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Directeur de Mémoire : Thierry ARDOUIN Marie-Hélène GRAVIASSY Mémoire DESS Ingénierie de la Formation Année Universitaire 2003-2004 UNIVERSITÉ DE ROUEN DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE L’INGÉNIERIE DE LA FORMATION À LA PRISE EN CHARGE DE LA MOBILITÉ DES INFIRMIERS DIPLÔMÉS D’ÉTAT DANS UN ÉTABLISSEMENT HOSPITALIER

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Directeur de Mémoire :

Thierry ARDOUIN

Marie-Hélène GRAVIASSY

Mémoire DESS Ingénierie de la Formation

Année Universitaire 2003-2004

UNIVERSITÉ DE ROUEN

DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION

DE L’INGÉNIERIE DE LA FORMATION

À LA PRISE EN CHARGE DE LA MOBILITÉ

DES INFIRMIERS DIPLÔMÉS D’ÉTAT

DANS UN ÉTABLISSEMENT HOSPITALIER

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Si ton œil était plus aigu

tu verrais tout en mouvement

F Nietzsche

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PRÉAMBULE

C’est dans le cadre hospitalier que nous dressons notre chantier de

mémoire.

Il s’agit du Centre Hospitalier d’Ajaccio où nous sommes cadre de santé du

service d’accueil des urgences depuis 1996, après avoir été enseignante

pendant trois ans à l’institut de formation en soins infirmiers.

L’approche personnelle des situations de formation nous a sensibilisés au

problème de l’évolution des compétences dans le contexte hospitalier et au-

delà, à celui de la mobilité professionnelle des infirmiers, pivots des

équipes soignantes.

C’est donc la compétence des infirmières qui constitue la pièce maîtresse

de notre réflexion sur la mobilité. Grâce à une démarche d’ingénierie de la

formation, nous nous proposons d’accompagner le changement dans notre

établissement contraint de s’engager dans un mode de management

susceptible d’améliorer la qualité des prestations de soins aux patients.

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SOMMAIRE

PREMIÈRE PARTIE :

I – PROBLÉMATIQUE

1-1 CONTEXTE

1-2 QUESTIONNEMENT-HYPOTHÈSES

II - MÉTHODE D’ENQUÊTE

2-1 PRÉSENTATION DE L’ÉTABLISSEMENT

2-2 OBJECTIFS

2-3 LES OUTILS

III - APPROCHE THÉORIQUE

3-1 LE CONCEPT DE MOBILITÉ

3-2 LE CONCEPT DE COMPÉTENCE

3-3 LE CONCEPT D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING

DEUXIÈME PARTIE :

I - EXPLOITATION DE L’ENQÊTE

1-1 LIMITES DE L’ENQUËTE

1-2 PROFIL DU PARCOURS PROFESSIONNEL DES IDE CHOISIS

1-3 EXPLOITATION DES QUESTIONNAIRES

.II - ANALYSE GLOBALE – CONFRONTATION AVEC LES

HYPOTHÈSES

2-1 CONFRONTATION DES REPRÉSENTATIONS RESPECTIVES

DE LA MOBILITÉ DES IDE

2-2 VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES

2-3 COMMENTAIRES

III – DÉMARCHE D’INGÉNIERIE DU PROJET D’ACCOMPAGNEMENT /

COACHING DE LA MOBILITÉ DES IDE

3-1 DE L’INGÉNIERIE ÀL’INGÉNIERIE DE LA FORMATION

3-2 DU MANAGEMENT AU MANAGEMENT DE LA FORMATION

3-3 INGÉNIERIE DU PROJET EN ACTION

3-4 STRATÉGIE PÉDAGOGIQUE DU PROJET

3-5 LE DISPOSITIF D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING DES

INFIRMIERS

CONCLUSION

ANNEXE : extraits du rapport « Transfert de Compétences »,

du Professeur Yvon BERLAND.

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INTRODUCTION

L’hôpital du troisième millénaire est en mutation : il évolue, réagit aux

sollicitudes de son environnement et s’engage dans un processus

d’adaptation.

L’institution hospitalière subit la pression conjuguée des évolutions

scientifiques et technologiques, architecturales, socioculturelles, politiques,

économiques, administratives et même éthiques.

En préalable, notre réflexion envisage l’accompagnement de la mobilité

des infirmiers diplômés d’état en fonction de différentes dimensions :

politico sociale, économique, professionnelle et organisationnelle et

ressources humaines.

Dimension sociale

Afin de mieux répondre aux besoins de santé de la population, la mission

de l’hôpital doit s’inscrire dans une démarche de qualité et de rationalité

réaffirmée par l’ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996, portant réforme de

l’hospitalisation publique et privée.

C’est ainsi que l’organisation hospitalière est entrée dans une dynamique

de recomposition de l’offre de soins conduisant à la nécessité de

modernisation des établissements de soins, notamment par des

restructurations intra et extra hospitalières : il peut s’agir de fusions

juridiques et administratives entre établissements publics ou publics

privés, entre secteurs d’activité ou encore il peut s’agir de création et

développement de réseaux ambulatoires et à domicile.

Cette évolution doit permettre une offre de soins apte, d’une part, à mieux

répondre aux besoins nouveaux d’une population de plus en plus

vieillissante ; d’autre part, elle doit garantir les droits des patients désireux

de bénéficier des dernières techniques de soins sans oublier l’accès des

soins aux plus démunis dont le nombre ne cesse d’augmenter dans un

panorama de mondialisation.

Dimension professionnelle et organisationnelle

L’évolution constante des techniques conduit à une remise en question des

pratiques hospitalières à laquelle les personnels soignants sont amenés à

adhérer : ils doivent adapter et développer leurs compétences en fonction

des exigences nouvelles d’une démarche qualité devenue incontournable,

sous le contrôle étroit de l’état.

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En effet, comme l’écrit Thomas Renaud « les compétences en matière de

gestes de santé n’admettant pas l’ignorance, le retard, l’approximation dans

leur acquisition ».1

La formation continue des personnels est désormais un thème mobilisateur

au sein des structures hospitalières ; elle contribue au développement

personnel et professionnel des agents notamment par des objectifs

individualisés. D’abord considéré au travers de la loi du 16 juillet 1971

comme une obligation légale, la formation est devenue un instrument

privilégié de la gestion des ressources humaines. Non plus gérée comme

une activité à part, obéissant à une logique distincte de la stratégie de

l’établissement, la formation devient un véritable outil de changement.

Dimension économique

Dans un souci d’optimisation de la gestion du temps de travail,

« l’efficience productive »2 doit être envisagée pour enrichir la notion de

productivité dans une conception multidimensionnelle de l’activité de soins

tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Cette considération trouve sa

référence dans la définition des auteurs du cours de management « Droit et

gestion de la formation » « L’efficience productive d’une organisation de

service est le niveau d’aptitude obtenu dans la capacité à mobiliser les

ressources humaines pour produire des prestations dans des formes et des

coûts requis par la demande ».

Par opposition à l’ancienne organisation du travail caractérisée par la

régularité de l’activité planifiée dans un emploi du temps, il s’agit

désormais de prendre en compte la flexibilité de l’activité, le

développement de la polyvalence et une augmentation des activités

pédagogiques du fait de la complexité des secteurs du système hospitalier.

Dimension des ressources humaines

A cette perspective évolutive complexe, s’ajoute le « problème infirmier » :

la pénurie d’infirmiers associée aux départs à la retraite oblige

l’augmentation conséquente des quotas de formation sans oublier la mise

en place des 35 heures, associée en outre à un développement du travail à

temps partiel : c’est dans ce contexte que nous situons notre problématique

du mémoire.

1 Thomas RENAUD, Cours DESS, Ingénierie de la Formation, Unité 4, page 20.

2 A. Tarby, E. Delamotte, K. Hassoun, Cours DESS, Management Droit et gestion de la formation.

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Dans une première partie, nous envisageons la problématique de la mobilité

des IDE, délimitée sur notre chantier, le Centre Hospitalier d’Ajaccio.

De ce fait, nous avons choisi la méthodologie d’enquête du questionnaire

semi-directif, qui a été proposé aux IDE et à la direction des ressources

humaines associée à la direction des soins infirmiers, aux fins de mettre en

évidence leurs attentes respectives.

Ensuite, nous nous proposons d’aborder l’approche théorique destinée à

clarifier les concepts de mobilité, compétence et accompagnement

/coaching.

Dans une deuxième partie nous analysons la mise en corrélation des

résultats de notre enquête avec les hypothèses induites par la

problématique.

L’analyse qui en découle nous conduit à appréhender le projet

d’accompagnement dans une démarche d’ingénierie de la formation.

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PREMIÈRE PARTIE

PROBLÉMATIQUE, MÉTHODE D’ENQUÊTE,

APPROCHE THÉORIQUE

I - PROBLÉMATIQUE

1-1 CONTEXTE

L’hôpital doit développer des stratégies nouvelles pour accueillir, gérer et

accompagner les jeunes diplômés IDE dans un parcours professionnel

devenu difficile.

Les modifications d’organisation ont déjà eu pour conséquences des

mouvements de personnels.

La mobilité des IDE imposée, désirée ou refusée devient un élément

essentiel de l’adaptation à l’évolution, elle ne doit pas être considérée

comme une finalité en soi, mais comme un moyen d’adéquation des

compétences à la spécificité des postes de plus en plus spécialisés.

La direction des ressources humaines aidée par les cadres supérieurs et les

cadres de santé doit faciliter le passage d’une logique de sédentarité à une

logique de mobilité dans un style de management qui implique les acteurs

de formation en coopération étroite avec les administrateurs.

C’est dans cette perspective que nous nous inscrivons pour nous initier à

une démarche d’ingénierie à partir de notre problématique concernant la

mobilité des IDE au Centre Hospitalier d’Ajaccio.

Nous nous proposons ensuite d’envisager la formation continue dans sa

mission de levier de changement pour accompagner la mobilité des IDE.

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1-2 QUESTIONNEMENT – HYPOTHÈSES

Dans quelle mesure la mobilité peut-elle être au service de la compétence ?

La garantie d’un certain niveau de compétence compatible avec une qualité

de soins optimale est un critère essentiel pour manager la mobilité des IDE.

De cette problématique, nous dégageons les trois hypothèses suivantes :

1. La résistance à la mobilité des IDE est véhiculée par l’insécurité

liée à la perte d’appartenance à une équipe.

2. La spécialisation engendrée par une technicité croissante est un

frein à la mobilité au profit d’une compétence excluant la

polyvalence.

3. Une politique d’accompagnement de la mobilité peut donner au

corps infirmier les garanties d’une reconnaissance de leurs

compétences.

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II – MÉTHODE D’ENQUÊTE

Nous abordons ici l’enquête de terrain portant sur les représentations

individuelles et collectives de la mobilité des infirmiers eux-mêmes et de la

direction au Centre Hospitalier d’Ajaccio.

2-1 PRÉSENTATION DE L’ÉTABLISSEMENT

Le Centre Hospitalier d’Ajaccio, situé dans le département de Corse-du-

Sud, est un établissement public de santé doté d’une capacité de 536 lits et

places.

Il est composé de 2 sites distants d’environ 2 km :

Hôpital Notre Dame de la Miséricorde, créée en 1959, située sur

une hauteur en centre-ville et abritant la plupart des services de

court séjour et notamment le service d’accueil des urgences, un

service d’hémodialyse et un service de médecine hyperbare.

Hôpital Eugènie, situé en bord de mer, mis en service en 1983 et

dédié principalement à la prise en charge des personnes âgées. Un

service de soins palliatifs, un scanner privé et un laboratoire

d’anatomopathologie sont également hébergés dans cette

structure.

L’activité médecine/chirurgie/obstétrique/pédiatrie compte 249 lits installés

pour 331 autorisés.

Le secteur moyen et long séjour de l’Hôpital Eugènie représente 192 lits

installés pour 205 autorisés. À cela s’ajoute le service de soins palliatifs de

8 lits.

La plupart des spécialités tant médicales que chirurgicales sont développées

au Centre Hospitalier d’Ajaccio. Cet établissement hospitalier assure une

mission de santé départementale pour l’accueil et la prise en charge d’une

population d’environ 130 000 habitants. Cette population est multipliée par

deux ou trois en période estivale.

L’unité d’obstétrique est classée comme centre de référence pour la Corse-

du-Sud. Elle peut accueillir les grossesses à hauts risques et bénéficie de la

proximité de l’unité de néonatalogie.

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Le plateau technique de l’établissement comprend un bloc opératoire

central équipé de 5 salles d’opération.

Un laboratoire de biologie et un autre d’anatomopathologie réalisent les

analyses prescrites pour les patients.

En dehors de la radiologie conventionnelle, l’imagerie médicale comprend

un scanner, actuellement privé. On peut noter que l’établissement vient de

recevoir une autorisation pour l’équipement d’un scanner et d’une IRM.

La radiothérapie et la médecine nucléaire sont rattachées au Centre

Hospitalier Psychiatrique de Castelluccio situé à 3 kilomètres.

Concernant les activités logistiques, toute l’activité restauration est assurée

par l’établissement tandis que les activités de blanchisserie, nettoyage des

locaux et collecte des déchets ont été confiées à des entreprises extérieures.

Dans la perspective évoquée de la construction d’un nouvel hôpital à

Ajaccio, une mise à niveau de la structure actuelle est en cours.

2-2 OBJECTIFS DE L’ÉTUDE

Un premier objectif porte sur l’aspect individuel de la mobilité.

Il s’agit de questionner les IDE sur leurs représentations de la mobilité.

Un deuxième objectif concerne l’aspect institutionnel et

organisationnel de la mobilité.

Nous nous proposons d’interroger la direction des ressources humaines et

la direction du service de soins infirmiers.

2-3 LES OUTILS DE L’ANALYSE

Notre approche vise à comprendre des logiques individuelles et collectives

complexes.

Nous nous situons dans une approche à la fois qualitative, puisqu’il s’agit

d’analyser les représentations de l’activité professionnelle infirmière, et

quantitative, par la perspective extensive de l’échantillon de population

choisi pour répondre à notre questionnaire semi-directif.

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2-3-1 Le questionnaire semi-directif auprès des IDE

Ce questionnaire concerne 15 infirmiers diplômés d’état, 13 femmes et 2

hommes (sur un effectif de 160) (cf Annexe n° 1 : modèle du

questionnaire)

Modalités de forme des questionnaires

Nous nous situons dans une tranche d’âge de 29 à 52 ans pour élargir les

points de vue.

Ces infirmiers exercent dans diverses unités de soins généralistes (services

de médecine et de chirurgie) et en services spécialisés tels que la

réanimation, les urgences, le bloc opératoire, la pédiatrie, et le caisson

hyperbare.

QUESTIONNAIRE AUPRÈS DES INFIRMIERS (ES)

PROFIL INDIVIDUEL :

- Votre âge :

- Ancienneté dans la profession :

Titulaire : Contractuel :

- Dans quel(s) service(s) avez-vous exercé ?

- Durée :

- Durée :

- Durée :

- Quelles ont été les raisons du ou des changements de poste ?

- Sinon, pour quelles raisons n’avez-vous pas souhaité changer de service ?

REPRÉSENTATIONS DE LA MOBILITÉ PROFESSIONNELLE

1 Qu’évoque pour vous le terme de mobilité professionnelle ?

2 Selon vous, quel intérêt peut représenter la mobilité :

- pour vous-même :

- pour votre établissement :

3 Quel(s) inconvénient(s) vous semble entraîner la mobilité ?

4 La mobilité peut-elle favoriser votre évolution professionnelle ?

5 La mobilité est-elle pour vous un facteur contribuant à l’identité

professionnelle, ou au contraire une perte de l’identité par rapport au groupe ?

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6 Pensez-vous que la mobilité est susceptible d’améliorer votre pratique

professionnelle ?

7 La mobilité vous paraît-elle compatible avec le maintien de

l’appartenance à un groupe ou une communauté professionnelle ?

8 La mobilité représente-t-elle pour vous la consécration d’une

compétence ?

9 Si la mobilité se développe, comment la percevez-vous ?

10 Comment voyez-vous la mobilité dans votre établissement ?

Modalités de fond

En plus du profil individuel d’évolution dans la profession, dix questions

sont proposées sur les points suivants :

- quel intérêt représente la mobilité pour l’IDE ?

- quelle est sa conception de la mobilité ?

- La mobilité représente-t-elle une valorisation professionnelle ?

- La mobilité est-elle un facteur d’évolution professionnelle ?

- La mobilité est-elle un facteur contribuant à l’identité

professionnelle ?

- La mobilité est-elle un facteur d’appartenance à un groupe ?

lequel ?

- La mobilité représente-t-elle la consécration d’une compétence ?

- Quelles sont les attentes par rapport à une mobilité mise en place

dans l’établissement ?

2-3-2 Questionnaire auprès de la direction des ressources humaines et

de la direction du service de soins infirmiers

Modalités de forme

Nous proposons un questionnaire auprès de cinq directeurs :

trois auprès de directeurs administratifs, dont le directeur des

ressources humaines actuel.

Un questionnaire auprès du directeur de soins infirmiers et un auprès

de son adjoint récemment intégré dans l’équipe de direction.

(cf Annexe n° 2 : modèle du questionnaire de la direction)

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QUESTIONNAIRE AUPRÈS DE LA DRH ET DSSI

1 Que signifie pour vous la mobilité des IDE ?

2 Quels sont les avantages de la mobilité des IDE ?

3 Quelles limites voyez-vous à cette mobilité ?

4 L’hyper mobilité ne risque-t-elle pas de compromettre la stabilité des

équipes ?

5 La mobilité n’affecte-t-elle pas la notion d’appartenance ?

6 La spécialisation croissante est-elle compatible avec la mobilité ?

7 La mobilité est-elle un élément d’adaptation aux changements que

connaît l’institution hospitalière ?

8 L’accréditation des hôpitaux et les procédures de contractualisation qui

l’accompagnent, sont-elles un frein à la mobilité ?

9 La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences doit-elle

institutionnaliser la mobilité des IDE inter-services ?

10 Vos suggestions :

Modalités de fond

Dix questions reprennent les thèmes proposés aux IDE :

- représentation de la mobilité

- avantages et limites de la mobilité

- représentation de l’appartenance professionnelle

- compatibilité de la mobilité avec la spécialisation des unités de

soins

De plus, trois questions concernent plus précisément la conception de la

mobilité.

Nous nous situons dans l’optique de l’évolution organisationnelle de

l’institution hospitalière, en référence aux procédures d’accréditation visant

à améliorer la qualité du service public auprès des patients.

L’ensemble des réponses aux vingt questionnaires doit nous permettre

d’analyser la compatibilité des attentes respectives individuelles et

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collectives en vue de construire un projet pertinent d’accompagnement de

la mobilité.

2-3-3 Mode d’analyse de l’ensemble des questionnaires

Le mode d’analyse repose sur le regroupement thématique des

représentations individuelles et collectives de la mobilité.

Un premier tableau récapitulatif concerne les IDE pour confronter

leurs représentations individuelles sur 5 thèmes : « modalités de

changement », « définition de la mobilité », « intérêt personnel »,

« perception de la mobilité à venir », « inconvénients de la

mobilité ».

Un deuxième tableau concerne les représentations collectives

également sur 5 thèmes : « intérêt de la mobilité pour

l’établissement », « contribution de la mobilité à l’identité

professionnelle », « mobilité et perte d’appartenance à un groupe »,

« mobilité et consécration de compétence », « mobilité et évolution

professionnelle ».

Un troisième tableau globalise les réponse de la direction sur :

« définition de la mobilité des IDE », « avantages de la mobilité »,

« limites de la mobilité », « la mobilité affecte-t-elle

l’appartenance ? », « compatibilité de la mobilité avec la

spécialisation croissante », « mobilité, facteur d’adaptation au

changement ? », « accréditation et contractualisation freins à la

mobilité », « GPEC doit-elle institutionnaliser la mobilité

interservices ? », « suggestions pour la mobilité ».

De plus, notre analyse s’attache à distinguer les représentations

descriptives, analytiques et prospectives qui caractérisent les réponses et

permettent de dégager des orientations plus précises afin de mieux adapter

le projet des actions qui accompagneront la mobilité.

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III - APPROCHE THÉORIQUE

Il s’agit pour nous d’étudier les concepts au service de la compréhension de

la problématique.

Ces concepts sont ceux de mobilité, de compétence et

d’accompagnement coaching, indissociables pour concevoir la clé de

voûte d’une démarche d’ingénierie portant sur une stratégie d’adaptation au

changement de l’institution hospitalière.

3-1 LE CONCEPT DE MOBILITÉ

3-1-1 Éléments de définition

Issu du latin mobilis « qui se meut » le terme de mobilité signifie selon le

dictionnaire Petit Larousse « la facilité à se mouvoir, à être mis en

mouvement, à changer, à se déplacer ».

Cette notion de mouvement nous paraît intéressante, précisée par Wladimir

IAZYKOFF : « Instrument d’évolution, le mouvement est l’occasion

d’entreprendre une réflexion renouvelée sur les valeurs de la vie au travail

et hors travail, et par lui les individus sont placés en position de recherche,

en perspective de développement personnel et professionnel dont

l’entreprise ne peut que tirer des bénéfices »3.

La mobilité s’inscrit dans un système global d’interactivité permanente.

Ce système complexe se caractérise par l’interdépendance de mobilités

multiples souvent imprévisibles de l’environnement.

Notre problématique se préoccupe de la mobilité professionnelle, mais au

préalable, nous devons resituer l’individu dans cet environnement en

perpétuel mouvement.

En effet, nous ne pouvons ignorer l’influence des facteurs

environnementaux sur les choix de mobilités individuelles.

3-1-2 De la mobilité quotidienne à la mobilité sociale

Les comportements de mobilité physique changent avec la rapidité et la

diversité des moyens de transport actuels.

3 IAZIKOFF W. « Organisation et mobilité », Édition L’Harmattan, 1993, p. 138

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La facilitation des déplacements dans les pays industrialisés permet à

l’individu de choisir plus librement son mode de vie, de devenir plus

autonome. Toutefois des contraintes nouvelles apparaissent en contrepartie,

liées notamment à l’asphyxie des villes envahies par les automobilistes

bloqués dans les embouteillages, ou encore, aux déferlements de marées

humaines dans les métros, gares et aéroports, voire grandes surfaces de

distribution et ce, non seulement aux heures de pointe, mais de plus en plus

au long de la journée : 35 heures oblige !…

La mobilité quotidienne des individus se développe parallèlement à

l’évolution de nombreuses petites entreprises délocalisées, certaines

constituées de réseaux multiples dont l’avenir est incertain.

Tous ces facteurs ont des conséquences sur la vie personnelle et

professionnelle des individus.

Désormais, la notion de distance s’efface devant la notion de temps. Pour

aller du domicile au lieu de travail ou pour aller d’une ville à l’autre.

Les nouvelles technologies d’information et de communication contribuent

elles aussi à l’évolution de la mobilité professionnelle géographique, on

assiste même à une certaine forme d’immobilité professionnelle réduite à

des déplacements ponctuels et compensés par une technologie substitutive.

Dans cette nouvelle complexité, les individus anticipent leur avenir et

prépare leur mobilité professionnelle future dans une stratégie individuelle

d’évolution de leur employabilité.

3-1-3 Les limites de la mobilité sociale

La mobilité sociale, en sociologie, est un concept qui se rapporte à

l’évolution des individus sur l’échelle sociale au cours de leur cycle de vie

ou d’une génération à l’autre. L’évaluation de ce concept semble difficile

du fait de la complexité du phénomène dont l’interprétation doit rester

prudente.

Des sociologues, comme le sociologue français, Raymond Boudon, dans

son ouvrage « L’égalité des chances », en 1973, se sont interrogés sur ce

sujet dont ils pensent que l’école et la famille limitent les mouvements et

les évolutions sociales. Depuis la révolution française, les individus se sont

mis à croire à l’égalité des chances. A travers la mobilité, ils recherchent

une reconnaissance sociale en s’élevant dans la hiérarchie sociale. Pourtant

de nombreux sociologues pensent qu’il s’agit plutôt d’une forme

d’idéalisme moderne : la mobilité sociale ne serait qu’un mythe.

A la différence des Etats-Unis où les autodidactes peuvent réaliser des

réussites sociales fulgurantes, l’élévation dans l’échelle sociale en France

reste largement conditionnée par les diplômes, eux-mêmes tributaires dans

une certaine mesure de l’appartenance à une catégorie sociale, passeports

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incontournables pour valider des références reconnues par les institutions

de l’état.

Au-delà du concept, la mobilité s’inscrit dans une perspective d’évolution

ascendante, sur l’échelle sociale. Cette mobilité permet à l’individu des

choix sociaux pour mieux vivre et aussi pour s’adapter aux contraintes

socio-économiques tout au long de la vie.

Même si la réussite sociale reste un rêve idéologique pour beaucoup d’entre

nous, l’individu recherche malgré lui une reconnaissance sociale dans son

travail. Cette quête de changement de vie pour vivre mieux rejoint notre

réflexion sur l’adaptation à de nouvelles conditions de vie qui peut être

préjudiciable à l’équilibre psychologique de l’individu. L’intégration

sociale notamment pour les immigrés doit s’accommoder d’une certaine

perte d’identité liée au déracinement et associée souvent à des désillusions

plus ou moins bien acceptées.

Ces considérations nous ramènent à notre problématique.

3-1-4 La mobilité professionnelle

Le contexte général d’insécurité professionnelle dans notre société de

consommation incite l’individu à poursuivre une trajectoire personnelle

individuelle. Le déclin de « l’esprit maison » conduit l’individu à se

construire une certaine autonomie dans le monde du travail.

C’est ainsi qu’il cherche un emploi valorisant qui lui permet de se réaliser,

d’être bien rémunéré, abandonnant ainsi l’objectif sécuritaire d’un statut

susceptible de lui offrir des garanties à plus long terme.

Par anticipation, l’individu au travail capitalise désormais ses expériences

et donc des compétences pour parer à toute éventualité de fermeture,

fusion, ou transformation de l’entreprise. Il n’est plus fidélisé à l’entreprise,

mais plutôt à un secteur d’activité et il aborde la mobilité professionnelle

d’une manière différente.

Pourquoi les individus sont devenus des salariés infidèles ?

Cet affaiblissement de l’engagement des individus est analysé par les

sociologues, les consultants et dirigeants d’entreprise.

Certains pensent que les salariés recherchent toujours des relations proches

et personnalisées : pour eux la création d’un lien à travers un petit groupe

serait une réponse pour créer un lien

D’autres pensent qu’il est important d’impliquer directement les salariés en

les impliquant dans la gestion de projets afin qu’ils se sentent davantage

concernés par les activités de l’entreprise.

D’autres proposent la solution de formations pour fidéliser les salariés dans

leur participation à la réussite de l’entreprise.

Nous pouvons alors nous interroger sur la possibilité de développer

l’engagement des salariés ou de construire un lien professionnel ou inter-

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19

professionnel dans le contexte économique de mondialisation et de

mouvance.

La quête de profit de l’entreprise met en danger sa loyauté face aux salariés

soucieux de leur avenir professionnel. « Les salariés perçoivent souvent un

mépris, une gestion des hommes comme des pions, une gestion qui ne

calcule que quantitativement » 4

La nouvelle problématique des entreprises réside dans la recherche d’un

lien professionnel fiable pour garantir le profit sans briser le lien social

devenu si fragile et pourtant indispensable.

Comme dans les entreprises, la gestion des ressources humaines à l’hôpital

doit désormais aborder la mobilité dans sa complexité et sa diversité.

3-1-5 La mobilité en milieu hospitalier

L’objet de notre étude réside dans une mobilité multiple.

Une mobilité multiple

La mobilité fonctionnelle, c’est-à-dire horizontale. Elle fait appel

à de nouvelles compétences comme l’infirmière hygiéniste dont la

fonction s’exerce sur tous les secteurs d’activité.

La mobilité environnementale correspond à la mutation dans un

autre lieu de travail, dans une autre équipe, mais le plus souvent

dans le même type d’activité.

La mobilité catégorielle ou verticale se réalise dans le cas d’une

promotion entraînant un changement d’échelon, de grade, de

qualification.

Cette mobilité multiple met en jeu des changements de nature et d’intensité

totalement différentes. Comment alors concilier stabilité et mobilité pour

les IDE ?

4 MALLET J., « Développement des personnes et développement des organisations », Oméga, Formation

Conseil, 1996.

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20

De la sédentarité à la mobilité

Comme le précise IAZIKOFF « le mouvement provoque un déséquilibre,

une rupture voire l’anomie dans la configuration de l’environnement et des

relations habituelles et oblige à un rétablissement d’ordre psychologique à

l’occasion de chaque mutation »5.

Ainsi que nous l’avons décrit précédemment une attitude de stabilité se

réfère à l’attachement à l’établissement dans un engagement relationnel

fort, alors que dans l’attitude de mobilité c’est la trajectoire individuelle qui

prévaut.

Pour le personnel soignant le souci du métier est fortement rattaché à une

sociabilité importante à l’égard des collègues, des chefs, et même des

patients fidélisés, même si l’appartenance au groupe diffère selon la

fonction exercée ; en cela nous avons à faire à un modèle professionnel peu

enclin au mouvement.

Face au paradoxe entre permanence et changement, WATZLAWICK P.

nous apporte l’éclairage suivant : « permanence et changement doivent être

envisagés ensemble, en dépit de leur nature apparemment opposée. Cette

idée, loin d’être obscure ou difficile, est une application précise du principe

général selon lequel toute perception et toute pensée sont relatives et

opèrent par comparaison et par contraste »6.

L’approche systémique dans la conduite du changement

Cette approche est centrée sur les interactions du système plutôt que sur ses

éléments isolés de telle sorte que toute modification d’un élément va

entraîner une modification de certains autres.

La démarche systémique situe les éléments, les individus, dans leur

contexte interactionnel, elle prend en considération les interdépendances et

les rétroactions.

Le passé constitue un réservoir de ressources et d’apprentissage utiles.

Passé, présent et futur évoluent conjointement en interdépendance de

manière circulaire. Toute entrée d’informations acceptée dans le système

donne lieu à un réaménagement des interactions entre les éléments.

Le changement est alors pour ce système le passage d’un état stable à un

autre état stable par adaptation des éléments garantissant l’équilibre du

système appelé « homéostasie ». Lorsqu’il y a modification fondamentale

des connaissances et des représentations, le changement de type évolution

se caractérise par une modification du système lui-même.

5 IAZIKOFF W. « Organisation et mobilité », Édition L’Harmattan, 1993, p. 155.

6 WATZLAWICK P. WEKLAND J. FICH R., « Changements », Édition du Seuil 1975, p. 19.

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21

Ces deux niveaux de changement sont difficilement identifiables en

situation concrète mais leur distinction peut aider dans la recherche de

solutions adaptées au type de changement.

La dimension émotionnelle du changement

Face à notre problématique infirmière, le changement s’apparente à une

crise génératrice de modification, voire de transformation, mais aussi de

déformation et de rupture avec les automatismes.

« Changer nécessite souvent de se débarrasser de ses automatismes. Mais

pour cela il faut prendre en compte ses émotions : celles cachées dans les

automatismes, mais aussi celles qu’éveillent les nouveaux

comportements ».7

Abandonner les automatismes peut nécessiter une phase régressive de

désapprentissage avant tout réinvestissement. Tout processus de

changement doit ainsi gérer le comportement humain dans sa dimension

émotionnelle.

Analyse stratégique et résistance au changement

Enfin, c’est à travers l’analyse stratégique formalisée par les sociologues

Messieurs CROZIER et FRIEDBERG que nous envisageons la perspective

organisationnelle de la mobilité où le jeu des acteurs est déterminant.

Pour ces auteurs, l’homme au travail est responsable de ses choix : « c’est

un agent autonome qui est capable de calcul et de manipulation et qui

s’adapte et invente en fonction des circonstances et des mouvements de ses

partenaires ».8

Il est acteur dès lors qu’il est dans une logique d’action et qu’il a un projet.

Tout changement entraînant une rupture, un bouleversement des habitudes,

est source d’insécurité pour les acteurs. Cependant, « tout changement est

accepté dans la mesure où l’acteur pense qu’il a des chances de gagner

quelque chose et, en tout cas, sent qu’il maîtrise suffisamment les leviers et

les conséquences du changement »9.

En ce qui concerne l’hôpital, cette notion d’acteur est évoquée dans la loi

de réforme hospitalière de 1991, reprise par les ordonnances de 1996,

faisant état de la responsabilisation des acteurs à travers les droits du

7 EMERY Jean-Luc, « le rôle des émotions », Sciences Humaines, hors série, n° 28, mars avril mai 2000

p.14 8 CROZIER M. « L’acteur et le système », Édition du Seuil, Collection Point, 1977.

9 BERNOUX Ph. , « La sociologie des organisations », édition du Seuil 1985, p. 206.

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patient mais aussi l’action des soignants dans les commissions de soins

infirmiers et les conseils de service, instances nouvelles de communication

interne.

La mobilité induite par une adaptation à de nouvelles conditions de vie et

donc de travail nous permet de considérer la compétence comme référence

clé de son employabilité dans l’entreprise.

Dans l’entreprise hospitalière, l’évolution des techniques modifie

progressivement les pratiques de soins. Les infirmiers doivent donc adapter

et développer leurs connaissances et leurs compétences en fonction de cette

évolution.

Le développement des compétences est désormais une préoccupation

majeure pour les hôpitaux et plus particulièrement pour les cadres de santé,

responsables de la qualité des soins infirmiers.

Depuis des années, la notion de compétence fait l’objet de discours et de

pratiques variées, tant dans le domaine de la gestion des ressources

humaines, que dans celui de la formation : il semble difficile d’y voir clair

aujourd’hui dans ce maquis !

Etre reconnu compétent est un atout indispensable dans le monde du travail

mais, qu’est-ce qu’être compétent ?

Nous nous proposons d’expliciter quelques éclairages théoriques de la

compétence pour les confronter à notre compétence d’infirmière.

3-2 LE CONCEPT DE COMPÉTENCE

3-2-1 De la qualification à l’émergence du modèle de la compétence

Historique

Le concept de compétence qui va de pair avec le professionnalisme s’est

affirmé dans les années 1980. Il s’est substitué à la notion de qualification,

notion clé dans la sphère du travail apparue dès les débuts de la pensée

économique avec A. SMITH (1723 - 1790) dans une approche industrielle

reprise par le taylorisme.

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Selon ce théoricien qui a élaboré la première théorie d’économie politique

classique et libérale, le travail est source de richesse et la nation représente

l’espace de marché en tant que surface d’échanges. Deux siècles après,

cette théorie est toujours celle de notre économie marchande capitaliste10

.

Historiquement, le métier s’est constitué dans les corporations artisanales ;

nombreuses de ses caractéristiques ont été transférées dans la grande

industrie grâce à un compromis entre le modèle de métier et celui du poste

de travail généré par les aptitudes à l’adaptation des « gens de métier ».

Ainsi, des professionnels ont assimilé des formes modernes de production

comme par exemple la maintenance, l’outillage et l’usinage.

Les garanties collectives qui se sont construites en France à partir de

l’entre-deux guerres portaient essentiellement sur le salaire et l’emploi mais

non sur le contenu du travail ni sur son organisation ni sur la qualification

professionnelle. Malgré tout, le métier a bien résisté culturellement :

« avoir un métier » est une expression plus valorisée « qu’occuper un

emploi » ou « tenir un poste ».

Le glissement de la qualification vers la compétence peut s’expliquer non

seulement par des changements dans des contenus d’activité mais aussi par

une perte de repères dans la définition des postes de travail, leur

classification, et la rémunération correspondante.

On assiste en effet à un écart grandissant entre la qualification des emplois

et la nature des compétences des individus. Les exigences en compétence

tendent à augmenter sans que la qualification augmente dans les mêmes

proportions. Paradoxalement, une surqualification des personnes

correspond à une déqualification de fait des emplois et des rémunérations.

Ainsi, de nouvelles pratiques de reconnaissance de la qualification sont

nées de sa propre crise et le d’émergence de la compétence.

La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences est apparue au

début des années 1980. Elle se base sur le concept d’acteur, la

segmentation par emploi type, et les compétences comme objet de gestion

avec pour objectif l’adaptation des ressources humaines aux besoins

anticipés.

A propos de la professionnalisation

L’effacement progressif de la figure de l’ouvrier qualifié ou de l’homme de

métier s’est réalisée au profit de celle du professionnel.

Cette recherche du professionnalisme confirme une longue évolution ayant

marqué l’histoire de la formation continue en France ; elle semble répondre

à de nouvelles exigences des situations et des organisations du travail.

10

A. SMITH, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776.

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24

La notion de professionnalisme est loin d’être univoque et peut revêtir des

sens différents selon le point de vue adopté.

Une dimension économique

La professionnalisation contribue à forger une identité socioprofessionnelle

par la rémunération du travail en fonction du niveau de compétence

professionnelle.

Une dimension éthico-philosophique

La professionnalisation intériorise des règles auxquelles l’individu est

invité à adhérer et à les reconnaître comme siennes pour atteindre la

concrétisation d’un bien commun à l’entreprise et à lui-même.

L’acceptation des règles de l’entreprise est identifiée par lui comme

contribuant à la réalisation d’une mission sociale dans son intérêt, dans la

mesure où ces règles peuvent assurer la réussite de l’entreprise, et par là sa

propre promotion. Cette démarche entraîne la mise en place d’une notion

de qualité de service.

Une dimension sociologique

La professionnalisation poursuit la reconnaissance d’un meilleur

positionnement social dans une prise en compte statutaire.

Les infirmières, héritières d’une activité bénévole de charité centrée sur la

relation et l’accompagnement sont un exemple significatif de la

revendication de reconnaissance de leurs compétences techniques par un

cursus de formation, une rémunération et un statut social.

Une dimension psychologique

Le concept de professionnalisation est difficile à formaliser dans une

approche psychologique ; c’est ce que Guy LE BOTERF dès 1994 fait

émerger dans sa conception du « professionnel » : « être un professionnel,

c’est aimer la complexité et l’incertitude ».

Au civisme et à la conscience professionnelle, Guy LE BOTERF ajoute des

qualités plus cognitives et socioaffectives. Aimer la complexité, c’est

d’abord la comprendre, l’appréhender pour la maîtriser ; aimer l’incertitude

c’est se remettre en question pour affronter l’avenir en utilisant ses

ressources personnelles.

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Une dimension pédagogique

Il s’agit désormais de prendre en compte dans le système éducatif

l’implication des attitudes et du comportement devenus déterminants dans

la vie professionnelle.

En effet, la qualité du service fait appel à des capacités relationnelles qui

tiennent à la personnalité du professionnel.

Peu à peu, on abandonne le « tout école » au profit de formations qui

intègrent une dimension pratique dans le monde du travail (création des

baccalauréats professionnels en 1987 intégrant seize semaines de périodes

en entreprise sur deux ans de formation). C’est d’ailleurs sur ce modèle que

la formation infirmière est conçue et organisée permettant l’acquisition de

toutes les dimensions de la compétence et en particulier les schèmes

cognitifs et socio-affectifs.

Ainsi, l’évolution du contexte du travail (nouvelles technologies, nouvelles

organisation du travail, mobilité …) induit une élévation du niveau de

professionnalisme et une recomposition des fonctions et des métiers.

Pour être reconnu compétent, il ne faut pas seulement posséder des savoirs,

il faut mobiliser quelque chose en plus : c’est le fameux « je ne sais quoi

par lequel la qualification devient efficiente » décrit par DEMAILLY

(1987).

3-2-2 Les savoirs de la compétence

Des définitions

« La compétence est un savoir validé et exercé »11.

« La compétence est un savoir agir reconnu »12.

« La compétence est la capacité de sélectionner et de fédérer en un

tout applicable une situation, des savoirs, des habilités, et des

attitudes »13

.

« La compétence correspond à la mobilisation dans l’action d’un

certain nombre de savoirs combinés de façon spécifique en fonction

11

J. AUBRET, « Savoir et pouvoir. La compétence en question », PUF, Paris, 1993. 12

LE BOTERF G., « De la compétence. Essai sur un attracteur étrange » Edition d’Organisation, Paris,

1994. 13

TOUPIN L., « De la formation au métier, savoir transférer ses connaissances dans l’action », ESF,

Paris, 1995.

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du cadre de perception que se construit l’acteur (individuel ou

collectif) de la situation »14.

Ces définitions nous permettent de constater qu’il s’agit de performance

matérialisée dans l’action, observée, validée, reconnue, évaluée. La

compétence est davantage un processus qu’un état.

Selon Sandra BELLIER « la compétence permet d’agir ou de résoudre des

problèmes professionnels de manière satisfaisante, dans un contexte

particulier, en mobilisant diverses capacités de manière intégrée »15

La compétence met en œuvre un savoir combinatoire qui est « la

compétence d’une personne à construire des compétences pertinentes. Ce

savoir combinatoire est d’une très grande complexité et constitue une boîte

noire difficilement accessible. Elle est au cœur de l’individu ».16

M. CROZIER, en 1995, préconise de savoir écouter, et poser les problèmes

au lieu de proposer des solutions préformées à des problèmes qui n’ont pas

été analysés. Le diplôme tend à perdre son rôle de viatique pour l’emploi,

et il se trouve concurrencé par des formations dites qualifiantes qui visent

l’adaptation à l’emploi, la construction d’habiletés, de savoir-faire

consommables immédiatement. Guy LE BOTERF parle de

« l’investissement dans l’intelligence pour être compétitif ».

De l’individuel au collectif

Le savoir et le savoir-faire d’un professionnel sont reliés à tout un réseau de

relations personnelles, de personnes ressources, de banques de données, de

documents et de notes personnelles, de livres à portée de main.

Le professionnel n’est pas compétent tout seul, il doit tenir compte de la

nature du savoir en question et de son acquisition ; c’est là une des

questions les plus importantes de l’ingénierie des compétences, qui veut

savoir avec qui, et avec quoi une personne est compétente. La compétence

du professionnel dépend du réseau de savoir auquel il appartient.

Les savoirs et les savoir-faire n’acquièrent le statut de compétence que

lorsqu’ils sont communiqués et échangés.

La compétence est à la fois individuelle et sociale.

14

WITTORSKI R., « Analyse du travail et production de compétences collectives », L’Harmattan, Paris,

1997. 15

DECKER O. Dossier « les compétences, de l’individuel au collectif », revue Soins Cadre, n° 41, février

2002. 16

LE BOTERF Guy, « Ingénierie et évaluation des compétences », Edition D’Organisation, Paris, août

2001.

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La compétence de l’expert est le fruit d’une combinaison nouvelle obtenue

par confrontation avec d’autres savoir-faire individuels mis en commun.

La compétence est un agencement des savoirs, c’est un « savoir

combinatoire » appelé chez les Grecs « kairos » pour exprimer le choix

d’une stratégie appropriée.

Critères de la compétence : autonomie, initiative, et employabilité

Le critère d’autonomie

L’autonomie se définit par le contraire de la prescription, elle fait émerger

la reconnaissance de la place et du rôle de l’individualité dans un contexte

de travail collectif : on est d’autant plus qualifié, qu’on est autonome dans

son travail.

De l’autonomie à l’initiative

Si l’autonomie est une condition incontournable d’un déploiement de la

compétence, c’est dans la prise d’initiative que la compétence se réalise

dans l’action.

Selon Philippe ZARIFIAN « la compétence, c’est l’initiative sous

condition d’autonomie, c’est déterminer un commencement dans une zone

d’indétermination. »17

La compétence n’est pas une simple application mais une construction.

Etre compétent c’est savoir mobiliser, intégrer, transférer des

connaissances dans un contexte professionnel.

L’employabilité

Dans une conception systémique, cette notion situe la compétence dans le

système : elle peut être vue comme la capacité à se déplacer dans un

système ou à s’intégrer dans des systèmes. L’employabilité fédère

l’ensemble de connaissances avec l’apprentissage de la situation qui

constitue des métacompétences. Il s’agit des aptitudes telles que la capacité

à travailler en équipe, à comprendre ce que l’on attend de soi, à repérer les

habitudes culturelles de l’organisation ou la gestion de son temps. 17

ZARIFIAN Ph. « Le modèle de la compétence », Edition Liaisons, Collection Entreprise et Carrières,

2002, p. 43

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28

On peut conclure que l’entreprise qualifiante procure des métacompétences

tandis que l’entreprise apprenante développe les compétences.

Ce concept d’employabilité contient l’idée d’un individu autonome capable

de s’intégrer dans une structure d’où sa pertinence dans l’approche de la

mobilité.

3-2-3 Situation de travail et compétence : la compétence infirmière

De la formation initiale à la compétence

Le diplôme d’état d’infirmier donne accès à tous les secteurs d’exercice

professionnel : « l’infirmier est généraliste, polyvalent, ce qui donne une

richesse à l’exercice ».18

La formation de base permet aux infirmiers de développer des compétences

dans de nombreux domaines pouvant déboucher sur des spécialités.

Cependant, même si l’ensemble des savoirs délivrés aux étudiants est

identique, leur interprétation, leur exploitation, est unique et personnelle

dans une situation professionnelle donnée.

Cette interprétation personnalisée de la compétence infirmière nécessite de

la part de l’étudiant :

Une implication

Des capacités de remise en cause et d’apprentissage

permanent

Un sentiment d’appartenance à un groupe professionnel

avec ses règles, ses valeurs, et une éthique

Les activités professionnelles requises ne sont pas nécessairement des

tâches précises et particulières mais elles sont aussi des rôles et des

fonctions souhaitées.

Ces activités doivent être réalisées pour atteindre un but dans des

conditions données, avec des moyens déterminés.

Il est alors important de préciser :

Des critères de performance du rôle souhaité

Le critère de réussite des activités

Les conditions pour atteindre les buts fixés 18

DUBOYS-FRESNAY C. et PERRIN G. « Le métier d’infirmière », Que Sais-je ?, PUF 1996.

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Les moyens et ressources mis à disposition.

Ces conditions concernent l’ensemble de la situation professionnelle

précisée dans la définition de WITTORSKI R. « la compétence est le

processus générateur du produit fini qu’est la performance ».19

La jeune diplômée a besoin d’aide : c’est une débutante qui doit faire face à

des situations réelles dont elle ne maîtrise pas toutes les approches

cognitives et pratiques.

Dans ce contexte nous devons situer l’équipe, élément déterminant de la

construction professionnelle infirmière. Nous rappelons à ce propos, la

définition de la compétence infirmière en cinq niveaux : « la novice, la

débutante, la compétente, la performante, l’experte ».20

Médecin, cadre de santé, professionnels paramédicaux contribuent à

parfaire l’expérience infirmière génératrice de compétences.

Selon P BENNER « la performante perçoit la situation de façon globale,

elle reconnaît des exemples de situation. Elle améliore son raisonnement

diagnostique et son processus de décision face aux événements ».Il lui

faudra encore du temps, de l’expérience et des formations pour atteindre le

niveau « d’experte » c’est-à-dire « comprendre de manière intuitive chaque

situation en abordant directement le problème ».

De la compétence à la polyvalence

« La polyvalence résulte de la mobilisation des savoirs, du transfert de

l’ensemble des capacités, de leur développement et traduit ainsi l’extension

des compétences et des savoirs »21

.

La polyvalence indique donc l’idée d’une plus-value, d’une évolution se

différenciant de la mobilité qui est plutôt la description d’un mouvement.

Un infirmier polyvalent est donc capable de réaliser des activités multiples

de sa fonction sur différentes disciplines et dans plusieurs unités de soins.

Ceci nous permet de confirmer le lien entre polyvalence et mobilité.

L’infirmière polyvalente ou pluricompétente a donc des connaissances pour

agir efficacement dans un domaine délimité. Par exemple, une infirmière

affectée à un service de suppléance peut avoir une pluricompétence dans

19

WITTORSKI R. « Le développement des compétences individuelles partagées et collectives », Soins

Cadre n°41, février 2002. 20

BENNER P. « De novice à experte, excellence en soins infirmiers », Intervision, mars 1999, p. 23-25. 21

PONCET-BODINIER A. « La polyvalence des infirmières : un élément de dynamique de

changement », Mémoire E.N.S.P., 1999 p. 70.

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deux domaines comme la réanimation et les urgences. L’infirmière est alors

bivalente dans le cadre d’une polyvalence sectorielle.

Nous voyons ainsi émerger la nécessité de circonscrire le champ de la

polyvalence dans l’intérêt du patient. La difficulté réside dans la

détermination du niveau de compétence requise et la qualité de la prestation

de soins. Or, même si le diplôme prône la polyvalence, nous savons bien

que les compétences s’acquièrent progressivement dans des domaines de

plus en plus spécialisés confrontés au développement rapide des

techniques, et aux fluctuations des organisations de soins.

La mobilité combinée à la polyvalence fragilise les niveaux de

compétences soumises à une adaptabilité permanente. Polyvalence et

spécialisation sont désormais complémentaires dans l’écosystème

hospitalier.

Dans cette mouvance où la formation continue devient la planche de salut

de la gestion évolutive des ressources humaines, notre point de vue

d’ingénierie de la formation nous conduit à envisager une solution

d’accompagnement du changement et donc de la mobilité des infirmiers.

C’est dans le concept de coaching que nous fondons un accompagnement

professionnel individualisé afin de positiver les capacités des individus.

3–3 LE CONCEPT D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING

Ce concept initialement réservé aux sportifs de haut niveau, puis aux

capitaines d’industrie, trouve ses marques dans le monde professionnel en

général : l’activité de coaching est un accompagnement personnalisé, aussi

bien sur le plan opérationnel et stratégique que sur le plan relationnel et

comportemental. Les questions liées au coaching et à son fonctionnement

sont nombreuses.

3-3-1 Historique

Du « coche » au « coaching »

Voiture de transport en commun tirée par des chevaux, le coche est apparu

au XVème

siècle en Hongrie.

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31

A Paris, en 1640, ce sont les fiacres, ancêtres des taxis, qui sont les

premiers coches à louer, apparus près de l’hôtel Saint Fiacre.

La porte cochère caractérise dès lors l’entrée d’une maison bourgeoise ou

d’un bâtiment suffisamment large pour permettre l’entrée du coche.

Le métier de cocher, malgré son habileté a conservé une image de fonction

subalterne. Et pourtant, c’est au XVIIIème

siècle en Angleterre que la

conduite et la direction d’attelages de deux à quatre chevaux est devenue

un art et un sport pratiqués par la haute société (le coaching club est créé en

1870).Il est plus communément appelé en France « course d’attelages ».

Référence culturelle

C’est PLATON qui illustre la vision de la partie supérieure de l’âme

permettant l’accès à la vie philosophique : il la compare à un cocher qui

mène deux chevaux l’un bon, et l’autre mauvais.

Dans cette vision, le cocher doit rester rationnel, et maîtriser ses désirs et

ses passions, qui peuvent précipiter sa chute.

On peut dire alors, que le « cocher-coach » intervient quand il y a difficulté

à gouverner, quand il y a incertitude sur la voie à choisir, et quand il faut

éveiller l’énergie du « coaché » pour l’aider dans la maîtrise de son action.

Les origines sportives

« Le sport rassemble en lui l’expression du corps exultant dans la

manifestation de ses énergies, et le travail technique rigoureux visant

l’économie des efforts dans la production d’une performance… ».22

Avec l’importance socio-économique des activités sportives, sont apparus

des spécialistes (entraîneurs, coaches), pour appliquer l’homme des

méthodes de préparation de chevaux de course.

D’autre part, une morale sportive a accompagné ces activités, manifestant

un certain fair-play dans les rapports conflictuels inhérents à la

compétitivité.

Ainsi, le monde de l’entreprise puise largement dans les normes sportives

ses propres valeurs de compétitivité, combativité, et concurrence.

Dans une vision plus large, le sport symbolise les qualités de jeunesse,

énergie, dynamisme, vitalité, transposées au sein de l’entreprise, dans les

qualités d’organisation et de management performants.

22

HIGY-LANG Ch. GELLMAN Ch. « Le coaching », Collection Les Références, Édition

d’Organisation, 2002, p. 15.

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32

3-3-2 Le Coaching en entreprise

État des lieux, état d’esprit

Au milieu des turbulences internes et externes l’entreprise doit s’adapter à

la mondialisation, aux technologies nouvelles mais aussi elle doit gérer les

incertitudes de l’environnement et les malaises des salariés.

En termes de management, il est indispensable de prendre des risques pour

s’adapter au changement.

En tant qu’accompagnement individuel pour optimiser l’itinéraire

professionnel, le coaching porte à la fois sur le comportement à adopter et

sur les situations à traiter.

C’est bien dans son esprit d’encouragement au changement que nous nous

intéressons à ce concept dans la poursuite d’objectifs individuels mais aussi

dans une perspective de bénéfice collectif.

Les objectifs du coaching

Objectif individuel

L’objectif individuel du coaching est une plus value pour l’individu.

Il s’agit de développer la perception de la personne coachée : perception de

lui-même mais aussi prise de conscience accrue de tous les événements qui

se présentent à lui.

Le coach va permettre à son client de développer des capacités réelles et

parfois insoupçonnées, et de réaliser ses objectifs personnels et

professionnels dans le respect de ses valeurs et en prenant en compte

l’environnement sans lequel il travaille.

La capitalisation de ses succès renforcera la légitimité des objectifs

apportant au sujet sérénité et surtout grande efficacité.

Objectif collectif

Ce deuxième objectif tient à la projection de l’individu dans l’organisation.

Il s’agit du « comment être » de l’individu dans la confrontation à

l’organisation et à ses partenaires.

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33

Cet objectif est orienté vers l’organisation, la cohésion d’équipe, la

résolution de situations de crise. Le coach va amener l’individu à améliorer

sa capacité à intervenir dans des situations complexes dont l’enjeu est

important pour l’entreprise. Il s’agit d’une aide à la recherche de solutions

créatives, et non seulement de l’apport de conseils et d’outils spécifiques.

Le succès croissant du coaching laisse penser qu’il est générateur de

« valeurs ajoutées mesurables telles que :

La diminution de l’absentéisme,

Le temps en productivité,

L’augmentation du bénéfice,

La réduction de la non-qualité,

qui côtoient d’autres valeurs ajoutées plus sensibles telles que :

Le meilleur climat dans un service,

La réduction des maladies psychosomatiques et des arrêts de

travail,

Le plaisir de venir travailler et donc de bien travailler,

L’instauration d’un management de confiance »23

Le coach, qui est-il ?

« On peut dire que le coach est un expert de la relation humaine et du

développement du potentiel, mais il est également praticien de l’entreprise

dont il doit posséder une bonne connaissance. ».24

Les compétences et les qualités relationnelles du coach s’ajoutent à son

aptitude à élaborer un espace de confiance. C’est pour cela que le plus

souvent il a effectué un travail de développement personnel associé à une

approche de relations humaines comme par exemple l’analyse

transactionnelle (AT), la programmation neurolinguistique (PNL). Les

attributs du coach sont à la fois d’ordre cognitif (connaissance de

l’entreprise et de son environnement) d’ordre relationnel (capacité d’établir

une relation adaptée et efficace avec le client) et d’ordre psychologique

(développement personnel). Il n’est pas nécessaire qu’il soit expert dans le

métier qu’exerce le client, c’est même préférable puisqu’il ne se sent pas en

compétition. 23

HIGY-LANG Ch. GELLMAN Ch. « Le coaching », Collection Les Références, Édition d’Organistion,

2002, p. 39. 24

LELEU P. « Le développement du potentiel des managers », Édition L’Harmattan, 1995, p. 254.

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Les différentes formes de coaching

DEMANDE OFFICIELLE DEMANDE(S) CACHÉÉ(S)

Gestion technique

Confrontation

Décision

Animation

Gestion du temps

Responsabilisation

Séparation

Compétence, protection

Parité

Confiance en soi

Complémentarité

Délégation

Reconnaissance

Lâcher-prise

Exemples d’outils du coach pour appréhender la situation de ses clients.25

Pour chaque forme de problème, chaque situation de coaching doit

identifier la dimension relationnelle que le client lui impose. Le lien entre

le coach et son client doit pouvoir se situer dans une certaine parité où

s’exerce la confrontation.

D’une part, la relation entre le coach et le client peut se faire par le

« e-coaching ». Il s’agit d’un nouvel enjeu pour accompagner à distance

avec comme avantage la discrétion, l’écoute, la disponibilité. Cette

prestation est une technique moderne encore réservée à une élite de

directeurs et autres bénéficiaires26

.

En France, la pratique du « e-coaching »27

émerge avec l’apparition de sites

et de sociétés spécialisées. Même s’il ne remplacera jamais la présence

physique du coach, le e-coaching a peut-être des chances de se développer

si bien entendu les normes éthiques et de confidentialité des échanges sont

garanties.

D’autre part, le coaching s’apparente dans certains cas au tutorat

provisoire, le temps de l’apprentissage d’une nouvelle fonction où la

personne n’a pas le droit à l’erreur ou ne peut pas se permettre de montrer

une quelconque faiblesse.

25

MALAREWICZ J.A., « Systémique et entreprise », Éditions Village Mondial, 2002, p. 132. 26

Sites internet étrangers : www.sfcoach.org, www.coaching.com, www.mediat-coaching.com. 27

Sites internet français : www.axing.net, www.axiopole.com, www.2emevie.com.

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35

Cet aspect du concept du coaching nous intéresse tout particulièrement

pour illustrer notre problématique de l’accompagnement de la mobilité des

IDE dans notre établissement.

En effet, notre souci de maintenir un niveau de compétence infirmière de

qualité, donc de performance, nous permet de rapprocher la logique de

management de type coaching de la logique de formation continue à

poursuivre et même à reconstruire pour l’adapter au changement.

C’est dans cette optique que nous orientons notre méthodologie d’enquête à

l’aide de questionnaires semi-directifs pour expliciter notre problématique.

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DEUXIÈME PARTIE

EXPLOITATION DE L’ENQUÊTE, ANALYSE,

DÉMARCHE D’INGÉNIERIE DU PROJET DE

COACHING DE LA MOBILITÉ

I – EXPLOITATION DE L’ENQUÊTE

1-1 LIMITES DE L’ENQUÊTE

1-1-1 Au plan quantitatif

Le nombre de personnes rencontrées dans l’établissement, soit 20

personnes au total, dont 15 IDE sur un effectif de 160, constitue lui-même

une limite à la recherche.

Cet échantillon de population restreinte relativise bien entendu la

généralisation des résultats.

Dans ces conditions, nous précisons que ce travail se situe dans un champ

exploratoire.

La confrontation des résultats de l’enquête auprès des IDE avec ceux de

l’enquête auprès de la direction, nous assure des éléments concordants pour

asseoir les bases des éléments de réponse à apporter à notre problématique.

Par ailleurs, ce travail nous permet de déduire des tendances

caractéristiques pour valider l’analyse préalable à notre projet

d’accompagnement de la mobilité.

1-1-2 Au plan qualitatif

Nous avons personnellement contacté et accompagné dans leur

participation les personnes volontaires qui ont bien voulu se soumettre au

questionnaire.

Nous en apprécions l’état de mise en confiance favorable à l’authenticité

des réponses.

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37

A notre désavantage, la similitude de sens interprétée par certains IDE pour

certaines questions, telles que la notion d’identité professionnelle et la

notion d’appartenance à un groupe, compromet l’explicitation de l’analyse

des contenus.

1-2 PROFIL DU PARCOURS PROFESSIONNEL DES IDE

SÉLECTIONNÉS POUR L’ENQUÊTE

1-2-1 Identification du contexte

Il s’agit du profil individuel de 15 IDE, 13 femmes et 2 hommes, de 29 ans

à 52 ans, ayant l’expérience d’une dizaine d’années d’exercice minimum.

Nombre

d’IDE

Tranches

d’âge

Durée totale

d’activité

Moyenne

d’exercice par

IDE

Total des

postes par

IDE

Moyenne

des postes

par IDE

5 29 à 36 ans 51 années 10 ans 14 3

5 37 à 42 ans 68 années 13 ans 18 4

5 44 à 52 ans 114 années 22 ans 15 3

1-2-2 Remarques

Nous constatons sur ce tableau que la mobilité est une réalité de plus en

plus significative de la nouvelle génération d’IDE.

Ce tableau met en évidence la faible mobilité de la génération des plus de

40 ans.

En effet, une moyenne de 3 postes sur une vingtaine d’années d’exercice

révèle la sédentarité caractéristique des IDE les plus « anciennes »

attachées à leur service et à leur équipe.

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1-3 EXPLOITATION DES QUESTIONNAIRES

3-1-1 Représentations individuelles de la mobilité par les IDE

Nous prenons en compte les réponses aux questions n°1, n°2, n°3, n°6, n°9,

et n°10, reprises par thèmes dans le tableau récapitulatif des représentations

individuelles des IDE.(Voir tableau n°1 ci-après).

Question n° 1 : qu’évoque pour vous le terme de mobilité professionnelle ?

Question n° 2 : selon vous, quel intérêt peut représenter la mobilité : pour

vous-même ?

Question n° 3 : quel(s) inconvénient(s) vous semble(nt) entraîner la

mobilité ?

Question n° 6 : que la mobilité est susceptible d’améliorer votre pratique

professionnelle ?

Question n° 9 : si la mobilité se développe , comment la concevez-vous ?

Question n° 10 : comment voyez-vous la mobilité dans votre

établissement ?

Les conditions de forme de la mobilité

Le changement volontaire

L’aspect « volontaire » du changement concerne 6 IDE sur 15 auxquels

s’ajoutent 3 IDE en situation de changement de poste pour raisons

familiales et personnelles.

Cet aspect se situe davantage dans les deux tiers d’IDE de 29 à 42 ans.

Le changement imposé

Le changement « imposé » ne concerne qu’une minorité de 3 IDE sur 15,

dans la même catégorie des 29 à 42 ans.

Ceci nous permet de constater qu’il n’y a pas de politique de mobilité

clairement définie à l’hôpital d’Ajaccio.

La direction ne souhaite d’ailleurs pas « institutionnaliser la mobilité inter-

services » : les suggestions expriment plutôt le souhait de « ne rien figer

dans un cadre rigide » ; la direction envisage la mobilité dans « une

approche pédagogique des situations de travail, non dans une approche

administrative » (cf Tableau page 34).

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39

Toutefois, nous percevons une amorce de mobilité avec les IDE dites

« roulantes », volontaires. Il existe en effet, un « pool d’IDE roulants » de

nuit et quelques IDE intéressés par des remplacements ponctuels plus ou

moins longs, principalement sous forme de remplacement de congés de

maladie, de congés de maternité, et d’arrêts pour accidents du travail.

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TABLEAU N° 1 : RÉCAPITULATIF DES REPRÉSENTATIONS INDIVIDUELLES DES IDE

Âge Durée

d’activité

Nombre

de postes

Modalités de

changement

Définition de la mobilité Intérêt personnel Perception de la mobilité à

venir

Inconvénients de la mobilité

29 ans 7 ans 4 postes Volontaires - Départ temporaire ou définitif.

- Spécialisation.

- Expérience accrue.

- Ouverture d’esprit.

- Connaissances nouvelles.

- Atout pour l’individu.

- Atout pour l’établissement.

(++)

- Perturbation par rapport à la vie

personnelle.

30 ans 6 ans 4 postes Mobilité

externe

- Changement géographique.

- Durée 2 à 3 ans.

- Éviter routine.

- Pratique de toutes les

connaissances.

- Perte de qualité : sécurité.

- A limiter, sinon absentéisme.

(--)

- Préjudiciable vie personnelle.

- Risque de diminution de la

motivation.

34 ans 11 ans 3 postes Remplacement

imposé.

- Mode de travail différent.

- Curiosité, échanges.

- Enrichissement professionnel.

- Adaptation et échange.

(++)

- Manque d’investissement.

- Problèmes / vie personnelle.

35 ans 9 ans 3 postes Imposés. - Mobilité = manque

d’investissement.

- Acquisition de nouvelles

compétences.

- Décloisonnement.

(+)

- Pas d’investissement.

36 ans 18 ans 5 postes Routine. - Capacité à changer.

- Confiance en soi.

- Esprit positif de progression.

- Autres horizons.

- Polyvalence.

- Emploi personnalisé.

- Volontariat : roulant.

- pré-requis et profil de poste.

(+-)

- perte de spécialisation.

- Remise à niveau.

- Volontariat.

37 ans 13 ans 5 postes Volontaires. - Polyvalence.

- Ouverture.

- Vision élargie du soin.

- Volontariat.

- Nécessité d’organisation. ++

- Difficultés d’adaptation.

37 ans 13 ans 3 postes Imposés. - Évolution des soins.

- Changement de service.

- Remise en question.

- Évolution des pratiques.

- Avantageuse

(++)

- Difficultés d’adaptation par

rapport à habitudes médicales.

38 ans 9 ans 4 postes Volontaire

« roulante »

- Changement de service facile.

- Souhaitée non imposée.

- Enrichissement personnel et

professionnel.

- Mobilité non imposée jour/nuit.

- Ponctuelle durée négociable.(-)

- Problèmes d’intégration dans

les services.

39 ans 14 ans 2 postes Pas besoin de

changer.

- Perte de stabilité. - Recherche d’activité moins

intensive : saturation.

- Possibilité d’ouverture.

- Évolution si organisée. (+-)

- Déstabilisant.

42 ans 19 ans 4 postes Raisons

familiales.

- Changement de service. - Nouvelles techniques.

- Nouvelles équipes.

- Non imposée.

- Organisée. (+-)

- Manque de suivi des patients.

- Indépendance / groupe.

44 ans 10 ans 4 postes Volontaires. - Polyvalence. - Diversité des connaissances.

- Détachement affectif / équipe

- Très bien tous les 3 ans.

- Pas de routine. (++)

- Temps d’adaptation nécessaire.

44 ans 24 ans 3 postes Motifs

familiaux/santé

- Ouverture d’esprit : curiosité,

adaptabilité.

- Enrichissement et compétences

accrues.

- Progrès : dynamique de groupe.

(++)

- Aucun, sauf non-

investissement.

44 ans 23 ans 1 poste Pas de

changement.

- Remise en question, adaptation.

- Nouvelles équipes &

techniques.

- Aucun. - Limitée à secteur médecine ou

chirurgie

(+)

- Personnel à former.

- Durée d’inefficacité.

45 ans 25 ans 6 postes Désir de

nouveauté

- Changement facile de

fonctions. Pas de routine.

- Curiosité intellectuelle.

- Enrichissement professionnel.

- Moyen d’évoluer.

- Mobilité organisée durable.(+)

- Équipe non soudée.

- Compétences non égales.

52 ans 32 ans 2 postes Raisons

personnelles –

vie privée

- Polyvalence dans le métier

IDE.

- Perfectionnement des soins. - Volontariat pour le « pool

roulant ».

(+-)

- Survol des patients et des

services.

Marie-Hélène GRAVIASSY – DESS INGÉNIERIE DE LA FORMATION – Année 2004 -

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41

La mobilité géographique

Elle reste encore très limitée du fait de l’insularité, et du nombre restreint

d’établissements de santé publics et privés à proximité :

2 IDE sur 15 en font état dans notre enquête.

Toutefois, la pénurie actuelle attire des IDE du continent pour exercer dans

notre établissement. Il s’agit la plupart du temps de jeunes IDE, nouvelles

diplômées, très mobiles qui viennent passer quelques mois en Corse. Cette

mobilité nous contraint à une remise en question, de nos pratiques,

bénéfique mais également déstabilisante pour les équipes et contraignante

sur le plan administratif : il s’agit d’une forme de gestion de personnels

intérimaires fort coûteuse pour le budget de notre établissement.

La mobilité liée à la spécialisation ou à la promotion

Elle n’apparaît pas de manière significative dans notre enquête.

Un seul IDE cite la spécialisation dans sa définition de la mobilité sur un

plan individuel.

De même, la polyvalence est timidement associée à la définition de la

mobilité : 3 fois sur 15.

Des représentations descriptives de la mobilité

Nous les retrouvons principalement dans les thèmes de la « définition de la

mobilité » et de »l’intérêt personnel » que la mobilité représente.

Ces représentations concernent :

D’une part, les lieux.

Nous trouvons dans les réponses les termes suivants : « départ », « autres

horizons », « changement géographique », « changement de service ». Ces

termes ne se situent pas dans une terminologie institutionnelle telle que le

type d’établissement public ou privé ou encore le mode d’exercice de la

fonction : à domicile, en secteur de santé publique, dans des lycées, …ou

dans des services très spécialisés.

Nous pouvons d’une certaine manière en déduire que la mobilité n’est pas

envisagée par nos IDE consultées, sous l’angle des nouveaux besoins de

notre société évolutive comme par exemple la prise en charge des

personnes âgées.

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42

D’autre part, les activités de soins.

La mobilité s’exprime dans les activités de soins sous les termes suivants :

« modes de travail différents », « activités moins intensives », « vision

élargie du soin », « nouvelles techniques » « éviter la routine ».

Nous retrouvons ici le panorama de la diversité des soins qui conditionne la

polyvalence dans une pratique pluridisciplinaire.

Enfin, la dimension relationnelle.

Elle est peu évoquée, dans ces deux thèmes précités de la « définition de la

mobilité » et de « l’intérêt personnel ».

La terminologie « nouvelles équipes » n’apparaît qu’à deux reprises et

l’intérêt personnel pour la mobilité est exprimé par un IDE dans le sens du

« détachement affectif », libérateur d’une équipe en quelque sorte

possessive.

Des représentations analytiques de la mobilité

Nous les retrouvons dans les thèmes de « l’intérêt personnel » et « des

inconvénients de la mobilité ».

Les représentations cognitives de la mobilité

Leur expression est signifiée en bénéfice personnel selon des termes de

valorisation de la compétence : « ouverture d’esprit », « connaissances

nouvelles », « enrichissement professionnel »,"nouvelles compétences ».

Nous percevons également une dynamique du comportement professionnel

évolutif dans les expressions de « remise en question », « curiosité

intellectuelle », « enrichissement personnel ».

Les représentations relatives à l’exercice des pratiques

Elles sont exprimées à travers « l’expérience accrue », la connaissance de

« techniques nouvelles », « la mise en pratique de toutes les

connaissances » c’est-à-dire la polyvalence.

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43

« Le perfectionnement des soins » reflète le nécessaire réajustement des

savoirs théoriques et pratiques en évolution permanente, tout au long de

parcours professionnel.

Une IDE parle « d’activité moins intensive » attendue dans la mobilité.

Cette remarque évoque la notion d’épuisement professionnel ou « burn-

out » source de démotivation, d’insatisfaction, et de perte d’efficacité

préjudiciable à la qualité des soins.

Les représentations des freins à la mobilité :

« inconvénients de la mobilité »

On distingue des remarques concernant

D’une part la vie personnelle, vie privée.

Il s’agit des caractéristiques suivantes : « déstabilisant », « perturbation de

la vie personnelle », « préjudiciable à la vie personnelle », « problèmes

d’ordre personnel ».

En définitive, sur les 15 IDE interrogés, seules ces quatre remarques

touchent à des considérations d’ordre privé, et l’explicitation orale des

réponses nous révèle principalement des soucis de planning de travail très

différents d’un service à l’autre, et qui peuvent ainsi être la cause de non-

mobilité.

D’autre part le comportement au travail.

« Diminution de la motivation », « manque d’investissement », voire « non

investissement », « survol des patients et des services », « manque de suivi

des patients », « perte de spécialisation » : toutes ces remarques expriment

d’une manière significative des craintes tenant à un sentiment de perte

d’intérêt pour le travail, non garanti dans les situations de mobilité.

Ces éléments d’analyse sont confortés par les expressions de « difficultés

d’adaptation », de « temps d’adaptation », de « remise à niveau », de

« connaissances non égales », de « formation ».

Tous ces mots traduisent la déstabilisation liée à la méconnaissance des

processus et des procédures des différents secteurs de soins.

Enfin la notion d’équipe.

Elle n’est évoquée qu’à deux reprises dans le sens de « l’indépendance par

rapport au groupe », et de « l’équipe non soudée ».

Le groupe restreint représenté par l’équipe n’est donc pas une

préoccupation prioritaire de l’IDE pour justifier un frein à la mobilité.

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Des représentations prospectives de la mobilité

Tableau synthétique des représentations qualitatives prospectives de la

mobilité.

Représentations

négatives

Représentations plus

ou moins positives

Représentations

positives

Représentations très

positives

2 réponses 4 réponses 3 réponses 6 réponses

- Perte de qualité des

soins.

- Insécurité.

- Refus de mobilité jour

/ nuit.

- Forme ponctuelle

exclusivement.

- Volontariat pour

pool-roulant.

-Non imposée.

- Organisée.

- Durée négociable

limitée par secteurs

chirurgie / médecine.

- Décloisonnement.

- Volontariat.

- Ouverture.

- Organisation.

- Mobilité durable.

- Prérequis profils de

postes

- Limites à définir..

- Très bien si organisée.

- Avantageuse.

- Très bien tous les 3

ans.

- Pas de routine.

- Progrès : dynamique

de groupe.

- Moyen d’évoluer.

- Adaptation, échanges.

- Atout personnel et

pour l’établissement.

Cette visualisation des réponses nous permet d’identifier les blocages sur

lesquels devront porter nos efforts. : ces points sensibles seront nos garde-

fous par rapport à la qualité, sécurité des soins, et sécurité dans le sens du

bien-être des IDE dans leurs fonctions au sein de l’établissement, et par

rapport aux limites de la mobilité en temps et lieux dans l’intérêt d'une paix

sociale stabilisante.

D’une manière générale, les représentations sont favorables à la mobilité

reconnue incontournable et bénéfique pour les IDE.

Des conditions sont bien sûr associées à la mobilité, tant sur des questions

de forme : « non imposée », « durée négociable », « limitée à certains

secteurs » et « organisée », que sur des questions de fond exprimant au-delà

des mots les souhaits d’adaptabilité de l’institution au changement à travers

« le décloisonnement », « la possibilité d’ouverture », « la dynamique de

groupe », et le « volontariat ». Nous percevons alors la nécessité de rendre

les individus acteurs et responsables du changement.

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45

3-1-2 Représentations collectives de la mobilité des IDE

Il s’agit de mieux identifier les représentations dans leur dimension

collective en pertinence avec notre problématique et nos hypothèses.

En effet, nos préoccupations sont liées à l’identité professionnelle, à la

technicité croissante et à la marge de manœuvre que nous permettra la

direction des ressources humaines et la direction du service des soins

infirmiers, en fonction de l’orientation politique de leur gestion des

ressources humaines.

Les représentations collectives de la mobilité selon les IDE

Voir tableau synthétique n° 2 ci-après portant sur les réponses aux

questions n°2, n° 4, n°5, n°7, et n°8.

Question n° 2 : selon vous quel intérêt peut représenter la mobilité pour

votre établissement ?

Question n° 4 : la mobilité peut-elle favoriser votre évolution

professionnelle ?

Question n° 5 : la mobilité est-elle pour vous un facteur contribuant à

l’identité professionnelle ou au contraire une perte d’identité par rapport au

groupe ?

Question n° 7 : la mobilité vous paraît-elle compatible avec le maintien de

l’appartenance à un groupe ou une communauté professionnelle ?

Question n° 8 : la mobilité représente-t-elle pour vous la consécration d’une

compétence ?

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46

TABLEAU N° 2 : RÉCAPITULATIF DES REPRÉSENTATIONS COLLECTIVES DES IDE

Âge Durée

d’activité

Intérêt de la mobilité pour

l’établissement

La mobilité contribue à

l’identité professionnelle

La mobilité entraîne la perte

d’appartenance à un groupe

La mobilité entraîne la

consécration de compétence

La mobilité est favorable à

l’évolution professionnelle

29 ans 7 ans - Polyvalence.

- Participation effort collectif.

- Augmentation compétences.

- OUI - OUI pour même catégorie de

soins ou même secteur.

- OUI, pour formation

diplômante spécialisée.

- OUI, car facilitation à

l’adaptation.

30 ans 6 ans - Maintien du dynamisme des

équipes.

- NON - NON - OUI - OUI

34 ans 11 ans - Polyvalence. - OUI, la mobilité valorise. - Pas forcément. - OUI - OUI, enrichissement,

ouverture.

35 ans 9 ans - Polyvalence. - NON - NON - Peut-être. - OUI

36 ans 18 ans - Facilité de gestion du

personnel et des

remplacements.

- OUI - NON - NON

multiplication des compétences.

- OUI

37 ans 13 ans - Facilité de gestion du

personnel et décloisonnement.

- OUI - NON - OUI - OUI

37 ans 13 ans - IDE interchangeables. - OUI - NON - Peut-être - OUI

38 ans 9 ans - Personnel compétent et motivé

dans tous les domaines de soins.

- NON - NON - OUI, dans certains secteurs

spécialisés.

- OUI, amélioration de la

compétence.

39 ans 14 ans - Amélioration de la qualité des

soins.

- Extension des compétences.

- NON, pas forcément. - NON, mais communication

insuffisante entre IDE.

- NON - OUI, si promotion possible.

42 ans 19 ans - Meilleure qualité des

compétences.

- NON - OUI - Pas forcément. - OUI, par la diversité.

44 ans 10 ans - Polyvalence. - OUI - NON, appartenance au

« groupe de soins ».

- OUI, dans la spécialisation. - OUI

44 ans 24 ans - Utiliser toutes les

compétences.

- NON - NON - Terme exagéré. - OUI

44 ans 23 ans - Polyvalence.

- Disponibilité du personnel.

- OUI - OUI - NON - Pas forcément si service

pluridisciplinaire.

45 ans 25 ans - Amélioration des

compétences.

- Polyvalence.

- NON - OUI - OUI, pour compétence

technique spécialisée

ponctuelle.

- OUI, si promotion possible.

52 ans 32 ans - Polyvalence.

- Diversité des compétences.

- NON - OUI, si spécialisation. - Pas forcément. - Peut-être, pour connaître

d’autres pathologies.

Marie-Hélène GRAVIASSY – DESS INGÉNIERIE DE LA FORMATION – Année 2004 -

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47

Tableau synthétique des représentations collectives de la mobilité.

Représentations plus

ou moins négatives

Représentations plus

ou moins positives

Représentations

positives

Représentations très

positives

- Consécration de la

compétence par la

mobilité (4 réserves / 4

non, 7 oui).

- Contribution à

l’identité

professionnelle (8 non /

7 oui).

- Perte d’appartenance à

un groupe (5 oui / 10

non).

- Amélioration des

compétences.

- Facilité de gestion.

- Diversité des

compétences.

- Meilleure qualité des

soins.

- Maintien du

dynamisme des équipes.

- Participation à l’effort

collectif.

- Disponibilité du

personnel.

- IDE interchangeables

- Polyvalence (7 fois sur

15).

- Evolution

professionnelle (13 fois

sur 15).

Ces représentations collectives de la mobilité sont plus nuancées que les

représentations individuelles. C’est sur le plan de la compétence que

s’expriment des représentations positives notamment à travers la

polyvalence.

Intérêt de la mobilité sur le plan de la compétence et de la

consécration de la compétence

Sur le plan de la compétence

Le terme de « polyvalence » apparaît dans sept questionnaires plus un

qualificatif de « diversité des compétences » sur quinze questionnaires,

confortés par l’impact bénéfique sur la qualité des compétences :

« augmentation des compétences », « amélioration des compétences »,

« compétence dans tous les domaines de soins », « extension des

compétences », « meilleure qualité des compétences », et « amélioration de

la qualité des soins ».

Sur le plan de la consécration de la compétence

C’est la mobilité pour la spécialisation qui reste valorisée dans la

reconnaissance : quatre réponses en témoignent. Trois réponses sur quinze

laissent à penser que la mobilité est susceptible d’être identifiée comme une

preuve de la reconnaissance de la compétence.

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48

Sept réponses ne considèrent pas la mobilité comme un facteur de

validation d’un niveau supérieur de compétence.

Une réponse se distingue pour précise que la mobilité entraîne plutôt une

« multiplication des compétences », ce qui ne la situe pas sur un plan de

valorisation qualitative.

En matière de gestion des ressources humaines, l’intérêt collectif apparaît

avec la facilitation de la gestion du personnel mobile et de son champ

d’action à savoir : « utiliser toutes les compétences ».

Intérêt de la mobilité sur le plan d’une dynamique

évolutive

Un investissement pour l’avenir

La mobilité vient presque unanimement (treize réponses positives sur

quinze) renforcer la garantie d’adaptation à « l’évolution professionnelle ».

Deux réponses nuancées, « pas forcément si service pluridisciplinaire » et

« peut-être pour connaître d’autres pathologies », reflètent

soit l’avis d’IDE qui s’accomplissent pleinement dans une spécialité

qui les passionne et où elles se réalisent grâce à la richesse et la diversité

des savoirs et techniques qui la caractérisent

soit l’avis d’IDE qui considèrent leur profession dans une dimension

statique, univoque et cloisonnée sans avoir à la confronter à la globalité de

la problématique de soins.

Il s’agit peut-être d’un souci de protection sécuritaire qui fait partie de la

résistance au changement, à prendre en compte, même si elle reste

minoritaire.

Un investissement dans l’effort collectif

Nous le découvrons dans « participation à l’effort collectif », « maintien du

dynamisme des équipes », « personnel motivé dans tous les domaines de

soins », « décloisonnement ».Ces aspects sont significatifs de l’intérêt

d’une meilleure communication entre les partenaires de soins favorisant

ainsi le changement à travers le décloisonnement des unités de soins.

Ainsi nous sommes amenés à exploiter les thèmes de la « contribution de la

mobilité à l’identité professionnelle » et de « l’appartenance à un groupe ».

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49

La mobilité contribue-t-elle à l’identité professionnelle ?

Les réponses obtenues : « sept oui » contre « huit non ».

L’équilibre presque parfait des réponses positives et négatives ne permet

pas de dire que la mobilité est un facteur d’identification professionnelle.

Toutefois, l’importance du nombre de réponses positives nous conduit à

dire qu’il est peut-être possible de conforter une identité professionnelle

dans une stratégie de mobilité des IDE.

La mobilité entraîne-t-elle la perte d’appartenance à un

groupe ?

Pour quelques-uns uns, nous constatons la difficulté d’identifier leur

groupe d’appartenance : « lequel ? », ont-ils demandé.

Cinq réponses sur quinze font état de la perte d’appartenance à un groupe.

Une réponse la justifie dans le changement d’appartenance lié à une

spécialisation.

Une autre réponse explicite le maintien de l’appartenance au « groupe de

soins », comme ne pouvant être affectée par la mobilité.

Nous pouvons nous demander si le sentiment d’appartenance à une équipe

historiquement fort attachée à la profession d’infirmière, ne serait pas en

train d’évoluer vers un attachement à la qualité de relations entre les

partenaires de soins dans un mode de communication efficace, et par-là

même, génératrice de satisfaction et de bien-être.

Les représentations collectives de la mobilité selon les cadres de

direction

Voir tableau récapitulatif n° 3 ci-après.

Nous rappelons qu’il s’agit de trois directeurs administratifs (dont deux

directeurs des ressources humaines) et de deux directeurs du service de

soins infirmiers de notre hôpital.

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50

TABLEAU N° 3 : RÉCAPITULATIF DES QUESTIONNAIRES AUPRÈS DE LA DIRECTION

Définition Avantages Hypermobilité

et

déstabilisation

des équipes

Limites La mobilité

affecte-t-elle

l’appartenance ?

Spécialisation

croissante

compatible

/mobilité

Mobilité facteur

d’adaptation au

changement ?

Accréditation et

contractualisation

freins à la

Mobilité ?

GPEC doit-elle

institutionnaliser

la mobilité

interservices ?

Suggestions

pour la

mobilité

D

R

H

- Meilleure

approche des

différentes

spécialités.

- Meilleure

connaissance de

l’hôpital.

- Facilité des

permutations.

- NON

- Secteurs

spécialisés.

- NON, si notion

d’intérêt général.

Hélas NON. - OUI

Sans aucun

doute.

- NON

- OUI - Mise en place

d’un service de

suppléance.

Ex

-

D

R

H

- Externe : subie.

- Interne :

organisée à court

terme.

- Adaptation de

l’effectif global

aux besoins à

court terme.

- NON

si organisée.

- Techniques et

relationnelles.

- Formation à

polyvalence.

- NON, ne doit pas

si culture

d’entreprise.

A éviter groupes

individualisés.

- OUI si

structurée,

organisée,

planifiée.

- NON pas

indispensable à

l’adaptabilité des

personnels.

- NON sauf si

obligation de

résultat.

C’est un leurre

Limites liées à

l’hyperspécial.

- Mobilité :

enrichissement

du savoir si

organisée.

D

I

R

E

C

T

E

U

R

- Nouvelles

techniques.

Décloisonnement

- Adaptabilité.

- Absence de

démotivation.

- Solution à des

difficultés

personnelles.

.- Éviter routine.

- Réflexion sur

les pratiques.

- Adaptabilité

aux différentes

pathologies.

-NON

Elle contribue à

la socialisation.

- Remise en

question.

- Rupture

relationnelle.

- Capacités

techniques

différentes.

- NON

L’appartenance

doit exister par

rapport à l’hôpital

public et non par

rapport au service.

- OUI

Pluralité des

techniques =

multiplication

des adaptations.

- NON

Statut de

certaines

spécialités.

- OUI surtout par

rapport au projet

de nouvel hôpital

à Ajaccio.

- NON : démarche

qualité formalisée

à partager.

Accréditation :

travail transversal

contre la résistance

à la mobilité.

- NON : plutôt la

gestion sociale.

- Doit être

accompagnée,

expliquée.

- Approche

pédagogique

des situations

de travail et

non

administratives.

D

S

S

I

I

- Meilleure

connaissance de

la profession.

- Permet la

polyvalence.

- Accès à toutes

les spécialités.

- OUI

Risque de

démotivation.

- Éviter la non-

implication. - NON - NON si

mobilité

restreinte.

- OUI Décloisonnement

des unités.

Projet global :

meilleure

Appropriation

Participation.

- OUI : par

cloisonnement.

- NON :

uniformisation des

procédures.

- OUI - Création des

Services

Infirmiers de

Compensation

et de

Suppléance

(SICS).

D

S

S

I

A

D

J

- Qualification

accrue.

- Recherche en

soins infirmiers.

- Motivation

supplémentaire.

- Apport

nouveau.

- Amélioration

des pratiques.

- Critiques

constructives.

- Frein à

l’épuisement.

- NON

- Partage des

nouvelles

expériences.

- Limitation de

l’immobilisme.

- Référents

transversaux.

- NON :

appartenance à une

profession.

- NON : limite

routine

préjudiciable.

- OUI polyvalence

nécessaire face à

l’évolution.

- NON aide

précieuse pour

définir des limites

de la mobilité.

- NON : ne rien

figer dans un cadre

rigide.

- A encourager

pour

polyvalence :

meilleure

qualification

par expérience

plutôt que

spécialisation.

Marie-Hélène GRAVIASSY – DESS INGÉNIERIE DE LA FORMATION – Année 2004 -

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51

Direction et représentations de la mobilité des IDE

Question n° 1 : que signifie pour vous la mobilité des IDE ?

Question n° 2 : quels sont les avantages de la mobilité des IDE ?

Nous trouvons dans les rubriques la définition et les avantages et les limites

des qualifications en termes de « connaissance » plutôt que de « compétence » :

« meilleures approches des différentes spécialités », « accès à toutes les

spécialités », « meilleure connaissance de l’hôpital », « meilleure connaissance

de la profession », « nouvelles techniques », « apports nouveaux ».

« Motivation », « adaptabilité », « réflexion sur les pratiques », « critiques

constructives », enrichissent qualitativement cette approche cognitive.

Sur un plan organisationnel, les préoccupations des directeurs interrogés

s’attachent à la facilitation de « l’adaptation de l’effectif global aux besoins

ponctuels » et à la « facilité des permutations », souci d’autant plus

compréhensible qu’il côtoie un absentéisme important.

Sur un plan social, les directeurs prennent en compte « la solution à des

difficultés personnelles », l’intérêt de « la motivation », de « l’évitement de la

routine », et du « frein à l’épuisement ».

Direction et représentations de l’appartenance professionnelle

et de la stabilité des équipes face à la mobilité des IDE

Ces thèmes concernent les questions n° 4 et n° 5.

Question n° 4 : l’hypermobilité ne risque-t-elle pas de compromettre la stabilité

des équipes ?

Question n° 5 : la mobilité n’affecte-t-elle pas la notion d’appartenance ?

Dans l’hypothèse d’une mobilité excessive dite « hypermobilité », un seul

directeur sur cinq craint une perturbation de la stabilité des équipes, sous la

forme « d’un risque de démotivation ».

Les quatre autres directeurs ne pensent pas que l’hypermobilité affecte

l’équilibre des équipes de soins :

« Elle contribue à la spécialisation », permet « le partage de nouvelles

expériences » et « la limitation de l’immobilisme ».

L’appartenance à un groupe professionnel n’est pas non plus de nature à être

affectée par la mobilité, les réponses sont ici unanimes, elles évoquent la

prévalence de « l’intérêt général », de « la culture d’entreprise ».

Les directeurs situent l’appartenance au niveau de « la profession », et/ou de

« l’établissement ».

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52

Direction et représentations de la spécialisation croissante

compatible avec la mobilité des IDE

Il s’agit des réponses aux questions n° 3 et n° 6.

Question n° 3 : quelles limites voyez-vous à la mobilité ?

Question n° 6 : la spécialisation croissante est-elle compatible avec la mobilité ?

Dans le domaine particulier de la spécialisation, seule une réponse conçoit la

possibilité d’instaurer une mobilité « organisée, structurée, planifiée ».

Des éléments statutaires imposent en effet des limites à la mobilité dans les

blocs opératoires, les services de réanimation, et les services de soins intensifs

en particulier.

De même, la formation nécessaire aux spécialités est un frein à la mobilité, ainsi

que les multiplications de fonctions transversales, comme l’hygiène et

l’accompagnement de la douleur : ces domaines ont l’avantage de situer la

fonction infirmière sur plusieurs services ; de ce fait, ils participent au

décloisonnement.

Direction et représentations de la mobilité dans le cadre de

procédures managériales d’adaptation au changement

Ces procédures concernent la contractualisation et l’accréditation.

Toutes les réponses s’accordent pour affirmer que ces procédures ne sont pas un

frein mais qu’elles peuvent même aider à la gestion de la mobilité, notamment

en lui permettant de « définir ses limites ».

Le « cloisonnement » est le seul frein exprimé mais il est neutralisé par le travail

transversal réalisé dans le cadre de l’accréditation, visant à vaincre les

résistances à la mobilité.

Direction et représentations d’une mobilité institutionnalisée,

suggestions

Ces considérations concernent les réponses aux questions n° 9 et n° 10.

Question n° 9 : la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences doit-

elle institutionnaliser la mobilité des IDE inter-services ?

Question n° 10 : vos suggestions

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53

L’institutionnalisation de la mobilité inter-services est plutôt mal perçue par

deux réponses « oui », pour trois réponses « non ». Nous pouvons penser que

c’est la notion de « rigidité » de l’institution qui la pénalise.

En réponse, les suggestions prévoient des dispositifs palliatifs comme la mise en

place de « services de suppléance ». Ce type de dispositif ne modifie pas

l’organisation existante, il s’y adapte.

L’approche « pédagogique » plutôt « qu’administrative » nous ramène au sens

de notre problématique dans la stratégie de l’accompagnement de la mobilité.

II - ANALYSE GLOBALE – CONFRONTATION AVEC LES

HYPOTHÈSES

Après cette étude détaillée des réponses à nos questionnaires, il nous paraît

intéressant de mettre en regard les opinions des IDE avec celles de la direction.

2-1 CONFRONTATION DES REPRÉSENTATIONS RESPECTIVES DE

LA MOBILITÉ DES IDE

2-1-1 Points de divergence

Nous ne constatons pas vraiment d’opposition mais plutôt des angles de vue

différents concernant les éléments suivants :

Le thème de la compétence.

Elle est considérée par la direction sous l’aspect comportemental en

termes de capacité et d’adaptabilité à la diversité des techniques et des

spécialités médicales.

Pour les IDE la compétence est majoritairement exprimée dans la

polyvalence qui paraît être la plus-value pour répondre à tous les besoins

des patients et de l’institution hospitalière.

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54

La spécialisation de la fonction d’infirmière.

Nous constatons que la direction soumise à la rigueur des statuts s’en tient

à leur application stricte et cela la conduit à des réserves quant à

l’extension du concept de mobilité au domaine de la spécialisation.

Néanmoins, les IDE perçoivent dans la spécialisation une forme de

mobilité ascendante valorisante et ouverte à une extension relative mais

non exclue de leurs représentations.

L’appartenance à un groupe.

La direction exprime une perception globale de l’appartenance qui se situe

davantage pour eux au niveau de la profession elle-même ou de

l’établissement ; et qui paraît donc inaltérable par la mobilité.

Quant aux IDE cette appartenance semble évoluer du groupe restreint que

représente l’équipe vers le groupe professionnel plus représentatif de

l’évolution de la professionnalisation telle que nous l’avons décrite dans

notre approche théorique.

Au vu de notre enquête, la mobilité n’a donc que peu d’influence sur

l’appartenance à un groupe ni même sur l’identité professionnelle.

Nous pouvons peut-être rattacher ces représentations à un niveau plus

global tel que l’appartenance au corps infirmier qui serait alors la

référence identitaire légitimée.

Le point de vue psychosocial.

Ce point de vue très peu abordé par les IDE dans leurs représentations

individuelles et collectives semble être une préoccupation de la direction

et nous ne pouvons que nous en réjouir.

En effet, « la routine », « la démotivation », « l’épuisement

professionnel » sont bien des indicateurs de dangers de l’immobilisme

auxquels nous devons remédier.

Ou alors, il s’agirait de non-dits à ne pas négliger dans un projet de

management pour les transformer en actions susceptibles d’améliorer les

conditions de vie au travail.

2-1-2 Points de convergence

Il s’agit principalement de l’intérêt collectif.

La participation à l’effort collectif.

IDE et direction voient dans la mobilité un facteur de dynamique de

groupe avec l’ouverture sur d’autres modes de fonctionnement, sur

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55

d’autres partenaires de soins, dans un but de décloisonnement des unités

enfermées dans leur routine qui les rend inaptes au changement.

La facilitation de la gestion du personnel.

La souplesse de gestion induite par la mobilité facilite les permutations

volontaires et adapte les effectifs aux besoins des différents services.

Cet aspect est considéré tant par la direction que par la plupart des IDE

comme source de motivation.

La remise en question et l’amélioration de la compétence dans le partage

d’expériences diversifiées sont reconnues comme des atouts

incontestables pour concourir à l’évolution professionnelle.

La recherche de qualité et de sécurité des soins.

Il s’agit bien d’un objectif commun poursuivi par la direction et le corps

infirmier et confirmé par les incitations de la politique générale de santé.

C’est à ce niveau que se dessinent les limites de la mobilité qui doit

maintenir le niveau de compétence optimale tout en adaptant les moyens

techniques et humains à l’évolution médicale et à l’évolution des besoins

en santé.

2-2 VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES

2-2-1 Hypothèse numéro 1 : la résistance à la mobilité des IDE est véhiculée

par l’insécurité liée à la perte d’appartenance à une équipe

Notre étude ne permet pas de considérer la perte d’appartenance à une équipe

comme facteur d’insécurité, frein à la mobilité.

La résistance à la mobilité tient davantage à la crainte d’une déstabilisation

préjudiciable à la vie personnelle, notamment pour des raisons qui tiennent à

l’aménagement du temps de travail.

2-2-2 Hypothèse numéro 2 : la spécialisation engendrée par une technicité

croissante est un frein à la mobilité au profit d’une compétence excluant la

polyvalence

Nous pouvons infirmer cette hypothèse dans la mesure où la spécialisation liée à

la technicité croissante n’est pas perçue par les IDE comme élément susceptible

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56

d’entraver une dynamique d’ouverture, de décloisonnement, d’amélioration de

la qualité et d’évolution professionnelle.

C’est alors davantage la polyvalence qui est susceptible de réguler l’assimilation

des techniques et des pratiques nouvelles.

2-2-3 Hypothèse numéro 3 : une politique d’accompagnement de la

mobilité peut donner au corps infirmier les garanties d’une reconnaissance

de leurs compétences

La validation de cette hypothèse reste à venir.

La nécessité d’une politique d’accompagnement de la mobilité transparaît

timidement dans les réponses sous forme de soutien et de maintien du

dynamisme. Elle semble prendre une forme plus précise dans une approche

pédagogique décrétée par la direction et envisagée par les IDE dans une mobilité

permettant l’amélioration des pratiques et des compétences.

Un enrichissement personnel et professionnel qui peut en résulter ne donne pas

pour autant des garanties de reconnaissance des compétences de la polyvalence.

La spécialisation diplômante et la promotion restent les titres reconnus d’une

valorisation de la profession d’infirmière.

Il semble que les moyens de répondre à cette hypothèse restent à définir si nous

nous engageons avec la direction dans une politique de formation réelle.

Actuellement, la mobilité, dans notre établissement, est au stade des

balbutiements dans une approche qui se réalise sous forme de réajustements et

non de projets et de dispositifs clairement définis.

2-3 COMMENTAIRES

Cette analyse nous conduit à quelques remarques concernant la mobilité dans

notre établissement.

En référence à notre problématique qui positionne la mobilité dans la dynamique

du changement à l’hôpital, nous apprécions avec optimisme les aspects positifs

des représentations individuelles et collectives de cette mobilité selon les

infirmiers et la direction.

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57

Les obstacles :

Il convient de prendre en compte dans notre projet d’actions les obstacles qui

peuvent compromettre leur efficacité.

Nous souhaitons ainsi remédier à la crainte de diminution de la sécurité des

soins et à la déstabilisation notamment grâce à des procédures organisationnelles

uniformisées déjà engagées dans la démarche d’accréditation.

Les craintes envers la mobilité sont individuelles par rapport à des

considérations d’organisation de la vie privée et elles sont collectives dans leur

dimension sociale de rattachement à un groupe professionnel.

En fait, pour éviter la démotivation, l’attachement affectif doit subsister en

raison de la nature du milieu de soins, à la fois technique et relationnelle.

En cela, des efforts de communication interne doivent être encouragés et la

solution de mobilité peut être un vecteur favorisant.

L’efficience professionnelle :

Elle reste l’élément central de la mobilité pour répondre à l’exigence de qualité

des prestations de soins.

Si la polyvalence des IDE est une réponse de l’adaptabilité professionnelle au

changement, notre étude nous permet d’en dessiner des limites esquissées

notamment dans les réponses de la direction : ces limites sont statutaires

(spécialisation), organisationnelles (difficultés d’uniformisation des procédures

dans tous les secteurs de soins), et socioculturelles (problèmes d’identification

professionnelle à respecter et à développer dans l’esprit de la culture

d’entreprise).

Des suggestions pour la mobilité à venir :

Il résulte de notre analyse que la mobilité doit rester sur la base d’un volontariat

des IDE, dans le cadre de secteurs de soins limités, et pour des périodes

négociables et plutôt durables.

L’organisation est une condition incontournable. Elle suppose une anticipation

et des règles de fonctionnement rigoureuses et attrayantes pour les infirmiers

intéressés.

Une première expérience de mobilité organisée concerne un pool d’infirmiers

roulants de nuit qui fonctionne en mode de suppléance à un absentéisme

inhérent à des effectifs insuffisants, à l’application des 35 heures, et à des arrêts

maladie et accidents du travail ; nous ne bénéficions pas encore de l’évaluation

de son fonctionnement.

C’est néanmoins dans ce type de service de suppléance que la direction entend

poursuivre sa pratique de mobilité.

Enfin, nous rejoignons l’idée exprimée dans l’enquête selon laquelle la mobilité

doit être « expliquée » et « accompagnée ».

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58

C’est bien cette approche pédagogique qui nous ramène à notre problématique et

à notre cadre théorique pour envisager grâce à la mobilité un dispositif

d’accompagnement.

Nous situons notre démarche d’ingénierie sur le plan du développement des

compétences et des facultés d’adaptation par le biais de la formation continue et,

sur le plan organisationnel, pour lesquels nos efforts associés à ceux de la

direction et des cadres de soins peuvent s’avérer utiles et efficaces.

De plus, c’est dans la perspective de la redéfinition des métiers à l’hôpital, telle

que l’envisage le rapport de Y. BERLAND, que les compétences infirmières se

trouvent impliquées dans le projet de transfert de compétences médicales vers

les acteurs paramédicaux. (voir annexe)28

Cette nouvelle forme de mobilité est susceptible de transformer de manière

significative la nature même de la profession d’infirmière.

III – DÉMARCHE D’INGÉNIERIE DU PROJET

D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING DE LA MOBILITÉ DES IDE

3-1 DE L’INGÉNIERIE A L’INGÉNIERIE DE LA FORMATION

3-1-1 Définition

L’ingénierie est l’ensemble des activités essentiellement intellectuelles ayant

pour objet d’optimiser l’investissement, quelle que soit sa nature, dans ses

choix, dans ses processus techniques de réalisation, et dans sa gestion.

Cette définition globale positionne l’ingénierie dans le domaine économique dès

1970 dans le Rapport du Comité du VIème Plan.

La loi de 1971 sur la formation professionnelle confirme la référence

économique en lui donnant un caractère obligatoire pour les entreprises.

La crise économique des années 1980 se traduit par l’augmentation du chômage

et l’incertitude de l’emploi.

28

Annexe : Sommaire et introduction du rapport BERLAND Yvon, octobre 2003.

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59

C’est alors un continuum de facteurs tels, l’inversion du marché de l’offre et de

la demande de travail, les restructurations, l’évolution technologique, et

l’exigence de plus en plus grande des clients, confrontées au manque de

capitaux qui désigne la formation comme outil non seulement de réparation mais

d’accompagnement pour adapter le milieu de travail aux évolutions techniques,

économiques et sociales.

D’abord séparée de l’évaluation, comme l’exprime Guy LE BOTERF en 1990,

l’ingénierie de la formation est « un ensemble coordonné de travaux

méthodiques de conception et de réalisation des systèmes de formation ».29

Elle s’intègre dans la définition élaborée par l’AFNOR en 1992 :

« l’ingénierie de formation comprend l’analyse des besoins en formation, la

conception du projet formatif, la coordination et le contrôle de sa mise en œuvre

et l’évaluation des effets de la formation ».

3-1-2 Contexte actuel

Dans une société en perpétuelle mouvance évolutive, l’adaptation et la réactivité

sont les critères obligés de survie des organisations.

Désormais, la formation doit résoudre la problématique de la transition entre

milieu de travail et formation.

Reconnue comme outil d’anticipation et non plus de réparation, la formation

devient un investissement pour garantir la performance des entreprises.

Les critères de qualité et d’efficacité de la formation s’inscrivent dans une

volonté politique de moralisation du marché de la formation soumis à une

déontologie indispensable.

L’objectif de la formation doit concilier la logique d’évolution des compétences

dans le contexte du travail et la logique de formation adaptée au travail. Les

outils de ce contexte actuel sont identifiables sous la forme de référentiels de

compétences et d’activités dans l’environnement professionnel (ensemble des

connaissances et aptitudes requises pour un emploi), et de référentiels de

formation (ensemble structuré de connaissances et de capacités cognitives et

comportementales, de modalités pédagogiques en rapport avec l’emploi).

La référencialisation est une étape clé de l’élaboration d’un dispositif de

formation : elle fait partie de la démarche d’ingénierie.

29

ARDOUIN Th. Cours 1, DESS « Ingénierie de la Formation : une démarche, des pratiques » CNED Poitiers,

2003.

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60

3-1-3 La démarche d’ingénierie de formation

Ces considérations à propos de l’ingénierie nous rapprochent de la définition

élaborée par Thierry ARDOUIN, avant de cadrer la démarche d’ingénierie de

notre mémoire.

« L’ingénierie de formation est une démarche socioprofessionnelle où

l’ingénieur formation a, par des méthodologies appropriées, à Analyser,

Concevoir, Réaliser et Évaluer des actions, dispositifs et/ou systèmes de

formation en tenant compte de l’environnement et des acteurs professionnels.

« L’ingénieur de formation (niveau organisationnel) se trouve à l’interface de

l’ingénierie des politiques (niveau stratégique et décisionnel) et de l’ingénierie

pédagogique (niveau pédagogique) »30

.

3-2 DU MANAGEMENT AU MANAGEMENT DE LA FORMATION

3-2-1 La collaboration horizontale

La prise en compte du phénomène humain dans l’organisation a conduit à

développer la communication pour une meilleure coordination des tâches et des

services.

Ces fonctions de communication et de coordination reviennent au manager qui

doit établir un climat de confiance pour faire en sorte que les différents services

se concertent et agissent en fonction des circonstances et dans l’intérêt commun.

Le développement de « l’esprit de culture d’entreprise », évoqué dans notre

première partie, peut être utile pour réguler les comportements des individus et

des groupes au travail en les sécurisant sur un plan identitaire.

Le management se marie à la formation en découvrant l’art d’apprendre à

changer. La collaboration entre les individus peut alors se développer pour

participer à l’efficience de la compétence collective.

En élargissant cette collaboration horizontale au débat sur la formation, nous

abordons la problématique du travail collectif et de la polyvalence telle que nous

l’avons analysée à partir de notre enquête et que nous considérons comme pièce

maîtresse sur laquelle porte notre projet d’accompagnement.

30

ARDOUIN T. « Ingénierie de la formation, une démarche, des pratiques », Cours DESS Ingénierie de la

formation, CNED, 2003.

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3-2-2 La problématisation du travail

Déclinée en « savoir », «savoir-faire » et « savoir être », la problématisation du

travail légitime l’ingénierie de la formation.

La dimension d’investissement de la formation la situe au niveau des politiques

de formation où les choix pour résoudre les problèmes de gestion des ressources

humaines doivent intégrer la notion de temps dans les projets de management.

La formation à long terme (de 3 à10 ans) prépare l’avenir et participe à

un changement profond de culture pour prévenir les risques

d’inadaptation des ressources humaines au niveau des compétences

requises.

La formation à moyen terme (de 1 à 3 ans) touche à la maintenance ou

l’adaptation du niveau des compétences en particulier pour

accompagner des évolutions techniques ou pour préparer à de

nouveaux emplois.

La formation à court terme (moins de 1 an) a pour objectif la

consolidation de l’existant en favorisant l’insertion de nouveaux

salariés et/ou pour réajuster un dysfonctionnement c’est-à-dire dans la

recherche d’un résultat identifiable31

.

3-2-3 La recherche d’un équilibre dynamique

Au niveau de la gestion de la formation, manager consiste à « ne pas gaspiller

les ressources, à les affecter utilement, à en suivre la réalisation, l’évaluation ». 32

En ce qui concerne la gestion du savoir, elle est moins du ressort du

management que de la qualité des prestations de formation dépendant elles-

mêmes de la capitalisation des savoirs individuels de l’entreprise.

Management et formation se rejoignent alors pour maîtriser à la fois l’individu

et l’organisation sans perdre de vue l’efficacité collective, c’est-à-dire la

performance de l’entreprise.

Dans ce registre, nous ne sous situons plus dans « le modèle de réactivité » mais

dans « le modèle de l’innovation » rappelant notre analyse systémique.

Entre la tendance à la stabilité et la tendance à l’innovation, la situation

conflictuelle d’évolution que nous vivons nous guide dans la recherche d’un

équilibre dynamique où les routines et les apprentissages jouent un rôle

31

MEIGNANT A., « Manager la formation », Edition Liaison, Paris, 1991, 1ère

édition. 32

DELAMOTTE E. POSSOZ D., Cours DESS, Unité2, « Management et formation. Conduite de projet »,

CNED POITIERS. 2003.

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essentiel. L’ingénierie de formation doit donc se concevoir comme une activité

en situation.

3-3 INGÉNIERIE DU PROJET EN ACTION

Il s’agit d’une démarche de projet : « le projet est un acte d’ingénierie, c’est une

démarche rigoureuse de structuration d’une réalité à venir ».(AFNOR norme NF

X50105). Il s’agit pour nous de nous situer dans « une activité en situation »

c’est-à-dire dans « une reconnaissance de l’incertitude, de l’aléatoire, de

l’accidentel », et non simplement dans la formalisation des méthodes.

« L’ingénierie de la formation est un métier de la décision en situation, avec tout

ce que cela suppose d’écoute attentive, de réadaptation et d’improvisation. Il

faut tout prévoir sans avoir tout prévu ».33

La conduite de projet elle, constitue « un ensemble de méthodes et techniques

créé pour la conception, l’analyse, et la conduite d’activités temporaires,

fortement irréversibles, non répétitives, réalisées sous la contrainte de temps, en

engageant des ressources rares et limitées ».34

Un projet réside dans la gestion d’un processus exploratoire, où l’on acquiert des

informations, et l’avis d’un expert et d’un processus décisionnel qui officialise

l’identité du projet et prévoit sa conception dans le temps.

L’efficacité du projet se mesure dans la référence à la qualité. Dorénavant, la

reconnaissance de la qualité s’apparente à un signe de réputation. On s’éloigne

de plus en plus, pour les organismes de formation, des procédures d’agrément et

de contrôle de l’administration, au profit de nouvelles règles de concurrence. La

libération de l’offre génère un système d’information et d’incitation, par la

certification des personnes, donnant à la loi du marché le rôle de régulateur.

En ce qui concerne ce mémoire, notre conduite de projet a pour objectif la

conception d’un dispositif de formation continue pour adultes.

Face aux apprenants, l’ingénierie est guidée par des valeurs fondamentales de

respect des différences individuelles, de principes éthiques, incontournables

dans toute activité d’éducation et de formation.

33

DEMOTTE E.POSSOZ D., Cours DESS, Unité2, « Management et formation. conduite de projet », CNED

POITIERS.2003 34

HAZEBROUCK J.M., BADOT O., « La management de projet », Paris PUF, 1996.

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Nous nous rattachons dans ce travail à la fois à un projet de système formatif et

à un projet de pratique pédagogique. Ce travail concerne le choix des supports,

les contenus, les enseignants, les logiques d’exploitation, c’est-à-dire les outils

qui constituent les séquences de formation.

3-4 STRATÉGIE PÉDAGOGIQUE DU PROJET

Dans cette partie du mémoire, nous nous projetons dans l’aspect dynamique de

la compétence, définie par MALGLAIVE comme « savoir en usage », ou

intelligence pratique, mais aussi dans la transposition des connaissances en

compétence.

3-4-1 L’intelligence pratique

Elle caractérise les savoirs professionnels.

Selon Philippe MAUBANT, ils sont définis comme « un système constitué de

savoirs théoriques ou opératifs, qui finalisent l’action, qui permettent de

l’anticiper, de savoirs techniques produisant et formalisant des procédures,

de savoirs méthodologiques, amplifiant les savoirs procéduraux et donc les

savoirs techniques »

Le savoir en usage serait producteur de « métasavoirs » c’est-à-dire « savoirs

relatifs à la conduite des processus d’action, relatifs au pilotage du changement

et à la gouvernance des situations professionnelles ».35

L’étude d’une situation de travail permet d’identifier ces métasavoirs sur

lesquels on peut travailler en formation pour faire évoluer par exemple les

savoirs de routine, d’habitudes, et de réflexes.

Le geste professionnel est aussi un instrument d’appréciation de la construction

et de l’évolution d’une pratique. Il est un instrument de médiatisation de la

compétence professionnelle dont il dépasse la pratique.

Ainsi, nous réalisons combien le processus « apprendre » se confond avec la

dynamique de l’action dans la mise en œuvre pédagogique d’une situation de

formation. Il est donc essentiel de définir l’action au regard du sens recherché et

des éléments constitutifs de l’action. Il devient alors possible de dégager des

liens entre les analyses de « l’acte d’apprendre » et celles qui porte sur l’action

dans les situations de travail.

35

MAUBANT Ph., Cours DESS Ingénierie de la Formation Unité 3, « L’ingénierie pédagogique en question »,

CNED POITIERS, 2003.

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3-4-2 La transposition des connaissances en compétences

Les connaissances efficaces sont celles qui sont devenues automatiquement

accessibles, sans effort de mémoire ni de réflexion. Ces connaissances sont un

des éléments constitutifs de la compétence.

L’expert agit de manière intuitive et non réflexive parce qu’il dispose d’un

système de comportements intégrés qui correspondent à un très grand nombre de

situations et d’expériences prévues ou non. La compétence s’enrichit de

l’intégration de connaissances implicites et explicites, plus ou moins

automatisées. Enfin, l’évolution des compétences tient aussi à l’adjonction

continuelle de connaissances externes qui participe à leur amélioration.

3-4-3 Le rôle des acteurs

Notre projet de formation situe le « formé », c'est-à-dire pour nous l’infirmier

diplômé d’état, au centre de la formation, il est « l’adulte apprenant » face au

formateur tuteur et au groupe ressource qui favorise les échanges.

L’adulte-apprenant

L’adulte apprenant aborde l’apprentissage à partir de ses représentions.

« La difficulté croissante à se référer à un cadre collectif stable, impose à

l’individu la prise en charge personnelle de ses choix, faisant de celui-ci un

individu « incertain » sommé d’être « auteur de sa vie », animé par un « souci de

soi » individualiste ».36

Les individus et les groupes doivent donc mettre en œuvre des stratégies

identitaires qui peuvent aller dans le sens de « l’hyperconformité » ou de la

« singularité extrême », traduisant la difficulté de se réaliser entre l’exigence et

les risques de l’exposition de soi, opposée à la dissolution dans un anonymat

plus sécurisant.

En nous référant à notre analyse des représentations de la mobilité des IDE nous

retrouvons l’expression de la crainte de déstabilisation et de perturbation de la

vie personnelle et professionnelle. De même, les IDE ont eu des difficultés à

préciser la nature de leur vécu identitaire peut-être inconsciemment occulté.

Dans ce domaine, la formation doit jouer le rôle « d’espace intermédiaire » pour

accompagner l’harmonisation des représentations individuelles et collectives

dans leur transformation lié au changement.

36

BEZILLE H., RIGAUD D., cours DESS Ingénierie de la Formation, « Identité professionnelle et sociale et

Ingénierie du Social », CNED POITIERS, 2003.

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Ces représentations constituent des cadres de référence qui sont des supports

d’influence utilisables en formation. Ces cadres ne sont pas rigides, et les

individus peuvent s’y soumettre ou non. Par exemple, dans le champ du travail

nous distinguons « les actifs » et les « inactifs », « ceux qui exécutent », et

« ceux qui les encadrent ».

De même, les représentations du métier d’infirmière se construisent au fil de

l’expérience, et elles ne concordent pas forcément avec les représentations

relatives au métier véhiculées dans la société ; elles correspondent davantage à

nos représentations du champ professionnel d’appartenance, c’est-à-dire le

milieu de soins hospitaliers.

L’apprentissage de nouvelles pratiques se réalise ainsi dans la construction de

nouvelles représentations qui constituent un enrichissement et un complément

d’informations dans le cadre du « conflit sociocognitif » (PIAGET 1975).

Dès lors que l’idée de compétence est opposée au savoir ou à la connaissance,

toute connaissance ne peut plus être dissociée de l’action.

L’intention de l’apprenant est en elle-même, une connaissance en tant que prise

de conscience du projet d’apprendre. Dans cette logique nous situons

l’apprenant au centre du système. Bénéficiaire de la formation, il en devient

acteur. Dans l’optique de rationalisation de l’action pédagogique, l’apprenant est

mis en situation active, productrice, réactive, tout au long du cursus.

Le pilotage du processus reste entre les mains du pédagogue.

Le formateur tuteur

Il fait partie du triangle pédagogique identifié par J. HOUSSAYE comme étant

l’association trilogique « savoir, pédagogue, adulte ».37

Le métier de formateur consiste à mettre à disposition de l’adulte apprenant des

ressources qui lui permettront de se former.

Le formateur devient ingénieur en tant que « présentateur, formalisateur,

designer ».38

Après avoir pris connaissance des besoins en formation et des ressources, le

formateur construit les situations et les parcours pédagogiques, il met à

disposition de l’adulte toutes les ressources qui lui permettent de se former.

Actuellement, les nouvelles technologies, internet en particulier, permettent à

l’apprenant d’accéder au « e-learning » qui modifie les attentes en contenus et

savoirs puisqu’elles ne viennent plus de l’enseignant mais de sites informatisés.

37

HOUSSAYE J. « La pédagogie, une encyclopédie pour aujourd’hui », ESF, 1993. 38

BELLIER S., « Ingénierie en formation adulte », Éditions Liaisons, 2ème

édition, 2003.

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C’est au niveau d’une aide méthodologique que se situe le rôle dévolu au

formateur pour organiser le passage de l’information vers la mémorisation, de

l’intégration des connaissances vers la mise en action génératrice de

compétences.

Le groupe-ressource

Dans cette stratégie pédagogique nouvelle, le rôle du groupe n’est pas non plus à

négliger. Le groupe est une ressource pour le formateur et pour l’apprenant.

Le groupe participe à la socialisation professionnelle, il est un élément

dynamique dans le conflit sociocognitif où le formateur doit réguler la cohésion

minimale favorable au climat d’échanges.

Enfin, le groupe est aussi un support de réseaux d’échanges d’informations,

utilisable extraformation avec les nouvelles technologies et les forums sur sites

informatiques.

Tous ces éléments sont constitutifs de notre démarche d’ingénierie, base

théorique et pratique de notre projet d’accompagnement/coaching des infirmiers.

3-5 LE DISPOSITIF D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING DES

INFIRMIERS

3-5-1 Projet d’amélioration de la gestion des ressources humaines

Nature du projet :

Dans le cadre de notre établissement, le centre hospitalier d’Ajaccio, il s’agit du

contexte d’instabilité des postes infirmiers lié à la pénurie d’IDE, et au

nécessaire redéploiement. La direction souhaite que les cadres de santé

participent au projet d’amélioration de la gestion des ressources humaines face à

la problématique de la mobilité.

Après avoir réalisé une analyse des besoins à partir d’une synthèse de notre

enquête sur la mobilité des IDE, nous devons concevoir, réaliser et évaluer un

dispositif d’accompagnement.

Intitulé de l’action de formation :

« Accompagnement de la facilitation de la mobilité, pour une garantie de

compétence en soins infirmiers ».

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67

Condition du projet :

La prise en compte de la politique générale de la direction de l’établissement à

savoir sa volonté de continuer et de développer un service de suppléance et de

substitution avec un effectif constitutif d’un pool « d’infirmiers roulants ».

Contexte d’environnement :

Ce dispositif concerne l’établissement de l’hôpital de la Miséricorde avec

possibilité d’extension et de coordination avec le site de l’hôpital Eugènie,

spécialisé en gériatrie, et service d’infectiologie et de soins palliatifs; à plus long

terme ce dispositif peut aussi concerner le site de Castelluccio où est localisé le

service d’oncologie.

3-5-2 Modalités

Personnels concernés :

Les cadres de santé dont 1 référent de l’Institut de Formation en

soins Infirmiers.

1 référent du service de formation continue.

4 référents infirmiers en missions transversales : Hygiène,

Accompagnement de la douleur, Gestion des risques,

Accréditation.

1 référent de l’équipe pédagogique du congrès annuel « LES

JOURNÉES INFIRMIÈRES »

1 cadre de direction

Responsable pédagogique :

Mme Marie-Hélène GRAVIASSY, Cadre de Santé.

Responsable du Service des Urgences

Durée de la formation : de janvier à décembre 2005.

Critères de la formation à l’accompagnement de la mobilité des IDE

Volontariat

Organisation

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Confiance

Performance

Reconnaissance

Objectifs pédagogiques :

Faire prendre conscience des effets induits par le changement

dans le travail.

Clarifier les représentations négatives de la mobilité : résistance

au changement, démotivation, déstabilisation, perte

d’appartenance à une équipe.

Susciter la participation à des initiatives transversales.

Établir un climat de confiance pour instaurer le coaching.

Susciter les démarches de projet de mobilité : individualisation

de l’accompagnement.

Accompagner les projets de polyvalence sur des secteurs choisis.

Apporter une aide méthodologique et des outils d’analyse et

d’évaluation à chaque étape du processus de la démarche.

3-5-3 Méthodes et moyens

Formation de responsables d’accompagnement/coaches.

Personnel concerné : personnel d’encadrement de soins.

Formation de 7 personnes : 1 cadre supérieur de santé,

4 cadres de santé,

1 cadre enseignant IFSI.

1 cadre de direction

Objectifs pédagogiques :

Faciliter la compréhension de la dynamique psychosociale

d’une organisation.

Déterminer des choix stratégiques pour permettre la

transmission des compétences professionnelles et

développer les capacités d’adaptation.

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69

Élaborer un plan guide du dispositif de coaching.

Cadrer le rôle de chaque coach pour chaque secteur de

soins.

Contenus pédagogiques :

Définition du coaching, rôle du coach.

Le projet, outil de la démarche d’accompagnement.

Analyse des situations de changement.

Ressources personnelles et capacités d’adaptation.

Renforcement des compétences pédagogiques.

Notions de pédagogie : « le centrage sur l’apprenant ».

Les conditions de l’accompagnement : le contrat « coach-

coaché ».

Élaboration d’un plan guide de dispositif.

Choix d’apprentissage et de formation.

Les moyens à mettre à disposition.

Les critères d’évaluation de ce dispositif.

Élaboration d’une grille d’évaluation formative :

Construction de critères et indicateurs.

Durée et dates de formation :

Session de 3 jours.

2ème

quinzaine de janvier 2005 à confirmer.

Lieu : Centre Hospitalier d’Ajaccio, 2ème

quinzaine de janvier

2005 à confirmer.

Formation des infirmiers à la polyvalence.

Personnels :

12 IDE au total.

4 IDE par session de 2 mois.

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70

Organisation de trois sessions :

Session Février – Mars.

Session Mai – Juin.

Session Septembre – Octobre.

Trois regroupements théoriques de 2 jours :

Regroupement Avril.

Regroupement Juillet

Regroupement Novembre.

 la fin du dernier regroupement, réunion globale de 2 jours

Participants des 3 sessions.

Coaches.

Responsables du dispositif.

Secteurs choisis pour ce dispositif

4 secteurs de soins :

Secteur des Services de Médecine.

Secteur des Services de Chirurgie.

Secteur des Urgences et de la Réanimation.

Secteur de la Dialyse et du Caisson Hyperbare.

Les deux derniers secteurs sont considérés comme

secteurs « découverte » de services médico-techniques

spécifiques.

Organisation Sur le terrain :

1 IDE par secteur pendant 15 jours pour les 3

premiers secteurs.

.1 IDE par service pour la dialyse et le caisson

hyperbare pendant une semaine chacun.

Un cadre supérieur de santé est coordinateur du

dispositif à l’interface entre les formés, les

coaches, et le service de formation continue.

En alternance théorique :

Au total 8 journées.

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4 séquences de 2 jours pour mise à distance et

évaluation formative à chaque étape du processus

de formation.

Les deux dernières journées concernent la synthèse,

l’évaluation du dispositif et les suggestions.

Planning de mise en situation : première session

Mois Médecine Chirurgie Réanimation,

Urgences

Dialyse

1 semaine

Caisson

Hyperbare

1 semaine

4 IDE

Fév

rier

1ère

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

2ème

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

Mars

1ère

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

2ème

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

Avri

l

1ère

quinzaine Regroupement théorique

Première session

2 jours 2ème

quinzaine

Planning de mise en situation : deuxième session

Mois Médecine Chirurgie Réanimation,

Urgences

Dialyse

1 semaine

Caisson

Hyperbare

1 semaine

4 IDE

Ma

i

1ère

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

2ème

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

Ju

in

1ère

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

2ème

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

Ju

ille

t

1ère

quinzaine Regroupement théorique

Deuxième session

2 jours 2ème

quinzaine

I

D

E

I

D

E

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72

Planning de mise en situation : troisième session Mois Médecine Chirurgie Réanimatio

n, Urgences

Dialyse

1 semaine

Caisson

Hyperbare

1 semaine

4 IDE

Sep

tem

bre

1ère

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

2ème

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

Oct

ob

re 1

ère

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

2ème

quinzaine IDE IDE IDE IDE IDE

No

vem

bre

1ère

quinzaine Regroupement théorique Troisième session 2 jours

Regroupement des participants et coaches :

Sessions 1, 2, 3 – 2 jours – 2ème

quinzaine

Contenus pédagogiques Construction d’un projet professionnel.

Motivations individuelles et leur place dans les rapports

collectifs.

Réflexions sur la compétence.

L’adaptation au changement.

La polyvalence : valorisation de la compétence.

Approche pédagogique :

Le transfert des compétences.

Apprentissage à l’auto-évaluation.

La mobilité :

Aide à l’adaptation.

Instauration d’une bourse de l’emploi.

Exploitation des expériences.

Méthodes et moyens

Apports conceptuels et méthodologiques.

Exercices individuels et collectifs.

Suivi de la mise en situation par le coach.

Coût de la formation pour 12 IDE

Ce dispositif pilote étant réalisé en interne, le coût ne concerne

que les 8 journées de regroupement pour les cadres, les coaches,

et le responsable pédagogique, soit 6 personnes.

I

D

E

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Évaluation.

Évaluation de la compétence des formés

Évaluation formative

Elle est réalisée en cours de formation, en situation de travail. L’auto-évaluation

est effectuée par les infirmiers eux-mêmes avec le coach, « à chaud », à chaque

mise en situation dans les différents secteurs.

Les connaissances, les savoir-faire, les capacités sont évalués directement à

partir des situations tests avec des grilles de contrôle des connaissances requises.

Évaluation sommative

L’évaluation sommative des acquis pédagogiques est différée à la session de

regroupement pour chacun des trois groupes de formés.

Évaluation du dispositif

D’une part, le responsable pédagogique, en collaboration avec le cadre de

direction, suit le fonctionnement tout au long du dispositif. Si besoin avec

l’équipe de coaching il effectue les ajustements nécessaires.

D’autre part, le regroupement final de 2 jours doit permettre une évaluation plus

précise quant au retour sur investissement avec des paramètres sociaux tels que

une amorce de régression de l’absentéisme, des indices de satisfaction, et avec

des paramètres économiques concrétisés par des indicateurs de qualité tels ceux

du domaine de l’hygiène et des indicateurs de facilitation de l’organisation des

soins.

Cette évaluation finale est transitoire et relative dans la mesure où elle

conditionne la validité du dispositif et son avenir puisque la mobilité ne saurait

être le seul élément déterminant de la garantie du niveau de compétences

optimales des IDE.

Néanmoins, notre préoccupation en tant que responsable pédagogique réside

dans la poursuite de l’adaptation de ce projet, c’est-à-dire dans la généralisation

du coaching, pour l’accompagnement systématique de nouveaux infirmiers,

accueillis de plus en plus souvent dans les différentes unités de soins.

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CONCLUSION

Ce mémoire n’a pas la prétention d’avoir répondu de manière

incontestée et incontestable à tous les aspects de notre problématique, tant la

tâche nous paraît être sans limites puisque le changement est sans fin et que son

adaptation est perpétuelle.

Si les résultats de notre questionnement sur la mobilité des

infirmiers dans notre hôpital n’ont pas abouti à la mise en évidence d’éléments

inédits, ils nous permettent néanmoins d’entrevoir les pistes de mobilisation à

exploiter.

Nous découvrons avec un regard nouveau la richesse de notre

compétence professionnelle infirmière sous l’aspect dynamique de la

polyvalence, identifiée par nous tous, soignants et responsables administratifs de

l’hôpital, comme le nouvel enjeu de notre management des ressources humaines.

Dès lors, il s’agit pour nous de valoriser ces ressources de la polyvalence au

même titre que la reconnaissance des diplômes de spécialisation.

L’éclairage nouveau apporté par l’ingénierie de la formation est

un atout supplémentaire pour nous motiver dans l’action de mise en route de

stratégies et de logiques pédagogiques adaptées et évolutives, indispensables à

notre service de formation continue.

Dans cette optique, l’accompagnement de type coaching

représente pour nous la dimension humaine désormais à prendre en compte pour

maîtriser les nouvelles techniques et leurs aléas et affronter ainsi, de manière

sereine, la complexité de l’environnement politico-socio-économique évolutif

qui nous entoure et auquel nous ne pouvons nous dérober.

Les nouvelles technologies sont entrées dans nos maisons, elles

envahissent notre quotidien privé et professionnel, alors pourquoi ne pas en tirer

le meilleur profit tout en restant lucides et intègres dans nos démarches ?

La formation continue se doit elle aussi de respecter une déontologie inhérente à

tout acte pédagogique et ainsi elle nous permet d’offrir, à tous ceux qui

souhaitent se former avec nous, des moyens diversifiés d’information et de

formation comme le « e-learning » et peut-être le « e-coaching » perçu encore

dans un esprit de curiosité intellectuelle expérimentale.

Enfin, c’est dans un climat de confiance et de solidarité que nous

pouvons poursuivre collectivement nos investigations et nos recherches. Ainsi,

nous allons utiliser les ressources de chacun, enrichies des expériences

collectives communes en vue de réaliser des actions professionnelles

performantes, garantes de la qualité de la prestation de soins aux patients.

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ANNEXES

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Bibliographie

Ouvrages :

BELLIER S., « Ingénierie en formation adulte », Éditions Liaisons, 2ème

édition,

2003.

BERNOUX Ph. , « La sociologie des organisations », Édition du Seuil 1985, p.

206.

CROZIER M. « L’acteur et le système », Édition du Seuil, Collection Point,

1977

DUBOYS-FRESNAY C. et PERRIN G. « Le métier d’infirmière », Que Sais-

je ?, PUF 1996

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28, mars avril mai 2000 p.14

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ARDOUIN Th. Cours 1, DESS « Ingénierie de la Formation : une démarche, des

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BEZILLE H., RIGAUD D., cours DESS Ingénierie de la Formation, « Identité

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DELAMOTTE E. POSSOZ D., Cours DESS, Unité2, « Management et

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MAUBANT Ph., Cours DESS Ingénierie de la Formation Unité 3,

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RENAUD Thomas, Cours DESS, Ingénierie de la Formation, Unité 4, page 20.

Mémoire :

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dynamique de changement », Mémoire E.N.S.P., 1999 p. 70

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Sites internet étrangers : www.sfcoach.org, www.coaching.com, www.mediat-

coaching.com

Sites internet français : www.axing.net, www.axiopole.com, www.2emevie.com

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Table des Matières

PRÉAMBULE ........................................................................................................................ 3

SOMMAIRE ........................................................................................................................... 4

INTRODUCTION .................................................................................................................. 5

PREMIÈRE PARTIE ............................................................................................................ 8

PROBLÉMATIQUE, MÉTHODE D’ENQUÊTE, APPROCHE THÉORIQUE .................... 8

I - PROBLÉMATIQUE ........................................................................................................ 8

1-1 CONTEXTE ............................................................................................................. 8

1-2 QUESTIONNEMENT – HYPOTHÈSES ................................................................ 9

II – MÉTHODE D’ENQUÊTE .......................................................................................... 10

2-1 PRÉSENTATION DE L’ÉTABLISSEMENT ....................................................... 10

2-2 OBJECTIFS DE L’ÉTUDE .................................................................................... 11

2-3 LES OUTILS DE L’ANALYSE ............................................................................ 11

2-3-1 Le questionnaire semi-directif auprès des IDE .................................................... 12

2-3-2 Questionnaire auprès de la direction des ressources humaines et de la direction

du service de soins infirmiers ..................................................................................... 13

2-3-3 Mode d’analyse de l’ensemble des questionnaires ........................................ 15

III - APPROCHE THÉORIQUE ........................................................................................ 16

3-1 LE CONCEPT DE MOBILITÉ .............................................................................. 16

3-1-1 Éléments de définition ....................................................................................... 16

3-1-2 De la mobilité quotidienne à la mobilité sociale ................................................ 16

3-1-3 Les limites de la mobilité sociale ....................................................................... 17

3-1-4 La mobilité professionnelle ............................................................................... 18

3-1-5 La mobilité en milieu hospitalier ....................................................................... 19

3-2 LE CONCEPT DE COMPÉTENCE ...................................................................... 22

3-2-1 De la qualification à l’émergence du modèle de la compétence ........................ 22

3-2-2 Les savoirs de la compétence ............................................................................. 25

3-2-3 Situation de travail et compétence : la compétence infirmière .......................... 28

3–3 LE CONCEPT D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING ................................... 30

3-3-1 Historique........................................................................................................... 30

3-3-2 Le Coaching en entreprise ................................................................................. 32

DEUXIÈME PARTIE ......................................................................................................... 36

I – EXPLOITATION DE L’ENQUÊTE ............................................................................. 36

1-1 LIMITES DE L’ENQUÊTE ................................................................................... 36

1-1-1 Au plan quantitatif ............................................................................................. 36

1-1-2 Au plan qualitatif ............................................................................................... 36

1-2 PROFIL DU PARCOURS PROFESSIONNEL DES IDE SÉLECTIONNÉS POUR

L’ENQUÊTE .................................................................................................................. 37

1-2-1 Identification du contexte .............................................................................. 37

1-2-2 Remarques ......................................................................................................... 37

1-3 EXPLOITATION DES QUESTIONNAIRES ....................................................... 38

3-1-1 Représentations individuelles de la mobilité par les IDE .................................. 38

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3-1-2 Représentations collectives de la mobilité des IDE ........................................... 45

II - ANALYSE GLOBALE – CONFRONTATION AVEC LES HYPOTHÈSES .................. 53

2-1 CONFRONTATION DES REPRÉSENTATIONS RESPECTIVES DE LA

MOBILITÉ DES IDE ..................................................................................................... 53

2-1-1 Points de divergence .......................................................................................... 53

2-1-2 Points de convergence ....................................................................................... 54

2-2 VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES ................................................................. 55

2-2-1 Hypothèse numéro 1 : la résistance à la mobilité des IDE est véhiculée par

l’insécurité liée à la perte d’appartenance à une équipe ............................................. 55

2-2-2 Hypothèse numéro 2 : la spécialisation engendrée par une technicité croissante

est un frein à la mobilité au profit d’une compétence excluant la polyvalence .......... 55

2-2-3 Hypothèse numéro 3 : une politique d’accompagnement de la mobilité peut

donner au corps infirmier les garanties d’une reconnaissance de leurs compétences 56

2-3 COMMENTAIRES ................................................................................................. 56

III – DÉMARCHE D’INGÉNIERIE DU PROJET D’ACCOMPAGNEMENT /

COACHING DE LA MOBILITÉ DES IDE........................................................................ 58

3-1 DE L’INGÉNIERIE A L’INGÉNIERIE DE LA FORMATION ........................... 58

3-1-1 Définition ........................................................................................................... 58

3-1-2 Contexte actuel .................................................................................................. 59

3-1-3 La démarche d’ingénierie de formation ............................................................. 60

3-2 DU MANAGEMENT AU MANAGEMENT DE LA FORMATION ................... 60

3-2-1 La collaboration horizontale .............................................................................. 60

3-2-2 La problématisation du travail ........................................................................... 61

3-2-3 La recherche d’un équilibre dynamique ............................................................ 61

3-3 INGÉNIERIE DU PROJET EN ACTION ............................................................. 62

3-4 STRATÉGIE PÉDAGOGIQUE DU PROJET ....................................................... 63

3-4-1 L’intelligence pratique ....................................................................................... 63

3-4-2 La transposition des connaissances en compétences ......................................... 64

3-4-3 Le rôle des acteurs ......................................................................................... 64

3-5 LE DISPOSITIF D’ACCOMPAGNEMENT / COACHING DES INFIRMIERS . 66

3-5-1 Projet d’amélioration de la gestion des ressources humaines ........................ 66

3-5-2 Modalités ........................................................................................................... 67

3-5-3 Méthodes et moyens .......................................................................................... 68

CONCLUSION ..................................................................................................................... 74

ANNEXES .......................................................................................................................... 75

TABLE DES MATIERES ............................................................................................................ 78

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UNIVERSITÉ DE ROUENDÉPARTEMENT DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION

MÉMOIRE DE DESS INGÉNIERIE DE LA FORMATION

Nom Prénom : GRAVIASSY Marie-Hélène

Titre du mémoire :

DE L’INGÉNIERIE DE LA FORMATION A LA PRISE EN

CHARGE DE LA MOBILITÉ DES INFIRMIERS DIPLÔMÉS

D’ÉTAT DANS UN ÉTABLISSEMENT HOSPITALIER.

Directeur de Mémoire : Thierry ARDOUIN

Mots Clés :

Mobilité - Compétences professionnelles - Ingénierie de la formation -

Accompagnement/coaching.

Résumé :

La problématique de la mobilité des infirmiers est devenue incontournable dans le

contexte hospitalier public en mutation.

Elle est désormais une préoccupation majeure pour la gestion des ressources humaines

confrontée à l’évolution des compétences infirmières : polyvalence des soins et

technicité croissante la caractérisent.

Une approche théorique de concepts de mobilité, de compétence et

d’accompagnement/coaching conduit à explorer les représentations individuelles et

collectives des infirmiers d’une part, de la direction d’autre part.

L’objectif des questionnaires semi-directifs établis, concerne l’identification de pistes

d’investigation pour orienter une démarche d’ingénierie. Celle-ci trouve sa réalité dans

un dispositif d’accompagnement/coaching, susceptible de faciliter l’adaptation des

compétences infirmières aux besoins de santé.

Cette démarche se propose d’envisager la formation continue comme outil de

changement, dans le cadre d’un management des ressources humaines garantissant la

performance des compétences professionnelles infirmières.