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UFR Sciences de l'homme et de la société Département des sciences de l’éducation
Mémoire de Master 2 Professionnel Métiers de la formation
Parcours Ingénierie et Conseil en Formation
Présenté par Sandrine PRIGENT Sous la direction de Richard WITTORSKI Septembre 2011
L’analyse des pratiques professionnelles : vers une
meilleure adéquation entre travail et formation.
Celui qui se sera étudié sur lui-même sera bien avancé dans la connaissance des autres.
Denis DIDEROT
Extrait de Règnes de Claude et de Néron (1778)
Remerciements
Sommaire
Introduction ......................................................................................................... - 1 -
I. Le contexte professionnel ................................................................................ - 5 -
I.1. Présentation des structures ........................................................................................... - 5 -
I.1.1. La Chambre de Métiers et de l’Artisanat.............................................................. - 5 -
I.1.2. La Faculté des Métiers - Institut de Formation de l’Artisanat .............................. - 6 -
I.2. La mission .................................................................................................................... - 7 -
I.3. Articulation entre la mission et la recherche ............................................................... - 9 -
I.4. Le questionnement de départ ..................................................................................... - 10 -
II. Approfondissements théoriques nécessaires ............................................. - 13 -
II.1. La professionnalisation : un concept à approfondir ................................................... - 13 -
II.1.1. Origine et sens du terme professionnalisation .................................................... - 13 -
II.1.2. Articulation entre travail et formation ................................................................ - 16 -
II.2. Le développement des compétences .......................................................................... - 19 -
II.3. L’analyse des pratiques professionnelles comme dispositif de professionnalisation - 21 -
II.3.1. Un peu d’histoire ................................................................................................ - 21 -
II.3.2. Définition ............................................................................................................ - 22 -
II.3.3. Enjeux et fonctions de l’analyse des pratiques ................................................... - 23 -
II.4. La réflexivité au service de l’analyse des pratiques professionnelles........................ - 24 -
II.5. Ce que nous retenons ................................................................................................. - 26 -
III. Déroulement de la recherche-action ........................................................ - 29 -
III.1. Emergence de la problématique ............................................................................. - 30 -
III.1.1. La problématique de recherche ....................................................................... - 30 -
III.1.2. Les hypothèses retenues .................................................................................. - 32 -
III.2. Choix méthodologiques .......................................................................................... - 33 -
III.2.1. Lien avec le stage ............................................................................................ - 35 -
III.2.2. L’entretien d’explicitation ou verbaliser son action ....................................... - 36 -
III.2.3. L’analyse des pratiques ................................................................................... - 40 -
IV. Analyse des données et interprétation des résultats ............................... - 43 -
IV.1. Analyse des entretiens d’explicitation .................................................................... - 43 -
IV.2. Analyse des séances d’analyse des pratiques professionnelles .............................. - 46 -
IV.2.1. Analyse par les thèmes abordés ...................................................................... - 46 -
IV.2.2. Retour réflexif sur leurs deux années de formation ........................................ - 54 -
IV.2.3. Compétences développées au cours des séances d’analyse des pratiques
professionnelles ................................................................................................................ - 55 -
IV.2.4. Corrélation entre entretiens d’explicitation et séances d’analyse ................... - 57 -
IV.3. Vérification des hypothèses .................................................................................... - 60 -
IV.3.1. Hypothèse 1..................................................................................................... - 60 -
IV.3.2. Hypothèse 2..................................................................................................... - 62 -
IV.4. Préconisations : tentative d’élaboration d’un référentiel de compétences ............. - 63 -
IV.4.1. Une approche théorique .................................................................................. - 64 -
IV.4.2. Le référentiel de compétences ......................................................................... - 65 -
Conclusion ......................................................................................................... - 67 -
Bibliographie ..................................................................................................... - 71 -
OUVRAGES ......................................................................................................................... - 71 -
REVUES ............................................................................................................................... - 72 -
COMPTE-RENDUS DE CONFERENCES ......................................................................... - 73 -
SITES.................................................................................................................................... - 73 -
COURS ................................................................................................................................. - 73 -
Annexes ............................................................................................................... - 75 -
Annexe 1 : Plaquette formations Faculté des Métiers ..................... Erreur ! Signet non défini.
Annexe 2 : Accord de stage ............................................................. Erreur ! Signet non défini.
Annexe 3 : Retranscription des entretiens d’explicitation ............... Erreur ! Signet non défini.
Annexe 4 : Retranscription des séances d’analyse des pratiques professionnelles ........ Erreur !
Signet non défini.
Annexe 5 : Questionnaire à destination des participants aux séances d’analyse des pratiques
professionnelles ............................................................................... Erreur ! Signet non défini.
Annexe 6 : Synthèse des entretiens d’explicitation ......................... Erreur ! Signet non défini.
Introduction
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 1 -
IInnttrroodduuccttiioonn
Dans un contexte d’évolution économique fluctuant et fortement concurrentiel, développer des
compétences en vue d’une meilleure professionnalisation se retrouve aujourd’hui au cœur des
enjeux économiques et sociaux de notre société.
Cette problématique anime autant les entreprises que les organismes de formation, qui sont
contraints de travailler dans un environnement fortement concurrentiel et changeant.
Les exigences des organisations ont évolué : le salarié passe d’un statut « d’exécutant » à celui
« d’acteur », acteur de son évolution professionnelle, de sa formation mais également dans son
entreprise. Il doit évoluer dans des situations instables et changeantes, faire preuve de proactivité
et travailler en intelligibilité avec son environnement. Les organisations ont des obligations de
résultats pour se maintenir sur le marché. Elles doivent faire preuve de réactivité et d’adaptabilité
aux besoins de leurs clients. De la même façon, les organismes de formation sont contraints
d’évoluer et d’adapter leurs offres de formation, en allant à la rencontre des entreprises, de façon
à proposer des formations professionnalisantes et ainsi se maintenir sur le marché. Pour les uns
comme pour les autres, la concurrence et l’efficacité des activités sont devenues omniprésentes.
Des efforts de coordination entre le milieu de la formation et celui de l’entreprise existent déjà,
sans qu’il n’ait été mis en place une réelle formalisation de cette collaboration visant à accroitre
la pertinence des formations. Pour ces raisons, nous pensons qu’un réel travail collaboratif entre
l’espace de travail et celui de la formation doit être mis en place, permettant à chacun d’évoluer
dans le climat économique et social actuel.
Nos fonctions de coordinatrice du pôle informatique au centre de formation d’apprentis (Institut
de Formation de l’Artisanat - IFA) de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Ille et Vilaine
depuis une dizaine d’années nous ont amenés à nous poser progressivement différentes
questions.
Tout d’abord, les personnes rencontrées sont issus de milieux scolaires ou professionnels très
différents, et leurs compétences ne répondent pas toujours aux attentes des entreprises. Nous
nous sommes alors posé la question suivante : comment développer les compétences des
apprenants en vue d’une meilleure insertion professionnelle ?
Introduction
- 2 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
De plus, nous travaillons en étroite collaboration avec des entreprises de prestations
informatiques et des services informatiques d’administrations, acteurs clés du développement des
formations en alternance. Leur investissement permanent dans la formation est considérable et
leur souhait de partenariat est réel. Ils sont en effet confrontés à la concurrence, à l’évolution de
leurs activités nécessitant une flexibilité des salariés. La notion de rentabilité est omniprésente.
Leur objectif est de participer à la formation de futurs professionnels, voire de futurs
collaborateurs pouvant s’adapter à l’environnement actuel : quelles sont les compétences à
développer en vue d’une meilleure professionnalisation ?
Il est vrai que depuis quelques temps, des professionnels se sont penchés sur leur métier et les
pratiques afférentes. Cette démarche, assez isolée au départ, capte de plus en plus l'attention tant
de leurs pairs que des professionnels du secteur de la formation, qui voient en elle un axe de
développement essentiel pour les années à venir. Ce type d’initiative n’existe pas encore dans les
métiers de l’informatique, qui sont avant tout des professions techniques. Un échange entre pairs,
une réflexion sur leurs pratiques devraient permettre de mieux appréhender les problèmes, de
cerner plus précisément les besoins en formation, de mieux évoluer, avec pour objectif commun
une meilleure professionnalisation.
Enfin, au sein du pôle informatique de l’IFA, nous souhaitons proposer des formations de qualité
aux apprenants et aux entreprises. Mais qu’est ce qu’une formation de « qualité » ? Nous
entendons par formation de qualité, une formation permettant l’obtention de l’examen final
comme tout centre de formation mais pas seulement. Nous sommes également très attentifs à
l’insertion de nos apprenants dans le milieu professionnel. Il n’y a en effet aucun intérêt, ni pour
les apprenants, ni pour les entreprises, ni pour nous centre de formation, à proposer sur le marché
du travail des diplômés non employables, manquant de flexibilité et d’adaptation. Nous nous
orientons dans le sens du développement de compétences utiles aux individus afin de s’adapter à
un monde professionnel en perpétuelle évolution, mais également utiles aux organisations qui
cherchent à capitaliser les savoirs professionnels développés par leurs salariés.
Notre questionnement est alors le suivant : comment proposer des formations de « qualité », au
regard de la définition précédente, comment développer des compétences utiles c’est-à-dire
répondre aux exigences des organisations et aux attentes des apprenants? Et comment formaliser
les compétences nécessaires afin d’accroitre la pertinence des formations ?
Introduction
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 3 -
Le développement des formations n’est pas uniquement l’apanage des organismes de formation,
mais l’affaire de tous : entreprises, salariés, apprenants et centres de formation. Pour répondre
aux enjeux économiques et sociaux, les contenus de formations doivent s’adapter étroitement
aux situations de travail. Pour cela, "l’analyse des pratiques professionnelles apparait comme un
outil de professionnalisation des personnes, des activités et des organisations1 ».
Dans la première partie de ce travail, nous présenterons le contexte professionnel dans lequel
s’inscrit notre recherche. En effet, notre recherche est issue du terrain puisque initiée par les
différents questionnements suscités par nos dix années d’expériences en formation.
Dans la deuxième partie, nous aborderons les points théoriques nécessaires à l’évolution de
notre questionnement et à la mise en place de notre recherche.
La troisième partie expliquera le déroulement de notre recherche.
Enfin, une quatrième partie présentera l’analyse des résultats puis fera l’objet des
préconisations.
1 WITTORSKI R. (2004) « Dossier L’analyse des pratiques », Education permanente n°160-2004 p5
Introduction
- 4 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
I - Le contexte professionnel
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 5 -
II.. LLee ccoonntteexxttee pprrooffeessssiioonnnneell
I.1. Présentation des structures
I.1.1. La Chambre de Métiers et de l’Artisanat
a. Missions de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Ille et Vilaine
Les missions de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat d’Ille et Vilaine(CMA35) sont très
diversifiées avec notamment une place importante pour la formation des artisans et des jeunes.
- Représenter la diversité du monde artisanal : la Chambre de Métiers et de l’Artisanat
d’Ille et Vilaine (CMA35) représente les intérêts généraux de l’Artisanat auprès de
pouvoirs publics, en travaillant en étroite collaboration avec les organisations
professionnelles artisanales. Elle joue également un rôle majeur dans la promotion du
secteur auprès du grand public par des actions de valorisation de l’artisanat et des
métiers.
- Participer à l’aménagement des territoires : l’objectif est d’assurer une répartition
équilibrée des activités et de l’emploi et une prise en compte des spécificités des
entreprises artisanales.
- Accompagner l’entreprise à chaque étape : création, développement et transmission
- Optimiser les compétences des artisans : des stages de formation continue sont proposés
aux artisans et à leurs salariés, afin d’optimiser leurs connaissances pour pouvoir
s’adapter aux évolutions technologiques et économiques.
- Simplifier la vie de l’entreprise : le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) suit
administrativement l’entreprise artisanale.
- S’associer pour accompagner la compétitivité des entreprises : la CMA35, avec les
autres chambres de métiers et de l’artisanat des départements bretons, s’associe à la
définition et à la mise en œuvre des politiques de la chambre régionale de métiers et de
l’artisanat de Bretagne.
- Former les jeunes : la formation des jeunes constitue depuis son origine, l’une des
priorités de la CMA 35. La Faculté des Métiers – Institut de Formation de l’Artisanat
I - Le contexte professionnel
- 6 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
(IFA), propose des formations par apprentissage, préparant à plus de 70 diplômes dans 30
métiers différents.
b. La place de la formation
L’artisanat est un acteur majeur de la formation professionnelle avec les entreprises et
pour les jeunes. La Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Ille et Vilaine offre et met en
place des filières de formation et des parcours individualisés pour le développement de
la formation initiale et continue.
Les filières de formation, mises en place au sein de la Faculté des Métiers- IFA,
permettent de constituer des parcours de formations souples et adaptés aux attentes des
entreprises et des jeunes.
La CMA d’Ille et Vilaine développe une offre de formation répondant à l’évolution des
compétences des métiers de l’artisanat. Elle accueille de nouveaux publics, en
apprentissage et en formation continue, dans les entreprises et place l’esprit d’entreprise
au cœur de la formation des apprentis.
Elle offre aux apprentis un cadre de vie et un environnement favorables à leur réussite
et leur donne les moyens d’être acteurs de leur propre développement.
Elle développe également la formation continue de tous, chefs d’entreprises ou salariés
Elle les accompagne dans leur formation tout au long de leur vie professionnelle, en
développant le conseil en formation auprès des chefs d’entreprise et de leurs salariés.
Enfin, elle adapte l’offre de formation aux besoins des familles professionnelles.
I.1.2. La Faculté des Métiers - Institut de Formation de l’Artisanat
La Faculté des Métiers est née d’une idée : promouvoir une véritable culture de métiers
à travers un centre de référence dans le domaine de la formation professionnelle par
alternance. Cette structure a été créée à Rennes-Bruz (35), en 1999, à l’initiative de la
Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Ille et Vilaine et la Chambre de Commerce et
d’Industrie de Rennes Bretagne, avec le soutien de l’Etat, du Conseil Régional de
Bretagne et du Conseil Général d’Ille et Vilaine.
I - Le contexte professionnel
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 7 -
Chaque année, la Faculté des Métiers et ses 300 formateurs forment par alternance plus de 3600
étudiants-apprentis à 64 métiers dans de nombreux secteurs d’activités. Elle accueille également
3000 adultes en formation continue. Au total, la Faculté des Métiers propose une palette de 64
métiers à travers 108 diplômes et certifications professionnelles (annexe1).
Avec 2400 jeunes de 16 à 26 ans en formation chaque année sur trois sites, la Faculté des
Métiers-Institut de Formation de l’Artisanat (IFA) assure la formation de la moitié des apprentis
d’Ille et Vilaine et 15 % des apprentis de la Région Bretagne.
- Les filières de formation à la Faculté des Métiers-IFA : une diversité de métiers
Les filières de formation mises en place permettent de constituer des parcours de formation
souples et adaptés aux attentes des entreprises et des jeunes.
- Une démarche de proximité
L’action de formation de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat s’inscrit dans une démarche de
proximité. Les trois sites de la Faculté des Métiers-IFA sont implantés sur les principaux bassins
d’emploi du département : Bruz (Campus de Ker Lann), Fougères et Saint-Malo.
- L’offre de formation de l’Institut de Formation de l’Artisanat est large.
Plus de 70 diplômes dans 30 métiers avec des niveaux de qualification allant du CAP au Bac+2.
- Des moyens pédagogiques performants
Une équipe de 150 enseignants anime en permanence cet ensemble pédagogique doté de
plateaux techniques et de laboratoires performants. Les jeunes ont également accès à un
laboratoire de langues et à une médiathèque. Un service pédagogique se charge du suivi des
apprentis en lien avec les tuteurs et les maîtres d’apprentissage.
I.2. La mission
a. Les enjeux
Enseignante et coordinatrice du pôle informatique à la Faculté des Métiers-IFA de Bruz depuis
10 ans, la mission (annexe2) s’est naturellement réalisée dans cet établissement. En effet, la
pratique du milieu professionnel depuis plusieurs années me permet de mieux appréhender les
I - Le contexte professionnel
- 8 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
attentes des entreprises et des apprenants en termes de formations et de développement des
compétences.
De plus, comme tout organisme de formation, nous sommes contraints de travailler dans un
environnement de plus en plus concurrentiel, le développement de la carte des formations est
donc nécessaire.
La mission s’est orientée vers le développement du pôle informatique.
En qualité d’ingénieur de formation, ma mission répondait à un double objectif : répondre aux
attentes des entreprises bretonnes en termes de développement des compétences des apprenants
mais aussi proposer une filière de formation en informatique et réseaux plus étendue.
Proposant depuis 2001, en apprentissage, le baccalauréat professionnel Micro-informatique et
Réseaux : Installation et Maintenance (MRIM), devenu en 2009, le baccalauréat professionnel
Systèmes Electroniques Numériques champ Télécommunications et Réseaux (SEN TR), nous ne
disposons de formations supérieures. Par conséquent, nos étudiants-apprentis sont contraints de
poursuivre leur cursus de formation ailleurs. De plus, les compétences acquises à l’issu du
baccalauréat professionnel ne sont pas suffisantes pour certaines entreprises, notamment les
sociétés de services informatiques, ou pour envisager une évolution professionnelle correcte.
Le directeur de la formation professionnelle a donc souhaité une étude de faisabilité de
développement des formations supérieures dans les métiers de l’informatique et des réseaux.
L’objectif est de mettre en place à la rentrée 2011 une formation de niveau III en alternance.
Les enjeux de la mission étaient les suivants :
- Développer la carte des formations de l’Institut de Formation de l’Artisanat, et plus
particulièrement proposer une filière complète dans les métiers de l’informatique et des
réseaux.
- Répondre à la demande des entreprises et des apprenants en termes de développement
des compétences en vue d’une meilleure professionnalisation.
b. Le bilan de la mission
Après avoir répertorié les formations de niveau III en informatique et échangé avec les
professionnels (entretiens, réunions, questionnaires), nous nous sommes orientés vers la mise en
I - Le contexte professionnel
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 9 -
place du BTS Services Informatiques aux Organisations, diplôme récent puisque mentionné au
bulletin officiel en février 2011.
La formation choisie semble correspondre aux attentes des entreprises en termes de
développement des compétences. Nous avons en effet souhaité associer les entreprises à notre
projet. De nombreux mails de soutien, nécessaires à la constitution du dossier de demande
d’ouverture à la CRMA, nous ont été adressés, confirmant ainsi leur adhésion au projet de
formation.
Elles attirent également les apprenants, au regard des nombreux dossiers de candidatures reçus.
Pour autant, la mise en place de cette formation pour la rentrée 2011 me semblait un peu
difficile.
Tout d’abord, le contrat de professionnalisation, par rapport au contrat d’apprentissage, implique
un coût important pour les entreprises, ce qui représente un premier obstacle. En effet, avec la
réforme actuelle des OPCA2, ces dernières ne financent que très peu les contrats de
professionnalisation. Cette tendance est confirmée par l’étude des années précédentes qui met en
évidence une baisse sensible de la participation financière de près de 40%.
De plus, d’un point de vue de l’ingénierie pédagogique, le référentiel impose un réel travail
collaboratif des formateurs et la mise en place d’un groupe projet me semble souhaitable, sinon
incontournable, pour pouvoir proposer une formation de qualité. Certains délais étant
incompressibles, une ouverture pour la prochaine rentrée serait hasardeuse, les délais étant trop
tendus pour répondre correctement aux engagements pris auprès des entreprises et des
apprenants.
La qualité étant un critère essentiel pour pérenniser une formation, le report de la mise en place
de la formation en contrat d’apprentissage à la rentrée 2012 a donc été choisi.
I.3. Articulation entre la mission et la recherche
Il parait essentiel, pour la mise en place de formation en alternance de s’orienter dans le sens
d’une très forte articulation entre travail et formation. En effet, la logique de formation a changé
ces dernières décennies. Les organismes de formation sont de plus en plus nombreux, les
2 OPCA : Organisme Paritaire Collecteur Agréé
I - Le contexte professionnel
- 10 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
apprenants et les organisations de plus en plus exigeants. Cependant les salariés ne sont pas pour
autant tous employables. Nous entrons dans une logique de développement de compétences,
mais de compétences utiles allant dans le sens d’une meilleure professionnalisation des
individus, des activités et des organisations. Ce développement de compétences utiles implique
que le centre de formation aille à la rencontre de l’entreprise afin que la formation soit à visée
professionnalisante, répondant ainsi aux évolutions et aux attentes des organisations. En effet,
développer des compétences en vue d’une meilleure professionnalisation se retrouve aujourd’hui
au cœur des enjeux économiques et sociaux de notre société. Les entreprises ainsi que les
organismes de formation, sont contraints de travailler dans un environnement fortement
concurrentiel et changeant. Le développement d’une formation suppose une analyse préalable
pour identifier les compétences à développer, attendues par les entreprises. Le partenariat entre
centres de formation et organisations apparaît ainsi comme évident, nécessaire voire
indispensable.
L’objectif est bien la recherche d’une articulation forte entre entreprise et centre de formation.
Une formation professionnalisante doit s’appuyer sur une alternance entre les deux espaces du
travail et de la formation. R.WITTORSKI a d’ailleurs observé une remise en cause des logiques
de formation : « Ce mouvement s’accompagne d’un rapprochement des deux champs du travail
et de la formation dont l’enjeu consiste à ne plus les penser de façon séparée3».
La mission a été le point de départ de notre questionnement et a servi de matière pour
développer notre recherche. En effet, comme l’explique T.ARDOUIN, « l’ingénierie de
formation consiste à faire l’analyse complète du travail et à monter un projet de formation
adapté, pour aider l’entreprise à évoluer et à devenir performante, mais aussi pour que
l’individu puisse progresser à l’intérieur de son projet4 ».
I.4. Le questionnement de départ
Au fur et à mesure de notre évolution professionnelle, les interrogations se sont succédées.
On entend régulièrement parler de l’existence d’un décalage entre les formations dispensées et
les attentes des entreprises.
3 WITTORSKI R. (2009) « A propos de la professionnalisation » in Encyclopédie de la formation sous la direction de BARBIER J.M,
BOURGEOIS E., CHAPELLE G., RUANO-BORBALAN J.C Group DEMOS p 781 4 ARDOUIN T. (2010) Ingénierie de formation pour l’entreprise, 3ème édition DUNOD, p.20
I - Le contexte professionnel
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 11 -
- Qu’en est-il et que peut-on faire ?
- Comment répondre aux attentes des entreprises en termes de développement des
compétences ?
- Comment mettre en place des formations professionnalisantes ?
- Comment peut-on établir un réel partenariat entre centres de formation et organisations ?
- Comment permettre aux individus d’acquérir un niveau de qualification dont l’objectif
est de se maintenir sur le marché de l’emploi et d’être reconnu au niveau des
organisations ?
- Comment proposer des formations de « qualité » répondant aux exigences des
organisations et aux attentes des apprenants?
Nos différentes lectures depuis le début de ce master, nous ont permis de recentrer notre
questionnement. Nous nous orientons dans le sens du développement de la professionnalisation
des organisations, avec l’aide de la formation mais aussi du développement de formations
professionnalisantes grâce aux organisations.
- Comment pouvons-nous, en tant que formateur-consultant, repérer les compétences utiles
aux organisations, à développer dans des formations professionnalisantes ? L’objectif ici
est double : employabilité des individus et professionnalisation des apprenants et donc
des organisations.
- Comment un centre de formation peut-il aider les organisations à se professionnaliser ?
Au regard de ces questionnements, nous avons choisi d’approfondir dans un premier temps le
concept de professionnalisation, qui est à la fois commun aux organisations et aux organismes de
formation. Les enjeux de la professionnalisation sont nombreux : adaptation à l’environnement
professionnel, développement et maintien des compétences, amélioration de la qualité et de
l’efficacité des prestations, meilleure adaptabilité de l’offre de formation aux besoins des
organisations…
Ensuite, l’analyse des pratiques professionnelles semble apparaitre comme un outil de
professionnalisation des personnes, des activités et des organisations. Des recherches théoriques
sont donc nécessaires puisque nous souhaitons mettre en place cette approche méthodologique.
I - Le contexte professionnel
- 12 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Enfin, un approfondissement sur la réflexivité nous semblait évident car faisant partie intégrante
des séances d’analyse des pratiques professionnelles. Le professionnel est un praticien réflexif,
nous souhaitons donc nous appuyer sur cette réflexion et l’accompagner.
Le dernier point s’attarde sur la notion de compétences étant donné que la professionnalisation
passe par le développement et le maintien des compétences. Les individus doivent s’adapter et se
qualifier en permanence dans un contexte fortement marqué par les mutations économiques et la
gestion des transitions professionnelles. De plus, nous souhaitons identifier les compétences
utiles aux entreprises informatiques, et cela afin de proposer des formations adaptées
professionnalisantes.
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 13 -
IIII.. AApppprrooffoonnddiisssseemmeennttss tthhééoorriiqquueess nnéécceessssaaiirreess
II.1. La professionnalisation : un concept à approfondir
La conjoncture actuelle fait de la professionnalisation un terme très prisé dans les entreprises, en
terme de gestion de compétences et d’anticipation des besoins, mais aussi au niveau de l’individu
soucieux de son évolution professionnelle dans un climat peu propice à la sécurité. G. LE
BOTERF explique que : « pour faire face aux exigences croissantes de compétitivité, de qualité,
de sécurité et de réactivité qui s’imposent à elles dans une économie mondialisée, les entreprises
et les organisations sont à la recherche de professionnels. Non seulement de compétences mais
de professionnels5 ».
Le terme professionnalisation est également omniprésent dans les milieux de la formation où la
concurrence se fait aussi ressentir. Les centres de formation se veulent de plus en plus
professionnalisants : stage, apprentissage, tutorat, analyse des besoins…
II.1.1. Origine et sens du terme professionnalisation
Pourtant le terme professionnalisation n’est pas récent comme l’explique R. WITTORSKI : « Le
mot professionnalisation est apparu dès la fin du 19ème siècle en France pour signifier des
intentions variées6 ».
De nombreux scientifiques se sont essayés, depuis plusieurs années, à donner une définition de
la professionnalisation. R. BOURDONCLE explique d’ailleurs que : « Dans l'une de ses plus
anciennes acceptions, la profession désigne « une occupation déterminée dont on peut tirer ses
moyens d'existence », ce en quoi elle ne se distingue guère du métier7 ». L’apparition du terme
profession est liée à la notion d’argent, de salaire, en opposition au bénévolat.
L’observation des pratiques sociales conduit R.WITTORSKI à donner trois sens au mot
professionnalisation :
- La professionnalisation comme constitution des professions
5 LE BOTERF G. (2010) Professionnaliser Editions d’organisation p.12 6 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir 7 BOURDOUNCLE R. (2000) « Formes et dispositifs de la professionnalisation » Recherche et formation n°35 – 2000, pp.117-132
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 14 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Dans les pays anglo-saxons, le terme profession est associé à l’image de profession libérale dès
le début du 20ème siècle. Ce sens est utilisé par les acteurs sociaux : il s’agit de se constituer
comme profession. WILENSKI explique déjà en 1964 que la communauté joue un rôle essentiel
dans le processus de professionnalisation : il s'agit de la création d’association professionnelle
nationale.
« Il est un autre sens de profession, dominant en Angleterre et en Amérique du Nord, qui la
distingue du métier, contrairement au sens précédent, en lui attribuant un certain prestige
intellectuel et social8 ». La formation professionnelle doit se faire par le biais de l’Université.
Cette notion de « reconnaissance » d’un professionnel par son cursus universitaire reste encore
très présente dans notre pays de nos jours.
« En France, il apparaît dans un contexte différent qui est caractérisé traditionnellement par la
forte présence d’un état hiérarchique : dès lors, la profession ne repose pas tant sur le modèle
de la profession libérale mais davantage sur celui des corps d’Etat dont l’enjeu est la conquête
d’une meilleure place dans une hiérarchie étatique élitaire9 ».
Au sens de la sociologie anglo-saxonne des professions, le métier devient une profession lorsque
sont mises en œuvre «des stratégies orientées par des objectifs et une éthique, à la place de
règles d'action préétablies, et que se développe une attitude réflexive et autonome du
professionnel ».
- La professionnalisation comme « mise en mouvement » des individus dans des
contextes de travail flexible.
« Les enjeux concernent ici davantage l’accompagnement de la flexibilité du travail. Il s’agit
alors de favoriser une évolution continue des compétences pour assurer une efficacité en
permanence accrue du travail10
». S. FERNAGU-OUDET rejoint R. WITTORSKI sur ce point
en expliquant que « le processus de professionnalisation vise quant à lui le dépassement du
contexte et la possibilité de s’adapter à d’autres contextes ou situations professionnelles11
».
C’est ce point qui fait que la notion de professionnalisation est prioritaire pour les entreprises et
les organisations. La gestion actuelle des compétences nécessite une adaptabilité non seulement
8 BOURDOUNCLE R. (2000) « Formes et dispositifs de la professionnalisation » Recherche et formation n°35 – 2000, pp.117-132 9 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir 10 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir 11 BOURDOUNCLE R. (2000) « Formes et dispositifs de la professionnalisation » Recherche et formation n°35 – 2000, pp.117-132
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 15 -
du salarié au travail demandé, mais également des organisations en fonction du marché et des
attentes des clients, en période de concurrence accrue.
- La professionnalisation comme « fabrication » d’un professionnel par la formation
et « quête d’une légitimité plus grande des offres et pratiques de formation ». Ce sens est utilisé
par les formateurs : il s’agit de favoriser le développement des savoirs et des compétences. « Il
ne s’agit plus de transmettre de façon déductive des contenus pratico-théoriques ou, au
contraire sur le tas, mais d’intégrer dans un même mouvement l’action au travail, l’analyse de
la pratique professionnelle et l’expérimentation de nouvelles façons de travailler12
». Le
caractère professionnalisant des offres de formation est essentiel pour les organismes de
formation dont l’objectif est une meilleure efficience des services proposés avec pour certains
une démarche qualité engagée.
Les entreprises, quant à elles, sont de plus en plus impliquées dans une logique de formation et
deviennent de plus en plus exigeantes. Elles acceptent le concept de « formation tout au long de
sa vie », mis en place par le gouvernement et s’investissent de plus en plus dans une logique de
développement de compétences en vue de renforcer la professionnalisation. Comme le
mentionne S. FERNAGU-OUDET « le propre de la formation est de développer des
compétences, et celui de la professionnalisation plutôt de développer la compétence à
développer des compétences13
».
Pour T.ARDOUIN14
, « la professionnalisation, au niveau de l’individu, est le fait d’accroitre ses
compétences et de passer d’un statut d’amateur à un statut de professionnel, avec ce que le mot
professionnel suggère de compétences et de sérieux dans sa pratique ». Par rapport au métier :
« professionnaliser désigne le processus par lequel un corps de métiers tend à s’organiser sur
les modèles de professions établies ».
La professionnalisation fait partie intégrante aussi bien des organisations que des individus, mais
également des organismes de formation. Il apparait cependant que leurs enjeux de
professionnalisation sont différents. Pourtant, la finalité est commune : une meilleure efficience.
Un rapprochement produirait certainement de meilleurs résultats.
12 WITTORSKI R. (2009) « A propos de la professionnalisation » in Encyclopédie de la formation sous la direction de BARBIER J.M, BOURGEOIS E., CHAPELLE G., RUANO-BORBALAN J.C Group DEMOS p 784 13 FERNAGU-OUDET S. (2003) « L’ingénierie de la professionnalisation », Actualité de la formation permanente mars-avril 2003 p127 14 ARDOUIN T. (2003), Ingénierie de la formation, Edition DUNOD, p115
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 16 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
II.1.2. Articulation entre travail et formation
« L’ingénierie de la professionnalisation se distingue de l’ingénierie de formation par le fait
qu’elle cherche à accompagner les dispositifs de mise à distance dans et par le travail15
».
La relation entre travail et formation a fait l’objet de nombreux travaux par R. WITTORSKI qui
explique : « On constate des expériences reposant sur une tentative d’articulation plus étroite
entre l’acte de travail et l’acte de formation : il ne s’agit plus seulement de transmettre de façon
déductive des contenus pratico théoriques ou, au contraire, d’apprendre sur le tas mais
d’intégrer dans un même mouvement l’action au travail, l’analyse de la pratique professionnelle
et l’expérimentation de nouvelles façons de travailler… Cela engage un ancrage plus fort des
actions de formation par rapport aux situations de travail 16
».
Pourtant, nous pouvons nous apercevoir que le terme professionnalisation a plusieurs sens
suivant la structure qui le définit : centre de formation, organisations, acteurs sociaux.
En formation, la proposition de formations professionnalisantes est une valeur ajoutée pour
l’organisme de formation et garantit une meilleure reconnaissance aussi bien des apprenants que
des entreprises. Au niveau des organisations, l’impact de la professionnalisation est important
dans le cadre du plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences alors qu’au
niveau des individus apparaissent plutôt la notion de qualification ayant pour objectif de se
maintenir sur le marché de l’emploi et de reconnaissance au niveau des organisations.
R.WITTORSKI explique d’ailleurs que « quand elle est à l’initiative des organisations, la
professionnalisation s’inscrit dans une logique de gestion de l’activité par les compétences,
alors qu’elle relève d’une tentative de définition de repères collectifs permettant une mise en
reconnaissance sociale d’une activité commune à un groupe social quand elle est à l’initiative
des groupes professionnels17
».
La formation et le monde professionnel doivent se rapprocher afin de s’entendre sur le terme
professionnalisation. En effet, ce partenariat permettrait de travailler dans le même sens avec un
objectif commun : professionnaliser l’organisation et les individus.
En outre, cette collaboration ne présenterait aucun danger pour l’un ou pour l’autre :
« professionnaliser » ne se substituera pas à « former ». « En effet, ces démarches sont
15 FERNAGU-OUDET S. (2003) « L’ingénierie de la professionnalisation », Actualité de la formation permanente mars-avril 2003 p127 16 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir p144 17 WITTORSKI R. (2008) «Professionnaliser la formation : enjeux, modalités, difficultés », Formation emploi n°101 janvier-mars 2008 p108
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 17 -
complémentaires et la formation au sens classique, peut largement contribuer aux processus de
professionnalisation par le développement des capacités cognitives des individus18
. »
Ainsi R.WITTORSKI caractérise la professionnalisation comme : « le souhait de contribuer au
développement des compétences des individus par la formation tout en augmentant l’efficacité
de l’acte de formation ». J. CASSINGENA explique que « la formation devient un instrument
au service de la professionnalisation ». Mais pas seulement, car la formation seule ne peut
professionnaliser une organisation. L’appui du monde professionnel doit être également associé
à cet objectif afin de mettre en place un réel partenariat. Toutefois, une organisation ou un centre
de formation ne peut professionnaliser un individu, c’est l’individu lui-même qui choisit de se
professionnaliser. C’est pour cette raison que nous devons associer travail, formation et individu.
Après plusieurs années de travail, R.WITTORSKI19
a proposé une grille d’analyse mettant en
évidence la diversité des dispositifs de professionnalisation proposés par les organisations et la
diversité des modalités de développement professionnel des individus en fonction des activités
qu’ils déploient dans les situations professionnelles. Nous nous intéressons uniquement pour
notre recherche, aux voies 3 et 4, à savoir la logique de réflexion sur et pour l’action.
Voies Processus mis en œuvre par l’individu Exemples de situations
3. Logique de la réflexion
sur l’action.
Formalisation de pratiques existantes. Au travail ou dans la vie courante : prendre
un temps de réflexion sur la pratique mise en
œuvre.
En formation : groupe d’analyse de pratiques.
4. Logique de la réflexion
pour l’action.
Formalisation de pratiques nouvelles. Au travail ou dans la vie courante : réfléchir à
un nouveau process d’action.
En formation : participer à un groupe
d’analyse de pratiques en vue de définir de
nouveaux process d’action.
La professionnalisation des activités et des organisations passe tout d’abord par une meilleure
connaissance des situations et des actions professionnelles. Une attitude réflexive sur et pour
l’action permet de formaliser des savoirs sur et pour l’action, qui sans cette réflexion n’auraient
pu être identifiés. La quête de meilleurs résultats, d’une meilleure rentabilité passe certainement
18 FERNAGU-OUDET S. (2003) « L’ingénierie de la professionnalisation », Actualité de la formation permanente mars-avril 2003 p127 19 WITTORSKI R. (2009) « A propos de la professionnalisation » in Encyclopédie de la formation sous la direction de BARBIER J.M,
BOURGEOIS E., CHAPELLE G., RUANO-BORBALAN J.C Group DEMOS p 788
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 18 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
par l’analyse de ces actions dont l’objectif est de les expliciter afin de mieux les comprendre et
les développer.
R. WITTORSKI explique :
- La voie de professionnalisation appelée logique de la réflexion sur l’action correspond
aux moments où les individus analysent de façon rétrospective leur action soit pour
l’évaluer, soit pour mieux la comprendre, soit pour mieux la transmettre. Dans ces
situations, ils développent une « compétence tournée vers l’analyse de leur action ».
- La voie de professionnalisation appelée logique de la réflexion pour l’action caractérise
des moments individuels ou collectifs, de nouvelles façons de faire dans l’intention d’être
plus efficace au travail. Il s’agit d’une réflexion anticipatrice de changement quant à
l’action.
Cette réflexion sur et pour l’action peut permettre de professionnaliser les activités dans le sens
où l’individu développe des compétences d’action, des compétences de gestion de l’action. Ces
compétences sont définies par J.M.BARBIER20
:
- « Compétences d’action : changement continu des actes professionnels en relation avec
le contexte de l’activité.
- Compétences de gestion de l’action : réflexion pendant l’action en terme d’adaptation à
la réalité ».
Certains actes professionnels, devenus habituels, ne sont plus identifiés par les individus et les
organisations. La réflexion sur et pour l’action les met en évidence, permettant ainsi de les isoler,
de les analyser (perte de temps, efficacité…), autant de questionnements et de réadaptations au
contexte changeant.
En tant que formateur-consultant, ces voies de professionnalisation nous intéressent plus
particulièrement, puisqu’elles nous permettent de définir les activités vécues par les individus,
les difficultés rencontrées. Nous pouvons identifier les compétences utiles aux organisations leur
permettant ainsi d’obtenir de meilleurs résultats et une meilleure adaptation des individus aux
situations professionnelles. Les organisations peuvent ainsi s’impliquer dans la construction
d’une formation. Une meilleure connaissance de l’entreprise, voire reconnaissance de
20 BARBIER J.M. (juin 2003) Enseignement supérieur et professionnalisation, conférence inaugurale lors du colloque « Questions de pédagogie
dans l’enseignement supérieur » à l’ENSIETA.
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 19 -
l’entreprise par les organismes de formation, permettra de lier les deux espaces du travail et de la
formation.
La professionnalisation est indissociable des compétences, puisqu’elle se construit sur la notion
de développement et d’amélioration de compétences.
Nous allons donc dans la partie suivante, nous pencher sur le développement des compétences.
II.2. Le développement des compétences
L’amélioration des compétences prend de plus en plus d’importance dans les entreprises mais
également au niveau des individus. La compétence est gage de qualité et de performance et joue
donc un rôle prépondérant dans la gestion de la mobilité et de l’employabilité. Prévenir et
anticiper l’évolution des emplois et des compétences, c’est préparer l’entreprise à relever les
enjeux sociaux (départs en retraite, besoin de main d’œuvre, organisation du travail…) et
économiques (positionnement sur un marché, concurrence…).
« L’entreprise se trouve confrontée à des changements multiples qu’elle doit anticiper si elle
veut poursuivre son développement économique et social». « … Cet objectif ne peut s’atteindre
sans une mobilisation des ressources humaines. C’est la qualité de la gestion des compétences
qui crée de nouvelles sources de performance pour l’entreprise21
».
S.MICHEL et M.LE DRU du COROM, cabinet parisien de consultants, définissent la
compétence comme « la capacité à résoudre des problèmes efficacement dans un contexte
professionnel, de manière à répondre aux exigences de l'organisation22
».
Ces deux définitions représentent bien celle attribuée par les entreprises et les organisations.
Selon G. LE BOTERF 2002 « la compétence est une combinaison de ressources variées :
aptitudes, comportement, savoirs et savoir-être, réseaux relationnels…23
». Mais il ne suffit pas
de posséder toutes ces ressources pour être compétent, il faut savoir les utiliser à bon escient. Ce
point montre toute l’ambiguïté de la notion de compétence.
21 « La qualité de l’offre de formation » (2007), CREFOR Haute-Normandie Eclairage 6 – décembre 2007
22LAGADEC A.M., (2010), « L’analyse des pratiques comme moyen de développement des compétences : intérêts et limites » in BREMAUD L.
et GUILLAMIN C., L’archipel de l’ingénierie de la formation : transformations, recompositions, Collection Des sociétés pp.261-273 23LE BOTERF G. (2002) Développer la compétence des professionnels Editions d’Organisation
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 20 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
R. WITTORSKI considère « qu’une compétence n’est pas une caractéristique propre,
intrinsèque de l’individu mais une qualité attribuée par l’environnement. La compétence désigne
alors le processus d’attribution sociale qui vaut désignation, étiquetage et évaluation dont
l’enjeu est la reconnaissance identitaire». Cette définition nous permet de comprendre
l’importance du développement et de l’amélioration des compétences, tant au niveau des
organisations que des individus.
Comme le dit B. HILLAU24
« la compétence n’est pas un contenu connu absolu attaché par
exemple à une procédure, elle est en permanence l’évaluation sociale d’un protocole effectif,
individuel, de l’action, et à travers cette évaluation, l’appréciation des qualités de l’individu en
rapport à une norme sociale d’activité ».
T. ARDOUIN donne lui aussi une définition précise de la compétence : « la compétence est la
formalisation d’une dynamique complexe d’un ensemble structuré de savoirs (savoirs, savoir-
faire, savoir être, savoir agir, savoirs sociaux et culturels, savoirs expérientiels) mobilisés de
manière finalisée et opératoire dans un contexte particulier. La compétence est la résultante
socialement reconnue de l’interaction entre l’individu et l’environnement25
». Dans cette
définition, T. ARDOUIN se rapproche des écrits de G. LE BOTERF et de R. WITTORSKI. Le
fait que la compétence soit fortement liée à l’environnement professionnel, comme l’écrivent les
scientifiques précédemment cités, ne fait que renforcer notre position : les séances d’analyse de
pratiques professionnelles permettent de savoir comment et où utiliser des compétences acquises.
L’amélioration et le développement des compétences est commun à la fois aux entreprises, dans
un but de compétitivité, aux apprenants afin de valoriser et de sécuriser leur parcours
professionnel et aux organismes de formation dont l’objectif est de satisfaire les deux premiers
acteurs.
« La notion de compétence se situe clairement à l’intersection de trois champs : le champ du
parcours de socialisation, de la biographie ; le champ de l’expérience professionnelle ; le champ
de la formation. Les compétences se produisent et se transforment dans ces trois champs26
».
24 HILLAU, B. (1994). « De l’intelligence opératoire à l’historicité du sujet ». In F. Minet, M. Parlier et S. de Witte, La compétence : mythe, construction ou réalité ? (p. 45-71), Ed. L’Harmattan 25ARDOUIN T., (2005), Pour une épistémologie de la compétence, Savoirs en action et acteurs de la formation 26 WITTORSKI R. (1998), «De la fabrication des compétences », Education permanente n°135/1998
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 21 -
La formation développe des compétences certes mais elle doit s’intéresser plus particulièrement
aux compétences utiles aux organisations dans le souci d’une meilleure efficacité. La
compétence peut être initiée par la formation mais dépend du contexte professionnel.
Notre recherche s’oriente vers la recherche commune entre organisations et centres de formation,
du développement des compétences utiles aux entreprises.
Un espace de mise en mots des pratiques professionnelles permettrait cette rencontre entre les
organisations et les organismes souhaitant développer des formations non plus uniquement
professionnelles mais surtout professionnalisantes.
II.3. L’analyse des pratiques professionnelles comme dispositif de
professionnalisation
Pour identifier, comprendre, analyser, mesurer ce qui se joue en matière d’apprentissage dans les
situations de travail, l’analyse de l’activité parait être un moyen de professionnalisation adapté.
II.3.1. Un peu d’histoire
Même si la notion d’analyse des pratiques est très en vogue actuellement, de nombreux
chercheurs ont déjà, par le passé, utilisé cette méthodologie.
En 1955, J. LEPLAT propose « l’analyse des exigences de la tâche » comme « préalable à la
conception des formations », et en 1974 M. de MONTMOLLIN défend l’idée que « pour être
efficaces, les formations professionnelles doivent être conçues après analyse des objectifs, des
compétences déjà acquises et du comportement au travail des opérateurs expérimentés27
».
B. SCHWARTZ place au premier plan le principe selon lequel « un adulte n’est prêt à se former
que s’il y trouve une réponse à ses problèmes dans sa situation28
». C’est dans cette recherche
d’un écart à combler entre situations de travail et situations de formation que s’inscrivent les
travaux qui posent l’analyse de ce qui n’est pas encore appelé « activité » en amont et au
préalable de la construction des dispositifs de formation.
27 FALZON, TEIGER, (1999), Traité des Sciences et des Techniques de la formation. Ergonomie et formation Editions Dunod p.154 28 SCHWARTZ B., (1989), Moderniser sans exclure, Editions La Découverte
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 22 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
II.3.2. Définition
M.ALTET explique que l’analyse de pratiques est une « démarche finalisée pour construire un
métier avec une analyse réflexive. C’est une démarche groupale qui est accompagnée par un
formateur qui va aider à la distanciation, à la réflexivité, à la formulation et à l’explication29
».
R. WITTORSKI définit l’analyse des pratiques comme « une réflexion (souvent appelée analyse)
menée par des professionnels au sujet de leurs propres pratiques (…) objet d’un intérêt
grandissant dans l’espace de la formation comme dans celui du travail » qui jouerait « un rôle
d’articulation entre deux espaces traditionnellement disjoints », l’analyse des pratiques est liée
à des « enjeux de professionnalisation d’activités » et au « développement de nouveaux modes de
formation plus articulés aux situations de travail30
».
« Il y a donc convergence entre les évolutions de la relation formation-travail, les conceptions
du travail et de la formation, l’affichage d’intentions politiques, la réorganisation des systèmes
d’emploi et de formation. Situations de travail et situations de formation voient leurs définitions
renouvelées d’une manière qui justifie l’intérêt porté à l’analyse des activités31
».
Comme le remarque P. PASTRE, « la formation continue est trop liée aux situations
professionnelles pour ne pas être amenée, un jour ou l’autre, à s’emparer de l’analyse du
travail32
».
Ainsi les centres de formation s’intéressent de plus en plus à la nature des activités
professionnelles et aux moyens qui sont donnés par la recherche pour mieux les comprendre, les
analyser, et en proposer des modalités de formalisation susceptibles de contribuer aux objectifs
de professionnalisation.
L’analyse des pratiques professionnelles permet de développer des compétences produites dans
l’action mais ne permet-elle pas de développer des compétences en amont, c’est-à-dire être elle-
même formatrice ?
29 ALTET M. (2002) Compte-rendu de la conférence du 26 juin 2002 par C. ESCARTIN – IUFM Orléans-Tours 30 WITTORSKI R. (2008), «Professionnaliser la formation : enjeux, modalités, difficultés », Formation emploi n°101 janvier-mars 2008, p70 31 BARBIER J.M. (1998), « Les savoirs de la pratique », Recherche et formation, 1998, n° 27 32 PASTRE P. (1999), « L'ingénierie didactique professionnelle », in Carré P., Caspar P., Traité des sciences et des techniques de la formation,
Editions Dunod, pp. 403-417
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 23 -
C’est d’ailleurs sur ce point que s’attarde Y.CLOT : « l’analyse du travail n’est pas seulement
une phase préparatoire à la formation. Elle peut constituer une formation en tant que telle si elle
est elle-même « transformée en travail 33
».
R. WITTORSKI explique également que « cette mise en mots de l’action permet un
apprentissage non seulement par le sujet-auteur de l’action mais également par les participants
partageant le même espace-temps de retour sur les pratiques (les uns apprennent de l’écoute de
l’autre)34
». Dans ce sens, une analyse de pratiques constitue une période de formation en elle-
même.
L’analyse de pratiques professionnelles permet suivant un processus particulier et développé
selon une démarche, une méthodologie et des procédures adaptées, d’analyser en profondeur
pour tenter de comprendre une situation vécue, pratiquée sur le plan professionnel, dans
l’exercice de son métier. Elle favorise la construction de savoirs, de savoirs de la pratique, de
savoirs professionnels.
« L’analyse de pratiques correspond également au développement professionnel des
individus35
».
C’est également un outil de repérage des besoins en formation.
L’analyse des pratiques constitue un cadre d’échanges entre des acteurs, pouvant ensuite être
repris dans une perspective de formation orientée.
II.3.3. Enjeux et fonctions de l’analyse des pratiques
Ce type de dispositif permet à la fois :
- De « flexibiliser des salariés » en développant des compétences de processus très utiles
dans des contextes de travail qui s’assouplissent,
- Mais aussi de formaliser, par les acteurs eux-mêmes les contours des bonnes pratiques
dont ils seront ensuite les meilleurs applicateurs36
».
33 CLOT Y. (2000), « Analyse psychologique du travail et de la singularité de l’action » in BARBIER J.M., L’analyse de la singularité de
l’action, PUF 34 WITTORSKI R. (2008), Formation emploi numéro 101 (janvier-mars 2008), p114 35 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir p.6 36 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir p.104
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 24 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Les groupes d’analyse des pratiques peuvent avoir un double objectif, comme l’explique S.
FERNAGU-OUDET : « les groupes de travail sont formateurs lorsqu’ils permettent
l’acquisition de procédures de résolution de problèmes, et professionnalisants lorsqu’ils offrent
la possibilité de réinvestir ces acquis dans d’autres situations plus éloignées des situations de
référence37
».
Selon R. WITTORSKI, « ce que permet l’analyse de pratiques, c’est d’offrir un espace de mise
en mots de ces pratiques spontanées. L’analyse de pratiques repose souvent sur une démarche
de groupe consistant à réunir des personnes partageant les mêmes activités et qui sont incitées à
décrire, tour à tour, des pratiques professionnelles vécues. Celles-ci sont ensuite discutées et
analysées en groupe. L’analyse permet alors d’identifier les pratiques incorporées à l’action,
mais aussi par le travail d’échange collectif, d’en saisir les tendances communes, les principes
qui les organisent, ces derniers étant utiles pour développer d’autres pratiques de retour en
situation professionnelle 38
».
Comme nous venons de le voir, l’analyse des pratiques professionnelles nécessite une capacité à
verbaliser une action déjà vécue, ayant présentée ou non des difficultés. La réflexivité est donc
un aspect très important du développement des savoirs professionnels.
II.4. La réflexivité au service de l’analyse des pratiques professionnelles
Avoir une attitude réflexive est un exercice difficile mais essentiel, tant dans le développement
de savoirs professionnels que d’un point de vue personnel. Elle fait partie intégrante des séances
d’analyse des pratiques professionnelles.
D. SCHON a montré que « la pratique professionnelle n'est pas un domaine d'application de
théories élaborées en dehors d'elle ; elle est le lieu de production constante de solutions
nouvelles à des problèmes nouveaux et un lieu de développement de compétences
professionnelles39
».
« Le professionnel n'est pas un applicateur de principes théoriques ni de schémas a priori, ni de
règles méthodologiques... ; il construit son savoir professionnel par l'action et la réflexion dans et
sur l'action. Les professionnels sont en fait considérés comme des « praticiens réflexifs », c'est-à-
37 FERNAGU-OUDET S. (2003) « L’ingénierie de la professionnalisation », Actualité de la formation permanente mars-avril 2003 p127 38 WITTORSKI R. (2008), «Professionnaliser la formation : enjeux, modalités, difficultés », Formation emploi n°101 janvier-mars 2008, p.111 39 PAQUAY L. et SIROTA R., (2001), « Le praticien réflexif », Recherche et formation pour les professionnels de l’éducation n°36 (2001),
Editorial
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 25 -
dire des praticiens capables de délibérer sur leurs propres pratiques, de les objectiver, de les
partager, de les améliorer et d'introduire des innovations susceptibles d'accroître leur
efficacité40
».
La pratique professionnelle constitue le lieu privilégié de développement des compétences
professionnelles.
Mais l'expérience seule ne suffit pas à créer l’expertise. Les dispositifs d'analyse peuvent aider le
professionnel dans cette démarche de réflexivité.
« La réflexivité fait référence à l'aptitude humaine à se percevoir (à percevoir ses propres
actions et le contexte dans lequel ces actions ont lieu) comme objet d'une pensée intentionnelle et
explicite (Schön, 1983 ; Verloop, 1995 ; Calderhead, Gates, 1993)41
».
Cette réflexivité doit être conçue à la fois comme une compétence et une attitude. En tant que
compétence, c'est l'aptitude à reconsidérer, repenser, reconstruire mentalement ses expériences et
ses actions d'une manière réfléchie et plus ou moins systématique. La réflexivité constitue un
élément clé du développement professionnel et contribue ainsi à une plus grande efficience des
actions entreprises.
La réflexivité implique et présuppose à la fois une attitude d'ouverture, d'éveil et même de
curiosité pour mettre en question l'évidence de ses propres situations et expériences.
« Le praticien réflexif est un praticien qui se regarde agir comme dans un miroir et cherche à
comprendre comment il s'y prend, et parfois pourquoi il fait ce qu'il fait, éventuellement contre
son gré42
».
« La réflexion d'un professionnel sur sa propre pratique est de l'ordre de la description, de la
compréhension, de l'explication43
».
Il faut cependant dissocier les deux concepts. Nous entendons bien Ph. PERRENOUD
expliquant que « La pratique réflexive caractérise un praticien en exercice et rien n'impose
40 PAQUAY L. et SIROTA R., (2001), « Le praticien réflexif », Recherche et formation pour les professionnels de l’éducation n°36 (2001),
Editorial 41 PERRENOUD Ph. (2004), «Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la professionnalisation », Education permanente
n°160-septembre 2004, pp.35-60. 42 PERRENOUD Ph. (2004), «Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la professionnalisation », Education permanente n°160-septembre 2004, pp.35-60. 43 PERRENOUD Ph. (2004), «Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la professionnalisation », Education permanente
n°160-septembre 2004, pp.35-60.
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 26 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
qu'elle s'insère dans un groupe, encore moins une formation continue ou un dispositif défini
d'analyse des pratiques ou des problèmes professionnels44
». Mais nous pensons que les séances
d’analyse de pratiques ne peuvent atteindre leurs objectifs que si les participants ont cette
attitude de réflexivité et que l’animateur les y accompagne.
Dans le cadre de notre recherche, l’analyse des pratiques professionnelles nous apparait comme
un dispositif de professionnalisation des activités et des individus. Elle est en effet, un moyen
d’aider à la mise en mots d’actes et d’actions, que l’individu accomplit dans l’immédiateté de la
situation et de façon plus ou moins automatisée, c’est-à-dire en l’absence d’un vrai
questionnement réflexif. Elle est un levier essentiel à la démarche de professionnalisation.
L’analyse des pratiques est un moyen d’analyser une situation vécue, exercée, pratiquée, pour
tenter de la comprendre.
Nous pouvons dire que l’analyse de pratiques professionnelles correspond à un besoin, compte-
tenu notamment des changements de société, des évolutions de la formation. L’analyse des
pratiques est en congruence avec la loi du 4 mai 2004 de « formation tout au long de sa vie
professionnelle ».
Nous venons de le voir, l’analyse des pratiques professionnelles est un moyen d’analyser une
situation professionnelle pour la comprendre. Elle permet alors d’identifier les contours d’une
profession, de mettre en évidence les compétences utiles aux organisations, toujours dans le but
d’une meilleure professionnalisation. Elle permet également de déterminer les compétences à
développer prioritairement en formation. Elle laisse une place aux organisations dans
l’élaboration des contenus de formation.
II.5. Ce que nous retenons
Nous avons pu mettre en évidence que le concept de professionnalisation en général est un
objectif commun aux organisations, aux individus et aux centres de formation. Les enjeux
sociaux actuels en font une priorité.
Les exigences de compétitivité, de qualité font que les organisations sont à la recherche de
professionnels et pas seulement de compétences. La gestion et le développement des
44 PERRENOUD Ph. (2004), «Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la professionnalisation », Education permanente
n°160-septembre 2004, pp.35-60.
II - Approfondissements théoriques nécessaires
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 27 -
compétences sont liés aux notions de performance, de rentabilité et d’efficacité. L’objectif est de
répondre aux exigences des organisations.
Les organismes de formation, quant à eux, sont contraints de modifier leurs façons de faire : il
s’agit de développer des savoirs et des compétences avec pour objectif, une meilleure efficience
des services proposés. Nous ne proposons plus uniquement des formations professionnelles mais
des formations professionnalisantes.
Le propre de la formation est certes de développer des compétences. Seulement, pour être
compétent, il ne suffit pas d’acquérir des compétences mais il faut savoir les utiliser à bon
escient. En ce sens, les séances d’analyse des pratiques professionnelles pourraient permettre
d’identifier des compétences acquises en formation ou en situations professionnelles, de les
formaliser afin de pouvoir les utiliser dans des contextes professionnels différents. Nous nous
orientons ici dans le sens d’une professionnalisation des activités. En effet, le processus de
professionnalisation permet de s’adapter à d’autres situations professionnelles. Nous rappelons
d’ailleurs ici « qu’une compétence n’est pas une caractéristique de l’individu mais une qualité
attribuée par l’environnement à un individu 45
».
Nous ne sommes plus dans une logique d’acquisition de théorie d’un côté et la pratique de
l’autre, mais plutôt dans la perspective d’utiliser la pratique au service de la théorie et vice-versa.
C’est cette meilleure articulation entre travail et formation que nous souhaitons approfondir.
Pour cela, plusieurs outils de professionnalisation existent mais il apparait que l’analyse des
pratiques professionnelles permet une adéquation plus forte des actions de formation par rapport
aux situations de travail. L’analyse des pratiques permet une réflexion sur et pour l’action dans le
but d’une meilleure professionnalisation. L’analyse de leurs propres pratiques permet aux
participants de mieux les comprendre et ainsi d’être plus efficaces de retour dans le contexte
professionnel professionnalisant ainsi les activités. Elle permet également aux organismes de
formation d’être associés à ces échanges, voire à en être les initiateurs, afin de s’imprégner de cet
univers professionnel propre à chacun. L’analyse des pratiques est liée à « des enjeux de
professionnalisation d’activités » et au « développement de nouveaux modes de formation plus
articulés aux situations de travail46
».
Ce dispositif permet à la fois :
45 WITTORSKI R. (1998), «De la fabrication des compétences », Education permanente n°135/1998 46 WITTORSKI R. (1998), «De la fabrication des compétences », Education permanente n°135/1998
II - Approfondissements théoriques nécessaires
- 28 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
- De « flexibiliser les salariés » en développant des compétences de processus très utiles
dans des contextes de travail qui s’assouplissent.
- De formaliser par les acteurs eux-mêmes les contours de bonnes pratiques dont ils seront
eux-mêmes les meilleurs applicateurs.
- De déceler les besoins et les carences en formation, par une meilleure connaissance des
situations de travail.
L’analyse des pratiques est à la fois formatrice dans le sens où elle permet l’acquisition de
procédures et de méthodologie et professionnalisante car elle offre la possibilité de
réinvestir ces acquis dans d’autres situations professionnelles. Les professionnels, considérés
comme des « praticiens réflexifs », sont capables de délibérer sur leurs propres pratiques, de
les objectiver, de les partager, de les améliorer et d’introduire des innovations susceptibles
d’accroître leur efficacité. Professionnalisante aussi au sens des organismes de formation,
car lorsque l’analyse de pratiques professionnelles est à leur initiative, l’analyse des séances
permet non seulement de s’imprégner du contexte professionnel, autrement dit d’aller à la
rencontre de l’entreprise, mais surtout de connaître les exigences et contraintes des
organisations afin de proposer des formations adaptées. Nous nous orientons ici dans le sens
d’une meilleure efficience des services proposés.
Les objectifs des organisations et des centres de formation sont communs dans la mesure où
ils souhaitent répondre aux exigences de clients dans un même souci d’efficacité et de
rentabilité. Il apparaît que l’analyse de pratiques professionnelles serait utile aussi bien pour
les organisations que pour les organismes de formation, afin de se rapprocher d’une même
finalité : une meilleure professionnalisation.
Pour ces raisons, notre recherche sera fondée sur la mise en place d’un groupe d’analyse de
pratiques, afin d’étudier ses effets sur la professionnalisation des activités et de mettre en
évidence l’utilité d’un tel groupe pour un organisme de formation.
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 29 -
IIIIII.. DDéérroouulleemmeenntt ddee llaa rreecchheerrcchhee--aaccttiioonn
Nous rappelons notre questionnement basé sur une meilleure articulation entre les deux espaces
de travail et de la formation :
- Comment un centre de formation peut-il aider les organisations à se professionnaliser ?
- Comment pouvons-nous, en tant que formateur-consultant, repérer les compétences utiles
aux organisations, à développer dans des formations professionnalisantes ? L’objectif ici
est double : employabilité des individus et professionnalisation des apprenants et donc
des organisations.
Nous situons notre recherche dans une logique s’inspirant de la recherche-action puisqu’il s’agit
effectivement de la « rencontre entre une volonté de recherche et le désir de changement d’une
institution47
». Nous cherchons à tendre vers une meilleure articulation travail-formation.
La recherche s’adresse aux professionnels des métiers de l’informatique et des réseaux mais
également aux centres de formation. Ces derniers pourront être les utilisateurs des
transformations mises en place. Un réseau d’interactions s’est créé entre le chercheur et les
membres du groupe d’analyse de pratiques. Certaines attitudes sont cependant nécessaires afin
de mener à bien ce type de recherche. M.LIU48
les présente ainsi :
- La reconnaissance de l’autre en tant qu’auteur et en tant qu’acteur
Cette attitude est spécifique à la recherche-action : tout usager doit être reconnu en tant
qu’acteur dans une situation et en tant qu’auteur potentiel de propositions orientant la
recherche-action. Nous attendons en effet de la part des participants, des initiatives en termes
d’identifications des compétences utiles et de développement d’outils pédagogiques.
- Le goût de communiquer
Cela implique le désir de partager les informations détenues et d’expliciter les raisons d’une
conduite. Il faut pouvoir se mettre au niveau de l’interlocuteur, en partant du principe que l’on
peut expliquer toute situation dans un langage adapté. Pour les professionnels de l’informatique
47 LIU M. (1997), Fondements et pratiques de la recherche-action, Editions L’Harmattan, p148 48 LIU M. (1997), Fondements et pratiques de la recherche-action, Editions L’Harmattan, p159
III - Déroulement de la recherche-action
- 30 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
et des réseaux, vulgariser le vocabulaire technique fait partie de leur quotidien professionnel. Ils
sont en effet contraints d’expliquer leur démarche aux clients ou utilisateurs.
- L’immédiateté
Cette attitude permet l’unité entre la réflexion et l’action. Elle consiste à ne pas dissocier pensée
et acte.
III.1. Emergence de la problématique
III.1.1. La problématique de recherche
Notre posture d’ingénieur de formation dans un centre de formations d’apprentis ainsi que nos
différentes lectures, nous amènent à nous questionner sur le décalage entre les formations
dispensées et les attentes des entreprises.
- Comment un centre de formation peut-il aider les organisations à se professionnaliser ?
- Comment pouvons-nous, en tant que formateur-consultant, repérer les compétences
utiles aux organisations, à développer dans des formations professionnalisantes ?
L’objectif ici est double : employabilité des individus et professionnalisation des
apprenants et donc des organisations.
Nous sommes convaincus que la professionnalisation des organisations mais également des
individus est l’affaire de tous : organisations, individus et centres de formation.
« L’idée sous-jacente est bien la recherche d’une articulation forte entre le travail et la
formation pour faciliter le développement des compétences et non la seule transmission de
savoirs qui pourraient demeurer éloigner des situations de travail49
».
Nous pensons qu’une analyse des pratiques professionnelles pourrait être un outil permettant de
développer des compétences en vue d’une meilleure professionnalisation.
Analyser ce que l’on fait relève de l’analyse des pratiques professionnelles étudiée par de
nombreux chercheurs et développée dans des domaines tels que le social ou la formation
d’enseignants.
49 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir, p.27
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 31 -
R.WITTORSKI définit cinq processus de développement des compétences, et nous nous allons
nous interroger plus particulièrement sur la troisième voie de développement des compétences, à
savoir l’analyse des pratiques professionnelles.
« La troisième voie de développement des compétences correspond aux situations d’analyse de
pratiques mises en œuvre en entreprise ou en organisme de formation. Elles consistent à
formaliser les compétences implicites produites dans l’action et ainsi à les transformer en
savoirs d’action. Il s’agit d’une « logique de réflexion sur l’action50
».
Nous pensons en effet que ce dispositif pourrait être un moyen d’une part de développer des
compétences utiles aux organisations et aux individus en vue d’une meilleure
professionnalisation des activités et d’autre part, de mettre en évidence les carences des
formations existantes afin de les rendre professionnalisantes. Nous pourrions ainsi ajuster les
contenus de formation en fonction des compétences utiles identifiées lors des séances d’analyse
de pratiques professionnelles. Nous pensons aussi que dans une démarche de mise en place de
nouvelles formations, l’analyse des pratiques professionnelles permettrait d’optimiser la
démarche de l’ingénieur-formation, à savoir adapter un contenu de formation aux besoins des
entreprises.
R. WITTORSKI indique d’ailleurs : « il semble que l’analyse de pratique constitue un outil
privilégié de professionnalisation dans la mesure où elle assure une articulation étroite entre le
travail et la formation51
».
Mon questionnement est donc le suivant et fera l’objet de mes prochaines recherches :
50 WITTORSKI R. (1998), «De la fabrication des compétences », Education permanente n°135/1998 51 WITTORSKI R. (2008), «Professionnaliser la formation : enjeux, modalités, difficultés », Formation emploi n°101 janvier-mars 2008, p.111
En quoi une analyse des pratiques professionnelles par un formateur-consultant peut
aider les entreprises à professionnaliser leurs activités et un centre de formation à
développer des formations professionnalisantes ?
III - Déroulement de la recherche-action
- 32 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
III.1.2. Les hypothèses retenues
a. Première hypothèse
L’instabilité actuelle de la formation pousse les organismes de formation à reconsidérer leurs
façons de procéder. Depuis le début de la crise économique, nous ne sommes plus dans une
logique centrée sur les formateurs et les formés, mais nous passons à une logique entreprise dont
le but est de mieux valoriser les compétences des individus et des organisations. Les entreprises
intègrent la formation dans une stratégie de développement de compétences. Pour cela, le milieu
de la formation a évolué. Cependant, le décalage entre centres de formation et entreprises existe
toujours. L’intérêt grandissant pour les échanges entre pairs est lié aux nouvelles formes de
travail : « appel à de « nouvelles » compétences, enjeux de professionnalisation émergentes et/ou
de reprofessionnalisation d’activités existantes ; développement de nouveaux modes de
formation plus articulés aux situations de travail52
».
Il apparait nécessaire que la formation aille à la rencontre de l’entreprise. L’analyse des pratiques
professionnelles pourrait y contribuer et pourrait être un point de départ de mise en place ou
d’amélioration d’une formation. La confrontation de la formation et du travail permet alors de
mettre en évidence la réalité professionnelle et d’avancer ensemble vers une meilleure
professionnalisation.
b. Deuxième hypothèse
L’attitude réflexive sur laquelle repose les séances d’analyse des pratiques professionnelles
développe des savoirs d’expérience et des savoirs experts.
Pour autant, nos différentes lectures montrent que la compétence ne se construit pas uniquement
par la formation générale et professionnelle, mais aussi par l'expérience acquise au travail et par
la manière dont ce travail est organisé dans les entreprises et les organisations. En effet, la
réflexion sur l’action a, selon D. SCHON53
, une fonction d’apprentissage, qui peut préparer à
affronter des situations analogues, c’est-à-dire à professionnaliser les activités.
52 WITTORSKI R. (2004) « Dossier L’analyse des pratiques », Education permanente n°160-2004 p5
53 SCHON D., (1983). The reflective practitioner. Basic Books
L’analyse des pratiques professionnelles serait un outil de développement pour les centres de
formation.
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 33 -
La réflexion sur l’action peut permettre d’identifier des « structures invariantes de l’action », de
mieux prendre conscience de son propre habitus et de le faire évoluer.
S. FERNAGU-OUDET explique que l’individu est obligé de réfléchir, de prendre de la distance
avec l’action. Il entre ainsi dans une dynamique de professionnalisation et donc d’acquisition
d’expérience. L’intérêt pour le participant est de pouvoir réinvestir ces acquis dans des situations
professionnelles
Les situations professionnelles peuvent à certaines conditions, devenir professionnalisantes54
.
M. ALTET explique que « ces dispositifs centrés sur l’analyse développent une méta-
compétence-clé, le « savoir analyser » qui modifie les actes professionnels mais aussi les
acteurs55
».
Les participants apprennent à porter un autre regard sur leur propre activité et sur celle d’autrui.
D. SCHON a montré que « la pratique professionnelle n'est pas un domaine d'application de
théories élaborées en dehors d'elle ; elle est le lieu de production constante de solutions
nouvelles à des problèmes nouveaux et un lieu de développement de compétences
professionnelles56
».
Ces différentes réflexions nous amènent à notre deuxième hypothèse.
III.2. Choix méthodologiques
Le schéma suivant représente l’orientation choisie pour notre recherche, à savoir une meilleure
articulation travail-formation.
54 FERNAGU-OUDET S. (2003) « L’ingénierie de la professionnalisation », Actualité de la formation permanente mars-avril 2003 p127-131 55 ALTET M., (1996) « Les dispositifs d’analyse des pratiques pédagogiques en formation d’enseignants » in BLANCHARD-LAVILLE C. et
FABLET D., L’analyse des pratiques professionnelles, L’Harmattan Savoir et Formation, pp.25-49. 56 PAQUAY L. et SIROTA R. (2001) « Le praticien réflexif », Recherche et Formation n°36, INRP.
Un groupe d’analyse de pratiques permettrait aux participants de professionnaliser leurs
activités et de co-construire des besoins de formation.
III - Déroulement de la recherche-action
- 34 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
L’origine de notre questionnement est le terrain : nous souhaitons, en tant que formateur-
consultant apporter une réponse en matière d’employabilité tant aux salariés de demain que sont
les apprenants qu’aux futurs employeurs que sont les organisations d’aujourd’hui. Nous sommes
Origine du
questionnement : le
terrain
Les apprenants (ici des
apprentis)
Les organisations
Souhaitent acquérir des
compétences en vue d’une
meilleure insertion
professionnelle et d’une
meilleure adaptabilité au
contexte économique actuel.
Souhaitent recruter des professionnels
capables de répondre efficacement aux
attentes des clients dans un environnement
fortement concurrentiel.
Objectif : répondre à la
fois aux attentes des uns
et des autres dans un
contexte concurrentiel,
changeant et instable.
Utilisation de l’entretien
d’explicitation auprès de
professionnels de façon à
s’imprégner de leur environnement
professionnel et ainsi identifier les
compétences utiles à leurs métiers.
Mise en place du groupe
d’analyse des pratiques
professionnelles, avec pour
point de départ les entretiens
d’explicitation.
Développer des formations en
meilleure adéquation avec le
milieu professionnel, identifier
les carences existantes dans
nos formations. Tentative
d’élaboration d’un outil de
« liaison » entre le centre de
formation et les organisations,
le référentiel de compétences
utiles pour leur profession.
Permettre de définir
les contours du
métier, mettre en
évidence les
compétences utiles
aux organisations.
Permettre de mettre
en évidence les
compétences utiles
à développer et
donc les besoins en
formation.
Permettre aux
participants de
professionnaliser
leurs activités.
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 35 -
en effet à l’interface entre les organisations et les apprenants. Nous avons tout d’abord échangé
avec des professionnels expérimentés sous la forme d’entretien s’inspirant de l’entretien
d’explicitation. Ainsi, nous nous sommes imprégnés de leur environnement professionnel et
nous avons identifié les compétences utiles à leurs métiers. Les thématiques identifiées au cours
de ces entretiens nous ont servi de point de départ des séances d’analyse des pratiques
professionnelles. Nous avons ensuite utilisé comme outil méthodologique, l’analyse des
pratiques professionnelles, permettant d’associer le centre de formation, les apprenants et les
organisations. Cet espace de mise en mots permet aux participants de verbaliser leur action et de
professionnaliser leurs activités. Il met également en évidence les compétences utiles à
développer en formation. L’objectif final est de proposer un « outil de liaison » entre les centres
de formation et les organisations afin de proposer des formations non seulement professionnelles
mais professionnalisantes et ainsi développer les compétences utiles aux organisations.
III.2.1. Lien avec le stage
Chargée de mettre en place une formation de niveau III dans les métiers de l’informatique, le
contact avec les entreprises partenaires, ainsi qu’avec les OPCA est permanent. De plus, notre
parcours au sein de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Ille et Vilaine nous permet de bien
connaître l’environnement professionnel des entreprises informatiques et un climat de confiance
est déjà établi.
Tous les maîtres d’apprentissage concernés par les métiers de l’informatique ont été conviés fin
janvier à une première réunion. Nous leurs avons présenté le projet de formation, le partenariat
envisagé et expliqué la démarche. Nous avons insisté sur leur importance dans l’aboutissement
de ce projet. Ils étaient présents et impliqués.
Nous avons choisi de privilégier une approche qualitative de la recherche. « La méthode
qualitative de recherche est une stratégie combinant diverses techniques de recueil et d’analyses
qualitatives dans le but d’expliquer, en compréhension, un phénomène57
».
Nous allons dans un premier temps, permettre à des professionnels des métiers de l’informatique
et des réseaux, de verbaliser leur action à l’aide d’entretiens s’inspirant de la technique de
l’entretien d‘explicitation. En effet, la principale caractéristique de cet entretien est d’être
descriptive et de cibler une situation professionnelle. Cette technique nous permettra de mieux
57 LESCOUARCH L. et TRANCHART D. (2011)- Cours Master2 ICF - Approches méthodologiques.
III - Déroulement de la recherche-action
- 36 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
identifier les problématiques de la profession, de mieux délimiter les contours du métier et ainsi
de mettre en évidence des compétences utiles à leur profession. Les thématiques abordées au
cours de ces entretiens serviront de point de départ des séances d’analyse des pratiques
professionnelles.
III.2.2. L’entretien d’explicitation ou verbaliser son action
a. Approche théorique
- Pourquoi ce choix ?
Deux parties de cours ont traité des méthodes d’analyse du travail : « Analyse du travail, des
emplois et des compétences » de T. ARDOUIN et « Conseil aux personnes » de S. LACAILLE
et M. PAUL.
Notre choix s’est porté sur une méthode d’entretien s’inspirant de l’entretien d’explicitation.
L’entretien se présente comme une aide à la verbalisation. « Cette technique permet un retour
réflexif portant sur le fonctionnement cognitif et sur le vécu. La principale caractéristique de
cette approche est d’être descriptive et de cibler une situation58
».
Il nous a servi de préalable à l’analyse de pratiques professionnelles. Comme tout entretien, il
permet de présenter l’étude, les méthodes utilisées. Il permet aux interviewés de verbaliser leur
action, étape omniprésente dans le groupe d’analyses. Il vise la description du déroulement de
l’action, telle qu’elle a été réellement mise en œuvre dans une tâche réelle. Il permet de repérer
les savoirs théoriques effectivement utilisés dans la pratique. En effet, P. VERMERSCH ne
limite pas cette technique de questionnement à une situation d’échange individuel. « Recueillir
des informations peut se faire dans des petits groupes d’analyse de pratiques. La spécificité de
l’entretien d’explicitation est de viser la verbalisation de l’action59
», et c’est bien ce qui nous
intéresse dans notre recherche sur une meilleure articulation travail-formation.
« Aider les professionnels à prendre conscience de ces savoirs implicites peut être une des clefs
de leur perfectionnement, mais permet aussi une meilleure exploitation des situations de
58 LACAILLE S. et PAUL M. (2011) - Cours Master2 ICF - Conseil aux personnes, p.74 59 VERMERSCH P. (1994), L’entretien d’explicitation Collection Pédagogies, 181p.
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 37 -
formation pratique. La prise de conscience passe par la mise en mots, par la verbalisation de ces
savoirs implicites. C'est le but des techniques d'aide à l'explicitation60
».
L’entretien d’explicitation aide l'interviewé à mieux se représenter, à mieux connaître la
complexité de cette réalité. Il propose d'expliciter cette expérience afin de développer une prise
de conscience et d'en faire un objet de réflexion pour modifier l'action future. La verbalisation,
par l’entretien d’explicitation permet de travailler sur le comment de son action.
- Les différentes préconisations
Nous envisageons de rencontrer des professionnels expérimentés des métiers de l’informatique.
Ces entretiens permettront de comprendre leurs activités, leurs contraintes professionnelles et
serviront de point de départ, de matière, pour les séances d’analyse des pratiques
professionnelles.
Le déroulement de l’entretien nécessite un certain nombre de conditions ou modalités61
:
l'entretien doit se rapporter à des tâches réelles : pour cela, nous avons demandé aux
interviewés, lors de la prise de rendez-vous, de réfléchir à une situation professionnelle
représentative de leurs activités habituelles. Ils ont ainsi pu commencer à réfléchir sur
cette action.
l’entretien est descriptif et fait décliner les dimensions sensorielles mises en jeu.
pendant l'entretien, il s'agit d'aider le sujet à se replacer mentalement dans la situation
d'exécution de la tâche.
la personne qui conduit l'entretien établit et conserve un rapport relationnel synchronisé
avec le formé (même langage, rythme de parole..).
Notre rôle sera celui d’accompagnateur : « accompagner une prise de conscience et une mise en
mot62
». Il s’agit d’accompagner le sujet dans la description. Cet aspect explique la place de ce
type d’entretien dans le cours Conseil aux personnes. « L’attitude est non directive sur le
contenu mais requiert un guidage ferme afin d’écarter les commentaires et les généralités63
».
« La conduite de l’entretien d’explicitation met en œuvre une attitude d’écoute responsable de
l’autre, basée sur le questionnement, interdisant toute induction, interprétation ou jugement64
».
60 VERMERSCH P. (2005), CIRFFI Centre de Ressources 4 octobre 2005 61 ARDOUIN T. (2011) - Cours Master2 ICF - Analyse du travail, des emplois et des compétences 62 LACAILLE S. et PAUL M. (2011), Cours Conseil aux personnes, p.74 63 LACAILLE S. et PAUL M. (2011), Cours Conseil aux personnes, p.74 64 LACAILLE S. et PAUL M. (2011), Cours Conseil aux personnes, p.74
III - Déroulement de la recherche-action
- 38 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Cependant cette technique d’entretien nécessite une formation adaptée, ainsi qu’une pratique
régulière. Nous nous sommes donc orientés vers un entretien de type semi-directif, en essayant
de conserver au maximum les objectifs de l’entretien d’explicitation.
b. Choix de l’échantillon
- 1ère
étape : sensibilisation
Au cours d’une réunion, auxquels étaient invités les employeurs d’apprentis en informatique et
réseaux, nous avons présenté le projet de formation et de recherche, expliqué la démarche et le
partenariat envisagé. Ils étaient présents, impliqués et semblaient intéressés par la démarche. En
effet, ils sont très favorables à un rapprochement entre centre de formation et entreprises. Ils
sont eux-mêmes impliqués dans la formation, puisqu’ils forment des apprentis en baccalauréat
professionnel d’une part et participent aux réunions de travail que nous organisons. De plus, la
concurrence est très présente dans leur champ d’activités. Une meilleure adaptabilité de leurs
salariés, dont font partie les apprentis en formation, est gage d’une meilleure efficacité des
services.
- 2ème
étape : critères de choix
Certains d’entre eux, se sont portés volontaires, en fonction de leurs contraintes
professionnelles. Nous nous sommes orientés vers les personnes qui présentaient des facilités
à la verbalisation. Nous rappelons que cet entretien a deux objectifs :
Mettre en évidence les compétences nécessaires et utiles pour un technicien informatique
et réseaux, dans leur entreprise.
Identifier les thématiques pouvant servir de point de départ aux séances d’analyse des
pratiques professionnelles.
Nous avons souhaité que les interviewés appartiennent à des entreprises similaires : contexte
professionnel, activités, … Elles seraient en effet susceptibles de rencontrer les mêmes
problématiques. Il s’agit donc d’entreprises prestataires de solutions informatiques et réseaux à
destination de professionnels.
Les interviewés exercent les fonctions de techniciens informatique et réseaux.
- 3ème
étape : les interviewés
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 39 -
Nous avons choisi, au regard des critères établis précédemment, de faire passer un entretien à
trois personnes. Leurs profils sont répertoriés dans le tableau ci-dessous :
Le principal point commun des trois interviewés réside dans le fait qu’ils sont prestataires de
solutions informatiques pour des professionnels. Cela implique un niveau d’exigence plus élevé,
c’est un public plus exigeant. Nous avons volontairement choisi des personnes d’âges différents,
dont la formation initiale est également différente et ceci dans le but de voir s’ils appréhendent
les problèmes de la même manière.
c. Déroulement de l’entretien et retranscription
Les trois entretiens se sont déroulés de la même façon.
- La phase de préparation :
Nous avons tout d’abord convenu d’un rendez-vous. Ce moment a été l’occasion de présenter à
la personne la technique de l’entretien d’explicitation, à savoir verbaliser son action, utilisation
du « je », le récit d’une situation déjà vécue. Pour cela, nous lui avons demandé de réfléchir à
une situation professionnelle qu’il a déjà expérimentée et qu’il souhaite nous expliquer. De notre
côté, nous nous sommes imprégnés des techniques de l’entretien d’explicitation de
P.VERMEERSCH. Nous nous apercevons alors, que ce type d’entretien requiert un entrainement
régulier ainsi qu’une formation adaptée. Pour ces raisons, l’entretien se rapprochera plus d’un
entretien semi-directif, s’inspirant de la technique de l’entretien d’explicitation.
- L’entretien en lui-même :
Interviewé Sexe Age Formation
initiale
Expérience
professionnelle
dans le
domaine
Activité de
l’entreprise Client
Nombre
de
salariés
Ayant déjà
formé des
apprentis
A Masculin 48
Pas de formation
spécifique :
autodidacte
25 ans
Conseils en
systèmes et
logiciels
informatiques
Professionnels 15 Oui
B Masculin 27
Baccalauréat
professionnel
MRIM
7 ans
Société de
services
informatiques
Professionnels 50
Non, mais
ancien apprenti
lui-même
C Masculin 33 DUT Réseaux et
Télécoms 9 ans
Systèmes et
réseaux Professionnels 25 Oui
III - Déroulement de la recherche-action
- 40 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
L’entretien, d’une heure en moyenne, s’est déroulé dans une pièce isolée (afin de ne pas être
dérangés) dans les entreprises des interviewés, leur permettant ainsi de rester dans leur contexte
professionnel. L’interviewé devait être dans une posture d’intériorité lui permettant de se
replacer dans la situation professionnelle évoquée. L’entretien était d’une durée d’une heure en
moyenne.
- Retranscription
Nous avons intégralement retranscrit les entretiens qui étaient enregistrés, à des fins d’analyse
(annexe 3).
III.2.3. L’analyse des pratiques
La mise en place de séances d’analyse de pratiques commence par la constitution du groupe. Les
participants ne doivent pas être trop nombreux (10 à 12 personnes). De plus, ils doivent tous être
volontaires.
Enfin, nous souhaitions la présence d’un formateur du domaine professionnel. En effet, sa très
bonne connaissance du référentiel de formation nous permettrait de connaître les compétences
déjà développées en formation.
a. Constitution du groupe de travail
Nous avons choisi de nous adresser aux apprentis de terminale « Baccalauréat Professionnel
SEN Télécommunications et Réseaux » de notre centre de formation, dont la moyenne d’âge est
de 20 ans. Ils avaient tous au moins deux années d’expérience professionnelle en qualité
d’apprenti technicien informatique et réseaux. Leur profil d’apprenti présentait un double
avantage pour notre recherche : avoir bénéficié de la formation déjà en place et avoir une bonne
connaissance du contexte professionnel.
De plus, nous pensions que les échanges seraient facilités car :
- Il s’agit d’un groupe-classe en perpétuelle demande d’apprentissage.
- Ils font preuve d’une très grande maturité et ont une posture très professionnelle.
- Les relations à l’intérieur du groupe sont amicales et très sereines.
Un autre point positif réside dans le fait que leurs structures sont similaires dans les activités.
Nous pouvons distinguer deux types d’entreprises : les services informatiques des
administrations impliquant un contact permanent avec les utilisateurs et les entreprises de vente,
III - Déroulement de la recherche-action
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 41 -
installation et maintenance de matériels informatiques en relation avec des clients. Les
interventions techniques sont similaires. Nous souhaitons en effet que les pratiques des uns
soient identifiables pour les autres.
Nous leur avons donc présenté le projet en spécifiant le caractère non obligatoire et anonyme.
Conformément à notre idée, ils ont tous été intéressés pour participer à ce groupe d’analyse de
leurs pratiques professionnelles, ce qui paraissait un point positif puisque par principe, ce genre
de séance est basé sur le volontariat.
A ce groupe, s’est joint un formateur en télécommunications et réseaux. Son rôle était d’apporter
son expertise dans le domaine de la formation et se limitait uniquement à l’accompagnement des
participants. Il est intervenu uniquement à leur demande. Ce formateur n’était pas celui du
groupe-classe, car nous souhaitions que les participants ne se sentent pas jugés et ne soient pas
dans une posture d’élève. Le groupe était constitué de 12 personnes.
b. Déroulement et retranscription
Les séances d’analyse des pratiques professionnelles ont été planifiées en dehors des périodes
d’examen et en dehors du temps en entreprise afin de ne pas perturber leur environnement
professionnel.
Quatre séances de deux heures ont pu être planifiées, espacées de deux semaines chacune, ceci
en raison du rythme de l’alternance.
Nous avons choisi de réaliser ces séances dans une salle neutre du centre de formation afin de
minimiser les risques de « dérive » environnementale. La salle était disposée en U permettant
ainsi à chacun de se voir et d’échanger. Notre posture de formateur-consultant nous a permis de
nous mêler au groupe tout en guidant les échanges.
Chaque séance était enregistrée, puis retranscrite afin de mettre en évidence les mots-clés, les
thématiques nécessaires à notre analyse (annexe 4).
Lors de la première séance, nous avons présenté le formateur aux participants ainsi que son rôle
puis expliqué à nouveau le principe des séances d’analyse des pratiques professionnelles. Nous
souhaitions que chaque participant ait bien compris les enjeux. Nous avons particulièrement
insisté sur la notion d’échange, d’écoute et sur leur posture de professionnel. En effet, la dérive
III - Déroulement de la recherche-action
- 42 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
pouvait résider dans le fait que les participants restent dans une posture d’apprentis puisque les
séances d’analyse avaient lieu au sein du centre de formation.
Nous avons ensuite présenté oralement les synthèses des entretiens d’explicitation. L’intérêt de
ces entretiens pour le groupe d’analyse, est d’identifier des thématiques servant de points de
départ des séances d’analyse des pratiques.
Le sujet abordé lors de la première séance d’analyse des pratiques est la prise en charge du
client dans leur structure. La séance a commencé avec un tour de table, permettant à chaque
participant d’expliquer son habitus en termes de gestion de client. Ensuite les échanges se sont
déroulés naturellement entre pairs.
La deuxième séance était basée sur la conception d’outils particuliers pour la résolution de
problèmes. Ce thème abordé lors des entretiens d’explicitation, semblait faire partie intégrante
du métier de technicien informatique et réseaux, et avait pour objectif l’optimisation du temps et
de l’action.
Nous avons proposé de commencer la troisième séance en partant d’une situation technique
choisie par le groupe, une situation ayant posé des problèmes à certains participants.
Enfin, la dernière séance a permis un retour réflexif sur les deux années de formation, avec
une réflexion particulière sur les compétences que les apprenants pensent avoir développées, et
une réflexion sur les points à améliorer.
Au cours de toutes les séances, nous avons souhaité mettre en évidence les compétences utiles
pour leurs pratiques professionnelles. Nous souhaitons par la suite construire un outil, listant les
compétences utiles aux organisations et permettant de professionnaliser les formations.
Nous rappelons que les entretiens d’explicitation ont servi ici de point de départ des séances
d’analyse de pratiques. En effet, les thématiques abordées lors de ces entretiens individuels nous
ont permis d’identifier les contours de la profession.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 43 -
IIVV.. AAnnaallyyssee ddeess ddoonnnnééeess eett iinntteerrpprrééttaattiioonn ddeess rrééssuullttaattss
IV.1. Analyse des entretiens d’explicitation
Nous avons dans un premier temps, choisi de synthétiser les entretiens d’explicitation dans un
tableau (annexe 6) afin de mettre en évidence des mots-clés correspondant aux thématiques
rencontrées.
Ce tableau contient les informations suivantes : le contexte professionnel, la situation
professionnelle verbalisée, la notion de client, les contraintes du projet, le déroulement de
l’action, la posture de l’interviewé, les problèmes rencontrés ainsi que les solutions apportées, les
incidents, les points positifs et les points négatifs, ainsi que les compétences développées selon
l’interviewé.
Pour l’analyse, nous avons utilisé un code couleur correspondant à chaque personne interviewée.
Le tableau suivant reprend les caractéristiques des interviewés ainsi que la couleur
correspondante.
Interviewé Sexe Age Formation
initiale
Expérience
professionne
lle dans le
domaine
Activité de
l’entreprise Client
Nombre
de
salariés
Ayant déjà
formé des
apprentis
A Masculin 48
Pas de
formation
spécifique :
autodidacte
25 ans
Conseils en
systèmes et
logiciels
informatiques
Professionnels 15 Oui
B Masculin 27
Baccalauréat
professionnel
MRIM 7 ans
Société de
services
informatiques
Professionnels 50
Non, mais
ancien
apprenti lui-
même
C Masculin 33
DUT
Réseaux et
Télécom.
9 ans Systèmes et
réseaux Professionnels 25 Oui
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 44 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Nous constatons que l’enchaînement des actions est le même pour ces trois entretiens. Nous
avons identifié les compétences utiles aux interviewés pour chacune des étapes de la situation
professionnelle présentée.
Méthodologie Extraits d’entretien Compétences utiles
Premier contact
client
« J’installe le produit devant le client, je lui montre comment
cela fonctionne ».
« Le client présente son problème ».
« A partir du problème, le questionnement vient pour mieux
comprendre le problème puis l’environnement et détecter des
éléments sur lesquels nous serions en mesure d’apporter des
services ».
Mettre en évidence les besoins
du client.
Etre à l’écoute du client.
Identifier le contexte : faire un
bilan de l’existant.
Recueillir les informations
nécessaires à l’intervention.
Le planning
prévisionnel
« J’établis un planning prévisionnel que je propose au client
…le client dit si ça lui convient ou pas ».
« On planifie ».
« Je commence le maquettage en interne ».
Planifier une intervention.
Savoir expliquer le planning le
client.
Savoir s’adapter aux
contraintes du client.
Préparer les équipements en
vue d’une installation.
La communication
« La solution que je propose est une solution que je sais être
fiable…je l’explique au client ».
« …envoi de mails aussi bien aux utilisateurs, qu’aux chefs
de service qu’à mes responsables pour dire qu’à telle date,
les PC migreront ».
« Moi j’ai modifié ces mails automatiques pour les adapter à
chaque service ».
« Ils recevaient (les utilisateurs) le mail une semaine avant la
migration donc cela lui laissait le temps de sauvegarder… »
« Tout est expliqué au client ».
« Chaque test était effectué avec le client, donc il était quand
même conscient de la difficulté de la bascule ».
« C’est se mettre au niveau du directeur sans forcément le
prendre pour un novice…les réunions en visioconférence
avec les autres directeurs, ce n’est pas facile à gérer… ».
Informer les clients ou les
utilisateurs de l’intervention
technique.
Etre capable d’expliquer, de
justifier les incidents
techniques.
Savoir rédiger un mail, un
document technique à
destination des utilisateurs.
Savoir dépanner à distance
(par téléphone).
Etablir une relation privilégiée
avec le client en vue de fournir
une prestation conforme à ses
attentes.
Le développement
d’outils spécifiques
« Il a fallu que je me construise mes listes d’utilisateurs avec
les outils que j’avais…puis aller chercher les outils que
j’avais, répertorier les utilisateurs par service… ».
« Il a fallu que je fasse mes propres outils…pour mes bilans
Etre capable d’analyser le
contexte.
Savoir réaliser une liste
d’utilisateurs à l’aide
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 45 -
de fin de migration, il fallait que je fasse des graphiques…au
début, je faisais cela manuellement…je perdais un temps
fou…donc du coup j’ai fait mes outils sur Excel ».
« J’ai élaboré un tableau Excel avec toute la liste des
utilisateurs ».
« J’ai optimisé mon outil de départ pour le rendre plus
performant ».
« Je me suis créé mes propres outils qui correspondaient à
ma logique et du coût là j’ai gagné un temps considérable ».
d’Excel.
Savoir prendre des
initiatives permettant de
travailler plus
efficacement.
L’aspect technique
« En fait, je me suis rendu compte que cette étape de
récupération des données avait beaucoup d’impact sur le
réseau…dans le logiciel je pouvais changer les dates et les
heures de chaque étape…je mettais une fois le service
terminé…ça ne gênait personne ».
« L’utilisateur recevait un mail au moment où je
commandais ».
« Je gérais derrière le dépannage de mes étapes plantées…le
matin je voyais ce qui n’allait pas ».
« Au début je mettais du temps…je me rendais compte que
c’était souvent les mêmes choses qui bloquaient…donc sur la
fin, c’était un coup de téléphone…ou bien je débloquais à
distance ».
« J’avais un numéro spécifique pour les migrations pour les
utilisateurs ».
« Je connaissais le produit ».
« Je commence à mettre en œuvre le produit, le mettre dans
les baies…déballage des postes ».
« Je fais mes propres tests ».
« Un projet qui avance plus rapidement, cela coûte moins
cher à l’entreprise ».
Etre capable d’identifier
rapidement le problème.
Avoir une bonne
connaissance du matériel.
Pouvoir proposer des
solutions aux clients.
Etre capable d’expliquer
l’intervention au client dans
un vocabulaire adapté.
Installer et mettre en œuvre
les équipements.
Effectuer les tests nécessaires
à la validation du
fonctionnement des
équipements.
Etre capable de gérer son
temps, de respecter les termes
du contrat.
La gestion des
difficultés
« C’était priorité aux blocages…à ne plus faire de
production, ça a un impact énorme au niveau financier pour
l’entreprise ».
« Je ne pouvais pas me laisser parasiter (par le client) ».
« Ayant déjà eu des expériences d’incidents chez des clients,
j’ai fait preuve de transparence vis-à-vis du problème ».
« J’ai refait les tests, redémarrer le PABX, voir la partie
logiciel… ».
« …grosse pression, des incidents à gérer on apprend
beaucoup, il y a une acquisition d’expérience qui est
énorme ».
Faire preuve de transparence
vis-à-vis du client.
Etre en mesure d’expliquer
un incident au client.
Etre capable de rassurer le
client.
Savoir garder son calme.
Savoir prendre le recul
nécessaire pour analyser la
situation.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 46 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Nous remarquons que l’aspect technique ne semble pas poser de problèmes particuliers : c’est
un aspect qui fait partie de leur fonction, qu’ils maîtrisent. Leur expérience les a rendus plus
serein face aux aléas techniques.
Par contre, la notion de clients ou d’utilisateurs est omniprésente tout au long de l’entretien et
la gestion du client semble être pour eux une priorité. Il est vrai que cet aspect n’est que très peu,
voire pas du tout, abordé dans les formations de technicien en maintenance informatique et
réseaux. Ce sera un des points proposés aux séances d’analyse des pratiques.
Ressortent également les notions d’efficacité, de coût, d’efficience. Ce sera un deuxième aspect
que nous tenterons d’aborder lors des séances d’analyse des pratiques.
Les différents points abordés précédemment nous serviront, dans un premier temps, de point de
départ des séances d’analyse des pratiques professionnelles et dans un deuxième temps, nous
essayerons de croiser les thématiques communes aux entretiens d’explicitation et aux séances
d’analyse de pratiques professionnelles, afin d’en ressortir les compétences utiles aux
organisations, compétences qui seraient alors à développer en formation.
IV.2. Analyse des séances d’analyse des pratiques professionnelles
IV.2.1. Analyse par les thèmes abordés
Nous avons choisi de proposer une thématique servant de point de départ aux échanges pour
chaque séance d’analyse des pratiques professionnelles. Les thèmes retenus provenaient de
l’analyse des entretiens d’explicitation. L’intérêt de ces entretiens réside dans le fait de ne pas
perdre de temps et de rentrer immédiatement dans un sujet propre à la profession.
Nous proposons les thématiques suivantes, même si elles n’étaient pas figées puisque
simplement suggérées. Nous nous sommes d’ailleurs aperçus de nombreuses dérives du sujet au
fur et à mesure des échanges et c’est à ces moments que nous devions intervenir afin de
recentrer les échanges.
- 1ère
séance : prise en charge du client ou de l’utilisateur
- 2ème
séance : conception d’outils particuliers pour la résolution de problèmes techniques.
- 3ème
séance : situation technique choisie par le groupe, une situation ayant posé des
problèmes à certains participants.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 47 -
- 4ème
séance : retour réflexif sur les deux années de formation, avec une réflexion
particulière sur les compétences que les apprenants pensent avoir développées.
En début de séance, nous avons choisi de lire des extraits d’entretiens d’explicitation
sélectionnés afin de proposer le thème de la séance. Ainsi, les échanges étaient amorcés. Les
participants réagissent immédiatement aux extraits entendus et présentent alors leurs « façons de
faire ».
Nous avons essayé de ne pas trop intervenir dans leurs échanges et d’être en position d’écoute.
Nous n’intervenions que ponctuellement afin de recentrer les débats, ou dans le but d’aider à la
verbalisation : nous devions accompagner certains participants, les guider. La prise de parole,
l’explication de ses propres pratiques n’est pas aisée pour tous, mais nous nous sommes aperçus
que ces personnes, restant au début plus naturellement dans une attitude d’observation, sont
parvenues vers la fin à prendre position, à échanger avec les autres.
Nous avons pu remarquer que certains mots-clés apparaissaient régulièrement au cours des
séances : client, rentabilité, qualité, confiance et pression. Certains de ces mots ont également
été évoqués au cours des entretiens d’explicitation. Nous tenterons par la suite, de faire la
synthèse des compétences utiles issues des échanges avec les professionnels expérimentés et de
celles ressortant de l’analyse des séances d’analyse des pratiques professionnelles des apprentis.
Nous allons donc étudier les thématiques suivantes :
La relation conflictuelle avec le client
La prise en charge d’un client
La notion de rentabilité
La mise en place d’outils
La confiance
a. La relation conflictuelle avec le client
Le sujet servant de point de départ à la première séance d’analyse des pratiques est la prise en
charge du client. Les échanges entre les participants mettent en évidence la place prépondérante
du client (ou de l’utilisateur) dans les activités du technicien de maintenance en informatique et
réseaux.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 48 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Il ressort que l’objectif principal de ces techniciens est la satisfaction du client, « c’est simple,
le client a une demande et après c’est à nous de voir ce qui lui convient le mieux…Chaque client
a un besoin particulier ».
Ils qualifient d’ailleurs leur profession de métier de service. L’aspect technique de la gestion de
la panne, tout comme d’ailleurs les professionnels interviewés lors des entretiens, ne semblent
pas leurs poser de souci particulier. « Côté technique, c’est souvent les mêmes pannes qui
reviennent ». C’est un aspect qu’ils maîtrisent, auquel ils sont préparés ou tout au moins ils ont
appris à le faire. Ils possèdent les outils nécessaires à la gestion d’incidents techniques.
Par contre, les participants ont tous été confrontés à des clients fâchés, irrités, agressifs
verbalement. Ils ont tous tenté de gérer ce genre de conflit à leur manière : « rassurer le client »,
« il faut éviter les mots techniques, il faut vulgariser », « on essaie de se mettre à sa place pour
voir », « on leur explique », « j’ai juste su écouter », « je suis ferme et poli », « il faut rester
crédible à leurs yeux ».
Ces différentes attitudes montrent qu’il n’y a pas de consensus en termes de gestion d’un conflit
avec un client ou un utilisateur. La séance d’échange sur leurs pratiques professionnelles leur a
permis d’écouter comment les autres réagissaient, comment ils se comportaient…Cela leur
permettra d’utiliser certaines propositions dans leur structure.
Nous avons proposé aux participants (professionnels de l’informatique et formateur) d’essayer
de se mettre d’accord sur les postures à adopter vis-à-vis du client mécontent : écouter,
expliquer, rassurer. Il faut « prouver qu’on est dans une démarche normale, être calme, ne pas
le mettre en cause et montrer qu’on est dans une démarche normale pour arriver à ce qu’il
désire. Il faut peut-être prendre un peu de temps». Ils ont ici pu favoriser leur développement
professionnel grâce à l’analyse réflexive.
Ces échanges leur ont non seulement permis d’échanger entre pairs mais également de
s’apercevoir que les problèmes qu’ils rencontrent font aussi partie du quotidien professionnel des
autres participants. Ils ont pris le temps d’écouter, de réfléchir à leurs pratiques afin de les mettre
en mots. Cet « exercice » a été assez difficile pour eux, nous sommes souvent intervenus pour les
guider. Cependant, nous pensons que ces échanges leurs permettront de réagir différemment lors
d’une situation de conflit avec un client ou un utilisateur, ils pourront réutiliser ce qu’ils ont
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 49 -
entendu dans d’autres circonstances. L’objectif attendu est de pouvoir transposer les process
issus des séances d’analyse de leurs pratiques à d’autres situations professionnelles.
En tant que formateur-consultant, une carence de la formation apparait nettement : gérer un
client, prendre en compte ses demandes ne s’improvise pas. Nous nous apercevons alors, que
même pour des métiers nous semblant d’emblée technique, un module de « relation client »
pourrait compléter la formation de technicien informatique et réseaux en apprentissage. Cette
approche n’intervient pas dans le référentiel de formation, mais devrait, au regard des pratiques
professionnelles, faire partie intégrante de la formation.
Au regard des échanges, nous avons pu identifier les compétences utiles en situation
professionnelle et qui seraient à développer en centre de formation.
Thème Extrait des échanges Compétences nécessaires
La relation conflictuelle
avec le client.
« Rassurer le client ».
« J’ai juste su écouter ».
« Rester le plus calme possible ».
« Lui prouver qu’on est dans une démarche
normale pour arriver à ce qu’il désire ».
« Déjà des mots techniques ça les déstabilisent
plutôt qu’autre chose ».
« Il faut éviter les mots techniques, il faut
vulgariser ».
« Même si on doit vulgariser, on doit quand même
rester dedans, parce que on doit quand même avoir
des mots qui peuvent le rassurer».
« On essaie de se mettre à sa place pour voir ».
« On leur explique ».
« Il faut essayer d’atténuer ses propos ».
« Je suis ferme et poli ».
« Il faut rester crédible à leurs yeux ».
Etre à l’écoute du client.
Déceler les besoins du client.
Rassurer le client.
Savoir expliquer au client en
utilisant un vocabulaire adapté.
Etre capable de justifier un incident
technique
Savoir s’exprimer et communiquer.
Rester calme et ferme.
b. La prise en charge d’un client
Au cours des séances d’analyse de leurs pratiques professionnelles, nous avons orienté les
échanges vers la recherche d’une bonne méthodologie de prise en charge du client. Nous avons
demandé aux participants de réfléchir à la meilleure posture à adopter vis-à-vis du client. Ils ont
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 50 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
les uns après les autres échangés sur leur manière de procéder puis un consensus s’est doucement
mis en place. Ils ont ainsi pu délimiter les contours de leur profession.
Démarche Echanges Compétences nécessaires
Collecter les informations
« la première question : quel type
d’utilisation, quel type de jeux ? »
« on l’écoute, on lui pose des questions ».
« Savoir collecter les informations avant
l’intervention ».
« Bien savoir analyser sur quoi on va
intervenir ».
Savoir écouter le client.
Collecter les informations avant
l’intervention.
Mettre en évidence les besoins
du client.
Analyser le contexte.
Respecter les attentes et les
exigences du client. Lui demander
son avis.
« On joue le rôle de conseiller ».
« C’est simple, le client a une demande et
après c’est à nous de voir ce qui lui
convient le mieux ».
Savoir s’exprimer.
Etre à l’écoute du client.
Savoir expliquer dans un
langage rassurant.
Avoir une posture de professionnel
« Il faut lui prouver que c’est ce dont il a
besoin ».
« C’est une espèce de commercial et de
technicien »
Savoir expliquer au client le
problème technique et la
solution proposée.
Savoir justifier ses choix.
Savoir garder ses distances.
Rester ferme avec le client.
Remplir un document (fiche
technique qui va suivre
l’ordinateur) précisant les
caractéristiques techniques, les
problèmes rencontrés, la
sauvegarde des données, le délai de
la réparation. Ce document permet
de trouver un accord entre le client
et le technicien.
« nous, on a une fiche d’intervention du
client … ».
« le client arrive, fiche d’intervention… ».
Savoir s’exprimer (par écrit) :
fautes, tournures de phrases.
Savoir questionner le client de
façon pertinente.
Faire ressortir les points forts
des échanges avec le client.
Savoir identifier les attentes et
les besoins du client.
Savoir rédiger un compte-rendu
ou un mail.
Rappeler le client une fois
l’intervention terminée pour la
restitution du matériel.
« et après on appelle le client qui vient
chercher son ordinateur ».
« si le prix change, on le rappelle ».
Savoir expliquer au client
l’intervention réalisée.
Savoir conseiller le client, une
fois l’intervention faite, dans un
objectif de fidélisation.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 51 -
c. La notion de rentabilité
Un fait relativement surprenant est l’investissement de ces jeunes professionnels pour leur
entreprise. Nous retrouvons leur implication technique à laquelle nous nous attendions mais
également l’engagement envers leur entreprise en général incluant le chiffre d’affaire, la
rentabilité…Cet aspect fait partie intégrante des échanges auxquels nous avons participés. La
première préoccupation d’un technicien lors d’une prise en charge d’un client au téléphone est
de résoudre le problème sans se déplacer. « On essaie de résoudre le problème à distance au
maximum », « c’est moins rentable de se déplacer », « ça nous coûte plus cher de se déplacer »,
« on ne se déplace que s’il y a besoin ».
Cette contrainte appelle le technicien à utiliser différentes compétences lui permettant de gérer le
problème sans se déplacer : savoir écouter, savoir questionner donc savoir s’exprimer, savoir
rester calme, être rassurant, « J’ai vu le cas d’une prise en main à distance de client qui craignait
pour la sécurité de ses données ». La bonne utilisation de ces compétences permettra au
technicien de gagner du temps et ainsi répondre aux exigences de l’organisation.
Au regard de leurs échanges, nous leurs avons ensuite demandé si « la rentabilité est un aspect
important de leur métier ? ». Leurs définitions, « que ça nous rapporte plus que ça nous coûte »,
« pas de perte d’argent », « c’est un gain, il faut en gagner », « plus on met de temps pour
l’intervention, moins c’est rentable » sont encore assez évasives mais laissent apparaître le fort
impact de cette notion sur le métier de technicien informatique et réseaux. Certains mêmes
utilisent déjà, le terme de « pression ».
Les compétences utiles ressortant des échanges sont alors :
Thème Echanges Compétences nécessaires
Rentabilité
« On essaie de résoudre le problème à distance au
maximum ».
« C’est moins rentable de se déplacer, il faut mieux
tout faire par téléphone ».
« Plus on met de temps pour l’intervention, moins
c’est rentable ».
Etre à l’écoute du client.
Etre capable d’établir une relation
privilégiée avec le client.
Mettre en évidence les besoins du
client.
Recueillir les informations
nécessaires.
Etre capable d’analyser le contexte.
Pouvoir identifier rapidement le
problème.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 52 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
d. Mise en place d’outils
Les différents échanges sur leurs pratiques font aussi apparaitre de manière récurrente
l’utilisation d’outils particuliers permettant d’optimiser le temps.
Il apparait que l’utilisation d’Internet pour ces jeunes professionnels de l’informatique est
relativement courante : « c’est un réflexe ». Internet leur sert souvent de béquille. Leur petite
expérience professionnelle les bride parfois, alors qu’on leurs confie des missions réelles. Ils ne
possèdent pas encore tous les savoirs d’expérience mais développent une certaine autonomie en
essayant de retrouver des méthodologies sur Internet. Selon les participants, l’intérêt d’avoir
recours à ce genre d’outils, leur permet de gagner du temps et de proposer une meilleure qualité
de service. La notion de qualité de service pour les participants ressort avec les expressions
suivantes : « rapide, pas chère », « efficace », « le client est satisfait ».
Certains participants sont dans des structures ayant mis en place une base de données où sont
répertoriés les problèmes techniques rencontrés : « chaque technicien doit remplir la base de
données ». Ce genre de procédures a été perçue par les participants comme « plus simple » et
permettant « un gain de temps et d’argent ».
Parmi les participants, beaucoup notent toutes les interventions qu’ils ont réalisées soit sur un
cahier soit sur un calendrier Outlook. Cela présente à leurs yeux un double intérêt :
- pouvoir justifier de leur travail auprès de leur supérieur : « je peux lui prouver ce qui a
été fait ».
- pouvoir mutualiser avec les collègues de leur service : « on se les échange pour savoir ce
que font les autres ».
C’est également une manière de répartir le travail et de pouvoir préciser si des problèmes
techniques ont été rencontrés et comment ils ont été résolus : « l’utilisateur peut mettre des notes
et le technicien aussi…j’ai eu tel problème, on le règle comme ça ».
Ce genre d’outil permet aux organisations de se professionnaliser. En effet, les techniciens sont
confrontés à des situations techniques variées, une telle base de données permet non seulement
d’optimiser leurs interventions mais également de faire gagner du temps au service. Les
techniciens deviennent alors plus flexibles.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 53 -
Ce genre d’outil n’est pas utilisé dans toutes les structures, mais a présenté un grand intérêt pour
tous les participants. Le groupe d’analyse des pratiques a permis de mettre en évidence
l’utilisation de l’outil et ses avantages. Chaque participant pourra appliquer de tels outils dans
son entreprise : nous nous orientons ici vers le développement d’une meilleure
professionnalisation des activités.
Du point de vue du formateur-consultant, il parait intéressant de mettre en place ce genre d’outils
dans le parcours de formation. La construction d’une base de données servant de guide
méthodologique a été évoquée par les participants : « mettre au fur et à mesure des « tutos » »,
« en cas de pannes ou de problèmes, commencer par vérifier ça… ». Nous pensons que cela
rassure le technicien, en lui servant de guide. Ainsi, il prend de l’assurance dans sa fonction.
Thème Echanges Compétences nécessaires
Mise en place
d’outils
« Internet…c’est un réflexe ».
« Chaque technicien doit remplir une base de
données ».
« C’est plus simple ».
« On note tout et on se les échange pour savoir ce
que font les autres ».
« J’ai eu tel problème, je le règle comme ça ».
« En cas de panne ou de problème, commencer par
vérifier ça ».
Savoir analyser une situation
technique dans son contexte.
Savoir lister les différents
enchainements réalisés au cours
de l’intervention.
Etre capable les mettre en mots.
Savoir structurer sa démarche
professionnelle.
Etre en mesure de prendre des
initiatives en proposant de
nouveaux outils à l’entreprise.
Savoir justifier ses choix.
e. La confiance
Le terme « confiance » a souvent été utilisé par les participants et se situe à deux niveaux : la
confiance du supérieur et la confiance du client. C’est un aspect très important pour les
participants et qui semble leur faire prendre de l’assurance.
- La confiance du supérieur
Le sujet a été évoqué lors d’un échange concernant la gestion du temps, les contraintes horaires.
Certains doivent pointer, et ont la possibilité de moduler leur temps de travail, d’autres au
contraire sont complètement bridés et les autres enfin calquent leur emploi du temps sur celui de
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 54 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
l’employeur. C’est notamment le cas des entreprises s’adressant aux particuliers. La plupart des
employeurs ont cependant instauré un climat de confiance et de respect avec leur salarié : « c’est
basée sur la confiance », ça reste du donnant-donnant ». Une telle relation implique un meilleur
investissement des salariés qui se sentent reconnus : « c’est un échange », ils sont plus impliqués
dans leur travail donc c’est un aspect positif pour les organisations. Une plus grande autonomie
se développe également.
Toutefois, les participants ont insisté sur le fait de rester vigilant sans oublier que les relations
doivent rester professionnelles.
- La confiance du client
Le terme de confiance a été abordé également dans la relation avec le client. Le client confie son
ordinateur, ses données en toute confiance. La phase de récupération des données est essentielle.
L’installation d’une relation de confiance entre le client et l’entreprise l’incitera à revenir : « On
est tenu au secret professionnel ».
Il apparait que le développement de l’identité du technicien passe par cette reconnaissance à la
fois du client et de l’employeur.
IV.2.2. Retour réflexif sur leurs deux années de formation
La question de départ était de réfléchir aux compétences qu’ils pensent avoir développées
pendant leur formation, aussi bien en entreprise qu’au centre de formation. Il semble que
l’entreprise dans le cadre de formations en apprentissage, apporte beaucoup plus aux apprenants
que le centre de formation : « on apprend plus en entreprise qu’en cours en fin de compte ». Ils
reprochent un manque de communication entre les deux parties.
Un tour de table a permis à chacun de s’exprimer sur les compétences qu’il pense avoir
développées pendant ces deux années. Elles sont répertoriées ci-après, en conservant le
vocabulaire des participants.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 55 -
IV.2.3. Compétences développées au cours des séances d’analyse des
pratiques professionnelles
A l’issue des séances d’analyse des pratiques professionnelles, un questionnaire (annexe 5) a été
proposé aux participants permettant surtout de mettre en évidence les compétences qu’ils pensent
avoir développées au cours de ces échanges. Le questionnaire a été récupéré dix jours plus tard,
de façon à leur permettre de réfléchir aux séances, de prendre également du recul par rapport au
groupe. Le questionnaire était volontairement court de façon à avoir un retour maximum des
participants.
Questions Réponses apportées
Q3 - Après la formation que vous suivez
actuellement, qu’envisagez-vous de faire ?
Chercher du travail
Continuer une formation
Voyager, visiter le monde
Fonder une famille
Partir travailler à l’étranger
La majorité des réponses s’oriente vers « continuer une formation »
Q4 - Etait-ce la 1ère fois que vous participiez à un
groupe de travail comme celui proposé ?
Ils participaient tous pour la 1ère fois à des séances d’analyse de leurs
pratiques professionnelles.
Autonomie
Assurance
Compétences techniques
Rigueur
Maturité
Professionnalisme : « c’est avoir une approche professionnelle par rapport aux situations »
Assiduité « mais surtout en cours »
Relation clientèle (n’a été citée qu’une fois)
Relations humaines
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 56 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Q5 - Parmi les compétences suivantes, quelles sont
celles que vous pensez avoir développées ?
Savoir écouter
Savoir analyser son travail
Verbalisation : prise de parole
Assurance
Apprendre au contact des autres
Se remettre en question
Sur 13 participants :
Savoir écouter 4/13
Savoir analyser son travail 7/13
Verbalisation : prise de parole 7/13
Assurance 6/13
Apprendre au contact des autres 7/13
Se remettre en question 5/13
Q6 - Pensez-vous que des séances similaires auraient
pu vous aider au cours de votre formation ?
Oui pour tous
Q7 - Pour quelles raisons ?
R7-1- « Prendre du recul sur mon travail en entreprise »
R7 -2- « On aurait eu plus de temps pour analyser son travail (lors de
l’essai) par le dialogue et le débat. »
R7-3- « Cela permet d’échanger plusieurs points de vue. »
R7-4- « Savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire en entreprise. »
R7-5- « Apprendre, comprendre et analyser la façon de travailler des
autres. »
R7-6- « Elle permet d’avoir une approche objective sur le travail. »
R7- 7- « Avoir une attitude devant divers problèmes de clientèle ou
autres. »
R7-8- « Afin de savoir ce que les autres font…savoir s’écouter les uns
des autres. »
R7-9- « Pour être préparé à certaines situations professionnelles
auxquelles on peut être confrontées. »
Ce questionnaire nous permet de mettre en évidence deux aspects.
Tout d’abord, il est un moyen de nous rendre compte si les finalités d’un groupe d’analyse des
pratiques ont été perçues, tout au moins partiellement, par les participants. Nous nous apercevons
que les notions d’échange, d’analyse sur les pratiques professionnelles dans le but de progresser,
d’apprendre ont été comprises au regard des réponses de la cinquième question.
D’un point de vue pédagogique ensuite, ce genre de situation semble permettre aux participants
d’acquérir plus d’assurance et plus d’aisance pour la prise de parole. Ces aspects sont essentiels
en formation pour la gestion du groupe classe et pour la mise en place d’une dynamique de
classe à visée professionnalisante. En effet, le fonctionnement idéal pour les groupes de
formations en apprentissage réside dans un échange entre professionnels en formation et non
entre camarades de classe.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 57 -
Une des réponses apporte une information intéressante : le participant parle d’« essai » et estime
qu’il faudrait « plus de temps » pour analyser son travail. C’est non seulement un aspect que
nous soulevons dans l’analyse critique de notre étude, mais il montre également que les
participants sont demandeurs de ce genre de groupe de travail. Les réponses à la quatrième
question montrent qu’ils n’ont jamais pris part à ce genre de séances et auraient souhaité ou
souhaiteraient qu’une telle initiative soit mise en place dans leur cursus. Cet aspect est d’autant
plus intéressant que la plupart des participants envisagent de poursuivre leur cursus de formation.
Au regard des réponses R7-7 et R7-9, nous pouvons penser qu’une telle action serait à finalité
professionnalisante puisqu’elle permettrait de réutiliser ce qui s’est dit lors des séances d’analyse
des pratiques.
Les compétences que pensent avoir développées les participants sont donc :
IV.2.4. Corrélation entre entretiens d’explicitation et séances d’analyse
Nous avons choisi d’interviewer des professionnels de l’informatique ayant déjà une expérience
professionnelle de leur domaine. Les participants du groupe d’analyse des pratiques
professionnelles étaient, quant à eux, moins expérimentés. Nous souhaitions analyser les points
suivants :
- Les compétences utiles ressortant des entretiens avec les professionnels expérimentés
correspondaient-elles à celles résultant des séances d’analyse des pratiques ?
- Les interviewés ont soit été maîtres d’apprentissage d’apprentis baccalauréat
professionnel informatique et réseaux, soit apprentis de cette formation. Ils connaissent
donc le niveau d’exigence de la formation et les compétences attendues au regard du
référentiel de formation et peuvent ainsi nous aider à mettre en évidence les carences du
référentiel.
Nous souhaitons croiser les compétences utiles aux organisations ressortant des entretiens et
celles issues des séances d’analyse de pratiques. Ces données sont répertoriées dans le tableau
suivant. Les compétences communes que nous avons pu identifier lors des entretiens
d’explicitation et des séances d’analyse des pratiques sont surlignées.
Savoir verbaliser, savoir analyser son travail, apprendre au contact des autres.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 58 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Compétences utiles
Thématiques Entretien de type
entretien d'explicitation Séances d'analyse des pratiques professionnelles
Prise en charge du
client
Collecter les informations
Savoir écouter le client.
Collecter les informations avant l’intervention.
Mettre en évidence les besoins du client.
Analyser le contexte.
Mettre en évidence les besoins
du client.
Respecter les attentes et les exigences du client. Lui demander
son avis
Etre à l’écoute du client. Savoir s’exprimer.
Identifier le contexte : faire
un bilan de l’existant.
Etre à l’écoute du client.
Savoir expliquer dans un langage rassurant.
Recueillir les informations
nécessaires à l’intervention.
Avoir une posture de professionnel
Savoir expliquer au client le problème technique et la solution
proposée. Faire preuve de transparence
vis-à-vis du client. Savoir justifier ses choix.
Etre en mesure d’expliquer un
incident au client.
Savoir garder ses distances.
Rester ferme avec le client.
Etre capable de rassurer le
client.
Remplir un document (fiche technique qui va suivre l’ordinateur)
Savoir s’exprimer (par écrit) : fautes, tournures de phrases.
Savoir garder son calme. Savoir questionner le client de façon pertinente.
Savoir prendre le recul
nécessaire pour analyser la
situation.
Faire ressortir les points forts des échanges avec le client.
Savoir identifier les attentes et les besoins du client.
Savoir rédiger un compte-rendu ou un mail.
Rappeler le client une fois l’intervention terminée pour la
restitution du matériel
Savoir expliquer au client l’intervention réalisée.
Savoir conseiller le client, une fois l’intervention faite, dans un
objectif de fidélisation.
Communication-
relation conflictuelle
Informer les clients ou les
utilisateurs de l’intervention
technique.
Etre capable d’expliquer, de
justifier les incidents
techniques.
Etre à l’écoute du client.
Savoir rédiger un mail, un
document technique à
destination des utilisateurs.
Déceler les besoins du client.
Rassurer le client.
Savoir expliquer au client en utilisant un vocabulaire adapté.
Savoir dépanner à distance Etre capable de justifier un incident technique.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 59 -
(par téléphone). Savoir s’exprimer et communiquer.
Etablir une relation privilégiée
avec le client en vue de fournir
une prestation conforme à ses
attentes.
Rester calme et ferme.
Le développement
d'outils spécifiques
Etre capable d’analyser le
contexte.
Savoir analyser une situation technique dans son contexte.
Savoir lister les différents enchainements réalisés au cours de
l’intervention. Savoir réaliser une liste
d’utilisateurs à l’aide d’Excel. Etre capable les mettre en mots.
Savoir prendre des initiatives
permettant de travailler plus
efficacement.
Savoir structurer sa démarche professionnelle.
Etre en mesure de prendre des initiatives en proposant de nouveaux
outils à l’entreprise.
Savoir justifier ses choix.
Nous remarquons que plusieurs compétences utiles aux professionnels sont communes aux
professionnels expérimentés et aux apprentis. Ils sont confrontés aux mêmes difficultés, ont les
mêmes contraintes et leurs façons de faire sont semblables. Pour les apprentis, les compétences
développées proviennent essentiellement de l’observation de leurs pairs et d’essais successifs.
Nous nous situons ici dans une logique de professionnalisation par l’action au sens de R.
WITTORSKI : « Elle se caractérise par une production par tâtonnement et essais-erreurs, par
les salariés eux-mêmes de leurs compétences dans l’action au fil des situations professionnelles
qu’ils rencontrent65
». Cependant cette logique de professionnalisation peut entraîner une perte
de temps et une incertitude lors de la gestion de l’incident. L’environnement économique et
social actuel fait que ces aspects peuvent nuire à une professionnalisation des activités. En ce
sens, l’analyse des pratiques professionnelles, par une réflexion sur et pour l’action, permettrait
de se servir des situations professionnelles rencontrées pour mettre en place des process d’action,
et ainsi développer des compétences utiles.
Mettre en regard les acteurs de la formation (les apprentis) et les « utilisateurs » de la formation
(les entreprises), nous permettent de mieux identifier les compétences non développées par la
formation bien que nécessaires au milieu professionnel. Nous pouvons ainsi définir ces
compétences utiles et tenter de les développer en formation ou tout au moins les initier de
manière à ce qu’elles puissent être utilisables en entreprise. Cette articulation entre le milieu
65 WITTORSKI R. (2005), La professionnalisation en actes et en question, L’Harmattan Action et savoir, p.57
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 60 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
professionnel et le centre de formation permet alors d’adapter la formation aux attentes des
entreprises en termes de développement des compétences utiles.
IV.3. Vérification des hypothèses
Après avoir analysé les résultats de notre recherche, nous revenons sur la problématique et les
hypothèses posées.
L’objectif principal de notre questionnement est de trouver un moyen permettant une meilleure
articulation entre travail et formation et ceci dans l’intérêt commun des organisations et des
centres de formation. En effet, dans un environnement fortement concurrentiel et changeant, les
organisations et les centres de formation sont contraints de s’adapter, de travailler dans le même
sens. Des solutions doivent être envisagées permettant la rencontre entre les deux univers du
travail et de la formation.
Nous rappelons la problématique proposée :
IV.3.1. Hypothèse 1
La première hypothèse portait sur l’intérêt d’une analyse des pratiques professionnelles pour un
centre de formation.
Les résultats de nos investigations nous permettent de valider cette hypothèse.
Nous avons pu constater que les séances d’analyse des pratiques professionnelles mettent en
évidence les carences et les besoins en formation.
En tant que formateur-consultant, nous sommes confrontés aux problématiques réelles
rencontrées par les participants. Les séances d’analyse permettent au formateur de s’approprier
un peu plus l’environnement professionnel de ses apprenants. Certains aspects apparaissant
comme des difficultés pour les participants, ne le sont pas forcément pour le formateur. Nous
En quoi une analyse des pratiques professionnelles par un formateur-consultant peut aider
les entreprises à professionnaliser leurs activités et un centre de formation à développer des
formations professionnalisantes?
L’analyse des pratiques professionnelles serait un outil de développement pour les centres de
formation.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 61 -
pouvons ainsi réajuster le contenu de formation afin de remédier aux carences évoquées lors des
séances d’analyse des pratiques professionnelles. Par exemple, dans la formation de technicien
informatique et réseaux, nous n’avons pas pris en compte l’importance du client dans cette
profession qui restait, selon nous, avant tout technique. La formation était essentiellement basée
sur le développement de compétences techniques. Les séances d’analyse des pratiques
professionnelles ont mis en évidence un aspect relationnel très important auquel nos apprentis ne
sont pas préparés : un ajustement de la formation s’impose.
Elles permettent également de professionnaliser les formations. En effet, nous pouvons ainsi
identifier les outils à visée pédagogique et professionnalisante, que nous pouvons mettre en
place : c’est le cas ici de la base de données évoquée au cours des séances. L’intérêt pédagogique
est double puisqu’un tel travail permet non seulement une analyse réflexive du travail des
apprenants, mais également une mise en mot d’actions techniques réalisées. En effet, formuler
des actes n’est pas un exercice facile.
Enfin, participer à des séances d’analyse de pratiques professionnelles permet également au
formateur-consultant d’identifier les formations à développer. Les échanges délimitent les
contours de la profession. Ainsi, dans le contexte des techniciens informatiques et réseaux, il
apparait qu’une très grande autonomie des techniciens soit attendue. Cette autonomie passe par
la prise d’initiative, la conduite d’un projet, la gestion de personnel technique, la planification
d’interventions…Nous nous apercevons alors que les attentes des organisations sont de plus en
plus grandissantes, et que les apprenants ne doivent pas se suffire d’un baccalauréat
professionnel en informatique et réseaux.
Afin de s’adapter aux exigences de plus en plus croissantes des organisations dans les métiers de
l’informatique et des réseaux, les individus doivent être capables de développer des compétences
supplémentaires et pour cela les organismes de formation doivent pouvoir proposer des
formations adaptées.
Ainsi, dans notre centre de formation, il apparait qu’une formation de niveau supérieur au
baccalauréat professionnel en informatique et réseaux est nécessaire afin de répondre aux
exigences des organisations.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 62 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
IV.3.2. Hypothèse 2
La deuxième hypothèse concernait essentiellement les participants. Nous nous sommes
intéressés à l’impact des séances d’analyse de pratiques professionnelles sur les activités de ces
participants.
Cette hypothèse n’est que partiellement validée.
En effet, les séances d’analyse des pratiques n’étaient pas en nombre suffisant pour pouvoir se
rendre compte de l’impact de celles-ci de retour en situation professionnelle. L’objectif est bien
que les process décrits lors des séances puissent être transposés dans des situations
professionnelles différentes. Les salariés s’adaptent alors plus facilement aux activités
changeantes de façon à les professionnaliser. Pour valider cette hypothèse, de nombreux allers et
retours entre l’entreprise et les séances d’analyse des pratiques étaient nécessaires. Nous aurions
alors pu analyser, au regard des échanges, si les participants modifiaient leur habitus.
Cependant, elles ont eu pour effet de permettre aux participants de verbaliser sur leur
environnement professionnel, sur leur habitus. Les participants ont pu s’apercevoir qu’ils étaient
tous exposés à des problèmes et pouvaient essayer de trouver des solutions ensemble.
Cet exercice de réflexivité n’est efficace qu’avec l’habitude. Il n’est pas naturel de réfléchir sur
son action et cela nécessite un apprentissage par la pratique.
De plus, les échanges ont permis de mettre en évidence des process d’action, en ce qui concerne
par exemple la prise en charge du client. Les participants se sont mis d’accord sur une procédure
de gestion du client. Ainsi, cette approche pourra être appliquée dans les différentes entreprises,
privilégiant une professionnalisation des activités.
Enfin, les méthodologies évoquées, base de données par exemple, mettent en évidence un gain
de temps considérable. Ces procédés peuvent également être réutilisés en entreprise puisqu’ils
semblent optimiser le travail, donc professionnaliser les activités.
Un groupe d’analyse de pratiques permettrait aux participants de professionnaliser leurs
activités et de co-construire des besoins de formation.
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 63 -
Les séances d’analyse des pratiques professionnelles permettent de mutualiser les « façons de
faire » des uns et des autres.
IV.4. Préconisations : tentative d’élaboration d’un référentiel de compétences
Nous venons de montrer que les situations professionnelles peuvent devenir professionnalisantes,
à condition de les analyser dans l’après-coup. Elles peuvent également permettre aux organismes
de formation de se rapprocher des organisations, et d’atténuer le fossé qui les sépare. Seulement,
l’analyse doit être accompagnée et instaurée.
Il serait souhaitable que les organismes de formation se souviennent qu’ « Une formation
professionnelle prépare à une pratique, celle d’un métier ou d’un ensemble de métiers voisins. Il
serait donc raisonnable de construire la formation à partir d’une analyse réaliste des pratiques
de référence66
».
En effet, toute mise en place de formation ou professionnalisation de formation en cours, devrait
passer par la constitution d’un groupe d’analyse de pratiques. Cette étape nous semble non
seulement nécessaire mais aussi être une valeur ajoutée pour l’organisme de formation. La
formation serait alors « un instrument au service de la professionnalisation67
». Elle permettrait
« un ancrage plus fort des actions de formation par rapport aux situations de travail68
».
Cette articulation tant souhaitée entre le travail et la formation pourrait exister au sein d’un
groupe d’analyse de pratique, mêlant à la fois les professionnels et les organismes de formation.
Les uns apprendraient au contact des autres.
A chaque formation correspond un référentiel de formation décrivant les objectifs de la
formation. Nous le savons, ce référentiel est élaboré à partir d’un référentiel de compétences.
Leur élaboration ne laisse que très peu de place aux professionnels ce qui fait ressortir
inévitablement des carences dans la formation. Aussi, nous pensons que la construction d’un
document complétant le référentiel de compétences propres au diplôme préparé, permettrait non
seulement de renforcer la qualité de la formation, mais également d’impliquer les organisations
dans les actions de formation. Nous ne devons cependant pas négliger qu’un tel document doit
66 PERRENOUD Ph. (1998) « La qualité d’une formation se joue d’abord dans sa conception », Pédagogie collégiale Vol. 11 n°4 - Mai 1998 67 CLOT Y. (2000) 68 WITTORSKI R. (2007) Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir p144
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 64 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
être réalisé avec les professionnels, avec un objectif commun : une meilleure
professionnalisation.
Nous choisissons de définir ce document comme un référentiel de compétences dont l’objectif
est d’arriver, à partir des compétences acquises ou en cours d’acquisition, à identifier les
compétences utiles manquantes.
IV.4.1. Une approche théorique
G.FIGARI explique que « la référentialisation consiste à repérer un contexte et à construire, en
le fondant sur des données, un corps de référence relatif à un objet (ou à une situation) par
rapport auquel pourront être établis des diagnostics, des projets de formation et des
évaluations69
». L’analyse des pratiques professionnelles permet de repérer ces contextes et les
situations professionnelles.
Pour T.ARDOUIN, « la référentialisation donne des outils, des instruments, des moyens de
régulation, de contrôle, de mesure et d’évaluation de la profession et participe à la
professionnalisation70
».
La notion d’outil apparait également avec Ph. PERRENOUD : « Le référentiel est donc bien plus
qu’un " préambule " ou une annexe du plan de formation, c’est un véritable outil de conception
ou d’évaluation d’un cursus de formation professionnelle71
». C’est cet aspect que nous
souhaitons exploiter par l’élaboration d’un référentiel de compétences.
« Ce doit être un outil de travail, ouvert, évolutif, qui propose un langage commun pour penser
la formation, plutôt qu’une liste définitive. Il doit être structuré et argumenté.
Structuré veut dire que toutes les compétences ne sont pas au même niveau.
Argumenté, c’est-à-dire justifié, raisonné, situé par rapport à des conceptions alternatives.
69 FIGARI G. (1994) Evaluer quel référentiel, Bruxelles DE BOECK, Ed. WESMAEL 70 ARDOUIN T. (2003) Ingénierie de la formation Editions.DUNOD 71 PERRENOUD Ph. (2001) Construire un référentiel de compétences pour guider une formation professionnelle,
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2001/2001_33.html
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 65 -
Un référentiel est une construction intellectuelle complexe, souvent collective, qui s’appuie sur
des choix, des partis pris, des compromis, un regard particulier sur le métier et sur son
évolution, mais aussi sur la formation72
».
Ainsi, ce référentiel serait également un outil de communication entre les organisations et les
centres de formation, aspect trop souvent négligé. Il permettrait d’attribuer une place aux
organisations dans le développement de formation.
Dans ce document, notre objectif est de ne retenir que les compétences stratégiques et non
développées dans le référentiel de formation, c’est-à-dire les compétences utiles aux
organisations.
IV.4.2. Le référentiel de compétences
Lors des entretiens semi-directifs et des séances d’analyses des pratiques professionnelles, nous
avons demandé aux professionnels d’identifier des situations qui leur paraissent spécifiques ou
problématiques. Ces situations nous ont permis de faire ressortir des compétences-clés. Une
compétence professionnelle est entendue ici au sens de Ph. PERRENOUD73
« comme une
capacité de mobiliser à bon escient, en temps utile, de multiples ressources, dont des savoirs
théoriques, professionnels et expérientiels, dans des situations de travail ».
A partir de l’analyse des entretiens et des séances d’analyse des pratiques professionnelles, nous
avons pu mettre en évidence des compétences utiles pour le technicien informatique et réseaux,
par thèmes abordés. Un grand nombre d’entre elles sont communes aux professionnels
expérimentés et aux apprentis. Nous allons donc les répertorier dans le tableau suivant.
Thème Compétences utiles
1. Prise en charge du client
Mettre en évidence les besoins du client.
Etre à l’écoute du client.
Identifier le contexte : faire un bilan de l’existant.
Recueillir les informations nécessaires à l’intervention.
Savoir expliquer au client le problème technique et la
solution proposée.
Savoir prendre le recul nécessaire pour analyser la
situation.
72 PERRENOUD Ph. (1998) « La qualité d’une formation se joue d’abord dans sa conception », Pédagogie collégiale Vol. 11 n°4 - Mai 1998 73 PERRENOUD Ph. (1998) « La qualité d’une formation se joue d’abord dans sa conception », Pédagogie collégiale Vol. 11 n°4 - Mai 1998
IV - Analyse des données et interprétation des résultats
- 66 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
2. Communication
professionnelle - Gestion
d’un conflit
Informer les clients ou les utilisateurs de l’intervention
technique.
Savoir rédiger un mail, un document technique à
destination des utilisateurs.
Etablir une relation privilégiée avec le client en vue de
fournir une prestation conforme à ses attentes.
Rassurer le client.
Savoir expliquer au client en utilisant un vocabulaire
adapté.
Etre capable de justifier un incident technique.
3. Le développement d'outils
spécifiques
Savoir analyser une situation technique dans son
contexte.
Savoir réaliser une liste d’utilisateurs à l’aide d’Excel.
Savoir prendre des initiatives permettant de travailler
plus efficacement.
Ce document n’est que le point de départ d’un travail collaboratif entre les organisations et les
centres de formation. Chaque compétence utile proposée doit être validée par les organisations.
De plus, dans un but d’évaluation en entreprise et en centre de formation, des indicateurs de
compétences devraient être définis conjointement.
Nous sommes convaincus qu’un tel document permet non seulement de maintenir (ou de créer)
un lien nécessaire entre les organisations et les organismes de formation, mais il permet
également de repérer les compétences utiles aux organisations à développer en centre de
formation.
Les organismes de formation sont alors en mesure de proposer des formations répondant aux
attentes des organisations. Nous nous orientons ici vers une meilleure articulation entre travail et
formation, impliquant les organisations dans le développement des compétences en formation.
Comme nous le mentionnons précédemment, le développement des compétences est l’affaire de
tous : organisations, centres de formation mais aussi individus.
Conclusion
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 67 -
CCoonncclluussiioonn
Dans le cadre du Master2 Ingénierie et Conseil en Formation, notre recherche s’est orientée vers
l’analyse des pratiques professionnelles comme outil d’une meilleure adéquation entre travail et
formation.
Ce travail de recherche est le prolongement d’une démarche engagée au cours de la mission,
dans le cadre de la mise en place d’une formation en alternance de niveau III en informatique et
réseaux. En effet, la réussite d’une formation implique l’adhésion des entreprises, acteurs-clé des
formations en alternance, et le développement de compétences utiles aux apprenants et aux
organisations. La professionnalisation des activités passe par l’identification de ces compétences
utiles.
L’investigation des champs théoriques comme la professionnalisation, l’analyse des pratiques
professionnelles, la réflexivité et la notion de compétences, nous ont permis de comprendre les
enjeux et d’orienter le sens de notre action.
La méthodologie utilisée, à savoir des entretiens semi-directifs s’inspirant de l’entretien
d’explicitation suivi de séances d’analyse des pratiques professionnelles reste pour nous de très
bons outils de professionnalisation non seulement pour les organisations mais aussi pour les
organismes de formation.
Cependant, la technique de l’entretien d’explicitation développée par P. VERMERSCH requiert
des compétences spécifiques qui peuvent être acquises après une formation adaptée et beaucoup
de pratique.
A ce niveau, dans une logique de professionnalisation, nous pouvons considérer que nous
sommes sur la première voie de la professionnalisation développée par R. WITTORSKI : « celle
de la formation sur le tas où les situations professionnelles nouvelles exigent de l’individu la
production, par tâtonnement et essai-erreurs, des compétences dans l’action ».
La mise en place d’un groupe d’analyse des pratiques professionnelles nécessite l’adhésion du
public certes et nous étions dans cette situation, mais il est très difficile de planifier les séances.
En effet, nous devions composer avec plusieurs entreprises ayant chacune des contraintes de
Conclusion
- 68 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
planning et une très grande charge de travail. Notre posture ne nous permettait surtout pas
d’imposer des dates.
Nous avons donc été contraints de nous adapter en modifiant le public visé. Au lieu de nous
adresser à des professionnels ayant déjà une solide expérience professionnelle, nous nous
sommes orientés vers des apprentis de dernière année, riches de deux années d’expérience
professionnelle. Nous nous sommes cependant aperçu, la relation de confiance étant déjà établie,
que les échanges étaient très constructifs et leur ont permis de verbaliser leur action de façon
presque naturelle.
Ce genre de méthodologie nécessite certainement beaucoup plus de temps. Il faudrait également
avoir la possibilité de planifier des dates, c’est-à-dire que les participants puissent être libérés de
leurs contraintes professionnelles à ces moments : une formalisation des séances.
Nous sommes convaincus que l’analyse des pratiques professionnelles permet aux organismes de
formation de se rapprocher des entreprises, entraînant ainsi un « ancrage plus fort des actions de
formation par rapport aux situations professionnelles74
». Les séances d’analyse permettent de
mettre en évidence des compétences utiles aux organisations. L’environnement social et
économique actuel fait que nous ne sommes plus dans une logique de développement de
compétences par les organismes de formation, mais de compétences utiles aux organisations.
Nous nous orientons vers une meilleure efficience des services proposés aussi bien au niveau des
organisations que des centres de formation dont les préoccupations sont tout compte fait
communes.
Ph. PERRENOUD estime que « la qualité d’une formation professionnelle se mesure,
idéalement, à ses effets en regard des objectifs visés et des attentes des usagers et des
employeurs75
».
Nous tendons actuellement vers un processus de labellisation des organismes de formation,
permettant de « mesurer » la qualité des prestations en formation. Cette « chasse » au label, va
encore plus développer la concurrence pour les centres de formation mais aussi pour les
organisations qui sont à la recherche de professionnels, donc de formations professionnalisantes.
74 WITTORSKI R. (2007), Professionnalisation et développement professionnel, L’Harmattan, Action et Savoir p144 75 PERRENOUD Ph. (1998), « La qualité d’une formation se joue d’abord dans sa conception », Pédagogie collégiale Vol. 11 n°4 - Mai 1998
Conclusion
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 69 -
Dans cet objectif, la mise en place de séances d’analyse de pratiques professionnelles par les
organismes de formation, pourraient sans doute s’étendre à d’autres métiers.
Du côté de la formation, elles permettraient non seulement de déterminer les besoins en
formation en identifier les compétences utiles aux organisations, mais également adapter les
formations existantes aux évolutions des professions.
Pour les participants, elles seraient le moyen d’échanger sur leur pratiques professionnelles, de
verbaliser leur action, et ainsi de pouvoir réutiliser certains savoirs d’action pouvant ainsi les
aider à professionnaliser leurs activités.
L’analyse des pratiques professionnelles est certainement un outil à développer dans les
organismes de formation afin d’aller à la rencontre des organisations.
Cependant, des questions subsistent :
- Cet outil est-il applicable à toutes les professions ? Les salariés selon les champs
professionnels n’ont pas tous une facilité à communiquer, à échanger sur leurs pratiques.
- Dans l’environnement économique et social actuel, comment permettre aux organisations
de participer à des séances d’analyse de pratiques professionnelles ? Nous soulevons non
seulement le problème de temps mais également celui de la disponibilité des salariés.
Comment justifier auprès des organisations de leur utilité ?
- Les organismes de formation sont-ils préparés à ce genre d’actions ?
Bibliographie
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 71 -
BBiibblliiooggrraapphhiiee
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BORBALAN J.C - Group DEMOS
REVUES
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Bibliographie
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 73 -
COMPTE-RENDUS DE CONFERENCES
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http://www.education-permanente.fr
http://www.expliciter.fr/ et http://www.grex2.com/ : Groupe de recherche sur l’explicitation
http://francois.muller.free.fr/diversifier/entretien_d'explicitation.htm : intervention de Nadine
FAINGOLD
COURS
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LACAILLE S. et PAUL M. (2011), Cours Master2 ICF Conseil aux personnes
LESCOUARCH L. et TRANCHART D. (2011), Cours Master2 ICF, Approches
méthodologiques
Annexes
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 75 -
AAnnnneexxeess
Annexe 1 : Plaquette formations Faculté des Métiers
Annexe 2 : Accord de stage
Annexe 3 : Retranscription des entretiens d’explicitation
Annexe 4 : Retranscription des séances d’analyse des pratiques professionnelles
Annexe 5 : Questionnaire à destination des participants aux séances d’analyse des
pratiques professionnelles
Annexe 6 : Synthèse des entretiens d’explicitation
Annexes
- 76 - Mémoire Master2Professionnel ICF Sandrine PRIGENT
Annexes
Sandrine PRIGENT Mémoire Master2 Professionnel ICF - 77 -