littérature de languearabe ne reprendra des thèmescomme le rôle de la femmedans la société que vers lesannées 70. Toutefois, en Algé­rie, une littérature féminine delangue arabe est encore ànaître.Dans la première partie de cetouvrage, l'auteur analyse lesdifférents types de femmespré~entés dans la littératurealgérienne en général : lamère, l'étrangère, la militante,la femme-objet, la fem­me-symbole. La deuxième par­tie traite de l'éveil de la femme,de l'apparition difficile du cou­ple, et surtout de l'incommu­nicabilité entre hommes etfemmes. Il est particulièrementintéressant de découvrir, dans

D ans cette étude sur lafemme à travers la littératurealgérienne contemporaine,Ahlem Mosteghanemi an­nonce d'emblée un doubleobjectif: "reconstituer la réa­lité sociale à partir des œuvreslittéraires" et "juger del'authenticité de cette littéra­ture et de son impact sur lasociété" en question. Etudedétaillée et judicieusementstructurée, ce livre prend encompte 75 ouvrages de tousgenres écrits tant en françaisqu'en langue arabe. A scrutercette littérature, l'auteur cons­tate qu'il faut attendre lesannées 20 pour que le thèmede la femme soit traité conve­nablement, et ce par desauteurs algériens de languearabe. Quant à la littératurealgérienne de langue française,elle ne sert pas la cause desfemmes, au moins jusqu'audébut de la guerre de libéra­tion, en 1945. C'est donc àpartir des années 50 qu'une

tecturess

La femme dans leregard des écrivainsalgériens. AhlemMosteghanemi amené une étudemagistrale couvrant75 ouvrages écrits enarabe et en français(de 1952 à 1980).· Desconclusions plutôittristes: une littératurequi ne traduit, enmajorité, que lemalaise masculin; unelittérature d'hommes'adressant àl'homme, qui n'a pasbien compris que lafemme était une per­sonne à partentière ....

LA FEMME DANS LA LITTERATURE ALGERIENNE

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le dernier chapitre, les différen­ces qui existent - dès lors qu'ils'agit de la femme - dans la lit­térature "masculine" et dansla littérature "féminine". Diffé­rences dans le choix des typesde femmes mis en situation(on notera la quasi-absence dela femme émancipée dans la

-;;;;;;;;;;;.-----__. littérature féminine, par exem-follement complices, se prostituée. Mais Jans des "simples d'esprit"... pie); différences dans le choixcomprennent à la vitesse de la n'écoute guère les ragots qui "L'Empereur du Portugal" fait des thèmes - ainsi, la prise delumière. La fille a transfiguré le courent sur son enfant. Un partie des grands textes de la conscience féminine à tous lespère. Elle grandit, entourée de secret magnifique, croit-il de littérature universelle. Un ange niveaux (social, politique,l'admiration de toute la toute ses forces, lui sera a guidé la main de l'auteur. Ce sexuel ... ) et le thème decampagne environnante. bientôt dévoilé par petit joyau fut écrit au début l'amour (nouveau type de rela-Mais Jans doit règler une dette Claire-Belle... du siècle par une suédoise, tion possible entre hommes etvis-à-vis d'un propriétaire terrien Pour lui, elle est devenue Selma Lagerl6f, qui obtint le femmes, couple, évolution desans pitié. Et Claire-Belle, qui impératrice. Et son esprit, prix Nobel en 1909. Publié en la famille ... ) préoccupenta dix-huit ans, se propose pour tissant le plus beau des contes, français pour la première fois beaucoup plus profondémentréunir au plus vite la somme imagine Claire-Belle au faîte de en 1942, c'est sa 3è réedition. et plus sincèrement les fem­dûe. Elle ira à Stockholm, elle la puissance et de la beauté. Pour le plus grand bonheur du mes écrivains que lestravaillera. Les mois passent. Jans descend peu à peu dans public. hommes.Mais, Claire-Belle ne revient le "royaume" de la folie. Il est AdiJ HAJJ! En effet, dans la littératurepas. Des gens du village devenu un illuminé. Il se prend masculine, encore majoritaire,prétendent l'avoir aperçue pour l'Empereur du Portugal. L'Empereur du Portugal, nous relèverons avec l'auteurdans la grand8 ville, La confiance limitée qu'il place Selma Lagerl6f - Stock, 251 que, dans l'ensemble, l'évolu­"déguisée" comme une dans sa fille le voue au paradis pages. tion de la femme algérienne~ ..J n'a guère été prise en compte.

La perplexité, le désarroi sinonl'agressivité de l'homme algé­rien à l'égard de la femmealgérienne semblent persister.Les problèmes - lorsqu'ils sontabordés - ne le sont, de toutemanière, qu'en fonction del'homme lui-même. Il en vatout autrement des femmesécrivains. Pour elles, il s'agitd'abord de traduire les préoc­cupations des nouvelles géné­rations et l'évolution de lafemme algérienne, sans pourautant culpabiliser l'homme;mais aussi de présenter la con­dition de la femme sous tousses angles (juridiques, sexuels,sociaux, politiques, économi­ques... ) qui, en réalité, sontindissociables; et, enfin, d'évi­ter de "séparer la condition dela femme de celle de l'hommeet du contexte en général". Celivre, à la fois essai, document,synthèse et témoignage à plu­sieurs voix, se clôt sur uneimportante bibliographie.L'auteur, licenciée en Lettresarabes de l'Université d'Alger,a obtenu en 1980 à Paris undoctorat en Sciences socialesdu Maghreb. Elle a déjà publiédeux recueils poétiques, l'un àAlger, l'autre à Beyrouth.

Amina SaïdALGERIE : FEMME ET ECRITURESpar Ahlem Mosteghanemi (Préface deJ. Berque). L'Harmattan, 314 pages.1985

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~( :!Il~J/off:: at:~.~ 2 e épisode

La nuit des énigmesVoici le premier récit qui parvint à Shéhérazade,

dicté par Sindbad à un écrivain public dans un coinsombre d'un café du port de Moka où il avait fait relâ­che sur la rive orientale de la mer Rouge.

Ma gazelle, il y a dans mon ter pour occuper l'attente deséquipage un très vieux marin marins.venu d'on ne sait où. Il n'est J'ai donc décidé, ma chèreplus guère bon à la manœuvre Shéhérazade de faire part àmais il sait tout des ports, des deux avec lui en associant nosmouillages, des écueils et des deux quêtes. Nous nous som­vents de la route des épices. mes dit l'un et l'autre que cha­Car depuis toujours, il est en cun d'entre nous doublait ainsiquête du secret de la panacée, ses chances de découvrir cecette substance miraculeuse qu'il cherche. Et en chemin,qui guérit de tous les maux et avec un tel guide, que d'histoi­console de tous les malheurs. res à recueillir pour tes nuits!C'est ainsi que le safran de Notre première étape fut uneCeylan, le poivre noir de île appelée Skanjbir. SaMacassar, la muscade de Mas- renommée était fondée sur lacate, la canelle de Coromandel qUillité incomparable du gin­et mille autres épices n'ont gembre qui poussait en abon­plus de secrets pour lui. Il y a dance sur ses terres fertiles.toujours dans son vieux coffre Cette île fortunée était, depuisquelque médecine pour panser des temps immémoriaux, gou­une plaie, apaiser une douleur. vernée par la dynastie des',Et lorsque les vents nous aban- Skan, qui tirait une légitimdonnent et qu'il faut mettre en fierté de l'ancienneté de sopanne, notre vieil alchimiste a empire sur les gingembrais, etoujours une histoire à racon- qui s'était efforcée, avec suc-

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cès, de les maintenir dans lerespect des plus hautes tradi­tions en les tenant à l'écart descontagions du reste dumonde. Ce peuple de hauteculture adorait une divinitédont le nom, "Gingembre",avait été donné à la plantemerveilleuse qui avait fait lafortune de l'île. Ce qui faisaitdire aux géographes officiels,qu'à tous égards, Skanjbir étaitun don de Gingembre.

L e jour où une bour­rasque jeta notrebateau sur la côte de

Skanjbir, le commandant duport, manifestement inquiet del'irruption d'une horde d'étran­gers sur le sol de son antiquepatrie, nous reçut cependantavec les égards qu'imposaitune tradition sacree des insu­laires, l'hospitalité. Nousfûmes immédiatement con­duits au palais du princerégnant, Skan XXII. Il présidaitune des grandes cérémoniesde l'année gingembraise, lanuit des énigmes et nous yconvia. Ce soir là était convo­qué au palais tout ce queSkanjbir comptait de grandsesprits : astrologues, alchimis­tes, théologiens, docteurs dela loi, géomanciens. Le jeuconsistait, pour les invités duprince, à poser à la docteassemblée des questions aux­quelles elle ne pouvait répon­dre. On nous expliqua que cejeu de salon était dangereux.Il ne faisait pas bon y perdre.

L a soirée commencaet les invités tentéspar l'aventure posè­

rent leurs énigmes. Il se trouvatoujours, parmi le& vieillards dela docte assemblée, un astro­logue ou un docteuf de la loi,pour déjouer les piéges del'énigme et la résoudre. Vint letour de la favorite du prince,qui s'appelais Carvi, ce qui aupays du gingembre était déjàune impertinence de nature àranimer la guerre des épicesqui avait fait rage dans l'archi­pel quelques décennies aupa­ravant. Elle te ressemblait,mon aimée, comme une sœur.Belle, fière, audacieuse et plustêtue qu'une mule. Elle setourna avec grâce vers les doc­tes vieillards et leur adressa cesparoles:- Vous savez, Ô très vénéra­bles hommes de science, àquel point je suis ignora.nte. Iln'est donc pas étonnant que jen'ai pas trouvé de réponsesaux questions que je vais vousposer. Mais vous, en qui se

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résume le savoir du monde,nul doute qu'il vous paraîtraaisé de répondre. N'est-il pasvrai, vénérables docteurs, quetout dans cet univers, procèdede notre créateur?

Et la docte assemblée derépondre:- Gingembre est la source detout savoir.- Est-il vrai, augustes vieil­lards, que lorsque Gingembrenous a créé et qu'il voulut fairede nous ce que nous sommes,en nous distinguant des ani­maux, il nous donna la parole?- Cela est vrai, rendons engrâce à Gingembre.- Est-il vrai que notre languegingembraise est celle qui a étéchoisie parmi toutes les autrespar notre créateur pour nousrévéler l'ici-bas et l'au-delà, etque cette langue fait partie denous autant que notre boucheet nos dents ?- Notre langue est sacrée,c'est Gingembre qui l'a voulu.- Est-il exact qu'une des tou­tes premières tâches que s'estfixée notre créateur a été dediviser le monde entrel'homme et la femme, le mâleet la femelle ?- Qui pourrait dire le con­traire? Ainsi en a décidé Gin­gembre.- Est-il vrai que cette distinc­tion entre les deux moitiés del'univers, qui est au principe dela division du monde, notrecréateur a voulu la faire passerdans les mots qui se trouventainsi, comme le reste de lacréation, divisé en masculin etféminin?- Cela est certain. Il n'y a decertitude qu'en Gingembre.- Alors, fit Carvi, d'une voixdouce, pouvez-vous, Ô lesplus savants, m'expliquer ceque dans mon ignorance je nepeux comprendre. Pouvez­vous m~expliquer pourquoi l'ondit: le poivre et la canelle, unepanthère et un léopard, la ver­veine et le tilleul, une sardineet un anchois, un abricot etune figue, un haricot et unelentille. Est-ce à dire que tou­tes les panthères sont femelleset tous les léopards mâles ?- Cela ne se peut, Gingembrene peut l'avoir voulu.- Alors, vénérables hommesde science, quelle est laréponse?

L orsque cette questioneut été posée la docteassemblée fut saisie

d'une agitation intense autantque vaine. Des réponses con­tradictoires fusaient de toutesparts, la majorité des savants

se contentant de répondre :"Gingembre le sait, Gingembreest plus savant".

A ce moment SkanXXII, que Gingembre

- lui prête vie, prit laparole:- Vous ne vous trompez pas,fidèles docteurs, lorsque vousaffirmez que votre créateurconnaît toutes les réponses.Est-il vrai de surcroît, honoréssavants, qu'en m'agenouillantet en interrogeant notre créa­teur je pourrais, si je suis unhomme de bien, espérer rece­voir une réponse?- On ne saurait mieux dire,votre grandeur, on ne sauraitmieux dire.- Alors, fidèles sujets, expli­quez moi en quoi mes savantspeuvent-ils m'être utiles si, àchaque question que je leurpose ils me répondent que lecréateur connaît la réponse?En quoi ai-je besoin de leur infi­nie sagacité et ne sUis-je doncpas assez érudit pour trouverseul une réponse aussiévidente?

Ces paroles jetèrent l'affole­ment et la consternation dansla vénérable assemblée. Iln'était pas facile d'être savantde sa grandeur et de le rester.Il fallait savoir faire des répon­ses qui n'indisposent point parleur impertinence et quin'ennuient pas par leur con­formité.

Le Prince reprit la question :- Avez-vous quelque chose àrépondre aux questions deCarvi?

C hacun avait peur dene rien avoir à répon­dre mais chacun avait

encore plus peur de faire unemauvaise réponse et de sefaire remarquer. Aussi tous setaisaient.- Qu'on supprime, dit leprince, les pensions de cesvieillards et qu'on les renvoiechez eux. Est-il donc utile deles laisser encore vieillir si l'âgene les améliore pas ? Encoreheureux que je ne tranche pasquelques unes de ces têtesaussi vides que chenues!

L es vi~illards fu~entpousses sans mena­gement par les gar­

des hors de la salle d'audienceet le Prince avec quelques unsde ses proches et Carvi, seretrouvèrent dans le silence. LePrince se tourna vers Carvi etlui dit:- Carvi, j'ai puni les savantsqui n'ont pas été capables

de répondre. Mais il me déplaîtqu'une question soit poséedans ma principauté et qu'il n'ysoit point répondu. RéfléchisCarvi, et trouve une issue àcette situation que tu as créée.Elle ne peut se prolonger, il yva de mon honneur et de maposition.

Alors Carvi, sentant lamenace, médita quelques ins­tants et finit par répondre auPrince:- Prince il existait autrefois iciun savant qui avait réponse àpresque tout mais dont lesréponses parfois n'eurent pasl'heur de plaire. Si votre altessele permet, peut-être pourrait­on aller le chercher?- Qu'on aille le quérir immédia­tement ordonna le Prince.

Les gardes amenèrent, peuaprès, un vieillard de noble sta­ture, au regard droit. On luiposa les questions de Carvi. Ilmédita longuement, au pointd'impatienter le prince, puisenfin se décida à parler :- Votre Grandeur, je suisobligé de vous faire la réponseque je vais vous faire et jedevrai en supporter les consé­quences. Je l'accepte. Il y adans le monde, votre Gran­deur, des questions qui peu­vent être posées et qui restentsans réponse. Non qu'iln'existe point de réponse à cesquestions, mais il peut arriverque ceux qui posent les ques­tions ne soient pas prêts àaccepter les réponses. Il peutparfois s'écouler plusieurs siè­cles entre le moment où laquestion est posée et celui oùla réponse devient possible. Etnous n'avons jamais aucunecertitude que la réponse seraun jour donnée. Commentpourrions-nous le savoir àl'avance?- Mais enfin, s'impatienta lePrince, parleras-tu donc, vieil­lard ? Les questions de Carviauront-elle ou non des répon­ses, aujourd'hui ou demain?- Votre Grandeur, en matièrede savoir l'impatience ne siedpas. Il se peut également quel'on fasse des réponses incom­plètes et que l'on ne puisse enfaire d'autres, comme il sepeut que le questionneur nepuisse obtenir satisfaction,sauf à parcourir lui-même unepartie du chemin vers laréponse.- Finissons-en, ordonne leprince.- Je vais répondre, votre gran­deur, je vais répondre commeje le peux. Je vous diraid'abord qu'il se peut que lavérité vienne d'ailleurs, et que

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si l'on accepte pas ce premieraxiome on ne parvienne jamaisà aucune sorte de vérité.

- Certes, certes, fait le Prince,mais encore?

- Eh bien, votre Grandeur,puisqu'il faut vous répondreprécisément sur le sexe desmots, je commencerai parvous dire que je ne détiensaucune réponse précise. Je nesais pas pourquoi on dit la len­tille et le haricot. Je ne sais paspourquoi la sardine est fémi­nine et l'anchois masculin.Tout ce que je peux vous dire,pour vous mettre sur la voie,votre Grandeur, c'est que lesmots sont de très grands voya­geurs. De tous les objets de lacréation, les mots sont ceuxqui voyagent le plus. Ils voya­gent dans le temps de sièclesen siècles. Ils voyagent dansl'espace, du midi au septen­trion, du levant au couchant,traversent les océans et lesdéserts, franchissent les mon­tagnes. Rienne les arrête, nimer, ni frontière. Et il se lJeut,en effet, qu'en passant d'unsiècle à un autre, d'un conti­nent à un autre, ces motschangent de sens, et, pour­quoi pas, de sexe.

- Alors, dit le Prince, ces motsles plus simples et les plusanciens de notre langue queles mères depuis toujoursapprennent à leurs enfants,ces mots qui désignent lesobjets qui peuplent les mai­sons, ces mots qui viennent duplus profond de notre histoireet qui n'ont pu être créés qu'enmême temps que nous, cesmots, ce que tu cherches à medire, c'est que peut-être ilsseraient venus d'ailleurs?

- Je ne sais pas votre Gran­deur, je ne sais pas. Ce que jepeux dire, c'est que l'on nepeut en exclure la possibilité.

- Et peut-être vas-tu me direbientôt que le nom même denotre créateur, le nom de notrepatrie et celui de nos ancêtresvient aussi d'ailleurs?

- Je ne sais, votre grandeur.

- Mais n'est-ce pas ce que tucherches à me faire com­prendre?

- Votre grandeur je n'ai dit quece que j'ai dit. Mais peut-êtrey-a-t-il dans ce que j'ai dit dessens aue moi-même j'ignore.

L e prince, qui s'impa­tientait de plus en plus,répondit avec une ironi­

que fureur:

- Ainsi les mots prendraient lessens qu'ils veulent. Celà n'estpas tolérable. Et où seraitl'ordre si nécessaire aux Etatssi on le permettait? Il faut lespresser de se choisir un senset de s'y tenir.

- Vous pouvez, votre Gran­deur, me faire couper la têteou me jeter dans quelquecachot. Mais il n'y a pas de pri­son pour les mots.

Le prince se tourna versCarvi:

- Carvi, qu'allons nous faire dece vieil homme impertinent etentêté?

- Votre Grandeur, réponditCarvi, lorsque l'on pose desquestions il est toujours sou­haitable d'avoir deux réponsesplutôt qu'une. Gardez vousbien d'éloigner ce vieillard. Carlorsque les autres vous aurontfourni une réponse, lui vous enfournira toujours une seconde.Et sans doute, cette dernièrevous sera-t-elle toujours aumoins aussi nécessaire que lapremière.

Néjib BOUDERBAL4

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