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----------------------- U.F.R. DE PSYCHOLOGIE, SOCIOLOGIE ET SCIENCES DE L’EDUCATION ----------------------- DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L’EDUCATION ----------------------- MASTER 2 INGENIERIE ET CONSEIL EN FORMATION Mémoire professionnel TCHAMBAT Innocent Sous la direction de Jacques WALLET Professeur des Universités Septembre 2008 LA FORMATION CONTINUE EN SECTEUR INFORMEL : QUELS ENJEUX POUR LE RECYCLAGE ET LA CONSTRUCTION D’UNE IDENTITE PROFESSIONNELLE DES FRIGORISTES AU CAMEROUN ?

LA FORMATION CONTINUE EN SECTEUR INFORMELshs-app.univ-rouen.fr/civiic/memoires_masterICF/... · 2 BARBIER Jean-Marie (2006), « Voies pour la recherche en formation des adultes »,

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    U.F.R. DE PSYCHOLOGIE, SOCIOLOGIE ET SCIENCES DE LEDUCATION

    -----------------------

    DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LEDUCATION

    -----------------------

    MASTER 2 INGENIERIE ET CONSEIL EN FORMATION

    Mmoire professionnel

    TCHAMBAT Innocent

    Sous la direction de

    Jacques WALLET

    Professeur des Universits

    Septembre 2008

    LA FORMATION CONTINUE EN SECTEUR INFORMEL :

    QUELS ENJEUX POUR LE RECYCLAGE ET LA CONSTRUCTION DUNE

    IDENTITE PROFESSIONNELLE DES FRIGORISTES AU CAMEROUN ?

  • A maman Catherine

    A mes enfants Ange Larissa,

    Aude Michelle, La et Loc

    A mon pouse Ernestine

  • REMERCIEMENTS Page I

    REMERCIEMENTS

    Ce travail de recherche est le fruit de diverses contributions de nombreuses personnes qui je tiens exprimer mes sincres remerciements :

    Je pense tout dabord mon Directeur de mmoire, Monsieur Jacques WALLET, Professeur des universits, qui a accept de maccompagner tout au long de ce travail. Je

    suis marqu par son efficacit dans laction et sa diligence ;

    Ensuite, je dis merci aux responsables des DPEFOP du Nord et de lEst, Monsieur

    Ibrahim DJOULDE et Monsieur GUIMEYA Dieudonn pour la mise ma disposition

    des ressources documentaires et leur participation la conduite des enqutes ;

    Mes remerciements sadressent particulirement la famille MEDJONYE, la famille

    TCHATCHOU et la famille HEUGANG : En vous occupant de la sant de Loc et de sa

    maman, vous mavez permis de conduire ce travail son terme ;

    Merci Blanche, Clarisse, Mireille, Christiane, Tlesphore, Gal, Diani, Janvion et

    Wany, sans oublier Mme KEUTAT ; chacun de vous a contribu sa manire

    laboutissement de ce projet ;

    Je tiens remercier mes camarades de promotion pour lesprit de partage et de

    convivialit qui a agrment nos diffrentes rencontres sur la plate forme FORSE. Ce

    travail est empreint des critiques constructives des tudiants du site de regroupement de

    Yaound qui jexprime mes sincres reconnaissances ;

    Et bien sr, toute la dynamique quipe dencadrement pluridisciplinaire du Master 2

    Professionnel en Ingnierie et Conseil en formation, jexprime ma profonde gratitude.

    Jai tir profit de la disponibilit de lanimatrice de plate forme Marianig POROT et de

    lencadrement de proximit de notre rfrent de site, Madame DJEUMENI

    TCHAMABE Marcelline ;

    Enfin, jai bnfici du soutien et des encouragements de mes collgues inspecteurs de

    pdagogie, qui je dis merci. Je pense prcisment Madame MBOLDA Adlade,

    Messieurs FEZEU Ren, TOFEUN Thophile et MINYEMB Narcisse.

  • SOMMAIRE Page II

    SOMMAIRE Pages

    REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................. I

    SOMMAIRE ......................................................................................................................................................... II

    INTRODUCTION ................................................................................................................................................. 1

    CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE

    I.1/ Le contexte conjoncturel du Cameroun ___________________________________________________ 4

    I.2/ Le secteur informel ___________________________________________________________________ 5

    I.3/ La formation professionnelle des artisans _________________________________________________ 11

    I.4/ La mission _________________________________________________________________________ 12

    CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE

    II.1/ Les Constats ______________________________________________________________________ 17

    II.2/ Investigations thoriques _____________________________________________________________ 21

    II.3/ Problme et questionnements _________________________________________________________ 29

    CHAPITRE III : LENQUTE

    III.1/ Mthodologie _____________________________________________________________________ 33

    III.2/ Prsentation des rsultats ____________________________________________________________ 37

    CHAPITRE IV : ANALYSE THEMATIQUE ET DISCUSSION

    IV.1/ Analyse de lenqute par entretien semi directif auprs des travailleurs expriments _____________ 50

    IV.2/ Analyse de lenqute par questionnaire auprs des travailleurs artisans en maintenance de froid et

    climatisation _______________________________________________________________________ 59

    IV.3/ Vrification des hypothses de recherche _______________________________________________ 67

    CHAPITRE V : PRECONISATIONS

    V.1/ Quelques pistes de dfinition dune politique nationale de la formation continue en secteur informel _ 72

    V.2/ Rglementer la formation sur le tas _________________________________________________ 73

    V.3/ Cration dun observatoire des mtiers et des emplois au Cameroun ___________________________ 73

    V.4/ Dconstruire la dmarche de formation actuelle et linscrire dans la logique de lingnierie de formation75

    V.5/ Plan de recyclage court, moyen et long terme des travailleurs _______________________________ 77

    CONCLUSION.................................................................................................................................................... 79

    LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ..................................................................................................... 82

    LISTE DES TABLEAUX ET ILLUSTRATIONS ........................................................................................... 83

    BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 84

    TABLE DES MATIERES .................................................................................................................................. 87

    ANNEXES ........................................................................................................................................................... 90

  • INTRODUCTION Page 1

    INTRODUCTION

    En 2003, les travailleurs du secteur informel au Cameroun reprsentaient prs de 90,4% des actifs occups, pour une contribution au produit intrieur brut denviron 50%

    1. Aujourdhui,

    ces travailleurs sont confronts au phnomne de prcarit des emplois, conscutif labsence de

    maintenance et de remise niveau de leurs comptences professionnelles.

    La formation professionnelle continue de cette catgorie de travailleurs est presque

    inexistante. Les diffrentes politiques demploi et de lutte contre le chmage sont beaucoup plus

    portes vers le volet insertion professionnelle quaux actions de maintien dans lemploi.

    A la faveur de linitiative PPTE, quelques actions de renforcement de capacits sont

    observes ici et l, sans quun financement permanent de la formation continue en secteur

    informel soit institu.

    Dans la branche professionnelle des services, notamment en maintenance des

    quipements de froid et climatisation, les travailleurs font face aux mutations technologique et

    organisationnelle qui transforment leur mtier. Cest en effet, la substance du rapport de la

    runion sectorielle organise leur intention en novembre 2003 par le FNE antenne de lEst

    Cameroun.

    Cadre de lenseignement technique et professionnel, et inscrit au cycle de Master 2

    professionnel en Ingnierie et Conseil en formation, nous sommes engag par la DPEFOP Nord,

    dans un projet de recyclage des techniciens de maintenance en froid et climatisation.

    Or, aujourdhui, un projet de formation ne peut se nourrir uniquement dune vision

    positive de la formation (panouissement, construction, enrichissement, maintien au poste, etc.).

    A ce propos, J. M. Barbier attire notre attention sur le fait que : l'investissement de moyens par

    l'apprenant, en particulier de son temps d'activit, dpend beaucoup du ou des sens qu'il

    construit autour de la formation, et ceux-ci dpendent eux-mmes de la reprsentation qu'il se

    fait de lui-mme, de sa dynamique de construction identitaire, et de l'environnement []

    Lingnierie des activits de formation a prcisment pour but de prendre en compte cette

    dimension. Cest le cas notamment de lanalyse des besoins.2

    Dans cette perspective, on mise davantage sur les opinions des forms, notamment leurs

    reprsentations du mtier, du travail et de la formation, pour concevoir des contenus de

    formation adapts leurs besoins.

    Ce travail de recherche sinscrit dans cette logique en sappuyant sur le rfrentiel de

    comptences ralis dans le cadre du chantier, pour envisager les modalits de formation

    continue et dorganisation professionnelle du secteur de maintenance en froid et climatisation.

    Il sarticule dans sa prsentation, autour de cinq grands moments :

    Nous avons commenc par la prsentation du contexte conjoncturel du Cameroun, les caractristiques socioconomiques du secteur informel et lobjet de notre mission la

    DPEFOP ;

    1 Institut National de la Statistique (2006), Les comptes nationaux du Cameroun , rapport. 2 BARBIER Jean-Marie (2006), Voies pour la recherche en formation des adultes , Expos, Pr-publication.

  • INTRODUCTION Page 2

    Aprs cet tat des lieux, nous nous sommes engag dans une dmarche de problmatique, laquelle nous a conduit mettre deux hypothses de recherche partir des constats, des

    investigations thoriques et des questionnements qui dcoulent de nos diffrentes

    lectures ;

    Ensuite, nous avons prsent nos choix mthodologiques et les rsultats des enqutes par entretien et par questionnaire que nous avons menes ;

    Les rsultats ainsi prsents ont fait lobjet dune srie danalyses thmatiques, suivie des confrontations avec les apports thoriques, puis la vrification de nos hypothses ;

    Enfin, dans notre posture de consultant externe, nous nous sommes permis de formuler un ensemble de cinq prconisations lintention des acteurs diffrents niveaux de

    responsabilit, pour structurer les mtiers de frigoriste au Cameroun et assurer leur

    formation permanente.

  • CHAPITRE I :

    CONTEXTE DE LETUDE

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 4

    I.1/ Le contexte conjoncturel du Cameroun

    I.1.1/ Le Cameroun : un tat bilingue et dmocratique

    Le Cameroun est un pays dAfrique centrale, indpendant depuis le 1er janvier 1960. Il a

    connu la colonisation allemande de 1884 1914, puis le rgime de mandat de la SDN et de la

    tutelle de lONU sous la domination franaise et anglaise de 1916 19603. Lunification est

    intervenue le 20 mai 1972. Ce pass colonial a fait de lui un pays bilingue et biculturel dont les

    systmes institutionnel, administratif, politique, judiciaire, conomique, social et ducatif sont

    inspirs des modles francophone et anglophone. Membre de la francophonie et du

    Commonwealth, le Cameroun occupe une superficie de 475 442 km pour une population totale

    estime 16. 630. 000 dhabitants en 20034. La mise en place des institutions dmocratiques a

    commenc en 1991 en pleine rcession conomique.

    I.1.2/ Le Cameroun sous ajustement structurel : du PAS au point

    dachvement

    Comme de nombreux pays de lAfrique subsaharienne essentiellement agricoles, le

    Cameroun a connu une svre crise conomique entre la priode de 1987 1994 qui lui a impos

    lapplication de diffrents programmes dajustement structurel du Fonds Montaire International

    et de la Banque Mondiale.

    Lorigine de cette crise conomique remonte aux annes 1970 et 1980. Le boom du prix

    des matires premires avait incit ces pays sendetter fortement dans les annes 1960-70 pour

    financer leur dveloppement. Le retournement de tendance du cours des matires premires, qui

    a suivi le choc ptrolier et la rcession gnrale de la fin des annes 70 et du dbut des annes

    80, a entran une crise de la dette.

    Les premiers programmes dajustements structurels, raliss dans le cadre du Club de

    Paris, ont consist des rchelonnements du remboursement de la dette et de ses intrts.

    Lendettement a continu augmenter jusquau dbut des annes 1990. A la suite de la crise

    conomique, le Cameroun a fait face une crise institutionnelle et sociale sans prcdent. Au

    cours de diffrentes runions du G8 partir de 1988, diffrentes dispositions ont t entrines

    pour rduire le niveau des dettes bilatrales ; notamment les mesures couples de rduction de la

    dette bilatrale ( hauteur de 80% pour les PPTE) dune part, et linitiative PPTE renforce

    (rduction de 90% et plus si ncessaire pour atteindre le niveau de soutenabilit de la dette) qui

    concerne la dette extrieure multilatrale dautre part5.

    La mise en uvre successive des diffrentes mesures dallgement de linitiative PPTE a

    permis au Cameroun de franchir le point d'achvement le 28 avril 2006. Ce qui signifie

    l'annulation 100% de sa dette extrieure: soit prs de 1150 milliards de FCFA, sur un total de

    la charge de la dette avoisinant 5000 milliards de dollars US, au taux d'intrt de 43%6.

    Malheureusement lapplication stricte de ces politiques dajustement a oblig le Cameroun

    abandonner sa mission de principal pourvoyeur demplois ; crant ainsi de nombreux

    disfonctionnements dans les services publics.

    Le secteur priv qui tait suppos prendre la relve est mal dvelopp et incapable de

    recevoir lafflux de main duvre disponible sur le march du travail. Ce contexte conjoncturel a

    facilit le dveloppement du secteur priv informel.

    3 http//fr.Wikipdia.org : histoire coloniale du Cameroun : consult le 23 janvier 2008. 4Institut National de la Statistique (2006), Les comptes nationaux du Cameroun , rapport. 5 BESSIS Sophie (2005), Initiative PPTE , sminaire. 6 http://www.spm.gov.cm/acceuil : consult le 1er dcembre 2008

    http://www.spm.gov.cm/acceuil

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 5

    I.2/ Le secteur informel

    I.2.1/ Les artisans du secteur agricole et non agricole

    Lconomie camerounaise est structure en 02 grands secteurs dactivits : le secteur

    public et le secteur priv qui reprsentaient en 2003 respectivement 2,8% et 97,2% des emplois.

    Le secteur priv est subdivis en 02 catgories : Le secteur priv formel et le secteur priv

    informel qui reprsentaient sur la mme priode respectivement 5,9% et 94,1% des emplois.

    Nous entendons par secteur priv informel ou simplement secteur informel , toute la

    partie de lconomie qui nest pas (ou peu) rglemente par des normes lgales ou contractuelles.

    Les travailleurs de ce secteur ne sont souvent pas des salaris dans le sens habituel du terme. Il

    sagit en gnral des travailleurs exerant domicile, des vendeurs ambulants, des employs de

    maison, des prestataires de services (btiment et travaux publics, maintenance, etc.), des ouvriers

    temporaires et des paysans. Contrairement aux salaris du secteur formel, couverts par la

    lgislation du travail et les conventions collectives, ceux de linformel ne bnficient lgalement

    daucune scurit sociale.

    Dans notre tude, nous retiendrons la dfinition de lINS selon laquelle le secteur

    informel est l ensemble des units de production des biens et services qui ne possde pas de

    numro de contribuable et/ou ne tiennent pas une comptabilit formelle . Il convient ainsi de

    distinguer linformel agricole (55,2% de lemploi global) et linformel non agricole (35,2% de

    lemploi global) constitu essentiellement dartisans dont prs de 60,2% sont installs en auto

    emploi.7 Le qualificatif artisans utilis dans la dnomination de cette catgorie de travailleurs

    tient du fait quils exercent leur mtier seul, manuellement, dans un environnement inappropri

    et avec un outillage trs limit.

    Ces caractristiques de lenvironnement du travail propres au secteur informel sont des

    indicateurs de la prcarit qui y rgne actuellement.

    I.2.2/ La prcarit des emplois en secteur informel

    I.2.2.1/ Prcarit et informalit des emplois

    La prcarit de lemploi au Cameroun est inscrire dans linformalit des emplois. Le

    secteur informel emploie 90,4% des actifs dont 55,2% dans le secteur agricole. Pour comprendre

    cette informalit, il faut remonter la segmentation du march du travail au Cameroun.

    Schma N 1 : Segmentation de lemploi au Cameroun

    7 Les comptes nationaux du Cameroun, Institut National de la Statistique, p 35.

    0 EMPLOIS STABLES Public et Priv formel

    CHMAGE DE

    LONGUE DUREE

    Segment Stable

    Segment prcaire

    Secteur informel

    Segment de

    lexclusion

    EMPLOIS

    CHMAGE

    AGENTS TEMPORAIRES Public et Priv formel

    VACATAIRES EN COURS DE

    CONTRACTUALISATION Secteur Public

    CHMAGE

    RECURRENT

    EMPLOIS PRECAIRES

    Informel agricole

    et informel non agricole

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 6

    Cette segmentation est la consquence de la grande crise que le Cameroun traverse depuis

    la fin des annes 80 et qui a fortement dgrad la qualit et la structure des emplois. Le segment

    stable correspond aux emplois publics, parapublics et privs formels. Malgr les compressions,

    les dparts volontaires et les retraites anticipes que ce segment a connus, il reste le plus stable.

    Les chmeurs de ce segment sont des temporaires et des vacataires qui peuvent garder ce statut

    pendant plusieurs annes en attendant que les financements publics et PPTE permettent leur prise

    en charge dfinitive.

    Dans le segment de lexclusion, on rencontre les licencis peu qualifis des entreprises qui

    ont perdu tout espoir de retrouver un emploi, les diplms ayant suivi une formation non

    professionnalisante et les jeunes non scolariss.

    Enfin, le segment prcaire regroupe les emplois et les travailleurs du secteur informel

    agricole et non agricole. La rcurrence du chmage dans le secteur informel agricole, qui est le

    plus dominant, est lie aux caprices des saisons et surtout aux fluctuations des prix des produits

    de rente sur le march international. Quant au secteur informel non agricole, il faut explorer les

    rapports artisans agents des impts et des communes.

    I.2.2.2/ Prcarit et relations entre les artisans et ladministration fiscale et

    communale La propension des travailleurs artisans dvelopper leurs activits la maison ou sur les

    trottoirs nest pas sans explications. Ltat Camerounais a class les activits informelles au

    rgime de limpt libratoire. Contrairement au rgime de la patente li au chiffre daffaires,

    limpt libratoire est une taxe unique et trimestrielle dont le montant dpend de la catgorie de

    lactivit. Lapprciation de la catgorie dune activit est laisse au soin des agents des impts

    qui abusent trs souvent de leur autorit. Les taxes ne tiennent pas toujours compte des revenus des contribuables. Les artisans ne

    sont pas suffisamment informs sur la rglementation en matire fiscale. Il ny a pas de temps

    dessai pour ceux qui dbutent une activit. Les agents des impts et ceux des communes se

    bousculent souvent auprs des artisans pour les mmes taxes. Il nest donc pas surprenant quun

    atelier de maintenance souvre aujourdhui et se ferme quelques mois aprs cause des taxes

    diverses.

    Ces relations ne sont pas sans consquences sur le chmage en zone urbaine : taux de

    10,7% contre 1,7% en zone rurale. Compte tenu de leur poids dans lconomie camerounaise, de

    leur tranche dges (19,2% de jeunes entre 18 et 24 ans) et de leur situation prcaire, les

    travailleurs artisans font lobjet de nombreuses attentions de la part des pouvoirs publics et des

    organisations non gouvernementales.

    I.1.3/ Les organismes daccompagnement du secteur informel

    Pour comprendre les missions des organismes dencadrement et daccompagnement du

    secteur informel, il faut distinguer 03 registres dactions : les actions dinsertion professionnelle,

    les actions dadaptation professionnelle (employabilit) et les actions de rinsertion

    professionnelle. Bien quil soit assez difficile dvaluer leurs actions sur le terrain, les services

    publics et organismes sous tutelle se dploient beaucoup plus dans le registre de linsertion

    professionnelle.

    I.1.3.1/ Le ministre de lemploi et de la formation professionnelle

    Le ministre de lemploi et de la formation professionnelle est la cheville ouvrire en

    matire demploi et de la formation professionnelle ;

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 7

    A ce titre, il est charg de :

    - llaboration de la politique de lemploi ; - la dfense et la promotion de lemploi ; - lorientation et du placement de la main duvre ; - les tudes sur lvolution de lemploi et du march du travail ; - les tudes sur lvolution des qualifications des emplois ; - la conception et lorganisation des activits de formation professionnelle rapide ; - la dfinition des normes dorganisation des systmes dapprentissage et de qualification

    professionnelle et du contrle de leur respect ;

    - lorganisation et du suivi de linsertion professionnelle des jeunes forms ; - lorganisation des activits de recyclage ou requalification pour les travailleurs ayant perdu

    leur emploi ;

    Il assure la tutelle du Fonds National de lemploi, des SAR/SM, des centres de formation

    professionnelle publics et privs et des organismes dintervention en matire de prospection

    demplois.

    En 2007, grce aux ressources de linitiative PPTE, ce ministre a bnfici dans le cadre

    du projet PIASSI dun financement de prs de 1,7 milliard de FCFA pour le renforcement des

    capacits des acteurs du secteur informel.

    Cr en 2002, le PIASSI a dj permis ce jour, la cration de quelque 4 000 emplois

    indirects et vise lobjectif de 10.000 emplois lhorizon 20108.

    I.1.3.2/ Le fonds national de lemploi Cameroun

    Le fonds national de lemploi Cameroun (FNE) est cr le 27 avril 1990 avec pour

    mission gnrale la promotion de lemploi sur lensemble du territoire camerounais travers 04

    grands axes :

    la diffusion des informations sur le march du travail ; linsertion dans le circuit de production des jeunes camerounais la recherche dun premier

    emploi ;

    la rinsertion des travailleurs licencis des entreprises du secteur public, parapublic ou priv pour des raisons conomiques ;

    la conception, le financement et le suivi des programmes ayant trait : o la formation sur le tas ; o la formation formelle ; o lauto cration demploi ; o lappui la cration de micro-entreprises et ventuellement tout autre

    programme en fonction des exigences du march de lemploi.

    Le FNE Cameroun sest dot dun certain nombre de programmes et doutils de

    dveloppement demplois jeunes9 :

    PROGRAMME

    OU OUTIL MISSIONS

    PADER Programme dAppui au Dveloppement des Emplois Ruraux qui a pour but la

    lutte contre la pauvret travers, la cration et le renforcement demplois en

    milieu rural.

    8 www.afriquenligne.fr : consult le 18 janvier 2008

    9 http://www.fnecm.org : consult le 10 dcembre 2007

    http://www.afriquenligne.fr/http://www.fnecm.org:/

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 8

    PED Programme Emploi Diplm, est un programme de stage pr-emploi dont le

    but est dapporter aux jeunes diplms sans exprience professionnelle, une

    qualification en mme temps quune exprience pratique, (enrichissement de

    leur CV) afin de faciliter leur insertion dans le circuit de production.

    PRAIDES Programme dAppui lInsertion des Diplms de lEnseignement Suprieur,

    en partenariat avec le Ministre de lEnseignement Suprieur, vise appuyer

    linsertion professionnelle des diplms de lenseignement suprieur.

    Programme PME

    / FNE

    Programme de promotion de lauto emploi et de la micro-entreprise en faveur

    des jeunes sur dotation spciale du Chef de lEtat. Il est gr en partenariat

    entre le FNE et le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de

    lEconomie Sociale et de lArtisanat (MINPMEESA).

    ROMEC Rpertoire Oprationnel des Mtiers et des Emplois au Cameroun.

    Les RF / REAC Les Rfrentiels de Formations (RF), labors sur la base des Rfrentiels

    dEmplois dActivits, et de Comptences (REAC).

    En date du 30 septembre 2006 ces programmes ont permis dobtenir les rsultats cumuls

    suivants : 92601 placements en emplois salaris, 2881 auto-emplois individuels, 23947 Auto-

    emplois groups (PADER), 9488 Formations formelles, 40 542 Formations sur le tas.

    I.1.3.3/ Le Ministre de la jeunesse : projet PAJER U

    Dans le cadre de sa mission dinsertion socio-conomique des jeunes, le Ministre de la

    jeunesse a conu le projet baptis PAJER U. Selon les termes du responsable national de ce

    projet : L'objectif global du Programme est de promouvoir l'insertion socio-conomique des

    jeunes Camerounais non scolariss et dscolariss, diplms ou non, gs de 15 30 ans par le

    biais d'une mobilisation sociale et d'un encadrement technique et financier en vue d'en faire le

    moteur vritable du dveloppement de la nation 10

    .

    Pour mener cette mission, le gouvernement camerounais vient doctroyer au projet prs

    de 12 milliards de francs Cfa sur ressources PPTE pour la formation technique, sociale, civique,

    entrepreneuriale et managriale de 1600 jeunes sur 5000 inscrits et le financement de leurs micro

    entreprises au terme de leur formation.

    I.1.3.4/ La chambre de commerce, dindustrie, des mines et de lartisanat

    Cre en 1921, la chambre de commerce dindustrie des mines et de lartisanat du

    Cameroun est un organisme public consultatif et reprsentatif des intrts de ltat dans les

    domaines du commerce, de l'industrie, de l'artisanat, des mines et des prestations de services.

    Elle assure deux types de missions : les missions de services publics et les missions dintrts

    professionnels.

    Elle dveloppe une abondante activit dencadrement et surtout de promotion des

    entreprises industrielles et commerciales en terme :

    o De collecte, de traitement et de diffusion des informations conomiques et commerciales ;

    o De la ralisation des publications ; o Dappui la cration des entreprises ; o Dchanges internationaux o De promotion des exportations par le biais de la participation aux foires et salons ; o Dassistance en matire de recherche de partenaires ; o De formation : formation continue, sminaires, confrences.

    10

    www.cameroon-info.net : consult le 15 mai 2008

    http://www.cameroon-info.net/

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 9

    Dans le cadre de ses missions dintrts professionnels, ses diffrentes antennes

    provinciales reprsentent et dfendent les intrts des travailleurs de linformel auprs des

    pouvoirs publics. Cest dailleurs par leur canal quon peut facilement entrer en contact avec les

    diffrentes associations reprsentatives des groupes de mtiers.

    La plupart des structures dencadrement et daccompagnement que nous venons de

    parcourir sont chargs uniquement de lexcution de la politique stratgique de ltat, notamment

    en direction du secteur informel. Ltat est le seul pourvoyeur de fonds, il est soutenu par les

    partenaires au dveloppement gnralement dans le cadre des relations bilatrales ou

    multilatrales et la mise en uvre de linitiative PPTE.

    I.2.4/ Le financement du secteur informel

    I.2.4.1/ Le financement de lEtat Camerounais

    Les stratgies de financement de lducation telles que nonces dans le document de

    stratgie sectorielle de lducation visent faire passer la part du budget de ltat allou

    lducation des 16% de 2006 22% au moins jusquen 2015. Celle des collectivits locales

    devrait voluer progressivement pour atteindre 10% dici 2010 afin de mieux faire face aux

    charges rcurrentes et aux dpenses dinvestissement. Toutes les actions de financement de la

    formation professionnelle sinscrivent dans cette logique.

    Au titre du plan daction du document de stratgie sectorielle de lducation sur la

    priode 2006-2009, voici quelques extraits des actions finances sur fonds PPTE et le budget

    propre du Ministre de lemploi et de la formation professionnelle11

    :

    Tableau N1 : projet de financement de la formation professionnelle

    Actions entreprendre Indicateurs Dlais Cot total (en

    Millions de FCFA)

    Campagnes de sensibilisation des communauts et des ONG sur le dveloppement de la formation professionnelle

    Nombre dONG et de communauts Sensibilises

    2006

    10

    Elaboration dune politique de dveloppement du systme de formation professionnelle y compris la restructuration des sections artisanales rurales/sections mnagres (SAR/SM)

    - Document de politique labor et disponible

    2006

    70

    2007 30

    Rhabilitation/restructuration des sections artisanales rurales/sections mnagres (SAR/SM) dans le contexte de la stratgie sectorielle

    Nombres de SAR/SM rhabilites

    2007 500

    2008 300

    2009 200

    Cration, construction et quipement de 03 centres modles de formation professionnelle

    Nombre de centres Modles construits et fonctionnels

    2007 1000

    2008 1000

    2009 1000

    Elaboration dun rpertoire des mtiers

    Rpertoire disponible

    2007 100

    Mettre en place les mcanismes de refonte des programmes par lapproche par comptence

    Mcanismes identifis

    2007 -

    11

    Document de stratgie sectorielle de lducation, avril 2006

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 10

    Avec ladmission du Cameroun linitiative PPTE, les partenaires au dveloppement

    jouent un rle trs dterminant au financement des projets sociaux. La plupart dentre eux ont

    revu leur mcanisme de financement dans le cadre de lannulation de la dette extrieure du

    Cameroun aprs latteinte du point dachvement et dans la perspective du NEPAD.

    I.2.4.2/ Lapport financier des partenaires au dveloppement

    I.2.4.2.1 / LAFD-Cameroun

    LAFD est un tablissement public franais qui contribue au dveloppement conomique

    et social, durable et partag des pays dans lesquels elle intervient. LAFD intervient au

    Cameroun depuis les annes 1950 dans les domaines qui couvrent les secteurs productifs et de

    services (publics et privs), les infrastructures, l'ducation et la sant. Ses actions au Cameroun

    se sont intensifies dans le cadre des contributions additionnelles bilatrales de la France suite

    linitiative PPTE, et ce travers le C2D qui refinance par des dons de la France les

    remboursements de dette du Cameroun.

    Le Groupe AFD dispose de plusieurs instruments de financement en faveur du secteur

    priv, notamment lACEP Cameroun qui est une institution de micro finance prtant aux TPE

    camerounaises en milieu urbain. Cre en 1999 avec l'appui financier de l'AFD, ACEP

    Cameroun a t privatise en octobre 2005. En 2007, elle a bnfici dun prt de 1,5 millions

    deuro12

    de lAFD qui a accru ses activits par louverture de nouvelles agences dans les villes

    secondaires.

    I.2.4.2.2 / La GTZ-Cameroun

    La GTZ ou Agence de la Coopration Technique Allemande, est une entreprise fdrale

    allemande de Coopration internationale fonde en 1975. La GTZ-Cameroun assiste et appuie

    l'Etat Camerounais depuis 1980 dans ses efforts de sortir de la crise conomique.

    Depuis 2002, elle a entrepris en collaboration avec ses partenaires camerounais des

    modifications dans son approche d'intervention. L'agence s'est alors engage dans un processus

    qui a pour objectif de passer de l'approche projet l'approche programme. Cette nouvelle

    approche dintervention par programme a entran la transformation progressive des projets

    existants et leur regroupement au sein de trois principaux programmes axs sur les trois secteurs

    prioritaires: -Environnement, -Sant/SIDA -Dcentralisation, Dveloppement Communautaire et

    Gouvernance. Dans ce dernier volet de programme, la GTZ-Cameroun soutient le secteur

    informel travers le renforcement des capacits de la socit civile et des collectivits

    territoriales dcentralises dans le cadre du PNDP.

    Depuis 1980 le montant total de la coopration technique accord au Cameroun travers

    la GTZ s'lve 246.620.000 d'Euros. En 2003 le montant total de la Coopration Technique

    Allemande gr au Cameroun travers le bureau de la GTZ s'lve 8.690.000 d'Euros13

    .

    I.2.4.2.3 / La SNV-Cameroun

    La SNV-Cameroun est la branche camerounaise de lOrganisation Nerlandaise de

    Dveloppement. Elle est prsente au Cameroun depuis 1963 et intervient dans la gestion des

    ressources naturelles, la gouvernance locale, le renforcement des organisations de la socit

    civile et lappui au dveloppement du secteur priv. La SNV-Cameroun finance et appui

    lexcution des projets de dveloppement mis en uvre la base par les populations. Elle

    fournit une assistance technique (montage de projets bancables) aux associations dartisans et

    promoteurs de petites units de production industrielle.

    12 http://www.afd.fr : consult le 12 juin 2008 13 http://www.minpat.gov.cm/index.php : consult le 23 mai 2008

    http://www.afd.fr/http://www.minpat.gov.cm/index.php

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 11

    Ses spcificits sont lintgration du Genre dans les projets, la participation des groupes

    cibles, la gestion des ressources naturelles (assistance technique la gestion des forts

    communautaires) et l'co-dveloppement. 12 projets sont actuellement en cours en milieu rural

    dans le domaine du dveloppement durable.

    I.2.4.2.4 / LACDI

    L'Agence Canadienne de Dveloppement International (ACDI) est le principal instrument

    officiel d'aide au dveloppement international du Canada. Le mandat de l'ACDI est de soutenir le

    dveloppement durable dans les pays en voie de dveloppement afin de rduire la pauvret et de

    rendre le monde plus sr, plus juste et plus prospre.

    Le programme canadien d'aide au dveloppement s'articule autour de deux principaux

    axes savoir, la gouvernance et le dveloppement rural. Ce dernier comprend des initiatives

    d'appui la micro finance (renforcement des capacits et redressement financier des institutions

    de micro finance) et de gestion durable des ressources forestires. L'galit entre les sexes et la

    conservation de l'environnement font partie intgrante de tous les programmes/projets de la

    coopration canadienne au Cameroun. Par ailleurs certaines interventions en ce qui concerne la

    lutte contre le VIH/SIDA et la promotion des nouvelles technologies de l'information et de la

    communication sont prises en considration compte tenu de leur pertinence pour le

    dveloppement du pays.

    Au regard de cette trame dacteurs financiers qui prcde, il ressort que le secteur informe

    est faiblement financ malgr leur contribution au produit intrieur brut (50% en 2003). Les

    travailleurs artisans ne bnficient pas dun cadre rglementaire de formation continue. Les

    principales actions dencadrement et daccompagnement que nous venons de parcourir se

    dploient autour du volet insertion des jeunes.

    La formation continue est presque inexistante. Il est rcurrent que les jeunes bnficiant

    dun emploi, le perdent deux trois ans aprs pour insuffisance demployabilit. Toutefois, il

    existe des structures de formation professionnelle, de formation technique initiale et des

    initiatives de formation par alternance.

    I.3/ La formation professionnelle des artisans

    Les premires structures de formation professionnelle remontent vers 1936 avec la

    cration Douala de lcole dapprentissage des chemins de fer, suivie des sections de

    prapprentissage en 1951, puis des sections artisanales rurales et de prapprentissage en 1955. La

    loi du 19 juin 1963 sur lducation14

    a cr les SAR/SM, les C.E.T.I.C et les lyces techniques.

    Ces tablissements taient tous placs jusquen 2000 sous lautorit de la DESTP de lex

    ministre de lducation nationale.

    Tableau N 2 : Evolution du nombre dtablissement denseignement technique et

    professionnel sur la priode de 1992 1998

    Anne scolaire Lyce technique CETIC SAR/SM Total

    1992-1993

    1993-1994

    1994-1995

    1995-1996

    1996-1997

    1997-1998

    30

    30

    30

    32

    32

    32

    42

    55

    56

    78

    78

    78

    195

    188

    210

    215

    218

    218

    267

    273

    296

    325

    326

    326

    14 Ministre de lducation nationale (1998), Lenseignement secondaire technique professionnel public au Cameroun , Guide

    dinformation.

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 12

    La faible volution des structures publiques de formation technique et professionnelle fait

    suite au faible taux global des investissements publics qui sest stabilis 13,7% pendant la

    priode dajustement structurel.

    I.3.1/Les SAR/SM, les centres et instituts publics de formation professionnelle

    Depuis le Dcret n 2005/123 du 15 avril 2005, les SAR/SM, les centres et instituts

    publics de formation professionnelle sont placs sous lautorit du Ministre de lemploi et de la

    formation professionnelle.

    Aprs la rhabilitation de certains tablissements, seules 186 SAR/SM sont fonctionnelles

    et 24 centres publics de formation professionnelle rapide rpartis sur tout le territoire national15

    .

    Le CFPR de PITOA au Nord Cameroun, est la rfrence dans ce domaine. Fruit de la

    coopration germano- Camerounaise, ce centre a une capacit daccueil de 300 apprenants par an

    dans les spcialits de froid et climatisation, fabrication mcanique, rparation automobile et

    installation lectrique. Dautres spcialits sont en perspective, notamment la maintenance

    audiovisuelle, la peinture et la carrosserie.

    I.3.2/ Les centres et instituts privs de formation professionnelle

    Le Cameroun compte 300 centres privs agrs de formation professionnelle concentrs

    en grande partie dans les agglomrations urbaines.

    I.3.3/ Les Collges et lyces denseignement technique

    Ces tablissements relvent aujourdhui de la comptence du Ministre des

    enseignements secondaires. Son essor est marqu par la construction et lquipement de 06

    lyces techniques, puis la formation des formateurs (de 1989 1992) travers les projets PAET

    et PALT sous financement de lACDI. Depuis lors, le Cameroun na plus connu

    dinfrastructures de telle envergure.

    Toutes ces structures publiques de formation professionnelle souffrent dun dficit

    quantitatif et qualitatif en infrastructures et en personnel enseignant. Le plan daction 2006-2009

    du document de stratgie de lducation ne prvoit pas de recrutement de formateurs dans le

    systme de formation professionnelle, malgr que, ceux sortis des ENIET ne sont plus

    automatiquement recruts par la fonction publique.

    Nous venons de prsenter les modalits de formation professionnelle des travailleurs du

    secteur informel ainsi que le contexte conjoncturel, dans lequel ils dveloppent leurs activits.

    Nous allons poursuivre avec le contexte de notre mission et souligner ses enjeux pour la branche

    dacticits de froid et climatisation qui a fait lobjet de notre commande.

    I.4/ La mission

    I.4.1/ Prsentation de lorganisme commanditaire

    La DPEFOP NORD est un service dconcentr du Ministre de lEmploi et de la

    Formation Professionnelle. Cest un organisme public plac sous lautorit dun Dlgu

    Provincial et charg notamment 16

    :

    du suivi, de lvolution de lemploi et du march de lemploi ; de la coordination des moyens mis en uvre pour la rgulation du march de lemploi ;

    15

    http://www.minefop.gov.cm : consult le 23 mai 2008. 16

    Dcret N2005/123 du 15 avril 2005, Organisation du ministre de lemploi et de la formation professionnelle.

    http://www.minefop.gov.cm/

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 13

    de la mise en uvre et du suivi des actions relatives au maintien et la cration des emplois ; de la coordination et de lanimation des activits de formation continue des personnels

    relevant de son ressort de comptences ;

    de lorganisation des rencontres dinformation sur les possibilits demploi, dapprentissage et dactions de formation professionnelle ;

    de lenregistrement et du placement de la main duvre ; de la transmission assortie davis des demandes de cration, douverture ou dagrment des

    structures prives de formation professionnelle et dapprentissage ;

    de la tenue et de la mise jour du fichier des structures publiques et prives de formation professionnelle et dapprentissage ;

    de la transmission des statistiques relatives la main-duvre ; Elle comprend :

    o le service de la promotion de lemploi ; o le service de la rgulation de la main-duvre ; o le service de la formation professionnelle et de lapprentissage ; o le service de la slection et de lorientation professionnelle ; o le service administratif et financier ; o le bureau de laccueil, du courrier et de liaison.

    Nos premiers contacts avec cet organisme ont eu lieu au dbut du mois doctobre 2007

    avec notre admission au cycle professionnel dingnierie et conseil en formation. Partant de mes

    expriences antrieures et de la problmatique de ladaptation professionnelle dans le secteur

    informel, le dlgu provincial et moi sommes convenus dorienter ma mission sur la conception

    dun dispositif de formation lintention des artisans de froid et climatisation.

    I.4.2/ Monographie du mtier de froid et climatisation au Cameroun

    Le mtier de froid et climatisation sexerce dans plusieurs secteurs dactivits

    conomiques au Cameroun, on peut citer :

    I.4.2.1/ Les entreprises commerciales et structures hospitalires les techniciens de froid et climatisation sont gnralement salaris et assurent les services

    aprs ventes(SAV), lentretien des chambres frigorifiques pour la conservation des denres

    alimentaires(les poissonneries, les supermarchs, etc.) et la climatisation centralise des centres

    commerciaux et des htels. Dans les hpitaux, les activits du technicien se rapportent la

    climatisation spcifique des laboratoires d'analyse, salles spcialises (salles blanches, salles

    striles, morgue), au conditionnement des mdicaments et ractifs dans des chambres froides et

    la conservation du sang et de ses drivs (plaquettes, plasma).

    I.4.2.2/ Les entreprises industrielles et de transport Les techniciens occupent un emploi salari dans les usines de produits laitiers, les

    brasseries (Brasserie du Cameroun, UBC), les chocolateries (CHOCOCAM), les raffineries

    (Huilerie SODECOTON) et les usines de production dnergie et de traitement de leau

    (Centrale Hydrolectrique de Lagdo, CAMWATER, etc.). Dans le secteur du transport terrestre,

    maritime et arien, les activits consistent assurer la maintenance des chambres froides des

    camions et bateaux frigorifiques pour le transport des denres prissables et de toute

    marchandise ncessitant une atmosphre contrle. Avec le dveloppement de la climatisation automobile, ils sont recruts par les

    concessionnaires automobiles et les socits de transport o ils sont responsables de

    linstallation et de la maintenance des systmes climatiques de conditionnement de l'air pour le

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 14

    confort des passagers. De plus en plus, les entreprises dveloppent la sous-traitance avec le

    secteur informel o elles viennent dailleurs recruter leur personnel.

    I.4.2.3/ Le secteur informel Compte tenu de la faiblesse des deux secteurs qui prcdent, la plupart des emplois en

    froid et climatisation se retrouve dans le secteur artisanal. Les activits associes se rapportent

    principalement au froid mnager et secondairement la climatisation automobile et rsidentielle

    des appartements et des villas. Ce poste de travail en auto-emploi requiert du technicien de froid

    et climatisation, polyvalence et entreprenariat, car en dehors des activits purement techniques, il

    doit possder des comptences relationnelles et de gestion.

    Lvolution des emplois en froid et climatisation est conditionne par le dveloppement

    du tissu industriel camerounais, les mutations technologiques et la rglementation sur la

    protection de lenvironnement. Pour linstant les entreprises ont tendance a recrut les

    lectriciens polyvalents capables dassurer la maintenance des quipements de froid et

    climatisation.

    La culture de la maintenance nest pas inscrite dans la gestion de certains services tels

    que les htels et les hpitaux qui sollicitent les techniciens uniquement en cas de panne. Il est

    donc certain que lauto-emploi restera longtemps encore la seule possibilit de cration

    demplois, surtout avec laccroissement du parc dquipements de froid et climatisation pour le

    confort des personnes, des appareils lectroniques sensibles la temprature et la conservation

    des denres alimentaires.

    I.4.3/ Contexte de la commande

    La province du Nord Cameroun est situe en rgion sahlienne, elle connat une courte

    saison de pluie de juin octobre et une longue saison sche. La temprature moyenne avoisine

    35 et atteint 40 en saison sche. Quelques structures de production y sont installes et

    emploient de nombreuses personnes dans les mtiers de froid et climatisation : il sagit

    principalement de la SODECOTON, des brasseries du Cameroun agence de Garoua et de petites

    units artisanales de maintenance.

    Cette profession fait face aujourdhui aux mutations de tout ordre, notamment

    lintroduction des technologiques lectroniques dans les quipements de froid et climatisation, et

    les nouvelles exigences (changement de gaz) lies la protection de lenvironnement. Ces

    changements mettent particulirement ceux qui exercent en auto-emploi dans une situation de

    prcarit demploi et de dqualification professionnelle.

    Par ailleurs, les programmes de formation dans les structures de formation initiale et

    continue sont vtustes et ne sont plus mme de rpondre aux nouvelles attentes. De mme, les

    formations finances sur fonds PPTE travers les DPEFOP, ne tiennent pas compte des besoins

    rels en formation.

    Dans la dynamique de la refonte des programmes de formation inscrite au plan daction

    du document de stratgie de lducation, la commande du rfrentiel de comptences en froid et

    climatisation nous a t relaye par la DPEFOP Nord.

    I.4.3/ Objet de la commande, Contractualisation et planning des activits

    La commande a pour objectif de dcrire les principales comptences professionnelles

    attendues dun artisan maintenicien en froid et climatisation. Ces comptences se dclinent en

    savoirs, savoir faire et savoir tre construits autour dun rfrentiel.

  • CHAPITRE I : CONTEXTE DE LETUDE Page 15

    Cette commande a donn lieu un document contractuel (annexe n1) sign le 15

    novembre 2007 entre les deux parties. La priode de stage stale du 26 novembre 2007 au 30

    juin 2008 raison de 03 jours de prsence en organisme par semaine: lundi, mardi et mercredi.

    Le Dlgu provincial a assur notre encadrement professionnel suivant le planning dactivits

    joint en annexe (annexe n2).

    I.4.5/ Articulation chantier mmoire

    Notre tude vise une double finalit et sarticule autour du chantier et du mmoire. Du

    point de vue du chantier, il sest agi de construire un rfrentiel de comptences des mtiers de

    maintenance en froid et climatisation. Le commanditaire entend disposer dun document de

    rfrence dans la perspective de la cration des rpertoires des mtiers, et dans le cadre de la

    contractualisation de ses offres de formation avec les centres de formation agrs.

    Cette intervention sinscrit bien dans le champ de lingnierie de formation qui situe

    lanalyse du travail en amont de toute action de formation. Notre mmoire sest ainsi appuy sur

    ce rfrentiel de comptences pour comprendre le sens et les significations que les travailleurs

    donnent au travail et la formation, et ce dans la perspective du recyclage de cette catgorie

    professionnelle.

    En conclusion pour le chapitre 1, nous retenons que le Cameroun traverse depuis 1997,

    une crise gnralise qui a boulevers tous les quilibres socio-conomiques. Avec larrt des

    investissements publics sur cette priode, les infrastructures de formation ont connu une

    stagnation qui na pas permis dassurer la formation professionnelle continue des travailleurs du

    secteur informel, qui reprsente pourtant 90,4% des activits conomiques.

    Ces travailleurs font face aujourdhui une situation de prcarit demplois qui amne la

    DPEFOP Nord revisiter ses approches dactions leur profit. Aprs ce tour dhorizon non

    exhaustif du contexte de notre tude, nous essayons dans le chapitre suivant de donner ses

    orientations en terme de recherche.

  • CHAPITRE II :

    LA PROBLEMATIQUE

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 17

    Pour comprendre lobjet de ce chapitre, nous empruntons GAUTIER B. (1986)17

    qui

    parle ainsi de la problmatique de recherche : par lexpression problmatique de recherche, on

    rfre gnralement lensemble des lments formant problme, la structure dinformation

    dont la mise en relation engendre chez un chercheur un cart se traduisant par un effet de

    surprise ou de questionnement assez stimulant pour le motiver faire une recherche. On peut

    donc retrouver dans la problmatique de recherche ce qui a pouss le chercheur poser la

    question gnrale, en plus de la prise en considration des faits, des observations, des

    connaissances thoriques, des rsultats dautres recherches et dautres questions se rapportant

    la question gnrale . A partir des constats, des investigations thoriques et des questionnements, ce chapitre

    dbouche la formulation des hypothses de recherche.

    II.1/ Les Constats

    II.1.1/ Mon itinraire acadmique et professionnel

    Trois principales raisons mamnent aujourdhui mintresser la question de

    ladquation entre le travail et la formation professionnelle continue des travailleurs de froid et

    climatisation, et de faon gnrale la problmatique de la formation continue en secteur

    informel.

    Il y a mon profil acadmique, les stages dentreprise que jai effectus et mes expriences

    professionnelles :

    Je suis titulaire du Baccalaurat scientifique srie C et du DIPET II. Jassure actuellement les fonctions dinspecteur provincial dlectronique la DPES Nord. A ce

    titre, je suis partie prenante lorganisation des stages dentreprises pour enseignants ;

    Jai effectu deux stages dentreprise la SODECOTON o jai t associ en aot 2007 la rvision gnrale des quipements de froid industriel et mnager ;

    Jai exerc de 1994 2005 le mtier de professeur dlectronique au Lyce technique de Bertoua ;

    Paralllement mes activits denseignement, jai particip de 2002 2005, en qualit de consultant informaticien de nombreuses enqutes socio-conomiques sur les populations

    BORORO et pygme BAKA, commandites par lONG Plan International Cameroun

    antenne de lEst ;

    En novembre 2003, en qualit de personne ressource, jai t invit une runion sectorielle organise par le FNE antenne Est-Cameroun, sur la thmatique de ladquation

    formation-emploi des artisans du secteur lectromnager, froid et climatisation.

    Etudiant en Master 2 professionnel en ingnierie et conseil en formation, je constate

    aujourdhui que la formation continue est presque inexistante en secteur informel au

    Cameroun. Comme nous lavons dj relev, ltat dploie ses actions dencadrement et

    daccompagnement dans le secteur informel principalement autour du volet insertion. Or les

    artisans de froid et climatisation sont confronts aujourdhui au problme dadaptation

    professionnelle li lintroduction de la technologie lectronique dans leurs quipements.

    Comment se traduisent ces volutions de la technologie lectronique ?

    17 GAUTIER B. (1986), cit par LONG Donald, Dfinir une problmatique de recherche, p 6.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 18

    II.1.2/ Les volutions de la technologique lectronique

    Llectronique est partout, dans les quipements lectromnagers (machine laver,

    rfrigrateur et climatiseur), les vhicules et de manire gnrale dans les appareils dusage

    courant. Tous les systmes, jadis commande mcanique ou lectrique sont aujourdhui

    commands par procds lectroniques. La mise en marche, larrt et le fonctionnement des

    appareils sont dsormais mis en uvre distance laide de tlcommandes. Cette

    extraordinaire diversit des applications et la miniaturisation des composants lectroniques font

    que dans tous les champs disciplinaires des techniques, il faut dsormais dvelopper des

    savoirs lectroniques .

    Cest ainsi que les domaines techniques enclins aux innovations telles que le domaine de

    lautomobile et de froid et climatisation sont envahis par llectronique. Ce qui nest pas sans

    consquences sur lemployabilit des travailleurs ! Un dbut de rponse viendrait certainement

    de la mise en uvre du plan de stratgie de lducation du Cameroun qui prvoit le

    dveloppement de lalternance en formation, la refonte des programmes de formation et des

    actions de recyclage.

    II.1.3/ Dynamique de refonte des programmes de formation selon lapproche

    par comptences et actions de recyclage en cours

    Il ne fait point de doute que la conception des programmes de formation suivant lapproche par comptences permet en effet une meilleure adquation entre le travail et la formation ; et ce par la prise en compte des particularits de lexercice dune fonction de travail, de la taille des entreprises, leur localisation et la consultation (analyse du travail) des titulaires des emplois et des employeurs. Ces derniers comprennent mieux par cette dmarche, les enjeux des programmes et leur pertinence et sinvestissent davantage pour collaborer la formation par un apport financier ou laccueil des stagiaires.

    Au ministre des enseignements secondaires par exemple, le projet PARETFOP a bnfici dun financement de 17 millions de dollars pour la mise en place des CFA par le dveloppement des mini-incubateurs dentreprise dans les lyces techniques de rfrence. Lobjectif terme de ce projet est de former par an prs de 1000 matres artisans (70% de mise en situation professionnelle et 30% de thorie) et 1500 jeunes (50% de mise en situation professionnelle et 50% de thorie)

    18. Dautre part le rfrentiel de formation de la nouvelle

    filire de maintenance biomdicale est en cours de ralisation aprs le rfrentiel des activits construit en partenariat avec les milieux professionnels. Cette filire sera fonctionnelle ds la rentre scolaire 2008-2009 dans les lyces techniques de Garoua, Bertoua et Kumba.

    Au ministre de lducation de base, de nombreux sminaires sont organiss pour renforcer les capacits des instituteurs la pratique de la pdagogie par situation.

    Du ct du Ministre de lemploi et de la formation professionnelle, l'Etat finance travers le projet PIASSI et le FNE, de nombreuses formations au profit des artisans, en partenariat avec les organismes de formation agrs. En 2007, ce financement se chiffrait 1,7 milliards

    19 de frs

    CFA au profit du PIASSI. Malheureusement, les passations des marchs de formations s'effectuent sans valuation pralable des besoins et en l'absence d'un plan de formation et de cahier des charges.

    II.1.3/ Quelques indicateurs cls du secteur informel

    Lexploitation des donnes d'enqutes sur l'emploi et le secteur informel, ralises au

    Cameroun par l'Institut National de la Statistique nous fournit des informations prcieuses pour

    comprendre le domaine de l'artisanat.

    18 WALTHER Richard, Op. Cit. 19 http://www.afriquenligne.fr/actualites : consult le 12 janvier 2007

    http://www.afriquenligne.fr/actualites

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 19

    Ainsi, au plan national, le taux dactivits des personnes de 10 ans et plus se situe 71,5%.

    La population rurale est plus active que celle urbaine (78,8% contre 58,9%). On note que le taux

    volue avec lge, un pic est observ dans la tranche de 25 ans et plus. Le phnomne de

    chmage est principalement urbain : taux de 10,7% contre 1,7% en zone rurale.

    Le taux de chmage est de 4,4% au niveau national et frappe plus les diplms de niveau

    suprieur (13,4%).

    Le sous-emploi visible concerne des personnes qui, involontairement, travaillent moins de

    35 heures par semaine. Il touche 12,7% de la population active occupe ; Le sous-emploi

    invisible concerne les travailleurs dont la rmunration est infrieure au minimum horaire garanti

    (lquivalent de 23 500 FCFA par mois pour 40 heures de travail par semaine). Le sous-emploi

    global au sens du BIT affecte 75,8% des actifs et concerne ceux au chmage, en situation de

    sous-emploi visible ou invisible.

    En ce qui concerne la structure de lemploi, les salaires, les conditions du travail et les

    perspectives demploi, une lecture transversale des donnes de lEnqute sur lEmploi et le

    Secteur Informel (EESI), nous permet daffirmer que : Le secteur informel emploie 90,4% des

    actifs (dont 55,2% dans le secteur agricole) ; le secteur public suit avec 4,9% et le priv formel

    4,7%.

    Le revenu moyen mensuel national tir de l'exercice de l'activit principale est de 26 800

    FCFA. Ladministration publique paie moins que les entreprises publiques et parapubliques

    (124 300 FCFA en moyenne par mois contre 137 400 FCFA). Dans le secteur priv formel, le

    revenu moyen mensuel est de 103 600 FCFA contre 27 300 FCFA pour les activits informelles

    non agricoles et de 11 100 FCFA pour les travailleurs agricoles. 10,8% des actifs du secteur

    informel non agricole travaille 42,5 heures par semaine sans contrat formel ( dure dtermine

    ou non); seulement 3,2% des travailleurs de cette catgorie possdent un bulletin de paie pour

    22,0% de salaris.

    Face ces donnes caractristiques de la prcarit des emplois, il existe des perspectives de

    solution dans la recherche.

    II.1.4/ Etat de la question de larticulation formation-emploi dans le domaine

    de la recherche

    De plus en plus les situations de travail et de formation se rencontrent et se trouvent la

    croise des deux champs disciplinaires de lergonomie et de la formation.

    Du point de vue de SAMURAY et PASTRE : Cela tient dune part aux volutions des

    pratiques ergonomiques elles-mmes, qui considre la formation comme un des leviers daction

    pour agir sur des situations de travail, et dautre part, aux besoins des milieux de formation qui

    considrent de plus en plus la ncessit de concevoir des contenus de formation proche de la

    ralit du travail. 20

    Dans cette perspective, on distingue deux paradigmes dintervention articulant travail et

    formation.

    Le premier, dominante ergonomique, concerne les pratiques de formation des acteurs

    lanalyse du travail en vue dun changement organisationnel avec dveloppement de nouvelles

    comptences :

    20 http://www.ergonomie-self.org/rechergo98 : consult le 07 juillet 2007

    http://www.ergonomie-self.org/rechergo98:

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 20

    Cest le cas dune tude mene en milieu industriel par WITTORSKI Richard, laquelle

    conduit affirmer que : lactivit rflexive collective sur la pratique peut tre source de

    dveloppement de capacits nouvelles pour laction et pour le changement de la part de

    stagiaires engags dans un cursus de formation professionnalisante.21

    Cest le cas plus gnral des auteurs relavant du courant dit de la science-action. Selon

    ces auteurs : les connaissances issues de laction sont aussi valables que celles issues de la

    recherche scientifique. Laction peut tre source dapprentissages exprientiels ( learning by

    doing ).[] la connaissance pour eux est de deux types : la connaissance dans laction et la

    connaissance de laction. 22

    .

    Dans le second, dominante formation, lanalyse du travail intervient comme un des

    moyens, dans ltude des comptences, de leur dveloppement, et dans la conception et lanalyse

    des situations de formation en vue de leur transformation : cest le cas de la construction des

    rfrentiels et des contenus de formation initiale et continue pour diffrents domaines dactivit.

    Ces deux paradigmes, tout en tant diffrents et complmentaires, donnent quelques

    lments constitutifs et dintelligibilit de laction. Pour clore ce registre de constats, rappelons

    les rsultats dune tude similaire mene au Cameroun.

    II.1.5/ Etude sur la formation professionnelle en secteur informel au

    Cameroun : principales conclusions et recommandations

    La formation professionnelle en secteur informel a dj fait lobjet dune tude mene au

    Cameroun en mai 2006 par le dpartement de la recherche de lAFD. Elle sinscrit dans le cadre

    dautres tudes de lAFD, ralises sur la formation en secteur informel dans sept pays dAfrique

    (Afrique du Sud, Angola, Bnin, Cameroun, Ethiopie, Maroc et du Sngal).

    Le rapport de ltude mene au Cameroun relve quelques constats et fait des

    recommandations quil convient de prendre en compte dans le cadre de notre recherche :

    o le Cameroun est un pays forte dynamique individuelle et associative mais faible structuration professionnelle et institutionnelle. La seule organisation susceptible de prendre

    en main lanimation nationale des acteurs du secteur informel semblait tre la CCIMA, qui na

    toutefois pas les moyens de faire une animation effective de lensemble de son rseau

    dintervenants. Toutes les autres organisations sont catgorielles (rurales, urbaines, artisanales,

    commerantes) et les syndicats qui pourraient les reprsenter au plan national sont soit absents

    du secteur informel, soit trs faiblement actifs dans le secteur (la CGT Libert est prsente chez

    les chauffeurs de taxi et la CSTC parmi les pcheurs, les revendeurs et les agriculteurs) ;

    o Tout le dialogue social, au sens impropre du terme, est de fait bipartite entre chacun des partenaires et lEtat, et tripartite de part la volont des pouvoirs publics qui proposent et

    dcident des accords signer.

    o Il nexiste pas de financement institu de la formation professionnelle tant au niveau du secteur formel quinformel. Lenqute terrain a permis didentifier lexistence passe dune

    taxe de formation professionnelle sans quil ait t possible de vrifier de quelle nature tait la

    taxe ni quand et pourquoi elle a t supprime labsence de financement institu est pour le

    21 WITTORSKI Richard (1997), Analyse du travail et production de comptences collectives, L'Harmattan Savoir et Action, p 212. 22 BARBIER Jean Marie , GALATANU Olga (2004), Les savoirs daction : une mise en mots des comptences ? p 21.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 21

    moment comble, au moins en ce qui concerne le secteur informel, par les apports plus ou moins

    durables des bailleurs internationaux, essentiellement bilatraux. 23

    Il ressort de ces constats cinq recommandations issues du rapport :

    1. inscrire les initiatives existantes dans une stratgie nationale cohrente ; 2. piloter leur mise en oeuvre dans le cadre dun partenariat public/priv construire ; 3. inscrire la formation du secteur informel dans un projet de structuration et de

    dveloppement global du secteur ;

    4. inscrire lapprentissage et la formation en alternance dans le systme national de formation ;

    5. mettre en place des outils financiers spcifiques.

    Cette tude nous semble trs pertinente dans le cadre de notre recherche dans la mesure o

    elle lve un premier pan de voile sur presque tous les aspects de lconomie informelle,

    notamment ses forces, ses faiblesses et ses perspectives dvolution.

    II.2/ Investigations thoriques

    II.2.1/ Vers une dfinition oprationnelle de la notion de comptence

    Lintrt accord au concept de comptence aujourdhui, remonte au dbut des annes

    1980, priode laquelle un croisement de circonstances a favoris son mergence en entreprise,

    en formation, lcole et sur le march du travail.

    Les entreprises doivent faire face la concurrence ; la ncessit de rendre les savoirs

    scolaires et professionnels oprants en situation de travail simpose ; les chercheurs demplois

    font face aux mutations technologiques de tout ordre qui modifient les qualifications requises sur

    le march du travail.

    Ainsi, le concept de comptence a merg pour se substituer la notion de

    qualification utilise dans le milieu du travail, et la notion de savoirs disciplinaires du

    monde de lducation. La comptence devient une passerelle, partage par lcole et lentreprise,

    et de ce fait se situe entre les savoirs (cole) et laction (entreprise).

    Malgr lexistence de multiples dfinitions de la notion de comptence, toutes partagent

    au moins deux caractristiques communes que souligne CHENU Florent24

    :

    Une comptence constitue un systme intgr de savoirs (au sens large, cest--dire des

    savoirs, des savoir-faire, des savoir-tre,) :

    o qui permet daboutir une performance (rsultat en situation relle de travail rpondant aux attentes du milieu professionnel) ;

    o mobilisable dans plusieurs contextes professionnels (employabilit, polyvalence, mobilit professionnelle, adaptabilit).

    Du point de vue des savoirs professionnels, MALGLAIVE Grard dfinit la comptence

    comme un systme constitu dingrdients de toute nature physiques, cognitifs et conatifs et de

    toutes origines, inns, biographiques, ducatifs, ainsi que des modalits de leur structuration

    23 WALTHER Richard, La formation professionnelle en secteur informel au Cameroun , AFD, Document de travail, mai 2006. p 36-37 24 CHENU Florent (2005), Vers une dfinition oprationnelle de la notion de comptence , Education permanente n162-1, pp. 201-208.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 22

    permettant une personne d'agir efficacement. 25

    Selon cet auteur, il existe en situation de

    travail trois grandes catgories de savoirs ; les savoirs formaliss, les savoirs pratiques produits

    dans et par laction, les savoirs en usage accompagnant laction, constitus aussi de temps o

    lon sursoit temporairement laction. Ces temps de pause permettent au professionnel de

    formaliser les savoirs en usage (les savoirs formaliss), et de les problmatiser (les savoirs

    pratiques). La construction dune comptence rsulte dune dynamique entre formalisation-

    praxisation des savoirs et usage mis en acte de ces savoirs.

    Pour LE BOTERF Guy et VIALLET Franois: Une situation professionnelle est faite

    d'un ensemble de missions, fonctions, activits, tches techniques, humaines, organisationnelles,

    que l'individu assure non seulement dans son propre poste de travail mais aussi en relation avec

    les autres postes et la structure institutionnelle dans son ensemble 26

    .

    - Mission : cest le but gnral, la finalit densemble de lemploi qui donne la mesure du niveau

    de responsabilit de celui-ci ;

    - Fonctions : ce sont les dclinaisons de la mission en grand type daction accomplir ;

    - Activits : ce sont les dclinaisons en oprations conduire des diffrentes fonctions ;

    - Tches techniques, humaines, organisationnelles, que lindividu assure non seulement dans

    son propre poste de travail mais aussi avec les autres personnes, les autres postes et la structure

    institutionnelle dans son ensemble. Ce sont les units daction des activits.

    Au sens des auteurs des savoirs daction, il faut entendre par comptences : les

    proprits confres des sujets individuels et/ou collectifs par attribution de caractristiques

    construites par infrence partir de leur engagement dans des activits situes, contingentes,

    finalises et parvenues leurs fins. Les comptences sont des constructions reprsentationnelles

    ou discursives porteuses dvaluation. Elles sont souvent dcrites en termes de combinaisons de

    ressources prexistantes.27

    De cette dernire approche, on distingue trois dimensions dune mme comptence :

    o la dimension des comptences en action (transformation du monde externe), ce sont celles qui se concrtisent directement par la performance en situation, celles quon

    voque communment quand on parle des comptences en gnral ;

    o la dimension des comptences de gestion de laction ou comptences rflexives (transformation de reprsentations) : Il sagit de la rflexion que le professionnel mne

    pendant son action relle pour aboutir la performance ;

    o Enfin, la dimension des comptences rhtoriques ou communicationnelles (transformation de significations en vue dune influence sur autrui) qui se rapportent au

    discours que le professionnel est capable de tenir sur sa comptence. Les comptences

    rhtoriques se rapprocheraient plus de ce que nous appelons rflexion dans labsolu (sans

    tenir compte dune situation relle) tandis que les comptences de gestion de laction sont

    plus lies la rflexion en cours daction.

    25 BEZILLE Hlne, TRANCCART Danile, Mthodologie qualitative et mthodologie quantitative, cours master 2 Ingnierie et Conseil en

    Formation, cours 7514, p 86. 26 LE BOTERF Guy et VIALLET Franois, in ARDOUIN Thierry, Analyse du travail, emplois et comptences, cours master 2 Ingnierie et

    Conseil en Formation, cours 7529. 27 BARBIER Jean Marie et GALATANU, Olga, Op. Cit., p 31.7

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 23

    De la mme manire, il faut galement distinguer dans laction professionnelle, ce qui

    relve de lavant , du pendant et de laprs . Cest ce que BARBIER Jean Marie28

    exprime de faon particulirement explicite lorsquil crit : Communiquer sur un faire ou

    penser un faire sont peut tre des faire, mais ils ne sont pas les faire de ce faire .

    Lactivit dun tre humain consiste en une association de ces trois dimensions de la

    comptence de manire concomitante. Toutes ces dimensions de la comptence sont pertinentes,

    notamment lors dune action danalyse du travail, pour tenir compte de toutes les units

    dactions mises en uvre dans une activit.

    II.2.2/ Analyse du travail et rfrentialisation

    Par analyse du travail, nous entendons une dmarche scientifique, mthodologique

    utilise en ergonomie, en organisation, en gestion de production et des ressources humaines, en

    ingnierie de formation, etc. qui vise recueillir les donnes indispensables avant la ralisation

    dune intervention ou dun recrutement.

    Lanalyse du travail appelle dfinir la notion de rfrentialisation.

    Pour FIGARI Grard29

    : La rfrentialisation consiste reprer un contexte et

    construire, en le fondant sur des donnes, un corps de rfrences relatif un objet (ou une

    situation) par rapport auquel pourront tre tablis des diagnostics, des projets de formation et

    des valuations .

    La rfrentialisation, tout en tant la dmarche de construction de rfrentiels, vise une

    double finalit : la description de la ralit socio-professionnelle des travailleurs en vue de la

    dfinition des objectifs de formation et dvaluation.

    Dans le domaine socio-ducatif, la rfrentialisation permet dtablir une plate forme de

    collaboration entre les acteurs du champ professionnel et les acteurs du champ de la formation ;

    et ce, travers trois types de rfrentiels : le rfrentiel d'activits ou d'emploi, le rfrentiel de

    comptences et le rfrentiel de formation.

    Le rfrentiel demploi est la synthse dinformation sur la mission, les fonctions, les

    activits et les tches lies lemploi en relation avec son environnement interne et externe.

    Le rfrentiel demploi permet donc lanalyse de ltat actuel et futur dun poste de

    travail.

    En ce qui concerne le rfrentiel de comptences, il se dduit du rfrentiel dactivits et

    dcline lensemble des savoirs mobiliser pour occuper un emploi ou un poste de travail donn ;

    il se trouve donc linterface entre lindividu et lemploi.

    La construction dun rfrentiel de formation relve principalement de lingnierie

    pdagogique et consiste retranscrire le rfrentiel de comptences en terme de capacits

    acqurir par chaque form en adquation avec le profil de lemploi vis. Le rfrentiel de

    formation dcrit galement les objectifs de la formation ainsi que les moyens pdagogiques pour

    les atteindre.

    28 BARBIER, Jean Marie et GALATANU, Olga, (2004), Op. Cit., t p84 29 FIGARI Grard, cit par ARDOUIN Thierry, Dmarche Ingnierie de la formation, cours master 2 Ingnierie et Conseil en Formation, cours

    7511, p57.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 24

    Pour mener bien une action danalyse du travail, il convient de choisir une bonne

    mthode et les outils adquats.

    II.2.3/ Les mthodes danalyse du travail

    Pour De Montmollin30

    : les outils n'ont rien de dfinitif, ils peuvent tre amliors. Une

    bonne mthode d'analyse du travail sera celle qui permettra une action dfinie : former

    l'oprateur, modifier un poste, valuer une tche. [...] Les mthodes utilises par le formateur,

    ainsi que celles utilises par l'ergonome, sont caractrises par leur prcision [...] Le formateur

    a besoin de connatre en dtail ce qui permet au travailleur d'effectuer son travail. [...] Le

    formateur doit donc se soucier, ds le dpart, d'obtenir des informations sur le travail qui

    faciliteront plus tard le transfert de la situation d'apprentissage la situation de travail rel .

    LOSS Isabelle et LOARER Even31

    dclinent trois tapes ncessaires et incontournables

    pour le choix de la mthode d'analyse :

    1. commencer par analyser son besoin sur le thme et l'offre ; 2. tablir un parallle entre les deux ; 3. retenir l'approche la plus adapte.

    Nous prsentons ici trois dmarches32

    danalyse du travail partir desquelles nous avons

    opr notre choix :

    II.2.3.1/ L'entretien d'explicitation

    C'est une technique d'entretien et d'explicitation de l'action dveloppe par

    VERMERSCH Pierre qui n'est pas, stricto sensu, une mthode d'analyse du travail. Elle intresse

    l'analyse du travail dans la mesure o elle tend, au travers d'une verbalisation de l'action et en

    particulier de tches relles et spcifies, non seulement aider l'interviewer s'informer mais

    aussi aider l'interview mieux se reprsenter, mieux connatre la complexit de cette ralit.

    Lentretien dexplicitation peut tre utilis dans la formation pour renforcer les

    apprentissages en travaillant sur le comment. Il nous est aussi utile dans lanalyse du travail pour

    dcrire la situation de travail dans ces diffrentes dimensions en insistant sur le quoi, le

    comment. Il sagit de mettre en perspective le rsultat final (le quoi) et le processus de ralisation

    du rsultat final (le comment).

    Le droulement de lentretien ncessite un certain nombre de conditions ou modalits :

    o l'entretien doit se rapporter des tches relles (Comment avez-vous diagnostiqu cette panne ?) ;

    o lentretien est descriptif et fait dcliner les dimensions sensorielles mises en jeu (visualisation, sensations, tactiles, odorat, etc.)

    o pendant l'entretien, il s'agit d'aider le sujet se replacer mentalement dans la situation d'excution de la tche (lui faire comparer des situations mentalement pour tre au plus prs);

    o la personne qui conduit l'entretien tablit et conserve un rapport relationnel synchronis avec le form (mme langage, rythme de parole..).

    30 ARDOUIN Thierry, Op. Cit., 2me partie, p 6. 31 LOSS Isabelle et EVEN Loarer, cits par ARDOUIN Thierry, Op. Cit., p 6. 32 ARDOUIN Thierry, Op. Cit., p 11-25.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 25

    A la fin de linterview, le travail de lanalyste psychologue, ergonome ou formateur est

    de formaliser et modliser cette ralit pour en dgager de la connaissance.

    II.2.3.2/ L'approche COROM

    Cest une approche cognitive dveloppe par deux responsables de COROM, Sandra

    Michel et Michel Ledru. Il s'agit d'analyser le travail pour dterminer les comptences mettre

    en oeuvre.

    La mthode est centre sur l'analyse des mcanismes intellectuels mobiliss en situation

    de problme dans un emploi. Ces mcanismes intellectuels sont reprs partir de quatre critres

    de comptences :

    1) Les dmarches intellectuelles (DI) : Quelles reprsentations de la solution le salari a-t-il en

    tte quand il raisonne?

    Les consultants de COROM distinguent trois familles de dmarches intellectuelles:

    type conception : on rsout un problme sans avoir de reprsentation de la solution qui sera retenue : il faut inventer, innover, crer;

    type installation : on a une reprsentation claire des solutions possibles mais il faut choisir la solution la mieux adapte au contexte;

    type application : on doit simplement maintenir le systme dans un tat connu. Il y a une reprsentation claire de la solution et on se rfre constamment des normes,

    procdures modles qui permettent de savoir o on en est.

    2) Les savoirs rfrences : C'est l'ensemble des connaissances ncessaires pour tenir l'emploi.

    Il en existe deux types :

    les savoirs gnriques, grands champs de connaissances comme la psychologie, les mathmatiques...

    les savoirs spcifiques: ensemble de savoirs organiss en champ plus appliqu l'emploi. On peut dterminer un niveau de matrise du champ.

    3) La complexit : elle saccrot selon que lindividu a travailler dans le long terme et sur un

    grand territoire, par rapport au court terme et dans un espace restreint.

    4) L'interaction relationnelle : On cherche reprer s'il est ncessaire d'entrer en interaction avec

    d'autres personnes pour traiter les informations et rsoudre les problmes professionnels.

    On distingue:

    Linteraction rare;

    Linteraction ct (changes d'informations) ;

    Linteraction en face de (vente, ngociation, accueil..) ;

    L'interaction avec (travail en quipe, projet..).

    Ces diffrents lments sont apprhends pour dcrire le systme de travail et lemploi. Il

    sagit dune grille danalyse qui donne lieu par la suite une dclinaison en fonction des

    objectifs initiaux.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 26

    II.2.3.3/ La mthode ETED

    La mthode ETED (Emploi Type Etudi dans sa Dynamique) est btie sur trois

    principes :

    Le premier principe est d'exploiter la diversit et la variabilit des situations de travail, de

    rendre compte de cette diversit en vitant de gommer les diffrences. La proccupation de

    rendre compte de la diversit des situations de travail est prsente en amont, ds la constitution

    de l'chantillon pralable l'enqute et l'analyse.

    Le deuxime principe postule que la premire source d'information est loprateur,

    titulaire de l'emploi tudi. L'enqute auprs des oprateurs va privilgier l'entretien individuel

    pour obtenir une description du travail par celui qui le fait.

    Enfin, le troisime principe est la transparence mthodologique qui revt une importance toute particulire. Indiquer par quels moyens on parvient un rsultat, c'est lui donner un sens qu'il n'exprimerait pas lui seul. La transparence voulue dans la prsentation de la mthode aux commanditaires donne ceux-ci les moyens de mieux sapproprier les rsultats annoncs et de les marier avec leur propre dmarche dcisionnelle.

    De ces trois mthodes danalyse du travail, il se dgage trois points communs ou

    complmentaires :

    1. Centration des dmarches sur loprateur titulaire de lemploi ; 2. Spcification des dimensions de comptence explorer ; 3. Prise en compte de la diversit de situation ;

    Compte tenu de cette complmentarit, nous avons port notre choix sur la mthode ETED

    qui, notre avis, est plus pratique que les deux autres.

    II.2.4 La question du sens et de la signification en formation des adultes

    Aujourdhui, un projet de formation ne peut se nourrir uniquement dune vision positive

    de la formation (panouissement, construction, enrichissement, maintien au poste, etc.).

    Selon KERLAN Alain et MAUBANT Philippe : la question thique en formation est

    dabord la question du sens, celui que les forms entendent donner la formation, leur mtier

    et au travail, et en fin de compte leur vie 33

    Notre tude sappuie sur deux principes

    fondamentaux :

    Le premier principe postule que : lanalyse du travail est une tape cl de llaboration des dispositifs: lactivit rflexive sur le travail devient alors le point de dpart dun processus

    formatif.34

    Le second se rapporte la question du sens et de la signification en formation des adultes. A ce propos, BARBIER Jean Marie attire notre attention sur le fait que :

    l'investissement de moyens par l'apprenant, en particulier de son temps d'activit, dpend

    beaucoup du ou des sens qu'il construit autour de la formation, et ceux-ci dpendent eux-mmes

    de la reprsentation qu'il se fait de lui-mme, de sa dynamique de construction identitaire, et de

    l'environnement [] Lingnierie des activits de formation a prcisment pour but de prendre

    33 KERLAN Alain et MAUBANT Philippe, Pdagogie des adultes, Cours Licence de sciences de lducation, chapitre 1 p 14. 34 WITTORSKI Richard, Op. Cit, p 28.

  • CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE Page 27

    en compte cette dimension. Cest le cas notamment de lanalyse des besoins.35

    Autrement dit,

    Il faut dsormais intgrer la part dombre, le poids de lobligation, de la contrainte formative, de

    la rupture sur la vie des travailleurs, dans toute dmarche de formation.

    Saisir ces enjeux (engagement ou non) en formation dadultes, cest donc sinterroger sur

    les vnements de leur biographie (trajectoire de vie professionnelle, scolaire et de formation) :

    est-ce une rupture ou une continuit dans le fil de leur existence ? Il nest donc pas possible de

    sparer constructions des activits et constructions des sujets, comme le prcise BARBIER Jean

    Marie : Les unes et les autres sont obligatoirement situes dans lhistoire dun sujet, et dans

    les rapports quil entretient avec dautres sujets. Elles ne peuvent tre apprhendes que

    globalement dans une perspective la fois holistique, situe et historisante .

    Pour le cas pr